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Les Cavaliers de Messageries transportent le courrier et divers objets plus ou moins précieux entre les villes frontières. Cela n'est pas sans risque, avec les attaques des bandits et indiens. Il y a notamment une bande qui se fait appeler les Cavaliers de la Nuit. Buffalo Bill est l'un de ces messagers, il fait équipe avec Hart Rathburn et Scott Lane. Hart Rathburn apprend que sa soeur vient le rejoindre avec la navette du courrier. Celle-ci est attaquée par les Cavaliers de la Nuit...
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Seitenzahl: 128
Les Spook Riders, les Cavaliers des messageries Spook, tel était le nom qu’on donnait alors aux intrépides agents qui faisaient à cheval le service de la poste entre les villes frontières, les camps d’émigrants ou de colons et les forts militaires du Far West, dans toute cette zone intermédiaire ou les blancs débordaient sur les territoires indiens.
Tous étaient des cavaliers hardis, des hommes d’une énergie éprouvée, habitués à endurer des privations et des épreuves qui passent toute description, et à regarder familièrement la mort, à l’occasion.
L’occasion se présentait souvent.
Ils avaient à traverser de vastes espaces sauvages, solitaires, domaine du vol et du meurtre, la nuit, le jour, dans le soleil ou dans la tempête, à travers les neiges, les brouillards glacés, les pluies torrentielles, sans jamais hésiter, sans rien craindre, résolus à faire leur service ou à mourir.
On les choisissait avec soin pour ce devoir spécial, qui consistait à faire la navette entre deux points éloignés par des sentiers âpres, tristes, où la mort les guettait sous les traits d’un Peau-Rouge ou d’un bandit, qui dépouillait leurs cadavres des dépêches et des objets précieux dont ils étaient porteurs.
Ils étaient le trait-d’union qui reliait le pays de la civilisation, l’Est, à la vie sauvage de l’Ouest. Montés sur leurs vaillants poneys, ils faisaient inlassablement ce travail, se préparant par la fatigue d’aujourd’hui à la fatigue de demain, et, au sortir d’un danger, plus ardents à en affronter d’autres.
Modestement et héroïquement, ils créaient l’histoire, posant les premiers jalons de la civilisation grandiose qui devait se répandre et s’établir le long de leurs durs et dangereux sentiers, et s’auréolant par leurs actes d’un halo romanesque et fabuleux dont le charme et l’intérêt croîtront à mesure que s’augmentera le recul du temps.
Il était nécessaire de présenter avec quelque détail au lecteur ces héros obscurs de la poste à cheval au Far West, tous pleins d’audace et d’entrain, cavaliers merveilleux, tireurs infaillibles, avant de lui dire qu’à l’époque où commence ce récit on comptait parmi eux William F. Cody, qui, sous le nom de Buffalo Bill est connu dans tous les pays, au-delà de toutes les mers, et représente partout le plus haut idéal de la vertu virile américaine, type en train de disparaître de l’histoire de ce pays pour n’y plus figurer jamais.
La division des postes et des messageries à laquelle appartenait Buffalo Bill avait pour chef-lieu Julesburg, et pour chef Alf Slade.
Il y avait là une étrange mixture d’êtres humains ; c’était comme un camp fortifié, où les hommes étaient toujours prêts à protéger les biens de la Compagnie contre les voleurs de chevaux, à combattre les Indiens, ou à poursuivre une bande d’outlaws ayant arrêté une diligence ou un courrier.
Ce campement des Spook ou Poney Riders était sur la rivière. Buffalo Bill demeurait là, dans une petite cabane, avec deux camarades, Hart Rathburn et Scott Kane, deux beaux et intrépides gaillards. Ce trio avait eu plus d’aventures, et couru plus de dangers qu’aucun autre serviteur de la Compagnie.
Buffalo Bill en particulier échappait à toutes les embûches que lui tendaient les outlaws. Il avait eu un cheval tué sous lui deux fois ; il avait été grièvement blessé une fois ; en d’autres occasions, il avait semblé être complètement à la merci des ennemis ; mais il n’avait jamais cédé, il ne s’était jamais abandonné, et il avait toujours rapporté intacts ses sacs de dépêches et de valeurs.
Depuis quelque temps les cavaliers de la poste avaient à soutenir une lutte incessante et sans merci contre une bande d’outlaws, connus sous le nom de Cavaliers de la Nuit.
Ces hommes sans foi ni loi étaient commandés par un chef aussi impitoyable qu’un Indien et aussi rusé qu’un renard.
Il avait soumis ses hommes à une discipline militaire, et le caractère particulier de ses coups de mains contre les courriers à cheval, les diligences et les lieux de relais, c’est qu’il ne les faisait que la nuit.
Les hommes de sa bande étaient, disait-on, complètement vêtus de noir ; ils ne montaient que des chevaux noirs, tout de noir harnachés. Tout cela, joint à ce fait qu’on ne les voyait jamais le jour, leur avait naturellement valu le nom, qu’ils avaient adopté eux-mêmes, de Cavaliers de la Nuit.
Personne, en dehors des membres de la bande, ne savait où était située leur retraite. Les meilleurs éclaireurs, les suiveurs de piste les plus habiles avaient beau relever leurs traces ; ils ne trouvaient pas le lieu où les bandits se cachaient.
Plusieurs fois, dans ces derniers temps, ces outlaws avaient dirigé les plus audacieuses attaques contre les chevaux et le matériel de la Compagnie ; des diligences et des courriers à cheval avaient été arrêtés, dévalisés et tués. C’est dans une rencontre de ce genre que Buffalo Bill avait, miraculeusement, pourrait-on dire, échappé à la mort en sauvant les choses précieuses qu’il portait.
Peu après cette aventure, le chef de division Alf Slade reçut une lettre des Cavaliers de la Nuit, qui était un avertissement visant particulièrement Buffalo Bill.
Ce dernier n’en voulut point tenir compte, et refusa d’être envoyé ailleurs, disant que, puisque les Cavaliers de la Nuit lui déclaraient la guerre, il leur renvoyait le compliment ; puis il regagna tranquillement sa cabane où il trouva ses deux compagnons qui l’attendaient.
En l’apercevant, Hart Rathburn s’écria :
— Ah ! Bill, je suis content que vous arriviez, car vous m’avez apporté, dans votre tournée d’aujourd’hui, une lettre que je veux vous lire ; j’ai besoin de votre avis.
— Et moi, j’ai besoin de causer avec vous et avec Scott, répondit Buffalo Bill en prenant place à la petite table où le souper était servi par les soins de Scott Kane, lequel était de cuisine, les trois amis avaient, en effet, chacun leur semaine, à tour de rôle, la charge du ménage commun.
— Parfaitement, Bill. Qu’est-ce que c’est ?
— Non ; contez-moi votre affaire d’abord. Ce que j’ai à dire peut attendre ; seulement c’est extrêmement important, comme vous le verrez. Et maintenant, allez-y, Hart.
— Eh bien ! comme je le disais, vous m’avez apporté une lettre que je veux vous lire. Mais auparavant, il faut que vous sachiez certains détails sur ma famille et sur moi.
— Dites, Hart : nous écoutons.
— Vous savez que je suis venu dans l’Ouest à la suite d’une aventure d’amour ; – du moins c’est l’histoire que j’ai racontée à tous ceux qui me soupçonnaient des raisons autres que le plaisir de me battre avec les Indiens et de courir après la fortune.
La vérité est un peu différente. Mon père était un officier de l’armée, et je suis né dans un poste de la frontière, ainsi que ma sœur, plus jeune que moi de trois ans. Nous fûmes élevés dans les forts du Sud-Ouest et de l’Ouest, et cela explique que, sans l’avoir jamais menée moi-même, je connaisse si bien la vie sauvage des hommes de la frontière, des rangers et des bordermen.
À la mort de mon père, ma mère alla dans l’Est, ma sœur fut mise en pension, moi au collège ; et l’on croyait que nous hériterions d’une belle fortune.
Mais ma mère se remaria avec un mineur californien qui passait pour être très riche. Il était veuf lui-même, et avait un fils, mon aîné de plusieurs années, doué de toutes les qualités extérieures qui attirent et qui charment.
Ce jeune homme avait été élevé pour l’armée, mais des raisons que j’ignore l’obligèrent à donner sa démission ; il voyagea pendant quelques années, puis son père l’établit dans un rancho au Texas. Il conquit le cœur de ma sœur, mais ma mère ne voulut pas la lui donner, quoiqu’il n’y eût aucun obstacle de parenté entre eux. Alors il l’enleva de la pension où elle était et s’enfuit avec elle.
On leur avait pardonné, lorsque ma mère s’aperçut avec surprise que son mari, loin d’être riche avait dissipé non seulement sa fortune à elle, dont elle lui avait remis l’administration, mais celle de ma sœur et la mienne, et qu’il avait payé ses dettes et les dettes de son fils avec notre héritage.
Ce n’était pas tout. On vit apparaître une femme qui réclamait le Californien comme son mari et qui produisait des preuves de ses droits. Le coup fut si rude pour ma mère qu’elle ne s’en releva point, et moins de dix jours après avoir appris comme elle avait été trompée et ruinée, elle mourut.
Nous étions originaires du Sud, d’un pays où l’on se venge des injures personnelles. Aussitôt après les funérailles, je demandai réparation à mon beau-père. Je tire passablement, vous le savez : ma balle lui traversa le cœur. Alors je quittai le pays et je vins dans l’Ouest chercher fortune.
Exactement une année après, je reçus une lettre de ma sœur, où elle me disait qu’elle se remettait d’une dangereuse maladie, causée par un poison lent que son mari lui administrait. La garde-malade l’avait surpris sur le fait à son insu ; elle en avait prévenu le docteur et à eux deux ils tendirent un piège au meurtrier qui s’y laissa prendre.
Il eut pourtant le temps de s’enfuir en emportant tous les bijoux de ma sœur et l’argenterie de famille. On découvrit ensuite qu’il avait contrefait la signature de sa femme pour la dépouiller de tout ce qui lui restait de son ancienne fortune, sauf quelques biens fonciers qu’il n’avait pas encore fait vendre.
Or, il se trouve maintenant que ces biens fonciers ont acquis une très grande valeur et qu’ils constituent une vraie richesse pour Rita et pour moi, car j’en ai ma part. Mais comme ma mère avait tout mis au nom de mon beau-père et qu’avant son duel avec moi, il avait fait un testament donnant tout à son fils, il faut que ce fils signe certains papiers pour qu’on puisse vendre cette propriété, – vente nécessaire, puisque tout autour de ces terrains, s’élève une nouvelle ville.
Aujourd’hui Rita m’écrit que son mari fugitif est ici quelque part, en qualité de courrier à cheval, de conducteur de diligence ou d’employé de la Compagnie, et qu’elle vient pour le découvrir. Elle dit qu’elle fera notre ménage, car je lui ai parlé de vous, Bill, et de vous aussi, Scott, dans mes lettres ; et qu’entre temps elle cherchera à petit bruit Burr Ford, – c’est le nom de son mari. Elle dit aussi que j’aie à l’attendre dans le courant de la semaine. C’est là-dessus que je veux vous consulter pour savoir ce que je dois faire.
— Ce que vous devez faire ? Eh ! que pouvez-vous faire, Rathburn, sinon la recevoir et l’aider dans ses recherches ? dit Buffalo Bill. Le camp n’est sans doute pas un séjour fait pour les dames ; mais vous dites qu’elle sait ce que c’est que la vie de frontière, et elle n’en aura du moins pas la surprise. Il y a, vous savez, la veuve du conducteur Drayton, qui a été tué ; nous la ferons venir ici pour aider votre sœur. Nous mettrons les camarades à construire pour elle une gentille cabane, et nous lui ferons une vie confortable le temps qu’elle sera ici. Bien entendu, nous fourrerons le nez dans cette chasse au coquin, et quand nous aurons trouvé son vilain monsieur de mari, j’ai idée qu’il signera tous les papiers au bas desquels elle désire qu’il mette son nom.
— Je dis comme Bill ! s’écria Scot Kano de bon cœur ; et ainsi il fut entendu que Rita Rathburn – car Hart ne voulait pas l’appeler de son nom de femme mariée – recevrait un chaleureux accueil dans le camp des Poney Riders.
À la station de Julesburg, les employés de la Compagnie des Messageries se divisaient en courriers à cheval, conducteurs de diligence, palefreniers et autres hommes de service.
Les différentes sections avaient chacune leur capitaine, et le chef général était Alf Slade avec le titre d’agent divisionnaire, aidé d’un sous-agent.
Buffalo Bill, le capitaine des Poney Riders ou courriers à cheval, pouvait compter sur l’entier dévouement de ses camarades, Hart Rathburn et Scott Kane. C’étaient des hommes selon son cœur, inaccessibles à la crainte, pleins d’entrain, d’initiative et de générosité. Beaux hommes l’un et l’autre, taillés en athlètes, ils portaient les cheveux longs, et si Kane s’habillait à la mode des camps, Rathburn, plus affiné, avait des habits de ville sur une chemise de soie blanche.
La vie de Kane était un mystère : jamais il ne parlait de son passé, non pas même à ses deux plus intimes camarades, à ses pards, pour employer un terme américain qui correspond assez bien à notre appellation familière de copain.
On a vu que Buffalo Bill et Kane avaient écouté avec un très grand intérêt ce que Rathburn avait à dire. Après qu’ils eurent exprimé leur intention de donner à sa sœur tout le confortable que permettaient les circonstances, et aussi de l’aider à rechercher Burr Ford, Cody prit la parole de son ton tranquille.
— Maintenant je vais vous raconter ce que j’ai à vous dire, camarades.
Les deux autres étaient toutes oreilles.
— Je viens d’avoir une conversation avec Mr. Slade, et il veut m’envoyer ailleurs sur la ligne.
— Pourquoi ça, Bill ?
— N’y allez pas, Bill !
— Je n’irai pas : mais c’était une bonne intention de sa part ; car c’est à la suite d’une lettre qu’il a reçue du Capitaine Kit, des Cavaliers de la Nuit, menaçant ma vie s’il me gardait, qu’il désirait me transférer sur un autre point.
— Quoi ! ils vous menacent par lettre, vraiment ?
— Oui, Hart.
— Ça ne m’étonne pas, puisqu’ils n’ont jamais été capables ni de vous prendre, ni de vous voler, ni de vous tuer, remarqua Scott Kane. Ils ont trouvé ce moyen de se débarrasser de vous.
— Oh ! on parle aussi de vous, dans la lettre. On dirait qu’ils nous ont déclaré la guerre, à nous trois particulièrement.
— Eh bien ! nous aussi, nous la leur ferons, la guerre.
— Oui, et nous leur montrerons que nous jouons à ce jeu-là aussi bien qu’eux.
Buffalo Bill sourit :
— C’est exactement ce que je savais que vous diriez et ce que j’ai dit de votre part à Mr. Slade. Il me semble que j’ai sauvé de leurs griffes plus de trésors qu’aucun autre courrier, et que c’est vous deux qui venez ensuite. Pourquoi menacent-ils au lieu de tuer, je n’en sais rien ; mais c’est de mort qu’ils menacent, en tout cas ; et ils espèrent par là, je suppose, nous écarter de ce quartier et avoir ensuite bon marché des autres courriers.
— Mais vous avez dit au chef que vous ne vouliez pas vous en aller ?
— Je le lui ai dit, et j’ai ajouté que j’étais sûr que vous partageriez ma résolution.
— Et bien vous avez fait, Bill.
— Vous connaissez les cartes que vous avez en main, Bill.
— Parfaitement. Je lui ai dit que nous resterions ici et, en même temps, que je m’engageais d’honneur à pourchasser et à réduire les Cavaliers de la Nuit, et que je savais que vous seriez avec moi pour exécuter cette bonne besogne.
— Je le suis, avec vous.
— Commandez !
— Je savais ce que vous diriez : mais comme ce sera maintenant à notre endroit une véritable chasse à l’homme, il faut que nous changions en une certaine mesure le travail que nous avons à faire actuellement, suivant un plan que j’ai à proposer.
Avec un empressement plein d’ardeur, Hart Rathburn s’écria :
— Dites ce que vous voulez, Bill, et je garantis que Scott et moi nous serons derrière vous.
— Comme courriers, nous n’avons qu’une chance et qu’une manière de frapper un coup et de découvrir ce que nous voulons savoir. Mais si vous, Hart, vous étiez conducteur de diligence – et il n’y en aura pas de meilleur dans tout l’Overland, – et vous, Scott, chef de relais sur la ligne, tandis que moi, je resterais Poney Rider, nous ferions beaucoup de bien.
— Je crois que vous avez raison, Bill, mais je répugne à quitter ma selle pour entrer dans une cabane de chef de relais, objecta Scott.