Schopenhauer en 60 minutes - Walther Ziegler - E-Book

Schopenhauer en 60 minutes E-Book

Walther Ziegler

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Beschreibung

Walther Ziegler est professeur d'université et docteur en philosophie. En tant que correspondant à l'étranger, reporter et directeur de l'information de la chaîne de télévision allemande ProSieben, il a produit des films sur tous les continents. Ses reportages ont été récompensés par plusieurs prix. En 2007, il a prit la direction de la « Medienakademie » à Munich, une Université des Sciences Appliquées et y forme depuis des cinéastes et des journalistes. Il est l'auteur de nombreux ouvrages philosophiques, qui ont été publiés en plusieurs langues dans le monde entier. En sa qualité de journaliste de longue date, il parvient à résumer la pensée complexe des grands philosophes de manière passionnante et accessible à tous.

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Seitenzahl: 69

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Merci à Rudolf Aichner pour son infatigable travail de rédaction critique, à Silke Ruthenberg pour la finesse de son graphisme, à Angela Schumitz, Lydia Pointvogl, Eva Amberger, Christiane Hüttner, Dr. Martin Engler pour leur relecture attentive, et à Eleonore Presler, docteur en philosophie, qui a effectué une dernière relecture linguistique et scientifique du texte français. Je remercie aussi monsieur le Professeur Guntram Knapp à qui je dois ma passion pour la philosophie.

Je tiens à remercier tout particulièrement ma traductrice Laura Hurot.

Table des matières

La grande découverte de Schopenhauer

La pensée centrale de Schopenhauer

Le monde n’est que ma représentation

Le monde réel : Une « volonté aveugle »

Les six souffrances résultant de la volonté aveugle

La volonté aveugle dans l’Histoire

La volonté aveugle et Dieu

La pitié, fondement de l’éthique

Trois façons de surmonter la volonté aveugle : L’art, le théâtre et l’ascèse

À quoi nous sert la découverte de Schopenhauer aujourd’hui ?

L’ascèse permet-elle d’échapper à la volonté aveugle ?

L’idéologie du « Think positive ! » – Le plaidoyer de Schopenhauer pour le pessimisme

« Qui ne connaît pas son âge en connaîtra les souffrances » – Vieillir avec réalisme grâce à Schopenhauer

L’héritage de Schopenhauer : Se délivrer de l’obligation d’être heureux

Index des citations

La grande découverte de Schopenhauer

Parmi tous les philosophes, Arthur Schopenhauer (1788 – 1860) est considéré, et de loin, comme le plus grand et le plus brillant des pessimistes. Aucun autre que lui n’est parvenu, il est vrai, à déceler et dépeindre de façon aussi saisissante les petites et grandes failles de l’existence humaine.

Selon Schopenhauer, la vie sur Terre est l’objet de louanges imméritées et de méprises depuis des siècles. De plus, tous les philosophes et scientifiques font fausse route en tenant l’homme [au sens d’être humain, d’humanité] pour un « Homo sapiens », un être d’esprit, un animal rationnel. Selon le philosophe, il s’agit là d’une grossière erreur, car en réalité, ce n’est pas la raison qui guide l’homme dans son existence, mais ses pulsions animales, profondément enfouies et seules à animer ses actions :

Selon Schopenhauer, nous nous surestimons complètement en croyant pouvoir connaître le monde, voire le guider, grâce à la raison. D’une part, nous ne connaissons jamais le monde tel qu’il est réellement, mais uniquement tel que nous nous le représentons :

D’autre part — et il s’agit là de la grande découverte de Schopenhauer —, toutes les représentations que nous avons du monde recèlent un profond mouvement inconscient, une sorte de force originelle qui se trouve enracinée dans chaque plante, chaque animal et chaque être humain : la « volonté aveugle », ou, comme Schopenhauer l’appelle aussi, la « volonté de vivre » ou le « vouloir-vivre ».

Schopenhauer a donc choisi un titre court et concis pour son œuvre majeure devenue célèbre : Le Monde comme volonté et comme représentation. La volonté n’a pas été placée en première place par hasard. Comme le philosophe le dira lui-même, sa pensée centrale se résume en une seule phrase : l’homme se fait certes de nombreuses représentations du monde, mais en réalité, le monde dans son ensemble n’est que l’expression d’une volonté irrépressible qui se manifeste depuis la nuit des temps dans la matière, à savoir dans les plantes, les animaux et les êtres humains.

Comme Schopenhauer le souligne ici, la volonté de vivre est une « ardeur de vie universelle », c’est-à-dire qu’elle est de manière générale à l’œuvre partout, simultanément. C’est cette volonté qui pousse les plantes à se tourner vers le soleil et les animaux et les êtres humains à manger, boire et se multiplier. Elle agit sous la forme de la pulsion de vie et de la pulsion sexuelle, omniprésentes, et se manifeste à tout moment par millions dans l’ensemble des organismes présents sur Terre.

Une première preuve de la pénétration de notre essence intime par cette « volonté de vivre » nous est fournie par la résistance désespérée qu’oppose toute créature dès lors qu’on essaie d’attenter à sa vie. Que cette volonté universelle se manifeste dans une guêpe, une souris ou un être humain, elle se dresse chaque fois contre la mort avec la même intensité sans bornes :

Pour Schopenhauer, le fait que tous les organismes veuillent à tout prix rester en vie et déploient dans ce but leurs dernières forces constitue une première preuve de sa pensée centrale ; mais l’évolution dans son ensemble, avec ses innombrables substances, plantes et animaux, leur adaptation permanente à de nouvelles conditions environnementales et leur lutte acharnée et incessante pour la conservation des espèces, atteste aussi selon lui avec certitude l’action universelle de ce qu’il nomme la « volonté aveugle » de vivre :

Ainsi, la volonté est la seule « note fondamentale […] immuable » de notre être. L’idée selon laquelle ce serait la raison, d’origine humaine ou divine, qui serait l’élément véritablement déterminant dissimulé derrière l’ensemble du vivant, idée partagée par les théologiens et les philosophes pendant des millénaires, est indéfendable d’après Schopenhauer :

Mais pourquoi Schopenhauer parle-t-il de « volonté aveugle » ? Le vouloir-vivre n’est-il pas au service de l’espèce, comme le philosophe en convient lui-même ?

Ainsi, un examen plus attentif montre que le vouloir-vivre est un « instinct […] sans motif » et « aveugle »puisqu’il ne poursuit finalement aucun but sensé ou apparent :

Le vouloir-vivre est donc un « fou », un souhait délirant ne poursuivant aucun but supérieur. Dévorer et se faire dévorer, voilà qui ne serait, dans le monde des animaux comme dans celui des hommes, qu’une agitation sourde et aveugle, agitation qui connaît son paroxysme dans la reproduction avec l’acte sexuel :

La « force du désir » mène alors à une multiplication incontrôlée, à de terribles guerres, et débouche plus tard sur un

Si la volonté est aveugle, toutefois, c’est surtout parce qu’elle est, de façon générale, incapable de se reconnaître et de réfléchir à elle-même. Cette non-conscience d’elle-même se manifeste chaque fois que la volonté s’empare des différents individus tout en se réalisant violemment en eux. Schopenhauer dit d’ailleurs littéralement que la volonté « s’individualise », sans toutefois perdre de sa puissance ni devoir se diviser. Dans chaque organisme, elle agit avec la même énergie indivisible et absolue ; or c’est précisément ce qui prouve sa folie irréfléchie, car un seul et même vouloir-vivre pousse le loup affamé à chasser et tuer le chevreuil tout en agissant en même temps dans ce chevreuil, qu’il pousse à essayer d’échapper à l’effroyable morsure. Cela signifie que la volonté,

La volonté de vivre enfonce donc ses dents dans sa propre chair tout en ignorant que, finalement, c’est toujours elle-même qu’elle torture dans chacune des créatures :

Non seulement la volonté « aveugle » ne se rend pas compte qu’elle devient ainsi avec brutalité son propre cannibale, mais en plus elle n’en a que faire. Elle ne possède ni morale, ni capacité d’auto-réflexion et d’auto-contrôle :

Même la beauté et la sérénité majestueuses et tant vantées du lion ne doivent pas nous faire oublier que le roi de la savane ne doit lui aussi son existence qu’à cette impulsion aveugle, et qu’il trône sur une montagne de cadavres dont le sang lui aura permis de vivre jusqu’à ce qu’il soit lui-même un jour victime de la volonté cannibale. Mais le lion n’est pas le seul à abriter cette volonté tenace, on la retrouve aussi dans la mauvaise herbe qui, à peine arrachée, repousse aussitôt :

Ainsi, la volonté est le noyau inexplicable de la réalité. Elle est, comme le dit aussi Schopenhauer, « métaphysique ». Ce mot, formé à partir des racines grecques « méta » et « physique », signifie que la volonté existe « au-delà » de la réalité physique, voire la précède. Par conséquent, la volonté de vivre n’est pas un instinct perceptible physiquement, pas un phénomène ou une loi naturelle mesurable scientifiquement, mais la force même à l’origine des mesures et observations, et qui seule les rend possibles. Car, contrairement aux formes de vie qui évoluent constamment sur Terre, des organismes unicellulaires aux créatures actuelles en passant par les dinosaures, la volonté de vivre est une force éternelle et parfaitement constante qu’on retrouve derrière tout ce qui est :