Sartre en 60 minutes - Walther Ziegler - E-Book

Sartre en 60 minutes E-Book

Walther Ziegler

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Beschreibung

Sartre est incontestablement l'un des philosophes les plus importants du 20e siècle. Sa philosophie existentialiste n'a pas seulement influencé la discussion académique, mais elle a eu un impact sur l'ensemble de la civilisation occidentale, en particulier sur la jeunesse européenne. Après la Deuxième Guerre mondiale, jusqu'aux années 1960, il y eut en France une culture propre à la jeunesse : élèves, artistes, étudiants et intellectuels portaient, à la manière de Sartre, des vêtements noirs et des lunettes en écaille, en signe de leurs convictions existentialistes. La devise des existentialistes était la suivante : ne laisse personne te dicter comment mener ta vie. Vis ta vie de manière franche et intense, tant sur le plan des relations amoureuses et amicales que de tes engagements politiques. Sartre était le grand philosophe de la liberté. Aucun autre penseur n'a autant insisté sur le libre arbitre des hommes. Et puisque l'homme est libre, il doit faire quelque chose de sa vie et vivre comme il l'entend, quitte à enfreindre des règles et des traditions sociales. Ainsi, Sartre était un militant engagé contre la guerre, il se battait pour une société plus juste, rédigea de nombreuses pétitions et entretenait une relation libre avec sa compagne Simone de Beauvoir. Dans son oeuvre principale, « L'Être et le Néant », il explora comme premier philosophe l'essence de l'amour. Comment l'amour fonctionne-t-il réellement ? Comment aimer tout en menant une vie libre et autodéterminée ? Le livre « Sartre en 60 minutes » explique l'essentiel de la pensée de Sartre en s'appuyant sur plus de cinquante citations. L'accent est mis sur la découverte du libre arbitre de l'homme et sur la structure des relations entre les hommes. Le chapitre « À quoi nous servent la découverte de Sartre aujourd'hui ? » démontre l'importance de sa pensée pour notre vie personnelle et notre société. Le livre est paru dans la collection à succès « Grands penseurs en 60 minutes ».

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Seitenzahl: 77

Veröffentlichungsjahr: 2019

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Merci à Rudolf Aichner pour son infatigable travail de rédaction critique, à Silke Ruthenberg pour la finesse de son graphisme, à Angela Schumitz, Lydia Pointvogl, Eva Amberger, Christiane Hüttner, Dr. Martin Engler pour leur relecture attentive, et à Bruno Rousselet, qui a effectué une dernière relecture linguistique et scientifique du texte français. Je remercie aussi monsieur le Professeur Guntram Knapp à qui je dois ma passion pour la philosophie.

Je tiens à remercier tout particulièrement mon traducteur

Dr. Alexander Reynolds

Lui-même philosophe, il a traduit en français, avec soin et précision, mon texte allemand, le complétant là où nécessaire de passages adaptés spécifiquement aux besoins des lecteurs et lectrices francophones.

Table des matières

La grande découverte de Sartre

La pensée centrale de Sartre

L’homme est condamné à être libre

Liberté et culpabilité

La liberté comme extase et dépassement

Le « pour-soi » et l’« en-soi »

Les trois extases de la temporalité

La mauvaise foi

Le néant

« Regarder » et « être-regardé »

La honte sous le regard de l’Autre

L’« être-pour-autrui » en tant que lutte pour la reconnaissance

L’amour comme dépassement de la lutte ?

Liberté absolue et responsabilité absolue

À quoi nous sert aujourd’hui la découverte de Sartre ?

Sortir de la mauvaise foi – suivre son propre chemin

Ne pas se contenter de rêver – réaliser ses idées

Ne pas hésiter à changer sa façon de penser

Le personnel est politique – le courage d’intervenir

Index des citations

La grande découverte de Sartre

L’existentialiste français Jean-Paul Sartre (1905-1980) est l’un des philosophes majeurs du 20ème siècle. Sa thèse selon laquelle l’homme est « condamné à être libre » lui a valu une renommée mondiale. Son appel à cesser, face à la certitude de la mort, de croire à un « au-delà » céleste et à construire librement et résolument sa vie dans l’« ici-bas » est devenu la profession de foi de toute une génération :

La « philosophie de l’existence » enseignée par Sartre a exercé son influence bien au-delà du débat universitaire : elle s’est étendue sur toute la civilisation occidentale de l’après-guerre, et tout particulièrement sur la jeunesse de l’Europe.

Pour cette jeunesse des années ’50 et ’60, l’existentialisme est vite devenu un style de vie : lycéens, étudiants, artistes et autres « engoués » de cette nouvelle vision du monde se retrouvaient régulièrement dans les cafés des grandes villes. Ces cercles de débat, ouverts sans distinction aux femmes et aux hommes, donnèrent naissance à une culture de jeunes d’un genre jamais vu auparavant. Pour affirmer leur attitude existentialiste, les jeunes qui formaient ces cercles portaient des vêtements sombres et, en hommage à Sartre lui-même, des lunettes d’écaille. La devise des existentialistes était : « Ne te laisse dicter tes actions par personne ; fais tes propres choix et ne renie pas ceux-ci après coup ; vis ta vie d’une manière franche et intense, qu’il s’agisse de tes relations amoureuses, amicales, ou de tes engagements politiques ».

Sartre a mis l’accent sur ce dernier aspect ; il a insisté sur le fait qu’il ne s’agit pas seulement, chez l’existentialiste, d’une réalisation de soi individuelle, mais aussi d’un appel à l’engagement social :

Ainsi, les existentialistes ont prêté leur soutien tant aux protestations contre les guerres coloniales de la France en Algérie et en Indochine qu’aux manifestations, quelques années plus tard, contre l’impérialisme américain au Vietnam. Refusant l’éthique bourgeoise, ils faisaient souvent aussi l’expérience de l’« amour libre ». La relation entretenue par Sartre lui-même avec la compagne de toute sa vie, Simone de Beauvoir, était en effet une « relation libre » de ce genre ; chacun de son côté prenait de temps en temps d’autres amant(e)s, sans pour autant remettre en question la liaison intime et profonde qui les unissait l’un à l’autre. Ils ont même conclu entre eux un « contrat de liberté et de franchise » dans lequel ils ont annoncé leur rejet de toutes les conventions bourgeoises portant sur la monogamie, tout en s’engageant à rester toujours un soutien ferme et fiable l’un pour l’autre.

Outre ses ouvrages philosophiques, Sartre a aussi écrit plusieurs romans et pièces de théâtre. Mais avant tout il s’est engagé en tant qu’intellectuel politique, créant d’innombrables pétitions et prônant, après une alliance de quatre ans avec le Parti Communiste Français, une pensée de gauche proche des idéaux maoïstes. En 1957, lors de son appel public pour l’indépendance de l’Algérie, dans lequel il exhorta les soldats français à refuser le service militaire dans la colonie en révolte, son appartement fut complètement détruit par un attentat à la bombe revendiqué par les forces nationalistes en colère contre Sartre pour ces déclarations.

En outre, il chercha le dialogue, tout au long de sa vie, avec des révolutionnaires et des exclus de l’ordre bourgeois, rendant visite à Che Guevara, Fidel Castro, Mao Zedong et – à plus de soixante-dix ans – aux membres emprisonnés de la bande à Baader-Meinhof. Pendant la visite rendue à ces derniers, il protesta vigoureusement, malgré son âge avancé et sa vue défaillante, contre les conditions d’isolement dans lesquelles Baader, Meinhof et les autres étaient détenus.

Comme beaucoup de ses contemporains existentialistes, Sartre était un gros fumeur. Aujourd’hui encore, la carte du café parisien dont Sartre était un habitué célèbre, le Café de Flore à Saint-Germain-des-Prés, propose un « petit-déjeuner existentialiste » pour la modique somme de deux euros. Une offre qui paraît très alléchante jusqu’à ce que l’on apprenne que le « petit-déjeuner » en question ne se compose que d’un café serré et d’une cigarette sans filtre. Mais c’est précisément ce purisme – limiter son petit-déjeuner à l’essentiel et renoncer à tout accessoire bourgeois – qui faisait partie de l’attitude existentialiste. C’est dans le même esprit que Sartre refusa le Prix Nobel de Littérature, qui relevait pour lui du faste bourgeois.

Pour les existentialistes, le souci de la sécurité, de la possession ou du confort était digne de mépris et incarnait une absence totale de liberté. La vie de Sartre s’accordait parfaitement avec cette doctrine : son domicile préféré resta, pendant toute sa vie, une sobre chambre d’hôtel. Il se faisait presque un point d’honneur de rédiger ses œuvres littéraires et philosophiques sur des tables qui ne lui appartenaient pas.

Sartre, il est vrai, craignait quelquefois, au sommet de sa renommée, que le « personnage culte » qu’il était devenu pour une certaine jeunesse puisse dissuader les philosophes académiques de se pencher sérieusement sur ses œuvres. Mais ses craintes ne se sont pas réalisées. Son chef-d’œuvre, paru en 1943 sous le titre « L’Être et Le Néant », est encore perçu comme un événement majeur dans l’histoire de la philosophie. Dans ce livre, Sartre enseigne que l’essence ultime de l’homme consiste dans sa liberté. Aucun philosophe avant ni après lui n’a accordé une importance si capitale à la liberté de choix de l’individu :

Jusqu’à aujourd’hui, Sartre est présenté comme le philosophe de la liberté par excellence. Mais ce ne fut pas son unique thème. Sartre fit une deuxième découverte de la plus grande importance. Il fut l’un des tout premiers philosophes à étudier la structure des relations humaines. Il analysa, entre autres, le phénomène de l’amour. Les résultats de son analyse ne manquent pas d’étonner : l’être humain dépend, au niveau le plus fondamental ou « existentiel », de ses semblables, puisque ce n’est que moyennant l’amour, le respect, et les réactions des autres que l’individu peut se former un sentiment et une idée de soi. Sartre enseigne que la reconnaissance librement accordée par nos semblables forme le fondement même de notre existence. Ce qui n’empêche pas que ce jugement d’autrui devient forcément, en tant que facteur non maîtrisable, un « danger » aux yeux de l’individu :

Ce danger – que Sartre qualifie d’« ontologique » – prend la forme suivante : l’individu a besoin de la reconnaissance d’autrui mais ne peut jamais en avoir la parfaite assurance, puisqu’autrui est libre par définition et qu’il est toujours possible qu’autrui nous la refuse. Même une relation amoureuse dans laquelle les amants se jurent réciproquement une reconnaissance inconditionnelle peut entrer en crise et la reconnaissance réciproque peut s’effondrer. L’homme se trouve donc, dit Sartre, dans une « lutte des consciences » ininterrompue où il s’agit de se garantir la reconnaissance d’autrui. Puisqu’une telle lutte appartient à la structure même de l’être humain, Sartre en tire la conclusion provocante :

La question mérite cependant une analyse plus profonde. N’existe-t-il pour l’être humain aucune manière de sortir de cette lutte pour la reconnaissance ? La solution que semble offrir l’amour n’est-elle qu’un leurre ? Et surtout : qu’en est-il de notre liberté individuelle si celle-ci dépend d’une assurance qui ne peut être tirée que de l’assentiment d’autrui ? Pour un être radicalement dépendant, la « liberté » existe-elle au vrai sens du mot ?

La pensée centrale de Sartre

L’homme est condamné à être libre