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Mary Calmes

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Les Gardiens des Abysses, numéro hors série Marcus Roth est un grand avocat criminel le jour et un gardien, tueur de démons, la nuit, cependant il n'est qu'un des cinq gardiens… sans réelle importance pour quiconque, hormis Joseph Locke, son foyer. Du moins, c'est ce que croit Marcus, à tort. Lors d'un voyage à Lexington, dans le Kentucky, pour célébrer l'anniversaire du grand-père de Joe, cette conviction change quand Marcus découvre involontairement une implication paranormale et finit par révéler son identité de gardien à la famille de Joe. Faisant face à un traître, à des démons et au retour d'un vieil ennemi, Marcus doit mettre ses propres désirs de côté pour sauver ses amis – même si, en agissant ainsi, il risque de perdre l'homme qu'il aime inconditionnellement. Toutefois, survivre à l'épreuve pourrait ne pas suffire, si Marcus ne peut pas se pardonner et apprendre que son foyer, et le reste de son poing armé, ne peut pas se passer de lui.

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Veröffentlichungsjahr: 2017

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Table des matières

Résumé

I

II

III

IV

V

VI

VII

VIII

IX

D’autres livres par Mary Calmes

Biographie

Par Mary Calmes

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Droits d'auteur

Connexion

 

Par Mary Calmes

Les Gardiens des Abysses, numéro hors série

 

Marcus Roth est un grand avocat criminel le jour et un gardien, tueur de démons, la nuit, cependant il n’est qu’un des cinq gardiens… sans réelle importance pour quiconque, hormis Joseph Locke, son foyer. Du moins, c’est ce que croit Marcus, à tort.

Lors d’un voyage à Lexington, dans le Kentucky, pour célébrer l’anniversaire du grand-père de Joe, cette conviction change quand Marcus découvre involontairement une implication paranormale et finit par révéler son identité de gardien à la famille de Joe. Faisant face à un traître, à des démons et au retour d’un vieil ennemi, Marcus doit mettre ses propres désirs de côté pour sauver ses amis – même si, en agissant ainsi, il risque de perdre l’homme qu’il aime inconditionnellement. Toutefois, survivre à l’épreuve pourrait ne pas suffire, si Marcus ne peut pas se pardonner et apprendre que son foyer, et le reste de son poing armé, ne peut pas se passer de lui.

I

 

 

PARFOIS, IL n’y avait tout simplement pas assez d’heures dans la journée et, peu importe comment je me débrouillais, je ne pouvais pas tout faire. J’avais eu une pression supplémentaire quand mon compagnon – mon partenaire, l’homme pour qui je prendrais une balle – m’avait annoncé que nous devions quitter la ville pour aller à la fête d’anniversaire des quatre-vingts ans de son grand-père. Comme j’étais un collaborateur récent du cabinet d’avocats où j’exerçais, je devais travailler plus longtemps et plus tard pour libérer du temps sur mon planning afin de pouvoir partir. C’était la raison pour laquelle nous ne pouvions pas prendre le même vol, mais je m’étais assuré que nous serions assis côte à côte pour le voyage de retour à la maison. Tenir la main de mon homme pendant le décollage et l’atterrissage – c’était un passager nerveux – était vraiment quelque chose que j’appréciais.

En sortant de l’avion à l’aéroport de Blue Grass à Lexington, dans le Kentucky, je descendis les escaliers vers la zone d’arrivée des bagages. J’allumai mon téléphone tout en marchant et j’appelai ma sentinelle, Jael Ezran. En plus de la pratique de la loi, j’étais également un gardien, ce qui signifiait que je chassais et tuais des êtres qui surgissaient dans la nuit. Je me tenais entre les gens et la harde démoniaque avec mes camarades gardiens – cinq en tout – ainsi que notre sentinelle Jael Ezran. Toutes les villes avaient cinq gardiens et une sentinelle pour les diriger. Chaque soir, nous nous rendions dans la rue par paire, l’un d’entre nous tournant pour que nous parvenions à avoir une ou deux nuits de libres. S’il n’y avait rien de particulier, seuls deux d’entre nous sortaient. S’il y avait beaucoup d’activité, alors Jael patrouillait avec nous et nous circulions par équipes de deux ou trois. Cela dépendait entièrement des créatures de la fosse.

Mais à la lumière du jour, j’étais normalement au travail à faire des trucs d’avocat au cabinet Kessler, Torrance et Price. Madame Kessler m’avait dit que je serais bientôt associé. Elle m’aimait bien, le conseil m’aimait bien, le fait que mon nombre de dossiers traités était le plus important des collaborateurs, et que le nombre de mes victoires était pratiquement parfait m’avait mené au sommet. J’étais heureux – fatigué, mais heureux – d’avoir prouvé sans l’ombre d’un doute que j’étais l’un des hommes qui s’occuperaient durablement de l’héritage de la société. Et à présent, on m’avait demandé de reprendre mon souffle.

Ce n’était pas dans ma nature de me reposer sur mes lauriers une fois que j’avais montré ce dont j’étais capable, mais à ma grande surprise, c’était ce qu’attendaient les autres partenaires de la firme. Ils m’avaient tous fortement conseillé de prendre moins de clients, le consensus étant qu’ils voulaient que je reste sur le long terme, que je ne sois pas au bout du rouleau à trente-cinq ans. Ils espéraient que désormais j’allais profiter de mon temps libre, afin d’être à cent pour cent investi lorsque j’étais au travail, au lieu d’être soucieux de manquer des moments avec mon compagnon, l’homme merveilleux qu’ils avaient pu rencontrer et avec lequel ils avaient pu discuter à chaque réception de la société. Dernièrement, on m’avait proposé une résidence en multipropriété, des chalets à Aspen, des villas sur le lac Cuomo et une cabane à Tahiti. Ils voulaient que je reste et ils me connaissaient assez bien pour savoir que si Joseph Locke était heureux, je l’étais aussi. Au fil des ans, après avoir vu comment tout le monde au cabinet avait accueilli l’homme que j’aimais, j’étais très heureux d’avoir suivi mon intuition.

J’avais été courtisé par de nombreuses firmes à la sortie de l’école de droit, mais je m’étais décidé pour une plus petite, plus prestigieuse dont beaucoup de pairs de mes pairs disaient qu’elle ne m’offrirait jamais de promotion. J’étais gay, j’étais noir… cela n’arriverait jamais. Mais je m’étais assis avec Hélène Kessler, l’associée et propriétaire du cabinet, et je l’avais observée attentivement ; son regard était resté déterminé pendant qu’elle me parlait franchement de mon avenir et de ce qu’elle pouvait envisager pour moi, si je travaillais dur et lui étais fidèle. Elle me voulait pour mon intelligence. Le reste – la couleur, l’orientation sexuelle, même la voiture que je conduisais – lui importait peu.

Au fil du temps, j’avais vu que ma décision avait été la meilleure possible. J’étais fier de travailler pour un cabinet d’avocats qui n’avait aucun souci avec le fait que je vivais avec un homme et que je l’aimais. J’avais entendu des histoires horribles de collègues avocats dans d’autres entreprises et je pouvais seulement dire que, d’après mon expérience, il n’y avait eu aucun problème avec mon homosexualité. Hélène Kessler dirigeait son entreprise en se basant sur la performance, fin de l’histoire. Elle se moquait vraiment de la personne avec qui on dormait… excepté pour son beau-frère Ray. L’homme en question était celui que je venais de finir de défendre, et les gens qui se trouvaient dans son lit étaient d’une importance primordiale pour elle.

Deux jours plus tôt, j’avais été appelé dans son bureau et, contrairement à nos réunions habituelles, elle n’était pas assise à son bureau et m’avait invité à faire de même. Elle se tenait debout devant sa fenêtre, regardant la pluie marteler le verre. Quand elle s’était retournée et m’avait regardé, ses yeux étaient troublés.

— Madame Kessler, avais-je dit doucement, gentiment, traversant la pièce jusqu’à elle.

— Hélène, avait-elle corrigé comme elle le faisait dernièrement.

Cela m’avait semblé étrange de commencer à l’appeler par son prénom, cependant, comme elle était devenue insistante, j’avais dû me plier à ses désirs.

— Hélène, avais-je accordé.

Silencieusement, elle m’avait remis un dossier, et j’avais été surpris de constater que je regardais les documents d’arrestation du mari de sa sœur. Immédiatement, j’avais commencé à le feuilleter.

— Il faut lui trouver un centre pour traiter sa dépendance au sexe et à la drogue, m’avait-elle dit, d’une voix atone et dure qu’elle n’avait jamais employée auparavant.

J’avais passé le contenu en revue. Son beau-frère avait été trouvé avec de grandes quantités de cocaïne et avec une… non, deux… prostituées et…

— Ray a été découvert avec trois escortes…

Elle s’était arrêtée.

— Où est… Oh ! m’étais-je exclamé.

Je venais de voir le nom de la troisième fille, femme… non, fille, d’à peine dix-huit ans. Seigneur.

— Dans les vapes, tous les quatre. Le directeur de l’hôtel a appelé la police parce qu’il n’obtenait pas de réponse dans la chambre après l’heure d’occupation prévue et, quand il est entré, personne ne se réveillait.

Elle avait pris une inspiration.

— Ray doit être interné dans un hôpital pour qu’il puisse être soigné, avait-elle dit en soupirant. Sa femme, ma sœur, était juste…

Elle m’avait regardé, m’avait vu froncer les sourcils.

— Oh, mon Dieu, Marcus, nous savons tous les deux que je réfléchissais à un poste de juge, et maintenant ? Seigneur, j’ai juste besoin qu’il s’en aille. J’ai réussi à le mettre sur le registre du juge Rojas pour ce matin, alors… Il faut juste lui éviter la prison, l’envoyer dans un établissement psychiatrique et les laisser essayer de le guérir de son addiction au sexe. L’enfermer et jeter la clé. Je m’en fous, simplement…

— Je m’en occupe, lui avais-je promis, ma main sur son épaule.

Elle avait hoché la tête, couvrant mes doigts avec les siens pendant un bref instant avant de se mettre à frotter son nez sous ses lunettes, un tic qu’elle avait quand elle était nerveuse.

— Ça ne disparaîtra pas, avais-je dit honnêtement. Mais nous allons gérer ça aussi rapidement et calmement que nous le pouvons. Je vous promets que vous n’aurez pas à l’affronter. Je m’occupe de tout.

— Je sais que vous le ferez, avait-elle reconnu. Vous êtes le seul en qui j’ai confiance.

J’avais été heureux de l’entendre et quand j’étais revenu directement dans son bureau après le tribunal ce matin-là, elle m’attendait.

— C’est fait. Il est dans un programme de soins et il va faire son temps, six mois, dans cet établissement.

Elle avait hoché la tête, attendant.

— Votre sœur était là, avais-je déclaré doucement. Elle pleurait beaucoup.

— C’est une idiote.

— Vous ne pouvez pas aider ceux que vous aimez.

— Ah non ?

J’avais secoué la tête.

— Vous avez épousé l’homme parfait et il est mort trop tôt, alors je vais vous le dire parce que nous sommes amis, n’est-ce pas ?

— Bien sûr, avait-elle répliqué. Pensez-vous que je passe mes vacances avec n’importe qui ?

Je lui avais souri.

— Alors, écoutez. Il est temps. Une femme ne vit pas uniquement du travail, vous savez.

— Temps de faire quoi ?

— Pour un rendez-vous amoureux.

— Retenez votre langue, m’avait-elle réprimandé en se levant et se déplaçant jusqu’à la gigantesque fenêtre de son énorme bureau d’angle.

— J’y travaille.

Elle avait laissé échapper un bruit dédaigneux, aussi lui avais-je dit :

— Ne me poussez pas. Je pourrais faire appel à Joe.

Elle avait tourné la tête pour me voir par-dessus son épaule pour reconnaître :

— Nous savons, vous et moi, qu’il est irrésistible. S’il vous plaît, je ne veux pas lui être jetée en pâture.

— Eh bien, je veux vous voir amener un homme à la collecte de fonds à l’opéra dans deux semaines. Si je suis obligé d’y aller, vous devez avoir un rendez-vous.

Elle avait grimacé et pivoté rapidement afin que son dos se retrouve contre le verre.

— Quoi d’autre sur Ray ?

— S’il recommence à déconner, il devra faire son temps, et il n’y a rien que vous serez en mesure de faire contre ça.

— D’accord.

— J’ai parlé à Weber Ford du Chronicle, il a dit qu’il l’enterrerait aussi loin que possible.

— Merci.

— On ne peut pas être tenu responsable pour sa famille.

— Oh, si, je peux. Tout ce qu’ils font se répercute sur moi.

— Tout ira bien.

— Ou pas, mais je refuse de tout couvrir et de finir par payer à cause de la mauvaise personne de trop. Ça ne vaut pas mon âme.

— Non. Effectivement.

— Merci, Marcus. Je me réjouis à l’idée de vous compter parmi les membres permanents de ce cabinet.

Mon regard interrogatif s’était posé sur elle.

— C’est le moment. Nous le savons tous les deux. Tout le monde ici le sait. Vous avez travaillé dur ; vous êtes le seul dans ce cabinet en qui tous les membres du conseil croient. Nous votons vendredi. J’aurai de bonnes nouvelles pour vous quand vous reviendrez de votre voyage pour… je suis désolée. Où allez-vous déjà ?

J’avais ri.

— Le Kentucky.

Elle avait grimacé sans retenue.

— Pour quoi faire, bon sang ?

— En fait, c’est génial là-bas, et le grand-père de Joe fête ses quatre-vingts ans.

— Je soupçonne que ce n’est pas le lieu, mais plutôt votre charmant compagnon.

J’avais arqué un sourcil.

— Vous pensez que Joe est charmant ?

Elle avait ri à ce moment-là, pour la première fois depuis plusieurs jours.

— Oui, Marcus, j’en suis certaine.

— Hein.

— Marcus.

Une voix prononçant mon nom me sortit de mes pensées et me ramena au présent. Le téléphone avait été décroché à l’autre bout, mais pas par Jael, parce qu’il m’aurait appelé par mon nom de gardien, Marot, et non par mon prénom. Il fallait aussi prendre en compte la voix elle-même. Celle à laquelle j’étais confronté avait une tonalité beaucoup plus douce, plus lisse, plus riche, un ténor rauque en comparaison du grognement habituel de ma sentinelle.

— Ryan, dis-je, connaissant la voix de l’homme aussi bien que la mienne.

C’était mon collègue gardien depuis longtemps.

— Salut.

— Dis à Jael que j’ai atterri à Lexington et que je vais bien, d’accord ?

— Ce sera fait.

Il bâilla d’abord et termina avec un soupir et je demandai :

— Pourquoi es-tu là ?

— Jael pense cuisiner quand les gardiens de Deidre viendront la semaine prochaine.

Je n’allais pas rivaliser avec ça.

— Je suis désolé ? assurai-je.

— Eh bien, tu es au courant pour Deidre Macauley, la sentinelle d’Édimbourg qu’il voit ? Elle fait venir ses gardiens jusqu’ici pour rencontrer Jael, et il se disait que ce serait une bonne idée de leur montrer qu’il pouvait prendre soin d’elle, alors il veut cuisiner.

— OK.

— Ouais, tu vois, Malic pense la même chose. Il pense que Jael devrait faire appel à un traiteur ou inviter tout le monde à l’extérieur, comme ça les gardiens pourraient voir qu’il a de l’argent et qu’il peut subvenir aux besoins de leur sentinelle.

Être une sentinelle, être un gardien n’était pas un travail rémunéré. Certaines sentinelles et certains gardiens étaient loin du sommet de la chaîne alimentaire. Grâce à un héritage et à quelques investissements très judicieux, la fortune familiale de Jael avait décuplé de son vivant. Il pourrait assurer à Deidre une belle vie, si c’était ce qu’elle désirait. Toutefois, ayant rencontré la dame, je savais qu’aucun homme n’aurait jamais à prendre soin d’elle. Cependant, il serait bon pour lui de se mettre en valeur auprès de ses gardiens.

— Je ne fais pas la cuisine.

— Moi non plus, mais peu importe.

— Alors tu es là pour lui apprendre à cuisiner quelque chose.

— Oui.

— Devrais-je demander quoi ?

— Non, ne pose pas la question. Tu ne veux pas savoir.

Je me moquai de lui parce qu’il semblait affligé.

— Désolé, déclarai-je en riant. Dis au grand homme que je vais bien. Je vous verrai dans une semaine.

— Qu’est-ce que tu fais là-bas déjà ?

— L’anniversaire du grand-père de Joe.

— Ah, c’est vrai.

Quelque chose me vint à l’esprit.

— Peut-être que les gardiens de Deidre aimeraient l’idée de le voir cuisiner, de la voir fréquenter un homme qui traite ses propres gardiens comme des membres de sa famille, peut-être que c’est de cela qu’il est question avec ce repas maison.

Il y eut un moment de silence avant qu’il me réponde :

— Seigneur, ça doit être épuisant d’être toi, de toujours penser à tout constamment.

Je grognai.

— Je t’appellerai si quelqu’un meurt, dit-il.

— Ce n’est pas drôle.

— As-tu mis tes épées dans ta valise ou les as-tu laissées à la maison ?

— Pourquoi emporterais-je mon épée pour me rendre à une fête d’anniversaire ?

— C’est le Kentucky.

— Alors si je comprends bien, tu es allé partout dans le monde, monsieur « j’étais un top model », mais tu crois que Lexington est une ville de péquenauds où emporter des épées dans ses valises serait une bonne idée ?

— Je n’en ai aucune idée.

— Je sais que tu n’en sais rien. Tu parles à tort et à travers.

Il soupira. Normalement, il n’était pas comme ça ; il était réfléchi, sans préjugés sur les endroits qu’il ne connaissait pas. Quelque chose n’allait pas.

— Tu vas me le dire ? demandai-je.

— Te dire quoi ?

Je restai silencieux et j’attendis.

— Ce n’est rien.

— Certainement.

— Je suis juste agacé, admit-il avant d’expirer bruyamment. L’un des gardiens de Deidre, Collin quelque chose, un genre d’artiste avec une coupe de cheveux « Flock of Seagulls », était déjà là, et en me basant sur deux-trois trucs, je pense qu’il trouve mon copain plutôt attirant.

Si j’étais sur place, j’aurais souhaité bonne chance à Collin avec sa coupe rétro des années 80. Personne n’emporterait le foyer de Ryan Dean loin de lui… personne. Et puisque Ryan était le genre de type magnifique sur lequel les gens s’arrêtaient dans la rue pour le regarder passer, il n’avait vraiment rien à craindre. Toutefois, il aimait désespérément Julian Nash, aussi n’était-il pas si surprenant qu’il soit inquiet. Même si c’était inutile.

Je tentai de le réconforter :

— Tu sais, j’ai rencontré Julian. C’est le genre de gars loyal.

— Oui, je sais. C’est juste… pourquoi Collin prend son pied à me manquer de respect ?

— Je doute qu’il se rende compte qu’il le fait. Il voit juste un homme séduisant qu’il sait avoir la force d’être le foyer d’un gardien, et il est donc intéressé. Je parie que ça ne va pas chercher plus loin.

Il grogna à l’autre bout du fil.

En règle générale, Ryan n’était pas incertain, mais avoir un foyer était encore nouveau pour lui. Il n’était avec Julian que depuis à peine six mois.

— Comment fais-tu pour ne pas essayer de tuer ceux qui s’approchent de Joe ?

— Tu fais confiance à ton foyer, Ry. Cet homme est ma maison tout comme Julian est la tienne.

Il poussa un soupir et je compris qu’il était plus bouleversé que je le croyais, bien qu’il soit plus calme quand il murmura :

— D’accord.

— Bien, dis-je en souriant au téléphone. Appelle-moi si tu veux parler un peu plus ou si tu as besoin d’aide pour cacher le corps.

— Je le ferai, assura-t-il avec un autre soupir avant de raccrocher.

Je passai à l’angle, remettant mon téléphone dans la poche de ma veste de costume et je traversai la zone de bagages.

— Marcus.

Je m’arrêtai et je regardai autour de moi, cependant, je ne vis personne que je connaissais.

— Mon chou, peut-être que ce n’était pas…

— C’est lui, El. Je connais son pas.

— Mais le seul gars présent c’est un type noir.

Un type noir ?

Et j’entendis l’homme que j’aimais se moquer en prenant un ton choqué :

— Oh, mon Dieu ! Marcus est noir ?

— Joey !

Je vis finalement une femme me regarder derrière un grand pilier et je m’avançai vers elle. Au fur et à mesure que la pièce se dévoilait, je remarquai d’autres piliers avec des bancs à côté. Mon compagnon, Joseph Locke, était assis sur l’un d’eux et, en face de lui se trouvaient sa mère, son père et sa sœur.

— Marcus ! Mon chou !

Ils pourraient poser pour une affiche pour la bonne moralité américaine, la famille Locke dans toute leur splendeur.

— Marcus m’appela Joe, plus fort que sa mère.

— Je t’entends, répondis-je pour qu’il le sache.

— Alors, dépêche-toi, bon sang, grommela-t-il.

S’il pouvait me voir, il constaterait que je levais un sourcil, mais il ne pouvait pas, alors je devais attendre et lui donner une claque une fois que je l’aurais rejoint.

— Seigneur, Marcus, grogna-t-il quand je frappai son épaule.

— Tu le mérites, intervint son père, une version plus âgée et plus grande de l’homme que j’aimais, avec des cheveux brun foncé et les mêmes yeux pâles dont avait hérité son fils. Apprends un peu la patience.

— Je n’ai pas pris de café, prévins-je Joe alors, ne te moque pas de moi.

Il grogna.

— Oui, ajouta sa mère, se levant pour me serrer dans ses bras. Laisse Marcus tranquille.

Elle, je l’aimais. C’était mon petit ami qui était le ronchonneur.

— Comment ça va, Deb ? demandai-je, alors que je la prenais dans mes bras.

J’aimais regarder la mère de mon petit ami : ses yeux bleu foncé ; ses courts cheveux blonds ondulés et son doux sourire. Je pouvais la retrouver dans Joe et j’aimais ça.

Elle me serra fort, ses bras autour de mon cou, elle embrassa ma joue, extirpant un peu de ma tension. Nous nous entendions toujours très bien, même lors de notre première rencontre. J’avais toujours eu un grand succès auprès des parents ; le mot « avocat » faisait des miracles.

— Comment était ton vol ? interrogea Deb.

Elle se pencha en arrière pour voir mon visage, ses bras descendirent de mes épaules pour venir reposer sur ma poitrine. Elle était à l’aise, là, debout dans le cercle de mes bras. J’étais son enfant, au même titre que Barbara ou Joe, et cela me rendait heureux depuis que je l’avais rencontrée, cinq ans auparavant, presque six ans. J’avais perdu ma propre mère quand j’avais quinze ans, alors elle était la seule que j’avais.

— J’avais « le gars » assis à côté de moi, vous savez, ce « gars », celui qui veut discuter.

— Sur le vol de nuit, dit-elle, ennuyée pour moi. Mon Dieu, pourquoi ne t’a-t-il pas laissé dormir ?

— Je sais pourquoi, bougonna Joe.

— Chut, répliquai-je.

— Oh ! mon chou, tu ne lui as pas dit que tu es avocat, pas vrai ?

— Ce n’est pas la raison, maman, rétorqua Joe avec irritation.

— Ça l’est, mentis-je, souriant tout à coup et me penchant pour embrasser sa joue. Je pense qu’il m’a entendu au téléphone avant de monter à bord.

— Comme c’est grossier, commenta-t-elle.

— Je ne te laisserai plus jamais voler seul, marmonna Joe.

J’ignorai l’amour de ma vie au profit de sa mère.

— Tu as l’air en forme.

— Des hommes te draguent… Bordel, tu portes une alliance, au nom du Ciel !

— Et j’adore ta coupe de cheveux, continuai-je.

— Enfin ! s’exclama-t-elle en criant presque. Quelqu’un le remarque.

— Tu t’es coupé les cheveux ? questionna Barbara, paraissant choquée.

Le reniflement exaspéré de Deb fit rire tout le monde tandis qu’elle me serrait une dernière fois dans ses bras avant de me libérer pour son mari qui était arrivé derrière elle pour m’attirer également contre lui. J’aimais que le père de mon compagnon ne se contente pas de me serrer la main ; c’était agréable de l’avoir aussi dans mes bras.

— Comment vas-tu, Marcus ? demanda-t-il en me relâchant et en levant les yeux vers mon visage. Tu sors d’un vol de nuit, hein ? Fatigué ?

Je gémis.

— Oui, monsieur, avec du café et de la nourriture, je serai prêt à partir.

— Super.

Il sourit avant de se pousser sur le côté pour que la sœur de Joe, Barbara, puisse me serrer dans ses bras.

Je soulevai Barbara Locke, ses pieds quittant le sol, et je l’écrasai contre moi.

— Mon Dieu, Marcus, dit-elle en riant quand je la reposai, ses mains entourant mon visage. Pourquoi ne puis-je pas trouver quelqu’un comme toi ?

— Oh, ma douce, ne t’inquiète pas. Il y a l’homme parfait quelque part qui t’attend.

C’était sûr. Barbara était intelligente, drôle, d’une beauté classique avec de grands yeux bleus, des pommettes hautes et des lèvres pleines. Si j’étais hétéro, elle aurait été faite pour moi. Mais en conséquence, c’était de son frère que j’étais définitivement amoureux.

— Lèche-bottes, murmura Joe entre ses dents.

— Joseph, s’indigna Barbara en se reculant auprès de sa mère.

— Est-ce qu’au moins quelqu’un lui a donné à manger ce matin ? demandai-je à sa sœur.

— Non, c’est pour ça qu’il est comme ça. Il a besoin de nourriture et de café aussi.

— Marcus, mon chou, laisse-moi te présenter à Ellen…

— Attends, marmonna Joe en tendant la main vers moi.

Je saisis les doigts offerts, les enveloppant autour des miens, notant comme chaque fois la chaleur et la force de sa poigne. Ce n’était pas le genre d’homme à rester assis dans un bureau toute la journée. Il travaillait avec ses mains et il travaillait dur. En tant que propriétaire et exploitant du Bumpy Road Limited, il aurait pu jouer un rôle moins physique dans son entreprise, mais il considérait que lui-même et tous ceux qu’il employait faisaient partie de la même équipe. Il approvisionnait les étagères, parlait aux vendeurs et appelait les clients. Il avait ainsi fait tous les postes dans son entreprise, et c’était pour cela qu’il était tellement apprécié, j’en étais certain.

Je m’accroupis à côté du banc, une main sur son genou, alors que je plongeais dans ses magnifiques yeux bleu clair.

C’était la première chose que j’avais remarquée chez lui. Ils étaient céruléens, pâles, presque opaques, avec des taches d’encre de Chine. J’étais sorti boire un coup, j’avais tourné le dos au comptoir – où je récupérais la dernière tournée – pour revenir à la table quand, soudain, il avait été devant moi, et j’avais été englouti dans son regard.

J’avais oublié de respirer.

— Tu as un super rire, m’avait-il dit. Je pourrais l’écouter toute la nuit.

J’avais penché la tête, réalisant presque instantanément qu’il était aveugle.

— C’est la pire phrase de drague que j’aie jamais entendue, lui avais-je déclaré en souriant.

— Est-ce que tu en es sûr ? m’avait-il taquiné. La pire ?

L’arc de son sourcil était espiègle, ses fossettes étaient douces, et ses lèvres entrouvertes, humides puisqu’il les léchait, faisant raidir mon sexe. L’homme rendait ma bouche sèche.

J’avais remarqué la façon dont la lumière était venue frapper ses cheveux auburn, une variation de couleur marron et de rouge. J’avais aimé les taches de rousseur disséminées sur son nez court et relevé, et j’avais vu la façon dont ses yeux se refermaient de manière séductrice, les longs cils épais et duveteux les masquant. J’avais entendu le gémissement doux dans son souffle. Je m’étais demandé, avec la partie de mon cerveau qui fonctionnait toujours, pourquoi personne n’avait mis une bague au doigt de cet homme. Dans la foulée, j’avais pensé que je pourrais avoir envie de le garder.

Il savait de quoi il s’agissait, parce que debout, là, la tête inclinée, patient, mignon et sexy tout à la fois, il avait une idée derrière la tête. J’avais aimé cela. Les hommes qui jouaient à des jeux, qui n’étaient pas sûrs de ce qu’ils voulaient, n’étaient pas pour moi. Avec son attitude concrète, il avait obtenu immédiatement toute mon attention. J’avais laissé mon regard errer partout, ne manquant aucune portion de son anatomie. Il était plus petit que moi, moins musclé, plus mince, plus beau, mais également solide et fort. J’avais aimé l’inclinaison audacieuse de sa tête, ses lèvres pâles, roses et pleines, ainsi que l’effet que j’avais eu sur sa respiration. Il se tenait au dossier du tabouret de bar à côté de lui, fléchissant et détendant sa main, attendant de voir ce que je dirais. Comme s’il y avait eu le moindre doute. Je voulais le dévorer.

— Je suis Marcus Roth, avais-je dit d’une voix rauque.

Il avait laissé échapper un souffle et m’avait serré la main.

— Joseph Locke.

J’avais pris la main offerte dans la mienne, la tenant fermement.

— C’est un plaisir de te rencontrer.

— Moi de même, avait-il répondu en s’avançant, me humant.