La Clinique de l'Enfer - Gérard Chevalier - E-Book

La Clinique de l'Enfer E-Book

Gérard Chevalier

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  • Herausgeber: Palémon
  • Kategorie: Krimi
  • Sprache: Französisch
  • Veröffentlichungsjahr: 2020
Beschreibung

Pierre tombe amoureux de l'infirmière qui prend soin de lui, la douce Marie. Mais il la soupçonne vite, ainsi que ses collègues, de tremper dans une sordide affaire. Tandis qu'il récupère après son AVC, Pierre mène l'enquête, seul contre tous.

Pierre Le Paugam, trentenaire victime d’un AVC, se réveille dans une clinique de Perros-Guirec, privé de ses repères, incapable de s’exprimer de manière intelligible ou de se mouvoir seul. Il va peu à peu réapprendre à parler, à marcher, à structurer ses pensées, grâce à l’infaillible soutien de la belle Marie, infirmière dévouée dont il va tomber sous le charme. L’équipe qui l’entoure - kiné, orthophoniste… - est également aux petits soins pour lui. Pourtant, lorsqu’il surprend une conversation qui va profondément l’intriguer, le comportement du personnel hospitalier vis-à-vis de lui change. Il soupçonne alors l’établissement d’être la plaque tournante d’un effroyable trafic. Pierre va tant bien que mal mener sa propre enquête et tenter de lancer l’alerte, au mépris du danger. Mais qui est le plus crédible ? Un respectable directeur de clinique ou un patient ayant récemment subi un AVC ?

Quelle est donc la nature de cet effroyable trafic ? Qu'adviendra-t-il de Pierre, lui qui est aux mains de ce personnel soignant suspect ?

EXTRAIT

— La main…
 — Comment ?
— Donnez… la main.
— Bien sûr… Oh ! Un baisemain, comme à une grande dame !
— Vous… ma grande dame… à moi…
 — Hé, mais nous sommes dans le grand monde, ici ! C’est une réception officielle ?
— Monsieur Pierre est content d’être dans sa nouvelle chambre. Je vous laisse, docteur.
 — Ne me laisse pas trop longtemps, Marie… Alors, on se sent mieux ?
— J’ai… j’ai des… moments mieux. J’ai… J’oublie… beaucoup.
 — Estimez-vous heureux de pouvoir déjà parler. Dans votre cas, il y en a qui restent comme des légumes. D’ailleurs, nous sommes surpris de votre processus de récupération. Mais bon, tant mieux. C’est la loterie de ce genre d’accident vasculaire. On va vous regonfler pendant quelque temps, et ensuite on interviendra si besoin pour nettoyer l’hématome. Voilà… Votre belle-mère a insisté pour qu’on vous chouchoute. Vous êtes gâté, sacré veinard ! Le kiné va essayer de vous faire remuer un peu. L’orthophoniste m’a également dit qu’il y a de l’espoir. Ah, j’oubliais : votre père nous a téléphoné. Je ne savais pas qu’il était un personnage aussi important… Allez, tout ça va dans le bon sens, plus que je ne le pensais. Oui ?

À PROPOS DE L'AUTEUR

Influencé toute sa vie par ses deux grands-pères, l’un, directeur du journal L’évènement fondé par Victor Hugo, l’autre, héros de la guerre 14-18, Gérard Chevalier va être artiste peintre, décorateur, maquettiste, acteur, metteur en scène, scénariste.
Il devient auteur de romans policiers en 2008. Son premier ouvrage Ici finit la terre a remporté le Grand Prix du Livre Produit en Bretagne, le Prix du Roman Policier Insulaire à Ouessant, le 2e Prix du Goéland Masqué. Suivent L’ombre de la brume, La magie des nuages, Vague scélérate et la série humoristique Le chat
Catia mène l’enquête qui rencontre également un véritable succès. La Clinique de l'Enfer est le dixième roman de Gérard Chevalier.

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Couverture

Page de titre

Retrouvez ces ouvrages sur www.palemon.fr. Le site de l’auteur : www.gerard-chevalier.com

CE LIVRE EST UN ROMAN.

Garde un œil froid sur la vie et sur la mort. Cavalier… passe ton chemin.

William Buttler YEATS

Cet univers ne serait pas grand-chose s’il n’abritait pas les gens qu’on aime.

TEMPS zéro

— Ah… lumière… où ? Ancrage… Pied… Mal ? Pas… Rien. Dedans quoi ? Manque… manque… manque… Bruit…

— Bonjour, monsieur Pierre. Vous êtes enfin réveillé.

— …

— Comment vous sentez-vous ?

— Ehhhhh… Faaaaa…

— Ne vous fatiguez pas, ça va revenir. Je vais vous redresser, vous serez mieux… Voilà… Vous avez soif ?

— … Nmmmmm…

— Tenez, ça va vous faire du bien.

Qui… ? dame… sombre… Ahhhh… Rien… peur.

— Ne vous énervez pas. Ça va aller… Vous comprenez ce que je vous dis ?

— …

— Remuez la tête, si vous comprenez…

— …

— Reposez-vous. Je vais chercher le médecin.

Manque… manque… Où ? Pas.

TEMPS 1

— Vous… a… et… ou vous… de la chance… vez mon… voyez ?

— Bon. C’est pas terrible. On va voir comment ça évolue, si ça évolue. Pour le reste, on va faire des tests. Mais j’ai l’impression que c’est mal parti.

Parti… parti… Où ? Peur… Ehhhhhh…

— Oui, je suis là, monsieur Pierre.

— Oui… là… là… mmmain…

— Ah, vous voyez, ça vous fait plaisir une petite caresse sur la joue ?

— Oui… là… là… mmm… main !

— C’est bien ! La main ! L’orthophoniste s’occupera de vous bientôt. Je vous laisse, mais je reviens pour le dîner. À tout à l’heure. N’ayez pas peur, je reviens.

— Parti… re… viens…

TEMPS 2

— Bonjour, monsieur Pierre. Bien dormi ?

— …

— Je vais vous donner votre petit-déjeuner. Du café au lait et des tartines beurrées. Ça vous va ? Oui ?

— Oui… Ehhhh… nonn… pas… pas… lait.

— Pas de lait. Très bien. Je vais vous aider pour boire. D’accord ?

— Oui… la… main…

— Vous voulez ma main sur votre visage, c’est ça ?

— Oui…

— Ça vous fait du bien ?

— … Oui…

— Je trouve que vous avez récupéré depuis deux jours. Vous allez voir. Ça ira de mieux en mieux. Tenez, votre tartine…

— Mmmm…

— Mer… ci !

— Très bien ! Vous voyez, vous retrouvez vos esprits.

— … manque… manque… peur…

— Je suis là, monsieur Pierre. N’ayez pas peur. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, voilà la sonnette.

Sonnette… sonnette… mots… les mots… partis… Oh ! Mon bras… remue… pas… peur… que… je fais là ? Oui… la dame noire… gentille… belle aussi… Elle sent bon… Elle…

— Ehhhhhh…

Pas parler ? Jeeee… Pas parler… parler… j’ai peur…

TEMPS 3

— Bonjour, monsieur Pierre. Je suis Irène, votre orthophoniste. Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?

— Peur…

— Ne craignez rien, monsieur Pierre, je sais que vous faites des progrès. Mademoiselle N’Diaye, votre infirmière, me dit que vous prononcez des mots. C’est vrai ?

— Oui… elle… gentille.

— Bravo ! C’est vrai qu’elle est gentille… trop gentille. Vous vous souvenez de votre travail ?

— …

— Vous ne vous souvenez pas de l’endroit où vous étiez avant de venir ici ?

— Nnnon…

— Ce n’est pas grave. On va commencer doucement. On y va ? Oui ?

— … Oui…

— Dou… ?

— … ce… ment…

— C’est ça ! Très bien… Médi… ?

— … cament…

— Oui ! Hôpi… ?

— … tal !

TEMPS 4

— Alors nous sommes en présence d’un accident hémorragique par suite d’une rupture d’un anévrisme dans les espaces sous-arachnoïdiens. Il ne semble pas y avoir de destruction, mais compression par la lésion. L’HTIC1 est évitée et il n’y a pas de libération d’ions calcium. À noter un déficit partiel du côté gauche. L’IRM nous orienterait vers une intervention neurochirurgicale. Le patient est sous anticoagulant avec aussi un traitement antihypertenseur. Un début de récupération cognitif est constaté. Mais une DFT2 est toujours possible.

— Ton diagnostic évolutif ?

— Pas terrible. Mais…

— Mais ?

— Compte tenu de ses… relations, difficile de faire quoi que ce soit.

— Bon. On s’adaptera.

— On a une entrée ce matin. Viens voir.

… médecin… sort… et l’autre… comprends pas… Jargon ? C’est ça ! Je dois… calme ! Une menace… j’ai peur… La sonnette…

— Que se passe-t-il, monsieur Pierre ? Vous voulez le bassin ?

— Non… vous…

— Oui ? Quoi, moi ?

— Vous… près… avec moi…

— Ah, vous vouliez que je vienne vous voir… C’est ça ?

— Oui… Vous… gentille… J’ai peur.

— Allons, monsieur Pierre. Ça va aller. Vous commencez à reparler. Et vous allez être debout très vite… Je suis là pour vous aider. Tout va bien.

— Merci… Vous êtes…

— Oui ?

— Vous êtes… belle… Vos yeux…

— C’est très gentil. C’est la première fois qu’un… qu’un de mes patients me dit ça. Tiens, je vous fais la bise.

— …

— Ne pleurez pas, monsieur Pierre. On va bien vous soigner… Oh, pardon ! Je ne vous avais pas vue ! Entrez, madame. Vous êtes une parente ?

— Je suis sa belle-mère.

— Je vous laisse.

— Mon pauvre Pierre… Comment tu te sens ?

— Mal… mal à parler… à bouger.

— Oui, je sais. Je viens de voir ton médecin. Mais tu progresses. Tu vas t’en sortir. Ton père t’embrasse.

— Mon père… où… mon père ?

— Tu ne te souviens pas ? Il est en Côte d’Ivoire pour encore deux mois.

— Pas vu depuis… longtemps…

— Je le regrette… J’aimerais tant que vous vous entendiez. C’est dur pour moi vos disputes perpétuelles.

— Tu fais quoi ?

— Ah ! Tu as oublié ça aussi. Je suis maître de conférences à la Sorbonne.

— Comment… ton nom ?

— Fabienne…

— … C’est ça… Fabienne.

— Je suis désolée de ne pas être venue plus tôt. J’étais en déplacement en Jordanie… Que veux-tu que je t’apporte ? Tu as besoin de quoi ?

1. Hypertension intracrânienne.

2. Dégénérescence fronto-temporale.

TEMPS 5

— Bonne nouvelle, monsieur Pierre ! Vous déménagez pour une belle chambre avec vue sur la mer ! Vous êtes content ?

— Oui… content… de vous… voir…

— Oh, mais vous parlez de mieux en mieux !

— Quand vous êtes là… c’est bien… Votre nom ?

— Marie. Je vous l’ai déjà dit, mais vous avez oublié…

— Marie… j’oublie tout…

— Mais non, mais non…

— Marie… Belle couleur de peau…

— Vous aimez la peau noire ?

— J’aime… vous ici !

— Moi aussi, je vous aime bien, monsieur Pierre. Allez, asseyez-vous au bord du lit… C’est ça, tirez sur la barre… Voilà, vous y êtes presque… Là… c’est bien. Je vous tiens, je vous tiens… Asseyez-vous dans le fauteuil… Parfait. Je vous emmène dans votre nouvelle chambre. C’est votre belle-mère qui a demandé votre transfert. Il paraît que le bateau est votre passion…

— Le bateau ?

— … Il n’y a qu’un bout de jardin entre le balcon et la plage. Vous allez voir… On y est… Attention ! Et voilà ! Ça vous plaît ?

— C’est… magnifique !

— Oui, c’est la plus belle chambre de la clinique. La vue va vous donner des forces !

— … béton précontraint ?

— Pardon ? Je ne comprends pas.

— … Le bâtiment…

— Ah oui, c’est vrai, vous êtes architecte. Je ne sais pas vous répondre. Vous demanderez au médecin. Le kinésithérapeute va venir dans une heure. Vous voulez rester dans le fauteuil roulant ou aller au lit ?

— Non… rester… regarder…

— Vous n’avez pas froid, la fenêtre ouverte ?

— Non…

— Je vous mets quand même une couverture…

— La main…

— Comment ?

— Donnez… la main.

— Bien sûr… Oh ! Un baisemain, comme à une grande dame !

— Vous… ma grande dame… à moi…

— Hé, mais nous sommes dans le grand monde, ici ! C’est une réception officielle ?

— Monsieur Pierre est content d’être dans sa nouvelle chambre. Je vous laisse, docteur.

— Ne me laisse pas trop longtemps, Marie… Alors, on se sent mieux ?

— J’ai… j’ai des… moments mieux. J’ai… J’oublie… beaucoup.

— Estimez-vous heureux de pouvoir déjà parler. Dans votre cas, il y en a qui restent comme des légumes. D’ailleurs, nous sommes surpris de votre processus de récupération. Mais bon, tant mieux. C’est la loterie de ce genre d’accident vasculaire. On va vous regonfler pendant quelque temps, et ensuite on interviendra si besoin pour nettoyer l’hématome. Voilà… Votre belle-mère a insisté pour qu’on vous chouchoute. Vous êtes gâté, sacré veinard ! Le kiné va essayer de vous faire remuer un peu. L’orthophoniste m’a également dit qu’il y a de l’espoir. Ah, j’oubliais : votre père nous a téléphoné. Je ne savais pas qu’il était un personnage aussi important… Allez, tout ça va dans le bon sens, plus que je ne le pensais. Oui ?

— … Je… non… rien…

— Bien. À plus tard…

Il fait peur… J’ai peur… La mer est forte… Besoin de la mer… Je reste… longtemps regarder… la mer… Je suis… sur la mer. Bateau ? Sûrement… Les mots cachés… Je dois chercher… lutter… c’est ça, lutter ! Vivre mieux. Il a… que les mots pour vivre ! C’est ça !

TEMPS 6

— Encore un petit effort, monsieur Pierre… Prenez appui sur la béquille… et hop ! Lancez votre pied en avant… C’est ça… Encore…

— Je… ne peux pas…

— Si, si. Il le faut. Allez ! Voilà…

— C’est dur…

— Oui, mais vous allez y arriver… Je sais que vous pouvez le faire… Bravo ! Vous voyez !

— Tellement fatigué…

— Vous vous souvenez, la semaine dernière quand on a commencé ?

— Oui…

— Alors, c’est le jour et la nuit avec aujourd’hui ! Non ?

— Si…

— Je vous ramène dans votre chambre. Marie va vous faire déjeuner.

— Marie, ma belle Marie…

— Vous pouvez maintenant manger avec votre main gauche ! Vraiment étonnant !

— Pour vous… plaisir ! Pourquoi… vous pleurez ?

— Excusez-moi, monsieur Pierre. Merci de votre affection…

— Chagrin… famille ?

— Non… Si…

— Seule ?

— Oui… J’ai perdu mes parents quand j’avais douze ans… Au Sénégal…

— Le Sénégal ?

— En Afrique.

— Ah, oui… J’ai perdu mère… aussi. Ma belle-mère… gentille… comme vous… mais vous…

— Oui ?

— C’est pas pareil ! Ça vous fait rire ?

— Oui… Je suis fière de vous apporter un peu de réconfort.

— Vous donnez beaucoup.

— Tant mieux ! Une petite sieste ? Jean-Jacques a dû vous malmener !

— Oui… je dormirai… Jean-Jacques se fatigue aussi pour moi.

— C’est un très bon kiné. Il va vous faire remarcher. À tout à l’heure…

— La main…

— Dormez bien, monsieur Pierre.

— Pas monsieur…

— D’accord. Mais seulement quand on est tous les deux… Dormez bien, Pierre.

Des images flottent. Pas possible de dire quelque chose. Qui sont ces gens ? Tellement de tableaux ensemble… depuis longtemps. C’est la pagaille… Marie… mon espoir. Et celle-là ? Qui est-ce ? Elle m’a fait mal, je sais… C’est pour ça que… que quoi ? On était tous à boire. Ils riaient mais moi… je faisais semblant. Je ne ferai plus jamais semblant. Tiens, le brouillard se dégage… la lumière est belle… C’est plus léger… le bruit des vagues… Ça sent bon… comme Marie… L’air tourne autour de moi… monte… monte… monte…

TEMPS 7

— Para… ?

— … cétamol !

— Si vous voulez, mais je pensais à parapluie.

— … pluie…

— L’essentiel est que le vocabulaire vous revienne. On essaie des phrases maintenant. Il fait beau aujourd’hui. Répétez après moi.

— Il… fait beau…

— … aujourd…

— … d’hui ! Pourquoi… je rate ?

— C’est normal, ne vous énervez pas. Il faut remettre la mécanique en marche. Vous êtes sur la bonne voie… Alors : j’aime regarder la mer… Le ciel aussi…

— Marie aussi…

— Oui, je m’en doute, mais ce n’est pas ce que je vous ai demandé. Allez…

— J’aime… regarder la mer.

— Très bien. Le…

— Le ciel… aussi… Plein de mots… sont… cachés…

— C’est…

— … et ils arrivent… tout seuls…

— Vous pouvez m’expliquer ?

— Dur… Je pense… des gens… des endroits… pas de noms… Des mots arrivent… pas les bons… je sais, pas les bons… je cherche… terrible !

— Monsieur Pierre, calmez-vous. Écoutez-moi bien. Vous revenez de très loin, un long voyage… Vous avez quitté un endroit désert, sans mots, sans logique, sans communication. Et là, nous sommes en train de discuter tous les deux. C’est extraordinaire, vous comprenez ?

— Pas tout…

— Bien sûr, il faut du temps et il n’y a que trois semaines de passées depuis notre première séance. Je suis très satisfaite de votre évolution.

— Je suis… foutu…

— Pas du tout ! Vous voulez bien me faire confiance ?

— Confiance ?

— Croire ce que je vous dis…

— Je ne sais pas…

— Vous êtes fatigué. Je vais vous…

— Pourquoi fatigué ?

— Parce que dans votre cas, l’effort intellectuel est plus fatigant que l’effort physique.

— Je veux voir… Marie… La sonnette…

— Vous parlez bien quand vous voulez ! À demain, monsieur Pierre.

— Ah, Marie, je peux te dire un mot ?

— Oui, bien sûr.

— Pierre Le Paugam est en net progrès, mais il est dans une phase dépressive, ce qui n’est pas surprenant. Il s’est attaché à toi, ce qui est assez normal aussi. Il faut, si tu veux bien, lui parler beaucoup, assez lentement. Raconte-lui tout ce qui te passe par la tête, mais pour le moment calme-le, fais-le rire si tu peux. Contrôle bien son sommeil. Malgré la position sociale de ses parents, ce n’est pas le patron qui va s’en soucier. D’accord ?

— Promis.

— Et puis… tu as eu des patients plus moches, non ?

— Arrête ! Tu vas me faire rougir !

— Je voudrais bien voir ça !

— Monsieur Pierre… Pierre, vous avez besoin de quoi ?

— De… de vous…

— Ah ! Qu’est-ce qui ne va pas ?

— Tout… moi… La main…

— Voilà… Qu’est-ce que c’est que ces grands yeux tristes ? Faites-moi un beau sourire, tout de suite, avant que je me fâche ! C’est ça…

— Près de moi…

— Euh… pas longtemps, j’ai du travail…

— Quand je rentre… dans vos yeux… l’espace est… grand…

— Bientôt l’espace sera encore plus grand, quand vous sortirez. Vous irez sur votre bateau, vous voyagerez, vous retrouverez tout ce que vous aimez. Quand j’étais petite, dans mon pays, j’habitais dans un village de pêcheurs au bord d’une plage. Je voyais les grandes pirogues colorées partir pour…

Marie est un rêve… Elle est belle… forte… me fait du bien… connais pas son pays… Cap Skirring ? Le Sénégal ? Tout est en tas dans ma tête. Des murs sans fenêtres… une prison dans mon crâne… Je dois tout ranger… retrouver… élargir… C’est ça : élargir vers la lumière. Marie est ma lumière vers l’extérieur. Avant elle… qui ? La douleur… Il y a plein de choses… Ah, c’est bien ça ; il y a plein de choses… Je devine, je vois des images déformées, sans nom. Ça tourne, ça ondule, ça monte… Quand un bâtiment s’écroule apparaissent ses structures métalliques. Tiens… une phrase complète… Il faut enlever les décombres. Rebâtir. Ces horribles guerres… les immeubles éventrés avec les pauvres accessoires de vie exposés au vent…

— Monsieur Pierre ? Pierre ! Où étiez-vous ? Vous ne m’écoutez plus… Je dois vous laisser.

— Oui. Ma belle Marie…

— Je reviens vite. C’est défendu de rêver à des choses tristes. Promis ?

— Comment… vous savez ?

— Parce que je suis une sorcière ! À tout à l’heure.

— Vous riez ! C’est le soleil qui se lève !

— Oh ! Et poète avec ça !

TEMPS 8

— Penchez-vous un peu plus… Voilà. Soulevez le déambulateur… posez-le un peu plus loin… C’est ça… Faites un pas en avant… N’ayez pas peur, je vous tiens.

— Je voudrais…

— Oui ?

— Non, rien.

— Mais si, dites.

— Sortir…

— Très bien. On va aller dans la cour. Le fauteuil roulant… et hop ! En route…

— Levez-vous… Appuyez-vous sur mon bras… Allez !

— Je ne vais pas… pouvoir.

— Si ! C’est votre appréhension qui vous bloque… Voilà, formidable ! Vous voyez !

— Oui… C’est une volonté… énorme.

— Je sais. Écoutez, monsieur Le Paugam, des patients, j’en vois toute l’année. Par expérience, je peux vous dire que vous vous en sortirez. C’est long, c’est pénible, mais vous guérirez. Je vous le garantis. Et on est là pour ça… Pour vous aider à gagner !

— Contre qui ? Moi ?

— Non, contre votre handicap ! C’est bien, vous retrouvez le sens de l’humour…

— Eh ! Saleté !

— Ah, elle ne vous a pas raté la mouette ! Non, laissez. Je vais vous nettoyer…

— Elle ne m’aime pas non plus…

— Pourquoi ? Il y a des gens qui vous détestent ? Mais, vous parlez de mieux en mieux ! C’est extraordinaire. En un mois !

… « Vous parlez de mieux en mieux. » Ils n’arrêtent pas de me répéter la même phrase… Répéter… Par gentillesse. Les mots reviennent… Oui… Pas les souvenirs. Je voudrais tant savoir… avant… avant le trou noir… Si, maman. Maman est dans ma tête, mon cœur. Elle est partie… J’avais quel âge ? Jeune, c’est certain. Je travaillais ? Non, j’étudiais ! Oui, c’est ça ! J’étudiais à l’École des Beaux-Arts… Oui, oui, oui !

— Qu’est-ce qui vous amuse, monsieur Le Paugam ?

— J’ai trouvé… Mon premier souvenir !

— Des calissons d’Aix pour ta gourmandise, des journaux pour te connecter avec l’actualité, et un roman amusant de Barbara Constantine. Tu progresses en lecture ?

— Pas beaucoup… J’arrête à quelques lignes.

— Mais tu déchiffres les phrases ?

— Oui… c’est… usant…

— Je sais, mon chéri. Mais tu vas tellement mieux ! J’ai eu très peur. Avec ce qui t’est arrivé, chaque mot, chaque geste est une victoire !

— Oui, tout le monde me dit ça. Mais je ne suis pas… guéri.

— Dans pas…

— Quand tu as… marié papa ?

— Ah… Tu venais d’avoir ton diplôme d’architecte DPLG3. J’ai insisté pour que tu viennes à notre mariage. Tu refusais de voir ton père que tu rendais responsable de la mort de ta mère. Tu te souviens ?

— Non… Enfin, que maman soit partie, oui…

— Je peux t’assurer que ton père a été détruit par l’absence de Caroline. Et il n’a pas été un mari détestable au point de lui provoquer un cancer. D’ailleurs, ton père est un homme rare et nous nous aimons beaucoup. Cela fait douze ans que nous vivons ensemble. Vous êtes dotés de deux caractères entiers mais totalement différents. Vous ne faites aucun effort, ni l’un ni l’autre, pour vous accepter.

— Ah ? J’aimerais voir… papa…

— Vraiment ? J’en suis ravie.

— Je ne sais pas… quelle tête il a…

— La tienne, avec vingt-cinq ans de plus.

— Il est où ?

— Toujours en Côte d’Ivoire.

— Je demande toujours les mêmes choses ?

— Oui. Ce n’est pas grave.

— Si, c’est grave… Je déraille… rien ne tient debout… Rien ne reste… sauf…

— Sauf ?

— L’amour… l’amitié… pour maman, toi, Marie…

— Marie, ton infirmière ?

— Oui… elle me donne tellement…

— J’en suis heureuse pour toi.

— « L’univers ne sert pas à grand-chose, sinon à abriter ceux qu’on aime. »

— Comment ? C’est incroyable ce que tu dis !

— Ce n’est pas de moi… C’est une citation de… de… Sais plus…

— Insensé ! Tu te souviens de ça, alors que tu ne sais pas où est…

— Oui, tu vois, c’est… c’est…

— Ne pleure pas, mon grand fils. Je suis près de toi. Je t’aime très fort. La vie m’a donné un enfant tout fait. Je n’ai pas souffert en maternité… Enfin, c’est plutôt Caroline qui t’a confié à moi… N’aie pas peur… On ne t’abandonnera pas…

… Des notes dans ma tête… un piano… C’est beau… simple… Je connais bien…

— Alors, il paraît que vous êtes en pleine forme ?

— Bonjour, docteur… Bonjour, monsieur.

— Tout mon personnel est d’accord : votre évolution est positive. Les troubles résiduels sont dus aux vasospasmes, phénomènes classiques. On vous a traité par embolisation, ce qui a été efficace. D’après vos dernières IRM, une intervention chirurgicale supplémentaire ne sera pas nécessaire. Mais on vous garde encore…

— La précontrainte renforce la structure, la force de tension appliquée aux câbles permet de bien supporter la charge… la résistance est spectaculaire…

— Vous vous fichez de moi ! C’est bon signe. Quant à votre langage, non seulement la mémoire vous revient, mais vous parlez correctement. Bravo !

— Non… Je citais un bout de mon cours technique. Ça vient comme ça, sans prévenir…

— L’essentiel est que ça vienne. Claude, tu continues son traitement. On verra dans huit jours, après les analyses.

— Bien, patron.

— Claude est mon nouvel interne. C’est lui qui va vous surveiller maintenant. Bonne journée, monsieur Le Paugam.

Il sort comme si… je n’existe plus. Le Claude me jette un coup d’œil. Il est… je ne sais pas… Je devine les femmes… pas les hommes… Un peu. J’en sais rien. Il me fait un signe de tête… tête de con !

— Bonjour, Pierre !

— Oh, ma belle Marie !

— On va faire une grande toilette, pour être tout beau, tout propre.

— Vous m’aidez pour… la douche… Je vais faire tout seul…

— Non, c’est encore trop risqué. Vous savez, des hommes tout nus, j’en ai vu beaucoup. Ça ne me gêne pas.

— Moi, si. Parce que…

— Parce que quoi, Pierre ?

— Je… je veux du respect… avec vous…

— C’est très gentil, je suis touchée. Mais c’est votre intention qui compte, pas votre nudité. Et puis… vous êtes un beau garçon, bien bâti ! Alors, hein… Ça ne sera pas la première fois. Allez, venez.

— Vous voulez dire… Je ne vous dégoûte pas ?

— Oh, non ! Pourquoi ce serait le cas ?

— Il me semble… J’ai dégoûté quelqu’un…

— Votre femme, votre amie ?

— Je ne sais plus… si… je suis seul. Il n’y a que Fabienne, ma belle-mère près de moi. Et… vous…

— Mais moi, je ne suis que de passage dans votre vie. Justement pour vous aider à la retrouver comme avant votre accident… Attention, levez bien la jambe… Appuyez-vous contre la paroi.

… Quelle douceur dans sa force ! Quelle gentillesse désintéressée ! Je suis si bien près d’elle. Elle a des mains magnifiques… de longs doigts… Sa peau noire est du velours. Cocteau disait… Cocteau ? Ah, oui ! Cocteau disait : les hommes blancs sont roses à l’extérieur et noirs dedans. Les hommes noirs sont noirs à l’extérieur et roses dedans… C’est faux… Les hommes sont parfois de couleur horrible, parfois superbes à l’intérieur. La couleur extérieure, leur peau, n’est qu’une question de… de… de… Zut, je ne trouve pas… Rien à voir avec leur intelligence ou leur bonté… Mon Dieu, sa main avec le savon me caresse… Quelle honte ! J’ai envie d’elle… elle va s’en apercevoir…

— Pardon, Marie.

— Il n’y a pas de quoi, Pierre. C’est la nature. Venez, je vais vous sécher avec le peignoir… Attention ! Ah, vous voyez, vous avez encore besoin de moi !

… Gymnopédies ! C’est ça ! Le beau morceau de piano qui joue dans ma tête ! C’est sobre, puissant… nonobstant… non : nostalgique. Un instrument, un rêve, une mélodie qui m’emporte dans un lieu sans mots… satanés mots… porteurs, véhicule chacun d’un sens, d’un fragment d’émotion… Qui traduisent la pensée humaine, une fois assemblés… Fabuleux… Dans toutes les langues… Mystérieux, les langues… Tiens, la langue de Marie, enfant…

— Vous parliez quelle langue, Marie, avant ?

— Au Sénégal ?

— Oui…

— Quand j’étais petite, je parlais en wolof… mais aussi en français qui était la langue officielle de mon pays. Maintenant, c’est l’inverse. Le wolof est devenu la langue principale. Je vous laisse dans votre fauteuil ?

— Dans le roulant, sur le balcon.

— Vous avez raison. Il fait si beau aujourd’hui, ça vous fera beaucoup de bien. Mais je vous protège avec une couverture. Vous êtes fragile…

— Marie…

— Oui ?

— Merci avec mon cœur.

— Allons, Pierre. Je ne fais que mon travail.

— Non.

— Comment ça : non ?

— Venez mettre votre joue contre la mienne. J’ai… une chose à confier.

— Je vous écoute.

— Vous êtes une femme merveilleuse. Je suis heureux près de vous…

— Pierre, vous êtes en état de faiblesse et il est normal que vous vous accrochiez à moi. Mais… je ne suis pas une femme pour vous… Votre monde, hélas, n’est pas le mien. Quand vous sortirez d’ici…

… Je n’écoute plus. Je contemple la mer et le bruit de ses paroles se mélange au rythme de blues des vagues. Je danse sur cette immensité familière… La… la quoi ? La Bretagne ! Mais oui ! Je suis breton. Et Paris ? L’École des Beaux-Arts !

— À tout à l’heure pour le déjeuner.

Je lui prends la main et nous échangeons un long regard. Je lis des choses au fond de ses yeux qui me propulsent vers un univers… « lequel sert à abriter ceux qu’on aime ».

3. Diplômé par le Gouvernement.

TEMPS 9

— Notre ami, le professeur Mallard, que tu as sûrement rencontré à la maison, est venu à titre amical pour évaluer ton état. Tu es d’accord ?

— Euh… oui… Bonjour, professeur.

— Bonjour, Pierre. Il est normal que vous ne vous souveniez pas de moi. Nous ne nous sommes vus qu’une ou deux fois… Je suis neuropsychiatre.

— Votre visage ne m’est pas inconnu…

— C’est vrai ? Tant mieux. Fabienne me tient régulièrement au courant de votre évolution. Je pense pouvoir estimer, d’après ses dires, que vous êtes en bonne voie de guérison.

— Je voudrais bien… je n’en suis pas certain.

— Pouvez-vous m’expliquer pourquoi ?

— J’ai des trous… je cherche des mots… des souvenirs… J’ai des sensations bizarres… inconnues… Ma tête est enfermée…

— Enfermée ?

— Oui… elle est en prison… Les murs sont très rapprochés…

— Cette impression ne change pas par moments ?

— Si… un peu… Je suis infirme…

— Vous parlez de votre motricité ?

— Comment ?

— Vous ne marchez pas bien, et votre bras gauche est déficient ?

— C’est ça… je suis une épave…

— Provisoirement, Pierre, provisoirement. Par l’intermédiaire de Fabienne, j’ai demandé à l’équipe médicale de la clinique de ne pas vous faire la moindre allusion à votre vie avant l’accident, afin de le faire moi-même.

— Accident vasculaire cérébral…

— Exact. Votre structure mentale me semble réparée en grande partie. Les manques vont se combler petit à petit. Si vous en êtes d’accord, Fabienne, je voudrais expliquer à votre fils les raisons techniques de ce qui lui est arrivé.

— Bien sûr, Philippe. J’ai toute confiance en vous. Tu veux bien, Pierre ?

— Oui… Je suis curieux…

— Parfait… Sur le plan physique, vous étiez très surmené. Votre premier gros chantier, en tant qu’architecte, vous a accaparé à tel point que vous ne dormiez plus assez.

— Chantier de quoi ?

— On en parlera plus tard. Est venue se greffer sur cet état une déception amoureuse grave.

— Ah, c’est ça !

— C’est-à-dire ?

— Un poids sur la poitrine… une douleur qui donne envie de… de… mourir. Il y a Marie maintenant.

— Qui est Marie ?

— Une femme extraordinaire, qui soigne.

— Votre infirmière…

— Oh, non, c’est plus que ça…

— Excellent, vous nous raconterez ce que vous ressentez. Donc, la compagne avec qui vous viviez depuis quatre ans vous quitte brutalement. Vous vous mettez à boire déraisonnablement, la joyeuse bande de vos amis n’arrange rien, et vous augmentez votre dose de tabac. Un paquet et demi, sinon deux par jour. Vous fabriquez vous-même la bombe qui a explosé dans votre tête.

— J’ai vécu tout ça ?

— Oui. Quelques visages vous reviennent ?

— Vaguement… Je m’en fous…

— Votre passé ne vous intéresse pas ?

— Euh… non. Je n’ai pas envie de fumer…

— Heureusement ! Et votre métier, vous vous en souvenez ?

— Des disputes… des réunions idiotes… pour rien… du béton à la place des arbres… Tout est toujours trop… cher… flou…

— Vous ne vous souvenez pas de vos plans ? De votre création ?

— Non… Comment s’appelait la femme… avec moi ?

— Edwige… Tu vivais avec elle dans l’appart…

— Ah ! Plus de douleur, c’est bien.

— Très bien, même. Alors, Marie vous…

— Je suis fatigué… Je pars écouter Gymnopédies…

— Où ça, mon chéri ?

— Là, devant, sur la mer.

— On va vous laisser, Pierre. Content de vous avoir vu. Et rassuré aussi…

TEMPS 10

Allez, avance, pauvre type ! La gauche… la droite… Appuie… redresse… lance… la gauche… la droite… Tourne maintenant… Oh, là, là ! Ça débloque… On ne se rend pas compte… Se réveiller, le café, la douche, marcher, conduire, travailler, s’amuser, faire l’amour… vivre… tout ça avec un corps qui fonctionne bien… qui fait ce que la tête lui dit de faire, sans rechigner… sans gêne ni souffrance… Saloperie… avance !

— Je peux vous laisser aller jusqu’au bout du couloir ?

— Oui… Merci, Jean-Jacques.

— N’essayez pas de forcer… Arrêtez-vous si ça ne va pas. Je reviens tout de suite.

Je fais ce que je veux… Je veux beaucoup. Elle est grande cette clinique… plein de portes… avec des numéros… Sûrement des chambres… mais là, pas de vue sur la mer ! Il n’y a que… Tiens, la porte est entrouverte… Pas beaucoup de lumière. Qu’est-ce que… Mon Dieu ! Quelle horreur ! Pauvre gosse… Des tuyaux partout… la tête dans un casque de pansement… Quel âge peut-il avoir ? Quinze ans, seize ans ? Que lui est-il arrivé ? Terrible de voir ça… Il a l’air de…

— Ah, vous êtes là, monsieur Le Paugam. Venez. Si le médecin vous voyait, il ne serait pas content.

— Qu’est-ce que ça peut faire ?

— Vous savez bien comment il est. Il a un caractère spécial.

— Il est atteint de quoi, le gamin ?

— Accident. Une voiture l’a heurté.

— C’est grave ?

— Très. Il est dans le coma, mais je crois savoir qu’il est irrécupérable… Hop ! Attention quand vous tournez… Ça va ?

— Oui, oui… J’ai la tête qui balance…

— Vous avez des vertiges ?

— Un peu…

— Je vais chercher le fauteuil roulant.

— Non, je vais continuer… avec vous.

— C’est bien. Vous avez de la volonté.