J'ai expérimenté Dieu - Pierre Milliez - E-Book

J'ai expérimenté Dieu E-Book

Pierre Milliez

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Beschreibung

Pierre a cherché à résoudre le problème de Dieu par la raison pure. Jamais il n’aurait imaginé qu’un jour il pourrait s’exclamer : « J’ai expérimenté Dieu! ». L’inenvisageable s’est produit : une rencontre personnelle avec Dieu. Il en va ainsi de Dieu, il veut rencontrer chacun de nous. A partir de cette rencontre, notre regard sur l’existence fut transformé. Avec le Seigneur, la vie devient passionnante, pleine de rebondissements et d’aventures, pleine de sens. L’être est habité par une force, une joie et une paix profonde, quelques soient les circonstances, heureuses ou malheureuses, de l’existence… Et un jour Dieu sauva notre fils… Ce livre est le témoignage d’une vie de famille simple mais traversée par l’extraordinaire de Dieu.

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Seitenzahl: 178

Veröffentlichungsjahr: 2015

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Du même auteur

Aux éditions Books on Demand (BOD.fr)

La Résurrection au risque de la Science (2015)

ou étude historique et scientifique des cinq linges,

sur la mort et la résurrection de Jésus,

du Linceul de Turin au Voile de Manoppello.

Pièces à conviction du Messie d’Israël (2015)

ou étude des reliques de Jésus

A mon épouse :AnneA mes enfants :AuroreAlexandreArnaudAugustinGrégoire

Par souci de discrétion, les prénoms ont été modifiés dans le livre.

Les extraits de la parole de Dieu proviennent de la Sainte Bible

Traduction d’après les textes originaux par le chanoine A. CRAMPON

Société de Saint Jean l’Evangéliste

Desclée et Co., Tournai 1939

Deuxième édition revue et corrigée

Photo de couverture :

Huile d’Anne Milliez, mon épouse

« Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu ! »

Matthieu 5.8

« Afin que tous soient UN, comme vous, Père, êtes en moi et moi en vous,

afin qu’eux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que c’est vous qui m’avez envoyé »

Jean 17.21

Dieu, dans l’ancien testament, n’est pas nommable et n’est pas visible. Aussi Dieu est désigné par le tétragramme YHWH car la langue hébraïque écrite ne comporte pas de voyelle.

Dans les extraits de la bible, au tétragramme sont ajoutées deux voyelles pour le rendre prononçable : YaHWeH. Ce mot est sans doute une forme primitive du verbe être.

Préface

« Entre deux hommes qui n’ont pas l’expérience de Dieu, Celui qui le nie en est peut-être le plus près. » La philosophe Simone Weil, « disciple d’Alain »

Nous cherchons Dieu avec notre raison. Mais la raison n’est-elle pas antinomique et selon le mot de Kierkegaard absurde ?

La Foi n’est-elle pas contraire à toute pensée humaine ?

La raison avec la science n’est féconde que dans l’expérience physique du monde. Le champ de la connaissance humaine est réduit à cette expérience physique. La science n’avance que par l’élaboration de théories censées globalisées les expériences physiques mais qui peuvent être validés ou invalidés par d’autres expériences.

Alors la science permettra-t-elle la connaissance du tout ? Jamais complètement, comment le fini pourrait-il connaître l’infini ?

Au-delà du champ du connu, se trouve le champ du connaissable, mais aussi un inconnaissable par les seules facultés humaines.

Cet inconnaissable peut être appréhendé par l’homme par d’autres moyens que la raison. Il est du domaine de l’expérience personnelle, de la rencontre personnelle avec Dieu lui-même.

Cette expérience n’est pas au niveau de la raison. Elle ne peut être ni réfutée, ni validée par la raison. Cette expérience doit être admise. Elle est.

Cette expérience peut être partagée, mais difficilement comprise dans sa profondeur. Elle ne peut être comprise par l’autre que le jour où lui-même en fait sa propre expérience.

C’est ici que prend toute sa dimension la parole du Christ en Luc 10, 21 :

« Au même moment, il tressaillit de joie par l'Esprit Saint, et il dit : Je vous bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents, et les avez révélées aux simples. Oui, Père, car tel fut votre bon plaisir. »

Sommaire

Préface

Introduction

Quête de Dieu

1.1 Enfance et Adolescence

1.2 Célibataire et étudiant

1.3 Homme marié

Rencontre avec Dieu

2.1 Rencontre

2.2 Ars

2.3 Dons

Vie avec Dieu

3.1 Appel

3.2 Résurrection

3.3 Conversion

Interventions de Dieu

4.1 Domaine spirituel

4.2 Domaine matériel

Dernier clin d’œil

Pierre et Anne

Épilogue

Annexe 1 Frères de Jésus

Annexe 2 Pauvreté d’Esprit

Introduction

Je suis né le samedi 30 novembre 1985, ou plutôt, je suis né de nouveau ce jour, jour de ma seconde naissance ; dans le sens où Jésus nous le dit en répondant à Nicodème, notable juif dans Jean 3, 3-6 :

« 3Jésus lui répondit : « En vérité, en vérité, je te le dis, nul, s’il ne naît d'en haut, ne peut voir le Royaume de Dieu. »

4Nicodème lui dit : « Comment un homme, quand il est âgé peut-il renaître ? Peut-il entrer une seconde fois dans le sein de sa mère pour renaître ? »

5Jésus répondit : « En vérité, en vérité, je te le dis, nul, s'il ne renaît de l'eau et de l'esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. 6Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'esprit est esprit. »

Je suis né le samedi 30 novembre 1985 à trente-trois ans, car une rencontre personnelle change tout. Trente-trois ans est l’âge présumé de la mort, mais surtout de la résurrection de Jésus le Sauveur.

C'est par ta mort que tu nous appelles à mourir à nous-mêmes.

C'est par ta résurrection qui nous sauve que tu nous convies à une vie nouvelle et éternelle.

Comment dire l'homme sans dire Dieu ?

Comment dire une vie sans dire celui qui est la Vie ?

Le samedi 30 novembre 1985 fut le jour de l'expérience ineffable, la rencontre personnelle avec le Seigneur des Seigneurs, le roi des rois, celui qui est, qui était, et qui vient.

Sa présence se révéla à ma présence. Il est celui qui est. Son existence était la Certitude, et mon existence en fut ébranlée…

Je le vis avec les yeux du cœur, ou plutôt, je l'entrevis. Sa sainteté se dévoila et je ressentis la distance qu'il y avait entre cette pureté et mon état de pécheur. Sa présence se révéla à ma personne.

Je me repentis de mes fautes et pleurai amèrement comme cela ne m'était arrivé depuis très longtemps. Dans sa bonté le Seigneur me remplit de sa miséricorde. En même temps que sa sainteté et sa pureté, se manifestait son amour débordant.

A ce moment je compris la béatitude (Matthieu 5,8) : « Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu ! » Sans être dans un état de pureté, nous ne pourrions supporter la vision de Dieu. Cependant, c'est à ce face à face que nous sommes appelés, pour connaître la vraie et unique joie : n'être que louange pour notre Seigneur.

Pendant des années j’avais cherché, cherché. Dieu venait de me trouver, par pure grâce, en un cœur à cœur ineffable.

Ce livre est le témoignage d’une vie ordinaire, traversée par l’extraordinaire de Dieu.

1 Quête de Dieu

1.1 Enfance et Adolescence

Famille

Du côté paternel, ma famille s'enracine au Nord de la France, à Bourbourg et ses environs depuis de nombreuses générations. J'avais un grand-oncle Père Jésuite et une grand-tante religieuse de l'Assomption.

Du côté maternel, la foi était presque héréditaire et se transmettait de génération en génération. Un peu comme cette pierre d'autel que nous laissa ce lointain parent, prêtre réfractaire sous la révolution. Il dut fuir la grange ou il disait une messe « clandestine », et traverser un cours d'eau à la nage. Les eaux étant glaciales, il tomba malade et en mourut.

Une grand-tante, sœur de Saint Vincent de Paul, et une cousine religieuse de la Sainte Union nous firent connaître dès l'enfance des êtres qui avaient tout donné pour suivre Jésus. J'aurais même dû connaître un prêtre dans ma famille. Ce cousin germain de ma mère, séminariste salésien en Normandie, a été pris par les Allemands lors d'un parachutage allié. Il fut déporté au camp de Bergen-Belsen où il mourut d'épuisement le lendemain de la libération du camp.

Mon enfance fut cependant imprégnée d'une tristesse que ne dénotent pas les photos, vestiges de ce passé douloureux.

La pauvreté matérielle, à l'époque où le salaire minimum n'existait pas, nous vit demeurer plus de dix ans dans une petite maison sombre sans jardin. Elle se situait dans une impasse sans soleil. L'absence d'argent ne permettant pas une alimentation équilibrée, je fis du rachitisme...

Le vide affectif me brisa et me mûrit prématurément. Il instaura en mon être un sentiment d'inquiétude et d'anxiété. Ceci ancra en moi un complexe d’infériorité et de culpabilité.

Pendant la seconde guerre mondiale, ma mère, adolescente de 16 ans, avait été gravement blessée ce qui lui laissa des traces tant physique que psychologique.

C'est ainsi qu'elle passa de nombreuses années en état dépressif très sérieux. Dans son profond mal être, elle ne pouvait plus s’occuper de nous et disait ne plus nous aimer. Seule la maladie pouvait lui faire dire cela dans son douloureux égarement. En dehors de ses périodes dépressives elle exprimait son bonheur d’avoir des « bons » enfants.

Une hospitalisation s'avérant nécessaire, je fus confié vers l’âge de deux ans pour au moins six mois. Je crus ne jamais revoir ma famille n'ayant pas compris le pourquoi de la séparation. Mes grands-parents tenaient un commerce et ne pouvaient prendre soin de moi.

Le souvenir d’avoir quitté ma mère n’existe pas dans ma mémoire, sans doute censuré parce qu’inacceptable. Par contre j’ai gardé le souvenir de mon grand-père, bonté personnifiée, me laissant chez des amis de mes parents. Pour moi c’était des inconnus, malgré leur bienveillance. Je vécus cette séparation comme un abandon avec toutes les frayeurs et les chocs affectifs liés à cet événement.

La suite de mon enfance se déroula ensuite avec mes parents. Ma mère avait des crises d’emphysème sévères. J’étais dans l’angoisse, je la voyais s'étouffer littéralement, m'attendant toujours à une issue fatale.

Au cours de mes années de lycée, la dépression la reprit sous sa dépendance. Et là, je compris le traumatisme que j’avais vécu vers deux ans. En effet, la maladie la changeait au point de lui faire dire : « je ne vous aime pas ». Elle semblait insensible au monde et aux autres, ce qui était à l’opposé de sa vraie nature. Ma mère était d’une nature très sensible, ne disant jamais de mal de personne.

Mon père, excessivement courageux, travaillait cinquante quatre heures par semaine, le plus souvent de nuit. Un mois par an, il assurait en plus les entrées d'un cirque au Palais des sports de Lille à raison de six heures supplémentaires par jour. Une telle intensité d'activités ne pouvait que rendre tout homme fatigué et donc plus nerveux, et moins patient.

Mes parents eurent trois enfants. Ayant une sœur aînée et un frère plus jeune, j'expérimentais ce que beaucoup considèrent comme la mauvaise place de second.

A ce tableau familial, il est indispensable d'ajouter mes grands-parents maternels qui ont été un peu plus que des grands-parents. Ils s'efforçaient d'aider au mieux mes parents. Les difficultés d'un petit commerce les accaparaient mais ils avaient un sens très fort de la famille. Leur trop rare temps libre était consacré à leurs enfants et petits-enfants. Ce magasin leur permit juste de survivre pendant quarante ans.

Mon grand-père rayonnait la bonté. Il se mettait en quatre pour un rire d'enfant, racontant des histoires de son vécu de 1914-1918, faisant le pitre, acceptant d'être « notre cheval » en nous prenant sur son dos déjà voûté par l'usure du temps.

Ma grand-mère étonnait par son équilibre et par cette facilité de s'adapter à toute classe sociale. Ce fut le fruit d'une longue expérience acquise au sein de tous les milieux et non sans douleur. Cette bonne maman d'exception discutait contraception, avortement, existence de Dieu, philosophie à plus de quatre-vingt ans tout en gardant son opinion de croyante de toujours. Cette ouverture d'esprit lui avait fait lire bon nombre d'ouvrages que ce soit : « le Manifeste du parti communiste » de Karl Marx ou « la nausée » de Jean-Paul Sartre.

Collège

D'une famille catholique depuis maintes et maintes générations, je fus naturellement conduit à poursuivre mes études secondaires dans un collège tenu à l'époque par des prêtres séculiers dans une ville du Nord. Les études étaient d'un bon niveau et la discipline ne posait pas de problèmes ; un colonel en congé de l'armée assurant la fonction de préfet de discipline !

En ces temps de mon adolescence, la seule difficulté, mais quelle difficulté, résidait dans l'acceptation du racisme social. Oui, le racisme existe et même entre français. Le Collège recrutait principalement des fils d'industriels très imbus d'eux-mêmes. Ils considéraient le fils d'ouvrier que j'étais comme un moins que rien et savaient le lui montrer. Cette école ne vivait que par et pour ce milieu social. Au sein même de cet établissement il y avait une ferme avec quelques chevaux et un manège. L’équitation était réservée à ceux qui pouvaient se payer les cours.

Ce qui me blessait le plus c'est que le directeur, un prêtre, manifestait des différences notamment en accueillant les parents selon leur rang social. Quand donc les chrétiens comprendront-ils que Jésus se fit petit et pauvre ?

Interrogations spirituelles

Mes jeunes années furent sans souci spirituel. D'une famille catholique depuis des temps immémoriaux, le problème de la foi ne se posait même pas : Dieu existait, il ne pouvait en être autrement. Mais ces temps eurent une fin. Avec l'adolescence et l'intérêt croissant pour la philosophie, les premières interrogations vinrent et avec celles-ci le doute.

L'argument de causalité veut qu'à tout effet il y ait une cause. Il est nécessaire pour expliquer la présence de l'univers de poser l'existence de Dieu. Mais cet argument utilisé jusqu'au bout nous donnait un Dieu sans cause, transférant ainsi le problème de l'existence du monde sur un mot : Dieu. On revenait au point de départ ne pouvant rien prouver.

Le cosmos dans sa beauté, son harmonie, son ordre nous disait un être suprême. S'il existe, il ne peut qu'être parfait et donc ses attributs doivent être beauté, bonté, amour. Mais alors, le mal, la souffrance et la laideur dans le monde, comment peuvent-ils se concilier avec ce Dieu ? Comment résoudre cette antinomie ?

Le monde n'est-il pas le fruit du hasard et de la nécessité (Jacques Monod : « Le hasard et la nécessité » Editions du Seuil), résultat d'une longue évolution, au fil des ans de plus en plus explicite notamment depuis le Darwinisme ?

Dieu n'est-il pas que l'ensemble de notre « non-savoir » et comme tel se réduisant à chaque découverte fondamentale de nos sciences multipliées ?

La théorie de Charles Darwin confortée par les découvertes anthropologiques nous montre que le pensant, se caractérise notamment par l'introspection. Il n'est pas apparu subitement comme nous le pensions jusque là. Il est le résultat d'une succession de bipèdes se sélectionnant par un mental croissant. Où se trouve dans ces conditions l'apparition de l'âme, principe spirituel ?

Dans la maladie mentale grave où l'homme n'a plus rien de l'homme, comment concevoir l'existence d'une âme ?

Et l'enfant sauvage, élevé en dehors de toute intervention humaine, donc vierge de toute déformation, connaît-il autre chose que l'instinct animal ? Certes non, pour lui la notion du bien et du mal n'est pas conceptualisée. En ces conditions, la morale n'est-elle qu'une invention de la société pour assurer sa sauvegarde ?

Dieu était-il mort, définitivement mort ? Pour Nietzsche, le doute n'existait pas. La mort de Dieu était une nécessité pour la liberté de l'homme, pour son accomplissement. Dieu était l'aliénation de l'homme, la réduction de l'homme à l'état d'esclave. La mort de Dieu rendait indispensable l'avènement du surhomme. Et le père d’ « Ainsi parlait Zarathoustra » voyait comme inventeur de cet au-delà, les faibles, les vaincus de la vie, qui ainsi prenaient leur revanche sur les hommes forts physiquement, intellectuellement et socialement.

Pour Lénine, les forts, les puissants, et les gros bourgeois ont inventé Dieu. Ainsi le peuple se tient tranquille, accepte son infortune et se soumet, vivant dans l'espoir d'une autre vie. Ce Lénine s'interdisait d'écouter les œuvres de Beethoven pour ne pas s'attendrir, à une époque ou il fallait tenir les Russes avec une poigne de fer en faisant tomber une multitude de têtes, révolution oblige.

D'un côté les faibles, de l'autre côté les forts du corpus social avaient inventé Dieu.

Mille questions m’habitaient

Recherches orientales

Dans cette aventure spirituelle, le chemin oriental se présenta avec un guide en la personne d'un médecin. Il pratiquait une heure de méditation par jour et étudiait l'acupuncture et donc le mode de pensée chinois, radicalement différent de notre propre processus intellectuel. La connaissance scientifique découlait d'une conception totale de ce qui est.

Le monde se partageait entre le yin et le yang à savoir matière et énergie. Le yang c'est le ciel, le principe mâle. Le yin c'est la terre, le principe femelle. L'être humain est yin et yang. La maladie provient d'un déséquilibre car l'énergie et la matière ne sont pas constantes, mais la somme des deux l'est. Quelques millénaires avant Albert Einstein et sa relativité restreinte conduisant à l'équivalence matière-énergie, ce n'était pas si mal !

Une connaissance autre que cartésienne était donc possible. Un savoir pouvait exister à partir d'une intuition globale de ce qui est ; et science et philosophie, voire même métaphysique n'étaient pas incompatibles. Les Chinois n'avaient-ils pas découvert le langage binaire ? L’acupuncture ? L’équivalence matière - énergie ?

Ce médecin me conseilla de lire Sri Aurobindo. L’Inde apportait une pensée évolutionniste spécifique intégrant matière et esprit : yogi, mantra, nirvana… L'évolution de la conscience dans la nature n'était pas arrivée à son terme. Une mutation devait permettre l'avènement du supra-mental, un nouveau surhomme en quelque sorte. Et Sri Aurobindo promet à ses disciples de revenir dans le premier être supra-mental. Nous l'attendons toujours ....

Dans cette conception Dieu n'était pas personnalisé et les membres de l'Ashram comptaient sur leur propre force pour modifier la matière, la nature du dedans.

La cause de la réalité physique se trouvait dans la réalité intérieure qui la doublait. Ainsi les organes avaient leurs centres de conscience. Et cela n'était pas sans rappeler soit le yin et le yang des chinois, soit le jésuite Pierre Teilhard de Chardin : « dans toute particule élémentaire nous devons admettre une forme de psyché ».

La science du vingtième siècle nous dévoilait d'ailleurs deux états de la matière que nous ne pouvons présentement intégrer mentalement et qui cependant sont démontrés par de nombreuses expériences :

avec Albert Einstein, ce « miracle » de l'intelligence, c'est l'aspect corpusculaire des particules qui est mis en évidence,

avec d'autres savants, c'est l'aspect ondulatoire qui prévaut, instaurant cette partie de la physique nommée mécanique quantique.

Cette démarche orientale ne m'apportait pas la sérénité que donne l'adhésion complète de l'esprit à une certitude. Sri Aurobindo, à force de tendre vers l'être supra-mental en ne comptant que sur lui-même, tuait Dieu car il devenait inutile.

Et au doute succédait par intermittence le vertige de l'athéisme. Le doute, état de non équilibre, ne nous laisse pas en repos. L'être dans l'instabilité recherche la stabilité. Le cerveau tourne les arguments dans un sens, dans un autre, en quête d'une paix qu'il ne trouve pas. Ceci le condamne à chercher sans cesse. « La seule chose dont je ne doute pas, c'est que je doute » nous disait notre professeur de philosophie.

La fatigue du doute cédait parfois la place à l'athéisme. Aujourd'hui je suis là et me dis que demain c'est fini, je retourne en poussière, vers le néant d'où je viens. Vertige insupportable, ma pensée m'indiquant aujourd'hui mon existence, me dit en même temps demain ma non-existence. L'athéisme conduit nécessairement à l'oubli pour pouvoir vivre et ne plus voir ce précipice. Mais le doute revenait, me harcelait sans cesse, ne me laissant guère de repos. Oui en ces mois, j'ai cherché Dieu avec hâte, avec fougue et énergie, tiraillé, crucifié par cette frénésie. Je l'ai cherché et ne l'ai pas trouvé.

D'autres ne le cherchaient pas mais l'avaient trouvé ou plutôt avaient été trouvés par Dieu tels André Frossard ou l'inclassable Maurice Clavel.

Découvertes spirituelles

Ma quête de Dieu me conduisit à aller entendre André Frossard à Lille et à lire son livre : « Dieu existe, je l'ai rencontré » (aux Editions Fayard).

André Frossard est d’une famille communiste et athée. Son père a été le premier secrétaire du parti communiste français. Chez eux, le problème de Dieu ne se posait même pas. Personne n'en parlait jamais.

Un jour, un ami lui demande de l’attendre tandis qu’il entre dans une chapelle du quartier latin. Lassé d'attendre son ami, il finit par pénétrer dans l’édifice. Et voilà que Dieu, sans crier gare, vient le trouver dans cette chapelle. En un instant, sa vie bascule. Une luminosité, une transparence, une douceur, la réalité, la vérité, tous ces mots qui ne peuvent dire l'ineffable. L'expérience personnelle que vit André Frossard : l'évidence de Dieu en tant que personne, en tant que présence. En quelques secondes, il passe de l'athéisme au christianisme. Il ne demandait rien, ne cherchait rien, mais Dieu venait, don gratuit de la grâce. Frossard rejoignait la longue file de ceux pour qui, brutalement, la vie était devenue tout autre après une certaine rencontre, de St Paul sur la route de Damas à Ratisbonne et Claudel.

En l'absence d'une telle expérience vécue et de la « méthode » pour y parvenir, je ne pouvais que demeurer dans l'expectative.

Clavel (Maurice Clavel « Ce que je crois » aux Editions Grasset) et sa révolte juvénile ! Encore un qui ne demande rien et qui a tout reçu.

Il s'endort un soir athée et se réveille le lendemain croyant, foudroyé par la grâce.

Un matin, après le départ de sa femme pour le travail, assis dans le canapé il se retrouve malgré lui, à genoux en extase ou en adoration, sans très bien comprendre.