Qui a tué Judas ? - Christophe Stener - E-Book

Qui a tué Judas ? E-Book

Christophe Stener

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L'uchronie d'une double enquête, celle, conduite en 94, par Flavius Josèphe en Palestine sur les traces de Judas et celle, menée en 2021, par un exégète danois nommé YHWH sur le codex laissé par Flavius Josèphe toutes deux interrogent les circonstances de la mort de Judas, suicidé, assassiné, mort de sa belle mort ? Fondé sur une recherche historique et exégétique approfondie, le livre interroge, en mode romanesque, le mystère Judas, celui de ses motivations et de sa fin. Un roman policier historique pour les amateurs d'antiquité romaine, d'histoire sainte et d'intrigue policière.

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A ma Viking, Maria K.

Satan und Jsharioth (Satan et Iscariot) gravure de 1905 réalisée pour l’ouvrage éponyme (1896) de Karl MAY, nullement un livre religieux mais un roman narrant les aventures de deux héros, Winnetou, un chef apache, et Old Shatterhand, un explorateur blanc, dans un Far West imaginaire et germanisé.

Judas regarde avec reproche Satan qui cache son visage entre ses genoux, le front orné des cornes du bouc ; tous deux sont en Enfer, accroupis, enchainés par les pieds comme des forçats, gardés par un archange hermaphrodite qui brandit un glaive comme celui de l’ange qui chassa Adam et Eve du Paradis et la Croix ; en arrière-plan, les flammes infernales.

Pour une analyse détaillée de cette œuvre et la relation entre les deux artistes cf. notre papier :

Sascha SCHNEIDER and Karl MAY, friendship or homosexual love?https://www.academia.edu/s/349c11271e

Sommaire

Introduction

Tout débute à Fanø

L’enquête romaine

Le codex

Lupanar

Solyme

Hatikvah

King David Hotel

Les Romains ne comprennent rien à cette histoire juive

Rome

Pontius Pilatus

Claudia Procula

Caesarea maritima

Sextus Hermetidius Campanus

Caesarea Philippi

Salomé

Les Juifs se défaussent sur les Romains

Judea devicta

Hakeldema

La femme de Judas

Yabné

Agrippa II

Les chrétiens ont peur et cachent un secret

Holocauste

Myriam de Magdala

L’Essénien

Les codices

Qui a tué JOSÈPHE ?

Le Cinquième évangile de FV

Testimonium Flavianum

Lost in translation

Commissariat de police

Un message des Nasaréens

Crédit suisse

Le Danemark n’est plus un asile sûr

Le feu de Dieu

Épilogue

Tout finit à Fanø

Postscriptum / Avertissement tardif

Chronologie

Table des noms propres

Généalogie des Hérodiens

Glossaire des noms communs

Table des noms géographiques

Cartographie

Bibliographie de Christophe STENER

Sommaire

Introduction

« Mais l’infatigable historien n’en a pas fini et, avant d’annoncer, quatre livres – qui ne paraîtront pas – sur les doctrines juives, il veut écrire « de nouveau, en résumé, la guerre et ce qui nous est arrivé jusqu’au jour présent (Antiquités XX,267), en 93 après J.-C. L’histoire continue. » 1 Pierre VIDAL-NAQUET

I - Tout débute à Fanø

Le professeur Yacob Habbabuk Wolfgang Heideberg était né d’une erreur de traduction. Son père, le soldat de seconde classe, Ernst Heideberg, posté en surveillance sur l’île danoise de Fanø, la plus septentrionale des îles du Wadden, au nord de la côte du Jutland, avait été quelque peu oublié durant la bataille de Stalingrad et ne recevait plus sa ration ; ses vingt ans étaient affamés et avait dû se résoudre, matutinalement, un lundi 23 janvier 1943, à 7 :47, - 14°c, - très méthodique Ernst notait tout sur un carnet noir qu’il serrait dans la poche gauche, jamais la droite, de sa vareuse - , demander des œufs à la ferme des Kastberg, la plus proche de son cantonnement. Les parents étaient absents, partis répandre du goémon sur les champs de patates. La très jeune (seize ans) et fort ingénue Maria avait répondu à son baragouin germano-danois d’un mot qu’il avait pris pour une invite à engager la réconciliation. D’un coït hâtif dans le poulailler, les œufs furent cassés et conçu le susdit professeur. La Kommandantur de Copenhague suite à une dénonciation anonyme, - mais tout le monde sur l’île de 53 habitants savait qui était le corbeau, c’était, pour l’information confidentielle de nos lecteurs le facteur Magnus Nielsen, aucun rapport avec le futur époux de Maria Habbabuk Nielsen, encore que en remontant à la quatrième génération certaines commères interrogeaient une possible consanguinité entre ce Judas et la pure Maria -, avait transféré ce père hâtif, qui pratiquait l’enseignement christique d’aimer ses ennemis avec trop de zèle, en Karélie, sur le front finlandais où il avait disparu. Dans une dernière lettre à Maria, datée du 11 décembre 1943, Ernst écrivait « min kære (ma chérie, le seul mot de danois qu’il avait eu le temps d’apprendre) - 41°c, plus rien à manger, nichts mehr zu essen, Küsse an Yacob und an dich (plus rien à manger, baisers à Yacob et à toi) ».

Les parents de Maria ne purent guère prétendre à une conception divine, une voisine, Margrit Nielsen, ayant vu le couple adamique entrer dans le poulailler et Maria sortir avec des brins de paille dans les cheveux, dut se résoudre à élever l’enfant orphelin mais non pas bâtard car le brave soldat Ernst l’avait légitimé la veille de son départ le matin du 14 octobre 1943 à 15 :37, 7°c, toujours cette énervante ponctualité allemande ! pris le bateau pour aller combattre les Russkis.

L’étonnant patronyme de Yacob Habbabuk Wolfgang Heideberg qui formait l’acronyme YHWH était le heureux hasard des prénoms du père et grand-père de Maria une famille de luthériens très dévote qui nommait les enfants d’après la Bible. Wolfgang avait été une concession faite à l’Allemagne conquérante et au grand-père, un allemand hanséatique et agnostique. Ces prénoms hébraïque avait surpris la Gestapo qui s’était demandé si une colonie de Juifs rouges ne s’était pas établi sur l’île de Fanø et après étude du registre paroissial que tous les îliens étaient vikings et descendants de vikings, une race supérieure selon le docteur Alfred Rosenberg celui-là même qui s’était passionné, suite à la mauvaise fréquentation de Dietrich Eckart, pour l’île de Thulé dans le Groenland avant que les américains n’y installent une base secrète mais c’est une autre histoire.

Le jeune Yacob avait grandi dans la légende de ce père germain, un visionnaire qui avait anticipé sur la Communauté économique européenne, encore que les Danois aient la curieuse idée de garder leur Reine et le kroner, ainsi que d’autres curieuses traditions culinaires comme le skøl - sur lesquelles nous reviendrons plus loin dans cette chronique car ledit alcool y joue un rôle majeur, en voulant faire oublier par une sensuelle étreinte la captation par la Prusse des Schleswig et Holstein suite à la guerre désastreuse des duchés de 1864. Les parents Kastberg s’efforcèrent de faire oublier ce moment d’égarement amoureux en des temps belliqueux obligeant Maria à épouser Olaf Nielsen, un brave et peu loquace pêcheur de harengs, mais par respect pour son amant d’un instant, la jeune déflorée avait exigé, au grand scandale de ses parents, que Yacob apprenne l’allemand, la langue honnie. La grand-mère Lisbet ayant raconté à l’enfant comment ses deux parents avaient fait une omelette, Yacob en avait conçu une image romantique du père qu’il n’avait pas connu et imaginé que peut-être il était aujourd’hui établi dans une isba quelque part dans la Sainte Russie. Il avait le projet secret d’aller le chercher.

Yacob se révéla un enfant surdoué. La curiosité du jeune danois éveillée par les dangers d’une mauvaise traduction du danois à l’allemand et réciproquement l’avait, au sortir du gymnasium, fait s’engager dans des études de philologie et que ses parents maternels non juifs aient été menacés du sort du peuple ‘déicide’ par les nazis lui firent suivre en même temps le cursus de théologie. Docteur en hébreu, grec et latin, YHWH – nous le désignerons dorénavant ainsi pour économiser le papier et sauver la planète - présenta une thèse de doctorat en théologie sur Papias, évêque de Hiérapolis en Phrygie, qui vécut au début du IIe siècle, auteur des Logion kyriakon exegesis, en bon danois, Explication des paroles du Seigneur. Cette thèse fut le début de ses malheurs, mais nous y reviendront car c’est le sujet même de ce récit de l’enquête conduite par le professeur YHWH sur le mystère de la mort de Judas, suicidé, assassiné, ayant survécu à Jésus-Christ ?

Indiquons ici d’emblée un détail qui n’en est pas un, le mariage de YHWH avec une suissesse du nom de Heidi Chappaz, aucun rapport avec le grand écrivain Maurice Chappaz, auteur d’un remarque Evangile de Judas de 2001, sur lequel le professeur YHWH fit une communication remarquée lors d’un colloque organisé conjointement le 13 juin 2018 à Genève par le méconnu CHRIST (Centre d’Histoires Interreligieux et de Spéculations Théologiques) et l’Université de Malmö, colloque qui réunit 12 chercheurs du monde entier pour s’étriper sur le sens des versets 15 à 19 du chapitre 1 des Actes des Apôtres décrivant la mort par éventration de Judas, colloque qui fit l’objet d’Actes parus dans la Revue de Théologie Comparée le 23 novembre 2020 et d’un article fort peu confraternel du professeur Sören Kroneberg de l’Université d’Uppsala de ne vexé pas avoir été invité dans la revue Etudes Bibliques, recension auquel répondit vertement Pierre-Emmanuel CHAUZAT dans la note [325] de sa communication publiée dans la revue ‘Agnostiques’ du 24 février 2021, 35e année, tome VII, fascicules 4, pages 3-8. Les ennuis de notre héros, le professeur YHWH, commencèrent en fait, quand on y réfléchit bien, le jour de ce colloque qui le rendit célèbre au-delà du cercle étroit des exégètes par un article du journal Jyllands-Posten par un journaliste venu pour un colloque sur les baleines harponnées par les pécheurs danois organisé par Sea Sheperd, mais qui s’était trompé de salle de conférence.

1 VIDAL-NAQUET Pierre, Du bon usage de la trahison, Présentation de La guerre des Juifs, Editions de Minuit, 1977, p.115

II - L’enquête romaine

Flamina Octavia, l’épouse de Yossef ben Matityahou HaCohen (Joseph fils de Matthatias le Prêtre), devenu citoyen romain sous le nom de Titus Flavius Iosephus, fit les frais de sa melancolia. Rien dans le jentaculum ne lui convenait ce matin-là ! Il fit la grimace en buvant l’écuelle de lait de chèvre, à son goût pas assez caillé, cracha deux noyaux d’olives noires, pourtant de Taggiasca, ses préférées. « Ne m’attends pas ce soir pour le cena je dine dehors !» lança l’ancien chef de la rébellion juive qui s’étant rendu à Vespasien y avait gagné la citoyenneté romaine. Flavius Josèphe, comme on l’appellerait des siècles plus tard, se promettait de diner au thermopolium d’Apicus pour y retrouver sa bonne humeur en dégustant un gustatio d’œufs de mulet suivi de dorades grillées assaisonnées de garum et, en secunda messa, quelques dates de Syrie qui lui rappelleraient sa Judée natale, le tout arrosé d’un vin gaulois, coupé d’eau comme il se doit. Après il irait peut-être au lupanar de la via Appia, celui d’Africanus, qui, lui avait dit ce vieux bouc de Petronius Arbiter, s’était récemment enrichi d’ « une certaine Myriam de Migdal, une juive, ramenée par Titus. Le patron tarife ses prestations vingt as, somme énorme. Mais elle n’est pas amère mais aimée, elle te réveillerait un mort ! » avait-il commenté lubrique. « Il faut en profiter avant qu’elle n’attrape la destillatio. Prudence m’a dit c’était une chrétienne que le juge avait condamné à la prostitution parce qu’elle refusait obstinément de sacrifier aux dieux romains. « Après avoir prié pour son Christos, elle va devoir faire des oraisons quotidiennes à Priapus ! » rigola Pétrone. Josèphe décida d’aller voir cette prostituée sacrée et profanée par un curiosité de connaître son histoire et se documenter en même temps sur ces chrétiens qu’on disait vivre dans les cœmeteria de la voie Appia.

Ce que le transfuge juif n’avais pas dit à son épouse, la troisième, une Judéenne de Crète, c’est la raison de son ire. Le chroniqueur de la guerre des Juifs, guerre qu’il avait entamé comme chef de la rébellion juive avant de se rendre après la défaite de Josapata aux troupes de Vespasien avait fini la guerre comme collaborateur des armées romaines qui ravageaient la Judée plantant des forêts de croix le long des routes. Vespasien avait inventé les Einsatzgruppen avant l’heure, la répression ayant fait un million de morts dont cent mille prisonniers ramenés à Rome par Titus dont les chefs avaient été exécutés et les autres mis en esclavage. Ce ne sera d’ailleurs pas le seul emprunt que lui fera un petit caporal moustachu autrichien, il y aura aussi le salut romain, l’aigle. Josèphe, Judas au peuple juif, était honni par les rares zélotes qui avaient survécu aux rafles des espions. Josèphe qui avait rédigé une chronique de la répression de la rébellion juive, toute de flagornerie à l’égard des Flaviens, se justifiait en citant la formule « l’histoire est écrite par les vainqueurs » avait dit avec provocation Robertus Brassilachus, un autre collaborateur.

Flavius Josèphe sortit furieux du Cercle des historiens latins où Justus de Tibériade, l’auteur d’une Histoire de la guerre juive concurrente de sa Guerre des Juifs contre les Romains, avait ironisé sur le manque de preuves apporté par son collègue sur ce Christos, un Galiléen qui aurait été crucifié selon son rapport sous l’autorité du procurateur Pontius Pilatus. Josèphe avait oublié cet épisode de sa Guerre des Juifs, un quart de tablette sur plus de mille ! Un crucifié parmi les dizaines et dizaines de milliers depuis que Rome occupait cette terre aride, patrie d’un peuple à la nuque raide qui mourrait sans frémir. Et dire que son concurrent en historiographie judéenne avait levé ce lièvre pour l’humilier au moment où Domitien venait de succéder à son frère ainé Titus, Titus dont il avait chanté les louanges et dont la gloire militaire avait trop longtemps éclipsé les capacités du cadet, Titus le préféré de Vespasien, Titus mort de manière étrange au bout de deux ans de règne, lors d’un voyage dans les territoires sabins, mort dont certains médisants disaient sous le couvert que Domitien s’était réjoui s’il ne l’avait même organisée. Le mal bâti Domitien cachait sa calvitie précoce sous des perruques. Josèphe était l’un de ces anciens courtisans de Vespasien et Titus craignaient qu’il leur fît payer le prix de son humiliante obscurité. Le thuriféraire craignait la disgrâce et cette cabale sur le sérieux de son histoire de la campagne du père et du fils ainé des Flaviens tombait au plus mauvais moment.

Simon Bar-Giora et Jean de Gischala, dont les rivalités avaient causé la chute de Solyme (Jérusalem), étaient morts en héros du peuple juif. Jean de Gischala et le susdit Justus de Tibériade avaient tenté de le faire démettre de son commandement militaire juif. Jésus, fils de Sapphias, le soupçonnait de jouer double-jeu et l’avait même accusé de trahison. Ces envieux avaient obtenu sa destitution mais Josèphe, en faisant jouer d'autres influences à Jérusalem, s’était maintenu quand même à son poste. Le soupçon de double jeu pesait sur le nom de Josèphe au sein du peuple juif. Les Romains s’en moquaient et Vespasien

Le premier était mort dans les ruines fumantes de Jérusalem pillée et rasée. L’autre avait comme lui sauvé sa peau en se ralliant au vainqueur. Les deux transfuges se haïssaient. Josèphe décida d’éliminer ce dénonciateur et de faire détruire ses chroniques.

Ces fous furieux de sicaires commandés par Éléazar, fils de Yaïr, descendant de Judas le Galiléen avaient, eux, préféré s’entretuer mutuellement à Massada en avril 74 plutôt que de se rendre au gouverneur de Judée Lucius Flavius Silva, le suicide étant interdit par le culte mosaïque. Josèphe s’était rendu.

Ce qui angoissait Josèphe c’était que son récit de sa reddition à Vespasien soit démoli par ce gêneur de Justus de Tibériade. Josèphe prétendait qu’ayant tiré le dernier numéro de ceux des guerriers juifs qui devaient s’entretuer à Josapata plutôt que de se rendre au général Vespasien il avait convaincu in extremis l’autre dernier survivant que la reddition valait mieux que la mort ; la réalité était qu’il avait manipulé le tirage au sort en sachant calculer quelle était la position idéale dans le cercle des soldats s’entretuant mutuellement il avait résolu par logique le ‘problème de Josèphe’. Son geste n’avait rien été moins qu’une désertion. Le seul témoin de ce montage avait eu la bonne idée de mourir de fièvre purpurine quelques jours après. Mais, Josèphe vivait dans la crainte qu’avant de trépasser son compagnon d’infortune ait eu le temps de se confier. L’idée que l’on puisse l’accuser de couardise empêchait dorénavant Josèphe de dormir. Son épouse en faisait les frais.

Au bistrot d’Apicus, Josèphe croisa un Grec, un lettré qui vivait comme lui d’une pension versée par la cour pour prix de leurs flatteries, qui, voyant l’air dépité du transfuge juif, l’avait charitablement informé que Justus de Tibériade ne faisait que rapporter des ragots colportés par des chrétiens qui se cachaient dans les catacombes, qui racontaient tenir l’information d’un certain Simon Bar-Jona qui se prétendait compagnon du susdit crucifié, un certain Yeshoua, lequel Simon bar-Jona que les chrétiens appelaient, allez savoir pourquoi, Pierre, avait été crucifié lui aussi mais la tête en bas sous le règne de Néron.

Le Grec avait été contredit par un commerçant, un Arménien affranchi, qui déclara que la rumeur venait en fait de la colonie juive vivant à Rome, des gens très bien par ailleurs, avec lesquels sont frère faisait des affaires, pas comme ces gueux de chrétiens. Les Juifs, ses anciens coreligionnaires, insista lourdement le tournaient en dérision l’histoire de ce Nazaréen et de sa prétendue naissance immaculée alors qu’à Jérusalem tout le monde savait que Joseph portait les cornes de l’adultère de la mère du susdit, une certaine Myriam, avec un soldat romain, un certain Tiberius Iulius Abdes Pantera, un mercenaire juif de l’armée romaine qui avait obtenu la citoyenneté après vingt-cinq ans de service actif. Le récit des amours coupables de la galiléenne circulait sous forme d’un parchemin nommé Sefer Toledot Yeshou qui en hébreu veut dire Le livre des enfantements de Jésus. « Une histoire juive assez grivoise » précisa-t-il cruellement à Josèphe comme s’il ignorait qu’il fût lui-même issu du peuple élu.

Resté seul à l’ombre rafraichissante de la nuit qui tombait et des odeurs subtiles des citronniers en fleur dont les feuilles bruissaient comme des milliers de piétinements d’oiseaux sur le marbre du péristyle, notre héros était plongé dans de sombres réflexions comme les premières obscurités que formait l’Aventin.

Ce qui turlupinait l’historiographe juif c’était que les temps avaient bien changé. Ses flatteries à son bienfaiteur Vespasien étaient inopérantes voire aux oreilles de son fils Domitien dont le caractère fantasque était insaisissable. Josèphe se dit qu’un complément d’enquête en Palestine l’éloignerait opportunément de la roche tarpéienne dont l’ombre menaçante se détachait sur le soleil couchant. Il prit pourtant le risque de rester quelques jours à Rome pour enquêter sur ce Pierre et aussi sur ces faux jetons d’anciens coreligionnaires.

III Le codex

Depuis l’article de Johan Johansen, le nom du journaliste danois du Jyllands-Posten que nous avons oublié d’indiquer au lecteur, ce qui est une erreur car ce plumitif jouera encore un rôle fatal dans cette chronique d’une célébrité annoncée, Yacob Habbabuk Wolfgang Heideberg alias YHWH recevait force courriels sur son adresse universitaire YHWH@fanø.u.dk du monde entier. Il y avait les habituels égarés qui cherchant Dieu avaient google-isé « YHWH » et lui demandaient le plus court chemin vers le ‘Non nommé’ – car selon les Juifs qui ont le © sur ce nom de marque, on ne doit pas le nommer ce qui, admettons-le, complique le marketing d’une religion trimillénaire mais comme l’avait écrit Rabbi Itzhak Sternowitz en 1468 dans un surcommentaire sur le commentaire de Yzaq ben Yehūdah sur le Talmud de Jérusalem « Le son des chofars est plus fort que la clameur des goyim », notation dont Salomon ben Isaac avait fait remarqué… mais cette digression occuperait une dizaine de pages et nous craignons d’avoir perdu entre temps nos lecteurs non férus de glose talmudique. Pour ceux que cela intéresse nous les renvoyons à l’excellent article de l’auteur dans Varia nullissima, 55e année, Tome 5, chapitre 3, § 35 du 6 mai 2021, pour les rares non latinistes parmi nos lecteurs précisons : varia comme « sujets divers » non comme « panthère » (Pline, 8,63 in Gaffiot p.1647), « nullissima » comme… nullissima.

YHWH ne savait comment se défaire des assiduités génitrices d’une certaine Victoria HOLT qui se prétendant, l’incarnation d’Ishtar, prétendait être sa parèdre suite à la délète lecture de l’ouvrage Voies initiatiques, Sexe et nirvana de Tom SURF paru dans la collection Tout savoir sur votre chakra aux éditions Malibu Beach en 2013, 4356 pages avec 768 positions expliquées.

Ce lundi 3 mai 2021, YHWH, tôt levé, profita de l’endormissement helvètiquement profond de son épouse Heidi, car elle était fort jalouse des correspondances érotisées de la susdite Victoria, pour s’obliger à séparer le bon grain de l’ivraie, comme aurait dit Matthieu, chapitre 13, versets 24 à 30, dans la correspondance déversée par le dieu Internet dans sa corbeille, non pas comme la manne sur les Hébreux dans le désert, mais comme les sauterelles sur les Egyptiens par un certain YHWH à ne pas confondre avec notre héros, aucun lien de parenté, encore que, en remontant à la première génération ref. Génèse 1,27, allez savoir. Or donc, au bout d’une demi-heure de noria de déplacement des pourriels, un florilège d’appels à l’autodafé du savant danois, demandes de rançons pour que ses entretiens avec Lucifer captés par un cheval de Troie sur son ordinateur ne soient exposés sur la toile, de propositions de conférence par le Cercle des Caïnites de Grand Rappids (Michigan), de la boite de réception à la poubelle, notre désiré exégète eut la surprise de trouver un envoi d’un certain Chirak Assadourian AZNAVOURIAN, un commerçant (c’est-à-dire un trafiquant) arménien d’antiquités qui proposait avec effronterie aux musées et riches collectionneurs des objets pillés par des bédoins dans le désert de Judée et le Sinaï. Le département des antiquités d’Israël s’efforçait de mettre fin à ce trafic en faisant surveiller les sites de fouilles par l’armée mais les montagnes comportaient plus de grottes inexplorées que de chèvres dans le troupeau de Ibn Mohamed, le bédoin qui avait la haute main sur les gamins qui excavaient au péril de leur vie à flanc de falaises et était le plus grand pourvoyeur d’objets volés qui de sa tente était blanchi par une échoppe de la vieille ville arabe de Jérusalem avant de finir sous le marteau d’ivoire manié avec afféterie par un commissaire-priseur habillé chez Brook’s Brothers.

L’Arménien s’était rendu célèbre dans le microcosme des érudits en écrits apocryphes coptes en ayant tenté de vendre au Louvre un faux manuscrit Tchacos après le succès mondial du lancement planétaire ayant fait un bestseller de la traduction du vrai codex Tchacos, L’Évangile de Judas, que l’on ne connaissait jusqu’à présent que par les dénonciations de l’ouvrage Contre les hérésies d’Irénée de Lyon (130-202). AZNAVORIAN proposait à HYWH de lui communiquer sous le sceau du secret un facsimilé d’un codex écrit en grec dont il avait déchiffré le nom de l’auteur Ἰώσηπος Iốsêpos selon lui le fameux Titus Flavius Iosephus, plus communément connu comme Flavius Josèphe. Il proposait à l’éminent universitaire de Fanø de lui donner la primeur de la traduction du codex et de la célébrité associée sous réserve qu’il authentifie le codex comme authentiquement du 1er siècle après la mort du Christ en croix.