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Un homme, empli de regrets d'avoir consacré soixante-cinq ans à des tâches considérées comme utiles par la société, décide de se libérer de cette contrainte et de se vouer à une vie délibérément inutile. À partir de septembre 2022, il se laisse guider par sa passion pour l'écriture et embrasse l'inutilité avec détermination. Plus il s'adonne à des démarches dénuées de toute utilité, plus il ressent un profond bonheur et développe une incroyable créativité. Paradoxalement, ce gaspillage de temps lui donne l'élan nécessaire pour entreprendre un projet des plus étranges…
À PROPOS DE L'AUTEUR
Professeur de français au lycée de Diest de 1976 à 2015,
Ivo Havermans est l’auteur de plusieurs ouvrages parmi lesquels
On ne dit pas de mal des morts,
Le serial incendiaire et
Les irréconciliables, tous publiés au Lys Bleu Éditions.
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Seitenzahl: 34
Veröffentlichungsjahr: 2023
Ivo Havermans
L’apologie de l’inutilité
© Lys Bleu Éditions – Ivo Havermans
ISBN : 979-10-377-9485-7
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Les hommes connaissent tous l’utilité d’être utile, mais aucun ne connaît l’utilité d’être inutile.
Tchouang-Tseu
Vous aurez compris que j’en ai assez de faire dans l’utile. Pendant soixante-cinq ans, j’ai priorisé les activités soi-disant utiles. Je dis bien « soi-disant » parce que c’est les autres qui les ont considérées comme utiles. Quand j’avais six ans, mes parents m’ont obligé à aller à l’école. Je n’ai pas mis longtemps à réaliser que l’apprentissage scolaire n’était d’aucune utilité. En effet, je n’ai rien appris ni au collège, ni au lycée, ni à l’université. J’ai seulement appris que Victor Hugo s’était trompé en affirmant que la fermeture des prisons devait être favorisée au détriment de celle des écoles. En octobre 2020, je me suis lancé dans l’écriture. Une vingtaine de manuscrits ont été publiés. Vous imaginez bien que je suis très reconnaissant à mon éditeur français de les avoir jugés assez intéressants pour être édités. Pourtant, les textes que j’ai écrits depuis septembre 2022 – cinq au total – ne seront pas envoyés à Paris. Vous vous demanderez sans doute à quoi ça sert d’écrire des histoires qui ne seront pas publiées et, par conséquent, pas achetées ni lues. Je suis bien conscient du fait que cela ne sert à rien, mais « n’est-ce pas la plus noble, la plus gratuite des activités que celle d’écrire pour ne pas être lu ou de parler en sachant que personne ne nous écoute ». (Dion) Néanmoins, je ne songe pas un seul instant à arrêter l’écriture. Barjavel a dit que « l’inutile et le superflu sont plus indispensables à l’homme que le nécessaire ». Sternberg a exprimé une réflexion similaire : « Seuls les charmes de l’inutile peuvent vous aider à supporter les horreurs de l’indispensable quotidien ». En comparaison avec celle d’un crayon de couleur blanche, mon inutilité est plus évidente que celle des philosophes, par exemple. À cela s’ajoute que je me suis compliqué la tâche. Il est, en effet, beaucoup plus facile de se livrer à des activités utiles que de procéder à des démarches inutiles. En plus, je déteste tous ceux qui ne pensent qu’à se simplifier la vie. Comme l’a dit de Brignicourt, « les belles actions sont toujours suspectes chez ceux qui n’en font que d’inutiles ». Par ailleurs, j’ai été surpris d’apprendre que bien qu’ils soient convaincus de l’inutilité de leurs créations, beaucoup d’artistes peintres et d’hommes de lettres continuent néanmoins à créer des œuvres inutiles. « Il n’y a d’indispensable que les choses inutiles », a dit Picabia. Flaubert est d’avis que « l’art est la recherche de l’inutile ». La pensée de Vallès me paraît la plus pertinente : « Dans tout homme qui tient une plume, le bourgeois voit un inutile ». Pour ne rien vous cacher, le spectre de l’inutilité ayant hanté mon épouse a été à l’origine de notre séparation. La plupart des femmes se croient investies d’une mission « utilitariste ». La coexistence avec une telle femme sera vouée à l’échec, à moins que le partenaire ne soit, lui aussi, persuadé de l’utilité de la vie. En ce qui me concerne, je considère que tout est inutile, même ce que je suis en train d’écrire en ce moment. Si j’avais fait l’apologie de l’utilité, je vous aurais fait chier et vous auriez jugé inutile de lire ce que je viens d’écrire, si vous avez compris ce que je veux dire. Sinon, c’est bien fait pour vos gueules !