Mon éternité: Mon Tourmenteur : tome 4 - Anna Zaires - E-Book

Mon éternité: Mon Tourmenteur : tome 4 E-Book

Anna Zaires

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Beschreibung

J’ai lutté contre le destin et j’ai gagné. J’ai passé un marché avec le diable pour la garder.

C’était censé être fini. Nous devions être heureux.

Dommage que mes ennemis en aient décidé autrement.

Remarque : Il s’agit de la conclusion de l’histoire de Peter et Sara. Il est fortement recommandé de lire les trilogies  L’Enlèvement et  Capture-Moi avant de vous lancer dans ce livre, car il contient des révélations importantes pour l’intrigue de ces séries.

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Mon éternité

Mon Tourmenteur : tome 4

par Anna Zaires

♠ Mozaika Publications ♠

Table des matières

Partie I

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

Chapitre 19

Partie II

Chapitre 20

Chapitre 21

Chapitre 22

Chapitre 23

Chapitre 24

Chapitre 25

Chapitre 26

Chapitre 27

Chapitre 28

Chapitre 29

Chapitre 30

Chapitre 31

Chapitre 32

Chapitre 33

Chapitre 34

Chapitre 35

Chapitre 36

Chapitre 37

Chapitre 38

Partie III

Chapitre 39

Chapitre 40

Chapitre 41

Chapitre 42

Chapitre 43

Chapitre 44

Chapitre 45

Chapitre 46

Chapitre 47

Chapitre 48

Chapitre 49

Chapitre 50

Chapitre 51

Chapitre 52

Chapitre 53

Chapitre 54

Chapitre 55

Chapitre 56

Partie IV

Chapitre 57

Chapitre 58

Chapitre 59

Chapitre 60

Chapitre 61

Chapitre 62

Chapitre 63

Chapitre 64

Chapitre 65

Chapitre 66

Chapitre 67

Chapitre 68

Chapitre 69

Chapitre 70

Chapitre 71

Chapitre 72

Chapitre 73

Chapitre 74

Chapitre 75

Chapitre 76

Chapitre 77

Chapitre 78

Chapitre 79

Chapitre 80

Chapitre 81

Chapitre 82

Chapitre 83

Chapitre 84

Chapitre 85

Chapitre 86

Chapitre 87

Chapitre 88

Chapitre 89

Chapitre 90

Chapitre 91

Chapitre 92

Chapitre 93

Chapitre 94

Chapitre 95

Chapitre 96

Chapitre 97

Chapitre 98

Chapitre 99

Épilogue

Extrait de Liaisons Intimes

À propos de l'auteur

Ceci est une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les lieux et les incidents sont le produit de l’imagination de l’auteur ou employés de manière fictive, et toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou mortes, des sociétés, des événements ou des lieux ne serait qu’une coïncidence.

Copyright © 2019 Anna Zaires et Dima Zales

www.annazaires.com/book-series/francais/

Tous droits réservés.

Sauf dans le cadre d’une critique, aucune partie de ce livre ne peut être reproduite, scannée ou distribuée sous quelque forme que ce soit, imprimée ou électronique, sans permission.

Publié par Mozaika Publications, une marque de Mozaika LLC.

www.mozaikallc.com

Traduction : Laure Valentin

Couverture par Najla Qamber Designs

www.najlaqamberdesigns.com

e-ISBN :  978-1-63142-463-2

ISBN-13 : 978-1-63142-464-9

Partie I

1

Henderson

— Qu’est-ce que tu fais ?

La voix anxieuse de Bonnie me tire de mes prévisions et je lève les yeux, rangeant le dossier que j’examinais dans une pile de documents sur mon bureau, tout en m’apprêtant à lui répondre par un mensonge plausible.

Sauf que la femme qui partage ma vie depuis vingt et un ans ne me regarde pas.

Elle a les yeux rivés sur l’ordinateur derrière moi, où la photo d’une belle mariée aux cheveux bruns, souriante au bras de son charmant époux, occupe la majeure partie de l’écran.

Merde. Je croyais avoir fermé cet onglet. Les muscles de mon cou se contractent et la bile me brûle la gorge quand je vois Bonnie commencer à trembler.

— Pourquoi as-tu cette photo ?

Sa voix monte dans les aigus tandis que ses yeux accusateurs se posent sur moi.

— Pourquoi as-tu la photo de ce monstre sur ton écran ?

— Bonnie… Ce n’est pas ce que tu crois.

Je me lève, mais elle recule déjà en secouant la tête. Ses longues boucles d’oreilles se balancent autour de son visage fin.

— Tu m’avais promis. Tu m’as dit que nous serions en sécurité.

— Et nous serons en sécurité, dis-je.

Mais il est trop tard.

Elle est déjà partie.

Dans le refuge de son lit, de ses cachets et de sa télé-réalité abrutissante.

Là où les enfants et moi ne parvenons jamais à l’atteindre.

Je me laisse retomber sur mon fauteuil et je fais rouler ma tête sur le côté. La tension insoutenable qui me crispe la nuque s’estompe un peu. Je sors à nouveau le dossier. Le nom à l’intérieur me saute aux yeux. Chaque lettre me provoque, attisant les braises amères de ma rage brûlante.

Peter Sokolov.

Je suis la dernière personne sur sa liste. La seule qu’il n’a pas encore tuée pour ce qui s’est passé dans ce village minable du Daghestan. Une seule erreur, un ordre irréfléchi, et voilà le résultat. Pendant des années, il m’a traqué, ma famille et moi, torturant nos amis et nos êtres chers afin de m’atteindre. Mes enfants le voient dans leurs cauchemars et il détruit nos vies à tous les égards.

Maintenant, grâce à l’influence de son ami Esguerra sur notre gouvernement, il a le droit d’évoluer en liberté. D’épouser ce joli médecin aux cheveux couleur noisette et de vivre aux États-Unis, comme si tout était pardonné et oublié.

Comme si j’étais censé croire sa promesse de ne pas me tuer.

Mon regard se pose sur les autres noms dans le dossier.

Julian Esguerra.

Lucas Kent.

Yan et Ilya Ivanov.

Anton Rezov.

Les alliés de Sokolov – des monstres, chacun d’entre eux.

Ils doivent payer pour ce qu’ils ont fait.

Comme Sokolov, ils doivent être mis hors d’état de nuire.

Ce n’est qu’à ce moment-là que nous serons vraiment en sécurité.

2

Sara

Quand je me réveille, c’est pour me rappeler avec émerveillement que je suis mariée.

Mariée à Peter Garin, alias Sokolov.

L’homme qui a tué George Cobakis, mon premier mari, après être entré par effraction chez moi pour me torturer.

Mon harceleur.

Mon ravisseur.

L’amour de ma vie.

Mon esprit revient à la soirée de la veille et la chaleur se répand dans tout mon corps – un mélange de honte et d’excitation. Il m’a punie hier. Il m’a punie parce que j’ai failli lui faire faux bond à l’autel.

Il m’a prise avec brutalité, m’arrachant des aveux.

Il m’a fait avouer que je l’aime – que j’aime tout ce qui le constitue, y compris les zones d’ombre.

Que j’ai besoin de ses ténèbres… j’ai besoin qu’il me les inflige, afin de surmonter la honte et la culpabilité de savoir que je suis tombée amoureuse d’un monstre.

En ouvrant les yeux, je fixe le plafond à la peinture blanche neutre. Nous sommes toujours dans mon petit appartement, mais je suppose que nous déménagerons bientôt. Et ensuite ? Des enfants ? Des promenades au parc et des dîners avec mes parents ?

Suis-je réellement sur le point de bâtir une vie avec l’homme qui a menacé de tuer tous les invités de notre mariage si j’y renonçais ?

Il doit préparer le petit-déjeuner, parce que je sens de délicieux effluves en provenance de la cuisine. C’est appétissant, savoureux, et mon estomac gronde quand je me redresse. Les muscles de mes cuisses endolories me font grimacer.

Si nous devons souvent baiser dans des positions exotiques, je ferais bien de reprendre le yoga.

Secouant la tête pour chasser cette pensée ridicule, je file sous la douche et je me brosse les dents. Quand je ressors, enveloppée dans un peignoir, j’entends la voix de Peter qui m’appelle avec son accent subtil.

Il emploie mon surnom de « ptichka ».

— Je suis là, dis-je en entrant dans la cuisine.

Soudain, des bras incroyablement forts me soulèvent et je reçois un baiser si intense qu’il me coupe le souffle.

— Je vois ça, murmure enfin mon mari en me remettant sur mes pieds. Tu es là et tu n’iras nulle part.

Ses grandes mains se posent sur ma taille dans un geste possessif. Ses yeux gris scintillent comme des billes d’argent sur son visage obscurci par un début de barbe. Même s’il porte déjà un tee-shirt et un jean, il ne s’est pas encore rasé. Cette barbe est délicieusement rugueuse et rêche, et je me demande quel effet ça ferait de la sentir sur toute ma peau.

Sur une impulsion, je lève la main vers sa mâchoire carrée. Elle pique, comme je l’imaginais, et je souris lorsqu’il ferme les yeux et frotte son visage contre ma paume, tel un gros matou marquant son territoire.

— C’est dimanche, lui dis-je en laissant retomber ma main lorsqu’il rouvre les paupières. Alors, c’est vrai. Je n’irai nulle part. Qu’y a-t-il au petit-déjeuner ?

Il sourit et recule en me libérant.

— Des pancakes à la ricotta. Tu as faim ?

— Je pourrais manger un morceau.

Mon aveu fait briller de plaisir ses yeux aux nuances métalliques.

Je m’assieds tandis qu’il récupère deux assiettes et les dépose devant nous sur la table. Même s’il n’est revenu auprès de moi que mardi dernier, il est parfaitement à l’aise dans ma cuisine minuscule. Ses mouvements sont aussi fluides et assurés que s’il vivait ici depuis des mois.

En l’observant, j’ai à nouveau la sensation désagréable qu’un dangereux prédateur a envahi mon petit appartement. C’est en partie en raison de son gabarit – il fait au moins une tête de plus que moi, ses épaules sont incroyablement larges et son corps de soldat d’élite est compact et musclé. Mais c’est aussi quelque chose chez lui, quelque chose de plus que les tatouages qui ornent son bras gauche ou la légère cicatrice qui lui barre le sourcil.

C’est quelque chose d’intrinsèque, un caractère impitoyable qui se traduit même par son sourire.

— Comment te sens-tu, ptichka ? demande-t-il en me rejoignant à table.

Je baisse les yeux sur mon assiette, consciente de ce qui le préoccupe.

— Ça va.

Je n’ai pas envie de penser à la veille, à la visite de l’agent Ryson qui m’a rendue malade. J’étais déjà angoissée par le mariage, mais ce n’est que lorsque l’agent du FBI m’a asséné les crimes de Peter comme une gifle que j’ai rendu le contenu de mon estomac – et que j’ai bien failli poser un lapin à Peter.

— Aucun effet secondaire après la nuit dernière ? précise-t-il.

Je lève les yeux, le visage rouge, en comprenant qu’il fait référence à notre vie sexuelle.

— Non, dis-je d’une voix étranglée. Ça va.

— Tant mieux, murmure-t-il.

Son regard est sombre et brûlant, et je dissimule mes joues enflammées en me penchant pour prendre un pancake à la ricotta.

— Tiens, mon amour.

Dans un geste expert, il me sert deux pancakes et pousse vers moi une bouteille de sirop d’érable.

— Veux-tu autre chose ? Des fruits, peut-être ?

— Avec plaisir.

Sous mes yeux, il se dirige vers le réfrigérateur pour prendre des fruits rouges et les rincer.

Mon assassin domestiqué. Est-ce à cela que ressemblera notre vie commune désormais ?

— Que veux-tu faire aujourd’hui ? je demande quand il revient à table.

Il hausse les épaules et ses lèvres sculpturales dessinent un sourire.

— À toi de décider, ptichka. Je me disais que nous pourrions sortir et profiter de cette belle journée.

— Alors… une promenade au parc ? Vraiment ?

Il se renfrogne.

— Pourquoi pas ?

— Aucune raison. Ça me va.

Je me concentre sur mes pancakes pour ne pas glousser de manière hystérique. Il ne comprendrait pas.

Nous expédions le repas – j’ai faim et les pancakes à la ricotta (sirniki, comme il les appelle) sont à tomber –, puis nous sortons au parc. Peter conduit. Nous sommes presque arrivés quand je remarque un SUV noir derrière nous.

— C’est encore Danny ? je demande en jetant un œil par la lunette arrière.

Depuis le retour de Peter, les fédéraux nous ont laissés tranquilles, et il est bien trop serein à l’idée que nous soyons suivis pour que ce soit quelqu’un d’autre que le garde du corps/chauffeur qu’il a engagé.

À mon grand étonnement, Peter secoue la tête.

— Danny est en congé aujourd’hui. Ce sont deux autres gars de son équipe.

Ah. Je me retourne sur mon siège pour observer le SUV. Les vitres sont teintées et je n’y vois rien. En fronçant les sourcils, je reporte mon attention sur Peter.

— Tu crois que nous avons encore besoin de toute cette sécurité ?

Il hausse les épaules.

— J’espère que non. Mais mieux vaut prévenir que guérir.

— Et cette voiture ?

Je jette un regard circulaire dans l’habitacle de la berline Mercedes que Peter a achetée la semaine dernière.

— Est-elle ultra sécurisée ?

Je tambourine des doigts sur la vitre.

— Ça me semble très épais.

Toujours impassible, il répond :

— Oui. C’est du verre pare-balles.

— Oh. Waouh.

Il jette un œil vers moi, un léger sourire aux lèvres.

— Ne t’inquiète pas, ptichka. Je n’ai aucune raison de penser qu’on nous tirera dessus. Ce n’est qu’une précaution, c’est tout.

— D’accord.

Ce n’est qu’une précaution – comme les armes qu’il dissimulait dans sa veste à notre mariage. Ou le garde du corps/chauffeur qui passe me chercher quand Peter est occupé. Parce que les couples normaux ont toujours des gardes du corps et des voitures blindées.

— Parle-moi des maisons que tu as trouvées, dis-je en repoussant le sentiment désagréable causé par toutes ces mesures de sécurité.

Étant donné son ancienne profession et sa pléthore d’ennemis, la paranoïa de Peter est parfaitement justifiée et je ne compte pas protester contre les précautions qu’il estime nécessaires.

Comme il l’a dit, mieux vaut prévenir que guérir.

— Je vais te montrer la liste dans une seconde, répond-il.

Je me rends compte que nous venons d’arriver à destination.

Il manœuvre aisément pour se garer et contourne la voiture afin de m’ouvrir la portière. Je glisse ma main dans la sienne et il m’aide à sortir. Je ne suis pas étonnée le moins du monde quand il profite de cette occasion pour m’attirer à lui et m’embrasser.

Ses lèvres sont douces et souples sur les miennes. Son haleine est parfumée au sirop d’érable. Il n’y a aucune urgence dans ce baiser, rien de sombre – uniquement de la tendresse et du désir. Et pourtant, quand il lève la tête, mon pouls est tout aussi rapide que s’il m’avait kidnappée. La peau chaude de ma joue picote sous sa paume.

— Je t’aime, murmure-t-il en dardant sur moi son regard de braise.

Aussitôt, je rayonne et mon embarras est remplacé par une sensation légère et joyeuse.

— Je t’aime aussi.

Ces mots me viennent encore plus facilement aujourd’hui – parce qu’ils sont sincères. J’aime Peter.

Je l’aime même s’il me terrifie encore.

Il sourit et me conduit vers un banc.

— Viens.

Il me fait asseoir et sort son téléphone, effleurant l’écran à plusieurs reprises avant de me le tendre.

— Voici la liste que j’ai trouvée, dit-il en posant sur moi ses yeux argentés pleins de chaleur. Dis-moi quelles maisons te plaisent. Nous irons les visiter.

Au fur et à mesure que je parcours ces photos, ma gaîté s’intensifie.

Est-ce donc cela le vrai bonheur ?

— Allons discuter en marchant, dis-je après avoir passé les photos en revue.

Il acquiesce joyeusement. Tandis que nous marchons dans le parc en discutant des avantages et des inconvénients de chaque maison, il serre ma main dans la sienne.

— Tu ne trouves pas que quatre chambres, c’est trop petit ? demande-t-il avec un sourire interrogateur.

Je secoue la tête.

— Pourquoi dis-tu ça ?

— Eh bien…

Il s’arrête et se tourne vers moi.

— As-tu réfléchi au nombre d’enfants que tu aimerais avoir ?

Mon estomac se noue. Et voilà, le sujet que nous évitions depuis Chypre, quand Peter a avoué qu’il essayait de me faire tomber enceinte, quand j’ai eu un accident de voiture en essayant de fuir. Je m’attendais à ce que cette discussion revienne – nous n’utilisons plus de préservatifs depuis le retour de Peter et il a annoncé à mes parents qu’il aimerait que nous fondions une famille sans tarder. Pourtant, mon cœur bat la chamade et mes paumes deviennent moites dans les mains de Peter lorsque j’essaie d’imaginer un enfant avec lui.

Avec le tueur impitoyable qui m’aime au point de l’obsession.

Je prends une inspiration en puisant dans mon courage. Peter n’est plus un criminel, plus un fugitif, et je suis sa femme et non sa captive. Il a renoncé à sa vengeance pour cela – pour une vraie vie ensemble.

Des promenades au parc, des enfants, la totale.

— J’en imaginais trois, dis-je avec assurance, les yeux dans ses yeux. Mais je crois que je serais tout aussi heureuse d’en avoir un seul. Et toi ?

Un tendre sourire éclot sur son beau visage ténébreux.

— Au moins deux, si tout se passe bien avec le premier.

Il pose sa grande paume sur mon ventre.

— Crois-tu qu’il y a une chance… ?

Je recule en riant.

— Tu plaisantes ? C’est encore trop tôt pour le savoir. Tu es revenu il y a moins d’une semaine. Si je savais que j’étais enceinte, tu pourrais te poser des questions.

— C’est vrai, acquiesce-t-il en reprenant ma main pour la serrer dans une poigne possessive.

Nous recommençons à marcher et il me décoche un regard en coin.

— J’en déduis que tu es d’accord ?

— Pour avoir un bébé maintenant, tu veux dire ?

Il hoche la tête et j’inspire, levant les yeux vers un groupe de skateurs adolescents.

— Je crois. J’aimerais encore attendre un peu, mais je sais que c’est très important pour toi.

Il ne répond pas. Quand je le regarde, je vois que son expression s’est assombrie et que sa mâchoire est contractée. Il a les yeux rivés droit devant lui. Ma sensation de légèreté s’évapore lorsque je comprends que, sans le faire exprès, je lui ai rappelé la tragédie de son passé.

— Excuse-moi, dis-je en levant nos mains jointes pour appuyer son poing contre ma poitrine. Je ne voulais pas te remémorer ta famille.

Son regard rencontre le mien et la douleur à vif que j’y vois diminue un peu.

— Ce n’est rien, ptichka.

Sa voix est rauque quand il porte nos mains à ses lèvres et dépose un tendre baiser sur les jointures de mes doigts.

— Tu n’es pas obligée de marcher sur des œufs avec moi. Pasha et Tamila vivront éternellement dans mes souvenirs, mais tu es ma famille désormais.

Mon cœur se serre, formant une boule douloureuse. Il a raison. Je suis sa famille, et il est à moi. Comme le mariage est arrivé si vite, je n’ai pas eu l’occasion d’y penser longuement, d’articuler cette réalité dans mon esprit.

Nous sommes mariés.

Mariés pour de bon.

Je ne considère plus George comme mon mari parce que c’est Peter qui détient ce titre à présent – tout comme, à ses yeux, Tamila n’est plus son épouse.

— Tu as raison, poursuit-il tandis que j’en prends pleinement conscience. La famille est importante pour moi. J’ai envie que nous ayons un enfant et moi aussi, j’en veux un, bientôt. Malgré tout…

Il hésite avant d’avouer à mi-voix :

— Si tu as envie d’attendre, je ne te forcerai pas.

Je m’arrête pour le regarder, bouche bée.

— Vraiment ? Et pourquoi ?

Un sourire imprévisible apparaît sur son visage.

— Tu voudrais ?

— Non ! Je…

Je secoue la tête et retire ma main de la sienne.

— Je ne comprends pas, lui dis-je. Je croyais que c’était implicite. Tu sais, la vie de couple, tout ça. Tu m’as imposé le mariage, alors…

Aussitôt, son regard perd toute trace d’humour.

— Tu as failli mourir, mon amour. À Chypre, quand tu pensais que je te forcerais à tomber enceinte, tu as essayé de t’échapper et tu as failli mourir.

Je me mords la lèvre.

— C’était différent. Nous étions différents.

— Oui. Mais l’accouchement peut toujours s’avérer dangereux. Malgré toutes les avancées de la médecine de nos jours, une femme risque sa santé, si ce n’est sa vie. Et s’il t’arrivait quelque chose parce que j’ai insisté…

Il s’arrête et serre les dents en détournant le regard.

Je le dévisage, le cœur battant dans ma poitrine. Il y a peu de risques qu’il m’arrive quoi que ce soit à l’accouchement et mon instinct de médecin voudrait que je le lui dise, que je le rassure. Pourtant, à la dernière seconde, je me ravise.

— Alors, tu veux bien attendre ? je demande avec précaution.

Peter se retourne vers moi, le regard sombre.

— Tu préfères attendre, mon amour ?

Maintenant, c’est à mon tour de détourner les yeux. Est-ce vraiment ce que je veux ? Jusqu’à présent, j’avais cru que le retour de Peter et le mariage précipités signifiaient que l’arrivée d’un enfant ne se ferait pas attendre. Je m’étais résignée à cette pensée, et dans une certaine mesure, je l’avais même acceptée.

Au moins, mes parents pourront avoir les petits-enfants qu’ils désirent tant – un point positif auquel je n’avais pas réfléchi jusqu’à notre dîner de l’autre soir.

— Sara ? insiste Peter

Je lève les yeux pour rencontrer son regard.

Elle est là.

Mon occasion de repousser l’échéance.

De prendre la bonne décision, la décision la plus intelligente.

D’avoir un enfant quand je serai certaine que nous en sommes capables, que Peter peut mener ce genre de vie.

Tout ce que je dois faire, c’est dire oui, utiliser le choix qu’il m’offre. Mais ma bouche refuse de formuler ce mot. Au lieu de quoi, je plonge les yeux dans les siens, où la tension est palpable, et je m’entends dire :

— Non.

— Non ?

— Non, je ne veux pas attendre.

À peine ai-je fait taire la voix de la raison qui hurle dans mon esprit qu’un sourire joyeux et radieux étire ses lèvres.

C’est peut-être la mauvaise décision, mais en cet instant, ce n’est pas mon impression. Peter avait raison quand il disait que la vie est courte. Elle est courte et incertaine, remplie d’écueils. J’ai toujours vécu avec prudence, prévoyant mon avenir en partant du principe qu’il y en aurait un, mais si j’ai appris quelque chose ces deux dernières années, c’est qu’il n’y a jamais aucune garantie.

Il n’y a qu’aujourd’hui, que maintenant.

Il n’y a que nous, ensemble et amoureux.

Nous passons encore une heure dans le parc, puis nous allons faire des emplettes pour les repas des jours suivants. Peter achète de quoi nourrir un régiment. Quand je l’interroge à ce sujet, il m’annonce qu’il a l’intention d’inviter mes parents pour le dîner de vendredi – et de me préparer un déjeuner à emporter chaque jour de la semaine.

Dès que nous rentrons, il disparaît dans la cuisine et je rejoins mon ordinateur pour répondre aux messages de félicitations et découvrir de nombreuses cartes cadeaux – un choix populaire pour la majorité des invités à notre mariage, étant donné que personne n’a eu le temps de faire les boutiques afin de trouver un vrai cadeau. J’imprime tous les bons d’achat, je les classe en catégories, j’applique les codes aux boutiques en ligne spécifiques et je rédige des messages de remerciement. Tout cela me prend moins de quarante minutes – encore un avantage de ce mariage éclair et simple.

Avec George, nous avions consacré deux week-ends d’affilée à cette tâche.

Je m’apprête à éteindre l’ordinateur quand j’aperçois un autre email dans ma boîte de réception – de la part d’un expéditeur inconnu, avec pour objet le mot : Félicitations.

Je l’ouvre, m’attendant à découvrir une autre carte cadeau, mais j’y trouve un bref message.

Félicitations pour ce beau mariage. Si tu as besoin de nous joindre, n’hésite pas à utiliser cette adresse email.

Tous nos meilleurs vœux,

Yan

Je cligne des yeux en regardant le message. Je me demande bien comment l’ancien coéquipier de Peter a eu mon email et pourquoi il a décidé de m’écrire, mais j’ajoute son adresse à ma liste de contacts, juste au cas où.

Après avoir terminé de trier les cadeaux, je suis le délicieux fumet jusqu’à la cuisine, où Peter prépare le déjeuner.

C’est peut-être trop tôt pour le dire, mais je me sens optimiste.

Ce mariage va fonctionner.

Ensemble, nous nous en assurerons.

3

Peter

Pendant le déjeuner, je sens à peine le goût des aliments tant mon attention est rivée sur Sara qui me parle de nos cadeaux de mariage et du curieux message de Yan. Ses yeux noisette sont presque verts et elle parle avec animation, décrivant de grands gestes avec sa fourchette. Sa peau semble pâle comme de la crème dans la lumière vive du soleil qui se déverse par la fenêtre de la cuisine. Vêtue d’une robe bleue décontractée, ses cheveux bruns tombant en boucles souples sur ses frêles épaules, cette femme est un rêve devenu réalité et mon cœur se serre quand je songe à notre séparation forcée de plusieurs mois.

Je ne la quitterai plus jamais.

Elle m’appartient, jusqu’à ce que la mort nous sépare.

— Pourquoi crois-tu qu’il a décidé de me donner son adresse email ? Tu penses qu’il veut simplement garder le contact ? demande-t-elle en piquant un morceau de concombre dans sa salade russe.

Je m’efforce de me concentrer sur la conversation, refoulant mon envie de l’étendre sur la table et de la dévorer – elle plutôt que le repas que j’ai préparé.

— Je n’en ai aucune idée, lui dis-je.

C’est vrai. Yan Ivanov a repris les rênes de notre société d’assassinats commandités après mon départ. Il est peu probable qu’il espère mon retour. Pendant des mois, il y a eu des tensions entre nous et si je ne m’étais pas retiré de mon plein gré, je crois bien qu’il aurait fait son possible pour prendre ma place.

Cela dit, il est persuadé que je ne suis pas fait pour la vie civile. Il me l’a dit lors de notre mariage. Peut-être s’attend-il à ce que je revienne et garde-t-il un œil sur la situation au cas où cela se produirait.

Avec Yan, on ne sait jamais.

— Eh bien, j’espère qu’ils viendront nous rendre visite, dit Sara. Je parle des gars. Je n’ai pas eu l’occasion d’échanger avec eux pendant le mariage, et maintenant je culpabilise.

Je hausse les sourcils.

— Vraiment ? C’est pour ça que tu culpabilises ?

Elle baisse les yeux sur son assiette de salade.

— Et aussi parce que j’ai failli te faire faux bond, naturellement.

Les bords du manche métallique de la fourchette m’entament la paume et je me rends compte que je le serre trop fort. Je n’en veux plus à ma ptichka, mais je me sens encore vaguement vexé. Je comprends que cela a été difficile pour elle d’admettre qu’elle m’aimait, de m’accepter pleinement après tout ce que j’ai fait. Je ne devais pas lui laisser le choix, et c’est ce que j’ai fait en menaçant ses amis pour la forcer à venir au mariage.

Non, la source de ma colère n’est pas Sara, mais l’homme qui a essayé de la manipuler pour lui faire renoncer à notre union.

L’agent Ryson.

Le fait qu’il ait osé débarquer comme ça me remplit d’une rage noire. Je laisse Henderson tranquille, ils nous laissent tranquilles, Sara et moi – c’était notre accord. Plus de surveillance par le FBI, plus de harcèlement. Une ardoise vierge pour nous permettre de couler des jours paisibles.

Il a aussi menacé Sara. Il l’a accusée d’avoir comploté avec moi pour le meurtre de son mari. Je ne sais pas vraiment ce qu’il lui a dit, mais ce devait être assez violent pour provoquer chez elle une telle réaction.

En d’autres circonstances, il serait déjà rongé par les vers, mais à présent, je suis censé mener une vie d’honnête citoyen. Je ne peux pas me mettre à tuer des agents du FBI – pas sans renoncer à la vie pour laquelle je me suis battu, la vie civile dont Sara a besoin. Alors, malgré la tentation, j’ai laissé la vie sauve à Ryson – pour l’instant, du moins. Plus tard, quand l’eau aura coulé sous les ponts, il subira peut-être un accident malheureux ou une agression violente comme le beau-père de la patiente de Sara… mais je réserve cette pensée pour un autre jour.

Aujourd’hui, j’ai Sara pour moi tout seul et j’ai bien l’intention d’en profiter.

— Ne t’inquiète pas, mon amour, dis-je tandis que ma jeune épouse continue de manger en silence, évitant soigneusement mon regard. C’est fini. C’est du passé, comme toutes les erreurs que nous avons commises. Concentrons-nous sur le présent et sur l’avenir… vivons sans jamais regarder en arrière.

Elle lève un regard hésitant.

— Crois-tu vraiment que c’est possible ?

— Oui, lui dis-je avec conviction.

Je me penche vers elle et porte sa main à mes lèvres pour un tendre baiser.

Après le déjeuner, nous allons visiter les propriétés que je lui ai montrées et Sara tombe sous le charme d’une maison – une demeure victorienne de cinq chambres, bâtie dans les années quatre-vingt, mais intégralement rénovée l’an passé. Il y a un immense jardin – pour le chien et les enfants, me dit-elle joyeusement – et une magnifique cheminée dans le salon. La proximité avec les voisins et le jardin entièrement ouvert me chagrinent, mais si nous plantons des arbres et dressons une clôture, nous aurons une intimité suffisante.

Quoi qu’il en soit, c’est toujours mieux que l’appartement de location actuel de Sara.

Avant de partir, je fais une offre en argent liquide supérieure aux prix du marché et l’agent immobilier nous appelle quelques minutes plus tard pour nous annoncer que l’offre a été acceptée.

— Et voilà, dis-je à Sara en raccrochant. Nous signons l’acte de vente la semaine prochaine.

Elle écarquille les yeux.

— C’est vrai ? Comme ça ?

— Pourquoi pas ?

Elle éclate de rire.

— Oh, je ne sais pas. J’imagine que la plupart des gens n’achètent pas des maisons aussi facilement que des paires de chaussures.

Je souris et je lui prends la main.

— Nous ne sommes pas la plupart des gens.

— Non, dit-elle avec ironie en levant les yeux vers moi. Tu as raison.

Nous rentrons à la maison et je prépare le dîner – des escalopes grillées avec de la purée de patate douce et des brocolis à la vapeur. Pendant le repas, Sara aborde la question du déménagement et je lui annonce que je m’occuperai de tout, comme je l’ai fait pour les préparatifs du mariage.

— Tout ce que tu devras faire, c’est entrer dans ta nouvelle maison, dis-je en lui servant un verre de Pinot Gris.

Soudain, je me remémore sa contrariété inexplicable lorsque j’avais vendu sa Toyota et j’ajoute :

— À moins que tu veuilles qu’on le décide ensemble ? Tu veux peut-être choisir de nouveaux meubles ou des décorations ?

Elle esquisse un sourire timide.

— Non, je crois que c’est bon. Je ne suis pas très pointilleuse sur les questions ménagères. Si tu veux tout gérer, ça ne me dérange pas.

— Alors, à notre nouveau chez nous.

Je lève mon verre et je le fais tinter contre le sien.

— Et à notre nouvelle vie.

— À notre nouvelle vie, répond-elle d’une voix douce avant de siroter son vin.

Je ne peux m’empêcher de me rappeler la fois où elle a essayé de droguer mon vin, au début de notre relation. Elle était tellement méfiante à l’époque, tellement convaincue de me détester.

Est-ce encore le cas ? D’une certaine manière ?

L’humeur assombrie, je pose mon verre et je me lève. Contournant la table, je hisse Sara sur ses pieds.

— Qu’est-ce que… commence-t-elle.

Mais déjà, je l’embrasse, goûtant le vin sur ses lèvres.

Ses lèvres souples et rebondies qui m’ont attiré toute la journée.

J’ai fait de mon mieux pour me comporter en bon mari, pour faire tout ce que font les couples en temps normal au lieu de l’enchaîner à mon lit et de la baiser toute la journée comme l’exige mon instinct. J’ai été calme et patient, je l’ai laissé se remettre de la nuit passée, mais je ne peux plus rester aussi civilisé.

J’ai besoin d’elle.

Ici.

Maintenant.

Elle jette les bras autour de mon cou et son corps svelte se cambre contre moi lorsque je la serre, avide de son goût et de son odeur, de la sensation de sa langue délicate sur la mienne. Cette femme est un vrai délice et ma queue durcit. Mon cœur s’emballe furieusement dans ma cage thoracique et je pousse les assiettes d’un mouvement du bras sans me soucier du désordre que je provoque.

De toute façon, nous devons racheter de la vaisselle.

Elle tressaille quand je l’étends sur la table et retrousse sa robe d’été, exposant ses cuisses pâles et un joli string bleu à la bordure en dentelle. Incapable de me contrôler, je déchire la soie et j’enfouis ma tête entre ses cuisses. Ma langue plonge avec gourmandise entre les replis de son entrejambe et mes lèvres se referment autour de son clitoris. Je l’aspire avec fougue, ses jambes sur les épaules.

— Peter… Oh, mon Dieu ! Peter…

Elle décolle les hanches et serre les poings dans mes cheveux. J’ai l’impression que ma queue va exploser dans mon jean quand je sens son goût sur ma langue, son parfum chaud et féminin et la sensation de sa chair soyeuse. J’aime tout chez elle, ses petits ongles nets qui m’éraflent le crâne, ses cuisses toniques pressées contre mes oreilles, les gémissements étouffés dans sa gorge et son sexe lisse qui frémit et se contracte sous ma langue.

C’est le paradis, le septième ciel. Je n’en reviens pas de m’être passé de cela – d’elle – pendant neuf longs mois insoutenables.

Tout en me délectant de son clitoris, je glisse un doigt en elle. L’intrusion lui fait bouger les hanches. Les parois moites de son sexe se crispent et elle commence à onduler, me suppliant sans un mot.

— Presque… encore un peu, je gronde entre ses jambes, la caressant de l’intérieur.

Lorsque je trouve la chair spongieuse qui détermine son point G, tout son corps se cambre et elle jouit dans un cri affolant. Ses mains se resserrent frénétiquement dans mes cheveux et son sexe palpite autour de mon doigt.

À présent, ma queue menace d’exploser dans mon jean et je retire mon doigt avant de la retourner sur le ventre. Puis je l’attire vers moi jusqu’à ce qu’elle soit penchée au-dessus de la table, sa robe autour de la taille. Les globes blancs et fermes de ses fesses s’offrent à moi, avec son sexe encore luisant de ma salive et de sa propre excitation. Incapable de me retenir plus longtemps, je baisse la fermeture de mon jean et je le quitte, emportant mon boxer avec lui, libérant ma queue endolorie.

— Prête ? dis-je d’une voix éraillée.

En même temps, je me penche sur elle et je guide mon sexe vers le sien. Sa respiration s’accélère sensiblement lorsque je la pénètre sans attendre sa réponse.

À l’intérieur, elle est glissante, d’une douceur veloutée. Sa chair tendre se resserre fermement, s’ajustant comme un gant autour de moi. C’est si parfait que mes bourses remontent contre mon corps et qu’un gémissement grave s’échappe de ma gorge tandis que j’enfonce les doigts dans ses hanches.

C’est une pure folie, de la démence absolue. Après notre discussion de la veille au soir, nous avons fait l’amour à deux reprises avant de trouver le sommeil et je ne devrais pas éprouver cela, cette envie si éperdue. Je suis à deux doigts de perdre le contrôle. Mais je suis insatiable. Avec Sara, je suis toujours affamé. Le besoin de la posséder me colle à la peau, mon désir sombre se propage le long de ma colonne vertébrale. Je le sens brûler dans mes veines, m’enflammant de l’intérieur.

Elle est mon addiction et je ne l’assouvirai jamais complètement.

Libérant ses hanches, je l’attrape par les coudes et je tire pour la forcer à cambrer son dos avant de la pilonner avec force. Ses muscles internes se contractent autour de moi et je redouble d’ardeur.

Elle crie un peu plus à chaque poussée punitive. J’exerce une pression sur ses coudes. Le haut de son corps ne touche plus la table. Je sens l’orgasme monter en moi, le plaisir déferler comme un tsunami. En gémissant, je rejette la tête en arrière sans cesser de la labourer avec vigueur. Ses cris s’intensifient, son sexe se contracte autour de moi et tout son corps se raidit. Des spasmes la parcourent et je suis emporté avec elle. J’éjacule en sentant sa chair moite se refermer autour de moi, me pomper et me comprimer jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien.

Enfin, je m’effondre, la plaquant sur la table tout en reprenant ma respiration. J’inhale le parfum enivrant de sexe, de sueur et de sa peau.

Ma Sara. Ma femme.

Mon obsession.

Nous pourrions passer l’éternité ensemble et ce ne serait toujours pas suffisant.

4

Henderson

Allongé sur mon lit, je regarde le plafond. Pour la deuxième nuit d’affilée, je n’arrive pas à fermer l’œil. Des pensées noires s’infiltrent dans mon esprit et mon cou ne cesse de se bloquer.

Le plan que je mets en place est extrême, et même monstrueux, mais je n’ai pas d’autre choix. Je ne peux pas frapper directement Sokolov – son épouse et lui sont trop bien surveillés. Si j’essaie et rate mon coup, la vengeance sera infernale.

Et puis, Sokolov n’est pas le seul que je cherche à éliminer.

Ses alliés sont tout aussi dangereux… pour moi, ma famille et le monde au sens large.

C’est le seul et unique moyen.

Ils doivent payer, lui et les autres.

5

Sara

Je me réveille en entendant la sonnerie discrète. J’éteins mon réveil, je roule sur le dos et je m’étire, à la fois engourdie et satisfaite. Après avoir nettoyé la cuisine et pris une douche, Peter m’a fait l’amour une fois de plus avant que nous laissions le sommeil nous emporter, puis une fois supplémentaire pendant la nuit.

Il faudrait mettre en bouteille l’énergie sexuelle de cet homme et la vendre comme stimulant. Cela vaudrait une petite fortune.

Souriant à cette idée, je me lève d’un bond et file sous la douche. Je sens déjà le repas délicieux que prépare Peter et mon estomac est fin prêt à entamer la journée.

— Bonjour, ptichka, m’accueille-t-il lorsque j’entre dans la cuisine après m’être rapidement douchée et habillée pour le travail.

Sur la table, je découvre deux assiettes avec du pain grillé, de l’avocat et des œufs, et un sac en papier sur le plan de travail – sans doute pour que je l’emporte à la clinique.

— Salut.

Les battements de mon cœur s’accélèrent quand je le vois. Aujourd’hui, il est torse nu. Il porte son jean foncé bas sur les hanches, et les tatouages sur ses bras luisent dans la lumière du matin. Son corps est une œuvre d’art fuselée, avec des muscles parfaitement définis, des épaules larges et une taille étroite. Même les cicatrices sur son torse présentent une forme de beauté violente et dangereuse – tout comme lui.

— As-tu le temps de manger ? demande-t-il.

J’acquiesce en réprimant l’envie de passer la langue sur mes lèvres devant les abdominaux fermes sous mes yeux.

Peter n’est peut-être pas le seul à avoir une libido débridée, tout compte fait.

C’est une maladie contagieuse.

— J’ai quinze minutes, dis-je péniblement, me forçant à rejoindre la table au lieu de m’approcher de lui.

Si je l’embrasse maintenant, nous retournerons au lit, à la case départ.

— Tant mieux. Je t’emmène au travail ce matin, déclare-t-il en s’attablant à son tour.

Il prend son pain grillé et y mord à belles dents. J’en fais de même avec le mien, savourant le piquant du citron combiné à l’œuf à la poêle et au pain de seigle croustillant.

— Tu as une semaine chargée ? demande-t-il alors que je termine ma tartine.

Je hoche la tête en tamponnant une serviette sur mes lèvres.

— Oui, pour tout dire. Très chargée. Wendy et Bill – tu sais, mes patrons – viennent de partir en vacances et j’examine certaines de leurs patientes en plus des miennes. Oh, et je déclenche un accouchement demain après-midi, alors je rentrerai sûrement tard. Et puis, la deuxième moitié de la semaine, je suis de service à la clinique.

— Je vois.

L’expression de Peter est neutre, mais je sens son humeur s’assombrir subtilement. Il n’est pas content et je ne peux pas lui en vouloir.

Moi aussi, je préférerais passer du temps avec lui plutôt que d’aller travailler.

— Seras-tu de retour pour le dîner ce soir ? demande-t-il.

Je souris, ravie de pouvoir lui donner de bonnes nouvelles à ce sujet.

— Oui, normalement. S’il n’y a pas d’urgences.

— D’accord, dit-il en se levant. Je vais enfiler une chemise et je te conduirai au boulot.

— Merci… et merci pour ce délicieux petit-déjeuner.

Mais il a déjà disparu dans la chambre.

6

Peter

À pied, le cabinet de Sara est proche de son appartement, et en voiture le trajet ne dure que quelques minutes. Bien trop tôt à mon goût, je me gare au bord du trottoir et je remets à Sara son déjeuner. Je préférerais encore me couper un bras plutôt que de la laisser quitter ce véhicule.

J’appréhende de passer toute la journée sans la voir, sans la toucher ni lui parler avant le soir. C’est encore plus difficile que la semaine précédente, car maintenant que nous avons passé le dimanche ensemble, je sais à quoi ressemble le paradis.

C’est ce que nous vivions au Japon, sans l’animosité amère, sans la rancune qu’éprouvait Sara parce que je l’avais arrachée à sa carrière et à tous les gens qu’elle aimait.

Malgré tout, il me faut toute ma force pour rester assis et calme tandis qu’elle pose un baiser sur ma joue et murmure :

— Je t’aime, à tout à l’heure !

Aussitôt, elle sort de la voiture.

Je regarde sa silhouette élancée disparaître dans le bâtiment, puis j’envoie un message à l’équipe pour lui donner les instructions de la journée concernant la protection de Sara.

Si je ne peux pas être avec elle, au moins je saurai où elle est et ce qu’elle fait.

Je tiens à m’assurer qu’elle est en sécurité.

Je passe la matinée à transférer les fonds nécessaires pour l’acte de vente du jeudi et à organiser le déménagement à venir. Je prévois une installation dans la nouvelle maison dès la semaine prochaine, ce qui signifie qu’il y a beaucoup de travail à faire. Même si les lieux viennent d’être rénovés et ne demanderont pas d’améliorations majeures, je dois mettre en place des mesures de sécurité efficaces.

Quartier paisible ou non, notre maison sera une forteresse, et personne – surtout pas l’agent Ryson – ne pourra plus jamais aborder Sara dans sa propre maison.

C’est le milieu de l’après-midi et je rince des légumes pour le dîner lorsque mon téléphone vibre sur le plan de travail. En appuyant sur l’écran avec un doigt encore humide, je découvre le texto de Sara.

Je suis désolée. La clinique vient d’appeler. Ils sont débordés et ils me supplient de venir. Ce ne sera que jusqu’à dix heures du soir. Vraiment désolée.

La courgette que je nettoyais se brise en deux morceaux et j’écarte le téléphone avec mon coude pour éviter de lui faire subir le même sort.

Putain, j’aurais dû m’en douter.

« S’il n’y a pas d’urgence » est sans doute un code pour : « Une urgence va forcément se produire ». C’était déjà comme ça avant le Japon et même si le travail actuel de Sara se concentre sur l’aspect obstétrique de son métier de gynécologue-obstétricienne, son état d’esprit n’a pas changé.

Le travail passe toujours en premier pour elle, même le bénévolat à la clinique.

Il me faut bien vingt minutes pour me calmer et retrouver des pensées rationnelles. La carrière de Sara est l’une des raisons pour lesquelles j’ai pris autant de risques avec Novak et Esguerra, acceptant de renoncer à ma vengeance contre Henderson. Son rôle de médecin – aider les patients – est très important pour elle. Elle a besoin de sa carrière tout autant qu’elle a besoin de sa famille et de ses amis. Je le savais quand je l’ai enlevée, mais à l’époque, ça n’avait pas d’importance à mes yeux.

Tout ce qui comptait pour moi, c’était de la garder.

Maintenant que je suis avec elle et qu’elle est heureuse, je ne peux plus revenir sur ce mode de pensées. Je ne peux pas oublier ce que c’était que d’être la source de son malheur, car chaque fois qu’elle me regardait, je voyais le chagrin dans ses yeux.

À présent, c’est différent. Elle a encore quelques réserves, mais elle a enfin avoué qu’elle m’aimait – suffisamment pour avoir un enfant avec moi.

Une fille ou un fils… comme Pasha.

Pendant un moment, j’éprouve des difficultés à respirer, mais l’angoisse passe, laissant une douleur sourde dans son sillage. Ces derniers mois, j’arrive à penser à Pasha plus souvent, sans la fureur qui empoisonne mes souvenirs. Et je sais que c’est grâce à elle.

Mon petit oiseau que j’ai tellement envie d’emprisonner à nouveau dans une cage.

Après une grande inspiration, je soupire enfin et je me concentre sur la cuisine, une tâche apaisante. Si Sara ne peut pas rentrer ce soir, alors c’est moi qui la rejoindrai.

7

Sara

J’imagine que l’un des hommes de Peter va m’accompagner à la clinique, mais c’est mon mari en personne qui m’attend au bord du trottoir.

Je souris et ma fatigue s’estompe. Ses yeux balaient mon corps avant de se poser avidement sur mon visage.

— Salut.

Je me blottis directement dans ses bras et j’inspire profondément tandis que ses bras musclés se referment autour de moi, m’attirant résolument contre son torse. Il sent le propre, un parfum bon et chaud, typiquement masculin – l’odeur familière de Peter que j’associe maintenant au réconfort.

Il me serre ainsi pendant un long moment, puis il s’écarte pour me regarder.

— Tu as passé une bonne journée, mon amour ? dit-il d’une voix agréable, effleurant les cheveux qui encadrent mon visage.

Rayonnante, je lui réponds :

— Une journée animée, mais c’est encore mieux.

Je suis dérisoirement heureuse qu’il soit venu me conduire lui-même à la clinique.

Il me rend mon sourire.

— Je t’ai manqué, n’est-ce pas ?

— Oui… j’avoue alors qu’il ouvre la portière pour me laisser entrer. Tu m’as beaucoup manqué.

Le sourire avec lequel il me répond me donne envie de me liquéfier sur le siège.

— Tu m’as manqué aussi, ptichka.

— Je suis désolée de devoir y aller, dis-je tandis que nous quittons le bord du trottoir.

Il flotte une odeur délicieusement épicée dans l’habitacle et mon estomac gronde au moment même où j’ajoute :

— J’attendais avec impatience ce bon dîner à la maison.

Peter me jette un coup d’œil.

— Je t’ai apporté le dîner. Il est sur la banquette arrière.

— C’est vrai ?

Je me retourne sur mon siège et je repère l’origine de ces délicieux effluves – un autre sac.

— Waouh, merci. Tu n’étais pas obligé, mais j’apprécie beaucoup.

Je me penche et je prends le sac en papier, que je pose sur mes genoux.

J’allais m’acheter des bretzels dans un distributeur de la clinique, mais c’est infiniment mieux.

— Pourquoi dois-tu faire ça ? demande Peter en s’arrêtant au feu rouge.

Son ton est détaché, mais je ne suis pas dupe.

Lui aussi, il se réjouissait de dîner avec moi.

— Je suis vraiment désolée, dis-je avec sincérité.

Quand Lydia, la réceptionniste de la clinique, m’a appelée à la pause déjeuner, j’ai failli refuser sa demande – mais si je n’y allais pas, plusieurs dizaines de femmes ne pourraient pas avoir leur dépistage du cancer et leurs soins prénataux essentiels, et la raison a fini par l’emporter.

— Ils sont à court de bénévoles aujourd’hui. Je ne pouvais pas les laisser le bec dans l’eau.

Il me lance un regard en coin.

— Tu ne pouvais vraiment pas ?

Je m’interromps en ouvrant le sac en papier.

— Non, dis-je sur un ton sans appel. Je ne pouvais pas.

Et voilà, ce que j’appréhendais depuis le début. Je me doutais que ce ne serait qu’une question de temps avant que mes horaires à rallonge commencent à lui poser problème. De toute évidence, j’avais raison de me faire du souci.

Tendue, je m’apprête à essuyer un ultimatum, mais Peter se contente d’appuyer sur la pédale pour accélérer en douceur.

— Mange, mon amour, dit-il sur le même ton impassible. Tu n’as pas beaucoup de temps.

Je suis son conseil et j’attaque le plat – un mélange de légumes à la semoule avec du poulet grillé. L’assaisonnement me fait penser au fameux kebab d’agneau que nous préparait Peter au Japon. J’avale le tout en quelques minutes.

— Merci, dis-je en m’essuyant la bouche avec la serviette en papier qu’il a eu la délicate attention d’apporter avec les couverts. C’était un délice.

— Il n’y a pas de quoi.

Il tourne dans la rue de la clinique et se gare juste devant le bâtiment.

— Viens, je t’accompagne à l’intérieur.

— Oh, tu n’es pas obligé…

Je n’en dis pas plus, car il contourne déjà la voiture.

Il m’ouvre la portière et il m’aide à sortir, m’escortant dans le bâtiment comme si je risquais de m’éloigner s’il ne posait pas sa main au bas de mon dos.

Je m’attends à ce qu’il s’arrête devant la porte, mais il entre avec moi.

Troublée, je lève les yeux vers lui.

— Qu’est-ce que tu fais ?

— Te voilà ! s’écrie Lydia en accourant, le soulagement manifeste sur son large visage. Dieu merci, je croyais que tu n’allais pas… Oh, bonjour.

Elle rougit en voyant Peter. Il est évident qu’il la fait complètement craquer.

— Peter allait juste…

J’ai commencé à parler, mais il sourit en s’avançant.

— Peter Garin. Nous nous sommes rencontrés au mariage, dit-il en tendant la main.

La réceptionniste ouvre de grands yeux et elle lui serre vigoureusement la main.

— Lydia, dit-elle, le souffle court. Encore une fois, toutes mes félicitations. C’était une belle cérémonie.

— Merci.

Il lui sourit et je sens qu’elle se pâme intérieurement.

— Vous savez, dit-il, Sara vient de me dire que vous manquez de bénévoles ce soir. Je ne suis pas médecin, c’est évident, mais je peux sans doute faire quelque chose pour vous aider ? Vous avez peut-être des dossiers à classer ou quelque chose à réparer ? Nous n’avons qu’une voiture pour l’instant et j’aime mieux ne pas faire l’aller-retour pour revenir chercher Sara.

— Oh, bien sûr.

L’excitation de Lydia semble monter en flèche.

— Merci, il y a tellement de travail. Vous dites que vous êtes bricoleur ? Par hasard, maîtrisez-vous un peu l’informatique ? Parce que j’ai un logiciel récalcitrant et…

Elle l’entraîne en jacassant. Incrédule, je regarde mon assassin de mari disparaître à l’angle du couloir sans même un regard en arrière.

8

Peter

J’aide Lydia avec son problème informatique, je répare un robinet qui fuit et j’accroche quelques décorations dans la salle d’attente sous les yeux fascinés d’une vingtaine de femmes – enceintes pour la plupart.

Seul médecin ici ce soir, Sara reçoit une file interminable de patientes et je ne la dérange pas. Il me suffit de savoir qu’elle n’est qu’à quelques salles de moi et que je peux la rejoindre en une minute s’il le faut.

Une fois que toutes les tâches basiques ont été effectuées, j’entreprends d’assembler une machine à ultra-sons qu’un hôpital de la région leur a donnée. Je n’ai encore jamais travaillé avec des équipements médicaux, mais j’ai toujours été doué pour bricoler les choses – les armes, les explosifs, les dispositifs de communication. J’ai tôt fait de découvrir quelle pièce va où et de la tester pour m’assurer que tout fonctionne.

— Oh, mon Dieu, vous me sauvez la vie, comme votre femme, s’exclame Lydia quand je lui montre le résultat. Ça fait des mois que nous attendions le passage du technicien. Nous allons enfin pouvoir nous en servir ! Sara est avec sa dernière patiente en ce moment. Croyez-vous que vous auriez le temps de réparer ce placard aussi ? Il penche et…

— Aucun problème.

Je la suis dans l’une des salles d’examen et j’ajoute quelques vis pour faire en sorte que le placard en question ne tombe sur la tête de personne.

— Vous êtes doué, s’extasie la réceptionniste une fois que j’ai terminé. Avez-vous déjà travaillé dans le bâtiment ? Vous semblez avoir l’habitude de la perceuse et de tous ces…

— J’ai travaillé sur des projets de construction quand j’étais adolescent, dis-je sans entrer dans les détails.

Cette femme n’est pas obligée de savoir que les projets en question étaient du travail forcé dans une version pour jeunes du goulag sibérien.

— Je m’en doutais, fait-elle avec un grand sourire. Je vais voir si Sara a terminé.

— Merci, dis-je en lui rendant son sourire. J’aimerais ramener ma femme à la maison.

La réceptionniste s’empresse de détaler et je m’étire les bras pour apaiser mes muscles raides. Ça ne fait que quelques jours, mais je suis fébrile. J’ai envie de bouger et de faire de l’activité physique. Après avoir préparé le dîner, je suis parti courir au parc et je me suis arrêté dans une salle de boxe pour me défouler, mais ça ne m’a pas suffi.

J’ai besoin de défis.

Pour la première fois, je me demande sérieusement ce que je vais faire du reste de ma vie. Grâce au double coup Esguerra-Novak, j’ai bien assez d’argent pour Sara et moi, ainsi qu’une douzaine d’enfants et de petits-enfants – surtout si nous ne prenons pas l’habitude d’acheter des avions privés, des armes spécifiques et autres babioles hors de prix. Je n’ai pas à travailler pour nous faire vivre et je n’avais pas d’autre projet que de retrouver Sara et l’unir à moi – en partie parce que j’ai toujours apprécié les moments de repos entre deux missions.

Maintenant, je commence à me rendre compte que c’était uniquement parce que ce repos n’était que temporaire, parce qu’une mission bourrée d’adrénaline m’attendait dans un avenir proche. À présent, il n’y a plus rien – rien qu’une série de jours paisibles et sereins à l’infini.

Des jours où tout ce que j’aurai à faire, c’est penser à Sara et attendre qu’elle rentre à la maison.

— Peter ?

Sara passe la tête dans la salle et un grand sourire illumine son visage lorsqu’elle pose les yeux sur moi.

— Je suis prête à rentrer si tu es prêt.

— Allons-y, dis-je, reléguant mon problème à un autre jour.

Je réfléchirai plus tard à ce que je ferai de mon temps.

Pour le moment, j’ai ma ptichka et je n’ai besoin de rien d’autre.

9

Sara

Les deux jours de travail suivants s’écoulent dans un brouillard. Mardi, je reste tard à l’hôpital pour un accouchement. Mercredi, je suis encore de service à la clinique où, une fois de plus, je suis le seul médecin à recevoir toutes les patientes.

C’est épuisant, mais ça ne me dérange pas, parce que Peter trouve un moyen d’être près de moi tous les soirs – le mardi en consultant ses emails au Snacktime Café à côté de l’hôpital, afin que je puisse passer le voir en attendant que ma patiente soit prête à accoucher, et le mercredi en faisant à nouveau du bénévolat à la clinique, non loin de moi.

— Pourquoi fais-tu ça ? je lui demande alors que nous arrivons en voiture devant la clinique. Comprends-moi bien, j’en suis très contente. Et Lydia est aux anges, évidemment. Mais est-ce vraiment ce que tu veux ?

Il tourne vers moi ses yeux brillants couleur argent.

— Ce que je veux, c’est toi dans mon lit, vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. Ou à défaut, menottée à moi en permanence. Mais comme je sais à quel point tu tiens à ta carrière, j’opte pour ce qui s’en rapproche le plus.

Je le dévisage en me demandant comment réagir. Avec un autre homme, je serais convaincue que c’est une plaisanterie, mais avec Peter, loin de moi cette idée. D’autant plus que je comprends ce qu’il ressent.

Il me manque terriblement quand nous sommes séparés.

Nous nous arrêtons devant la clinique une minute plus tard et je me prépare à un flot de patientes tandis que Lydia entraîne Peter pour lui faire déplacer des meubles. De dix-neuf à vingt-deux heures, des femmes me consultent pour des désagréments mineurs avant qu’un nom de famille sur le planning me saute aux yeux.

Monica Jackson.