Le Comte de Boursoufle ou Mademoiselle de la Cochonnière - Ligaran - E-Book

Le Comte de Boursoufle ou Mademoiselle de la Cochonnière E-Book

Ligaran

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Extrait : " LE CHEVALIER, assis à gauche près de la table : Pasquin, où vas-tu ? PASQUIN, remontant vers le fond : Monsieur, je vais me jeter à l'eau. LE CHEVALIER, se levant : Attends-moi. Connais-tu dans le monde entier un plus malheureux homme que ton maître ? PASQUIN, revenant : Oui, monsieur, j'en suis un plus malheureux sans contredit. LE CHEVALIER : Et qui ? PASQUIN : Votre valet, monsieur, le pauvre Pasquin. LE CHEVALIER : En connais-tu un plus fou ?" À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARANLes éditions Ligaran proposent des versions numériques de qualité de grands livres de la littérature classique mais également des livres rares en partenariat avec la BNF. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes. Ligaran propose des grands classiques dans les domaines suivants : • Livres rares• Livres libertins• Livres d'Histoire• Poésies• Première guerre mondiale• Jeunesse• Policier

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EAN : 9782335091205

©Ligaran 2015

Personnages

LE COMTE DE BOURSOUFLE.

LE CHEVALIER, frère du comte.

LE BARON DE LA COCHONNIÈRE.

Mlle THÉRÈSE DE LA COCHONNIÈRE, fille du baron.

PASQUIN, valet du chevalier.

MARAUDIN, intrigant.

MADAME BARBE, gouvernante de Mlle Thérèse.

LE BAILLI.

COLIN, valet du baron.

UN PAGE.

VALETS DE LA SUITE DU COMTE.

PAYSANS.

Acte premier

La scène se passe dans l’intérieur d’une salle d’auberge au village de la Cochonnière, en 1734.

Porte au fond, donnant sur la grande route. Grande cheminée à droite. À gauche, au premier plan, une table.

Scène I

Le chevalier, Pasquin.

Tous deux sont assis, au lever du rideau, l’un à droite, l’autre à gauche.

LE CHEVALIER, assis à gauche près de la table.

Pasquin, où vas-tu ?

PASQUIN, remontant vers le fond.

Monsieur, je vais me jeter à l’eau.

LE CHEVALIER, se levant.

Attends-moi. Connais-tu dans le monde entier un plus malheureux homme que ton maître ?

PASQUIN, revenant.

Oui, monsieur, j’en sais un plus malheureux sans contredit.

LE CHEVALIER

Et qui ?

PASQUIN

Votre valet, monsieur, le pauvre Pasquin.

LE CHEVALIER

En connais-tu un plus fou ?

PASQUIN

Oui assurément.

LE CHEVALIER

Et qui ? bourreau ! qui ?

PASQUIN

Ce fou de Pasquin, monsieur, qui sert un pareil maître.

LE CHEVALIER

Faquin !

PASQUIN

Et un maître qui n’a pas le sou.

LE CHEVALIER

Il faut que je sorte de cette malheureuse vie.

PASQUIN

Vivez plutôt pour me payer mes gages.

LE CHEVALIER

J’ai mangé tout mon bien au service du roi.

PASQUIN

Dites au service de vos maîtresses, de vos fantaisies, de vos folies. On ne mange jamais son bien en ne faisant que son devoir. Qui dit ruiné dit prodigue ; qui dit malheureux dit imprudent, et la morale…

LE CHEVALIER

Ah ! coquin ! tu abuses de ma patience et de ma misère. Je te pardonne parce que je suis pauvre ; mais si ma fortune change, je t’assommerai.

PASQUIN

Mourez de faim, monsieur, mourez de faim.

LE CHEVALIER, passant à droits.

C’est bien à quoi il faut nous résoudre tous deux si mon maroufle de frère, le comte de Boursoufle, n’arrive pas aujourd’hui dans ce maudit village où je l’attends. Ô ciel ! faut-il que cet homme-là ait soixante mille livres de rente pour être venu au monde une année avant moi ! Ah ! ce sont les aînés qui ont fait les lois ; les cadets n’ont pas été consultés, je le vois bien.

Il s’assied à droite avec humeur.

PASQUIN

Eh ! monsieur, si vous aviez eu les soixante mille livres de rente, vous les auriez déjà mangées, et vous n’auriez plus de ressource. Mais M. le comte de Boursoufle aura pitié de vous ; il vient ici pour épouser la fille du baron, qui aura cinq cent mille francs de bien. Vous aurez un petit présent de noces, et nous en serons marris.

LE CHEVALIER, se relevant.

Épouser encore cinq cent mille francs ! et le tout parce que l’on est aîné ! Et moi être réduit à attendre ici de ses bontés ce que je devrais ne tenir que de la nature. Demander quelque chose à son frère aîné, c’est là le comble des disgrâces.

PASQUIN

Vous parlez comme un philosophe qui n’a pas dîné. Je ne connais pas monsieur le comte, mais il me semble que je viens de voir arriver ici M. Maraudin, votre ami et le sien.

LE CHEVALIER

Et celui du baron, et celui de tout le monde.

PASQUIN

Cet homme qui noue plus d’intrigues qu’il n’en peut débrouiller, qui fait des mariages et des divorces, qui prête, qui emprunte, qui donne, qui vole, qui fournit des maîtresses aux jeunes gens, des amants aux jeunes femmes, qui se rend redouté et nécessaire dans toutes les maisons, qui fait tout, qui est partout, il n’est pas encore pendu. Profitez du temps, parlez-lui ; cet homme-là vous tirera d’affaire.

LE CHEVALIER

Non, non, Pasquin, ces gens-là ne sont bons que pour les riches ; ce sont les parasites de la société. Ils servent ceux dont ils ont besoin, et non pas ceux qui ont besoin d’eux, et leur vie n’est utile qu’à eux-mêmes.

PASQUIN

Pardonnez-moi, pardonnez-moi, les fripons sont assez serviables. M. Maraudin se mêlerait peut-être de vos affaires pour avoir le plaisir de s’en mêler : un fripon aime à la fin l’intrigue pour l’intrigue même. Il est actif, vigilant ; il rend service vivement avec un très mauvais cœur, tandis que les honnêtes gens qui ont le meilleur cœur du monde vous plaignent avec indolence, vous laissent dans la misère, et vous ferment la porte au nez.

LE CHEVALIER

Hélas ! je ne connais guère que de ces honnêtes gens-là, et j’ai grand-peur que monsieur mon frère ne soit un très honnête homme.

PASQUIN

Voilà M. Maraudin, qui n’a pas tant de probité peut-être, mais qui pourra vous être utile.

Scène II

Le chevalier, Maraudin, Pasquin.

MARAUDIN, entrant par le fond.

Bonjour, mon très agréable chevalier, embrassez-moi, mon très cher. Par quel heureux hasard vous rencontré-je ici ?

LE CHEVALIER

Par un hasard très naturel et très malheureux : parce que j’ai trop aimé l’amour, parce que j’ai été bourreau d’argent, parce que je suis dans la misère, parce que mon frère, qui nage dans le Pactole, va passer ici, parce que je l’attends, parce que j’enrage, parce que je suis au désespoir.

MARAUDIN

Voilà de très bonnes raisons. Allez, allez, consolez-vous ; Dieu a soin des cadets. Il faudra bien que votre frère jette sur vous quelques regards de compassion. C’est moi qui le marie, et je veux qu’il y ait un pot-de-vin pour vous dans ce marché. Quand quelqu’un épouse la fille du baron de la Cochonnière, il faut que tout le monde y gagne.

LE CHEVALIER