Le fabuleux destin d'Alphonsine Grossin - Ivo Havermans - E-Book

Le fabuleux destin d'Alphonsine Grossin E-Book

Havermans Ivo

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Beschreibung

Pour faire revivre Barbe Noire, le célèbre pirate qui fait l’objet de sa biographie, un homme juge nécessaire de se familiariser avec l’univers de son personnage. Aussi décide-t-il de métamorphoser le plafond du salon en un ciel étoilé et le mur gauche en une porte ouverte avec vue sur la mer des Caraïbes. Sur les conseils de sa femme de ménage, il décide alors de revisiter l’histoire du célèbre pirate…

À PROPOS DE L'AUTEUR

Professeur de français au lycée de Diest de 1976 à 2015, Ivo Havermans est l’auteur de plusieurs ouvrages parmi lesquels "On ne dit pas de mal des morts", "Le serial incendiaire" et "Les irréconciliables", tous publiés au Lys Bleu Éditions.

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Ivo Havermans

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le fabuleux destin d’Alphonsine Grossin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Ivo Havermans

ISBN : 979-10-422-1104-2

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivante du Code de la propriété intellectuelle.

 

 

 

 

 

« J’espère que les cent cinquante mille euros que te rapportera la vente de ta maison te décideront enfin à sortir de ta tanière, et à arrêter de mener une vie casanière et solitaire. D’ailleurs, tu ne pourras plus invoquer l’apparition imminente d’un nouveau variant de la Covid comme prétexte pour justifier ton asociabilité. En sortant plus souvent, tu verras du pays, comme dirait l’autre, tu feras peut-être des rencontres inattendues ou inespérées et ta vie deviendra, par voie de conséquence, moins monotone ou plus imprévisible. N’est-ce pas ton écrivain préféré lui-même qui a dit que “voyager, c’est bien utile, ça fait travailler l’imagination” (Céline). Peut-être tes voyages feront-ils travailler la tienne aussi. Il n’est pas impossible que tes périples réveillent ta muse et t’inspirent une histoire digne d’être lue. Ce que tu as mis sur papier jusqu’à maintenant, ce n’est que des enchaînements de propos décousus, sans queue ni tête ! »

« Désolé, Pierre, mais tu prêches dans le désert ! Je n’ai pas l’intention d’abandonner ma vie marginale, primo, et secundo, je me contenterai de voyager dans ma tête ! Mon changement de statut entraînera un épanouissement de mon imaginaire ! »

« Et en français, ça signifie quoi ? »

« Je serai désormais le locataire de ma maison. Je pourrai donc me distancier de mon habitat précédent et le percevoir d’un œil nouveau, si tu vois ce que je veux dire ? »

« Et en français facile, qu’est-ce qu’il perçoit, ton œil ? »

« Par exemple, en réaménageant les pièces, c’est-à-dire, en modifiant l’emplacement de leur contenu, je parviendrai du même coup à donner libre cours à mon imagination. »

« Je ne comprends rien à ce que tu dis ! »

« Moi non plus, figure-toi ! Ceci dit, qu’est-ce qu’on se ferait chier si on comprenait tout, n’est-ce pas que j’ai raison ? »

« Pas tout à fait ! Si on comprenait tout, on ne serait pas obligés d’aller à l’école ! »

« Je dois avouer que je ne l’avais pas vue venir, celle-là ! Revenons à nos moutons. Je m’efforcerai d’employer des mots simples et de faire des phrases courtes. Tu m’interrompras dès que je t’aurai fait perdre les pédales. Comme tous les locataires, je suis obligé de payer un loyer. Le mien s’élève à six cents euros par mois. Est-ce que tu me suis ? »

« Le mot “mien” a-t-il le même sens que celui qu’on emploie dans l’expression “À la tienne et aux deux miennes” ? »

« Plus ou moins ! Ce n’est pas grave ! Où est-ce que j’en étais ? »

« Tu m’as demandé si je te suivais ! »

« Comment ça ? »

« Je me suis dit aussi : “quelle drôle de question”. Si je ne t’avais pas suivi, comment est-ce que j’aurais su que t’es ici ? »

« Laisse tomber ! Est-ce que j’ai mentionné le montant de mon loyer ? »

« Oui ! »

« Je suis d’avis que le loyer m’autorise à transformer la maison de fond en comble. Je vais commencer par enlever tous les meubles du salon. Il faut savoir que les espaces vides contribuent à développer l’imagination. »

« C’est évident qu’ils la développent ! Comme il n’y a pas de meubles, l’imagination n’est confrontée à aucun obstacle qui ne puisse la gêner dans son épanouissement ! »

« Pierre, tu m’épates ! »

« Si je t’ai bien compris, Ivo, t’as vendu ta maison pour pouvoir développer ton imagination, c’est bien ça ? »

« Non, je l’ai vendue pour pouvoir vider le salon de tout son contenu et le stocker dans un endroit où je ne le vois pas. »

« Pourquoi est-ce que tu veux “cacher” les meubles de ton salon ? »

« Si je ne les vois plus, j’oublierai leur existence et le développement de mon imagination ne sera plus compromis par le rappel de leur souvenir. »

« Pourquoi est-ce que l’idée ne t’est jamais venue de changer le “décor” de ton salon ? »

« C’est-à-dire ? »

« T’aurais pu lui donner un “look” plus moderne, non ? »

« T’en connais, toi, des septuagénaires divorcés et casaniers encore assez motivés à se rendre chez IKEA à la veille de leur passage de vie à trépas ? »

« Supposons qu’un jour, une femme tombe sous le charme d’un type qui a un montant de six chiffres sur son compte en banque, comme toi ! Où vas-tu l’accueillir ? »

« Qu’est-ce que t’insinues, Pierre ? »

« Décidément Ivo, ton pouvoir d’imagination est loin d’être fécond ! T’as peut-être bien fait d’enlever le mobilier. »

« Maintenant, je comprends mieux ! T’insinues que cette bonne femme ne pourra pas s’installer dans le salon ? »

« En effet ! »

« Il y a un boudoir qui jouxte la chambre à coucher. On pourra s’y installer, à moins qu’elle n’éprouve un urgent besoin d’être rassasiée. »

« Qui “jouxte” ? »

« Qui se trouve à côté de la chambre à coucher, si tu préfères ! Et puis, je pourrais toujours l’accueillir dans le salon du voisin d’en face. Comme il ne sort jamais de sa cuisine, il ne remarquera même pas notre présence.

Ceci dit, ça m’étonnerait tout de même qu’il existe des femmes assez fabulatrices pour apporter une plus-value au développement de mon pouvoir d’imagination. Je serais même tenté de dire que les belles femmes détestent les hommes qui ont un imaginaire très riche. »

« S’il en est ainsi, Ivo, je suis un sacré veinard ! »

« Pourquoi, Pierre ? »

« Comme je n’ai pas d’imagination, contrairement à toi, je ferai tomber les jolies femmes comme des mouches ! »

« Celle-là non plus, je ne l’avais pas vue venir ! »

Ma femme de ménage a, elle aussi, critiqué ma décision de vider le salon.

« Monsieur, vous auriez tout aussi bien pu fermer les yeux en vous installant dans votre salon. »

« Comment ça, Alphonsine ? »

« En fermant les yeux, vous ne les auriez pas vus, tous les meubles et tous les bibelots et vous n’auriez donc pas dû les enlever ! »

« Alphonsine, tu m’épates ! Pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt ? » 

« Monsieur, vous auriez mieux fait de mémoriser la réflexion de Bachelard ! »

« C’est-à-dire, Alphonsine ? »

« Si vous l’aviez apprise par cœur, vous auriez su que “l’imagination trouve plus de réalité à ce qui se cache qu’à ce qui se montre”. »

« Oui et alors ? »

« En cachant vos meubles du salon, vous avez perdu votre pouvoir d’imagination ! En plus, en fermant les yeux, vous seriez dans l’obscurité totale. Comme l’a dit Kant, “dans les ténèbres, l’imagination travaille plus activement qu’en pleine lumière”. »

« Alphonsine, comment cela se fait-il que tes connaissances en philosophie soient si vastes ? »