Midi : Le Déjeuner des petites ouvrières - Ligaran - E-Book

Midi : Le Déjeuner des petites ouvrières E-Book

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Beschreibung

Extrait : "À l'horloge égalitaire midi sonne. Il sonne en les indolents et riches quartiers comme dans les faubourgs brumeux de la fumée des usines. Correspondant à l'invite des estomacs, il appelle à table. Dans la maison bourgeoise, le domestique a dit : « Madame est servie. » Et Madame, tard levée, sas appétit; obéissant à la tyrannie de la règle, gagne sa place coutumière, présidant au repas comme à un rite d'ennui."

À PROPOS DES ÉDITIONS Ligaran :

Les éditions Ligaran proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :

• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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Avertissement

Un groupe d’artistes, graveurs sur bois, dessinateurs, écrivains, a décidé l’entreprise de cette publication des Minutes parisiennes, et l’idée qui a motivé cette réunion est assez particulière pour mériter d’être brièvement exposée, un simple avertissement avant de passer à l’acte.

Il s’agit, en effet, d’une décision tout à fait inouïe, paradoxale, invraisemblable, prise par les collaborateurs de cette publication en vingt-quatre petits volumes. N’ont-ils pas osé, en effet, à la fin du XIXe siècle, après tant d’efforts et tant d’hésitations, après tant d’expériences à demi réussies ou manquées, après tant de révoltes et tant de soumissions, n’ont-ils pas osé assumer la tâche de faire eux-mêmes leur œuvre, c’est-à-dire de la concevoir, de la présenter, en artistes et en écrivains indépendants, voulant donner à leur travail une forme librement choisie. Le seul intermédiaire admis, acceptant son rôle, qui estd’ailleurs de grande importance, c’est l’éditeur, l’éditeur aimant son métier, désireux de faire agréer par le public l’œuvre qui lui est confiée. C’est l’éditeur favorisant l’initiative d’un groupe, apportant sa collaboration comme un hommage rendu à l’indépendance de la pensée.

Cette fois, le livre est fait par ceux-là qui ont eul’idée de le faire : après avoir choisi leur éditeur, ils ont choisi leur imprimeur, M. Hérissey, à Évreux, qui a le goût de la belle et claire typographie, et qui compte faire de ces vingt-quatre petits volumes son chef-d’œuvre d’exposition universelle pour l’année 1900. Ils ontvoulu les papiers sur lesquels on imprimera, et qui sont de beaux et bons papiers et non des papiers factices destinés à une prompte disparition. Ils ont voulu leur mode de reproduction des dessins, des ornements, têtes de chapitres, lettres ornées, culs-de-lampe, et ici, il convient de s’arrêter un instant, car c’est la gravure sur bois qui a été admise comme moyen d’expression, décision bien naturelle de la part des promoteurs de ces Minutes parisiennes, dont l’idée première appartient à un groupe de graveurs sur bois.

On s’est peut-être assez lamenté sur la décadence des arts originaux, et il est bon qu’un groupe d’hommes déterminés, suspendant lesparoles, négligeant les théories, passe à l’action sans plus tarder. Il y a déjà trente années, en 1867, Philippe Burty écrivait : «  Il reste acquis que le monde se désintéresse de la gravure sur métal, que l’eau-forte succède au burin, que la lithographie agonise, que le bois est en péril, que le procédé tend à supprimer le burin, l’eau-forte, la lithographie et le bois, et, que l’agent provocateur de ces menées révolutionnaires, c’est, directement ou indirectement la photographie. » Depuis 1867, la situation s’est naturellement aggravée. Le procédé photographique a tout envahi, et même avec un despotisme inimaginable, car si les éditeurs de reproductions d’œuvresd’art et de livres illustrés ont employé presque sans cesse la photogravure, il est arrivé encore ce nouveau désastre que les artistes graveurs, burinistes, aquafortistes, graveurs sur bois, sollicités par les éditeurs, mis à la remorque du public, ont consenti à exécuter des gravures au burin, à l’eau-forte, sur bois, ressemblant à s’y tromper à des photogravures. Le nombre de ceux qui ont résisté à cet entraînement est bien restreint, et l’on peut dire sans exagération, mais non sans amertume, que ce sont les graveurs qui ont tué la gravure.

Il est nécessaire de la ressusciter. La gravure, et il n’estpas question seulement ici de la gravureoriginale, mais aussi de la gravure de reproduction, la gravure est un art qui a son aspect, sa signification, sa vie propre. Son dessin, son modelé, sa couleur, qui relèvent, bien entendu, des lois générales de l’art, n’en ont pas moins leurs lois spéciales qui ne peuvent être transgressées sous peine de déchéance et de mort. Même lorsqu’elle reproduit, lorsqu’elle imite une œuvre d’un autre ordre, peinture, sculpture, objet, la gravure, par son principe même, est empêchée de devenir un art servile. Tout en obéissant à une conception en dehors d’elle, elle crée à nouveau par un moyen nouveau. Il lui faut apporter un résumé de l’œuvrechoisie, et que ce résumé soit une gravure, c’est-à-dire que les ombres, les lumières, les valeurs, les volumes, les solides, soient exprimés par des tailles, que ces tailles soient obtenues par le maniement du burin, le creusement de l’eau-forte, la découpure du bois. C’est le contraire de la prétendue gravure qui s’ingénie à maquiller, à masquer le travail du graveur, qui l’amène à ressembler à la simple reproduction photographique. La mécanique suffit pour ce beau résultat.

Les graveurs sur bois, Tony Beltrand, Jacques Beltrandet Eugène Dété, qui publient aujourd’hui ces Minutes parisiennes sont pénétrésde ces vérités. Ils savent que la gravure est un grand art, le plus ancien, le plus vénérable de tous les arts, car les intailles préhistoriques sont-elles autre chose que les premières annonces de l’art de graver ? Ils savent que la gravure, plus durable que la peinture, court le monde en œuvres admirables, apparaît aux murailles, s’enfouit aux cartons, s’unit aux livres. Elle a un grand rôle qu’elle ne doit pas abdiquer. Pourquoi donc le discrédit de ce grand art productif de merveilles, qui a précédé et peut-être déterminé l’invention de l’imprimerie ? Quelle raison pour délaisser tant de glorieux ancêtres, dessinateurs et graveurs sur bois, quiont laissé une tradition et un enseignement ? Sans remonter bien haut, n’y a-t-il pas une suite à donner à l’œuvre de notre siècle, tant de belles illustrations qui ont popularisé des noms de grands artistes et aidé à rendre plus célèbres des chefs-d’œuvre de la littérature ?

La réponse que les graveurs sur bois se sont faite à eux-mêmes, après s’être posé toutes ces questions, a été la meilleure : ils se sont énergiquement mis à l’œuvre, et le premier volume est né, sera demain suivi des autres, de même typographie sur même papier, avec des dessins vrais et pittoresques, des images bien franches,