Archie et le passager perdu - John-Erich Nielsen - E-Book

Archie et le passager perdu E-Book

John-Erich Nielsen

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Beschreibung

Le corps d'un jeune garçon étrangement semblable à Harry Potter est retrouvé cinquante ans après sa disparition. Malheureusement, le crime n'a rien de magique...

Octobre 1969 : le jour de son onzième anniversaire, Henry Cotter disparaît à Fort William, petite ville des Highlands célèbre pour son Poudlard Express. Le train à vapeur, ainsi que le viaduc de Glenfinnan, y sont en effet les décors mythiques du premier film consacré au magicien de J.K. Rowling.
Cinquante ans plus tard, le corps du jeune garçon est enfin découvert : avec la similitude de son nom, son âge, ses lunettes rondes, et le billet de train qui se trouve dans sa poche, la presse a tôt fait de parler du « Passager perdu du Poudlard Express ». Un titre accrocheur, mais qui, pour l’inspecteur Sweeney, pose deux problèmes : en dépit de coïncidences évidentes, la locomotive ne circulait pas en 1969. En outre, les livres de J.K. Rowling ne sont parus qu’en… 1997 !
Dans ces conditions, comment Henry Cotter pourrait-il être le « passager perdu » du Poudlard Express ?
Inspecteur Sweeney
Police criminelle d’Édimbourg

Suspense, énigmes, humour... Rien ne manquera à votre lecture !

À PROPOS DE L'AUTEUR

John-Erich Nielsen est né le 21 juin 1966 en France.
Professeur d'allemand dans un premier temps, il devient ensuite officier (capitaine) pendant douze ans, dans des unités de combat et de renseignement. Conseiller Principal d'Education de 2001 à 2012, il est désormais éditeur et auteur ; il vit à l'île Maurice dans l'océan Indien.
Les enquêtes de l'inspecteur Archibald Sweeney - jeune Ecossais dégingandé muni d'un club de golf improbable, mal rasé, pas toujours très motivé, mais ô combien attachant - s'inscrivent dans la tradition du polar britannique : sont privilégiés la qualité de l'intrigue, le rythme, l'humour et le suspense.
À la recherche du coupable, le lecteur évoluera dans les plus beaux paysages d'Ecosse (Highlands, île de Skye, Edimbourg, îles Hébrides) mais aussi, parfois, dans des cadres plus "exotiques" (Australie, Canaries, Nouvelle-Zélande, Irlande).

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Couverture

Page de titre

L’emmuré de

Lundi 7 octobre, neuf heures du matin – Gare de Fort William

– Harry ! Tu viens ?

Les avant-bras appuyés sur le manche d’une pesante masse, vêtu d’un gilet orange, et les boucles de ses cheveux châtains lovées sur la nuque, un ouvrier casqué donnait l’impression de vouloir prendre la pose. Sur sa droite, le reliquat d’un mur de briques blanches, haut d’un bon mètre cinquante, surgissait encore d’un tas de gravats poussiéreux. Tout autour de ce chantier, des palissades de contreplaqué protégeaient les voyageurs des désagréments de travaux qui, depuis quinze jours, perturbaient la quiétude habituelle de la petite gare de Fort William. Face à l’homme, un long couloir s’étirait en direction des rives du loch Linnhe. À son extrémité, obstruant la vue par la porte vitrée, un colosse au casque jaune lui tournait encore le dos.

– Harry ! Tu viens ? répéta l’homme à la masse.

Cette fois, le second ouvrier parut entendre l’appel. Il pivota puis, d’un pas lent, il se mit à remonter le couloir. Muni d’une pioche dans une main et d’un gobelet de plastique dans l’autre, l’individu possédait une carrure si impressionnante que le bas de son gilet peinait à lui couvrir le nombril. Enfin, la nonchalance de son allure donnait l’illusion que son outil de travail, pourtant massif, ne pesait pas plus que le minuscule récipient qu’il tenait dans l’autre main.

– Magne ! grogna son collègue aux boucles châtaines. Terry m’a dit qu’il passerait nous voir à dix heures. Et on n’a toujours pas commencé !

Le colosse continua d’avancer tout en grommelant :

– C’est bon, c’est bon…

– Tu n’as pas encore fini ton café ?

L’autre sourit, avant de répliquer :

– Bah, ce n’est pas « que » du café.

– Quoi ? Ne me dis pas que tu te…

Harry l’interrompit alors qu’il le rejoignait :

– Tu sais, accompagné d’un fond de blend, c’est tout de suite bien meilleur.

– Un fond de blend ? Tu exagères !

Contrarié, son collègue ajouta :

– Déjà que le contremaître t’a dans le collimateur, s’il se rend compte que tu picoles sur le chantier, tu vas te faire…

Harry le coupa de nouveau :

– Relax, mec… Cool, détends-toi. Ça ne craint rien. C’est juste pour me donner le moral avant de commencer la semaine.

L’homme vida d’un trait la moitié du gobelet.

– C’est que je n’ai pas envie de me faire virer à cause de toi ! Si Terry sent ton haleine… Le whisky, ça laisse toujours des traces.

– Pas celui-là, mec. Pas avec du café. Et puis c’est du bon.

Toujours aussi détendu, le colosse prit le temps de finir de boire.

– Aaah ! fit-il entendre en secouant la tête. Ça réveille… Allez, je suis prêt !

Désabusé, son collègue détourna le regard pour ajuster une paire de lunettes de protection. Puis il contempla le muret qui restait à abattre.

– Mets tes lunettes, toi aussi. C’est dangereux. Ces petites briques se cassent en mille morceaux. Elles ont vite fait de te voler dans les yeux.

– Oui, oui… relativisa son collègue, avant de poser son verre. Enfin, il ajusta également sa protection et demanda :

– Tu prends le côté droit ?

– Ça marche ! accepta son camarade, puis il souleva sa masse et, d’un coup précis, fracassa l’arête supérieure du mur.

L’homme à la pioche se cracha dans les mains, avant de planter violemment la tête de son outil au beau milieu de la partie gauche. Très vite, le rythme saccadé de leurs coups retentit à travers tout le hall.

Après quelques minutes d’efforts, le muret avait déjà considérablement diminué, et les deux hommes attaquaient le dernier tiers encore debout. Au moment de porter un nouveau coup de masse, l’ouvrier aux cheveux bouclés arrêta son geste et s’écria :

– Stop ! Harry, attends !

– Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?… Tu es déjà fatigué ? se moqua le colosse.

– Mais non ! J’ai vu quelque chose.

– Quoi donc ?

– Un truc… se borna-t-il à répondre, avant de s’approcher des restes du mur.

Son collègue l’imita.

– Tiens, tu vois ?… On dirait un vieux plaid. Qu’est-ce que ça fiche là ?

Harry demanda :

– Parce que tu veux regarder dessous ? C’est sûrement des cochonneries que les types de l’époque auront balancées là-dedans pour s’en débarrasser.

– La couverture est pleine de poussière, fit remarquer le premier ouvrier.

– Tu m’étonnes ! Ça doit faire des décennies que ce machin est là. C’est dégoûtant.

– Je vais quand même regarder, insista son collègue. On ne sait jamais.

Avant de s’exécuter, il indiqua :

– Je vais mettre mon masque… Dans ce temps-là, ils se fichaient bien de la sécurité. Il y avait de l’amiante partout.

– Si ça t’amuse… ironisa Harry.

L’homme déposa sa masse et enfila la dérisoire protection qu’il venait de sortir de sa poche. Puis, la voix couverte, il annonça :

– Bon, voyons voir ce que c’est… On dirait un vieux plaid, ou un châle. Grenat avec des bandes jaunes. Ils avaient des goûts de chiotte à cette époque !

– Tu l’as dit ! Bon alors, qu’est-ce qu’il y a dessous ?

Harry observa son collègue en train de se pencher. Ce dernier souleva, puis retira doucement, l’objet du fond de son logement. Soudain, l’homme fit un bond en arrière. Il arracha son masque et s’écria :

– Bon dieu ! C’est pas vrai !

Surpris, et un peu goguenard, Harry approcha lui aussi.

– Eh bien quoi ? Qu’est-ce que tu as vu là-dedans ? Une souris ?

Mais une demi-seconde plus tard, le colosse ne riait plus. Incrédule, il découvrit l’incroyable spectacle : coincé entre quatre murs, le squelette d’un enfant se présentait les jambes repliées vers l’arrière, les bras sous la poitrine, tandis que sa tête reposait contre la paroi intérieure. Vêtu de son uniforme d’écolier, avec un cartable sur le dos, la jeune victime, en dépit de cette position inconfortable, semblait dormir paisiblement.

Épouvanté, son collègue brailla :

– Putain, Harry !

– Calme-toi ! On n’y est pour rien !

– Je sais ! Mais c’est lui ! J’en suis sûr ! C’est lui, je te dis ! On l’a retrouvé !

*

Vendredi 11 octobre, début d’après-midi – Bureaux du CID à Édimbourg

Répondant à l’appel de son supérieur, Sweeney s’empressa de monter d’un étage. Parvenu devant la porte du superintendant Sales, il colla la tête de son club de golf contre la clavicule, puis il hésita avant de s’annoncer.

Bon, qu’est-ce que le patron peut bien me vouloir ? songea-t-il. Au téléphone, il m’avait l’air bien mystérieux. J’espère que ce n’est rien de grave… Du temps de Wilkinson, j’étais finalement moins inquiet. En effet, si les colères du « rasoir » étaient fréquentes, et plutôt éruptives, elles avaient aussi le mérite d’être brèves. Avec Sales en revanche, ses accès de mauvaise humeur sont plus profonds et plus durables. Le patron est moins lisible que son prédécesseur… Toutefois, je n’ai pas à me plaindre. Cela fait deux ou trois ans qu’il m’a plutôt à la bonne. Je crois qu’il me fait confiance. Et puis Sales a évolué, lui aussi. Il est beaucoup plus humain, moins procédurier. Encore quelques efforts et il sera capable de sourire en se pinçant ! finit-il par plaisanter. Plus détendu, l’officier de la criminelle se décida à frapper.

– Entrez ! claqua la voix claire de son supérieur.

Sweeney ouvrit, s’avança, puis il salua le superintendant :

– Bonjour, Sir.

– Re-bonjour, Sweeney. On s’est déjà croisés à votre étage ce matin. Vous ne vous souvenez pas ? Vous discutiez avec McTirney.

– C’est vrai, Monsieur. Désolé.

– Ne le soyez pas. Asseyez-vous.

Son subordonné traversa la pièce, observa la pluie qui s’abattait dans Fettes Avenue, puis il s’installa dans l’un des deux fauteuils en Skaï destinés aux visiteurs. Après avoir déposé son sand wedge, Sweeney prit le temps de contempler Brandon Sales. Les cheveux bruns, courts mais légèrement ondulés, un col roulé sombre montant jusqu’aux mâchoires, vêtu d’une élégante veste à carreaux qui lui donnait des allures de dandy, le superintendant, toujours debout derrière son bureau moderne, semblait lire une note de service. Dès qu’il eut terminé, il reposa la feuille dans une bannette et, avant de s’asseoir, il lorgna d’un œil manifestement critique vers la tenue de son officier : Ses efforts vestimentaires n’auront pas duré, jugea Sales. Les pulls défraîchis, les vieux pantalons, ainsi que les brodequins, sont de retour. Sans compter cette fichue barbe mal entretenue. Décidément, pour un jeune marié… ironisa-t-il. Quant à son satané club de golf, je crois que mieux vaut perdre tout espoir de le voir l’abandonner un jour !

Esquissant une moue involontaire, le superintendant finit par s’asseoir. Joignant les deux mains sur le bureau, il reprit :

– Bien, inspecteur-chef… Êtes-vous prêt ?

Plutôt que de répondre, Sweeney s’agaça : J’ai horreur de ce nouveau grade. Je n’arrive pas à m’y faire… À chaque fois que l’on me sert du « inspecteur-chef », j’ai l’impression de vieillir de dix ans ! J’aurais mieux fait de renoncer à cette promotion.

– Prêt ? Hem… Oui, concéda Sweeney. Enfin, je crois… De quoi s’agit-il ?

Brandon Sales s’avança légèrement. Puis il demanda :

– Vous en avez entendu parler, n’est-ce pas ?

– Euh… De quoi, Monsieur ?

– De ce cold case à Fort William, lundi dernier.

– Ah ? Euh… Oui, c’est vrai. Pendant deux jours, les radios et les télés n’ont plus parlé que de ça. En tout cas, plus que de la bourde des collègues de Glasgow, avec les empreintes digitales de ce Français qu’ils avaient arrêté à l’aéroport.

– Est-ce que vous avez suivi les infos ? insista le superintendant.

– Pas plus que ça, reconnut le barbu. Je vous avoue qu’avant lundi, je n’avais jamais entendu parler de cette disparition.

– Cinquante ans ! Tout le monde avait oublié cette triste affaire… Mais c’est un très beau cold case, répéta Sales, l’œil gourmand.

Son subordonné enchaîna :

– Si j’ai bien compris, l’affaire fait la une parce que les journalistes se sont mis à broder autour des similitudes de ce cas avec les livres de J.K. Rowling.

– Bien sûr, mettez-vous à leur place : le jeune Henry Cotter porte quasiment le même nom que le célèbre héros. Par ailleurs, la ressemblance physique est réellement troublante. On découvre son corps dans le pilier de la gare d’où s’élance précisément le train à vapeur du film. Dans son cartable, on trouve un carnet où le gamin décrit une école pour magiciens, dénommée « Bedlard ». Pour finir, son corps est recouvert d’une cape grenat et jaune, les couleurs de l’écharpe du personnage. Il est vrai que le rapprochement était tentant, conclut Sales.

– Ne lui manquait plus que la baguette ou la chouette ! plaisanta Sweeney.

Le superintendant sourit sous sa moustache.

– Oui presque, répondit-il. Avant de s’amuser à son tour :

– Maintenant, difficile d’accuser de plagiat ce pauvre garçon. Lorsque le premier livre de J.K. Rowling est paru, cela faisait déjà près de trente ans que son corps croupissait entre ces quatre murs.

– En effet… réfléchit Sweeney. Mais il est vrai que les coïncidences sont étonnantes.

– Un pur hasard. C’est nous qui voulons voir des rapprochements là où il n’y en a pas. C’est humain, et…

– … et c’est vendeur pour les médias, compléta le barbu.

– Probablement, acquiesça le superintendant.

– Je me souviens des titres : les tabloïds parlaient du « Passager Perdu du Poudlard Express ».

– Oui, à cause du billet de train que l’on a retrouvé dans sa poche.

– Fort William – Mallaig, je crois.

– Tout à fait. La ligne fonctionnait déjà en 1969, l’année de sa disparition, mais pas le train à vapeur. Le gamin disposait d’un aller simple… Dans son carnet, il avait écrit que son école de magie se trouvait sur Skye. À cette époque, il n’y avait pas encore de pont pour rejoindre l’île. On peut envisager que son intention était d’embarquer depuis le port de Mallaig.

– C’est possible, confirma l’inspecteur-chef. Avant de réagir :

– Dites, Monsieur… Vous ne m’avez sûrement pas fait venir pour parler de l’actualité.

– Vous êtes perspicace, se moqua Sales, avant de reculer dans le dossier de son fauteuil.

Légèrement inquiet, son subordonné lui demanda :

– Où est-ce… Où voulez-vous en venir ? corrigea-t-il. Est-ce que vous savez si cette affaire avance ?

– Eh bien, ça dépend… Je veux dire : ça va dépendre de vous.

– Comment ?

– Oui, reprit le superintendant. Voilà plus d’un mois que je vous ai confié cette nouvelle fonction, un peu particulière, au sein du service. Pour moi, ce rôle d’électron libre était intéressant à expérimenter, surtout avec votre façon si originale de travailler. Mais, vous l’avez constaté vous-même, j’ai bien du mal à vous alimenter ces dernières semaines.

– Je me suis rendu utile en aidant mes collègues, se justifia Sweeney.

– Oh oui, je sais. Pas de souci. C’est moi qui suis fautif, pas vous. En réalité, j’espérais vous confier des tâches beaucoup plus à votre mesure, mais elles se sont fait attendre. Nos criminels manquent un peu d’imagination ces derniers temps. Vous ne trouvez pas ?

– Incontestablement, rétorqua le barbu, et il lui renvoya un clin d’œil complice.

– Tandis que cette fois, avec cette affaire non élucidée, c’est juste le cas parfait !

– Vous croyez ?… Est-ce que les collègues de Glasgow ne sont pas mieux placés que nous ? Fort William fait partie de leur…

Sales l’interrompit :

– Ce n’est pas un problème… Il est vrai qu’en 1969, l’enquête avait été conduite par un inspecteur de Glasgow, un certain James Casey. Mais c’était il y a un demi-siècle. Le type est mort depuis longtemps, il y a prescription. Et puis, dans leur service, plus personne n’a conservé la mémoire d’un cas aussi ancien. On peut donc dépayser le dossier sans souci… En outre, puisque l’affaire du « Passager Perdu » est devenue très médiatique, le ministère a pensé que vous étiez le client idéal pour gérer un cas de ce type. Ils ont tout de suite pensé à vous.

– Je suis flatté, ironisa Sweeney, et il détourna le regard pour vérifier s’il pleuvait toujours dans Fettes Avenue.

Après quelques secondes, l’officier contempla de nouveau son chef. L’air résigné, il voulut savoir :

– Bon… Où et quand ?

Avec une mine satisfaite, Brandon Sales répondit :

– Je vous connais, Sweeney. Tout ira bien… Cette affaire est taillée pour vous. Peut-être êtes-vous même le seul capable de la résoudre, ajouta-t-il pour le flatter. Quoi qu’il en soit, la hiérarchie vous fait confiance. Et moi aussi… En outre, conclut-il, je suis certain que ça vous fera du bien de changer d’air.

Pourquoi ? J’ai l’air déprimé ? s’inquiéta le barbu. Avant de répéter :

– Alors, où et quand ?

Le superintendant répondit à la première moitié de la question :

– Dundee.

– Quoi ? Comment ça, Dundee ? Est-ce que je ne devrais pas plutôt me rendre à Fort William ou à Glasgow ?

– Non. Pour commencer, vous rendrez visite au service de médecine légale de la ville. Ce sont eux qui détiennent le corps. Le toubib en charge de l’affaire est le docteur Mark Williams. C’est un jeune gars très professionnel. J’ai fait sa connaissance il y a quelques mois… Il vous attend lundi, c’est prévu. Au téléphone, il m’a dit qu’il avait besoin de vous parler.

– Vraiment ? douta Sweeney.

– C’est lui qui vous remettra personnellement son rapport d’autopsie. Par ailleurs, les collègues de Glasgow lui ont transmis l’enquête originelle de Casey. Il en avait besoin pour examiner le cadavre… J’ai demandé au docteur Williams de vous remettre le dossier lundi, lors de votre passage. Appelez-le dès cet après-midi afin de convenir du rendez-vous.

– Lundi seulement ? répéta son subordonné, déçu. Si je dois m’occuper de ce cold case, j’aurais préféré pouvoir commencer à travailler dès ce week-end.

Aussitôt, Brandon Sales bascula vers la gauche et, tendant le bras, il saisit un dossier de couleur bleue.

– La copie du dossier de Casey est déjà là, indiqua-t-il. En revanche, je n’ai pas reçu le compte rendu du légiste. Comme je vous l’ai dit, il préfère vous en faire part de vive voix.

Le patron du CID fit glisser la pochette de l’autre côté du bureau, jusqu’à Sweeney.

Sales enchaîna :

– Bien sûr, je ne vous fixe aucun délai particulier. Dans ce type d’affaire, il serait ridicule de vouloir déterminer une deadline. Cependant, plus vous irez vite, plus il sera facile de faire retomber la pression médiatique… Enfin, si j’en crois mon homologue de Glasgow, les gens de Fort William sont à cran. La découverte du corps, conjuguée à la présence de nombreux journalistes, a perturbé la tranquillité habituelle de cette bourgade d’à peine dix mille habitants. Et puis, qui sait ? Ce mort qui refait surface est susceptible de rouvrir de vieilles cicatrices.

Son enquêteur fit remarquer :

– C’était il y a cinquante ans, Monsieur. J’imagine que parmi les contemporains de cette affaire, bien peu sont encore vivants.

– Détrompez-vous ! rétorqua Sales, avant de se positionner de nouveau au-dessus de la table, les coudes en appui. Tous les protagonistes sont encore de ce monde : les parents d’Henry Cotter, son frère, et même le coupable présumé de l’époque. Tout le monde !

– Mince, fit entendre Sweeney. Ou plutôt tant mieux… Eh bien, ils ne doivent pas être frais, patron. Il fallait me prévenir que j’allais devoir enquêter dans une maison de retraite !

L’air moqueur, Archibald passa la main dans sa barbe. Mais, à cet instant, il aperçut quelques poils blancs sur la pointe de son menton. Great Scott ! pensa-t-il. Ce sont les premiers… Et voilà, ça m’apprendra à me moquer des anciens. Moi aussi, je me fais vieux. Un vieux pour enquêter chez les vieux, c’est parfait après tout.

Détectant son trouble, son supérieur préféra poursuivre :

– Bon, Sweeney… Je vous résume l’esprit de la mission : il s’agit d’avancer vite et bien, afin de faire redescendre la pression. La hiérarchie compte sur vous.

Oui, surtout pour faire un joli coup de com’ si tout se passe bien, jugea-t-il, lucide. Puis il demanda :

– Bien, à partir de quand serai-je officiellement saisi ?

– Les derniers documents devraient m’arriver lundi matin. Toutefois, dès à présent, je vous donne carte blanche… Lorsque vous aurez quitté Dundee et que vous aurez pris vos quartiers à Fort William, veillez à me faire un compte rendu téléphonique tous les soirs. J’ai besoin d’alimenter la cellule communication du ministère.

Qu’est-ce que je disais ? ironisa le barbu.

Sales ajouta :

– En revanche, pas un mot à la presse. La hiérarchie s’en charge depuis Édimbourg. De votre côté, rien, nada. Fuyez-les… Dès que les journaleux sauront que c’est vous qui vous occupez du « Passager Perdu », ils se précipiteront à vos basques comme les midges au cul d’une vache !

– Belle image… se moqua Sweeney.

– Je reconnais que j’ai déjà fait mieux, sourit le superintendant. Plus sérieusement : ne leur dites pas que vous travaillez seul. En effet, le ministère a déjà communiqué dans le style : « Tous nos agents sont sur la brèche afin de résoudre au plus vite cette pénible affaire ». Bref, le blabla habituel, admit Sales avec une moue gênée.

– On finit par avoir l’habitude… commenta son subordonné, désabusé.

Soudain, jugeant qu’il en savait bien assez, le barbu ramassa son club de golf, attrapa le dossier bleu qui traînait sur la table et, une fois debout, il demanda :

– C’est bon, Monsieur ? Je peux disposer ?

– Vous pouvez, lui confirma Sales, avant de conclure :

– Amusez-vous bien. Et d’ici-là, bon week-end !

Alors qu’il faisait demi-tour, le barbu répliqua :

– Je vais commencer par appeler ce docteur Williams. Et puis j’appellerai ma femme aussi, pour lui expliquer que je pars dans les Highlands en célibataire. ‘Va pas être contente !

Juste avant de quitter la pièce, Sweeney se retourna pour saluer son supérieur en portant la tête de son club de golf à hauteur de la tempe.

– Salut ! lui lança le superintendant. Bonne chance pour votre première enquête d’inspecteur-chef !

Apercevant une véritable confiance dans le sourire de son supérieur, Archibald ferma la porte le cœur léger. Puis, une fois dans le couloir, dossier et sand wedge coincés sous le bras, il ne put s’empêcher d’esquisser un petit pas de danse.

Great Scott ! Si tante Midge me voyait… songea-t-il, amusé.

Le cas

Lundi 14 octobre matin – Dundee

Après avoir stationné son véhicule dans Small’s Lane, Sweeney prit la direction du complexe hospitalier. Ses immeubles modernes, nimbés par la lumière orangée qui régnait à Dundee, paraissaient soudain plus chaleureux. Toutefois, en arrivant face au cube impersonnel abritant le Leverhulme Research Centre for Forensic Science, dirigé par la célèbre professeure Sue Black, le policier ressentit d’un coup le caractère déshumanisé du bâtiment. Aussi moche que notre Criminal Investigation Department, se moqua-t-il avant d’entrer.

Parvenu à l’étage où travaillait le docteur Mark Williams, le visiteur fut prié d’aller attendre le médecin dans la salle d’autopsie la plus à gauche. Club de golf sur l’épaule, Sweeney repoussa une lourde porte à battants, puis il pénétra dans l’un de ces antres à la lumière blafarde qu’il détestait tout particulièrement. Devant lui, blanche et légèrement incurvée, marquée par ces rigoles où s’écoulaient les liquides les plus nauséabonds, se dressait une table d’autopsie aussi froide que la mort. À son extrémité s’étalaient des « outils d’équarrisseur » – comme l’enquêteur se plaisait à les dénommer – qui, disposés sur une tablette séparée, servaient à couper, tailler, hacher un corps, qui n’avait sur cette table pas plus de valeur qu’un vulgaire objet. Une nouvelle « boucherie » se prépare, ne put-il s’empêcher de songer, l’air indisposé.

– Vous m’attendiez ? le surprit alors une voix dans son dos.

Sweeney se retourna et riposta immédiatement par un trait d’ironie :

– Pas du tout. Je contemplais le paysage !

Esquissant un sourire, le nouvel arrivant finit d’ajuster les boutons de sa blouse blanche, puis il serra la main du visiteur.

– Docteur Williams, se présenta-t-il. Mais appelez-moi Mark.

Le policier voulut répondre :

– Enchanté. Inspec…

Mais le jeune homme le coupa aussitôt :

– Comme je suis heureux de vous rencontrer. Quelle chance de faire la connaissance d’un enquêteur aussi célèbre que vous. Ah oui, quelle chance ! répéta-t-il, puis le médecin plongea les mains dans les poches de sa blouse.

Sweeney l’observa brièvement : Grand, élancé, les cheveux bruns bouclés, et un visage franc d’où jaillissent deux billes bleu turquoise qui doivent plaire aux filles. Ce docteur Williams a vraiment de l’allure, jugea-t-il sommairement.

– Le premier client de la journée ne va pas tarder, annonça le légiste, et il contempla la table au centre de la pièce. Enfin « la cliente », précisa-t-il : personne ne sait ce que cette pauvre dame a bien pu ingurgiter, mais ça l’a tuée… Je crois que la cuisine écossaise a encore quelques progrès à faire !

Répondant à son trait d’humour par un sourire appuyé, l’inspecteur songea : Dix ans de moins que moi, de l’esprit à revendre… Oui, l’avenir lui appartient. Nostalgique, Sweeney se dit encore : J’ai l’impression de me revoir, il y a quinze ans déjà, quand je débutais et que mes blagues à deux balles déroutaient les collègues. J’ai le sentiment qu’à cette époque-là, je n’avais pas encore conscience de la gravité des situations. Alors qu’aujourd’hui, je ne l’ai que trop. Les rôles sont inversés, regretta-t-il en soupirant.

Observant cette réaction inattendue, le docteur Williams craignit d’avoir impatienté son visiteur :

– Pardon, est-ce que vous voulez que je commence mon exposé ?

– Non, désolé. J’étais dans mes pensées, se justifia l’enquêteur. Avant d’enchaîner :

– Est-ce que vous avez suffisamment de temps ? Je ne voudrais pas vous mettre en retard.

Le médecin consulta sa montre et répondit :

– Oui, pas de souci. Un quart d’heure au moins… D’ailleurs, je vais en profiter pour terminer mes préparatifs.

Joignant le geste à la parole, le jeune légiste s’avança jusqu’à la tablette où se trouvaient ses outils. Méticuleusement, il les replaça dans un ordre qui semblait mieux lui convenir.

– Vous devez avoir l’habitude ? demanda-t-il au policier d’un air entendu.

– Des salles d’autopsie ? Oui, forcément. Mais là, si tôt le matin, je ne sais pas comment vous faites.

Mark Williams rétorqua :

– Si ça vous rassure, moi non plus ! Mais c’est parce que je dois avoir l’estomac bien accroché. Ma mère est Anglaise, alors j’ai survécu à ses petits déjeuners ! et ses yeux bleus pétillèrent de malice.

Un bon client ce docteur, apprécia de nouveau l’inspecteur-chef. Il est intelligent, doué d’un humour décapant, assez fréquent dans les salles d’autopsie. Avec des jeunes de cette qualité, l’avenir de l’Écosse est assuré.

Son rangement achevé, le médecin détourna Sweeney de ses pensées :

– Est-ce que vous voyez le tiroir sur la droite ? demanda-t-il, et il désigna une poignée coulissante marquée « B1 ».

L’officier acquiesça d’un hochement de tête.

– C’est là que se trouve le corps du petit Henry Cotter… Vous me suivez ? enchaîna-t-il, et il se dirigea vers un petit bureau, coincé entre deux armoires que le visiteur n’avait pas encore remarquées. Parvenu devant cette table, le policier y aperçut trois dossiers superposés. Mark Williams s’empara du premier et annonça :

– C’est mon rapport d’autopsie.

– Que vais-je y lire d’intéressant ? lui demanda Sweeney d’un air tentateur.

Le jeune légiste reposa le document, replaça ses mains dans les poches puis, fixant son interlocuteur de son regard bleu turquoise, il se lança :

– La cause la plus probable de la mort est un traumatisme crânien survenu sur la partie avant gauche du front. L’enfoncement de l’os est tel que le cerveau a dû s’éteindre d’un coup. À mon avis, le pauvre gamin n’a pas eu le temps de souffrir.

– C’est déjà ça, commenta Sweeney. Ensuite ?

– Sur ce point précis, je ne peux pas vous en dire plus. En effet, la forme de l’enfoncement ne permet pas de confirmer l’utilisation d’un objet contondant ou bien d’une arme par destination. Mais ça ne les exclut pas non plus. Pour être clair, Henry Cotter a tout aussi bien pu avoir le crâne fracassé par un tiers, mais aussi tomber par accident entre ces quatre murs. Il est impossible de se prononcer avec certitude… En outre, en l’absence des parties molles, ou même de tout corps étranger ayant pénétré dans la boîte crânienne, il apparaît que toute conclusion définitive en faveur de l’une ou l’autre hypothèse serait erronée.

– Vous ne me facilitez pas la tâche, lui dit Sweeney en souriant.

– Je m’en doute. Mais si je vous disais autre chose, je serais déjà dans l’interprétation, et donc dans le mensonge… Je suis un scientifique, inspecteur-chef. Les faits, rien que les faits.

– Et vous avez raison, apprécia son interlocuteur. Bref, reprit-il, vous me laissez le choix entre le meurtre et l’accident. C’est bien ça ?

– Je serais plus nuancé, mais j’y reviendrai plus tard, ajouta-t-il, énigmatique… Pour finir sur ce point, je dois vous préciser que même les traces de sang que la Scientifique a identifiées au fond du mur creux, ne nous apprennent rien. Que l’on y ait jeté un corps inerte, ou bien qu’Henry Cotter y soit tombé par inadvertance, cela ne change rien à l’affaire. Les résidus sanguins auraient été les mêmes… Et puis, cinquante ans ont passé : c’est-à-dire que rien ne me permet de vous indiquer si ce garçon est arrivé là le jour de sa disparition, ou bien plus tard.

– Quand je vous dis que vous ne m’aidez pas ! plaisanta l’enquêteur.

– J’en ai conscience… sourit Mark Williams. Pour finir, ma seule certitude est que si Henry Cotter n’avait pas subi ce choc extrêmement violent à la tête, il serait probablement toujours de ce monde.

Archibald réfléchit en se passant la main dans la barbe. Puis soudain, pointant son sand wedge vers un second dossier moins épais, il demanda :

– Et ça ?

– Ça, c’est la liste de tous les objets découverts avec le corps.

– Je peux ?

– Bien sûr, et le médecin lui confia la chemise de couleur rouge.

L’inspecteur-chef commença par déposer son club de golf le long du bureau. Mais avant même d’ouvrir le nouveau dossier, il fit remarquer :

– Tiens, je n’avais pas fait attention… Les dates, là, sous son nom : 7 octobre 1958 et 7 octobre 1969. C’est une erreur ?

– Non, le gamin a disparu – et il est peut-être mort – le jour de ses onze ans.

– Le jour de son anniversaire ?

– Oui, a priori.

Surpris, Sweeney réfléchit encore un instant, avant d’ajouter :

– Dites, est-ce que je me trompe ou bien Henry Cotter a été découvert lundi dernier ?

– En effet, encore et toujours le 7 octobre.

– Ça alors ! Pile cinquante ans après sa disparition. Quelle coïncidence !

– Oui. S’il avait vécu, Henry Cotter aurait eu soixante-et-un ans lundi dernier. C’est assez incroyable.

– Tout à fait. Décidément, au registre des coïncidences, ce Henry Cotter est un cas.

Pour chasser quelques idées parasites qui, déjà, commençaient à le perturber, Archibald préféra consulter la liste des effets découverts sur l’enfant, puis les clichés de tous les objets. Sans réfléchir, le policier lut à haute voix :

– Veste et pantalon d’écolier, paire de lunettes rondes, sous-vêtements, chaussettes, chaussures, une chemise. Pas de manteau. Il ne devait pas faire froid. Le gamin était vêtu pour aller en cours… Dans sa poche, on trouve le fameux billet de train pour Mallaig. Avec trente livres et soixante-dix cents exactement. Une petite fortune pour un aussi jeune homme… Le cartable, avec l’inventaire exhaustif de son contenu… OK, stylos, crayons, gomme, règle, toute la panoplie du parfait petit écolier. À l’exception assez remarquable de cet unique cahier : « Règlement de l’école de magie de Bedlard – Île de Skye ». Vraiment étrange.

Le légiste intervint :

– Oui, les journaux s’en sont fait l’écho. Il ne lui manquait plus qu’une baguette de sorcier ou un balai de quidditch !

– Vous oubliez la chouette ! surenchérit son visiteur.

– Bien sûr, confirma Mark Williams. Avant d’ajouter :

– Plus sérieusement – c’est ce dont je voulais vous parler tout à l’heure, et c’est beaucoup plus intéressant pour votre enquête –, notre jeune victime possédait tout de même une « cape d’invisibilité ». En effet, d’où provient le plaid qui masquait son corps ? Étant donné les circonstances forcément brutales de son décès, on devine qu’il ne s’en est pas couvert lui-même. Qu’il s’agisse d’un meurtre ou d’un accident, qui a déposé ce plaid sur Henry Cotter ? Que cette couverture soit arrivée là le jour de sa mort, ou bien après, il est probable que « quelqu’un » a vu son corps dans le mur. Oui, ce « quelqu’un » sait – ou savait – que la victime se trouvait là.

Tout sourire, l’inspecteur-chef déclara :

– Eh bien, docteur… Je croyais que vous ne vouliez pas vous prononcer. Là, je vous signale que vous êtes clairement en train d’orienter mon enquête.

– C’est exact. Désolé, je m’emballe… Je ne me rendais pas compte que j’empiétais sur vos plates-bandes.

– Non Mark, je vous en prie. Toutes les idées sont les bienvenues. Surtout de votre part. À ce stade, toutes les hypothèses sont encore sur la table. Il ne faut s’en interdire aucune.

– Vous savez, ce sont mes débuts. Je n’ai intégré le service qu’au printemps dernier. Pour l’instant, je n’ai eu que de rares contacts avec les enquêteurs de terrain.

– Pas de souci, votre attitude est la bonne. En votre qualité de légiste, vous devez être une force de proposition. Continuez comme ça, le rassura Sweeney.

Puis, pour changer de perspective, le policier demanda :

– J’y pense : quand comptez-vous restituer le corps à la famille ?

– J’en ai tout de suite parlé aux parents. Ils savent que l’étude d’un cas comme celui de leur fils prendra du temps. Les examens complets seront encore longs… Enfin, pour ne rien vous cacher, ce squelette vieux de cinquante ans est tellement exceptionnel que tout le service a envie de « s’amuser » un peu.

– Comment ça ?

– Ne vous méprenez pas, inspecteur-chef. Nous sommes aussi un centre de recherche. Nous avons besoin d’apprendre pour progresser. Et le squelette d’Henry Cotter est un sujet d’étude absolument inédit. C’est excitant !

– Chacun ses plaisirs… ironisa l’enquêteur.

– Pour être plus précis, nous devrions conserver le corps pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

– Je vois… Sinon, enchaîna son interlocuteur, et ce dernier dossier ? Qu’est-ce qu’il contient ?

Sweeney se débarrassa de la chemise contenant les listings et les photos, pour s’emparer d’un volume de feuillets plus conséquent.

– Une rareté, lui indiqua le médecin : il s’agit du dossier original, et complet, de l’inspecteur Casey. Il date d’il y a cinquante ans.

– En effet, la copie que m’a remise le CID est nettement moins épaisse, et Sweeney se mit à compulser les différentes pièces.