Hold Me - Tiens Moi: L'Enlèvement t. 3 - Anna Zaires - E-Book

Hold Me - Tiens Moi: L'Enlèvement t. 3 E-Book

Anna Zaires

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Beschreibung

Le ravisseur et sa captive. Deux amants. Deux âmes soeurs.

Nous sommes tout cela à la fois. Et infiniment plus.

Nous pensions que le pire était derrière nous. Nous pensions que la chance allait enfin nous sourire.

Nous avions tort.

Nous sommes Nora et Julian, et voici notre histoire.

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Hold Me - Tiens Moi

L'Enlèvement t. 3

Anna Zaires

♠ Mozaika Publications ♠

Ceci est un roman. Les noms, les personnages, les lieux et les événements ont été imaginés par l’auteur ou sont utilisés de manière fictive et toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou non, avec des entreprises existantes, des événements ou des lieux réels est purement fortuite.

Copyright © 2015 Anna Zaires

https://www.annazaires.com/book-series/francais/

Tous droits réservés.

Aucun extrait de ce livre ne peut être reproduit, scanné ou distribué sous forme imprimée ou sous forme électronique sans la permission expresse de l’auteur sauf pour être cité dans un compte-rendu de presse.

Publié par Mozaika Publications, imprimé par Mozaika LLC.

www.mozaikallc.com

Couverture : Najla Qamber Designs

Sous la direction de Valérie Dubar

Traduction : Julie Simonet

e-ISBN: 978-1-63142-111-2

Print ISBN: 978-1-63142-112-9

Table des matières

I. Le Retour

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

II. La Convalescence

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

III. Le Voyage

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

Chapitre 19

Chapitre 20

Chapitre 21

Chapitre 22

Chapitre 23

Chapitre 24

Chapitre 25

Chapitre 26

Chapitre 27

Chapitre 28

Chapitre 29

Chapitre 30

Chapitre 31

Chapitre 32

Chapitre 33

Chapitre 34

Chapitre 35

Chapitre 36

Chapitre 37

Chapitre 38

IV. Le Contrecoup

Chapitre 39

Chapitre 40

Chapitre 41

Épilogue

Extrait de Liaisons Intimes

Extrait de Capture-Moi

Extrait de La captive des Krinars

Extrait de Lecteurs de Pensée

À propos de l’auteur

I

Le Retour

1

Julian

C’est un cri étouffé qui m’a réveillé de mon sommeil agité. J’ouvre mon œil intact en sentant une poussée d’adrénaline et je m’assieds dans le lit, mais ce mouvement brusque provoque une douleur intense à cause de mes côtes fêlées. Le plâtre de mon bras droit se heurte au moniteur cardiaque placé à côté du lit, la souffrance est si vive que la pièce se met à tourner autour de moi et j’ai le vertige et la nausée. Mon pouls s’est emballé et je ne comprends pas immédiatement ce qui m’a réveillé.

C’est Nora.

Elle doit encore faire un cauchemar.

Mon corps qui était déjà prêt à se battre se détend légèrement. Il n’y a aucun danger, personne ne nous attaque. Je suis allongé aux côtés de Nora dans mon luxueux lit d’hôpital, et nous sommes en sécurité tous les deux, grâce à Lucas la clinique suisse est aussi sûre que possible.

J’ai moins mal aux côtes et au bras maintenant, la douleur est plus tolérable. En faisant davantage attention à mes mouvements, je mets la main droite sur l’épaule de Nora et j’essaie de la secouer doucement pour la réveiller. Elle me tourne le dos si bien que je ne peux pas voir son visage et savoir si elle pleure. Mais elle est trempée d’une sueur froide. Son cauchemar a dû durer longtemps. Et elle frissonne.

― Réveille-toi, bébé, ai-je murmuré en caressant son bras fin. On peut voir la lumière filtrer par les persiennes et je sais que cela doit être le matin. Ce n’est qu’un rêve. Réveille-toi, mon chat…

Je la sens se raidir et je sais qu’elle n’est pas encore réveillée, le cauchemar n’a pas encore lâché prise. Je l’entends respirer, elle halète, et je la sens trembler de tout son corps. Sa détresse est déchirante et elle me fait souffrir davantage que n’importe quelle blessure, savoir que j’en suis responsable et que je n’ai pas pu la protéger, me brûle les entrailles et me rend fou.

Je suis furieux contre moi-même et contre Peter Sokolov, celui qui a permis à Nora de risquer sa vie pour venir à ma rescousse.

Avant ce malheureux voyage au Tadjikistan, Nora commençait à se remettre de la mort de Beth et au fil des mois ses cauchemars se faisaient moins nombreux. Mais maintenant, ils sont de retour et Nora va plus mal qu’avant si l’on en juge par la crise de panique qu’elle a eu hier quand on faisait l’amour.

Cela me donne envie de tuer Peter et je pourrais bien le faire s’il croisait ma route. Le russe m’a sauvé la vie, mais il a mis celle de Nora en danger dans l’aventure et jamais je ne pourrais le lui pardonner. Et sa foutue liste de noms ? Il peut l’oublier ! Il est hors de question qu'il soit récompensé alors qu’il m’a trahi de cette manière, quelles que soient les promesses que Nora lui a faites.

― Allez bébé ! Réveille-toi, ai-je répété pour l’encourager, et de la main droite je me glisse plus bas dans le lit. Ce geste ravive la douleur que j’ai dans les côtes, mais moins fort cette fois-ci. En prenant des précautions, je me rapproche de Nora et je l’étreins par-derrière. Tout va bien. Tout est fini, je te le promets.

Elle respire profondément en hoquetant et je sens la tension qui est en elle s’atténuer quand elle réalise où elle se trouve.

― Julian ? Murmure-t-elle en tournant le visage vers moi, et je vois qu’elle a effectivement pleuré, ses joues sont mouillées de larmes.

― Oui. Tu es en sécurité maintenant. Tout va bien. Je tends la main droite et je lui caresse la mâchoire tout en m’émerveillant de la finesse de ses traits. À côté de son petit visage, ma main semble immense et grossière, mes ongles sont cassés et pleins de bleus à cause des aiguilles que Majid a utilisées pour me torturer. Il y a un contraste frappant entre nous deux, même si Nora a souffert elle aussi. La pureté de sa peau dorée est marquée par un bleu à droite de son visage, à l’endroit où ces salauds d’Al-Quadar l’ont frappée pour qu’elle perde connaissance.

S’ils n’étaient déjà morts, je les déchirerais à mains nues pour l’avoir fait souffrir.

― De quoi as-tu rêvé ? lui ai-je demandé doucement. C’était Beth ?

― Non. Elle secoue la tête et je m’aperçois qu’elle recommence à respirer normalement. Mais j’entends encore la terreur dans sa voix qui est rauque quand elle ajoute : cette fois c’était toi. Majid t’arrachait les yeux et je ne pouvais pas l’en empêcher.

J’essaie de ne pas réagir, mais c’est impossible. Ses paroles me ramènent dans cette pièce froide, dépourvue de fenêtres, et à ces sensations épouvantables que j’essaie d’oublier depuis ces derniers jours. En me souvenant de ces atroces souffrances, la tête me fait horriblement mal et mon orbite à demi guérie me brûle en me faisant de nouveau sentir sa vacuité. Je sens le sang et autre chose me couler sur le visage, j’en ai la nausée. Ni la douleur ni même la torture ne me sont inconnues, mon père pensait que son fils devait pouvoir tout supporter, mais perdre un œil fut de loin la pire expérience de ma vie.

En tout cas physiquement.

Mais moralement, c’est le fait de voir Nora telle qu’elle est en ce moment.

J’ai besoin de toute ma volonté pour contraindre mes pensées à revenir au présent, loin de la terreur et de l’hébètement que j’ai ressentis en voyant les hommes de Majid l’emmener.

― Si, tu l’en as empêché, Nora. Ça me tue de l’admettre, mais sans son courage je serais sans doute en train de me décomposer dans une décharge du Tadjikistan. Tu es venue à ma rescousse et tu m’as sauvé la vie.

J’ai encore du mal à croire qu’elle a pu le faire, qu’elle s'était volontairement mise à la merci de ces terroristes et de ces fous pour me sauver la vie. Elle ne l’a pas fait par naïveté, parce qu’elle était convaincue qu’ils ne lui feraient pas de mal. Non, ma chérie savait exactement de quoi ils étaient capables et elle a quand même eu le courage de le faire.

Je dois ma vie à la jeune fille que j’ai enlevée, et j’ai du mal à l’accepter.

― Pourquoi l’avoir fait ? ai-je demandé en caressant du pouce l’extrémité de la lèvre inférieure. Au fond de moi, je le sais bien, mais je veux l'entendre dire et l’admettre.

Elle me regarde fixement, ses yeux sont encore assombris par le cauchemar qu’elle a fait.

― Parce que je ne peux survivre sans toi, dit-elle à voix basse. Tu le sais, Julian. Tu voulais que je t’aime, et je t’aime. Je t’aime tant que j’irais jusqu’au bout de l’enfer pour toi.

J’entends ces mots avec un plaisir avide, sans éprouver de honte. Je l’ai d’abord désirée à cause de sa ressemblance avec Maria, mais mon amie d’enfance ne provoquait pas en moi une seule fraction des émotions que suscite Nora. Mon affection pour Maria était innocente et pure, tout comme Maria elle-même.

Ce qui n’est nullement le cas de mon obsession pour Nora.

― Écoute-moi mon chat. Ma main quitte son visage pour se poser sur son épaule. J’ai besoin que tu me promettes de ne jamais recommencer. Bien sûr, je suis content d’être en vie, mais j’aurais préféré mourir plutôt que de te faire courir un tel danger. Il ne faut plus jamais risquer ta vie pour moi. Comprends-tu ?

Elle m’adresse un léger signe, presque imperceptible, et je vois une lueur de rébellion dans ses yeux. Elle ne veut pas me mettre en colère si bien qu’elle ne me contredit pas, mais j’ai de bonnes raisons de penser qu’elle fera ce qu’elle voudra, sans tenir compte de ce qu’elle dit maintenant.

Cette attitude exige plus de fermeté de ma part.

― Bien, ai-je dit avec la plus grande douceur, parce que la prochaine fois, s’il y a une prochaine fois, je tuerais celui qui enfreindra mes ordres pour t’aider, et sa mort sera lente et pénible. Me comprends-tu, Nora ? Si qui que ce soit te fait courir le moindre danger, il mourra dans les plus atroces souffrances. Est-ce que je suis bien clair ?

― Oui. Elle a pâli, et serre les lèvres comme pour s’empêcher de protester. Elle est en colère contre moi, et elle a peur. Non pas pour elle-même, elle est au-delà ce ça désormais, mais pour les autres. Ma chérie sait que je parle sérieusement.

Elle sait que je suis un assassin sans scrupule, avec une seule faiblesse.

Elle-même.

Je la serre plus fort par l’épaule, je me penche en avant et j’embrasse sa bouche close. Ses lèvres sont d’abord serrées, elle me résiste, mais quand je glisse la main sous son cou et la prends par la nuque, elle laisse échapper un soupir et ses lèvres s’entrouvrent pour me laisser l’embrasser. Immédiatement, je sens une vive chaleur me pénétrer, sentir son goût fait raidir ma verge sans que je puisse la contrôler.

― Hum… Excusez-moi, M. Esguerra… C’est une voix de femme, on tape timidement à la porte, et je réalise que les infirmières viennent faire leur ronde du matin.

Putain ! Je suis tenté de faire comme si elles n’étaient pas là, mais je me doute qu’elles vont bientôt revenir, et ça pourrait être au moment où je suis tout au fond de Nora.

Je la lâche à regret, je roule sur le dos en retenant mon souffle tant j’ai mal et je regarde Nora. Elle s’est levée d’un bond et s’est dépêchée de mettre une robe de chambre.

― Veux-tu que je leur ouvre la porte ? demande-t-elle. Je lui fais un signe d’acquiescement avec résignation. Les infirmières doivent changer mes pansements et s’assurer que je suis en état de voyager aujourd’hui et j’ai parfaitement l’intention de me montrer coopératif.

Plus vite, elles auront fini, plus vite je quitterai ce fichu hôpital.

Dès que Nora ouvre la porte, deux infirmières entrent dans la chambre, elles sont accompagnées de David Goldberg, un petit homme chauve qui est mon médecin personnel au domaine. C’est un excellent spécialiste de traumatologie et c’est lui qui s’est occupé de mes blessures au visage pour être sûr que les chirurgiens esthétiques de la clinique ne fassent pas de bêtises.

Si je peux l’éviter, je ne veux pas faire peur à Nora avec mes cicatrices.

― L’avion attend déjà, dit Goldberg tandis que les infirmières commencent à enlever les pansements que j’ai à la tête. S’il n’y a aucun signe d’infection, nous devrions pouvoir rentrer à la maison.

― Excellent. Je reste immobile sur le lit sans tenir compte de la souffrance infligée par les soins des infirmières. Pendant ce temps, Nora attrape des vêtements dans l’armoire et disparaît dans la salle de bain attenante à notre chambre. J’entends l’eau couler et je réalise qu’elle doit avoir décidé d’en profiter pour prendre une douche. C’est sans doute le moyen qu’elle a choisi pour m’éviter un peu, elle est encore sous le coup de mes menaces. Ma chérie est sensible aux violences dirigées contre ceux qu’elles considèrent comme innocents, comme cet imbécile de Jake qu’elle embrassait la nuit où je l’ai enlevée.

J’ai toujours envie de l’éviscérer pour l’avoir touchée… et je le ferai sans doute un jour.

― Pas de signe d’infection, me dit Goldberg quand les infirmières ont terminé d’enlever les pansements. Vous cicatrisez bien.

― Bon ! Je respire lentement et profondément pour contrôler ma douleur tandis que les infirmières nettoient les points de suture et remettent le bandage sur mes côtes. J’ai diminué de moitié mes analgésiques depuis deux jours et je m’en ressens nettement. Dans deux ou trois jours, j’arrêterai complètement pour ne pas devenir dépendant.

Une seule addiction me suffit.

Les infirmières terminent leur tâche quand Nora sort de la salle de bain, toute propre après sa douche et revêtue d’un jean et d’un chemisier à manches courtes.

― Tout se passe bien ? demande-t-elle en jetant un coup d’œil à Goldberg.

― Il est prêt à partir, répond-il en lui souriant chaleureusement. Je pense qu’il l’aime bien, ce qui ne me dérange pas étant donné qu’il est homosexuel. Comment vous sentez-vous ?

― Bien, merci. Elle lève le bras et montre un grand sparadrap couvrant l’endroit où les terroristes lui ont arraché son implant contraceptif par erreur. Je serai contente de ne plus avoir de points de suture, mais ça ne me gêne pas beaucoup.

― Parfait, j’en suis content. Puis Goldberg se tourne vers moi et me demande : à quelle heure avez-vous l’intention de partir ?

― Dites à Lucas d’être prêt avec la voiture dans vingt minutes, fais-je en dirigeant avec soin les pieds vers le sol alors que les infirmières s’en vont. Je m’habille et l'on y va.

― Entendu, dit Goldberg en se retournant pour partir.

― Attendez, Dr Goldberg, je vous accompagne, dit rapidement Nora, et quelque chose dans sa voix attire mon attention. J’ai besoin d’aller chercher quelque chose en bas, explique-t-elle.

Goldberg semble étonné.

― Oh, bien sûr !

― De quoi s’agit-il mon chat ? Je me lève sans tenir compte du fait que je suis nu. Goldberg détourne poliment les yeux et j’attrape Nora par le bras pour l’empêcher de sortir. De quoi as-tu besoin ?

Elle semble gênée et regarde de côté.

― Qu’est-ce que c’est, Nora ? Ai-je demandé d’un ton impérieux, ma curiosité est en éveil. Je lui serre le bras de plus belle et l’attire vers moi.

Elle lève les yeux vers moi. Elle a rougi et sa mâchoire se relève avec défiance.

― J’ai besoin de la pilule du lendemain, d’accord ? Je veux être certaine de l’avoir avant de partir.

― Oh ! Pendant une seconde, je ne peux penser à rien. Je n’avais pas pensé que sans son implant contraceptif Nora pouvait être enceinte. Je l’ai dans mon lit depuis presque deux ans et pendant toute cette période elle était protégée par cet implant. J’y suis tellement habitué que je n’ai pas réalisé que maintenant il faut prendre des précautions.

Mais visiblement, Nora y a pensé.

― Tu veux la pilule du lendemain ? Ai-je lentement répété en essayant d’assimiler que Nora, ma Nora, pourrait être enceinte.

Enceinte de mon enfant.

Un enfant dont elle ne veut visiblement pas.

― Oui. Ses yeux sombres lui dévorent tout le visage quand elle me fixe du regard. Bien sûr, il n’y a pas beaucoup de risque avec une seule fois, mais je ne veux pas le prendre.

Elle ne veut pas prendre le risque d’être enceinte de mon enfant. J’ai le cœur étrangement serré en la regardant et en voyant la peur qu’elle essaie de me cacher. Elle s’inquiète de la manière dont je vais réagir, elle a peur que je l’empêche de prendre cette pilule.

Peur que je l’oblige à avoir un enfant dont elle ne veut pas.

― Je vous attends dehors, dit Goldberg, qui sent visiblement la tension monter dans la pièce, et avant que je puisse dire quoi que ce soit, il s’esquive et nous laisse seuls.

Nora lève le menton et me regarde droit dans les yeux. Je peux lire la détermination sur son visage quand elle dit :

― Julian, je sais que nous n’en avons jamais parlé, mais…

― Mais tu n’es pas encore prête, l’ai-je interrompue, le cœur de plus en plus serré. Tu ne veux pas avoir un bébé en ce moment.

Elle hoche la tête, en ouvrant grands les yeux.

― C’est vrai, dit-elle avec prudence. Je n’ai même pas encore fini mes études, et tu viens d’être blessé…

― Et tu n’es pas sûre de vouloir un enfant avec un homme tel que moi.

Elle avale sa salive avec nervosité, mais ne dit pas le contraire et ne détourne pas les yeux. Son silence est terrible et ma difficulté à respirer se transforme en une étrange douleur.

Je lui lâche le bras et recule d’un pas.

― Tu peux dire à Goldberg de te donner la pilule du lendemain et le mode de contraception qui lui semblera préférable. Ma voix semble inhabituellement froide et distante. Je vais me laver et m’habiller.

Et avant qu’elle n’ait le temps de répondre je vais dans la salle de bain et je ferme la porte.

Je ne veux pas voir de soulagement sur son visage.

Je ne veux pas penser à ce qu’elle doit ressentir.

2

Nora

Stupéfaite, je regarde la silhouette nue de Julian disparaître dans la salle de bain. Ses blessures le gênent, il est plus raide que d’habitude. Et pourtant il y a une certaine grâce dans sa démarche. Même après les horreurs qu’il a endurées, son corps musclé est athlétique et plein de force et le bandage blanc qui lui entoure les côtes accentue sa carrure et son bronzage.

Il n’a fait aucune objection à ce que je prenne la pilule du lendemain.

Quand je commence à m’en rendre compte, je sens mes genoux se dérober de soulagement, la tension provoquée par l’adrénaline disparaît en un clin d’œil. J’étais presque certaine qu’il m’en empêcherait ; pendant notre conversation, l’expression de son visage s’était fermée, il était impossible de lire ses pensées, son opacité la rendait menaçante. Les prétextes que je lui ai donnés, finir mes études, ses blessures, ne l’a pas trompé une seule seconde et son œil resté intact brillait d’une froide lumière bleue qui m’a terrifiée et noué l’estomac.

Mais il n’a pas fait d’objections à ce que je prenne la pilule. Au contraire, il a suggéré que je demande un nouveau moyen de contraception au Dr Goldberg.

La joie me donne presque le tournis. Julian doit être d’accord pour ne pas avoir d’enfant, malgré son étrange réaction.

Ne voulant pas remettre en question ma bonne étoile je me précipite à l’extérieur de la chambre pour rattraper le Dr Goldberg. Je veux être sûre d’obtenir ce que je veux avant de quitter la clinique.

Ce n’est pas facile de trouver des implants contraceptifs dans notre domaine, en pleine jungle.

― J’ai pris la pilule du lendemain, ai-je dit à Julian, une fois que nous sommes installés confortablement dans son jet privé, celui qui nous avait conduits de Chicago en Colombie quand Julian est venu me chercher au mois de décembre. Et il m’a donné ça. Je lève le bras droit pour lui montrer un minuscule pansement à l’endroit où se trouve le nouvel implant. Mon bras me fait un peu mal, mais ça m’est égal.

Julian lève les yeux de son ordinateur portable, le visage toujours fermé.

― Bon, dit-il sèchement. Et il se remet au travail, c’est un message pour l’un de ses ingénieurs. Il y précise les spécifications exactes d’un nouveau drone dont il veut les plans. Je le sais parce que je le lui ai demandé quelques minutes plus tôt et qu’il m’a expliqué ce qu’il faisait. Depuis ces deux derniers mois, il est beaucoup plus ouvert avec moi, et c’est la raison pour laquelle je suis surprise qu’il veuille éviter de parler de contraception.

Je me demande si c’est à cause de la présence du Dr Goldberg. Le petit homme est assis à l’avant de l’appareil, à plus d’une douzaine de mètres de nous, mais il peut nous entendre. Quoi qu’il en soit je décide de laisser tomber pour le moment et d’en reparler à un moment plus opportun.

Pendant le décollage, je me change les idées en regardant les Alpes suisses jusqu’à ce que nous soyons au-dessus des nuages. Puis je m’installe confortablement et j’attends que la jolie hôtesse, Isabella, vienne nous apporter le petit déjeuner. Nous avons quitté l’hôpital si rapidement que je n’ai réussi à prendre qu’une tasse de café en vitesse.

Quelques minutes plus tard, Isabella arrive dans la cabine, son corps de rêve moulé dans une robe rouge qui lui colle à la peau. Elle porte un plateau avec du café et des viennoiseries. Goldberg semble s’être endormi et elle se dirige donc vers nous avec un sourire charmeur.

La première fois que je l’ai vue, quand Julian est revenu me chercher en décembre, j’étais follement jalouse. Depuis j’ai appris qu’Isabella n’était jamais sortie avec Julian et qu’en fait elle était mariée avec l’un des gardes du corps du domaine, deux raisons qui ont beaucoup contribué à calmer le monstre de la jalousie dans mon cœur. Je n’ai vu Isabella qu’une ou deux fois depuis deux mois ; contrairement à la plupart des employés de Julian, elle passe la majorité de son temps à l’extérieur du domaine, elle lui sert d’espionne dans plusieurs compagnies de jets privés de luxe.

― Tu serais surprise de constater comment ces gens se mettent à bavarder après deux ou trois verres à 30 000 mètres d’altitude, m’a un jour expliqué Julian. Les grands patrons, les hommes politiques, les chefs de cartels. Ils aiment tous qu’Isabella s’occupe d’eux, et en sa présence ils ne prennent pas toujours garde à ce qu’ils disent. Grâce à elle, j’ai obtenu toutes sortes de renseignements, des secrets de délits d’initiés aux renseignements concernant les livraisons de drogue dans la région.

Bon, d’accord, je ne suis plus jalouse d’Isabella, mais je ne peux toujours pas m’empêcher de trouver qu’elle flirte un peu trop avec Julian pour une femme mariée. Mais évidemment, je ne suis pas particulièrement bien placée pour juger quel doit être le bon comportement d’une femme mariée. Si j’attardais les yeux plus d’une seconde sur un autre homme que Julian, je le condamnerais à mort.

Julian est possessif à un point qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer.

― Aimeriez-vous un café ? demande Isabella en s’arrêtant près de son siège. Elle le regarde avec moins de coquetterie aujourd’hui, mais j’ai quand même envie de la gifler en voyant sur son joli visage le sourire aguichant qu’elle adresse à mon mari.

C’est vrai, Julian n’est pas le seul à être possessif. Malgré l’absurdité de la situation, je suis possessive avec celui qui m’a enlevée. C’est ridicule, mais il y a longtemps que j’ai renoncé à trouver de la logique dans ma relation démente avec Julian.

Il est plus simple de me contenter de l’accepter comme elle est.

À la question d’Isabella, Julian lève les yeux de son ordinateur.

― Entendu, dit-il avant de jeter un coup d’œil dans ma direction. Nora ?

― Oui, s’il vous plait, ai-je dit poliment. Et deux croissants.

Isabella verse une tasse de café à chacun de nous, pose les viennoiseries sur ma table et retourne vers l’avant de l’appareil en balançant ses hanches aux courbes voluptueuses. J’ai une nouvelle bouffée de jalousie avant de me souvenir que c’est de moi dont Julian a envie.

En fait, il a trop envie de moi, mais ça, c’est un autre problème.

Pendant la demi-heure qui suit, je lis tranquillement en mangeant mes croissants et en savourant mon café. Julian semble se concentrer sur son message concernant la conception du nouveau drone et je le laisse travailler. Je fais de mon mieux pour me concentrer sur mon livre, un roman policier de science-fiction que j’ai acheté à la clinique. Mais je n’y arrive pas et toutes les deux ou trois pages, je pense à autre chose.

C’est étrange d’être assise ici et de lire, ça me semble irréel d’une certaine façon. C’est comme s’il ne s’était rien passé. Comme si nous ne venions pas d’échapper à la torture et à la terreur.

Comme si je n’avais pas brûlé de sang-froid la cervelle de quelqu’un.

Comme si je n’avais pas failli perdre Julian une nouvelle fois.

Mon cœur commence à s’accélérer, les images du cauchemar de ce matin envahissent mon esprit avec une étonnante clarté. Du sang… le corps de Julian mutilé et déchiqueté… Son beau visage dont les orbites sont vides… Le livre glisse de mes mains tremblantes, tombe par terre quand j’essaie de respirer, la gorge serrée.

― Nora ? Des doigts pleins de force et de chaleur se serrent autour de mon poignet et bien que ma vision soit voilée par la panique je vois le visage bandé de Julian devant moi. Il me serre fort, il a laissé son ordinateur sur la table à côté de lui. Nora, tu m’entends ?

Je réussis à lui faire signe, je me lèche les lèvres. La peur a séché ma bouche, mon chemisier colle dans mon dos tant je suis en sueur. Mes mains s’agrippent sur le rebord du siège et s’enfoncent dans le cuir. Une part de moi sait bien que c’est mon esprit qui bat la breloque, qu’il n’y a pas de raison d’être aussi anxieuse, mais mon corps réagit comme si la menace était réelle.

Comme si nous étions de nouveau au Tadjikistan, sur ce chantier, à la merci de Majid et des autres terroristes.

― Respire, bébé. La voix de Julian est apaisante et il prend doucement mon menton dans la main. Respire lentement, profondément. C’est bien…

Je fais ce qu’il me dit sans le quitter des yeux, je respire profondément pour me calmer et vaincre la panique. Une minute plus tard, les battements de mon cœur ralentissent et ma main lâche le rebord du siège. Je tremble encore, mais la peur qui me suffoquait a disparu.

Gênée, je prends la main de Julian et je dégage mon visage.

― ça va, ai-je réussi à dire d’une voix relativement ferme. Je suis désolée, je ne sais pas ce qui m’est arrivé.

Il me fixe de son regard brillant, et je lis un mélange de rage et de frustration sur son visage. Ses doigts ne m’ont pas lâchée, comme s’il était réticent à le faire.

― Non, ça ne va pas, Nora, ça ne va pas du tout, dit-il durement.

Il a raison. Je ne veux pas l’admettre, mais il a raison. Depuis que Julian a quitté le domaine pour partir à la poursuite de ces terroristes je ne vais pas bien. Je suis une loque depuis son départ et ça a l’air d’être encore pire maintenant qu’il est revenu.

― Si, ça va, ai-je dit. Je ne veux pas qu’il me trouve faible. Julian a été torturé et il semble s’en sortir alors que je m’effondre sans raison.

― Ça va ? Il fronce les sourcils. Tu as eu deux crises de panique et un cauchemar en vingt-quatre heures. Non, ça ne va pas, Nora.

J’avale ma salive et je regarde mes genoux, sa main tient la mienne et la serre de manière possessive. Je déteste le fait de ne pas pouvoir tourner la page comme Julian semble le faire. C’est vrai qu’il a encore des cauchemars au sujet de Maria, mais les horreurs que lui ont infligées les terroristes semblent l’avoir à peine ébranlé. Logiquement, c’est lui qui devrait perdre la tête, mais pas moi. J’ai à peine été blessée alors qu’il a subi des jours entiers de torture.

Je suis faible et je déteste ça.

― Nora, bébé, écoute-moi.

Je lève les yeux vers lui, attirée par la douceur de sa voix, et je suis subjuguée par son regard.

― Ce n’est pas de ta faute, dit-il à voix basse. Rien n’est de ta faute. Tu as traversé une dure épreuve et tu es traumatisée. Ce n’est pas la peine de faire semblant avec moi. Si tu commences à paniquer, dis-le-moi et je t’aiderai à le surmonter. Me comprends-tu ?

― Oui, ai-je murmuré, étrangement soulagée par ses paroles. Je sais qu’il est ironique que ce soit celui qui a fait basculer ma vie dans les ténèbres qui m’aide à leur faire face, mais il en est ainsi depuis le début.

J’ai toujours trouvé du réconfort dans les bras de mon ravisseur.

― Bien ! Ne l’oublie pas ! Il se penche pour m’embrasser et je vais à sa rencontre, en tenant compte de ses côtes fêlées. Ses lèvres sont plus tendres que d’habitude quand elles touchent les miennes et je ferme les yeux, ce qu’il me reste d’anxiété s’évanouit quand la chaleur du désir me brûle de l’intérieur. Mes mains se retrouvent derrière son cou et un gémissement sort de ma gorge quand je sens sa langue m’envahir la bouche, conquise par son goût familier et affolant à la fois.

Il gronde quand je l’embrasse en retour et que ma langue s’enroule autour de la sienne. Son bras droit m’enveloppe le dos, il me rapproche encore de lui et je sens monter la tension dans son corps musclé. Sa respiration s’accélère et ses baisers s’intensifient, ils deviennent dévorants et me font vibrer toute entière.

― Dans la chambre ! Tout de suite ! grogne-t-il sans articuler en me reprenant la bouche. Puis il se lève et me tire hors de mon siège. Avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, il m’a prise par le poignet et me pousse vers l’arrière de l’appareil. En mon for intérieur, je me réjouis que le Dr Goldberg soit profondément endormi et qu’Isabella soit retournée à l’avant ; il n’y a personne pour voir Julian m’entraîner au lit.

En entrant dans la petite pièce, il referme d’un coup la porte derrière nous et m’attire vers le lit. Même blessé, il reste incroyablement fort. Une force qui m’excite tout en m’intimidant. Pas parce que j’ai peur qu’il me fasse mal, je sais qu’il le fera et je sais que ça me plaît, mais parce que je sais de quoi il est capable.

Je l’ai vu tuer un homme rien qu’avec le pied d’une chaise.

Ce souvenir devrait me répugner, mais étrangement il m’excite autant qu’il m’effraie. Il est vrai que Julian n’est pas le seul à avoir tué cette semaine.

Maintenant, nous sommes tous les deux des tueurs.

― Déshabille-toi ! ordonne-t-il en s’arrêtant tout près du lit et en me lâchant le poignet. Ses manches de chemise ont été arrachées pour laisser passer son plâtre et avec son visage bandé il est à la fois blessé et menaçant, tel un pirate des temps modernes après un raid. Les muscles de son bras droit sont gonflés et son œil resté intact est extraordinairement bleu dans son visage bronzé.

Je l’aime tant que ça me fait mal.

Après avoir reculé d’un pas, je commence à me déshabiller. D’abord mon chemisier, puis mon jean. Quand je n’ai plus qu’un string blanc et son soutien-gorge assorti, Julian me dit d’une voix rauque :

― Va sur le lit ! Je veux que tu te mettes à quatre pattes, le derrière vers moi.

La chaleur me glisse le long de l’épine dorsale, accentuant la douleur de plus en plus intense que j’ai entre les jambes. En me retournant, je fais ce qu’il me dit, le cœur battant d’impatience et de nervosité. Je me souviens de la dernière fois que nous avons fait l’amour dans cet avion, et des bleus qui ont orné mes cuisses pendant les jours qui ont suivi. Je sais que Julian n’a pas repris assez de force pour m’en infliger autant, mais le savoir ne diminue ni mes appréhensions ni mon désir.

Avec mon mari, la peur est inséparable du désir.

Quand je suis dans la position exigée par Julian, le derrière à la hauteur de son entrejambe, il se rapproche et glisse les doigts sous ma petite culotte qu’il me fait descendre aux genoux. Je tremble sous sa main, mon sexe se contracte et il gronde en passant la main du haut de ma cuisse aux profondeurs de mes plis.

― Putain, tu es toute mouillée, murmure-t-il brutalement en mettant deux doigts en moi. Toute mouillée pour moi, et si serrée… Tu en as envie, n’est-ce pas, bébé ? Tu veux que je te prenne, que je te baise…

Quand il replie les doigts et qu’il me touche là, tout mon corps se raidit d’un coup et j’en perds le souffle.

― Oui… J’ai du mal à parler, des vagues de chaleur déferlent sur moi et ma lucidité m’abandonne. Oui, je t’en prie…

Il a un petit rire grave, plein d’un sombre ravissement. Il retire ses doigts, me laissant vide et vibrante de désir. Avant que je ne puisse le lui reprocher, j’entends s’ouvrir sa fermeture éclair et je sens la douceur de son gros gland m’effleurer les cuisses.

― Oh, je vais le faire, murmure-t-il avec la même brutalité en se guidant vers mon ouverture. Putain ! Je vais te donner tant de plaisir. L’extrémité de sa verge me pénètre, j’en perds le souffle. Tu vas crier pour moi. N’est-ce pas, bébé ?

Et sans attendre ma réponse, il m’attrape la hanche droite et s’enfonce jusqu’au bout, ce qui me fait pousser un cri étouffé. Comme toujours, sa pénétration me fait chavirer, il est si gros qu’il m’étire presque au point de me faire mal. Mais sa brutalité ne fait qu’ajouter un plaisir supplémentaire qui accroit encore mon excitation et m’inonde encore plus le sexe. Je ne pourrais pas ouvrir davantage les jambes et il semble énorme en moi, chaque centimètre de sa chair est dure et incandescente. Je m’attends à ce qu’il prenne un rythme brutal en accord avec cette première poussée, mais maintenant qu’il est entré, il va lentement. Lentement et avec précaution, chacun de ses mouvements est calculé pour rendre mon plaisir encore plus vif. D’avant en arrière, d’avant en arrière… J’ai l’impression qu’il me caresse de l’intérieur, qu’il provoque en me taquinant chacune des sensations dont mon corps est capable. D’avant en arrière, d’avant en arrière… Je suis proche de l’orgasme sans pouvoir y parvenir s’il continue avec une telle lenteur. D’avant en arrière…

― Julian… ai-je grondé, alors il ralentit encore plus, ce qui me fait geindre de frustration.

― Dis-moi ce que tu veux, bébé, il murmure en se retirant presque entièrement, dis-moi exactement ce que tu veux.

― Baise-moi, ai-je soufflé en serrant les poings dans les draps. Je t’en prie, fais-moi jouir.

Il rit de nouveau, mais avec peine, sa respiration est lourde et irrégulière. Je sens sa verge grossir encore en moi et je resserre mes muscles intimes autour d’elle. J’ai envie qu’il aille plus vite, qu’il me donne ce petit plus dont j’ai besoin.

Et finalement, il le fait.

Sans me lâcher la hanche, il accélère son rythme et me baise de plus en plus rapidement.

Ses coups trouvent leur écho en moi et m’envoient des ondes de choc de plaisir qui m’irradient au plus profond de mon être. Mes mains s’agrippent aux draps, mes cris sont de plus en plus forts tandis que la tension augmente au point de devenir insupportable, intolérable... et puis je vole en éclats et mon corps vibre désespérément autour de son énorme verge. Il gronde, ses doigts s’enfoncent dans ma chair alors que son étau se resserre autour de ma hanche et je le sens se frotter contre mes fesses, sa verge tressaute en moi quand il jouit à son tour.

Quand tout est terminé, il se retire et se recule un peu. Encore tremblante de l’intensité de mon orgasme, je m’effondre sur le côté et tourne la tête vers lui.

Il est debout, le jean ouvert, le buste haletant violemment. Son regard est empli d’un reste de désir, il a les yeux rivés à mes cuisses où sa semence coule lentement de mon ouverture.

Je rougis et je jette un coup d’œil dans la pièce pour trouver un mouchoir en papier. Heureusement, il y en a une boîte sur une étagère à côté du lit. J’en prends un et j’essuie les preuves de notre accouplement.

Julian me regarde agir en silence. Puis il recule d’un pas, son visage s’est de nouveau refermé quand il remet sa verge ramollie dans son jean et remonte la fermeture éclair.

J’attrape la couverture et la tire pour couvrir mon corps nu. Tout à coup, j’ai froid et je me sens vulnérable, la chaleur qui était en moi se dissipe. Normalement, après avoir fait l’amour Julian me tient dans ses bras pour renforcer notre proximité et il use de tendresse pour compenser sa brutalité. Mais aujourd’hui, il ne semble pas en avoir envie.

― Est-ce qu’il y a quelque chose qui ne va pas ? Ai-je demandé. Ai-je fait quelque chose qu’il ne fallait pas ?

Il me sourit froidement et s’assied sur le lit à côté de moi.

― Qu’est-ce que tu aurais pu faire de mal, mon chat ? Il me regarde, lève la main et prend une mèche de mes cheveux qu’il caresse entre ses doigts. Son geste est joueur, mais la lueur sombre de son regard accentue mon désarroi.

Brusquement, mon intuition me met sur la voie.

― C’est la pilule du lendemain, c’est ça ? Tu es fâché que je l’aie prise ?

― Fâché ? Parce que tu ne veux pas de mon enfant ? Il rit, mais la dureté de son rire me noue l’estomac. Non, mon chat, je ne suis pas fâché. Je serais un très mauvais père et je le sais.

Je le fixe en essayant de comprendre pourquoi ses paroles me font sentir coupable. C’est un tueur, un sadique, un homme qui m’a enlevée sans le moindre scrupule et qui m’a gardée en captivité, et pourtant je me sens coupable, comme si je l’avais blessé sans le vouloir.

Comme si j’avais vraiment fait quelque chose de mal.

― Julian… Je ne sais que dire. Je ne peux pas mentir et dire qu’il serait un bon père. Il saurait que je lui mens. Alors, à la place je lui demande prudemment : veux-tu des enfants ?

Et puis je retiens mon souffle en attendant sa réponse.

Il me regarde, toujours avec la même expression impénétrable.

― Non, Nora, dit-il à voix basse. C’est la dernière chose dont nous avons besoin, toi et moi. Tu peux avoir tous les implants contraceptifs que tu voudras. Je ne t’obligerai pas à être enceinte.

Je pousse un gros soupir de soulagement.

― Ah bon, d’accord ! Alors pourquoi…

Mais avant même de me laisser le temps de finir, Julian se lève et indique ainsi que la conversation est terminée.

― Je serai dans la cabine, dit-il d’un ton neutre. J’ai du travail. Rejoins-moi quand tu te seras habillée.

Et sur ces mots, il disparaît de la pièce et me laisse au lit, nue et en plein désarroi.

3

Julian

Je suis plongé dans le rapport de mon gestionnaire de portefeuille concernant un possible investissement quand Nora vient silencieusement s’asseoir à côté de moi. Incapable de résister à son pouvoir de séduction je me tourne afin de la regarder pendant qu’elle lit.

Maintenant que j’ai passé quelques minutes loin d’elle, le besoin irrationnel de me déchaîner contre elle et de lui faire de la peine s’est évanoui. Ils ont été remplacés par une inexplicable tristesse… une sensation de perte inexplicable et inattendue.

Je ne comprends pas ce qui se passe. Je n’ai pas menti à Nora en lui disant que je ne voulais pas d’enfants. Je n’y ai jamais beaucoup pensé, mais maintenant que je le fais je ne peux même pas imaginer devenir père. Que ferais-je d’un enfant ? Ce serait seulement une faiblesse supplémentaire que mes ennemis pourraient exploiter. Les bébés ne m’intéressent pas, et je ne saurais pas comment m’en occuper. De ce point de vue mes parents n’étaient pas un modèle à suivre. J’aurais dû être content que Nora ne veuille pas d’enfants, mais à la place, quand elle a parlé de la pilule du lendemain j’ai eu l’impression de recevoir un coup dans le ventre.

Quelque chose qui ressemblait au pire des refus.

J’ai tenté de ne pas y penser, mais la voir essuyer ma semence sur ses cuisses a ramené ces émotions indésirables et m’a rappelé qu’elle ne veut pas ça de moi.

Qu’elle ne le voudra jamais.

Je ne comprends pas pourquoi c’est important. Je n’ai jamais eu l’intention de fonder une famille avec Nora. Le mariage a été un moyen de cimenter notre lien, rien de plus. Elle est ma chérie, elle m’obsède et elle m’appartient. Elle m’aime parce que j’ai fait en sorte qu’elle m’aime, et je la désire parce qu’elle est nécessaire à ma vie. Il n’y a pas de place pour des enfants dans cette dynamique.

Ce ne serait pas possible.

Quand elle s’aperçoit que je la regarde, Nora m’adresse un timide sourire.

― À quoi travailles-tu ? demande-t-elle en posant son livre sur ses genoux. Toujours la conception du drone ?

― Non, bébé. Je me force à penser au fait qu’elle est venue me secourir au Tadjikistan, qu’elle m’aime assez pour faire quelque chose d’aussi insensé. Mon humeur commence à être moins sombre, ma poitrine est de moins en moins oppressée.

― Qu’est-ce que c’est alors ? insiste-t-elle. Je ne peux m’empêcher de sourire, amusé par ses questions. Nora ne se contente plus de rester en marge de ma vie ; elle veut tout savoir, et elle s’enhardit sans cesse dans sa quête pour obtenir des réponses.

S’il s’agissait de qui que ce soit d’autre, cela m’agacerait. Mais pas avec Nora. Sa curiosité me plaît.

― J’examine la possibilité d’un nouvel investissement, je lui explique.

Elle semble intriguée si bien que je lui dis que je me renseigne sur une start-up en biotechnologie se spécialisant dans les médicaments destinés à la chimie cérébrale. Si je décide d’investir, je serai ce qu’on appelle un investisseur providentiel, l’un des premiers à mettre des capitaux dans cette compagnie. Je me suis toujours intéressé au capital de risque ; j’aime rester à la pointe de l’innovation dans toutes sortes de domaines et en profiter le mieux possible.

Elle écoute mes explications avec une évidente fascination, sans me quitter un instant des yeux, de ses beaux yeux noirs. Sa manière d’absorber la connaissance comme une éponge me plaît. Grâce à sa curiosité, c’est amusant de lui apprendre quelque chose, de lui montrer différentes parties de mon univers. Les quelques questions qu’elle me pose sont astucieuses et me montrent qu’elle comprend exactement de quoi je lui parle.

― Si ce médicament peut effacer les souvenirs ne pourrait-il pas être utilisé dans les cas de stress post-traumatique et les maladies de ce genre ? demande-t-elle une fois que je lui ai décrit l’un des produits les plus prometteurs de cette start-up. Je suis d’accord avec elle, je suis moi-même parvenu à cette conclusion quelques minutes plus tôt.

Quand je l’ai kidnappée, je ne m’étais pas attendu à ça, au vrai plaisir que je trouve à passer du temps en sa compagnie. En l’enlevant, je ne l’ai d’abord considérée que comme un objet sexuel, une jolie fille qui m’obsédait tellement que je ne pensais qu’à elle. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle devienne ma compagne aussi bien que ma maîtresse, je n’avais pas réalisé que ça me plairait d’être tout simplement avec elle.

Je ne savais pas qu’elle s’emparerait de moi comme je m’étais emparé d’elle.

C’est vraiment tant mieux qu’elle se soit souvenue de prendre la pilule du lendemain. Quand nous nous serons remis tous les deux, notre vie pourra reprendre son cours normal.

En tout cas ce qui est normal pour nous.

J’aurai Nora auprès de moi et elle ne me quittera plus jamais.

La nuit est tombée quand nous atterrissons. Je guide une Nora ensommeillée à l’extérieur de l’avion et nous montons dans la voiture qui nous ramène à la maison.

La maison. C’est étrange de considérer de nouveau cet endroit comme ma maison. C’était la maison de mon enfance et je la détestais alors. Je détestais chacun de ses aspects, de la chaleur moite à l’odeur insistante de la végétation humide dans la jungle. Et pourtant plus tard j’ai été attiré par des endroits qui lui ressemblaient, des endroits dans les tropiques qui me rappelaient la jungle où j’avais grandi.

C’est la présence de Nora qui m’a permis de prendre conscience que finalement je ne détestais pas le domaine. Ce n’est nullement ce lieu qui était l’objet de ma haine, c’est bien celui à qui il appartenait.

Mon père.

Nora se blottit plus près de moi sur le siège arrière, met la tête sur mon épaule et interrompt ma rêverie avec un léger bâillement qui ressemble tellement à celui d’un chaton que je me mets à rire et que j’entoure sa taille du bras pour l’étreindre.

― Tu as sommeil ?

― Mmmm… Elle se frotte le visage contre mon cou. Tu sens bon, marmonne-t-elle.

Et voilà, ma verge se durcit quand je sens les lèvres de Nora m’effleurer la peau.

Putain ! Je pousse un soupir de frustration quand la voiture s’arrête devant la maison. Ana et Rosa sont sur le perron, prêtes à nous accueillir, et ma queue est prête à jaillir de mon pantalon. Je me mets sur le côté et j’essaie d’éloigner Nora pour faire cesser mon érection. Son coude m’effleure les côtes et je me raidis de douleur en vouant Majid à tous les diables en mon for intérieur.

Putain, j’ai une telle impatience de guérir ! J’ai même souffert en faisant l’amour tout à l’heure, surtout à la fin quand le rythme s’était accéléré. Non pas que mon plaisir en ait été amoindri, je suis certain d’être encore capable de baiser Nora sur mon lit de mort et d’en jouir, mais ça m’agace quand même. J’aime la souffrance alliée au sexe, mais seulement quand c’est moi qui l’inflige.

Ce qu’il y a de bien c’est qu’on ne voit plus mon érection.

― Nous sommes arrivés, ai-je dit à Nora qui se frotte les yeux et bâille une nouvelle fois. Je te porterais bien sur le seuil, mais cette fois-ci je ne suis pas sûr d’y arriver.

Elle cligne des yeux, un peu désorientée puis un grand sourire lui envahit le visage. Elle aussi elle se souvient.

― Je ne suis plus une nouvelle mariée, dit-elle en souriant, tu es quitte.

Je lui rends son sourire, un contentement inhabituel me gonfle la poitrine et j’ouvre la portière.

Dès que nous descendons de voiture, nous sommes assaillis par les deux femmes en pleurs. Ou plus précisément, c’est Nora qui est prise d’assaut.

Éberlué, je me contente de regarder Ana et Rosa l’embrasser en riant et en sanglotant à la fois. Après en avoir fini avec Nora, elles se tournent vers moi et Ana sanglote de plus belle en voyant le bandage sur mon visage.

― Oh, pobrecito… Elle revient à l’espagnol comme elle le fait parfois quand elle est émue, alors Nora et Rosa essaient de la réconforter en disant que je vais me remettre et que l’essentiel c’est que je sois en vie.

L’inquiétude de ma gouvernante me touche tout en me déconcertant. J’ai toujours été vaguement conscient de compter pour cette vieille femme, mais je ne savais pas à quel point ses sentiments étaient forts. Aussi loin que je me souvienne, Ana était une présence chaleureuse et réconfortante au domaine, c’est elle qui me donnait à manger, qui faisait ma toilette et qui soignait mes égratignures et mes bleus quand j’étais enfant. Mais je ne l’ai jamais autorisée à être très proche de moi, et pour la première fois j’en ai un soupçon de regret. Ni elle ni Rosa, la bonne qui est devenue l’amie de Nora, n’ont tenté de m’embrasser comme elles l’ont fait avec ma femme. Elles pensent qu’il ne vaut mieux pas et elles ont sans doute raison.

La seule personne dont je veux l’affection ou plutôt dont l’affection m’est indispensable c’est Nora, et c’est une nouveauté pour moi.

Quand les trois femmes ont terminé leurs effusions, nous entrons tous dans la maison. Malgré l’heure tardive, nous avons faim et nous dévorons le repas qu’Ana nous a préparé à une vitesse record. Ensuite, rassasiés et épuisés, nous montons dans notre chambre.

Après avoir pris une douche rapide et avoir fait tout aussi rapidement l’amour, je sombre dans le sommeil, la tête de Nora repose sur celle de mes épaules qui n’a pas été blessée.

Je suis prêt à reprendre le cours normal de notre vie.

Le cri qui me réveille me glace le sang. Empli de désespoir et de terreur, il résonne contre les murs et remplit mes veines d’adrénaline.

J’ai bondi du lit avant même de comprendre ce qui se passait. Tandis que le son s’évanouit, j’attrape le révolver caché dans ma table de chevet tout en allumant la lampe du revers de la main.

Quand la lampe s’allume et éclaire la pièce, je vois Nora recroquevillée au milieu du lit, tremblante sous la couverture.

Il n’y a personne d’autre dans la pièce, aucune menace visible.

Les battements de mon cœur qui s’était emballé commencent à ralentir. Personne ne nous a attaqués. C’est Nora qui a dû pousser ce cri.

Elle fait encore un cauchemar.

Putain ! Mon désir de violence est trop fort pour que je puisse le réprimer. Il emplit chaque fibre de mon corps au point de me faire trembler de rage, j’ai besoin de tuer et de détruire tous les salauds qui sont responsables de cette situation.

En commençant au besoin par moi-même.

Je me retourne, je respire profondément plusieurs fois de suite en tentant de contenir la furie qui me dévore. Mais il n’y a personne contre qui me déchaîner, aucun ennemi contre lequel je peux passer ma rage.

Il n’y a que Nora, et elle a besoin que je sois calme et rationnel.

Après quelques secondes, quand je suis sûr de ne pas lui faire de mal je me retourne dans sa direction et replace le révolver dans la table de nuit. Puis je me recouche. J’ai une douleur sourde aux côtes ainsi qu'à l’épaule et la tête me tourne à cause de la brusquerie de mes mouvements, mais ces souffrances ne sont rien en comparaison de celle de mon cœur qui est si lourd.

― Nora, bébé… En me penchant sur elle, je retire la couverture de son corps nu et je pose la main droite sur son épaule pour la réveiller en la secouant. Réveille-toi, mon chat. Ce n’est qu’un mauvais rêve. Elle est toute en sueur et ses gémissements me font plus de mal qu’aucune des tortures que m’a infligées Majid.

De nouveau, la rage m’envahit, mais je la maîtrise et je parle à voix basse, calmement. Réveille-toi, bébé. Tu as rêvé. Ce n’est pas pour de bon.

Elle roule sur le dos sans s’arrêter de trembler et je vois qu’elle a ouvert les yeux.

Ils sont ouverts, mais ne voient rien, elle est haletante, sa poitrine se soulève à toute vitesse et ses mains s’agrippent désespérément aux draps.

Ce n’est pas un mauvais rêve, elle est au milieu d’une véritable crise de panique vraisemblablement provoquée par le cauchemar qu’elle a eu.

J’aimerais rejeter la tête en arrière et me mettre à hurler de rage, mais je me retiens. Elle a besoin de moi en ce moment, et je ne vais pas la laisser tomber.

Ni maintenant ni jamais.

En m’agenouillant je viens à cheval sur elle et je me penche pour lui attraper de la main droite.

― Nora, regarde-moi ! C’est un ordre, mon ton est dur et impérieux. Regarde-moi, mon chat. Immédiatement !

Malgré sa crise de panique, elle m’obéit, son conditionnement est trop fort pour qu’elle puisse y résister. Ses yeux s'ouvrent pour croiser le mien et je vois que ses pupilles sont dilatées, que ses iris sont presque noirs. Elle est en hyperventilation, la bouche ouverte pour essayer de respirer.

Putain, putain ! Instinctivement, mon premier mouvement est de la prendre dans mes bras, d’être doux et de la réconforter, mais je me souviens alors de la crise de panique qu’elle a eue quand nous avions fait l’amour, rien ne semblait pouvoir l’aider.

Rien, si ce n’est la violence.

Alors au lieu de lui murmurer des mots doux, je me penche en avant, et accoudé sur le bras droit je l’embrasse d’un baiser violent et brutal en lui serrant la mâchoire pour la tenir en place. Mes lèvres se fracassent sur les siennes et mes dents plongent dans sa lèvre inférieure quand j’engouffre ma langue dans sa bouche, je la violente, je lui fais mal. Le monstre sadique qui est en moi se réjouit de sentir le goût métallique de son sang alors que le reste de moi souffre de l’horreur où elle est plongée.

Je la sens haleter dans ma bouche, mais désormais c’est un autre son, la stupéfaction a remplacé le désespoir. Je sens sa poitrine se gonfler, elle a pu inspirer à fond et je m’aperçois que ma méthode rudimentaire pour établir le contact avec elle a fonctionné, que maintenant elle se concentre sur la douleur physique et non sur la douleur morale. Ses poings s’ouvrent, ses mains ont lâché les draps, et elle est toujours sous moi, le corps raidi d’une autre sorte de peur.

Une peur qui excite ce qu’il y a de pire en moi, le prédateur, qui veut la réduire à sa merci et la dévorer.

La rage qui continue de bouillonner en moi augmente mon avidité, se mêle à elle et s’en nourrit jusqu’à ce que je ne sois plus que ce désir, cette soif insensée et terrible. Ma concentration se réduit, s’aiguise jusqu’à ne plus sentir que la douceur soyeuse des lèvres de Nora, ses lèvres au goût de sang, et les courbes de son corps nu, son petit corps sans défense sous le mien. Ma verge se raidit douloureusement quand elle prend mon avant-bras à deux mains et laisse échapper une douce plainte venue du fond de sa gorge.

Tout à coup, les baisers ne me suffisent plus. Je dois la posséder tout entière.

Lâchant son menton et m’aidant d’un bras je m’agenouille. Elle lève les yeux vers moi, les lèvres gonflées et ensanglantées. Elle continue de haleter, sa poitrine monte et descend à un rythme rapide, mais son regard n’est plus vide. Elle m’a rejoint, elle est revenue à elle et ce qu’exige mon démon intérieur pour le moment.

D’un geste vif je l’enjambe, et sans tenir compte de la douleur venue de mes côtes, je fouille de nouveau dans le tiroir de la table de nuit. Mais cette fois au lieu d’un révolver, j’en sors un fouet aux lanières tressées.

Nora ouvre de grands yeux.

― Julian ? Sa voix est essoufflée après sa crise de panique.

― Tourne-toi ! Ma voix est brutale et trahit le violent désir qui fait rage en moi. Immédiatement !

Elle hésite un instant puis roule sur le ventre.

― À genoux !

Elle se met à quatre pattes et tourne la tête pour me regarder en attendant mes ordres.

Qu’elle est bien dressée, ma chérie ! Son obéissance accroit mon désir, mon envie éperdue de la posséder. La position dans laquelle elle est met son derrière en valeur et dévoile son sexe, ce qui fait encore enfler davantage ma verge. Je veux l’avaler toute entière, m’emparer de chaque centimètre de son corps. Mes muscles se tendent et presque sans y penser, je fais siffler le fouet dont les lanières mordent la chair lisse de ses fesses.

Elle pousse un cri et ferme les yeux en se raidissant et les ténèbres de mon être prennent le dessus, annihilant tout ce qui pouvait me rester de pensée rationnelle. Je regarde, presque à distance, les baisers incessants du fouet sur sa peau où il laisse des marques roses et des traînées qui rougissent sur son dos, ses fesses et ses cuisses. Les premiers coups la font céder et crier de douleur, mais quand je trouve le rythme, son corps commence à se détendre au gré des coups, les anticipant au lieu de résister à la douleur. Ses cris s’atténuent et les plis de son sexe commencent à être humides.

Elle réagit aux coups de fouet comme si c’était une caresse.

Mes bourses se contractent, je lâche le fouet et rampe derrière elle en passant mon avant-bras droit sous ses hanches pour l’attirer vers moi. Mon gland se frotte contre son ouverture et je me mets à gronder en sentant sa douce chaleur frotter contre mon extrémité, l’enrobant d’une humidité crémeuse. Elle gémit et se cambre, je pousse pour la pénétrer, forçant sa chair à m’avaler, à me faire entrer.

Son vagin est incroyablement serré, ses muscles intimes me serrent comme un poing. Peu importe à quelle fréquence je la baise ; d’une certaine manière, chaque fois c’est nouveau, les sensations sont plus vives et plus riches que dans mon souvenir. Je pourrais rester indéfiniment en elle, pour sentir sa douceur, sa chaleur humide. Mais c’est impossible, le besoin primitif de bouger, de pousser au fond d’elle est trop fort pour y résister. J’entends tambouriner les battements de mon cœur, mon corps est animé d’un désir sauvage.

Je reste immobile aussi longtemps que possible, et puis je commence à bouger, et à chaque coup mon entrejambe se frotte à son derrière rose qui vient d’être fouetté. Et sous chaque coup de reins, elle gémit, son corps se contracte autour de ma verge qui l’envahit et les sensations s’ajoutent les unes aux autres, s’intensifiant à un point qui devient intolérable. En sentant venir l’orgasme, ma peau se hérisse, et je vais de plus en plus vite, de plus en plus fort, jusqu’à ce que je sente ses contractions, son sexe se contracte autour de moi quand elle crie mon nom.

C’en est trop. L’orgasme que j’ai retenu me submerge avec une violence inouïe et c’est une véritable éruption qui surgit. Je pousse un grondement rauque quand un plaisir intense parcourt tout mon corps. C‘est un délice à nul autre pareil, une extase qui va bien au-delà de la satisfaction physique. C’est une sensation que je n’ai connue qu’avec Nora.

Et que je ne connaîtrai qu’avec elle.

Le souffle haletant, je me retire et la laisse s’effondrer sur le lit. Puis je m’incline sur le côté droit et je l’attire vers moi, je sais qu’elle a besoin de tendresse après toute cette brutalité.