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Ces poèmes et ces chansons qui datent de la jeunesse de l'auteur sont, à l'évidence, le socle sur lequel il a bâti la suite de tous ses romans. "L'amour fou" est une déclaration écrite avec la sensibilité et les doigts de ces années-là. "La mort du fou" est une approche humoristique de la mort lors de la catastrophe terrible de l'AZF à Toulouse le 21 septembre 2001. Entre ces deux poèmes c'est tout le monde imaginaire de Pierre Dabernat qui ouvre petit à petit la porte sur son monde intérieur et fantasque. Certains poèmes sont aboutis tandis que d'autres ont conservé la spontanéité de l'époque. A la fin du recueil le lecteur trouvera quelques partitions qui ont eu la chance de traverser le temps.
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Seitenzahl: 97
Veröffentlichungsjahr: 2018
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J'ai écrit ces vers il y a longtemps
A l'aube de ma vie
Du temps de ma jeunesse
Ma jeunesse qui dure encore
Puisque je ne suis pas mort
Pour Rosita et Sariane mes filles
mercredi 7 mai 2008
Du même auteur chez Bod
La 403
Les sorciers de Tinerghir
Mirida et le collier de l'existence
Le dernier des adultes
Martix l'humain et Martix la mécanique
Les cinq mains de Dieu
Putain d'oiseau (polars)
La naissance d'un commissaire
Les flèches dans le cœur
Le clodo des Carmes
Entre Matabiau et Saint Sernin (nouvelles)
La fille de joie
Le poteau téléphonique
La droguée
Les crayons de couleur
Maria
L'amour fou
Je suis de ceux qui disent
Je suis libérable
Tire-toi le marin
Il n'y a pas pire monsieur
Le vieux cimetière
La vie du mauvais côté
Le père Louis
Quand je me suis perdu
Toi ma vie quotidienne
Il me manque des mots
Il ou elle
Dans la ville
Les petits refrains
Le retour gare Matabiau
Sarah
Dis-ma fée
Un beau jour de mai
Sur les bords des chemins
Le guitariste
La fin du monde
Moi et moi
Les semeurs de douleur
Le mal léché
Dis-moi
Ma terre
Le réveil du chasseur alpin
Plus tard mon visage
Pourquoi
Le lit
Le chien
Vénus
Le bouquet de personnes
Les élections
L'ordinateur
Le trou
Le billet
Le petit arbre
La mort du fou
Mon tout petit enfant
Clochette
Où êtes-vous ?
Que dire ?
Si tu crois
Invitation
Soirée
Il faut les aider
Quand je serai heureux
Ma ville natale
Le juge
Je tombe
Samedi soir
Mes copains
Un cri
Déclaration d'amour de Chiquita
Mes poèmes
A tous les hommes
Derrière la fenêtre
Foule
L'idée
Je me souviens c'était comme ça
J'ai envie de prendre
Mon crocodile
Maroc
Ne plus être le même
Le nain
Naissez et grandissez
Le nouveau jeu
La télévision
Un dieu
Et zut et merde
Sur le pas de sa porte, belle et troublante comme
Son parfum odorant, maquillée, provocante,
Accrochant le regard brillant de tous les hommes
Qui défilaient sans cesse la poitrine battante.
Elle avait les cheveux aussi noirs que ses yeux
Qui lançaient des éclats de fiers défis brûlants
Capables d’ébranler même le cœur de ceux
Qui n’ont jamais osé suivre un jour leur élan.
Son chemisier ouvert, aussi bas que son ventre,
Exhibait les deux seins à toute l’avenue,
Et dans ce nid, blottie, gardienne de cet antre,
Une perle d’argent dormait sur la peau nue.
Une jupe en soie blanche, fendue jusqu'à mi-cuisse,
Donnait à ses deux jambes, de noir toutes gainées,
Un don fou d’exciter pour que l’homme ne puisse
Livrer trop dur combat à son porte-monnaie.
La fenêtre donnait sur son coin de trottoir.
Quand ma mère croyait que j’étais dans mon lit,
Sur la pointe des pieds, je longeais le couloir
Pour aller contempler cette fée si jolie.
Du haut de mes dix ans je l’appelais ma reine.
Sur le carreau gelé, où j’écrasais mon nez,
Je croyais qu’elle était venue comme marraine
Se pencher sur mon front le soir où je suis né.
Je savais qu’on l’aimait beaucoup dans le quartier
Et je vis même un soir mon père lui parler,
Et grimper avec elle dans le grand escalier
Où seuls les grands étaient autorisés d’aller.
Les années s’écoulèrent et je grandis méchant.
Très vite j’ai compris pourquoi les jours de froid
Elle demeurait quand même, grelottante, aguichant
Les hommes qui passaient devant elle bien droits.
Et malgré la laideur du temps impitoyable,
Elle restait toujours, désirable, excitante...
Tous mes rêves de gosse, je sais c’est pitoyable,
Glissèrent sur la pente des amours haletantes.
Un soir de mes vingt ans, le môme a étouffé.
Elle savait très bien qu’en moi viendrait l’envie
De coucher avec elle et c’est ce que j’ai fait
Mais ce jour-là ce fut le plus gris de ma vie.
Refrain :
Au clair de la lune tu brûlais ta vie,
Au clair de la lune pour ceux qui avaient envie
Au clair de la lune tu remplissais le cœur
Au clair de la lune d’un enfant rêveur.
Grenoble 22 Août 1974
Il est là, toujours droit, taillé dans de l’érable,
Dans le creux du fossé, sur le bord du chemin,
Et son corps tout ridé, honteux et misérable,
Tant qu’il le peut résiste à l’oubli des humains.
Il y a déjà longtemps qu’il ne sert plus à rien
Et les fils qu’il portait, qui le rendaient si fier,
Ont fini arraché par les mains d’un vaurien
Et personne n’a su tout ce qu’il a souffert.
Il connaissait par cœur les habitants du coin
Qui souvent se parlaient avec leur téléphone,
Et lui, il écoutait, il était le témoin,
De la vie quotidienne de toutes ces personnes.
Il avait un copain. C’était un vieux pylône,
Beaucoup plus haut que lui, qui avait pour mission
D’éclairer devant lui, de sa lumière jaune,
Un bout d’obscurité sans grande prétention.
Maintenant il est seul gardant comme un trésor
Les signes qu’autrefois les jeunes amoureux
S’amusaient à graver, sans trop faire d’effort,
Car son bois était tendre et n’était pas véreux.
Ce n’est plus qu’un mendiant qui implore pitié.
Il est sale et durci, mangé par mille vers,
Mais toujours, face au temps, refuse de plier
Et la lutte acharnée reprend à chaque hiver.
Quand le printemps est là il peut se reposer,
Car, là-haut, le soleil est toujours son ami.
Il reprend quelques forces pour ne pas s’écraser
A la première charge lancée par l’ennemi.
Il connaît bien sa force. Il sait qu’il peut tenir
Encore des années mais peut-il se douter,
Ce vieux tronc ravagé, qu’il va bientôt finir
Sur le gros tas d’ordures de la grande cité ?
Mon bulldozer avance mais dans mon cœur j’ai froid
Car je vais arracher vingt ans de souvenirs...
Je me revois encore, amoureux, maladroit,
Retraçant nos deux noms comme pour nous unir.
Je n’ose même pas descendre et regarder
Et mes deux mains qui tremblent essayent, mais en vain,
D’arrêter la machine qui ne va pas tarder
A balayer d’un coup ce beau jour si lointain.
Ramonville Saint Agne Janvier 1972
La veine, ce ruisseau, en d'ignobles endroits,
Trouée comme un tuyau par dix doigts maladroits,
Une aiguille qui perce la peau tendre écorchée,
Et des larmes qui percent d’une pauvre accrochée.
L’image m’emprisonne... Souvenir consterné…
Pascale jolie môme et tes grands yeux cernés…
Brusquement se déchire le plaisir qui se cogne
Dans un cœur de cachemire qui se bat et qui grogne.
Puis l’envol dans les nues, pour un très long voyage
Dans un rêve inconnu et sans autre bagage
Qu’un sourire béat, et figé pour une heure,
Qui pour elle sera l’évasion, le bonheur.
Ses deux bras sont des pinces, sémaphores tragiques
Qui s’agitent et qui grincent sur un ciel magnifique,
Tandis que dans sa gorge, dans son corps si gracile,
Le poison se rengorge d’un assaut trop facile.
Marrakech et Séville, Athènes et Katmandou,
Elle revoit ces villes, ces visages si doux,
Ces chambres enfumées, la nuit quand il fait tard
Sur des copains vautrés à fumer le pétard.
Souviens-toi de Martine qui serrait le garrot
Préparant l’héroïne sous des airs de robot.
Puis le sang qui s’étire dans la seringue pleine
Démontrant que l’on tire du premier coup la veine.
Et le flash merveilleux qu’elle a dû ressentir,
Puis le flip silencieux pour ne plus atterrir
Avant de s’en aller, d’une bonne overdose,
Lèvres noires et gonflées, digne mort d’une rose.
Pascale maintenant tu bousilles ta vie.
Tu t’en fous, c’est marrant ! Et tu crèves ravie…
Je suis là comme un arbre, je m’agite en plein vent.
Dans mon cœur c’est du marbre. Est-il mort ou vivant ?
Grenoble 24 Janvier 1974
Hier soir j’ai découvert sous un vieil escalier,
Un bout de mon enfance, souvenir d’écolier,
Des crayons de couleur qu’on m’avait achetés
Dans une boite en fer, maintenant à jeter.
Je m’assis sur les marches accusant le réveil
De mes jeunes années après ce long sommeil.
Je me revis gamin, croquant du chocolat,
Et dans la cour d’école au cœur d’un pugilat.
Les crayons oubliés n’avaient guerre servi.
J’étais trop occupé à gaspiller ma vie.
Je ne les aimais pas, ils n’étaient que babioles
A mes yeux extasiés devant les gaudrioles.
Ainsi toute ma vie, ma vie de chemineau,
Doucement est partie glissant comme un traîneau
Sur la neige du temps, immobile, éternelle,
Jamais je l’ai sentie si proche sentinelle.
Au lieu de m’inquiéter, de la faire voyager,
De lui trouver quelqu’un et de la soulager,
Dans les minces plaisirs des caves enfumées
Je l’ai vite oubliée, comme à l’accoutumée.
Mes crayons de couleur, bien rangés, affûtés,
Se demandent comment ai-je pu les quitter ?
Mais personne ne sait pourquoi j’ai trébuché
Sur tous les gros cailloux que mes souliers touchaient.
Je crois que je n’ai pu aucune femme aimer.
Celles que j’ai couchées avaient la renommée
D’avoir le cœur ouvert à tous ceux qui voulaient,
Pour quelques pièces d’or acheter leur beauté.
La nuit qui me connaît me voit toujours tenace,
Éternelle habitude, dégradante et vorace.
Ma joue est balafrée, mon corps est imbibé
Par l’alcool qui me tue et me tient tout courbé.
Adieu mes beaux crayons. Arrêtez de pleurer !
Ce n’est pas maintenant qu’il fallait m’éclairer.
J’attends sans impatience qu’enfin ma vie s’abrège,
Inutile fardeau, sans rien qui la protège.
Toulouse 20 Janvier 1973
Habillée de guenilles, de vieilles espadrilles,
Dans le froid des Pyrénées, en mère, en fille aînée,
Tes frères et tes sœurs et la guerre dans le cœur,
Sur l’Espagne tu pleurais, aux gens tu déclarais :
Refrain
Plus la peine de se tuer, on va tous y passer !
Qu’on soit blanc ou qu’on soit rouge,
La mort tape dans tout ce qui bouge.
Plus la peine de geindre, on va tous te rejoindre !
C’est la seule égalité que Dieu a su trouver.
Puis tu fis connaissance de mon pays la France,
Bidonvilles, barbelés, ce qu’il y a de plus laid.
Dans les rues de Toulouse, Maria, belle andalouse,
Tu étais la plus gaie sans avoir oublié.
Ta maison misérable n’avait rien de minable.
J’ai vu même des anciens y pleurer sur ton sein.
Tu donnais à croquer à ceux qui débarquaient
Ton dernier bout de pain sans penser à demain.
Tes exploits de guerrière, d’anarchiste écolière,
Sur accord de guitare me reviennent en mémoire.
Puis un jour de tristesse, par oubli, maladresse,
Un docteur t’a rayé de la liste « Réfugiés ».
Maria, tu étais la vie, ta force me fait envie.
Dans mon espace carré, mon futur préparé,
Avec ton souvenir, ton image, ton sourire,
M’arrive de retourner au village où t’es née.
Toulouse 1973
L’amour fou est un souffle qui s’engouffre en ton cœur.
Il balaye l’ennui qui t’empêche de vivre.
L’amour fou c’est un voile qui étouffe la peur
De la mort solitaire, froide comme le givre.
C’est un bel oiseau blanc qui découvre l’air pur,
Poussé par la folie du vent désordonné.
Rien ne l’effrayera. Il vole vers l’azur,
Évitant les remous des villes sinistrées.
C’est l’unique vaccin contre ce foutu monde.