Les chroniques policières de Biscarrosse - Tome 1 - Rémy Lasource - E-Book

Les chroniques policières de Biscarrosse - Tome 1 E-Book

Rémy Lasource

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Beschreibung

Enquête officieuse entre Bordeaux et les landes.

Policier suspendu suite à une intervention qui a mal tourné, Arnaud cherche un second souffle. Il part à Biscarrosse dont les paysages l'aident à panser ses plaies. Jusqu'à ce que, témoin d'une agression sur fond de stupéfiants, il débute une enquête officieuse entre Bordeaux et les landes. En aidant un adolescent à sortir du trafic, et en voulant flirter avec sa mère, il œuvre à sa propre reconstruction. Entre la forêt de pins et les longues plages nues où le vent vient dessiner ses rêves, il marche face au spectacle des vagues, en quête d'équilibre, sans savoir qu'il conduit peut être sa dernière enquête.

Suivez pas à pas l'enquête d'Arnaud, policier suspendu et homme en quête d'équilibre.

EXTRAIT

J’ai perdu mon travail temporairement. J’ai repris la boisson comme un sportif les entraînements. Et je tourne en rond. Il faut que je fasse quelque chose, que je voie du monde. Que je me change les idées. Pendant que mon café coule, je prends mon petit déjeuner qui se réduit à une bière en guise de céréales. Je fais le compte des amis que je n’ai pas perdus de vue, mais je raye leur nom au fur et à mesure. Peut-être que je devrais appeler Patricia, mon ex, je sais qu’elle a divorcé plus à cause de mon boulot qu’à cause de moi. Mon estomac s’y est fait, à mélanger la boisson chaude et les bulles froides du houblon fermenté. C’est assez dégueulasse, mais ça résume où j’en suis.
Il faut que je bouge, que je parte en vacances. Voilà ce que je pense quand je déplie mon vieux tee-shirt vintage avec le logo « Bisca Beach ».
J’essaie de ne pas céder à la précipitation comme un animal qui cherche à fuir l’incendie de la forêt, pourtant j’appelle aussitôt Patricia :
— Hey, Arnaud, c’est toi ? T’en es où ?
— Bien ! Je pensais peut-être partir en congés quelques jours. Ça te dit qu’on parte tous les deux ?

À PROPOS DE L'AUTEUR

Après avoir fait des études de droit, Rémy Lasource est devenu fonctionnaire.
Il a travaillé quelques années en banlieue nord de Paris au contact des policiers et des magistrats. Il vit aujourd'hui en limousin.
Ressacs sur Bisca Beach est son troisième roman chez Ex Aequo après avoir publié début 2017 Des veines dans le granite, tome 1 du cycle de Clément en fantastique et Du crépitement sous les néons en thriller.

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Table des matières

Résumé

Ressacs Sur Bisca Beach

Résumé

Policier suspendu suite à une intervention qui a mal tourné, Arnaud cherche un second souffle.

Il part à Biscarrosse dont les paysages l'aident à panser ses plaies. Jusqu'à ce que, témoin d'une agression sur fond de stupéfiants, il débute une enquête officieuse entre Bordeaux et les landes.

En aidant un adolescent à sortir du trafic, et en voulant flirter avec sa mère, il œuvre à sa propre reconstruction.

Entre la forêt de pins et les longues plages nues où le vent vient dessiner ses rêves, il marche face au spectacle des vagues, en quête d'équilibre, sans savoir qu'il conduit peut être sa dernière enquête.

Après avoir fait des études de droit, Rémy Lasource est devenu fonctionnaire.

Il a travaillé quelques années en banlieue nord de Paris au contact des policiers et des magistrats. Il vit aujourd'hui en limousin.

Ressacs sur Bisca Beach est son troisième roman chez Ex Aequo après avoir publié début 2017 « Des veines dans le granite, tome 1 du cycle de Clément » en fantastique et « Du crépitement sous les néons » en thriller.

Rémy Lasource

Ressacs

Sur Bisca Beach

Policier

ISBN : 978-2-35962-945-3

Collection Rouge

ISSN : 2108-6273

Dépôt légal juin 2017

©Ex Aequo

©2017 Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays. Toute modification interdite.

Un flic qui fait son boulot s'expose

à des sanctions administratives ou pire,

il a des années de prison sur la tête.

Sinon c'est un bureaucrate.

Cédric, alias « Trop Chaud »

Dis au monde que, je tombe du ciel

Red hot Chili Peppers,

dark necessities

Salut cowgirl sur le sable

Ce lieu est-il sous ton commandement ?

Puis-je rester ici un moment

Un néon éclate, mon œil saigne. Au-dessus, il y a ce grésillement métallique, une surtension qui met à mal les filaments électriques et je m’attends à ce que d’autres ampoules grillent.

J’attends à genoux en état de choc. Autour, les gens m’appellent, mais je ne les entends pas, comme si j’étais dans un bocal. Je halète sans réussir à me calmer ni m’arrêter. Mais qu’est-ce que je fais ? Je ne le sais plus, pourtant je poursuis sans réfléchir. Uniquement guidé par la colère.

Les plafonniers clignotent, brûlant dans une odeur de gaz, tous au bord de la panne générale. Mes poings me font mal. Les clients crient pour que je me ressaisisse, pour me demander quelque chose, mais je reste concentré. Je ne comprends plus. Je ne sais plus rien sous cette lumière palpitante qui hache nos vies. J’ai mal partout. Des mains m’aident à me relever, mais je suis incapable de bouger. En levant la tête du sol, je reçois les syncopes paniquées des néons qui reviennent à chaque fois plus violemment à la lumière.

Des hommes me tiennent debout et d’autres me montrent mon ventre où le sang s’écoule. Ma vie s’en va, je la sens qui coule sur mes jambes où elle colle poisseuse comme de la mélasse. Ma tête tourne et j’ai envie de vomir. Il y a dans le grésillement des néons des interludes de nuit où je distingue les ténèbres. Elles ont surgi pour m’attendre, pour m’avaler, mais la lumière revient toujours, avec encore plus de violence pour l’œil. Je ne sais plus quelle direction sera la moins douloureuse, vivre ou me laisser avaler par l’ombre. Les gens qui m’entourent ont des visages angoissés, certains ont des larmes reconnaissantes quand d’autres affichent des mines écœurées. Toute ma vigueur quitte mes jambes et mes forces m’abandonnent. C’est là que je m’évanouis.

Quand j’ouvre la bouche, c’est dans un réflexe. Comme un poisson hors de l’eau, sauf que moi je cherche l’air. Ensuite, je m’assieds pour bien me réveiller afin de m’éloigner complètement de mon cauchemar. En ce moment, tous les matins, je suis angoissé et au bord de l’asphyxie. Mais quand je me mets debout, j’ai l’amère obligation de me dire que j’ai revécu un souvenir, que je n’ai pas rêvé.

J’ai perdu mon travail temporairement. J’ai repris la boisson comme un sportif les entraînements. Et je tourne en rond. Il faut que je fasse quelque chose, que je voie du monde. Que je me change les idées. Pendant que mon café coule, je prends mon petit déjeuner qui se réduit à une bière en guise de céréales. Je fais le compte des amis que je n’ai pas perdus de vue, mais je raye leur nom au fur et à mesure. Peut-être que je devrais appeler Patricia, mon ex, je sais qu’elle a divorcé plus à cause de mon boulot qu’à cause de moi. Mon estomac s’y est fait, à mélanger la boisson chaude et les bulles froides du houblon fermenté. C’est assez dégueulasse, mais ça résume où j’en suis.

Il faut que je bouge, que je parte en vacances. Voilà ce que je pense quand je déplie mon vieux tee-shirt vintage avec le logo « Bisca Beach ».

J’essaie de ne pas céder à la précipitation comme un animal qui cherche à fuir l’incendie de la forêt, pourtant j’appelle aussitôt Patricia :

— Hey, Arnaud, c’est toi ? T’en es où ?

— Bien ! Je pensais peut-être partir en congés quelques jours. Ça te dit qu’on parte tous les deux?

— Mais t’es sans salaire ? Et puis on est plus ensemble. T’es si désespéré ?

— Faut bien que je sorte de mon isolement où je rumine. T’as des projets ? Tu veux pas revoir ton vieux, Arnaud, et reprendre là où nos dernières vacances ont été de bons moments ?

— Quoi ? Tu pars à Bisca ?

— Ouais.

Je l’entends réfléchir au bout du fil. Je marque des points. C’est le moment d’enfoncer le clou.

— Tu sais, on n’est pas obligés de faire lit commun, on peut y aller comme deux potes. J’ai l’habitude de dormir sur les divans.

— T’as démissionné ?

— Non.

— Tu y réfléchis ?

— Pourquoi ? Je devrais ? Je ne sais pas ce que je pourrais faire à la place.

— Si on part ensemble, c’est que tu changes de boulot.

Un silence. Je souffle. J’essaie de rebondir.

— Ouais, c’est une piste à creuser, dis-je pour gagner des points.

— Écoute Arnaud, reprend-elle, j’ai un beau boulanger où je bosse qui me regarde avec des étoiles dans les yeux et il a dix ans de moins que moi. Avec mon expérience il a l’impression que je suis une déesse de l’amour, et il est aux anges au pieu avec moi. J’ai l’impression d’avoir 20 ans avec lui. C’est facile, c’est un gamin.

— Et toi, t’es aux anges ?

— Ah, c’est clair que c’est pas un dur avec des cicatrices sur le torse et dans l’âme comme toi. Mais il est chou. Tu sais, je ne sais pas si je suis assez forte pour vivre avec un gars comme toi.

On se tait tous les deux. Elle est franche et j’en prends plein les dents. Finalement, c’est elle qui brise la gêne.

— Écoute, réfléchis où t’en es et ce que tu veux. C’est encore un peu tôt. T’as mon numéro.

La répétition des bips m’apprend que je me retrouve seul. Sans que je me l’explique, des larmes brûlent mes paupières. Les choses n’ont pas tourné comme je l’aurais souhaité ces dernières années. Je romps ma solitude avec Neil Young en concert unplugged qui chante My My Hey Hey, pour que sa petite voix d’oiseau pleine de sensibilité me rappelle que les hommes ne sont pas tous des brutes aux gros muscles, mais que les plus civilisés d’entre nous sont des artistes.

Je fouille dans le taudis qui me sert d’appartement à la recherche de vieux cartons. Reprendre où les choses tournaient rond pour se remettre sur les rails. Les paquets sont protégés par de nobles toiles d’araignées. Il faudra qu’un jour je reprenne le ménage. Je regarde de longues pattes affolées s’enfuir avec élégance à l’approche de mes doigts. Je serais tenté d’en faire monter une sur le dos de ma main.

Je comprends que je suis sur la bonne voie quand je retrouve un calepin relié en cuir noir. Je le caresse du pouce. Je trouve dans des slips trop petits que j’ai négligé de jeter une vieille trousse également en cuir. J’en sors un premier précieux crayon de calligraphie. C’est formidable, si je ne range rien je retrouve avec assurance les choses que j’ai laissées dans des coins. Voilà mon stylo Rotring art pen, idéal pour écrire de larges mots et son petit frère, le Pilot avec sa plume extra large pour écrire des phrases fluides. Quand je me relève j’ai la tête qui tourne d’être resté trop longtemps accroupi. Avec mon léger surpoids, je dois avoir une tension un peu haute, et c’est l’harmonica de Neil Young qui me guide vers mon lit où je m’assieds, le temps pour mon cœur de refaire les niveaux.

***

La psy qui m’avait reçue était jeune. Je me demandais comment elle pouvait me parler de mes problèmes et leur trouver une issue quand elle n’avait pas vécu la moitié des horreurs que j’avais traversées. C’est ça le problème avec les intellos et les universitaires, c’est qu’ils analysent sans avoir la réflexion du vécu, sans avoir une intelligence nourrie par l’expérience. Bon, j’ai simplement retenu ce qui m’intéressait d’elle, à savoir qu’elle avait un beau visage, bien qu’elle ait une apparence de gamine, et que l’art pouvait m’aider à me soigner. D’où la reprise de mon calepin.

C’est comme le prof de philo qui m’avait fait découvrir Nietzsche et qui en avait une approche voulant le démocratiser à tout prix, lui enlever ses belles pages polémiques, alors qu’il est plus que cela, il est un poète qui pousse les gens comme moi dans l’aventure, et pire encore, dans une vie de violences. Il y a des expériences dont on ne peut pas faire l’économie. On a atteint un tel seuil de progrès que les gens ne comprennent plus d’où on vient. Les sociétés primitives avaient cette sagesse d’imposer des épreuves pour accéder à certains niveaux de connaissance. Tant qu’on n’a pas été en contact avec la mort, tant qu’on n’a pas été soi-même en danger, ni réussi à imposer sa volonté en situation hostile, on reste un bureaucrate éloigné de notre vraie nature. Et pas autorisé à m’imposer une façon de voir les choses. Non, il faut que ce soit des hommes de mon milieu qui me conseillent.

***

Avant de quitter ma banlieue parisienne, je décide de retourner dans le lieu où s’est déroulé l’évènement qui hante mes cauchemars. Je dois affronter l’endroit où j’ai eu cet accident pour rationaliser mon passé et affronter cette peur sournoise qui surgit dans mon sommeil.

Face à la cité d’Orly Parc j’entre dans le vieux restaurant de monsieur Sun, « le dragon céleste ». Je tiens la porte par laquelle j’ai été évacué par le Samu. Ma boule d’angoisse grossit dans mon ventre où je la sens vivre comme un démon qui veut gagner ma poitrine et obstruer ma gorge. Je referme la porte dans un tintement métallique, accueilli par un chat doré qui lève machinalement la patte. La jeune fille derrière le comptoir me reconnaît et va rapidement chercher le patron. Monsieur Sun arrive avec empressement, c’est un vieil homme doux qui enferme ma main entre les siennes. Il n’y a pas encore de clients. On va s’assoir au fond de l’établissement, loin de l’endroit où la chose qui me hante a eu lieu.

— Monsieur Arnaud, c’est avec un grand plaisir que je te revois en forme dans mon établissement. Est-ce que tu t’es remis ?

— Oui, dis-je un peu tendu.

— Je vais faire pour toi un horoscope chinois poussé.

Je ne sais pas quoi dire, je ne crois pas en ces trucs de vieille dame. Mais monsieur Sun insiste : « C’est cadeau, donne-moi ta date de naissance », finit-il par me demander.

Comme j’ai du mal à ne pas regarder les dalles où je me suis évanoui, je lui donne machinalement ce qu’il attend de moi. Il revient aussitôt avec son ordinateur portable. J’essaie de contrôler ma nervosité avec plus ou moins de succès.

— Ah, toi, tu es tigre. Tu as un cœur noble et des sentiments brûlants. Tu es ambitieux et toujours motivé par le côté droit des choses, tu es animé par le sentiment de justice.

Je ris à moitié, ces conneries vont m’amuser, et voilà qui va me détendre. Mais Monsieur Sun, lui, a l’air très sérieux et je ne dois pas le vexer.

— Tu as un courage difficilement concevable pour le commun des mortels, poursuit-il d’une voix neutre. Tu peux réagir brutalement et sottement parfois, sous le coup de l’explosion de ta colère.

Je me tais tandis qu’il me regarde puis on se tourne ensemble vers l’endroit de la salle où j’ai perdu beaucoup de sang.

— C’est pour ça, pour cette force brute et sa noblesse que les tigres sont extrêmement attirants pour les autres signes, et qu’ils dégagent une autorité naturelle. Tu es charismatique, mon cher Arnaud. Et tu ne renonces à aucun combat si la cause en vaut la peine pour toi.

— Je suis un mec bien, quoi, dis-je pour me moquer, tandis que je sens une gêne grandir.

— Tu caches ta pudeur et tes faiblesses derrière un rempart d’orgueil fragile, c’est très français, me répond monsieur Sun. Non, tu n’es pas qu’un mec bien. Socialement, les Tigres sont d’humeur changeante et ressentent les choses plus intensément que les autres, c’est une qualité qui a ses avantages et ses inconvénients. Leur sensibilité à fleur de peau peut effrayer tes amis comme tes ennemis. Cher Arnaud, tu ferais bien d’apprendre la modération. Une fois que, en couple comme un tendre chaton tu sauras contrôler ta considérable énergie vers des efforts qui en valent la peine, alors tu seras sur la bonne voie.

Je souffle d’ennui en me rendant compte que je vexe ce cher monsieur Sun. Il prend ces choses très au sérieux.

— Laisse-moi te lire ton horoscope en ce moment. Je sollicite un astrologue très coûteux qui regarde au mieux ton profil dans les astres pour les jours à venir.

Non, dis-je, ce n’est pas la peine. Tu n’es pas obligé d’engager des frais pour moi.

— Tu ne vois pas que ton cœur saigne et que tu dépéris ? Les médecins t’ont soigné le corps, mais tu es toujours malade, là dans ton Qi.

Il se tait et attend une réponse. On m’apporte une bière chinoise. Je regarde toujours le chat qui lève sa patte et la descend en signe de bonheur et de prospérité. Je demanderais bien à la jeune serveuse de me montrer la collection de verres avec des femmes nues au fond, mais ce serait déplacé. J’ai des idées idiotes. J’attends que monsieur Sun s’entretienne avec une vieille voix au téléphone. Puis il attend sa réponse par mail sur son ordinateur portable. Tout cela me paraît durer une éternité.

— Tu m’écoutes, Arnaud ?

— Oui, bien sûr.

— L’horoscope sera bon si tu m’écoutes.

— Vas-y.

— Tu vas recommencer à te battre et à te mettre en danger bien que tu sois toujours fatigué. Ça je crois qu’on ne peut l’éviter, car un conflit t’attend embusqué quelque part par le destin. Et tu y réagiras comme tu sais le faire, avec fougue et courage, bien que tu sois épuisé. Alors, écoute, Arnaud, tu dois retrouver les énergies de ton Qi. Tu dois prendre le temps de t’ennuyer pour refaire ta santé mentale.

J’ai envie de bâiller. Mais le visage de monsieur Sun s’éclaire comme celui d’un enfant.

— Tu peux rencontrer une personne importante si tu fais des efforts pour elle.

Puis il se tait et se perd dans ses pensées devant son écran.

— Quoi ? C’est tout ?

— Quoi ? C’est un horoscope poussé, pas un tarot de voyante merdique que je te donne là.

— Qu’est-ce que je dois comprendre ? Qu’il faut que je prenne soin de moi et ne pas tourner le dos à une jolie fille si elle se présente à moi? Pas de danger.

— Tu es bête comme un gros veau qu’on mène à l’abattoir. Tu n’as pas la sagesse requise pour écouter mes conseils.

Je fais amende honorable.

— Oui, je t’ai écouté, monsieur Sun. Du danger et une jolie fille à la clef, qu’il ne faut pas laisser filer. Et recentrer les énergies. Ça tombe bien, je veux prendre des jours à l’océan.

— C’est parfait pour toi qui es un tigre blessé.

Je termine ma bière. Je me sens mieux quand j’ai de l’alcool dans le sang.

— C’est offert, me dit monsieur Sun.

— Merci, dis-je en me levant.

Il m’ouvre la porte du restaurant, et se pose devant moi.

— Je ne t’ai pas remercié l’autre soir. Tu t’étais évanoui. C’était honorable. Un vrai acte de tigre, merci.

— Ouais, c’est ça, merci, monsieur Sun.

— Il y a des changements qui t’attendent dans les prochains jours, Arnaud, et tu dois te guérir pour ne pas prendre le mauvais Dao, la mauvaise voie.

Je sors dans le soleil écrasant les tours en ciment de la banlieue. C’est décidé, je vais partir à Biscarrosse, même seul.

***