La captive des Krinars - Anna Zaires - E-Book

La captive des Krinars E-Book

Anna Zaires

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Beschreibung

Une nouvelle histoire d’amour autonome de l’auteure à succès du New York Times de L’Enlèvement et Les Chroniques Krinar

Emily Ross ne pensait jamais survivre à sa chute mortelle dans la jungle costaricaine, et elle ne pensait jamais qu’elle s’éveillerait dans une insolite demeure futuriste, captive de l’homme le plus magnifique qu’elle ait jamais vu. Un homme qui semble plus qu’humain…

Zaron est sur Terre pour préparer l’invasion des Krinars… et pour oublier la terrible tragédie qui a déchiré sa vie. Pourtant, lorsqu’il découvre le corps brisé d’une jeune humaine, tout change. Pour la première fois depuis des années, il ressent autre chose que de la rage et de la souffrance, et Emily en est la cause. La laisser partir compromettrait sa mission, mais la garder pourrait le détruire à nouveau.

REMARQUE : Il s’agit d’une longue histoire d’amour autonome qui se déroule environ cinq ans avant la trilogie Les Chroniques Krinar (l’histoire de Mia et Korum). Il n’est pas nécessaire d’avoir lu la trilogie pour lire cette histoire.

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La captive des Krinars

Anna Zaires

♠ Mozaika Publications ♠

Table des matières

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

Chapitre 19

Chapitre 20

Chapitre 21

Chapitre 22

Chapitre 23

Chapitre 24

Chapitre 25

Chapitre 26

Chapitre 27

Chapitre 28

Chapitre 29

Chapitre 30

Chapitre 31

Chapitre 32

Chapitre 33

Chapitre 34

Chapitre 35

Chapitre 36

Chapitre 37

Chapitre 38

Chapitre 39

Chapitre 40

Épilogue

Extrait de Liaisons Intimes

Extrait de Twist Me - L’Enlèvement

Extrait de Capture-Moi

À propos de l’auteur

Ceci est une œuvre de fiction. Les noms, personnages, lieux et incidents sont soit le produit de l’imagination de l’auteur, soit utilisés de façon fictive et toute ressemblance avec des personnes, vivantes ou décédées, des établissements commerciaux, des événements ou des lieux existants est purement une coïncidence.

Copyright © 2016 Anna Zaires

http://annazaires.com/series/francais/

Tous droits réservés.

À l’exception d’un usage pour une critique, aucune partie de ce livre ne peut être reproduite, numérisée ou distribuée de façon imprimée ou électronique sans permission.

Publié par Mozaika Publications, une mention légale de Mozaika LLC.

www.mozaikallc.com

Couverture : Okay Creations

www.okaycreations.com

Sous la direction de Valérie Dubar

Traduction : Sarah Morel

e-ISBN: 978-1-63142-227-0

Print ISBN: 978-1-63142-228-7

Chapitre Un

Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je vous en prie, je ne veux pas mourir.

Elle répétait sans cesse ces mots dans sa tête, une prière désespérée qui resterait à jamais sans réponse. Ses doigts glissèrent un autre centimètre sur la planche en bois brut, ses ongles se brisant alors qu’elle tentait de raffermir sa prise.

Emily Ross s’accrochait par ses ongles, littéralement, à un vieux pont brisé. Des dizaines de mètres plus bas, l’eau se ruait contre les rochers, le torrent de montagne en crue après les dernières pluies.

Ces pluies étaient en partie la cause de sa situation actuelle. Si le bois du pont avait été sec, elle aurait pu éviter de glisser et de se fouler la cheville. Et elle ne se serait certainement pas écrasée contre la rambarde, celle-ci cédant sous son poids.

Seule une dernière tentative désespérée de s’agripper l’avait empêchée de chuter vers sa mort. En tombant, sa main droite avait agrippé une petite saillie sur le rebord du pont, la retenant dans les airs à des dizaines de mètres au-dessus de rocs durs.

Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je vous en prie, je ne veux pas mourir.

Quelle injustice ! Ça ne devait pas se passer ainsi. Elle était en vacances, sa période de récupération. Comment pouvait-elle mourir maintenant ? Alors qu’elle n’avait pas encore commencé à vivre ?

Des images des deux dernières années s’imposèrent à son esprit, comme les présentations PowerPoint qu’elle avait passé tant de temps à réaliser. Chaque longue soirée, chaque week-end au bureau… ça n’avait rien changé. Elle avait perdu son emploi au cours des mises à pied et elle était maintenant sur le point de perdre la vie.

Non, non !

Emily battit des jambes, ses ongles s’enfonçant davantage dans le bois. Son autre bras s’étira vers le pont. Ça ne se passerait pas comme ça. Elle ne se laisserait pas faire. Elle avait travaillé trop durement pour se laisser vaincre par un stupide pont en pleine jungle.

Du sang coula le long de son bras alors que le bois dur arrachait la peau de ses doigts, mais elle ignora la douleur. Sa seule chance de survie était d’attraper le rebord du pont de son autre main, pour pouvoir se remonter. Personne ne viendrait l’aider, personne ne la sauverait si elle échouait.

La possibilité de mourir seule dans la forêt tropicale n’avait pas effleuré Emily lorsqu’elle s’était lancée dans cette randonnée. Elle était une habituée des randonnées et du camping. Et, même après l’enfer des deux dernières années, elle était encore en bonne forme, forte de la course à pied et des sports qu’elle avait pratiqués tout au long du lycée et de l’université. Le Costa Rica était considéré comme une destination sûre, avec un faible taux de criminalité et une population conviviale. C’était également un endroit bon marché, un facteur plus qu’important pour ses économies à la dérive.

Elle avait réservé ce voyage avant. Avant que le marché décline, avant une autre série de mises à pied qui avait touché des milliers de travailleurs de Wall Street. Avant qu’Emily ne retourne au bureau le lundi, l’œil hagard après un week-end à travailler, pour en ressortir le jour même avec toutes ses possessions dans une minuscule boîte de carton.

Avant que sa relation amoureuse de quatre ans ne s’effondre.

Ses premières vacances en deux ans, et elle allait mourir.

Non, ne pense pas ainsi. Ça n’arrivera pas.

Emily savait pourtant qu’elle se mentait. Elle pouvait sentir ses doigts glisser, la douleur cuisante de son bras et de son épaule droits forcés de soutenir le poids de tout son corps. Sa main gauche n’était qu’à quelques centimètres du rebord du pont, mais ces centimètres auraient tout aussi bien pu être des kilomètres. Sa poigne n’était jamais assez solide pour qu’elle puisse se soulever avec un seul bras.

Vas-y, Emily ! Ne pense pas, vas-y !

Rassemblant toutes ses forces, elle balança ses jambes dans le vide, utilisant son élan pour soulever son corps pendant une fraction de seconde. Sa main gauche agrippa la planche saillante, s’y accrochant… et le délicat morceau de bois se brisa, la faisant crier de terreur et de surprise.

La dernière pensée d’Emily avant que son corps ne percute les rochers fut l’espoir que sa mort serait instantanée.

L’odeur de la végétation, riche et âcre, taquinait l’odorat de Zaron. Il inspira profondément, laissant l’air humide emplir ses poumons. L’air était propre ici, dans ce coin reculé de la Terre, presque aussi propre que sa planète.

Il en avait besoin. Il avait besoin de l’air frais, de l’isolation. Au cours des six derniers mois, il avait tenté de fuir ses pensées, de vivre dans le moment présent, mais il avait échoué. Même le sang et le sexe ne lui suffisaient plus. Il pouvait se distraire en s’envoyant en l’air, mais la douleur revenait toujours après, aussi puissante.

Finalement, cela s’était révélé trop pour lui. La saleté, la foule, la puanteur de l’humanité. Lorsqu’il n’était pas perdu dans un brouillard d’extase, il était dégoûté, ses sens submergés par trop de temps passé dans les villes humaines. C’était mieux ici, où il pouvait respirer sans inhaler de poison, où il pouvait respirer la vie, et non des produits chimiques. Dans quelques années, tout serait différent, et il tenterait peut-être à nouveau de vivre dans une ville humaine, mais pas tout de suite.

Pas avant qu’ils ne soient établis ici.

C’était la tâche de Zaron : superviser les colonies. Après plusieurs décennies à étudier la faune et la flore sur Terre, il n’avait pas hésité lorsque le Conseil avait demandé son aide pour la prochaine colonisation. Tout était mieux que de rester chez lui, où la présence de Larita se faisait sentir partout.

Il n’y avait pas de souvenirs ici. Malgré toutes les similitudes avec Krina, cette planète était étrange et exotique. Sept milliards d’Homo sapiens sur Terre, un nombre inconcevable, et ils se multipliaient à une vitesse vertigineuse. Leur courte existence et leur manque de vision à long terme les amenaient à brûler les ressources de leur planète sans égard pour l’avenir. À certains égards, ils lui rappelaient une espèce de criquets, Schistocerca gregaria, qu’il avait étudiée plusieurs années plus tôt.

Bien sûr, les humains étaient plus intelligents que des insectes. Certains, comme Einstein, se rapprochaient même des Krinars dans certains aspects de leur raisonnement. Ça ne surprenait pas vraiment Zaron ; il avait toujours pensé que c’était possiblement l’objectif de la grande expérimentation des Anciens.

Marchant à travers la forêt costaricaine, il se prit à penser à sa tâche. Cette partie de la planète était prometteuse ; il était facile d’imaginer des plantes comestibles de Krina fleurir ici. Il avait mené des tests poussés sur le sol et il avait quelques idées sur la manière de le rendre encore plus hospitalier pour la flore Krinar.

Alentour, la forêt était luxuriante et verte, emplie de la fragrance des héliconies en floraison, du bruissement des feuilles et des cris des oiseaux natifs. Au loin, il pouvait entendre le cri d’un Alouatta palliata, un singe hurleur natif du Costa Rica, et autre chose.

Les sourcils froncés, Zaron écouta attentivement, mais le son ne se répéta pas.

Curieux, il se dirigea dans cette direction, ses instincts de chasseur en alerte. Pendant une seconde, le son lui avait semblé être un cri de femme.

Se déplaçant avec aise à travers la végétation dense, Zaron accéléra la cadence, sautant par-dessus une petite crique et les arbustes sur son chemin. Dans ce coin reculé, loin des humains, il pouvait se déplacer comme un Krinar sans devoir s’inquiéter d’être aperçu. En quelques minutes, il fut assez près pour détecter l’odeur. Âcre et cuivrée, l’odeur lui mit l’eau à la bouche et il sentit son sexe remuer.

Du sang.

Du sang humain.

Une fois à destination, Zaron s’arrêta, observant la scène devant lui.

Devant lui se trouvait une rivière, un ruisseau de montagne gonflé par les pluies récentes. Et sur les larges rochers noirs au milieu, sous un vieux pont de bois traversant la gorge, se trouvait un corps.

Le corps brisé et tordu d’une jeune humaine.

Chapitre Deux

Jurant entre ses dents, Zaron sauta dans la rivière. S’il avait été humain, la puissance du courant l’aurait immédiatement entraîné au loin. Il lui fallut tout de même toute sa force pour traverser l’eau écumeuse. Ses jambes se cognèrent plusieurs fois contre les roches sous l’eau, mais il ignora la douleur. Des ecchymoses n’avaient aucun effet sur son peuple ; lorsqu’il atteindrait les rochers devant lui, les blessures seraient déjà pratiquement guéries.

Enfin, il y fut, se hissant sur les rochers glissants et s’accroupissant près de la jeune femme blessée. Elle était vivante ; il pouvait entendre le faible battement irrégulier de son cœur et les gargouillis de sa respiration.

Elle était vivante, mais avec ses blessures, elle ne le serait pas pour longtemps.

Le bas de son corps était tordu dans un angle impossible et ses membres fins étaient brisés en plusieurs endroits, des fragments osseux saillant de la peau pâle et déchirée. La moitié de son visage disparaissait sous le sang rouge foncé qui s’écoulait d’une profonde entaille sur le côté de son crâne. Son t-shirt cachait la plus grande partie de son torse, mais Zaron pressentait une hémorragie interne, sa cage thoracique possiblement broyée par sa chute.

Ses entrailles se serrèrent avec un mélange de pitié et d’étrange désespoir et Zaron fixa cette humaine brisée. Elle était jeune et, de ce qu’il pouvait voir, assez jolie. De longs cheveux blonds, une peau claire, un corps élancé et galbé… Si elle n’avait pas été à l’article de la mort, il aurait pu être attiré par elle.

Mais elle était pour ainsi dire morte. Au mieux, elle n’avait que quelques minutes à vivre. Avec de telles blessures, il était surprenant que son cœur batte toujours. Les humains étaient des créatures fragiles, facilement blessées et à la guérison lente. Il doutait que des médecins humains soient à même de la sauver, même s’ils arrivaient à temps. La médecine Krinar pourrait la sauver, bien sûr, mais Zaron n’avait rien avec lui et la jeune femme avait peu de chance de survivre le trajet jusqu’à sa demeure.

Levant une main, il toucha délicatement la partie indemne de son visage, laissant courir ses doigts le long de sa mâchoire. Sa peau était douce, comme celle d’un bébé. Une pointe de regret emplit sa poitrine ; en d’autres circonstances, il s’en serait délecté.

Soudainement, un petit bruit s’échappa de sa gorge, surprenant Zaron. Puis, sous son regard ébahi, ses yeux s’ouvrirent.

Sous de longs cils marron, ils étaient d’un bleu vert brillant et incroyablement beaux.

Pendant un moment, elle sembla désorientée, ses yeux de la couleur de l’océan assombris par la douleur, puis son regard se fixa sur le visage de Zaron.

Elle savait qu’elle était sur le point de mourir. Zaron pouvait le voir sur ses traits. Elle le savait et elle luttait avec chaque cellule de son être.

Ses lèvres remuèrent, ouvertes sur une supplication muette, et il sut ce qu’il devait faire.

Se penchant vers elle, Zaron la prit délicatement dans ses bras, la serrant contre lui.

Il était plus que probable qu’elle ne survivrait pas au trajet, mais il ne pouvait pas la laisser aller ainsi.

Quiconque s’accrochait aussi farouchement à la vie ne devrait pas mourir sans lutter.

Le trajet sembla éternel, bien que Zaron courut aussi vite qu’il put, attentif à ne pas trop secouer la jeune femme. Le plus dur avait été la rivière ; lutter contre le courant d’une main tout en tenant de l’autre main l’humaine au-dessus de l’eau avait été une épreuve, même pour lui.

Elle était à nouveau inconsciente. Il pouvait entendre le claquement pénible de ses poumons et il savait qu’elle n’en avait plus pour longtemps. Son visage était d’une extrême pâleur, sa peau était froide et moite après son passage dans l’eau.

Enfin, ils arrivèrent.

Une fois à l’intérieur de sa demeure, Zaron la déposa doucement sur son lit. Après un ordre lancé d’une voix ferme, l’un des murs s’ouvrit, permettant à son jansha, un petit tube de guérison, de flotter vers lui. L’attrapant d’une main, Zaron le plaça sur le lit avant de commencer à dévêtir la jeune femme. Elle ne portait pas grand-chose, un t-shirt et un jean coupé, et il l’en départit rapidement, son cœur se serrant à la vue des os saillants et de la chair déchirée.

Ramassant l’appareil, il le passa au-dessus de son corps nu, le laissant diagnostiquer ses blessures. Comme il le soupçonnait, les dommages étaient importants. Sans compter les dommages à ses organes internes, elle avait une lésion à la moelle épinière. Même si elle avait survécu, elle serait restée paralysée à partir de la taille.

Ses blessures ne s’arrêtaient pas là. Des os brisés, une entaille sur son crâne, des coupures et des ecchymoses… tout semblait le résultat de son accident. Toutefois, il y avait des signes de traumatismes plus anciens. Elle s’était cassé le poignet à un moment de sa vie, et sa cuisse montrait une cicatrice provenant d’une autre mésaventure. Elle avait également été soumise aux soins dentaires primitifs des hommes, certaines dents évidées et réparées par une substance non organique.

Zaron hésita à peine avant d’activer le mode de guérison complet de jansha. S’il n’avait pas été aussi pressé et si ses blessures avaient été moins graves, il aurait calibré l’appareil pour qu’il se concentre sur des blessures précises. Mais, dans sa situation, une procédure complète était sa seule chance de survie.

L’appareil vibra pendant une seconde, relâchant les nanocytes de guérison, et Zaron observa la chair déchirée de la jeune femme se resserrer, chacune de ses cellules se régénérant d’elle-même.

Chapitre Trois

S’éveillant lentement, Emily prit conscience qu’elle se sentait bien.

Vraiment très bien.

Elle n’avait ni froid ni chaud et le drap la couvrant avait juste le bon poids et la bonne épaisseur. Le matelas sous elle était également d’un confort incroyable ; comme si elle dormait sur quelque chose créé exclusivement pour son corps. Elle se sentait aussi étonnamment détendue. La tension omniprésente dans son cou était absente pour la première fois en bien des mois.

Un sourire de contentement étira ses lèvres et Emily se blottit davantage sous les draps. C’était sa meilleure nuit de sommeil en bien longtemps. Elle avait peine à croire qu’elle avait eu lieu dans une petite auberge bon marché dans un coin reculé du Costa Rica.

Ce devait être l’air frais et l’exercice, décida-t-elle, toujours peu disposée à ouvrir les yeux. Sa randonnée avait dû l’épuiser. Sa randonnée… Quelque chose sembla vouloir s’imposer à elle, quelque chose de troublant.

Sa chute du pont ! Haletante, Emily se releva d’un coup dans le lit, ses yeux s’ouvrant sous le choc.

Elle ne se trouvait pas à l’auberge.

Et elle n’était pas morte.

Pendant une seconde, ces deux faits lui semblèrent irréconciliables. Si elle avait rêvé toute cette horrible situation, n’aurait-elle pas dû se réveiller au dernier endroit où elle se rappelait s’être endormie ? Et si ce n’était pas un rêve, où se trouvait-elle ? Pourquoi n’était-elle pas morte ou, à tout le moins, gravement blessée ?

Le cœur battant, Emily observa les alentours, serrant avec force le drap contre sa poitrine. Elle pouvait sentir le doux matériel contre son corps… son corps nu… et la réalisation qu’elle ne portait aucun vêtement ne fit qu’accroître sa panique.

Dans quelle situation s’était-elle fourrée ?

Ce n’était pas un hôpital, elle en était certaine.

Elle était assise dans un immense lit rond, la texture étrange du matelas lui étant inconnue. Ce n’était ni des ressorts ni une mousse mémoire, et elle semblait se modeler à la forme de son corps. L’impression était telle qu’elle pouvait pratiquement sentir le matelas bouger sous elle.

À l’exception du lit, la pièce était pratiquement vide. Emily ne pouvait même pas percevoir la source de la lumière qui baignait la pièce d’une douce lueur. Les murs, le plancher et le plafond étaient d’une teinte crème, tout comme les draps de l’étrange lit.

Il n’y avait pas de fenêtre ou de porte.

Que se passait-il ?

Se sentant au bord de l’hyperventilation, Emily tenta de prendre de profondes inspirations pour se calmer. Il devait y avoir une explication, une explication rationnelle. Il lui fallait simplement la découvrir.

Se mouvant avec prudence, elle s’avança jusqu’au rebord du lit avant de déposer ses pieds au sol. Le fait qu’elle puisse se déplacer aussi aisément, sans douleur ou courbature, la déconcertait. Si elle n’avait pas imaginé sa chute, ne devrait-elle pas avoir, au bas mot, quelques os brisés ? L’autre explication, qu’elle avait fait un rêve très saisissant, n’avait pas beaucoup de sens, vu sa situation actuelle.

Se levant, Emily tira sur le drap et s’y enveloppa, tentant de résister à la panique qui semblait vouloir la submerger, lorsqu’une partie du mur devant elle se dissout.

Il se dissout, littéralement, laissant un homme entrer dans la pièce.

Grand et à la carrure imposante, il traversa l’ouverture aussi aisément que s’il s’était agi d’un cadre de porte, son corps se déplaçant d’une démarche fluide et athlétique.

— Bonjour, Emily, dit-il doucement, son regard sombre fixé sur elle. Je ne m’attendais pas à te trouver éveillée si tôt.

Chapitre Quatre

Sans voix, Emily ne put que le fixer du regard.

L’homme devant elle était à couper le souffle.

Pas attirant. Pas beau. Pas même séduisant.

Simplement à couper le souffle.

Ses cheveux d’un noir brillant étaient plus longs sur le dessus et si épais qu’ils ajoutaient quelques centimètres à une taille déjà impressionnante. Son visage était nettement masculin et s’enorgueillissait des traits les plus parfaits qu’Emily ait jamais vus. Des pommettes saillantes, une mâchoire robuste, des lèvres pleines, c’était comme si un sculpteur avait décidé de créer un modèle pour un dieu grec. Même sa peau bronzée semblait sans défaut, comme une photo retouchée.

Il avait un air étranger, exotique… et absolument superbe. Emily ignorait totalement de quelle ethnie il était, mais elle n’avait jamais vu quelqu’un d’aussi magnifique. Elle ignorait même que des hommes comme lui existaient.

Et il connaissait son nom.

Dès qu’elle le réalisa, son rythme cardiaque se fit plus rapide et la réalité de sa situation la frappa. Peu importait à quoi il ressemblait. Emily devait savoir où elle se trouvait et ce qui s’était passé.

— Qui êtes-vous ? demanda-t-elle, serrant plus étroitement le drap contre elle. Quel est cet endroit ? Comment connaissez-vous mon nom ?

Il la fixa de son regard sombre et indéchiffrable.

— Ton permis de conduire se trouvait dans ton portefeuille, dit-il doucement, sa voix profonde la faisant frissonner. J’y ai trouvé des détails à ton sujet, Emily Ross de New York.

Emily cligna des yeux.

— Oui, bon. Et vous avez mon portefeuille, parce que… ?

— Parce qu’il se trouvait dans la poche de ton short, dit-il, s’avançant davantage dans la pièce.

Le mur derrière lui se solidifia à nouveau, l’entrée disparaissant comme si elle ne s’y était jamais même trouvée.

Emily en eut la chair de poule.

— Quel est cet endroit ? Où suis-je ?

Elle pouvait entendre la note hystérique dans sa voix et se força à prendre une profonde inspiration. D’une voix un peu plus calme, elle ajouta :

— Que m’est-il arrivé ?

— Assieds-toi, Emily.

L’homme lui montra d’un geste le lit.

— Tu dois te reposer. Ton corps a subi un traumatisme grave.

Emily recula d’un pas, ignorant son invitation.

— Voulez-vous dire que je suis réellement tombée du pont ?

Elle avait l’impression d’avoir été transportée dans un épisode de La Quatrième Dimension.

— Suis-je à l’hôpital ? Êtes-vous un médecin ?

Ses lèvres sensuelles esquissèrent un sourire.

— Pas vraiment, mais tu peux me considérer comme tel.

— Est-ce un genre de centre de recherche ?

— Non.

L’homme semblait vaguement amusé.

— Rien de tel.

— Alors, qu’est-ce que c’est ? demanda Emily avec frustration. Qui êtes-vous ?

— Tu peux m’appeler Zaron.

Se dirigeant vers le lit, il s’y assit, étirant ses longues jambes musclées. Pour la première fois, Emily remarqua qu’il était vêtu de façon décontractée, d’un jean et d’un t-shirt sans manche blanc qui laissait voir des bras basanés et bien musclés. Il portait des sandales grises et son seul accessoire était une étrange montre à son poignet gauche. S’il s’agissait d’un médecin, il n’en avait pas l’accoutrement.

— Zaron ? répéta-t-elle, en fronçant les sourcils. C’est votre prénom ou votre nom ?

Il continua de l’observer, son regard énigmatique, et Emily déglutit, réalisant qu’il n’avait pas l’intention de lui répondre.

— Bon, Zaron, dit-elle lentement, accentuant son étrange nom. Que m’est-il arrivé ? Pourquoi suis-je ici ?

— Tu es tombée du pont, Emily.

Sa voix était calme, son visage parfait, impénétrable.

— Je t’ai trouvée et amenée ici.

— Oui, bien sûr.

Elle lui lança un regard incrédule.

— Et comment est-ce possible que je sois en pleine forme ?

— As-tu faim ?

— Quoi ?

Emily cligna des yeux, surprise par le changement de sujet.

— Je t’ai demandé si tu as faim, répéta-t-il patiemment, la fixant de ses yeux sombres, magnifiquement exotiques. Tu n’as rien mangé depuis deux jours, alors que tu te rétablissais. Aimerais-tu manger ?

Il y avait quelque chose dans son regard qui lui rappelait son chat, George, une intensité qui la faisait se sentir comme une souris sur le point de servir de jouet.

Tout à coup, la comparaison lui parut très apte, et extrêmement menaçante.

— J’aimerais surtout pouvoir enfiler quelque chose, dit Emily avec calme, pleinement consciente qu’elle était nue sous le drap et enfermée dans une pièce avec un homme étrange.

Un homme aussi imposant que musclé.

Qui l’avait très possiblement dévêtue plus tôt.

Ses paumes se firent moites et les battements de son cœur s’intensifièrent. Pour la première fois, elle réalisa pleinement sa vulnérabilité. L’homme assis sur le lit n’était pas uniquement séduisant, il était également imposant. Plus imposant et, sans aucun doute, plus fort qu’Emily. Avec son mètre soixante-quatorze, elle était plus grande que la moyenne des femmes, mais Zaron avait au moins une tête de plus qu’elle, avec des muscles d’acier recouvrant chaque centimètre de sa carrure aux épaules larges.

S’il décidait de l’attaquer, elle ne pourrait rien y faire.

Une partie de son malaise avait dû transparaître, car il se leva, son corps puissant se déroulant dans un mouvement étonnamment gracieux.

— Bien sûr, dit-il doucement. Je reviens avec des vêtements dans un moment.

Et, sous le regard choqué d’Emily, le mur se dissout à nouveau, le laissant sortir de la pièce, avant de se resolidifier à nouveau, l’enfermant dans la pièce.

Dès que le mur se referma derrière lui, Zaron prit une profonde inspiration, en serrant les poings. Il pouvait sentir les battements effrénés de son cœur et son corps n’était que tension, son sexe dur et gonflé de désir. Il était soulagé qu’elle ait gardé ses yeux sur ses traits alors qu’il quittait la pièce. Si elle avait baissé le regard, sa méfiance naturelle de femme se serait changée en véritable peur, et avec raison.

La force de sa réaction physique en sa présence était déconcertante. Zaron pouvait encore sentir la touche sucrée de son odeur et ses mains n’avaient qu’une envie : la toucher à nouveau et sentir la douceur de sa peau crémeuse sous ses doigts. Toute sa volonté avait été nécessaire pour la laisser, pour s’éloigner d’elle au lieu de suivre les envies de son corps et de plonger au plus profond de sa chair satinée.

Il n’avait pas désiré une femme à ce point depuis des années.

Depuis huit ans, très précisément.

Ce constat lui fit l’effet d’un coup de poing. Pendant un moment, les souvenirs menacèrent de l’engloutir à nouveau, de le faire basculer dans un désespoir noir. Par sa seule volonté, il réussit à ramener ses pensées vers l’humaine, un sujet beaucoup plus sûr.

Au cours des deux derniers jours, il avait subvenu à chacun de ses besoins, s’assurant qu’elle était propre et à l’aise pendant sa guérison. Il l’avait lavée, avait savonné sa chevelure, et l’avait observée alors qu’elle dormait. À ce stade, il était plus intimement habitué à son corps qu’avec celui de toute autre femme qu’il avait possédée, pourtant il n’était qu’un inconnu pour elle.

Un inconnu qui pouvait à peine contenir son envie d’elle.

Il ignorait à quel moment son désir d’aider cette fille s’était changé en cette faim profonde et incontrôlable. Au début, il n’avait vu qu’une pauvre créature brisée, un humain fragile s’agrippant à la vie avec une détermination surprenante. Il avait voulu guérir ses blessures, mettre fin à sa souffrance et le sexe avait été le dernier de ses soucis.

À un moment au cours des deux derniers jours, toutefois, son attention s’était déplacée. Alors que le corps de la jeune femme se rétablissait, il avait commencé à remarquer la plénitude de sa poitrine, la douceur de ses lèvres, les fossettes sensuelles au bas de son dos… Bien qu’élancée, sa silhouette était délicieusement féminine et, après un moment, tout ce qu’il avait eu en tête était son besoin de la toucher, de la goûter… de la posséder.

C’était insensé. Même si elle était belle, la jeune femme était loin de son type habituel. Depuis son arrivée sur Terre, Zaron avait découvert qu’il appréciait les grandes brunettes élancées qui lui rappelaient les femmes de Krina, pas les blondes délicates au teint indubitablement humain. Aucun Krinar n’avait les cheveux pâles ou les yeux de cette insolite teinte bleuâtre, mais sur elle, sur Emily, la combinaison semblait étrangement attirante, lui rappelant les illustrations angéliques qu’il avait admirées dans la littérature humaine. À l’échelle de son espèce, sa petite invitée était plus que jolie.

Elle était franchement exquise.

C’était du moins ce dont son membre semblait convaincu.

Prenant une autre inspiration, Zaron se força à desserrer les poings, déterminé à retrouver son équilibre. Il ignorait pourquoi il désirait autant cette humaine, mais la patience était cruciale. La patience et le contrôle de soi. Il ne voulait pas l’effrayer. Elle était déjà troublée et anxieuse après s’être réveillée dans un endroit inconnu, dans un état que peu d’humains pouvaient aisément concevoir. Il allait devoir se montrer prudent avec elle. Il devrait lui révéler la vérité graduellement, pour éviter toute crise de panique.

Il ne voulait pas qu’elle le craigne lorsqu’elle viendrait dans son lit.

Et elle viendrait vers lui. Zaron en était certain. Une rapide vérification de son invitée avait révélé qu’elle n’était pas mariée et qu’elle n’avait pas d’enfants. Elle vivait seule dans un petit studio de Manhattan. Elle était libre et Zaron la voulait plus qu’aucune autre femme depuis Larita.

Il la voulait et il l’aurait.

Il n’avait qu’à faire preuve d’un peu de patience.

Chapitre Cinq

Emily attendit le retour de Zaron, son pied frappant le sol avec impatience.

Après son départ, elle s’était dirigée vers le même mur et l’avait touché, tentant de comprendre son fonctionnement. Il devait bien y avoir un genre de mécanisme coulissant, et le mur donnait seulement l’impression de disparaître.

À son grand dépit, elle n’avait rien appris, sinon que le mur avait une étrange texture. Il était chaud sous ses doigts, chaud et lisse, comme une substance vivante. Elle s’était distraite un moment en le caressant, mais elle s’était vite lassée de cette activité et s’était assise sur le lit en attendant le retour de son étrange « médecin ».

Pour la première fois de sa vie adulte, Emily ignorait totalement quoi faire. Elle était toujours calme et dégourdie, celle qui pouvait prendre en charge n’importe quel problème d’une façon ordonnée et analytique et y trouver une solution réaliste. Cette situation, néanmoins, avait quelque chose d’absolument nouveau. Elle ignorait où elle se trouvait ou comment elle était arrivée ici, ou même comment elle pouvait être encore vivante. Tout lui semblait surréaliste, de l’homme magnifiquement exotique dont le nom avait des inflexions étrangères à la pièce qui lui semblait tout droit sortie d’une scène de science-fiction.

S’agissait-il après tout d’un centre de recherche gouvernemental secret ? Zaron l’avait nié, mais rien ne le forçait à lui révéler la vérité. Cet endroit, peu importe ce que c’était, était peut-être classé secret défense et il pourrait s’attirer des ennuis en lui révélant quoi que ce soit.

De se voir envisager des théories du complot au sujet de laboratoires gouvernementaux secrets amusait Emily à un certain degré. Elle avait toujours été une personne rationnelle, pas du genre à se laisser aller à des chimères. Même enfant, elle n’avait jamais cru au père Noël ou aux monstres dans le placard ; ces possibilités ne lui avaient jamais paru logiques, pas plus que des labos gouvernementaux secrets au Costa Rica en ce moment.

Mais quelle autre solution y avait-il ? La question tarauda Emily, n’améliorant pas son impatience. Rien ne semblait pouvoir expliquer sa situation actuelle, sauf le fait que toute cette histoire n’était que le fruit de son imagination. Était-ce possible ? S’était-elle cogné la tête et se trouvait-elle maintenant dans un lit d’hôpital avec un traumatisme crânien ?

Avant de pouvoir continuer sur cette lancée, le mur s’ouvrit à nouveau et Zaron entra, se déplaçant avec cette même grâce étonnante qu’elle avait remarquée plus tôt.

— Voilà, dit-il en lui tendant une robe d’un rose pâle et des sandales blanches. Tu peux enfiler ceci si tu le souhaites.

— Euh, merci, dit Emily, incertaine, en lui prenant les vêtements. Puis-je utiliser la salle de bain ?

— Bien sûr.

Il traversa la pièce, jusqu’au mur opposé.

— Laisse-moi te montrer.

Emily le suivit, se demandant où pouvait bien se cacher la salle de bain. En s’approchant du mur, ce dernier se dissout, créant une entrée vers une petite pièce. Zaron y entra, lui faisant signe de le suivre.

— Voici la cuvette, dit-il lorsqu’elle fut à ses côtés, en lui pointant un objet cylindrique blanc dans le coin.

— Tu n’as qu’à t’y asseoir et elle s’occupera du reste. Puis, tu peux te rafraîchir dans ce coin.

Il pointa une petite saillie rappelant un lavabo.

— Si tu as besoin d’une douche plus tard, je pourrai te montrer comment elle fonctionne.

Emily se sentit rougir.

— C’est bon, merci. Je devrais pouvoir m’en tirer seule. Pouvez-vous me laisser ? Je n’en ai que pour une minute.

Un petit sourire aux coins des lèvres, il acquiesça :

— Bien sûr.

En un mouvement fluide, il sortit, laissant Emily seule.

Dès que le mur se referma, elle laissa tomber le drap sur le plancher et prit la robe que l’homme lui avait apportée. C’était une robe d’été aux minces courroies. À sa grande surprise, elle lui allait comme un gant, épousant doucement chaque courbe de son corps. Même sa poitrine lui semblait confortablement soutenue par la doublure mince, mais robuste du corsage. Le matériau lui sembla encore une fois inhabituel. La texture lui rappelait le molleton, mais avec la légèreté du coton. Les sandales lui allaient également à la perfection, comme si elles avaient été faites sur mesure pour son pied. Il n’y avait pas de sous-vêtements, mais Emily décida de ne pas s’y attarder pour l’instant. Avoir quelques vêtements était déjà un bon début.

Ensuite, elle tourna son attention vers la cuvette insolite. Il s’agissait d’un cylindre vertical creux, aux rebords arrondis. Il n’y avait aucune eau à l’intérieur ni aucun mécanisme visible de vidange. Zaron avait affirmé qu’elle devait simplement s’y asseoir. Emily hésita un moment, y réfléchissant, avant de relever sa robe et de s’installer sur le cylindre avec un haussement d’épaules intérieur.

Quand il fallait y aller, il fallait y aller.

Lorsqu’elle eut terminé, elle sentit une brise tiède sur sa peau exposée. Sa peau picota une seconde et Emily hoqueta, se relevant à la hâte. Le picotement cessa aussitôt. Lorsqu’elle jeta un coup d’œil sur le cylindre, elle vit qu’il était impeccable, aussi propre qu’auparavant. Au même moment, elle réalisa qu’elle se sentait tout aussi propre, même si elle n’avait pas utilisé de papier hygiénique, une autre chose qui manquait dans cette étrange salle de bain.

Fronçant les sourcils, troublée, Emily se dirigea vers ce qui ressemblait à un lavabo dans l’autre coin. Il n’y avait ni robinet ni bouton, alors elle agita les mains, espérant qu’il était activé par des capteurs de mouvement. Presque instantanément, un jet tiède de liquide en sortit, couvrant ses mains d’une substance à la fragrance agréable qui ressemblait vaguement à du savon. Avant qu’Emily ne puisse frotter ses paumes l’une contre l’autre, la substance s’évapora, laissant ses mains propres et sèches.

Intéressant désinfectant pour les mains.

Tous ses besoins pressants réglés, Emily marcha vers le mur où s’était trouvée l’entrée. À son approche, l’entrée apparut à nouveau, comme si elle avait capté sa présence.

— D’accord, murmura-t-elle, en se faufilant par l’entrée avant qu’elle n’ait la chance de se refermer.

Dès qu’elle sortit de la pièce, l’entrée de la salle de bain disparut.

Emily la fixa pendant quelques secondes, avant de secouer la tête. Elle devait parler avec Zaron et obtenir des réponses rapidement. Cela devenait ridicule.

Détectant un mouvement du coin de son œil, elle se tourna et vit l’entrée de la chambre s’ouvrir à nouveau. Zaron se trouvait de l’autre côté.

— Viens, dit-il en lui faisant signe de le rejoindre. J’aimerais que tu te joignes à moi pour le petit-déjeuner.

— D’accord.

Emily sortit prudemment de la pièce, cette fois observant les côtés du mur pour tenter d’en comprendre le fonctionnement. À son grand dépit, il n’y avait pas plus de mécanismes visibles de ce côté. Les rebords de l’ouverture étaient lisses et polis, sans rainure ou crête indiquant la présence de portes coulissantes.

Dès qu’elle fut de l’autre côté, le mur se forma à nouveau, se solidifiant devant les yeux d’Emily.

Incroyable.

Se tournant vers Zaron, Emily le fixa avec frustration.

— Comment fonctionne-t-il ? demanda-t-elle en tapotant le mur. De quel genre de matériau s’agit-il ?

Zaron la regarda calmement.

— Je pourrais te donner le nom, mais ça n’aurait aucune signification pour toi. Pour ce qui est de son fonctionnement, je ne suis pas un concepteur, et je ne serais donc pas en mesure de te donner une explication claire.

Pas un concepteur ? Que voulait-il dire par là ?

— Qu’es-tu, alors ?

Un léger sourire étira ses lèvres sensuelles.

— Je suis un biologiste, avec une spécialisation pour l’édaphologie. J’étudie tous les genres de créatures vivantes en plus du sol qui les nourrit.

Emily cligna des yeux.

— Je vois.

Il était donc bien un chercheur.

— Et ceci est ton labo ?

— Non, dit-il en secouant la tête. C’est ma demeure temporaire.

Sa demeure ? Emily lança un regard incrédule alentour. Comme pour la chambre qu’elle venait de quitter, tout était dans les teintes d’ivoire et de crème, avec une douce lueur provenant d’un point indéterminé. Il n’y avait pas de fenêtre ou de porte et l’ameublement était minimaliste. À l’exception d’une longue planche blanche au milieu qui ressemblait à un banc plat, et quelques plantes en floraison dans les coins, la pièce était essentiellement vide.

Fronçant les sourcils, Emily fit un pas vers la planche. Elle était sûre que ses yeux lui jouaient des tours, car…

— Est-ce qu’elle flotte dans les airs ? demanda-t-elle avec incrédulité, s’agenouillant pour jeter un œil sous la planche. Est-elle retenue par un genre d’aimants ?

— Bien sûr que non, dit Zaron, en s’arrêtant à ses côtés. Elle utilise la technologie de champ de force.

Toujours à quatre pattes, Emily lui jeta un regard. Debout près d’elle, il semblait encore plus imposant… et si mâle. Un frisson de peur courut le long de sa colonne à nouveau.

— Une technologie de champ de force ? répéta-t-elle lentement, ayant l’impression d’être tombée dans un monde parallèle de science-fiction. Qu’est-ce que ça veut dire ?

Il l’observa de son regard sombre et calme.

— Mangeons un morceau et je t’expliquerai, proposa-t-il gentiment.

Son ton était doux, mais Emily pouvait entendre la touche acérée sous-jacente. Il n’avait aucune intention de lui répondre pour l’instant.

— D’accord, dit-elle prudemment, faisant mine de se relever. Je veux…

Elle hoqueta presque au contact de sa main contre son coude, l’aidant à se relever. Sa main était légère et pleine de sollicitude, mais il y avait quelque chose de possessif dans sa poigne, dans la façon dont ses doigts s’attardèrent sur son bras quelques secondes de plus avant de la relâcher.

Son cœur battant la chamade, Emily recula d’un pas, le fixant du regard. Réaction illogique, elle se sentait marquée par son contact, sa peau picotant là où il l’avait touchée. Il la regardait aussi, ses yeux brillant d’une émotion étrange. Pour la première fois, Emily remarqua que ses yeux n’étaient pas marron foncé comme elle l’avait cru, mais noirs.

Se sentant complètement déstabilisée, Emily réagit comme elle l’avait toujours fait dans les moments difficiles de sa vie.

Elle afficha un masque enjoué.

— Entendu, dit-elle, rayonnante. Mangeons et discutons.

Amusé par le soudain enthousiasme de la jeune femme pour le repas, Zaron la précéda dans la cuisine.

Il était heureux d’avoir eu l’occasion de la toucher dans un contexte décontracté et non sexuel. Il était important qu’elle s’habitue à son contact. Sur plusieurs points, séduire Emily serait comme domestiquer une créature sauvage. Il devait l’approcher lentement et gagner sa confiance. Elle devait croire qu’il ne la blesserait pas, sinon, elle paniquerait au premier signe d’intention sexuelle de sa part.

Point positif, elle réagissait à sa présence. S’était la réponse primitive d’une femelle en présence d’un mâle sain et attirant. Elle avait peut-être été surprise à son contact, mais elle avait également été subtilement excitée. Il l’avait vu dans la légère dilatation de ses pupilles et le rythme effréné de son cœur. Sa fragrance féminine s’était elle aussi approfondie. Si Zaron avait caressé le sillon délicat entre ses cuisses, il l’aurait sans conteste trouvée accueillante et moite, son corps se préparant instinctivement à l’acte.

Son peuple avait découvert sa compatibilité sexuelle avec les Homo sapiens il y a bien longtemps. Bien que l’ADN des deux espèces soit assez différent pour éviter tout métissage, les efforts des Anciens avaient rendu les humains assez semblables aux Krinars dans leur apparence et leur structure corporelle. Personne ne connaissait les raisons sous-jacentes des Anciens pour cette ressemblance, mais le résultat était une espèce que de nombreux Krinars trouvaient désirable comme partenaires sexuels, surtout avec les qualités aphrodisiaques du sang humain.

Et cette humaine était plus désirable que la plupart, pensa Zaron, en observant Emily qui fixait avec choc la table et les chaises de cuisine. Comme le canapé du salon, ils étaient maintenus en place par un champ de force, donnant l’impression de flotter. Pour un humain typique du vingt et unième siècle, une telle technologie pouvait sembler magique, bien que la majorité des humains fût maintenant assez cultivée pour ne pas tout attribuer au surnaturel.

Zaron réfléchissait encore à ce qu’il devait dévoiler à la jeune femme. Au cours des deux derniers jours, alors qu’il s’occupait d’elle, il avait réfléchi à la possibilité de ne rien révéler, de prétendre être humain. Il avait même considéré la ramener au pont avant son réveil, la laissant ainsi attribuer sa survie à un miracle ou sa chute à un rêve, peu importe ce qui serait plus facile d’accepter pour son esprit. Il avait pourtant hésité, son désir croissant pour elle luttant contre son désir d’éviter une situation potentiellement délicate, mais elle s’était éveillée quelques heures plus tôt qu’il ne l’aurait cru.

Il avait maintenant une humaine troublée et méfiante sur les bras… une humaine qui le fixait avec une lueur de frustration dans son regard aigue-marine.

— Laisse-moi deviner, dit-elle, avec un geste vers la table. Un autre exemple de technologie de champ de force ?

L’amusement de Zaron s’intensifia devant le sarcasme à peine voilé dont elle faisait preuve.

— Oui, c’est bien ça, dit-il, en se dirigeant vers l’une des chaises flottantes et en s’y installant.

Le matériau intelligent s’ajusta immédiatement à son corps, évaluant sa posture pour lui offrir le meilleur confort possible.

— Je dois m’asseoir là-dessus ?

Sa voix se fit aiguë.

— Sur une planche qui flotte dans les airs ?

— Tu ne tomberas pas, je te le promets, dit Zaron, refoulant son sourire alors qu’elle s’approchait de la table avec tout l’enthousiasme de quelqu’un sur le point d’être condamné pour meurtre.

— C’est même très confortable, ajouta-t-il.

— Ouais, murmura-t-elle, en s’installant prudemment sur la planche.

Puis, ses yeux s’écarquillèrent. Elle avait probablement senti la chaise bouger alors qu’elle s’ajustait à son corps. En quelques secondes, elle se retrouva assise, son dos entièrement soutenu, un air choqué sur ses traits.

Cette fois, Zaron ne put réprimer un ricanement. Il n’aurait pas pensé apprécier cette partie, mais c’était le cas. Présenter à cette petite humaine son monde se révélerait peut-être agréable sur plus d’un plan, pensa-t-il, la regardant se retourner pour tenter de voir le dossier de sa chaise. Bien sûr, la chaise intelligente bougea avec elle, le dossier disparaissant au moment où Emily tentait de l’étudier.

Lorsqu’elle se tourna à nouveau vers lui, l’expression de son visage était indescriptible.

— Allons, quel est ce truc ? demanda-t-elle, ses mains agrippant le rebord de la table. Où suis-je ?

Zaron rit doucement.

— Tu es dans ma demeure, Emily, dit-il, répétant patiemment ce qu’il lui avait déjà dit. Et ce truc est mon ameublement.

— Quel genre de meuble fait ça ? Il a bougé. Et il a disparu devant moi.

— Oui, il a disparu, acquiesça Zaron. Le matériau est conçu pour s’ajuster à ton corps afin d’offrir le meilleur confort qui soit. Lorsque tu t’es tournée, il n’était plus confortable, alors il s’est à nouveau ajusté.

— Oui, bien sûr.

Fermant ses yeux, elle se frotta les tempes, une expression douloureuse sur les traits.

Immédiatement soucieux, Zaron se pencha sur la table et appuya le dos de sa main contre son front.

— Tu te sens bien ?

Les humains étaient incroyablement frêles, leurs corps faibles et sujets à toutes sortes de maladies entièrement inconnues de son peuple. Les maux de tête, par exemple. Sauf pour quelques fois suivant une blessure à la tête, Zaron n’avait jamais souffert de maux de tête, mais il savait qu’il s’agissait d’un trouble fréquent chez l’espèce humaine.

À son contact, elle se recula d’un bond et ses yeux s’ouvrirent d’un coup.

— Bien sûr, dit-elle avec cette même fausse gaîté. Je suis au top.

Comme Zaron continuait de la regarder, sceptique, elle ajouta :

— Non, vraiment, tout va bien. Je suis sûre d’avoir chuté sur plusieurs dizaines de mètres, mais je vais super bien.

Zaron décida d’ignorer la dernière partie de sa remarque.

— Bien, dit-il en se reculant. Mais si tu as mal à la tête, dis-le-moi. Je peux le soigner.

Elle prit une longue inspiration profonde, attirant le regard de Zaron vers le doux renflement de sa poitrine.

— Le soigner comment ? demanda-t-elle.

Zaron se força à ramener son attention vers son visage.

Ce n’était pas le moment de céder à son attirance.

— M’as-tu soignée avant ? persista-t-elle lorsque Zaron ne répondit pas immédiatement. Comment est-ce possible que je sois en pleine forme après une telle chute ? ajouta-t-elle.

Ses yeux s’écarquillèrent comme sous l’effet d’une révélation.

— Attends un peu, quel jour sommes-nous ? Étais-je dans le coma ?

— Non, tu n’étais pas dans le coma, dit Zaron, comprenant son désarroi. Nous sommes le jeudi six juin.

— Alors, j’ai été inconsciente pendant deux jours.

Zaron acquiesça.

— Oui, c’est bien ça.

Il commençait à avoir faim et il était sûr que c’était son cas aussi. Les explications pouvaient attendre. Dans la langue Krinar, il leur commanda rapidement une salade.

Emily fronça les sourcils.

— Qu’as-tu dit ?

— Je nous ai commandé à manger, expliqua Zaron. Malheureusement, ma demeure n’est pas programmée pour répondre aux directives dans ta langue.

— Oui, bien sûr.

Elle le regardait comme s’il était fou.

— Mais ta demeure est programmée pour répondre aux directives dans la langue que tu viens d’utiliser, peu importe ce que c’était ?

— La langue est le Krinar, dit Zaron, prenant finalement une décision.

Il pouvait continuer de la laisser dans l’ignorance, mais ce n’était pas vraiment nécessaire. Avec tout ce qu’elle avait déjà vu, il ne pouvait pas la laisser partir et elle apprendrait la vérité assez tôt.

— Krinar ?