Vive le sport ! - Ivo Havermans - E-Book

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Havermans Ivo

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Beschreibung

Quand on apprend que les passionnés de sport ont recours à des produits dopants pour rester éveillés devant leur écran pendant le déroulement des événements sportifs et que la diffusion prolongée d’émissions sportives entraîne une baisse de la natalité considérable, le gouvernement décide de réduire à trois heures la durée de diffusion de matchs de foot. Seulement, cette décision a un effet inattendu…

À PROPOS DE L'AUTEUR 

Professeur de français au lycée de Diest de 1976 à 2015, Ivo Havermans est l’auteur de plusieurs ouvrages parmi lesquels On ne dit pas de mal des morts, Le serial incendiaire et Les irréconciliables, tous publiés au Lys Bleu Éditions.

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Ivo Havermans

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vive le sport !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Ivo Havermans

ISBN : 979-10-422-1100-4

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivante du Code de la propriété intellectuelle.

 

 

 

 

 

Il m’avait dit qu’il passerait en coup de vent ce mercredi après-midi. Après m’être renseigné sur la durée moyenne d’un coup de vent, j’ai compris qu’il ne resterait que le temps de boire une bière. Malheureusement, en haute montagne, le vent ne s’est pas couché. Pendant deux heures et demie, mon visiteur m’a fait endurer plus de souffrances que celles ressenties par les coureurs du Tour de France en gravissant les flancs du col de Soulet et de celui du Tourmalet. Ne croyez pas que je tienne rigueur à un cycliste de vouloir atteindre le sommet d’un col et de le franchir. Si ça l’amuse, c’est tant mieux pour lui. En plus, on le paie pour monter et descendre des cols. Si vous détestez recevoir de la visite pendant le déroulement des étapes de montagne, fermez à clé votre porte, désactivez la sonnette et posez un panneau « attention, chien méchant ». Évidemment, ces mesures préventives ne doivent pas être adoptées lors de la journée de repos. D’ailleurs, elles ne servent à rien si, au sein du domicile conjugal, la conjointe est au courant de l’existence de cette pause dans le Tour. Mon voisin en a fait la triste expérience l’an dernier. Quand il a informé sa femme sur son intention de piquer un petit roupillon, celle-ci lui a fait remarquer qu’il existait d’autres cols à franchir que le Galibier et le Télégraphe.

« Chéri, qu’elle lui a dit en s’allongeant toute nue sur le tapis, j’aimerais bien que tu imites Pogacar et que tu escalades maintenant mon mont de Vénus ! »

« Oui, mais je te signale que je n’ai pas de vélo ! »

« Ton guidon suffira ! »

 

Une demi-heure plus tard…

 

« Chéri, pourquoi est-ce que tu te mets en danseuse ? »

« Parce que tu m’as demandé d’imiter Pogacar ! »

Inutile de préciser qu’à la fin de la journée de repos, mon voisin était dans un état d’épuisement total.

Ceci dit, on aurait tout de même pu nous demander si ça nous amusait aussi d’être confrontés pendant près d’un mois à des images en gros plan des dentures et des grimaces de coureurs cyclistes d’autant plus difficiles à identifier qu’ils portent tous les mêmes lunettes de soleil.

« Rien ne vous oblige à suivre en direct le cheminement de la caravane du Tour de France », objecteront les inconditionnels de la petite reine. Je répondrai du tac au tac en leur faisant remarquer qu’il y a des événements autrement plus importants et spectaculaires à diffuser en direct que la progression d’un peloton emmené tous les jours par des cyclistes aux maillots identiques. Ces coureurs ignorent qu’au même moment Sabrina confie à son psychiatre qu’elle ne dort plus la nuit depuis le jour où sa maison a été détruite par les inondations de juillet 2021, que, pendant ce temps-là, un berger malinois, qui n’en a rien à branler de la maison de Sabrina, est en train de mordre les fesses de son propriétaire et qu’une touriste belge s’est fait violer dans les toilettes d’un hôtel milanais sans l’avoir demandé. Ces mêmes coureurs y réfléchiraient à deux fois avant de continuer à pédaler s’ils savaient qu’au sein de la rédaction de la chaîne CNN elle-même, personne n’a été en mesure de m’informer sur l’état de santé d’Oki, le premier panda à être infecté par la variole du singe. Faudra-t-il attendre la fin du Tour de France pour apprendre qu’un accident de montagnes russes a coûté la vie à une adolescente danoise deux semaines auparavant ? Que les gens qui s’amusent à comptabiliser les bombardements effectués par l’armée russe se fassent une raison ! Ils resteront sur leur faim jusqu’au 23 juillet, jour de l’arrivée de la Grande Boucle. Vous imaginez bien que le manque de temps qui résulte de la diffusion quotidienne d’images du Tour de France contraindra les médias à « rationner » la quantité des nouvelles et à prioriser la révélation des plus marquantes, c’est-à-dire les Unes.

Si Henri Desgrange ne s’était pas mis en tête d’inventer le Tour de France, Oki n’aurait pas été infecté par la variole du singe, primo, l’adolescente danoise serait sortie vivante de son accident, secundo, et on aurait pu se faire une idée précise du nombre de bombardements de l’armée russe, terzio ! Comment expliquer la fascination manifestée par les gens pour le Tour de France ? Ils sont à tel point ensorcelés par ce spectacle qu’ils interrompent leurs activités et se clouent dans leurs fauteuils pendant trois ou quatre heures d’affilée et ils répètent ce rituel pendant près d’un mois. Exception faite d’une minorité constituée de passionnés de cyclisme ou de fans de coureurs, des centaines de milliers de personnes de toutes nationalités et de tous âges s’isolent chez eux, en plein été, ferment les volets pour se protéger contre la luminosité des rayons du soleil, refusent de se lever, s’interdisent tout effort physique. Au fur et à mesure que les journées avancent, la configuration des spectateurs se conforme de plus en plus à celle de leurs fauteuils. À la fin du Tour de France, la position des bras des téléspectateurs se sera complètement unifiée avec celle des bras de leurs fauteuils.