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Cinquante mille euros, c’est la somme dont notre protagoniste disposera le 2 juin. Il ne s’explique pas pourquoi cette embellie financière engendre un réveil de sa libido. Il est convaincu que les femmes relativiseront son imperfection physique en le voyant habillé d’un costar Gucci. Son psychiatre lui conseille alors de consulter une voyante. Au bout de deux heures, celle-ci voit surgir dans sa boule de cristal une femme en train de faire sa toilette dans la salle de bains de notre protagoniste. Pour être informé tous les jours sur l’emploi du temps de la « visiteuse », il doit débourser cinq mille euros. Le tarif appliqué par la voyante lui paraît excessif. Pourtant, il changera d’avis lorsqu’elle lui apprendra un bien étrange fait…
À PROPOS DE L'AUTEUR
Professeur de français au lycée de Diest de 1976 à 2015,
Ivo Havermans est l’auteur de plusieurs ouvrages parmi lesquels "On ne dit pas de mal des morts"," Le serial incendiaire" et "Les irréconciliables", tous publiés au Lys Bleu Éditions.
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Seitenzahl: 44
Veröffentlichungsjahr: 2023
Ivo Havermans
Un ostéopathe
pas comme les autres
© Lys Bleu Éditions – Ivo Havermans
ISBN : 979-10-422-0610-9
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Le 2 juin prochain, c’est-à-dire, dans quarante-trois jours, je disposerai de cinquante mille euros. Évidemment, si je casse ma pipe d’ici là, je n’aurai pas un sou. En supposant que je sois toujours présent sur le globe terrestre le 2 juin prochain, je ne ressemblerai plus au septuagénaire retraité et divorcé des dix dernières années. En effet, je ne serai plus obligé de me serrer la ceinture à partir de la troisième semaine de chaque mois. Ceci dit, je ferai en sorte que personne ne puisse avoir vent de l’augmentation de mon confort matériel. Je me contenterai de mettre à jour ma garde-robe, qui n’a plus été renouvelée depuis 2019. Trois pantalons, quelques chemises et pull-overs, deux paires de chaussures neuves constitueront les seuls signes extérieurs de richesse. Comme je sors rarement, ils seront peu nombreux à s’apercevoir de mon relooking vestimentaire. Est-ce que j’irai acheter mes fringues chez « Formen », la boutique de vêtements pour hommes la plus branchée de la ville ? Est-ce qu’en tant que septuagénaire, je ne me couvrirai pas de ridicule en me pavanant dans un accoutrement « branché » qui me rajeunira forcément de trente ans ? Chez « Formen », ça m’étonnerait qu’on trouve des vêtements pour des hommes ayant dépassé la quarantaine. À cela s’ajoute que l’insignifiance, voire le manque d’attractivité de mon physique ne justifie pas l’achat de fringues trop branchées et trop coûteuses. Est-ce que je serais en train de me convaincre que ces cinquante mille euros me rendront plus séduisant et me motiveront pour cette raison à relativiser l’imperfection de mon physique ? Je ne vais tout de même pas me mettre en tête qu’avec une telle somme d’argent, il sera plus facile de draguer les femmes. Ce n’est pas parce qu’au cours des vingt dernières années je n’en ai séduit aucune que je réussirai du jour au lendemain à en faire craquer une, fût-ce avec des vêtements de chez « Formen ». J’y parviendrais peut-être en échangeant ma vieille caisse contre une DS4 full options électro-thermique mais, dans ce cas, tout le monde saura que j’ai de la thune ! À quoi devrais-je employer cette somme d’argent ? Pourquoi l’imminence de cette embellie financière a-t-elle engendré un réveil de ma libido ? Si je savais que même, en costar Gucci, ma virilité n’aurait pas droit d’accès aux parties intimes d’une personne de sexe opposé, à quoi cela me servirait-il de dépenser du fric en fringues et en viagra, je vous le demande ? Que devrais-je faire de ces cinquante mille euros ? À qui demander conseil ? À un psychiatre ? Encore faudrait-il qu’il s’agisse d’un septuagénaire comme moi. Or, ce n’est un secret pour personne qu’ils ne courent pas les rues, les psys encore sains d’esprit la soixantaine passée. Il paraît qu’il y en a encore deux dans la région. Comme je n’avais plus les pieds sur terre, ou si vous préférez, la tête sur les épaules à cause de cette histoire d’argent, je me suis dit que le moment était venu d’aller consulter René Bargeot, le plus freudien des deux psys.
Après l’avoir mis au courant du changement imminent de ma situation financière et du réveil de ma libido, j’ai été prié de m’installer dans la salle d’attente pendant une demi-heure.
Quand je suis entré dans son cabinet, j’ai été surpris de voir qu’il avait noirci tout un cahier de format A4.
« Elle a dû être d’une laideur repoussante, votre mère, non ? »
« Vous savez aussi bien que moi, docteur, que chaque enfant considère sa propre maman comme la plus belle de toutes ! »
« Vous m’avez dit que votre épouse vous a quitté après vingt-deux ans de mariage. Pourquoi est-ce qu’elle a attendu si longtemps ? »
« Je ne saurais vous répondre, docteur ! Il faudrait le lui demander. Je crois que la précarité de ma situation financière est à l’origine de notre divorce. Mon ex est une busenisseuse. Pour avoir accès à sa féminité, il fallait allonger les billets verts. Comme mes trente billets de cent euros mensuels ne lui suffisaient pas, d’une part, et que, d’autre part, l’herbe de la pelouse du dentiste était plus verte, elle s’est installée chez son arracheur de dents. Ceci dit, monsieur “Slowhands”, comme on le surnomme, je ne l’envie pas, au contraire, j’ai pitié de lui. »
« Ce mot “slowhands”, ça veut dire quoi, en français ? »