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Nom de code : Ranger
Cible : Maisie Ann Jones
Mission : Localiser cette jeune femme aussi intelligente que sexy.
RANGER
Sous couverture, discrets et dangereux, les nouveaux agents du K19 Shadow Ops s’aventurent là où d’autres ne vont pas, prêts à passer à l’action à tout moment. Quand Maisie Ann Jones disparaît, avec un tueur en série dans la nature, je suis prêt à tout pour la retrouver. Mon cœur lui appartient et je suis bien déterminé à la sauver, quitte à descendre tous ceux qui se mettraient en travers de ma route.
MAISIE ANN
Une amourette d’adolescente. Du moins, c’est que je croyais. Mais quand Ranger refait soudain irruption dans ma vie, rien n’arrête ce que je ressens ni ce dont j’ai envie – je ne veux que lui. Diplômée de Dartmouth, j’ai repris les rênes de l’entreprise familiale avant mes vingt-cinq ans. Je n’ai pas besoin d’un homme. Je n’ai jamais été une demoiselle en détresse. Jusqu’à aujourd’hui. Mais j’ai peur qu’il n’ait rencontré plus fort que lui. Ce tueur en série détruira-t-il le seul homme que j’aie jamais aimé ?
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Seitenzahl: 281
Veröffentlichungsjahr: 2024
K19 SHADOW OPERATIONS - UNITÉ 1
Titre original : Code Name: Ranger
Nom de code : Ranger
Copyright © 2022 by Heather Slade
Tous droits réservé
Nom de code: Ranger
Prologue
1. Ranger
2. Maisie
3. Ranger
4. Maisie
5. Ranger
6. Maisie
7. Ranger
8. Maisie
9. Ranger
10. Maisie
11. Ranger
12. Maisie
13. Ranger
14. Maisie
15. Ranger
16. Maisie
17. Ranger
18. Maisie
19. Ranger
20. Maisie
21. Ranger
22. Ranger
23. Maisie
24. Ranger
25. Ranger
26. Maisie
27. Ranger
28. Ranger
29. Maisie
À propos de l’auteure
Du même auteur
Nom de code : Ranger
Cible : Maisie Ann Jones
Mission : Localiser cette jeune femme aussi intelligente que sexy.
RANGER
Sous couverture, discrets et dangereux, les nouveaux agents du K19 Shadow Ops s’aventurent là où d’autres ne vont pas, prêts à passer à l’action à tout moment. Quand Maisie Ann Jones disparaît, avec un tueur en série dans la nature, je suis prêt à tout pour la retrouver. Mon cœur lui appartient et je suis bien déterminé à la sauver, quitte à descendre tous ceux qui se mettraient en travers de ma route.
MAISIE ANN
Une amourette d’adolescente. Du moins, c’est que je croyais. Mais quand Ranger refait soudain irruption dans ma vie, rien n’arrête ce que je ressens ni ce dont j’ai envie – je ne veux que lui. Diplômée de Dartmouth, j’ai repris les rênes de l’entreprise familiale avant mes vingt-cinq ans. Je n’ai pas besoin d’un homme. Je n’ai jamais été une demoiselle en détresse. Jusqu’à aujourd’hui. Mais j’ai peur qu’il n’ait rencontré plus fort que lui. Ce tueur en série détruira-t-il le seul homme que j’aie jamais aimé ?
Je pensai à Maisie à la seconde où la personne qui nous briefait sur notre prochaine mission nous annonça qu’un tueur en série ciblait les filles des familles fortunées de la région. Maisie correspondait mieux que n’importe qui au profil des victimes.
Ce n’était pas logique, mais mon instinct me disait de courir au campement d’à côté, où j’avais laissé Maisie moins d’une demi-heure auparavant, et de vérifier par moi-même qu’elle était saine et sauve.
Elle l’était, forcément. Mon frère était avec elle. Et la petite amie – la fiancée ? – d’Onyx, mon boss. Bref, Maisie, Jimmy et Blanca allaient bien. Et on pourrait reprendre la réunion dès que je m’en serais assuré.
Je me rendis à la cuisine pour regarder par la fenêtre.
— Non ! m’écriai-je en voyant la porte du campement grande ouverte.
Merde, pourquoi la porte était-elle ouverte ? On était en plein hiver !
Je dégainai mon arme tout en courant et vis mes pires craintes confirmées. Jimmy et Blanca étaient tous les deux bâillonnés, avec un bandeau sur les yeux, et ligotés sur une chaise.
— Où est Maisie, bordel ? criai-je à Jimmy tandis qu’un autre membre de l’équipe le détachait et qu’Onyx en faisait autant avec Blanca.
— Ils l’ont emmenée ! s’écria Blanca dès qu’on lui eut enlevé le bâillon de la bouche.
— Qui ?
— Deux hommes. Tout en noir. Avec des masques de ski, haleta Jimmy. Armés de Tasers.
— Il a été touché.
Wasp, celui qui avait détaché mon frère, pointa le doigt vers le sang qui suintait à travers la chemise de Jimmy. Je fis un pas de côté quand Doc Butler, mon autre boss et assistant médical, se précipita vers lui.
— Tu te souviens d’autre chose ?
J’entendais Onyx parler, mais sa voix était étouffée par l’afflux de sang rugissant soudain dans mes veines. Chaque parcelle de mon corps me donnait l’impression d’être piquée par un millier d’aiguilles tandis que mon cerveau se mettait en mode combat.
J’avais déjà ressenti ça auparavant, plus souvent qu’à mon tour, mais cette fois, c’était différent. Ce n’était pas pour moi que j’avais peur. Quelqu’un avait enlevé Maisie et c’était à moi de la retrouver. De la sauver. Avant qu’il ne soit trop tard.
Le soleil venait juste de se lever et je sortis, une tasse de café à la main, sous le porche entouré de moustiquaires du campement – c’est comme ça que les gens du coin appelaient les maisons et les chalets. Cette maison-ci appartenait à ma famille depuis des générations et elle était pratiquement à moi, maintenant. Mes parents n’y venaient presque plus depuis qu’ils s’étaient installés pour de bon en Floride. Jimmy, mon frère aîné, vivait avec moi depuis qu’il s’était séparé de sa femme, mais je pensais qu’ils se réconcilieraient vite. Ils avaient des enfants et j’avais cru que ce serait déjà fait pour Noël, mais les choses avaient tourné autrement.
Avisant le lac gelé, je réprimai un frisson. Les températures glaciales n’y étaient pour rien, cela dit. Plutôt la constante appréhension que je ressentais au creux de l’estomac depuis trois semaines. Depuis que j’avais appris que l’équipe d’agents et d’agents de terrain avec qui je bossais au sein du K19 Security Solutions était la cible d’un complot meurtrier – moi y compris.
Pendant que les fondateurs de la firme s’efforçaient de neutraliser la menace, le reste d’entre nous avait reçu l’ordre de se réfugier dans la petite ville de Canada Lake jusqu’à nouvel ordre.
Cela faisait des années que je n’avais plus passé une aussi longue période sans affectation et je ne tenais plus en place. Surtout que j’avais récemment été promu chef en second des Shadow Ops, la nouvelle équipe du K19.
Une lumière s’alluma dans le campement voisin où résidait Montano « Onyx » Yáñez, le leader de notre nouvelle équipe. La maison appartenait à Blanca Descanso, la femme avec qui il sortait et qui avait été placée sous protection à un autre endroit à cause de la menace qui pesait sur nous.
Pour passer le temps, Onyx et mon frère rénovaient la maison pour elle et la préparaient à affronter la rudesse des longs hivers des Adirondacks.
Onyx et moi n’étions pas les seuls membres des Shadow Ops à vivre sur les rives du Canada Lake. Caleb « Diesel » Jacks, Garrison « Cowboy » Cassidy et Keaton « Buster » Ford logeaient deux maisons plus loin, dans une location. Wasp et Swan, deux pilotes, étaient dans le campement juste à côté d’eux.
Wasp, dont le vrai nom était Jasper Theron, était un ancien de l’Air Force qui avait été recruté par la CIA à peu près en même temps que moi. Aubrey « Swan » Lee avait fait partie de la Royal Air Force britannique et du MI6 avant de démissionner des services secrets de Sa Majesté pour venir travailler au K19.
Nous avions tous les sept un domaine d’expertise bien spécifique. Après avoir obtenu mon diplôme de l’Institut pour la Sécurité nationale et le Contreterrorisme de l’université de Syracuse, la plupart de mes premières missions pour la CIA avaient été des exfiltrations.
Diesel, qu’on m’avait assigné comme partenaire pour cette première mission et pour toutes celles qui avaient suivi, était diplômé de Cornell et était un petit génie des langues. Aux dernières nouvelles, il en parlait douze couramment.
— Qu’est-ce qu’on a au programme, aujourd’hui ? demanda Jimmy en se laissant tomber sur un des fauteuils du porche.
— Tu ne devrais pas demander ça à Onyx, plutôt ?
— J’avais envie de faire les choses autrement, ce matin.
Je rigolai.
— Ah, ouais ? Ben, ma journée sera exactement comme celle d’hier, qui était exactement comme celle du jour avant.
La dernière fois que j’avais fait quelque chose de vaguement intéressant remontait à la soirée du Nouvel An, quand les propriétaires du parc d’attractions désaffecté avaient rouvert la salle de réception surplombant le parc aquatique pour une soirée privée.
Je n’avais pas su à quoi m’attendre, alors j’y étais allé seul, sans même inviter Diesel. Conclusion, à une exception près, toutes les personnes présentes avaient eu au moins trente ans de plus que moi.
Toute la soirée, j’avais essayé de passer une minute en tête-à-tête avec la seule représentante de ma génération, mais sa famille était celle qui organisait l’événement et je n’y étais pas parvenu.
Elle s’appelait Maisie Ann Jones, et je pensais à elle sans arrêt depuis ce soir-là. On s’était rencontré pour la première fois à l’adolescence, mais je ne me souvenais pas qu’elle ait été aussi sublimement belle que maintenant. Je me souvenais vaguement d’avoir assisté à son dix-huitième anniversaire, puis de baisers torrides et d’une séance de pelotage.
Qu’est-ce que je ne donnerais pas pour embrasser à nouveau cette bouche pulpeuse aux lèvres boudeuses ! Je glisserais les doigts dans ses cheveux blond-platine négligemment bouclés, je descendrais lentement, à coups de baisers, le long de cette silhouette mince, mais aux courbes généreuses et je me régalerais de ses seins assez ronds pour combler les mains d’un honnête homme. Cette idée fit tressaillir mon sexe contre la fermeture éclair de mon jeans.
Mon fantasme fut brutalement interrompu par le claquement de la porte d’entrée lorsque Jimmy partit au campement d’à côté.
J’aurais pu aller les aider, mais je causais à chaque fois plus de dégâts qu’autre chose.
— La construction, c’est pas ton truc, hein ? avait souri Onyx en me tapotant l’épaule tandis que Jimmy avait été à deux doigts de m’étrangler.
Difficile de me montrer enthousiaste pour un truc pour lequel j’étais nul.
Mais de toute façon, la seule chose qui m’enthousiasmait vraiment, c’était de trouver le moyen de passer du bon temps nu dans un lit avec Maisie.
— T’es levé aux petites heures ! me lança Diesel quand je décrochai pour répondre à son appel.
— Comme d’hab.
— T’es partant pour un tour de luges tout à l’heure ?
Les mêmes conneries qu’hier. Au moins conduire les motoneiges autour du lac gelé me ferait sortir du campement quelques heures. Et je pourrais probablement avaler quelques bières et manger un bout en ville également.
— Vendu.
À mon retour, quelques heures plus tard, je retrouvai Onyx et mon frère dans la cuisine devant une boîte à musique cassée.
— Al Jones, disait mon frère.
— Quoi, Al Jones ? demandai-je.
— Lui et sa famille possèdent la Jones Carousel Company depuis trois générations. J’ai entendu dire que Maisie allait bientôt reprendre les rênes. Elle sera la quatrième ou cinquième, je crois.
Maisie. Merde, ça faisait, quoi ? Deux heures que je n’avais plus pensé à elle ?
— Attends, c’est la famille d'Al qui a construit les manèges du parc d’attractions Sherman ? demanda Onyx.
Jimmy hocha la tête.
— Oui, le grand-père d'Al s’appelait Sherman Jones. Tu sais, le parc d’attractions Sherman.
Mon frère montra du doigt la boîte à musique en forme de carrousel appartenant à Blanca et qu’Onyx, qui l’avait cassée, essayait de réparer.
— C’est aussi lui qui fabrique ces trucs-là. Très peu, cela dit. Il n’en sort pas plus d’une par an.
— Je n’en savais rien, dis-je à mi-voix.
— Tu n’étais pas dans le coin aussi souvent que moi, quand on était jeunes. L’été, la plupart des ados avaient un petit boulot au Parc Sherman ou au grand magasin de Canada Lake. Mais lui, dit Jimmy à Onyx en me montrant du doigt, il était toujours fourré à l’école pour faire du sport. Du football, du base-ball, de la course à pied.
— J’ai joué au basket aussi, marmonnai-je.
— Ouais, et on voit ce que ça a donné. Bon, qui passe ce coup de fil à Al ? Moi ?
— Je vais le faire.
Je sautai sur l’occasion, espérant que Maisie décroche et que je puisse ajouter le son de sa voix à mes fantasmes incessants. Mais ce fut Mary, sa grand-mère, qui répondit au téléphone et à qui j’expliquai le problème d’Onyx.
— Passe donc à la maison avec Onyx. Tu sais que tu es toujours le bienvenu. En fait, si vous n’avez pas encore mangé, j’ai justement une grande marmite de chili et de pain de maïs aux jalapeños sur le feu.
— Si ça ne vous dérange pas… Jimmy est là aussi.
— Owen Messick, tu sais que ma porte est toujours ouverte. Je préfère cent fois une table bien remplie à une table vide.
Après avoir raccroché, je transmis l’invitation à dîner de Mary à Onyx et Jimmy. Ce que je ne leur dis pas, c’est que j’étais pratiquement sûr d’avoir entendu une autre voix féminine en fond sonore et que j’espérais que c’était celle de Maisie.
— Je me change et on peut y aller, lançai-je en me ruant dans l’escalier sous le regard étonné de mon frère.
Qu’il aille se faire foutre. C’est moi qui avais appelé ; j’avais le droit d’aller à ce dîner autant que lui.
Quelques minutes plus tard, nous frappions à la porte des Jones. Elle s’ouvrit et j’eus le souffle coupé en croisant deux yeux d’un bleu perçant.
— Bonjour, je suis Maisie Ann, la petite fille d'Al, dit-elle. Entrez.
Avant que j’aie pu dire un mot, Onyx me passa devant.
— Moi, c’est Montano, mais tout le monde m’appelle Onyx.
Il lui tendit la main et elle la lui serra.
Je m’avançai derrière lui.
— Salut, Maisie. Je ne sais pas si tu te souviens de moi–
— Ranger Messick, comment aurais-je pu t’oublier ? Toutes les filles de Fulton County craquaient pour toi.
— Ça fait vraiment plaisir de te revoir, dis-je tandis que Jimmy et Onyx saluaient Al.
— C’est réciproque.
Sa peau d’albâtre rosit et elle baissa les yeux.
— Je dois poser la question, Maisie Ann. Tu as dit que toutes les filles de Fulton County craquaient pour moi. Toi aussi ?
Elle releva la tête avec un sourire qui aurait pu illuminer toute une pièce et me fit un clin d’œil.
— Tu le sais, Ranger.
— C’est vraiment très romantique, ce que tu fais pour Blanca, entendis-je Mary dire à Onyx. J’ai dit à mon mari qu’il devrait en prendre de la graine.
Maisie posa une main sur sa hanche.
— Je suis un peu perdue. Tu sors avec Blanca, Onyx ? Je croyais qu’elle et Jimmy avaient été en couple ?
— C’est vrai. Je la lui ai piquée, répondit Onyx en donnant un petit coup de coude à mon frère.
— Curieusement, je pensais que tu l’aurais épousée, Jimmy.
— Je suis marié – séparé, en fait – mais je n’ai plus revu Blanca depuis la fin du lycée.
— Comment l’as-tu rencontrée ? demanda Maisie à Onyx.
— Je connaissais sa sœur.
Le sourire de Maisie retomba.
— Oh. Euh, comment s’appelait-elle encore ?
— Sofia.
Elle fronça les sourcils, comme tous ceux qui entendaient prononcer le nom de Sofia Descanso.
— C’est vrai.
— Elle avait mauvaise réputation, celle-là, dit Al. Mais je vais vous dire une bonne chose, elle a travaillé pour moi, un été, et elle a trimé dur pour gagner assez d’argent pour offrir à sa sœur une de ces boîtes à musique en forme de carrousel.
Al me regarda, puis regarda Onyx.
— Ranger a dit qu’il lui était arrivé quelque chose ? demanda-t-il.
Onyx la sortit du sac et la posa sur la table.
— Oh, c’est pire que ce que j’avais imaginé ! s’exclama Mary.
— Et vous n’avez encore rien vu, dit Onyx en remontant le mécanisme.
— Je vois ce que tu veux dire, répondit Al en soulevant le petit carrousel pour arrêter la musique.
Heureusement, parce que je commençais à avoir mal aux oreilles.
— Un conseil ?
— Laisse-moi regarder, dit Al en chaussant ses lunettes pour examiner la boîte à musique à la lumière. Si tu voulais la réparer, malheureusement non.
— J’ai d’autres options ?
Al secoua la tête.
— Ce sont de vrais objets de collection. Il n’y en a pas deux pareilles. Tu pourrais essayer un de ces sites de ventes aux enchères pour voir si quelqu’un en a une à vendre.
— Je craignais que vous ne disiez ça.
— Ah ? Tu as déjà regardé ?
Maisie s’approcha de son grand-père ; Mary également. Elles passèrent chacune un bras sous ceux d'Al.
— Papy, s’il te plaît, supplia-t-elle.
— Al, tu dois l’aider, ajouta Mary.
Il secoua la tête.
— Je ne pourrais pas en fabriquer d’autres, même si je le voulais. J’ai trop d’arthrite, expliqua-t-il en montrant ses mains.
— Onyx peut peut-être vous aider ? suggéra Jimmy.
Al réfléchit pendant une minute ou deux avant de prendre sa décision et, durant tout ce temps, Maisie ne le quitta pas du regard, l’air suppliant.
Puis Al fit signe à Onyx de le suivre au fond du couloir. À ma grande joie, Jimmy les suivit et Mary retourna en cuisine, me laissant seul avec Maisie.
— Tu veux boire quelque chose ? proposa-t-elle.
— Une bière, si tu en as.
— Qui, à Canada Lake, n’en aurait pas ? répondit-elle en levant les yeux au ciel.
Elle prit deux bouteilles dans le réfrigérateur.
— Un verre ? demanda-t-elle.
— À la bouteille, c’est parfait.
— Ils en auront sans doute pour un bon moment. Pourquoi n’iriez-vous pas bavarder sous le porche, tous les deux, pendant que je finis le dîner ? suggéra Mary.
Maisie ouvrit la marche et je la suivis en admirant ses jolies petites fesses actuellement moulées dans un jeans et que je me rappelais avoir vues une ou deux fois en bikini. Bon dieu, j’aurais vraiment aimé qu’on soit en été pour les apercevoir à nouveau !
— Alors, Ranger, comment vas-tu ? La dernière fois qu’on s’est vu, je ne devais pas avoir plus de quatorze ou quinze ans.
Je fis un pas vers elle et plongeai le regard dans ses immenses yeux bleus.
— On sait tous les deux que c’est faux, ma belle. On s’est souvent revus après notre première rencontre. La dernière fois que tu as parlé avec moi, tu avais quatorze ans.
— Je ne me souviens pas que tu aies engagé la conversation.
Je bus une gorgée de bière.
— Corrige-moi si je me trompe, mais il me semble qu’on a fait bien plus que bavarder, le soir de tes dix-huit ans.
— Oh ? Tu étais là, ce soir-là ?
Elle détourna les yeux vers la gauche et ses joues s’enflammèrent à nouveau.
Je me penchai plus près encore, pour lui parler à l’oreille.
— Ça me brise le cœur que tu ne t’en souviennes pas.
Elle recula d’un pas.
— Qui ment, à présent ?
J’étais ravi qu’elle admette avoir menti, même entre les lignes.
— Je t’assure que je n’ai jamais oublié. J’avais plutôt le béguin pour toi.
Elle écarquilla les yeux, le regard rivé sur ma bouche.
— Alors pourquoi ne pas m’avoir demandé de sortir avec toi ?
— Je l’ai fait, il me semble, mais tu partais pour l’université le lendemain.
— Tu te souviens de ça ?
— Je me souviens de beaucoup de choses à ton sujet.
— Ça m’étonnerait que tu te souviennes de notre première rencontre.
— Tu te trompes. C’était sur le quai du grand magasin de Canada Lake, la veille du jour où j’ai commencé à y travailler, cet été-là.
— C’est le seul été où tu y as travaillé.
— J’ai fait quelques remplacements, ici et là, mais pas autant que je l’aurais voulu. Mais je venais tous les week-ends possibles.
— Le dîner est prêt ! appela Mary depuis la cuisine.
— Attends ! s’écria Maisie quand je tournai les talons pour rentrer. Qu’est-ce qu’il se serait passé si je n’étais pas partie le lendemain ?
— Je ne sais pas trop, mais je peux te dire pourquoi j’étais venu à ta soirée.
— Pourquoi ?
Je m’arrêtai pour lui bloquer le passage dans le couloir.
— Pour te faire mienne, ma douce Maisie Ann Jones.
Je pensais qu’elle éclaterait de rire ou de colère face à cette déclaration digne d’un homme des cavernes. Mais sa respiration soudain plus rapide et ses pupilles dilatées furent sa seule réaction – ce qui était exactement l’effet recherché.
— Dis-moi, Ranger, qu’as-tu fait durant toutes ces années ? me demanda Mary durant le repas.
— Il va falloir être plus précise parce que sinon, on en a pour la nuit ! rigola Jimmy, de l’autre côté de la table.
— Tu es allé à l’université, c’est bien ça ? Laquelle ? poursuivit-elle sans prêter attention à mon frère.
— Je suis allé à la Ranger School de Wanakena, puis j’ai demandé à être transféré à Syracuse.
— Pourquoi avoir choisi Syracuse ? demanda Maisie.
— Franchement, je m’ennuyais comme un rat mort, répondis-je en riant.
— Qu’est-ce que tu as étudié, là-bas ?
Impossible de poursuivre en détail, il y avait beaucoup trop de choses que je ne pouvais pas divulguer à Maisie et ses grands-parents.
— Le droit et la sécurité intérieure. Et toi ? J’ai entendu dire que tu avais été à Dartmouth ?
— Diplômée avec mention très honorable.
C’était la première fois qu'Al ouvrait la bouche depuis le début du repas.
— Très impressionnant ! dis-je à Maisie en me penchant un peu, pour que nos bras se touchent.
— J’ai toujours été du genre intello.
— Qu’est-ce que tu as étudié ? demandai-je, même si je connaissais la réponse.
Tout comme je savais déjà qu’elle avait reçu son diplôme avec mention.
— L’économie, puis j’ai fait un MBA à Tuck.
Ce programme était le cinquième meilleur des États-Unis et le dixième meilleur au monde.
— Et elle est revenue pour sauver l’entreprise de carrousels, dit Al avec fierté.
— Un peu plus que ça, marmonna-t-elle assez bas pour que moi seul l’entende.
J’avais hâte de lui demander ce que ce plus que ça signifiait. Avec un tel diplôme, on lui déroulerait le tapis rouge partout. Mais je n’allais pas lui poser la question maintenant. Je voulais voir Maisie complètement absorbée par sa réponse, l’entendre me parler de ses espoirs et de ses rêves, tout en la séduisant simultanément pour qu’elle couche avec moi. Alors, je changeai de sujet.
— Qu’est-ce qu’on fait pour la boîte à musique ? demandai-je en glissant le bras sur mes genoux.
Maisie en fit autant, alors je lui pris la main et la lui serrai. Puis je me penchai vers elle pour lui murmurer à l’oreille :
— Demain soir, juste toi et moi. Ça te va ?
Elle me serra la main en retour et hocha silencieusement la tête.
— Je passe te prendre à dix-neuf heures.
Comme si j’avais la moindre chance d’arriver à m’endormir ce soir ! Mais non, ce serait impossible. C’était comme si j’avais remonté le temps pour me retrouver à l’adolescence, raide dingue d’Owen « Ranger » Messick et absolument certaine qu’il ne connaissait même pas mon existence.
Il se rappelait vraiment être venu à ma fête d’anniversaire ? Bon sang, mes sous-vêtements s’embrasaient presque spontanément chaque fois que je repensais à nos baisers ce soir-là et combien j’aurais aimé ne pas avoir à partir le lendemain matin ! On ne m’avait jamais embrassée comme ça avant. Ni après, d’ailleurs.
Il y avait une certaine nostalgie à revivre cette époque de ma vie, quand le monde regorgeait de possibilités, quand le rêve de chaque adolescente était de tomber amoureuse sur les rives du lac et que rien n’était plus important que la personne qui s’asseyait près de vous autour du feu de camp, surtout s’il vous raccompagnait ensuite chez vous en bateau.
Je me demandais, sans pouvoir m’en empêcher, ce qui se serait passé entre nous si je n’étais pas partie à la fac. Ranger m’aurait-il vraiment invitée à sortir ? Aurais-je perdu ma virginité avec lui plutôt qu’avec cet imbécile de membre de fraternité dont j’aimerais pouvoir oublier le nom ?
Serais-je tombée follement amoureuse de lui et l’aurais-je suivi à Syracuse au lieu de poursuivre mes propres rêves ?
Bon sang, j’espérais que non ! J’avais vu beaucoup trop de mes amies choisir de se marier au lieu d’aller à l’université, comme si les deux étaient incompatibles. Et deux ou trois enfants plus tard, elles regrettaient d’avoir manqué toutes les expériences que la plupart des gens vivent au début de la vingtaine. Inévitablement, celles qui s’étaient mariées juste après le bac se retrouvaient divorcées avant d’avoir vingt-cinq ans. Oh, il y avait des exceptions, évidemment, mais c’était rare.
Ranger ne me paraissait pas être le genre d’homme que ça intéressait. Mais, bien sûr, je ne connaissais pas grand-chose de lui. Cependant, il avait eu l’air impressionné que j’aie été à Dartmouth. Et plus encore quand j’avais dit avoir fait un MBA à Tuck. Il avait souri d’air surpris, à ce moment-là.
Et quand Papy s’était écrié que j’étais revenue pour sauver l’entreprise familiale, Ranger m’avait réconfortée en me serrant la main et m’avait murmuré à l’oreille qu’il voulait me voir demain soir – seule.
J’en mourais d’envie !
Peu avant dix-neuf heures, le lendemain soir, j’entendis Mamie crier dans la cage d’escalier :
— Maisie Ann Jones, arrête de faire les cent pas ou tu vas user le plancher !
— Désolée, Mamie ! criai-je en retour.
Je me laissai tomber sur mon lit, ce qui ne fit pas exactement moins de bruit. Avais-je déjà été aussi nerveuse avant un rendez-vous ? Pas dans mon souvenir.
Je n’avais aucune idée de l’endroit où Ranger m’emmenait, alors j’avais choisi de porter une longue robe bohème chic qui ne donnait pas l’impression que je cherchais à en faire des tonnes. J’avais complété ma tenue avec de hautes bottes à talons que je ne portais jamais pour un rendez-vous parce que quand je les avais aux pieds, je mesurais presque un mètre quatre-vingt. Mais comme Ranger mesurait au moins un mètre quatre-vingt-quinze, ça n’avait pas d’importance.
— Viens boire un verre de sherry avant de partir, dit Mamie depuis le bas de l’escalier.
Sa solution, dans n’importe quelle situation stressante, était de boire un sherry. Certains disaient qu’une journée au bord du lac guérissait de tous les maux. Pour Mamie, c’était le sherry. Printemps, été, automne, hiver – sa solution était toujours le sherry.
On frappa à la porte quelques minutes seulement après que j’aie vidé mon verre de sherry obligatoire. J’essuyai mes paumes moites sur ma robe, mais Papy atteignit la porte avant moi et pria Ranger d’entrer.
J’avais beau avoir vu Ranger la veille au soir, le revoir aujourd’hui me fit le même effet. Ses cheveux brun foncé étaient coupés plus court qu’autrefois, mais ses yeux étaient toujours deux immenses lacs chaleureux dans lesquels j’aurais facilement pu me noyer. Il portait un pantalon et une chemise impeccablement coupés et qui mettaient en valeur son corps musclé, me donnant envie d’en caresser chaque centimètre.
— Waouh ! Tu es superbe, dit-il en me déshabillant du regard comme que je l’avais fait avec lui.
— Merci.
Je pris mon manteau dans le placard.
— Laisse-moi t’aider.
Il me le tint pour que je puisse enfiler les manches, puis il se pencha vers moi, assez près pour que je sente son souffle sur ma joue.
— Et tu sens divinement bon.
Onyx, que je n’avais pas vu jusque-là, s’écria avec un sifflement :
— La vache ! Tu es très jolie, ma grande !
Je me mis à rire. Était-ce mon imagination ou avais-je entendu Ranger gronder ?
— Les routes sont plutôt glissantes, ce soir. Soyez prudents, nous conseilla mon grand-père.
— Ne vous inquiétez pas. Je sais combien ma cargaison est précieuse, répondit Ranger avec un clin d’œil avant de se tourner vers moi. Tu es prête ?
Je fis la bise à mes grands-parents, je leur dis que je les aimais, puis je saluai Onyx d’un geste de la main.
— Amusez-vous bien, les enfants, nous dit-il lorsque nous sortîmes.
— Il a l’âme d’un vieux sage.
Ranger se mit à rire.
— Ou celle d’un enfant de cinq ans !
— Vous êtes proches, tous les deux.
Il hocha la tête.
— Je le suivrais dans n’importe quel combat, n’importe où, n’importe quand.
— C’est une déclaration plutôt forte.
— Et tout à fait vraie.
J’eus l’impression que Ranger laissait beaucoup de choses non dites, mais nous avions toute la soirée devant nous et j’allais avoir tout le temps de creuser plus en profondeur.
— Parle-moi de ce que tu veux sauver en dehors de l’entreprise familiale, me demanda-t-il pendant que nous quittions l’allée.
— Hé, c’est à moi de poser des questions en premier ! ris-je.
— Qui va à la chasse perd sa place, Maisie Ann. Tu vas devoir attendre ton tour.
— Qui a l’âme d’un enfant de cinq ans, maintenant ? Onyx ou toi ?
Ranger me prit la main et la serra dans la sienne.
— J’ai envie de tout savoir sur toi, ma belle. Tu ne vas pas me le reprocher, quand même ?
— J’adore ce restaurant ! souris-je quelques minutes plus tard quand Ranger se gara devant le Northwoods Inn de Dick et Peg.
Peg, qui avait maintenant plus de quatre-vingts ans, était toujours derrière les fourneaux et insistait pour offrir à sa clientèle une cuisine traditionnelle à base d’ingrédients frais.
— Eh bien, si ce n’est pas la petite Maisie Ann ! s’écria Dick, le fils de Peg et barman du Northwoods Inn depuis qu’il était assez grand pour regarder par-dessus le comptoir.
Il fit le tour du bar et je lui fis la bise.
— Et qui as-tu emmené avec toi ? demanda-t-il.
Ranger s’avança pour lui serrer la main.
— Ranger Messick. Nous nous sommes vus tout à l’heure, monsieur.
— Ah, c’est vrai ! répondit Dick en lui donnant un petit coup de coude. Vous vouliez réserver une table au coin du feu.
Il nous montra la table pour deux qui nous attendait.
— Mais venez d’abord boire un verre au bar.
C’était comme ça que ça se passait, au Northwoods Inn. Pour que Peg ne soit pas débordée en cuisine, les réservations étaient obligatoires. Tous les clients étaient invités à s’asseoir au bar dès leur arrivée. Là, ils consultaient le menu et passaient leur commande. Puis, quand le premier plat était prêt, Dick les accompagnait à leur table.
Je haussai les sourcils en voyant Dick ouvrir une bouteille de vin, en verser deux verres et les poser devant nous. Je fus encore plus surprise, après avoir demandé quel était le plat du jour, de l’entendre me répondre que Peg avait déjà reçu notre commande et que les entrées seraient servies dans quelques minutes.
Ranger leva son verre.
— À Maisie Ann qui sauvera l’entreprise familiale, entre autres choses à découvrir au dîner de ce soir !
— À Maisie Ann ! répéta Dick en levant son verre d’eau.
Je cognais légèrement mon verre contre les leurs avant de boire une gorgée d’un de mes vins préférés – et que j’ignorais, jusqu’à ce soir, que Dick vendait.
— Je vais continuer à insister jusqu’à ce que tu me parles de tes projets de sauvetage, au cas où mon toast n’aurait pas été assez subtil.
Je bus une autre gorgée de vin, puis je déposai mon verre sur le comptoir.
— Je suis étonnée que tu n’aies pas déjà compris. C’est plutôt évident.
— Fais-moi plaisir.
— Canada Lake, bien sûr.
— Tu veux rendre à la ville sa gloire d’antan ? sourit Ranger en hochant la tête.
— C’est l’idée, oui.
— Je suis impatient d’apprendre tous les détails.
— Je suis incapable de dire si tu es sérieux ou si tu plaisantes, avouai-je en inclinant la tête sur le côté.
Ranger se tourna pour me faire face, se pencha en avant et posa un bras à l’arrière de mon siège.
— On ne peut plus sérieux. Raconte-moi tout.
Je lui expliquai qu’au Nouvel An, j’avais rouvert la salle de réception du parc d’attractions pour valider une de mes théories, pour savoir si j’étais la seule à avoir envie que les choses redeviennent comme elles étaient dans mon enfance. Tous les billets pour la soirée avaient été vendus en un quart d’heure.
— Je suis au courant. Je n’ai pu en avoir qu’un seul.
— Tu aurais dû m’appeler. J’en avais gardé quelques-uns pour les amis et les proches.
— Mais est-ce qu’on aurait été assez proches pour que tu me considères comme un ami ? Pour obtenir un billet supplémentaire, je veux dire ?
Je levai les yeux au ciel.
— Oui, évidemment ! Jimmy aussi.
Ranger posa la main sur son cœur.
— Je suis classé au même niveau que mon grand frère ? Aïe !
— Il a davantage gardé le contact que toi.
— Je plaide coupable. Mais j’ai l’intention de remédier à ça tout de suite.
Il rapprocha son tabouret de bar du mien.
— C’est un bon début, dis-je en baissant les yeux vers l’endroit où nos jambes se touchaient désormais.
— J’aime ta façon de penser, Maisie Ann Jones.
Il posa la main sur mon genou et je ressentis une brusque montée de désir.
— Ah oui ?
Je me penchai vers l’avant. Encore un centimètre ou deux et nous serions assez proches pour nous embrasser.
— Votre table est prête, intervint Dick en surgissant derrière nous. Suivez-moi.
Il porta mon verre de vin à table pour moi.
Je restai bouche bée en y voyant déjà deux bols de soupe à l’oignon fumants.
— C’est ma préférée ! Comment le savais-tu ?
— Je ne te le dirai jamais. Et Dick non plus, dit Ranger avec un clin d’œil.
— Je serai muet comme une tombe, confirma celui-ci. Je n’ai d’ailleurs jamais vu cet homme de ma vie.
Je secouai la tête en riant. Dick et Peg faisaient partie de mes souvenirs d’enfance autour du lac, ceux que je voulais ramener à la vie. Leur restaurant était l’un des derniers encore ouverts dans la région. Les autres étaient fermés pour la saison ou définitivement. Pour pouvoir mener à bien mon projet de redynamisation de l’économie de Canada Lake, il serait indispensable de proposer une grande variété de lieux de restauration.
— Revenons-en à la manière dont tu vas sauver Canada Lake, suggéra Ranger en attendant que notre soupe refroidisse un peu.