Wittgenstein en 60 minutes - Walther Ziegler - E-Book

Wittgenstein en 60 minutes E-Book

Walther Ziegler

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Beschreibung

Wittgenstein est le philosophe du langage dans toute sa splendeur. Avec son « Tractatus logico-philosophicus » célèbre dans le monde entier, il exhorte un changement d'époque, le dénommé « Linguistic Turn » (tournant linguistique) qui tourne le dos à la philosophie classique pour se tourner vers la philosophie du langage. Car seul le langage, selon son idée centrale, détermine la manière dont nous percevons le monde entier et nous-mêmes. Ni un philosophe, ni quelconque autre personne n'est en mesure de former ne serait-ce qu'une seule pensée sensée au-delà des mots et des phrases. Nous apprenons le langage dès la plus petite enfance et il détermine dès ce moment toute notre vision du monde. C'est pourquoi, selon Wittgenstein, la première tâche et la plus importante de la philosophie est qu'elle comprenne enfin que le langage même est son outil de connaissance de base. Dans « Tractatus », il analyse avec précision ce que nous pouvons dire sur le monde à l'aide de mots et de phrases - et ce que nous ne pouvons pas dire. Sa conclusion est radicale. Seules les déclarations pouvant être logiquement exprimées avec exactitude et vérifiables par l'expérimentation sont admissibles. Et : « Sur ce dont on ne peut parler, il faut garder le silence. » Mais Wittgenstein fait une seconde découverte lourde de conséquences. Dans son oeuvre tardive, il montre que ce sont les « jeux de langage » concrets, donc les conversations de tous les jours entre les enfants, ouvriers en bâtiment, théologiens, scientifiques ou footballeurs qui donnent un sens aux mots et influencent toute notre perception du monde. Il développe sa théorie célèbre des « jeux de langage ». Les jeux de langage déterminent-ils vraiment notre quotidien et toute notre réalité de vie ? Et si tel est le cas - que nous apporte la découverte de Wittgenstein aujourd'hui ? Ce livre "Wittgenstein en 60 minutes" explique tout autant le « Tractatus » que la fascinante « Théorie des jeux de langage ». Il a paru dans la série très appréciée des « Grands penseurs en 60 minutes ».

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Merci à Rudolf Aichner pour son infatigable travail de rédaction critique, à Silke Ruthenberg pour la finesse de son graphisme, à Angela Schumitz, Lydia Pointvogl, Eva Amberger, Christiane Hüttner, Dr. Martin Engler pour leur relecture attentive, et à Nathalie Maupetit, qui a effectué une dernière relecture linguistique et scientifique du texte français. Je remercie aussi monsieur le Professeur Guntram Knapp à qui je dois ma passion pour la philosophie.

Je tiens à remercier tout particulièrement ma traductrice

Ilse Arnauld des Lions

Table des matières

La grande découverte de Wittgenstein

L‘idée centrale de Wittgenstein

Qu‘est-ce que le monde ? Le monde est uniquement constitué de faits que nous représentons sous forme de phrases

Les phrases sur les faits doivent être pourvues de sens !

Sur ce dont on ne peut parler, il faut garder le silence !

Wittgenstein, Popper et le tisonnier

Le monde comme jeu de langage

Tu es ce que tu parles : mots, phrases, formes de vie

À quoi nous sert la découverte de Wittgenstein aujourd‘hui ?

Le courage de changer : changer de jeux de langage et de formes de vie !

Le lien brillant que Wittgenstein tisse entre le langage et la forme de vie – Reconnaître l‘action réciproque

« Un Reich, un peuple, un Führer ! » – Jeux de langage politiques pour la manipulation des formes de vie

L‘héritage de Wittgenstein : comment les coachs en rhétorique modifient la réalité par le langage et la grammaire

Reconnaître le monde comme un jeu de langage et le critiquer : l’épine profonde de Ludwig Wittgenstein

Index des citations

La grande découverte de Wittgenstein

Ludwig Wittgenstein (1889 – 1951) est considéré comme le pionnier de la philosophie du langage et fait ainsi partie de ceux qui ont le plus radicalement transformé la pensée du XXe siècle. Avec le « Linguistic Turn » (tournant linguistique), il engagea un changement d‘époque : l‘abandon de la philosophie classique pour la philosophie du langage.

Alors qu‘avant Wittgenstein, la question du sens de la vie trouvait une réponse spéculative ou matérialiste, par exemple comme « accomplissement de l‘Esprit du monde », comme « moteur de l‘Histoire humaine dans les luttes de classes » ou comme « volonté de puissance », Wittgenstein se consacre pour la première fois au langage en tant que phénomène le plus important de notre vie. Le langage est fondamental pour notre compréhension du monde, telle est son idée maîtresse.

Sa découverte du langage comme point de référence de toute connaissance a remis en question toute la philosophie. Car, d‘après Wittgenstein, il est et reste un fait que, indépendamment de ce que les différents philosophes de l‘Antiquité jusqu‘à nos jours reconnurent comme noyau de la vérité, ils ne purent jamais obtenir leurs connaissances respectives sur le monde que dans les limites du langage. Selon Wittgenstein, ni un philosophe, ni aucune autre personne, n‘est en mesure de former ne serait-ce qu‘une seule pensée sensée au-delà des mots et des phrases :

Il est finalement impossible, selon Wittgenstein, d‘échapper à la « cage du langage », de formuler ne fût-ce qu‘une seule pensée sans mots ni phrases, quels que soient nos efforts :

Même la phrase populaire allemande « Les pensées sont libres » est une illusion, puisque nos pensées ne peuvent toujours être exprimées que par le langage. Rien n‘existe au-delà du langage :

Le langage est donc le « véhicule » ou encore le « moyen de transport » de notre pensée. Et cela veut dire que vraiment tout ce qui se passe dans notre tête – chaque pensée, chaque découverte et chaque idée – se réalise en mots et en phrases. Nous apprenons le langage dans notre plus petite enfance et, à partir de ce moment, c‘est lui qui détermine toute notre perception du monde, tout ce que nous savons du monde. C‘est pourquoi, d‘après Wittgenstein, la tâche première de la philosophie, et la plus importante, est d‘analyser et de comprendre enfin le langage lui-même en tant qu‘outil fondamental de la connaissance. Nous devons découvrir ce que l‘humanité est apte à comprendre logiquement avec le langage et ce qu‘elle ne peut comprendre. Car c‘est la seule manière de distinguer les énoncés faux et dépourvus de sens sur le monde de ceux qui sont pourvus de sens.

Des milliers d‘années durant, les philosophes n‘auraient érigé que des constructions de pensée équivoques et paradoxales sans avoir auparavant clarifié correctement leurs propres conditions préalables logiques :

Ce n‘est qu‘en analysant enfin la logique de la langue et en comprenant ce qui peut être dit d’une façon pourvue de sens, et ce qui ne peut pas l‘être, que les nombreux problèmes philosophiques acquièrent alors l‘importance qui leur est due, ou se dissipent :

Avec son exigence d‘explorer enfin le langage, Wittgenstein inspira réellement de nouveaux courants philosophiques dans le monde entier : la « philosophie du langage ordinaire » (Ordinary Language Philosophy) en Angleterre, l‘ « acte de langage » (Sprechakttheorie) et la « théorie de l‘agir communicationnel » (Theorie des kommunikativen Handelns) en Allemagne, la « sémiotique structurale » en France, le néopositivisme du Cercle de Vienne en Autriche et la « relativité linguistique » en Amérique.

Mais dans notre vie de tous les jours aussi, la découverte par Wittgenstein de la grande importance du langage ne resta pas sans conséquences. Alors que des centaines d‘années durant, le langage n‘avait été considéré que comme un simple outil immédiat de communication, il est de nos jours utilisé de façon ciblée pour influencer des discours privés et publics de même que pour manipuler des formes de vie entières. Une armée de professeurs de rhétorique, de stratèges en marketing et de conseillers politiques essaie jour après jour d‘influencer notre réalité en utilisant sciemment certains mots et certaines phrases. Qu‘il s‘agisse de campagnes publicitaires ou de propagande, de thérapie verbale, d‘automotivation ou encore de prières communes – depuis Wittgenstein, le langage est pour la première fois reconnu comme ce qu‘il est réellement, un champ de force qui reflète et influence toute notre réalité quotidienne :

Wittgenstein lui-même ne voulait jamais qu‘analyser le langage, en aucun cas l‘instrumentaliser. Il mettait même en garde contre ce risque. Et pourtant, avec sa découverte du rapport entre langage et forme de vie, il ouvrit la boîte de Pandore. Une fois que l‘importance du langage pour notre vie fut reconnue, l‘on essaya plus que jamais de l‘utiliser de façon ciblée à des fins de manipulation.

On parle aujourd‘hui de Wittgenstein au même titre que Kant, Heidegger ou Sartre, bien qu‘il ait tout d‘abord sévèrement critiqué la philosophie et alors qu‘il voulait devenir ingénieur. On pourrait même dire qu‘il est devenu philosophe malgré lui. Huitième fils du magnat de l‘acier autrichien Karl Wittgenstein, il ne s‘intéressa tout d‘abord qu‘à la technique et aux mathématiques. Comme l‘avait fait son père, il fit des études d‘ingénieur.

Alors qu‘il était plongé dans des calculs pour un nouveau moteur d‘avion, la philosophie s‘empara de lui, contre toute attente et avec une telle vigueur que sa sœur s‘inquiéta pour sa santé : « En ce temps-là, [...] il fut soudainement accaparé [...] par la réflexion sur les problèmes philosophiques, si fortement et totalement contre sa volonté, qu‘il souffrait lourdement de cette double vocation intérieure contradictoire [...]. Pendant ces journées, Ludwig se trouvait dans un état d‘excitation indescriptible, presque maladif […]. »9

Le jeune Wittgenstein ne pouvait plus faire autrement que de se poser les grandes questions philosophiques : qu‘est-ce que le monde, comment puis-je le connaître et faire des déclarations vraies à son propos ? Dès lors, il se consacra entièrement à l‘étude des logiciens, Frege, Russel et Moore. Et avant même d‘avoir terminé ses études de philosophie, il donna sa réponse au monde dans son Tractatus logico-philosophicus. Ce petit écrit comprenait à peine quatre-vingts pages, ce qui est plus qu‘inhabituel pour une œuvre philosophique. Et pourtant, il rendit Wittgenstein célèbre déjà de son vivant.

Le succès intemporel du Tractatus logico-philosophicus vient de sa structure d‘une précision incisive. Wittgenstein, tel un chirurgien avec son scalpel, répondit à la question « Qu‘est-ce que le monde ? » en sept thèses constituant une séquence logique. Il numérota ces thèses à la manière des vers de la bible et les dota d‘alinéas, de telle sorte que les sept thèses strictement scientifiques du Tractatus revêtirent un caractère assez dogmatique et messianique de par leur aspect général.

Partant de son idée centrale selon laquelle toute connaissance du monde ne peut jamais être formulée que par des mots et des propositions, Wittgenstein explique, point par point, la façon dont il est possible d‘énoncer des propositions absolument correctes et incontestables sur le monde. À l‘avenir, selon sa conclusion, un scientifique se doit de ne formuler que des phrases logiquement pourvues de sens et vérifiables dans la réalité ; il lui faut reconnaître que toutes les autres phrases sont des « non-sens » et les garder pour lui. C’est ce qu’exprime la septième thèse, la dernière, souvent citée du Tractatus :

Cette phrase de conclusion était d‘autant plus provocatrice qu‘elle n‘autorisait finalement plus que des énoncés scientifiques et rendait la philosophie caduque :