Causeries du docteur - Ligaran - E-Book

Causeries du docteur E-Book

Ligaran

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  • Herausgeber: Ligaran
  • Kategorie: Ratgeber
  • Sprache: Französisch
  • Veröffentlichungsjahr: 2016
Beschreibung

Extrait : "Peut-être devrions-nous commencer ce chapitre par la définition de la beauté ? Malheureusement, la beauté, étant chose relative, est indéfinissable ; elle diffère selon les peuples, et dans un même peuple, selon les individus. Une femme est-elle belle parce qu'elle réalise la pureté idéale de formes de la classique antiquité ?"

À PROPOS DES ÉDITIONS Ligaran :

Les éditions Ligaran proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :

• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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Prologue

À un reporter du Temps qui venait l’interviewer, le professeur Metchnikoff répondait : « Aujourd’hui, pour que le public connaisse la marche de nos travaux et de nos découvertes, il faut que son journal les lui rapporte. Vous versez à flots toute erreur et toute vérité ; vous êtes terribles et merveilleux. » Et comme preuve il racontait qu’au congrès de Berlin, un savant étranger lui avait dit : « J’étais en chemin de fer et je parcourais un quotidien de France sérieux et documenté. En cinquante lignes j’appris quelles étaient vos recherches et vos curieuses applications aux chimpanzés de l’institut Pasteur. J’ai lu cela avec ravissement. Nous n’avons guère le temps de lire d’autre publication que les journaux, nous autres, et il faut bien nous en contenter. »

C’est là le cri de toute l’époque. Le journal a presque tué le livre et la revue ; il règne avec un absolutisme toujours croissant. En effet tout journal qui se respecte est une petite encyclopédie traitant des choses les plus diverses, les plus sérieuses et les plus abstraites, comme les plus amusantes et les plus futiles. La gamme de toutes les sciences, de toutes les connaissances, y est explorée et le journalisme pourrait prendre comme devise : nihil humani a me alienum puto. Le Temps, le Figaro, le Journal, le Matin, publient des comptes rendus très documentés sur les travaux des Académies et réunions scientifiques. Les questions les plus élevées et les plus ardues y sont traitées avec une clarté qui les met à la portée des esprits de culture élémentaire. Dans la presse populaire, le Petit Parisien, le Petit Journal, les Annales politiques et littéraires, publient régulièrement des chroniques dont la forme est plus simple mais non moins intéressante et non moins instructive ; et l’homme de la partie, le savant, le médecin y puisent des documents précieux. Les journaux de mode eux-mêmes tels que la Mode pratique de Hachette, la Mode du Figaro, la Mode illustrée, le Journal des demoiselles, etc., par leurs conseils de docteurs, tiennent leurs clientes au courant des pratiques d’hygiène usuelle. J’avoue que je m’en suis inspiré à maintes reprises dans la rédaction de ces causeries, et pour remercier tous ces organes de leur collaboration, j’en recommande la lecture à mes lecteurs et lectrices, persuadé qu’ils y trouveront agrément et profit.

On a compris que l’aphorisme : connais-toi toi-même, ne visait pas uniquement le moral, mais qu’il s’adressait aussi à la science de l’organisme humain, de sa structure, de son fonctionnement, connaissance nécessaire pour faire comprendre aux plus humbles la nécessité de se prémunir contre les maladies, par l’observation des préceptes de l’hygiène.

Cette étude, qui devrait commencer sur les bancs de la pension, mettrait en garde bien des jeunes gens contre les conséquences des tares héréditaires dont ils conjureraient l’évolution par des soins faciles et précoces.

Ces raisons seront mon excuse d’avoir voulu, moi aussi, tenter de mettre sans prétention, à la portée des femmes et des mères, pour les appliquer dans l’hygiène de leur intérieur, puis aux hommes pour entretenir chez eux les énergies physiques et intellectuelles qu’exigent les luttes sociales, les notions les plus récentes de l’hygiène et de la science du corps humain. Mon but sera atteint si mes conseils les ont aidés parfois à éviter la maladie qui les menaçait.

Nous avons tous été élevés dans certaines idées, et tout d’un coup les médecins, les hygiénistes nous révèlent des particularités assez déconcertantes ; ils nous mettent en garde contre les rats, contre les moustiques, contre les microbes, dont nous ne soupçonnions point les méfaits. Ces notions ne pénètrent pas brusquement dans les esprits ; c’est bien le moins que ceux qui savent aident le public à comprendre les théories nouvelles et qu’ils expliquent les choses en langage clair et simple. Ainsi s’évanouiront les préjugés ; ainsi le public, sans s’effrayer pour autant, connaîtra dans la nature ses amis, distinguera ses ennemis et finira par se protéger lui-même contre d’invisibles ou de minuscules adversaires dont il n’avait cure antérieurement.

Il deviendra de la sorte mieux que son médecin, puisqu’il n’attendra pas le mal pour le conjurer.

Ce volume est composé de deux parties bien distinctes ; je viens de vous dire ce qu’était la première.

Dans la seconde, plus scientifique et plus abstraite, je m’efforce de lever un coin du voile qui couvre encore les grands problèmes intéressant l’humanité tout entière, et de projeter un peu de lumière sur des questions aussi controversées que les origines de l’humanité et son évolution à travers les âges, que l’harmonie organique du corps humain et les conditions de sa vitalité, de sa croissance, puis de son usure et de sa décrépitude.

Je décris d’après les derniers travaux scientifiques la lutte du microbe et du principe vital. Enfin j’expose les déductions pratiques tirées de mon expérience et des beaux travaux des savants modernes en tête desquels il faut placer toute la phalange des disciples de Pasteur, sur les moyens qui peuvent nous permettre de tenir notre santé à l’abri des maladies infectieuses, et d’éviter l’usure organique qui conduit à la vieillesse. Pour lutter contre ces fatalités inhérentes à la nature humaine, je préconise la cure marine, et j’expose la théorie scientifique de M. René Quinton sur ce sujet.

Dans la rédaction de cette partie, je me suis efforcé d’être aussi simple que clair, en évitant les mots prétentieux et les thèses trop abstraites. À mes lecteurs à me dire si j’ai réussi.

Première partie
Beauté et santé par l’hygiène
La Beauté

Peut-être devrions-nous commencer ce chapitre par la définition de la beauté ? Malheureusement, la beauté, étant chose relative, est indéfinissable ; elle diffère selon les peuples, et dans un même peuple, selon les individus.

Une femme est-elle belle parce qu’elle réalise la pureté idéale de formes de la classique antiquité ? Non, cette beauté classique ne saurait plaire, si elle ne joignait, à la régularité des traits du visage et des lignes du corps, l’animation, l’expression. L’expression est la plus grande partie de la beauté, son charme le plus puissant, peut-être parce qu’elle est rare chez la femme, accoutumée par éducation à cacher ses impressions, à ôter son âme de sa physionomie, ou du moins à faire mentir son visage.

La beauté, disent quelques-uns, c’est la jeunesse, des lignes fuyantes à peine indiquées, une peau duvetée, une physionomie où nulle passion n’a laissé de traces ; l’expérience vient donner tort à cette opinion. Les passions les plus fortes et les plus durables ne sont pas inspirées par des femmes de vingt ans. Hélène de Troie, la belle Hélène, était à quarante ans à l’apogée de sa beauté ; Aspasie avait trente-six ans quand elle épousa Périclès, elle fut belle bien longtemps encore ; Diane de Poitiers avait le même âge quand elle conquit le cœur d’Henri II ; Anne d’Autriche, à trente-huit ans, était considérée comme la plus belle femme de l’Europe ; Mme de Maintenon avait quarante-trois ans quand elle s’unit à Louis XIV ; Mlle Mars était très belle à quarante-cinq ans, et Mme Récamier entre trente-cinq et cinquante-cinq ans.

Qu’est-ce donc que cette beauté qui n’a pour conditions essentielles ni la jeunesse, ni la perfection des formes ? C’est, oserais-je le dire, l’exagération des caractères du type ou de la race.

La beauté n’est pas le juste milieu ; le juste milieu c’est la banalité, la vulgarité qui n’a pas d’histoire, dont on ne dit rien ; la beauté, c’est l’excès des qualités ou des défauts, c’est l’extrême.

Une blonde sera d’autant plus belle qu’elle sera plus blonde, qu’elle aura au maximum les caractéristiques de son type : peau éclatante, yeux d’un bleu pur, etc…

La brune plaira d’autant plus au contraire que les cheveux seront plus noirs, les yeux plus foncés, etc.

Au point de vue de l’expression dominante, chaque race a de même son idéal. La Parisienne mince, élégante, gracieuse, vive, les lèvres toujours ouvertes pour le rire, constitue un type très net de beauté ; la gravité d’une femme du Nord lui siérait mal.

De même qu’il faut avoir la beauté de son type et de sa race, on doit veiller à n’avoir que la beauté de son âge. Une jeune fille trop sérieuse, trop pâle, n’est pas belle ; une femme mûre aux gestes d’enfant, à la peau trop rose, aux cheveux trop blonds, choque le regard. Chaque période de la vie donne un charme particulier, dont on se pare, mais qu’on ne saurait retenir de force sans dommage pour sa beauté.

L’important est donc, si l’on veut paraître belle, de se connaître soi-même, de savoir son type de façon à le diriger vers sa plus grande expression ; et cette étude du type préservera des fautes contre le goût. Ainsi une brune ne teindra pas ses cheveux en blond ou en rouge, ou ne s’acharnera pas à des contrastes qu’on trouve jolis, mais qui ne sont que baroques ou étranges, qui étonnent mais ne plaisent pas d’une façon durable.

Il est évident cependant que cette accentuation du type ne dispense pas de la recherche des qualités communes à tous les genres de beauté : belle peau, beaux cheveux, etc., et ce sont ces qualités communes que nous allons essayer de faire acquérir ou conserver par des moyens inoffensifs et simples.

Conseils femmes
Beauté et Santé

La femme est l’enfant gâté de la création ; il semble que, selon la légende biblique, Dieu, encore hésitant en créant l’homme, ait savamment corrigé, en faisant Ève, les défectuosités qu’il constatait chez Adam.

La femme est donc admirablement douée ; elle vit plus longtemps que l’homme, est moins sujette que lui aux affections viscérales graves, résiste mieux aux épidémies. La force musculaire échue à l’homme, condition des gros travaux, des besognes abrutissantes, fatigantes et dangereuses, est primée chez elle par la force nerveuse, force dirigeante et pour ainsi dire intellectuelle.

Au point de vue mental, la femme a plus de finesse, de tact, d’esprit d’observation, d’intuition que l’homme, c’est par essence un être social.

De plus, la femme dans notre organisation sociale a l’enfant ; cet enfant que tous les partis se disputent, la femme le possède encore incontestablement ; elle pourrait, si elle en avait une conception nette, l’élever dans le sens d’une civilisation complètement féministe. Enfin, la nature, qui ne respecte rien que la race, a justement respecté la femme, parce que, en elle, était représentée la race, dans laquelle l’homme n’était que l’accident. D’où vient que la femme, destinée à devenir le chef dans les groupes humains, y soit descendue au rang de paria, qu’elle n’ait aucune influence, aucune dignité, qu’elle soit condamnée à l’obéissance, à la soumission, qu’elle soit obligée à vivre pour l’homme et de l’homme ?

C’est qu’elle a laissé tomber dans la lutte ses meilleures armes, les avantages physiques que la nature lui avait donnés : la santé, la beauté, la force nerveuse.

Mais les femmes, me dira-t-on, travaillent à leur émancipation. Je sais que de très petits groupes féminins revendiquent des droits pour leur sexe. Revendiquer, ce mot seul dénonce leur faiblesse, explique leur défaite. On ne revendique pas, on prend, quand on est comme la femme la moitié, la plus grande moitié du genre humain. La majorité, le nombre l’emporte toujours s’il y a organisation suffisante, conception juste des vrais intérêts du parti. Moi, qui ne crois pas aux revendications, parce qu’il ne faut rien demander de ce qu’on peut soi-même et par soi-même obtenir, je viens d’une façon absolument désintéressée donner aux femmes quelques conseils pour arriver à leur émancipation sans rien demander à nos législateurs, en utilisant simplement le peu que leur a laissé l’homme, la beauté.

Ce qui a perdu le plus irrémédiablement la femme, c’est qu’elle a déformé ce don de la nature, qu’elle en a diminué la durée, c’est qu’elle a fait abnégation de sa personnalité pour se modeler sur un type conçu et imposé par l’homme.

Elle a cru que la beauté était une abstraction, un modèle de convention, auquel il fallait conformer la nature, un moule dans lequel il fallait se laisser déformer, un lit de Procuste sur lequel il fallait se coucher. Pour plaire à l’homme, elle a inventé la mode qui lui dit que le corps de la femme doit être divisé en deux parties telles que la taille tienne entre les dix doigts de l’homme ; cet étranglement du tronc dans les parties viscérales les plus importantes ressemble à un assassinat. La femme, d’après la même conception, doit être pâle et pourtant rose, avoir des muscles qui fassent la rondeur sans saillies, posséder des pieds minuscules, montrer de la grâce dans les mouvements, avoir longs cheveux, belles dents, yeux brillants, épiderme sans rides. Malheureusement les parties de ce programme sont contradictoires : la femme, gênée par son corset et ses chaussures, ne peut avoir de la grâce ; la compression des viscères de la digestion produit des anémies profondes, se traduisant par un teint jaune, des rides, la chute des cheveux, des dents, une atrophie des muscles ; les femmes oscillent entre l’extrême maigreur et l’extrême embonpoint, ces deux aspects différents des corps maladifs.

Pour conquérir la beauté conventionnelle, la femme a recours aux plus ingénieux artifices, subit les plus affreux supplices. C’est en vain, car les difformités ne font que s’accentuer davantage et les artifices ne trompent personne.

Quand comprendra-t-elle que la beauté n’est pas une abstraction, mais la conséquence de la santé ; c’est son épanouissement, c’est l’éblouissante harmonie de tous les rouages d’un corps sain et fort, car la beauté n’existe pas sans la santé ; elle ne dure pas sans la force physique qui s’oppose à la décadence corporelle. La femme malade, faible, n’est jamais belle, tandis que la santé, même quand l’harmonie des différentes parties du corps n’est pas parfaite, crée de toutes pièces ce qu’on a appelé la beauté du diable, parce qu’elle inspire les plus fortes passions ; la jeunesse elle-même ne séduit que parce qu’elle possède au moins les apparences de la santé, de la vigueur.

Mais, me sera-t-il objecté, la force n’a jamais été considérée comme une des conditions de la beauté. Au contraire, la faiblesse en a été regardée par beaucoup comme le condiment essentiel. Ce qui a fait tomber la femme dans cette illusion, c’est que l’homme, qui avait intérêt à soumettre la femme, aurait trouvé dans la force physique de celle-ci un obstacle à sa puissance. Puis on a confondu la force, avec le développement musculaire et la brutalité des formes ; or, la force chez la femme, type nerveux, se traduit principalement en résistance à la décadence physique, en durée de la beauté extérieure.

Avec l’idée fausse de la beauté, la femme a été amenée à subir la sujétion absolue de la mode collective.

La mode, manière d’être du costume, est conçue en dehors de toute notion d’anatomie du corps humain, d’hygiène, d’esthétique ; elle varie sans autre raison que l’intérêt des habilleurs, fabricants d’étoffe, couturiers, tailleurs, l’intérêt des habillées étant quantité négligeable ; l’habillée n’est rien quand elle devrait être tout.

Dans le costume, il faut considérer deux choses :

1° l’hygiène, qui dit que le vêtement doit couvrir et protéger le corps en s’adaptant à ses formes, sans gêner aucun organe, sans contrarier aucune fonction ;

2° l’art, qui consiste à mettre en relief les beautés, à cacher les difformités et qui

D’un pli mis en sa place enseigne le pouvoir.

Le costume a deux types principaux : le costume collant, suivant exactement les contours du corps, le costume flottant, que l’art moderne a peu utilisé. Enfin, il existe au point de vue de la couleur des combinaisons infinies, pouvant corriger ou modifier le teint propre de la personne à vêtir, sa forme même.

La mode ne devrait être qu’individuelle, et quand elle change, n’être qu’une évolution personnelle, suivant l’âge, les variations de type, de coloration, d’embonpoint, etc…

La femme, de même, pour son éducation physique ne doit pas obéir aux mêmes principes que l’homme.

La femme doit suivre une hygiène à part pour la conservation de sa santé, pour la culture de sa beauté, pour le développement de son corps, pour l’emploi de ses médications, pour les détails de son costume, etc., parce que la conformation physique n’est pas la même pour l’homme que pour la femme ; l’idéal de beauté est différent, les fonctions sociales autres.

Et la beauté, pour être développée et conservée, exige dans le sexe féminin beaucoup plus de précautions que dans le sexe masculin ; la peau plus fine, plus transparente chez la femme que chez l’homme est, en vertu même de sa finesse, plus accessible au dessèchement, aux éruptions, au développement excessif du système veineux, auquel on a donné le nom de couperose. L’épiderme se plisse et se ride, les colorations s’altèrent, le teint devient jaunâtre, des plaques noirâtres accentuent les saillies du visage et ce vieillissement facile, prématuré de la peau de la face, quoique tout local, a fait croire à tort que la femme vieillissait dans tout son organisme plus tôt que l’homme.

L’apparition de la ride est encore favorisée par l’éducation particulière qu’on donne à la physionomie de la femme qui doit toujours sourire en parlant, avoir l’air gracieux, tandis qu’un certain repos, une grave immobilité sont conseillés à la physionomie masculine.

Quelle est la partie qui vieillit le plus vite dans un visage ? Ce sont les parties inférieures ; la bouche toujours en mouvement se fatigue, se fane ; de longues rides obliques, partant du nez, la cernent ; la peau tombe vers le cou, y forme des boursouflures, des bajoues altérant le bel ovale du visage, qui n’est plus détaché de la colonne du cou.

Toutes ces défectuosités, provoquées par l’âge, l’embonpoint ou la maigreur excessive, sont voilées chez l’homme par la barbe complaisante. Il faut, pour la femme, suppléer à cet ornement naturel par une hygiène spéciale : massage relevant les tissus, lotions astringentes fortifiant la peau, vêtement spécial protégeant et au besoin cachant le cou. La mode actuelle, en cela fort intelligente, impose aujourd’hui les cols très montants, les boas de plume, les ruches, etc… Si cette mode persiste, les femmes ne montreront plus et surtout n’auront plus ces cous ridés, à cordelettes musculaires, qui déshonorent le plus joli visage.

La chevelure féminine exige pour sa conservation des soins tout spéciaux. C’est un point sur lequel nous insisterons. Les cheveux avec l’âge tendent à s’éclaircir, à se décolorer ; l’homme a tranché la question à son avantage, il a décrété que la calvitie masculine n’était pas une atteinte portée à la beauté, qu’un crâne en bille, poli et luisant, mettait bien en relief la physionomie. La beauté féminine accepte mal une telle assertion, il faut pour elle garder la chevelure abondante, conserver les nuances chaudes et vives de la jeunesse.

La gymnastique, utile à l’un et à l’autre sexe, ne doit pas non plus soumettre aux mêmes exercices l’homme et la femme. Chez l’homme, type musculaire, il s’agit surtout de développer la force ; chez la femme, type nerveux, c’est la souplesse et c’est la grâce et non l’énergie des mouvements qui devra être cultivée et conservée ; la gymnastique en chambre, l’escrime, la bicyclette, le tennis sont des exercices essentiellement féminins.

Les fonctions sociales, sinon de ménagères, au moins de maîtresses de maison, me feront un devoir de parler, à propos de l’hygiène des femmes, de l’hygiène de la maison, qui est encore son domicile habituel.

Là aussi, il est bon de lutter contre les vieux errements. Les conditions du luxe ont changé ; le bibelot, la tenture, les tapis moelleux, tous ces réceptacles de poussière et de microbes ont fait leur temps ; notre luxe moderne est fait de lumière, d’air pur, de chaleur en hiver ; à l’aide des vitres de couleur, des carreaux de revêtement, etc., on peut obtenir à bon compte une maison agréable et saine ; il est même possible de poursuivre chez soi par des changements de vitres colorées : bleu, rouge, ces traitements photothérapiques qui se sont montrés si efficaces particulièrement dans les maladies nerveuses, communes chez les femmes, parce qu’on a les défauts comme les avantages de son tempérament.

Enfin, dans ce travail que nous voulons présenter aux femmes, sous ce titre : Conseils de beauté et de santé, nous consacrerons un chapitre aux médications à l’usage des dames.

On a prétendu que la femme était un être faible, on a osé l’appeler une éternelle malade.

Si la femme est une éternelle malade, c’est qu’on n’a pas su lui ordonner les médicaments qui conviennent à sa constitution, à son type essentiellement nerveux.

Quelles sont les maladies, malaises plutôt, qui affligent particulièrement la femme ? Ce sont des affections qui toutes, à les considérer dans leur origine, dépendent du système nerveux : fatigue, nervosité, irritabilité, neurasthénie, mélancolie, inertie dans les contractions musculaires ; ou bien encore irrégularité dans ces contractions, provoquant des battements irréguliers du cœur, des pulsations anormales sur différents points du corps, des bouffées de chaleur, des sensations d’angoisse, etc. ; ces misères physiologiques proviennent soit d’une force nerveuse insuffisamment dépensée, cas assez fréquent, ou d’un surmenage de cette force nerveuse !

Contre ces symptômes, en général, on donne quoi ? un médicament destiné à augmenter la force musculaire, à enrichir le sang ; nous avons nommé le fer, dont l’usage conviendrait bien mieux à l’homme, type musculaire, tandis qu’on ne devrait employer dans la thérapeutique féminine que des substances agissant sur les nerfs, soit comme sédatifs, soit comme toniques du système nerveux, soit comme réparateurs du tissu nerveux lui-même, phosphate de chaux et iode, par exemple.

Nous développerons cette thèse dans un chapitre spécial.

La peau
Son hygiène, ses maladies

Le problème de l’éternelle jeunesse serait à peu près résolu si on avait trouvé le moyen de conserver à la peau les trois choses qui font sa beauté : la souplesse, la transparence et le poli ; les femmes le savent, elles usent leur patience et leur bourse à essayer : lotions, eaux, pâtes, débitées sous des noms divers en parfumerie, mais elles n’arrivent à rien de bon, parce qu’elles agissent sans méthode et procèdent par tâtonnement.

La peau, au point de vue des soins qu’elle réclame, peut être divisée en deux parties : la partie exposée à l’air et particulièrement le visage, la partie ordinairement cachée par les vêtements, c’est-à-dire la peau du corps.

Trois méthodes principales se sont affirmées pour les soins du visage : 1° l’emploi des liquides ; 2° l’usage exclusif des corps gras ; 3° la méthode sèche. Si l’une de ces méthodes ne donne pas les résultats attendus après une période d’essai de deux ou trois mois, on pourra successivement employer les deux autres ; mais il est deux principes généraux qui s’appliquent à tous les cas : 1° les frictions de la peau, qu’elles soient effectuées à sec ou à l’aide de liquides et de corps gras, doivent être faites de bas en haut, du menton vers le front, afin de lutter contre l’affaissement de la peau des joues, contre la bajoue.

2° Matin et soir, il faut aseptiser la peau du visage : pour cela on prend un tampon d’ouate hydrophile qu’on humecte d’une solution antiseptique ; la solution à conseiller est l’eau boriquée ou mieux la solution de permanganate de potasse, (un gramme de permanganate dans un litre d’eau) ; une cuillerée à café de cette solution est mélangée à une cuillerée à bouche d’eau ordinaire. Le tampon est promené, toujours de bas en haut sur toutes les parties de la face et du cou, un tampon plus petit sert à lotionner les paupières ; un troisième tampon trempé dans la solution salée sert à laver les narines et l’intérieur du nez ; les dernières gouttes du liquide sont utilisées pour le rinçage de la bouche et comme gargarisme.

Ces soins préliminaires indiqués, entrons dans l’étude des trois méthodes :

1° Emploi des liquides. – Cette méthode doit être conseillée aux personnes très jeunes ou encore aux personnes âgées, mais lymphatiques et sédentaires, car elle a pour but de donner du ton et de l’élasticité aux tissus.

Les liquides à employer sont l’eau simple ou certaines eaux aromatiques, dites de toilette.

L’eau pure, qu’elle soit mise en usage froide, tiède ou chaude, doit être préalablement bouillie.

La peau très jeune se trouvera bien de l’eau froide ; dans la maturité, l’eau tiède est à préférer ; l’eau très chaude ravive les épidermes détériorés par l’âge.

Quelle qu’ait été la température de l’eau dont on s’est servie, la lotion doit être suivie d’une friction énergique, toujours de bas en haut, au moyen d’une serviette de tissu un peu dur.

À l’eau pure, on peut substituer l’eau aiguisée de quelques gouttes d’eau de Cologne, l’eau de son obtenue en jetant dans l’eau bouillante un nouet de gaze contenant une poignée de son très fin, l’eau de son fermentée qui résulte de l’exposition de la précédente au soleil pendant vingt-quatre heures, l’eau de riz légère, l’eau de pimprenelle ; on peut employer encore pour la lotion un mélange, à parties égales, d’eau-de-vie blanche et d’eau de roses. Le lavage de la peau de la face et du cou doit avoir lieu le matin et chaque fois que l’on revient du dehors.

Le soir, après le nettoyage antiseptique de la peau, on fait une légère onction du visage avec de la crème de lait, ou l’une des crèmes dont nous parlerons tout à l’heure.

2° Traitement par les corps gras. – Ce traitement convient aux peaux sèches, exposées par nécessité ou profession à l’air vif, au soleil, aux variations brusques de température. Cette méthode elle-même se divise en deux procédés : emploi exclusif des corps gras, emploi simultané de liquides et de corps gras.

Dans le premier procédé, on prend un tampon d’ouate ordinaire, on le recouvre du corps gras choisi, on frotte soigneusement et vigoureusement avec ce tampon toutes les parties à découvert de la peau ; on essuie sans insistance avec des tampons d’ouate sèche ; la peau est alors recouverte à la houppe d’une poudre de riz rose pour les blondes, bise pour les brunes, mais jamais blanche, de peur de présenter un aspect blafard et pierrotesque.

Cette méthode qui préserverait des rides ne convient ni aux peaux grasses, ni aux épidermes prédisposés aux éruptions. On peut la modifier de la façon suivante :

Un essuie-main est fortement imbibé d’eau très légèrement ammoniacale, alcoolisée ou savonneuse ; on pose sur l’endroit mouillé du linge, gros comme une noisette du corps gras choisi ; on frotte le visage et le cou, lentement et longuement pendant quelques minutes ; on essuie doucement mais exactement, et on poudre légèrement.

Les corps gras à employer sont de diverses sortes. On use d’axonge benzoinée, d’un mélange à parties égales de lanoline et de vaseline.

Quelques formules plus compliquées peuvent encore servir à l’application soit du premier procédé, soit du second, en voici quelques-unes :

Pommade de Ninon de Lenclos

Huile d’amandes douces…115 gr.Axonge lavé…90 gr.Suc de joubarbe…90 gr.

Faire fondre l’axonge à feu doux, y mélanger les deux autres substances.

Pommade de beauté

Faire fondre ensemble au bain-marie :

Cire vierge…6 gr.Blanc de baleine…8 gr.Huile d’amandes douces…15 gr.Huile d’olive vierge…15 gr.Huile de pavots…15 gr.Baume de Tolu liquide…4 gttes

Introduire le baume dans le mélange bien battu.

Pommade d’Hébé contre les rides

Suc d’oignon de lis…60 gr.Miel de Narbonne…15 gr.Cire blanche…30 gr.Eau de roses…12 gr.

Faire fondre d’abord la cire à feu doux, puis réunir le tout en pommade.

Pommade des grâces ou pommade de lavandes de Baumé

Fleurs de lavande fraîches et mondées…10 k. 500Axonge…2 k. 500Cire blanche…0 k. 250

Faites infuser au bain-marie pendant deux heures dans un vase fermé, en porcelaine ou en étain, 2 kilos de fleurs et l’axonge, passez avec expression, recommencez cette opération jusqu’à ce que toute la graisse se soit trouvée en contact avec les 10 kilos de fleurs, malaxez encore la pommade dans plusieurs eaux et coulez-la dans des pots.

3° Nettoyage à sec. – Cette méthode consiste à frictionner, doucement plusieurs fois par jour, le visage et le cou avec un tissu éponge non usé, mais parfaitement sec ; on peut employer du reste pour le même usage des tampons d’ouate hydrophile ; on passe ensuite sur la peau un autre linge saupoudré abondamment de farine d’avoine très fine. On renouvelle ce nettoyage après chaque sortie.

Le nettoyage à sec est complété par le massage à la main ; la main, parfaitement propre, est mise en un état de tremblement qui la fait rebondir sur la peau à masser, par de petits mouvements balancés et cadencés très rapides et très divisés, donnant l’impression d’un mouvement continu.

La main, actionnée par cette espèce de frétillement, se promène circulairement sur le visage, qu’elle effleure à peine, tandis que le bras, en plein abandon, fait balancer le coude pour faciliter les mouvements de la main.

Le visage doit être ainsi traité quand il est en moiteur ; s’il est sec, on lui donne la moiteur indispensable par le moyen suivant : un carré en mousseline ou une étoffe de coton quelconque est attachée au cou, exactement sous le menton, l’étoffe est ensuite rejetée sur le visage ; l’haleine doit faire régner sous ce masque une atmosphère humide et chaude. Pour hâter cet effet, on inspire longuement et profondément par le nez, on expire par la bouche entrouverte.

Alors les mains, introduites sous l’étoffe, se rapprochent de chaque côté du nez et couvrent tout le visage, pour remonter et, sans interrompre le frétillement, s’écarter jusqu’en dehors des tempes, descendre le long des oreilles et revenir à leur première situation. Ce mouvement circulaire doit être répété jusqu’à ce qu’on ait besoin de prendre haleine ; on laisse alors descendre au-dessous du nez l’étoffe qu’on remonte ensuite en recommençant le même exercice tant que le visage en éprouve une impression agréable.

Cette troisième méthode, qui paraît singulière, donne, paraît-il, d’excellents résultats et préserve des rides.

Nous n’avons jusqu’ici parlé que de la peau bien portante, il reste à nous occuper de ses lésions : la ride, les poils follets, les taches pigmentaires, les rousseurs, les boutons et le hâle.

Les pommades astringentes réussissent contre les rides précoces ; pommades au sulfate d’alumine, au suc d’oignons, de lis, etc.

Eau de roses…200 gr.Lait d’amandes épais…50 gr.Sulfate d’alumine…1 gr.

Les fumigations agissent surtout contre les rides provenant de l’effet de l’âge.

Faites rougir une pelle, jetez-y de la poudre de myrrhe, quand la myrrhe se liquéfie, couvrez-vous la tête d’une nappe et tenez le visage penché, de façon à recevoir les vapeurs odorantes ; quand la fumée se dissipe, faites chauffer de nouveau la pelle et projetez-y en pluie fine du vin blanc, recevez-en de même la fumée ; soumettez-vous trois fois dans la même séance à la fumée alternée de myrrhe et de vin, répétez cette opération matin et soir.

L’usage de porter des masques la nuit contribue à prévenir les rides ; il est un grand nombre de formules pour préparer ces masques : en voici une des plus simples :

Battez trois blancs d’œufs avec 15 grammes d’huile d’olive, ajoutez-y une cuillerée d’eau de laurier-cerise et quand le mélange est bien fait, 10 grammes d’alun en poudre fine ; étendez le tout sur un masque de mousseline placé sur un réchaud à eau bouillante, laissez la pâte s’épaissir et couvrez-vous le visage de ce masque qu’il faut garder toute la nuit.

Les poils follets sont détruits par deux sortes de moyens : par le frottement ou par des dépilations qui ne sont que des palliatifs, les poils arrachés repoussant par la suite.

1° Dépilatoire inoffensif :

Sulfhydrate de chaux…20 gr.Glycérolé d’amidon…10 gr.Amidon pulvérisé…10 gr.Essence de citron…10 gr.

Appliquez sur la partie à épiler, nettoyez cette place à l’eau tiède après vingt ou trente minutes de contact,

2° Méthode par frottement :

Coupez d’abord les poils à faire disparaître jusqu’au ras de la peau, trempez un morceau de pierre ponce dans du cold-cream ou dans de l’eau froide, frottez l’endroit de la peau où étaient insérés les poils à détruire avec la pierre ponce ainsi préparée : allez d’abord très doucement, pour ne pas irriter la peau. L’opération doit être faite deux fois par jour, pendant trois mois au moins, en diminuant la durée de la friction à partir du deuxième mois. Avec de la persévérance on arrive ainsi à détruire le bulbe producteur du poil qui ne repousse plus.

Contre les taches pigmentaires, le masque, etc., on peut essayer l’acide chrysophanique en pommade :

Vaseline…20 gr.Acide chrysophanique…0 gr. 40

Étendre en couche mince sur la tache, laisser toute la journée, le soir essuyer avec un tampon d’ouate ; continuer jusqu’à desquamation légère de la peau, ordinairement cinq ou six jours. Un autre procédé consiste à lotionner les taches avec de l’eau oxygénée jusqu’à desquamation de l’épiderme.

Plus simplement, on peut se contenter de frictionner les taches avec de la fleur de soufre, ou les lotionner avec le mélange de 30 grammes d’eau fortement sulfurée et de 15 grammes de jus de citron.

Contre les taches de rousseur, employer la pommade de Serville : battre ensemble, dans un pot de terre vernissé, parties égales de jus de citron et de blancs d’œufs, faire cuire à petit feu en remuant le mélange jusqu’à ce qu’il acquière la consistance d’une pommade. Lavez le visage avec de l’eau de riz avant l’application de cet onguent.

Pour en terminer avec le visage, énumérons rapidement les lésions et les remèdes à employer.

Si la peau est grasse, huileuse, éviter de se servir du savon ; se laver le visage avec de l’eau chaude et faire trois fois par jour la lotion suivante :

Sulfate de zinc…0 gr. 80Teinture de lavande…1 gr.Eau distillée…32 gr.

Pour dégraisser la peau, on peut encore se laver avec de l’eau et du vinaigre, étendre ensuite sur la peau un peu de farine d’avoine ou de terre à foulon, délayée dans de l’eau.

Contre la couperose, on peut se servir comme traitement local de la lotion que voici : matin et soir, dans un verre d’eau très chaude jeter une cuillerée à café d’une solution d’alun à 3%.

L’eczéma, les petites dartres, quand ces lésions ne sont pas trop prononcées, seront guéris par la pommade suivante :

Vaseline…30 gr.Tannin…3 gr.

Les gerçures et crevasses du visage disparaîtront par l’usage de la pommade ci-après :

Menthol…1 gr. 50Salol…2 gr.Huile d’olive…2 gr.Lanoline…50 gr.

Application matin et soir, après lavage à l’eau boriquée.

Contre les points noirs du visage. – S’ils sont peu nombreux, on les pince avec un corps dur pour les vider, on lave à l’alcool pur, on se sert de la pommade au tannin précédemment indiquée. Si les points sont très nombreux, on lave la surface à l’éther, puis à l’alcool camphré, avant d’appliquer la pommade.

Le nez est sujet à deux infirmités : le gonflement et la coloration empourprée.

Contre le gonflement, onction trois fois par jour avec la pommade au précipité blanc ; l’onction est précédée d’une lotion avec l’infusion tiède de feuilles de noyer.

Contre le nez rouge, si la rougeur vient d’une couperose légère, lotionner matin et soir avec l’infusion ci-après :

Eau…2 litres.Feuilles de noyer…50 gr.Alun en poudre…50 gr.

Faire bouillir et filtrer.

Nettoyer l’intérieur du nez avec de l’eau salée tiède.

Peau du corps. – Le corps ne doit pas être négligé aux dépens du visage, sous prétexte qu’on ne le voit pas. Si on ne le voit pas, on le devine ; de plus, les soins donnés à la peau, en général, profitent aussi bien à la santé qu’à la beauté. On a dit que l’un des meilleurs moyens de rester belle, c’est de faire un grand usage des bains.

L’hydrothérapie constitue un des plus puissants facteurs de l’hygiène de la peau. La lotion est le mode le plus simple du traitement hydrothérapique ; elle se fait à l’éponge, ou à la serviette mouillée, elle s’effectue en quelques instants et doit être suivie de la friction avec un linge rude et sec.

Les lotions à l’eau froide conviennent chaque fois que le corps est en moiteur ; elles relèvent les forces. La lotion chaude ou le bain chaud s’emploient en cas de refroidissement et avant la mise au lit, pour donner un bon sommeil.

Le bain chaud ou tiède doit être défendu à la femme grasse, à chair molle, car il active les fonctions sécrétoires de la peau. On peut communiquer au bain tiède diverses propriétés, le rendre adoucissant ou tonique.

Bains adoucissants. – Bains au son : (2 litres de son pour un bain) ; bains à la glycérine (500 grammes de glycérine et 100 grammes d’eau de roses) ; bains de tilleul (infusion de 500 grammes de tilleul, jetée dans la baignoire) ; bains à la gélatine (500 à 1 000 grammes de gélatine dissous dans le bain).

Bains toniques : bain ammoniacal (jeter un demi-litre d’ammoniaque dans le bain). Bain salé (jeter dans le bain un kilo de sel, une demi-livre de carbonate de soude, y délayer deux poignées d’amidon en poudre et une cuillerée à café d’essence de romarin). Bain aromatique (faire une décoction dans une quantité suffisante d’eau de 500 grammes de plantes aromatiques diverses : thym, sauge, menthe, basilic, serpolet, roses, œillets, etc., laisser infuser une heure, passer, ajouter au bain soit un verre d’alcool, soit un kilo de sel).

Pour donner de l’élasticité aux peaux un peu sèches, on peut faire des frictions sur le corps avec la mixture suivante :

Graisse d’oie…357 gr.Huile d’olives…183 gr.Cire vierge…92 gr.Musc.0 gr. 05Eau-de-vie blanche…0 gr. 47Eau de rose…122 gr.

La graisse, l’huile, la cire sont placées dans un vase de terre sur un feu doux, quand la fusion et le mélange sont complets, on verse les autres ingrédients, on laisse refroidir graduellement.

Employer cette friction principalement en se couchant ; le lendemain matin on prend une lotion froide.

Si la peau est affectée de flaccidité générale, on doit, pendant un mois ou deux, faire des lotions très légères matin et soir avec le liquide suivant :

Eau d’alun…15 gr.Eau-forte de camomille…30 gr.Eau-de-vie blanche…60 gr.

Nous ne traitons pas ici la question de l’obésité et de la beauté des formes, nous réservant de donner les moyens de ramener à de justes proportions le corps féminin dans les chapitres : « Gymnastique », « Maladies des femmes » et obésité. C’est là que nos lectrices trouveront les renseignements nécessaires pour lutter victorieusement contre cette montée graisseuse, qui parfois, en une année, fait de la plus jolie femme une obèse, c’est-à-dire un être écarté pour un temps, et quel que soit son âge, du cycle de la beauté.

Nous dirons ici peu de choses des cheveux ; un chapitre spécial leur est consacré. Le cheveu participe soit aux maladies générales de son propriétaire, soit aux lésions du sol qui le porte, le cuir chevelu.

Une personne anémiée, malade, nerveuse, souffrant de maux de tête verra ses cheveux tomber, devenir cassants, se décolorer avant l’âge ; tant qu’aux maladies du cuir chevelu, elles ne sont pas différentes de celles de la peau.

Le meilleur moyen d’obtenir une belle chevelure, c’est d’assurer la propreté du cuir chevelu par le lavage et le brossage. Le lavage peut se faire d’une façon quotidienne, en nettoyant chaque matin les racines des cheveux avec une éponge humide. Le brossage s’effectue au moyen de deux brosses, l’une servant à nettoyer les cheveux, l’autre à les lisser. Le brossage de la tête doit être opéré trois ou quatre fois par jour, chaque brossage durant une dizaine de minutes. Les brosses seront maintenues fermes ; quand elles commencent à s’amollir, on les trempe dans un mélange à parties égales d’ammoniaque et d’eau.

Les cils et les sourcils, contribuant énormément à la beauté des yeux, ont une certaine importance esthétique.

Certains sourcils sont absolument décolorés, on les teint en noir avec la teinture inoffensive suivante :

Sel gris…4 gr.Sulfate de fer…7 gr.Vin rouge…360 gr.

On fait bouillir cinq minutes et on ajoute 4 grammes d’oxyde de cuivre ; on laisse bouillir cinq minutes encore et on ajoute 7 grammes de poudre de noix de galle, on retire du feu et on passe. On imbibe les sourcils de cette mixture avec une brosse douce, en ayant soin de ne pas les dépasser. Au bout de dix minutes, on les essuie avec un linge chaud et on les lave à l’eau tiède.

Pour donner de la vigueur à la pousse du sourcil, on peut de temps en temps les lotionner avec de l’eau chaude et les frictionner avec de l’huile tiède. Les frictions plusieurs fois par jour avec l’infusion de menthe poivrée dans du vin blanc en active aussi la pousse.

Si les poils des sourcils tombent sans cause apparente, frictionner chaque soir les sourcils avec la pommade suivante :

Moelle de bœuf…100 gr.Oxyde de mercure précipité…1 gr.

Le matin laver la place avec de l’alcool à 90°.

Les cils longs étant fort estimés, nous donnons ici la méthode employée par les Orientales, dont la longueur de cils est proverbiale.

Ce procédé consiste à couper de quinze en quinze jours la fine extrémité de chaque cil avec de petits ciseaux ; après quelques mois de ces soins ils auront pris une belle longueur, on peut faire subir cette opération aux enfants encore tout jeunes, en la répétant toutes les six semaines.

Cette méthode a l’inconvénient de détruire le retroussis ciliaire qui est d’un si joli effet.

On entretient l’épaisseur des cils en les frottant chaque soir avec le mélange suivant :

Huile de vaseline…5 gr.Acide borique…0 gr. 05

On peut teindre les cils par le même procédé que les sourcils.

Contre les inflammations des paupières, employer les lavages externes à l’eau boriquée très chaude, l’intérieur de l’œil est lotionné au moyen d’infusion tiède de thé, de bluet ou de cerfeuil.

La main, cette main féminine qui n’est pas condamnée comme celle de l’homme aux durs travaux qui déforment, mérite, au point de vue de la beauté, qu’on s’en occupe.

Nous ne parlerons pas ici de la forme qui ne se refait pas ; du reste la main, plus facilement encore que le visage, peut avoir la beauté du diable en se rendant blanche, à peau souple, satinée, aux ongles transparents et roses.

Les mains doivent être lavées à l’eau chaude, adoucie par du son ou de la teinture de benjoin ; on les brosse, on les passe à la pierre ponce aux endroits où la peau tend à s’épaissir, on termine la toilette en les frottant avec un peu de pâte d’amandes et de glycérine ; on essuie les mains au bout de quelques instants avec une serviette bien sèche. De plus, pour empêcher les mains de se gercer et les garder blanches toute l’année, il suffit de se frotter la paume et le dos des mains avec un citron coupé dont on aura extrait le jus.

Contre la moiteur des mains, il suffit de les tremper trois fois par jour dans de l’eau mélangée de vinaigre ou d’alcool camphré, on les frotte ensuite avec une demi-cuillerée du mélange suivant :

Eau de Cologne…90 gr.Teinture de belladone…15 gr.

Contre les verrues et épaississements de la peau, on conseille de toucher la partie malade, soir et matin, avec une goutte de ce mélange :

Acide acétique par parties égales.

Teinture d’iode par parties égales.

Les gants cosmétiques sont un peu passés de mode, ils préservent cependant à merveille des engelures et des gerçures ; ils sont faciles à préparer : battre deux jaunes d’œufs très frais avec deux cuillerées d’huile d’amandes douces, ajouter au mélange 15 grammes d’eau de roses, et 8 grammes de teinture de benjoin, tremper les gants retournés dans ce cosmétique ; chaque paire de gants peut servir quinze jours au moins.

Quant à l’ongle, pour devenir une parure, il doit être transparent et rose ; pour ce faire, après le lavage des mains, on trempe les bouts des doigts dans un peu d’eau tiède, aromatisée d’eau de roses ; on les sèche, on polit les ongles avec de l’oxyde d’étain pur, parfumé au moyen d’essence de lavande et coloré avec du carmin. On applique cette poudre sur l’ongle, on frotte avec le doigt ou un polissoir en cuir.

On prévient les envies, en repoussant une fois par semaine, au moyen d’une petite curette vendue pour cet usage, les pellicules qui partent de la matrice et s’avancent sur l’ongle même.

Le pied, base de la statue humaine, doit recevoir les mêmes soins que la main ; il est bon de l’habituer au lavage du matin à l’eau froide, friction à la brosse des ongles et de leur matrice, emploi de la curette, du grattoir, de la pierre ponce pour lutter contre les épaississements de l’épiderme ; les ongles sont coupés en carré afin d’éviter qu’ils s’incarnent.

Après une marche fatigante, les pieds seront trempés dans un bain d’eau chaude salée.

Cheveux

La chevelure est, même chez l’homme, l’ornement de la tête qui est la partie noble du corps ; c’est pourquoi je m’étonne de voir les médecins dédaigner de s’occuper de cette parure soyeuse, aux reflets chatoyants, agréable au toucher et à la vue, si appréciée que les poètes de tous les temps l’ont chantée. Ils préfèrent s’en remettre aux figaros intéressés qui ordonnent, décrètent, prescrivent à tort et à travers comme tout individu qui parle de ce qu’il ne connaît pas. Cependant il est bien certain que le cuir chevelu qui nourrit les cheveux est soumis à toutes sortes de maladies au même titre que toutes les autres parties du corps, et que ces maladies ont une influence marquée sur la santé, le développement du cheveu, et que ce côté au moins tout à fait pathologique ne devrait être traité que par le médecin. Mais je dis en outre que l’hygiène de la chevelure ne peut être rationnellement dirigée que par le médecin ou par son propriétaire, s’il est instruit sur l’anatomie du cuir chevelu et sur les effets des moyens qu’il emploie à la toilette de sa tête.

Dans ce but je vais vous exposer la structure du cheveu, la nature du terrain sur lequel il repose et d’où il tire sa nourriture ; les déductions pratiques de son entretien en découleront naturellement : le cheveu, matière cornée, est produite par un follicule qui se trouve dans le cuir chevelu et dans la peau des parties recouvertes de productions pileuses ; ce follicule est en forme de doigt de gant et a son orifice de sortie à la surface du cuir chevelu ; près de celui-ci se voient deux autres orifices qui appartiennent aux glandes sébacées, sécrétant une matière graisseuse destinée à lubrifier la base du cheveu, à empêcher son dessèchement et celui de la peau qui est sillonnée par des veines nombreuses apportant la nourriture aux follicules.