L'énigme Agatha C - John-Erich Nielsen - E-Book

L'énigme Agatha C E-Book

John-Erich Nielsen

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Beschreibung

« Une femme comme elle ne pouvait pas disparaître. Elle aimait trop la lumière ! »

Pourtant, voilà déjà vingt ans que Sarah Turner, une célèbre pianiste, n’a plus donné signe de vie. Passionnée par Agatha Christie, la virtuose semblait avoir mis en scène sa disparition depuis Aberdeen dans des conditions proches de celles de la romancière, en 1926. Mais à la différence de son modèle, la jeune femme n’était jamais réapparue, devenant l’un des cold cases les plus emblématiques de la police britannique.

Jusqu’au retour d’une mystérieuse statuette…



À PROPOS DE L'AUTEUR

John-Erich Nielsen, né le 21 juin 1966 en France, a été professeur d’allemand, officier Saint-cyrien et Conseiller Principal d'Éducation avant de devenir éditeur et auteur à l’île Maurice. Il crée les enquêtes de l’inspecteur Archibald Sweeney, jeune Écossais attachant, dans la tradition du polar britannique, mêlant humour, rythme et paysages écossais.

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Seitenzahl: 158

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Couverture

Dans la même collection

Dans la même collection, l’inspecteur

Sweeney vous invite à vivre :

Meurtre au dix-huitième trou - 2005

Peur sur le volcan - 2005

Caviar et nuits blanches - 2006

L’étrange sourire de Pamela Dove - 2006

L’œil du totem - 2008

Mort au grand largue - 2009

Les démons de l’île de Skye - 2010

Le serment des Highlands - 2011

Crime à l’heure du Tay - 2012

Un poison irlandais - 2014

Mortelles Hébrides - 2015

Le pendu de St Andrews - 2016

Mystère Édimbourg et Docteur Stevenson - 2017

(Tomes A et B)

Orcades en eaux troubles - 2018

Dans les flammes de Gretna Green - 2019

Archie et le passager perdu - 2020

Le secret des brumes - 2021

Des ombres au paradis - 2021

La marque de la Bête - 2022

Lennox barbare - 2023

Enquête à Belmont House - 2024

L’énigme Agatha C - 2025

En anglais :

Murder on the Green - 2011

En allemand :

Mord am 18. Loch - 2018

Der Fluch der Highlands - 2019

Das seltsame Lächeln der Pamela Dove - 2019

 

 

 

Les éditions HoH

présentent :

 

____

 

 

 

 

 

 

 

L’énigme

Agatha C

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Du même auteur, dans la collection

« Les enquêtes de Lucy Fourstripes » :

Des ombres au paradis - 2021

La Terre des Sept Péchés - 2023

 

Du même auteur, dans la collection

« Destins d’exception » :

Les roses de Sarajevo - 2015

Blue Baby - 2020

 

Disponible en version audio :

Meurtre au dix-huitième trou - 2023

 

 

 

Page de titre

John-Erich Nielsen

 

 

 

 

L’énigme

Agatha C

 

 

 

 

Éditions HoH

B.P. 132 – 56343 CARNAC Cedex

 

www.hoh-editions.com

Copyright

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© JOHN-ERICH NIELSEN

ET HEAD OVER HILLS, 2025

Tous droits de traduction, de reproduction, d’adaptation, de représentation réservés pour tous pays.

 

SOMMAIRE

 

 

 

Le pied à l’étrier      

 

Cold case      

 

Michael Winston      

Rendez-vous à Greenway      

 

Petula Pritchard      

 

Méditation            

 

Retour à Aberdeen      

 

Monsieur le professeur      

Récital                  

 

Great Scott !            

 

L’énigme Agatha C      

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le pied à l’étrier

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

– Une femme comme elle ne pouvait pas disparaître. Elle aimait trop la lumière !

D’un ton péremptoire, Marjorie Sweeney asséna cette phrase à son neveu tout en le fixant droit dans les yeux. Puis, rageusement, elle plaqua sur son bureau le magazine que, l’instant précédent, elle tenait encore roulé dans sa main.

La vieille dame avait soigneusement préparé ses effets. Sur une double page de papier glacé, on découvrait un article consacré à une jeune pianiste anglaise, une certaine Agatha C. Turner. Vêtue d’une robe longue, la virtuose était assise devant son instrument. La tête tournée vers l’objectif du photographe, elle affichait un visage particulièrement pâle qui détonnait avec la pièce sombre où le cliché avait été pris. Enfin, sur le bord du Steinway, on distinguait une étrange statuette : un buste d’homme moustachu, luisant sous une lumière jaunâtre.

Après avoir pris le temps d’observer la musicienne aux bras nus, Archibald Sweeney recula dans le dossier de son fauteuil pour répondre, l’air dubitatif :

– Hem, tante… Je ne comprends pas. Cette dame n’a pas disparu. Au contraire, l’article – manifestement récent – vise à faire la promotion de ses concerts pour l’année. Non, si cette Agatha C. Turner avait disparu, je serais au courant.

Brusquement agacée, tante Midge répliqua :

– Mais non ! L’important, ce n’est pas la pianiste. C’est la statuette !

Tout en s’avançant, la vieille dame tapota du doigt sur la sculpture :

– Là, tu vois ? Le bout de son nez est abîmé.

– Oui, en effet. Et alors ?

– Cette statuette, c’est le prix Edgar Allan Poe. Un Edgar, tu sais ce que c’est ? Pour le théâtre ou pour la littérature, c’est l’équivalent d’un Oscar. D’accord ? Et celui-ci, c’est précisément celui qui a été décerné à Agatha Christie en 1955.

– Oui, et alors ? se contenta de répéter son neveu.

Désappointée, Marjorie Sweeney commença par prendre une profonde inspiration. Simultanément, elle observa le bureau étroit de son neveu, installé au premier étage de sa maison de Circus Lane. Puis, après avoir soupiré, elle songea que, décidément, les débuts de sa carrière de détective n’étaient pas réjouissants. Après quelques mois, Archie avait dû renoncer à louer le local beaucoup plus clinquant qu’il occupait non loin du château d’Édimbourg. Sa toute nouvelle agence de détective privé ne décollait pas. Sa notoriété d’ancien enquêteur du CID n’avait pas suffi à générer la clientèle espérée. Depuis ses débuts, Archibald ne s’était vu proposer que des affaires banales, quand ce n’étaient pas de misérables adultères. Tante Midge avait très vite compris que son neveu ne s’épanouirait pas dans ce contexte morose. D’ailleurs, elle se doutait que l’ancien inspecteur-chef n’allait plus tarder à mettre un terme à sa disponibilité, afin de réintégrer au plus vite les bureaux de la criminelle dans Fettes Avenue. Même si son neveu n’en avait certainement pas très envie… Mais voilà, à plusieurs reprises déjà, celui-ci lui avait confié qu’il se sentait honteux qu’Ilona soit dorénavant la seule à faire bouillir la marmite du ménage.

Après avoir retrouvé le fil de ses idées, la vieille dame reprit la parole pour expliquer :

– Non, en réalité, ce qui m’intéresse, c’est sa mère.

– Pardon ?

– Oui. Sarah Turner Hawks et sa disparition. Est-ce que ça te dit quelque chose ?

Soudain plus concerné, Sweeney s’avança, posa ses coudes sur la table et déclara :

– Ah, mais oui. Je comprends cette fois… C’est une affaire qui s’est déroulée un ou deux ans seulement avant mon arrivée au CID. Je crois même que McTirney appartenait à l’équipe qui en avait été chargée. Il m’en avait parlé à mes débuts. La disparition de cette Sarah Turner Hawks lui était restée en travers de la gorge. Le service ne l’avait jamais retrouvée. Aucune piste. Le dossier n’avait pas pu être bouclé. Un cold case emblématique… Je me souviens que le mari avait été soupçonné du meurtre mais, sans corps et sans indices, il n’avait finalement pas été poursuivi. Je me rappelle aussi que le type s’était remarié moins d’un an plus tard avec la meilleure amie de sa femme. C’est ça ?... À l’époque, je finissais mes études à l’université. Mais les médias n’avaient parlé que de ça pendant des semaines. Impossible de ne pas être au courant.

– Bravo, le félicita sa tante. C’est tout à fait ça.

– Dis-moi : en quoi cette vieille affaire peut-elle bien t’intéresser ? Je sais que la famille était d’Aberdeen, qu’ils ne vivaient pas très loin de chez nous, et que tu…

La vieille dame l’interrompit :

– Je connaissais très bien les parents de Sarah, Colin et Brenda Hawks. Ils habitaient Victoria Road eux aussi, mais à l’autre bout de la rue. Brenda était l’une de mes meilleures amies au sein de la paroisse, toujours prête à rendre service au révérend Davis. La disparition subite de sa fille, qui habitait également le quartier avec son mari Owen Turner, avait été un véritable coup de tonnerre. L’échec des recherches et, par conséquent, ne pas savoir ce qu’elle était devenue, les avait anéantis. Je suis même certaine que cela les avait tués tous les deux : Colin est mort d’un cancer peu après ; puis, six semaines plus tard, la pauvre Brenda l’a rejoint auprès du Seigneur. Le plus triste, c’est qu’ils n’ont jamais su ce qui était arrivé à leur fille… Oui, je pense qu’ils sont morts de chagrin.

Observant la mine abattue de sa tante, Archie tenta de la relancer :

– Dis-moi si je me trompe : la disparue était pianiste elle aussi, n’est-ce pas ?

– Tout à fait. Sarah était une grande artiste, une soliste très réputée. Sa carrière la faisait voyager partout dans le monde tant elle était sollicitée. Au Japon notamment, ou encore aux USA. Ses disques se vendaient très bien. Elle était une référence dans l’univers du piano classique. Oui, Sarah était une célébrité. C’est aussi pour cette raison que sa disparition avait été autant médiatisée.

– D’accord… Est-ce que Sarah était la fille unique des Hawks ?

– Non. Elle avait une sœur aînée, Eleanor. Celle-ci était encore hôtesse de l’air à cette époque. En fait, Colin avait fondé une compagnie aérienne régionale au sein de laquelle Eleanor travaillait elle aussi. Mais comme l’aéroport d’Aberdeen prenait de l’ampleur, la famille avait quitté le sud de l’Angleterre pour s’installer sur la côte Est de l’Écosse… Non, Eleanor ne ressemblait définitivement pas à sa sœur, soupira tante Midge.

Devinant que ce point pouvait être important, Sweeney questionna la vieille dame :

– En quoi Sarah était-elle différente ? Dis-m’en plus.

Sa tante se redressa et, sourire aux lèvres, elle déclara :

– Ha, mais c’est parce que Sarah était un véritable volcan. Elle bouillonnait de vie ! Tout ce qu’elle faisait, elle le faisait à la perfection. Sarah aurait pu choisir mille carrières. Pianiste, mais pas seulement : chanteuse d’opéra par exemple. Sa voix avait une tessiture incroyable. Quatre octaves. Elle pouvait tout chanter, tout se permettre, du plus grave au plus aigu… Actrice aussi, si elle l’avait souhaité. Je l’avais vue sur les planches à Dundee, avec sa compagnie. On ne voyait qu’elle d’ailleurs. Avec son talent, elle éclipsait tous les autres. Quand elle quittait la scène, on n’avait qu’une envie : c’était qu’elle revienne au plus vite ! Un volcan, je te dis… Elle aurait également pu faire une carrière de sportive professionnelle. Au golf, elle était bien meilleure que son mari, qui jouait pourtant au niveau national. Je me souviens qu’elle se vantait de frapper ses premiers coups depuis les plots des hommes et d’envoyer ses balles plus loin qu’eux… Oui, Sarah était une rousse flamboyante à qui tout réussissait. Au théâtre, elle ne jouait pas la comédie. Elle était la comédie. Elle habitait ses personnages. Quand elle s’asseyait devant son piano, elle devenait la musique. Sarah était la vie. Elle insufflait une âme à tout ce qu’elle touchait.

Après avoir marqué une courte pause, Marjorie enchaîna :

– C’est ce que je te disais : cette femme ne pouvait pas disparaître. Elle était la lumière incarnée. Or la lumière, comme l’énergie, ne s’évanouit jamais. Elle réapparaît tôt ou tard, sous une forme ou sous une autre.

Convaincu, Archibald acquiesça :

– Bon, d’accord… Mais alors, cette photo de sa fille dans le magazine ? Cette statuette ? Quel est le rapport ?

Tante Midge esquissa un sourire satisfait. Enfin, son neveu commençait à comprendre.

La vieille dame reprit :

– Cette statuette, elle a une histoire. Pas seulement celle d’avoir été le prix Edgar Allan Poe… Avant de déménager pour Aberdeen, la famille Hawks vivait à Greenway dans le Devon, dans l’ancienne demeure d’Agatha Christie. Plus exactement, les Hawks occupaient l’un des cottages de la propriété. Le bâtiment principal est devenu un musée dédié à la célèbre écrivaine… Mais voilà, un jour où Colin travaillait dans le jardin, il avait découvert le cadavre des chiens d’Agatha Christie. Plus surprenant encore, on avait enterré cette statuette avec eux, le prix Edgar Allan Poe attribué en 1955 à la « Reine du Crime ». Et c’est en mettant un coup de pelle dans le sol que Colin, par mégarde, avait endommagé le nez du Edgar. Le plus incompréhensible, c’est qu’Agatha Christie était très fière d’avoir obtenu ce prix prestigieux. On ne saura jamais pourquoi la grande Dame l’avait enfoui là1(1).

– Peut-être parce qu’elle l’aimait autant que ses chiens ? suggéra son neveu.

– Oui, peut-être… Toujours est-il que ce buste, découvert par le mari de Brenda, a fini par devenir l’objet fétiche de sa fille cadette.

– Pour quelle raison ?

– Le hasard – mais le hasard existe-t-il ? – le hasard disais-je, a fait que Sarah est née le lendemain du décès d’Agatha Christie, le 13 janvier 1976. Seulement quelques heures plus tard. Très vite, la petite aurait raconté à ses parents qu’elle était le prolongement de la vie de l’écrivaine. Qu’elle, Sarah, allait vivre tout ce que la « Reine du crime » n’avait pas eu le temps de vivre : jouer la comédie, car Agatha Christie adorait le théâtre. Chanter et jouer du piano, ses autres véritables passions, que ses succès littéraires ne lui avaient pas permis de développer. Devenir meilleure au golf que son mari : en effet, l’addiction d’Archibald Christie pour ce sport lui avait probablement coûté son premier mariage, d’autant plus que l’écrivaine, joueuse médiocre, était incapable de l’accompagner sur les parcours… Alors, très vite, Sarah s’était approprié la statuette. Elle disait qu’elle avait été enterrée là juste pour elle, comme un témoin qu’Agatha Christie aurait voulu lui transmettre. Sarah emportait son Edgar partout avec elle, même dans ses tournées à l’étranger. Cette sculpture, c’était son lien matériel avec la romancière.

– Très bien. Cela devient plus clair.

Tante Midge n’en avait pas terminé. Elle poursuivit :

– Sarah faisait tout comme son modèle. Déjà, elle avait grandi dans la propriété de Greenway, la maison préférée d’Agatha Christie. Une demeure que l’écrivaine avait elle-même rénovée. Par ailleurs, la jeune femme avait épousé un homme, Owen Turner, qui était le sosie parfait d’Archibald Christie : un militaire, capitaine d’infanterie taciturne, reconverti dans les assurances et qui, féru de golf, la délaissait non seulement pour sa passion, mais aussi pour sa meilleure amie, Miranda, une violoniste professionnelle… Je me souviens aussi que pour son mariage, Sarah avait tout organisé comme Agatha, lors de sa seconde union avec Max Mallowan : avant la cérémonie, elle s’était isolée plusieurs jours sur l’île de Skye avant qu’Owen ne la rejoigne en train depuis Londres, jusqu’à Édimbourg. Là, leur mariage avait été célébré dans la petite chapelle qui jouxte l’église St Cuthbert au pied du château et, enfin, comme son modèle, Sarah avait tenu à ce qu’elle et Owen mentent sur leur âge à l’officier d’état civil ! Ensuite, à la naissance de leur fille, Sarah lui avait donné le prénom d’Agatha suivi de la lettre C qui, en plus d’être l’initiale de l’écrivaine, symbolisait aussi la note préférée de la virtuose2(1).

Marjorie émit un nouveau soupir avant de conclure, les yeux baissés :

– Malheureusement, comme son égérie, Sarah a vu Owen devenir de plus en plus distant avec elle. Lorsque sa relation avec Miranda n’a plus été un mystère, je pense que c’est à ce moment qu’elle a décidé de mettre en scène sa disparition. À cette période, Owen et Sarah habitaient encore à proximité de la maison des parents de la pianiste, mes amis Colin et Brenda. Sa fille, la petite Agatha C, n’avait alors que deux ans.

Archibald voulut intervenir :

– OK, sauf qu’à la différence de son modèle, Sarah Turner Hawks ne va jamais réapparaître, n’est-ce pas ?

– Oui, précisément. Je m’en souviens comme si c’était hier… Avec le révérend Davis et toute notre communauté, nous avons soutenu les parents de notre mieux. Nous avons été parmi les premiers à participer aux recherches. Des battues ont été organisées dans les bois, ou bien autour des étangs. Un jour, on a fini par retrouver sa voiture, abandonnée dans un chemin de traverse en pleine campagne. Par sécurité, la police avait pensé à vérifier si Sarah ne séjournait pas à Harrogate, dans le Yorkshire, là où Agatha Christie s’était cachée en 1926 pendant sa propre disparition. L’effervescence autour de ce mystère a duré pendant des semaines. Pour rien… Évidemment, Owen Turner a très vite été suspecté, notamment en raison d’une violente dispute survenue la veille de l’« évaporation » de sa femme. Pourtant, même si tout le monde en avait fait le coupable idéal, ce n’était pas mon cas. Selon moi, Sarah avait elle-même mis en scène toute cette affaire. J’ai toujours cru qu’elle finirait par réapparaître, comme au théâtre, lorsqu’elle surgissait, rayonnante, pour l’acte final… D’ailleurs, tu vois, c’est exactement ce qui est en train de se produire, affirma-t-elle, et elle tapota de nouveau sur la statuette de la photo.

– Quoi ? Qu’est-ce que tu veux dire ?

– Ce que je veux dire, c’est que Sarah n’était pas la seule à avoir disparu. Son Edgar s’était volatilisé avec elle.

– Comment ça ?

– En quittant son domicile, la fille de Brenda avait emporté une valise. Mais pas ses papiers d’identité, ni même son téléphone ou ses cartes de crédit. En revanche, la statuette, oui !

– Est-ce que tu es sûre de cette information ?

Tante Midge jeta un regard impatienté à son neveu, puis elle répliqua :

– Ne crois pas que je souffre d’Alzheimer. Je sais que nous en avions parlé des dizaines de fois avec Colin et Brenda. Le Edgar s’était évaporé lui aussi, certainement caché parmi les quelques affaires que Sarah avait choisi d’emporter avec elle. D’ailleurs, ce détail les rendait encore plus inquiets sur le sort de leur fille. Pour eux, c’était précisément le signe qu’elle ne reviendrait pas.

– Vraiment ?