Roger - Meunier Christian - E-Book

Roger E-Book

Meunier Christian

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Beschreibung

Roger Meunier, né le 24 juin 1920 à Auxerre, chef-lieu de l'Yonne, c'est-à-dire il y a cent ans. A l'occasion de cet anniversaire particulier, et même s'il a quitté cette terre en 1994, ses quatre fils ont tenu à lui rendre hommage en rappelant les moments clés de sa vie. Roger Meunier avait 19 ans lorsqu'éclata la deuxième guerre mondiale, qui lui fit connaître la drôle de guerre, puis le STO qui le conduisit en Autriche. Après la guerre et un essai dans la banque, il rejoignit les rangs de l'armée dès le début de la guerre d'Algérie. Mais le mieux est encore de lire tout cela dans le livre.

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Seitenzahl: 123

Veröffentlichungsjahr: 2020

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Table des matières

Avant-propos

Naissance de Roger

La famille MEUNIER

La famille MAUBLANC

L’enfance d’un fils unique

Convergence ou divergence ?

Les familles Pisoni et Meunier

Les premiers pas après le bac.

La drôle de paix

Soldat d’une armée inactive

KOTTINGBRUNN, le retour

Rapatrié le 24.8.45

Une nouvelle existence

Le Palais Cyrille Besset

Un petit tour en Allemagne

Roger en Algérie

Les suites d’une permission.

Saint-Eugène : premières impressions

Installation au 3 rue Mozart

L’environnement

Au milieu des attentats

Notre environnement

Les “événements“

Papa en mission / Papa à Alger

Papa au 3e bureau d’Alger

L’Eglise Saint-Paul / Sainte Rita

13 mai 1958

Notre petit Philippe

Le 24 janvier 1960

Le retour en France

Aix-en-Provence

Le permis et la 203

Les premières vacances en voiture

Papa au travail

Papa Saint-Bernard

Les enfants grandissent

Les enfants commencent à partir

À la retraite

Le Clos Saint-Jacques

Les séjours à l’hôpital

Conclusion

Quelques œuvres de Papa.

Avant-propos

Cent ans déjà que notre père, Roger Maurice Georges Meunier, est né. S’il ne nous avait pas quittés le 11 février 1994, nous aurions pu fêter avec lui le 24 juin 2020 ses cent ans.

Une fête n’étant pas envisageable, nous avons décidé de lui rendre hommage, nous ses quatre fils encore vivants, avec le soutien de ses petits-enfants qui l’ont connu, en rassemblant les souvenirs qu’il nous a laissés, les bons comme les moins bons, pour raviver son souvenir et le rendre présent à ses petits-enfants et arrières petits-enfants qui l’ont peu ou pas du tout connu.

Contrairement à ce qu’a voulu nous faire croire Sigmund Freud, qui était, enfant, amoureux de sa mère et jaloux de son père au point de souhaiter sa mort, et qui croyait que tout le monde était comme lui, nous n’avons jamais voulu épouser notre mère ni nous débarrasser de notre père.

Voici donc la vie de Roger, telle que nous avons pu la reconstituer, car nous n’avons pas toujours tous été témoins de tout ce que nous allons vous raconter.

Naissance de Roger

Voici ce que nous révèle le livret de famille des Meunier :

« Le vingt-quatre juin mil neuf cent vingt, à midi vingt-cinq minutes soir, est né rue de Paris, numéro cent trente-trois, Roger Maurice Georges, du sexe masculin, fils de Georges Louis Alphonse Meunier, capitaine au quatrième régiment d’infanterie, chevalier de la Légion d’honneur, décoré de la croix de guerre, trente-neuf ans, et de Lucie Antoinette Maublanc, son épouse, sans profession, vingt-cinq ans, domiciliés à Auxerre, rue de Paris, numéro cent trente-trois. »

Même si vous n’êtes pas le commissaire Maigret, vous n’avez pas manqué de remarquer que le petit bout de chou qui venait de naître était né à domicile. Les féministes auront noté la description écrasante du père, qui était non seulement officier, mais encore doublement décoré de la Légion d’honneur et de la croix de guerre, alors que la mère avait pour seule qualité un manque : elle était sans profession.

Mais il faut connaître la préhistoire de cet événement pour constater que le petit Roger, qui avait pour autres prénoms, Maurice et Georges, résumait le passé de sa maman.

Georges, c’était bien sûr le prénom de son père, mais Maurice, qui était-ce donc ?

Puisque nous en sommes aux papiers officiels, on trouve dans le livret de famille des jeunes époux Meunier, établi le 23 septembre 1919, soit neuf mois et un jour avant la naissance de Roger, la mention « Veuve de Maurice Désiré Croin » à propos de Lucie Antoinette Maublanc.

En consultant sur Internet le site « http://memorial14-18.paris.fr », qui contient la liste des soldats parisiens morts pour la France, on trouve le nom de Croin Maurice, Désiré, instituteur, soldat au 43e RI, né à Arras le 14 mai 1884 à Arras, tombé pour la France à Craonne, dans l’Aisne, le 16 avril 1917. Lorsque Lucie s’était mariée avec Georges Meunier, elle était donc veuve de guerre.

Il n’aura pas échappé aux plus futés d’entre vous que le jeune Roger portait comme deuxièmes prénoms en même temps celui du premier mari de sa mère, et celui du deuxième, qui était en même temps son père.

En outre, voici un enfant qui est né neuf mois et un jour après le mariage de ses parents. On peut donc dire qu’il avait été conçu pendant la nuit de noces.

Roger, qui résumait le passé matrimonial de sa mère, était le produit de la toute première étreinte, que l’on peut espérer fougueuse, unissant ses deux parents. En revanche, le livret de famille, prévu pour douze enfants, ne contenait qu’un seul successeur : Roger Maurice Georges, né le 24 juin 1920 à Auxerre. Il faut dire que, si l’on en croit ce qu’elle a raconté plus tard, l’accouchement avait laissé à la jeune mère un souvenir plutôt douloureux. D’abord, il lui avait fallu rester alitée pendant plusieurs semaines et ensuite, elle avait su employer la bonne méthode pour ne plus être enceinte.

Elle avait expliqué sa méthode, fondée entre autres sur la poire en caoutchouc, cousine de la poire à lavement, chargée

de noyer la semence masculine jusqu’à la rendre inefficace. Cette façon de faire, qui doit vous paraître bien primitive, s’était montrée efficace dans le cas de Lucie. Celle-ci l’avait même expliquée à sa belle-fille, qui avait donné naissance à six garçons, six petits-fils donc, ce qu’elle ne pouvait ni comprendre ni accepter.

La famille MEUNIER

Le livret de famille remis aux jeunes époux MEUNIER Alphonse Arthur et MORIN Marie-Louise, les grands-parents de Roger, le jour de leur mariage, le 17 juin 1879, nous donne quelques détails sur le jeune couple.

Alphonse Arthur est né le 7 avril 1853 à Saint-Symphorien, dans l’arrondissement de Chartres. Il était employé, domicilié à Paris, et habitait au 3 de la rue Malher, dans le 4e. Son père se nommait Jules Victor Alexandre Meunier. Sa mère, Elise Aglaé Granveau, était déjà décédée le jour du mariage de son fils.

La mariée s’appelait Marie-Louise Adèle. Elle était née le 6 février 1861 à Ecrosnes, près de Chartres, de Jean-Baptiste Morin, décédé avant ce même mariage, et de Blot Marie-Alexandrine.

Ce jeune couple allait avoir quatre enfants : un premier, né sans vie le 26 mars 1880 à Ecrosnes, un garçon, Georges Louis Alphonse, le père de Roger, né le 7 avril 1881 à Ecrosnes, une fille, Georgette Louise Alphonsine, née le 21 décembre 1882 et décédée le 13 avril 1885 à Ecrosnes, et enfin une fille, Cécile Marie-Louise Alphonsine, née le 18 mai 1886 à Ecrosnes également. Cette dernière, connue dans la famille sous le nom de « Tante Cécile », épouserait plus tard un certain Boudou, et donnerait naissance à Fernand, le seul cousin de notre père. Alphonse s’installa à Ecrosnes juste après son mariage. Il y prit avec sa femme une épicerie café.

On trouvera ci-dessous une carte postale dénichée sur Internet, sur laquelle on peut voir le fameux magasin.

Au dos, un message écrit par notre père précise de son écriture si particulière :

« Le magasin de mes grands-parents paternels, Monsieur et Madame MEUNIER Alphonse (épicerie et café) à Ecrosnes (Eure et Loir).

devant la porte, mon grand-père. »

Nous ne savons pas si la jeune-femme qui se trouve sur le pas de la porte est notre arrière-grand-mère ou une employée.

La famille MAUBLANC

La famille Maublanc, elle, était plus aisée. Elle possédait une droguerie sise au 54 rue Galande, à Paris, dans le 5e, sur la rive gauche de la Seine, tout près du Quartier latin.

À en croire leur livret de famille, les Maublanc s’étaient mariés à Paris le 18 janvier 1894.

Le marié, Edmond Lucien Maublanc, était né le 10 janvier 1867 à Paris, d’Antoine Alphonse Maublanc et de Julie Philomène Doguet.

La mariée, Rosalie Louise Bottard, était née le 12 juin 1874 à Paris de Jacob Bottard et de Louise Marie Dubois, son épouse.

Les deux mariés s’installèrent dans la droguerie. Aujourd’hui, ce magasin a fait place à deux commerces, l’un sis au 54, « le Caveau des Oubliettes », un café spectacle, l’autre débordant du numéro 52, et s’appelant « Le Chat-huant I », qui propose des produits japonais traditionnels.

On voit sur le tableau, en plein milieu, le bâtiment jaunâtre qui contient en bas et au premier la droguerie. Le peintre, Eric Ménétrier (1893-1980) a peint ce tableau en 1925. Petite curiosité : le bâtiment de gauche contient l’Hôtel du Midi. Le peintre, qui était pressé, a inscrit comme nom « Hôte du Midi ».

Le couple eut deux enfants : une fille, Lucie Antoinette, née le 25 juin 1895 à Paris 5e, et Georges Louis, né le 5 janvier 1898, et décédé le 26 juin 1937 à Paris 15e.

La fille devait épouser Georges Meunier, alors que le second devint garagiste. Homosexuel, ce qui n’était pas facile à l’époque, il eut du mal à supporter les différentes humiliations auxquelles il fut soumis et se suicida en se jetant par la fenêtre.

L’enfance d’un fils unique

Nous avons en notre possession un album de famille portant les dates « 1931-1934 ». Celui-ci est dû au père de famille, Georges, qui a replacé chaque cliché dans son contexte, en précisant chaque fois à quel endroit il a été pris.

On trouve ainsi le nom de la préfecture de départements peu habités, comme Privas, en Ardèche, Digne dans les Basses Alpes. Vers la fin de l’album, on se retrouve à Nice, ce qui implique un saut quantitatif. Les photos représentent des paysages typiques, tels que les gorges de l’Ardèche, des montagnes alpines, des plages. Il y a aussi quelques escapades vers Sisteron, Marseille, Monaco, Menton, qui permettent de photographier des monuments intéressants, tels notre Dame de la Garde, ou le fameux pont transbordeur, détruit pendant l’occupation par les Allemands désireux de récupérer de l’acier bien précieux pour fabriquer des armes.

Les personnages que l’on retrouve sur les clichés sont le plus souvent Lucie, appelée « Lucette » par son mari, toujours élégante, Georges, et Roger. Quelquefois vient s’ajouter Louise Maublanc, la grand-mère, nommée plus tard dans la famille « mémé de Paris ». Elle aussi cultive l’élégance, mais il faut beaucoup plus de tissu que pour sa mince fille pour lui confectionner ses robes à fleurs.

Le jeune Roger passe, dans le courant de cet album, de 11 à 14 ans, et grandit jusqu’à dépasser sa mère, sa grand-mère et finalement son père.

Un dessin de Roger, 13 ans (1933)

Déjà, son père lui avait donné l’exemple. Au lieu de s’ennuyer, de fumer ou de lire le journal du matin au soir, il dessinait. Sur des dessins au format timbre- poste jusqu’au tableau de 80 centimètres de côté, il avait représenté des personnages, voire des scènes de la vie militaire ou même de la guerre de quatorze, qu’il avait vécue dans sa chair, le tout à l’encre de chine, rehaussée par endroits d’encre de couleur.

Dessin humoristique de Roger (1936)

Roger prit modèle sur son père en représentant des enfants, garçons ou filles. Il passa ensuite à des images agrémentées de dialogues, comme celui qui figure sur la couverture de cet ouvrage.

Sur les photos des albums de la famille de cette époque, les personnages s’obligent à sourire, sans que l’on sache s’ils doivent penser « cheese » ou « ouistiti » pour y parvenir. En effet, ils sont souvent plutôt sérieux et un tantinet raides.

Les jeunes d’aujourd’hui, habitués à vivre en tribu avec leurs amis, auraient bien du mal à comprendre comment un jeune garçon d’une quinzaine d’années pouvait accepter de vivre constamment avec ses parents et sa grand-mère. Il faut dire qu’à l’époque, on n’avait pas droit à de l’argent de poche, et que l’on devait rester avec ses parents, tant que l’on ne travaillait pas pour gagner sa vie ou, pour les plus pauvres, pour nourrir sa famille.

Pour leur échapper quelques minutes, on pouvait pratiquer le sport, si les parents, bien sûr, avaient les moyens de le financer.

Roger et le maître-nageur

C’est ainsi que l’on peut voir Roger en tenue d’élève attendant son cours de natation, aux côtés d’un maître-nageur au bronzage important, au slip bien rempli et quelque peu agressif, et coiffé d’un chapeau en forme de toupie géante, et qui aurait moins étonné sur la tête d’un cuisinier… À moins qu’il ne s’agisse d’un flotteur de secours.

Voilà donc comment Roger passait ses vacances avec Papa et Maman. Il visitait les curiosités locales, dormait à l’hôtel et mangeait au restaurant, profitant du bien-être financier de sa famille. Lorsqu’il serait lui-même père de famille, flanqué de quatre enfants et touchant une solde d’adjudant-chef, il ne pourrait pas aller dans les hôtels. Il devrait se contenter d’aller en vacances dans la famille au sens large, qui, par chance, vivait dans sa quasi-totalité à Nice, ce qui promettait des vacances plus belles que si elle avait habité à Lille ou à Bécon-les-Bruyères.

Si l’on interprète les photos de l’album, c’est en 1935 que la famille Meunier a quitté Digne pour s’installer à Nice. Le capitaine venait de passer au rang de commandant, il avait gravi une marche supplémentaire dans l’ordre de la Légion d’honneur en accédant au rang d’officier en mars.

Le 5 rue Guiglia

La famille s’est installée dans un 4 pièces au Palais Alsace-Lorraine, au 5 de la rue Guiglia, au deuxième étage avec ascenseur. Quant à Roger, il est devenu élève du lycée Masséna.

L’appartement était situé dans les beaux quartiers, près du jardin Alsace-Lorraine, pas très loin de l’Hôtel Négresco, devant lequel un employé habillé en uniforme de postillon montait la garde. En face de ce palace situé sur la Promenade des Anglais, la Méditerranée, qui était à cette époque encore propre, venait écraser ses vagues sur une plage de galets.

Le lycée Masséna de nos jours

Le lycée Masséna, lui, se trouvait aussi dans les beaux quartiers, mais peu éloigné du Vieux Nice, qui, à l’époque, était un quartier pauvre, abritant bon nombre de gens plus que modestes, souvent immigrés d’Italie, comme les parents d’une jeune fille qui jouerait sous peu un rôle dans la vie de Roger, Joséphine Pisoni, qui logeait au 28 rue Sainte-Claire.