Étape à Plouay : Double affaire - Tome 2 - Firmin Le Bourhis - E-Book

Étape à Plouay : Double affaire - Tome 2 E-Book

Firmin Le Bourhis

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Beschreibung

La mort pas si naturelle d'un sportif de haut niveau...

Le capitaine François Le Duigou et le lieutenant Philippe Bozzi sont amenés à enquêter sur la mort tragique d'un jeune homme au volant de sa voiture. Le collapsus cardiaque, à l'origine du décès, peut-il véritablement laisser croire qu'il s'agisse bien d'une mort naturelle chez ce sportif de haut niveau ?
Un long travail d'investigation dans l'environnement de la victime conduira les officiers de Police Judiciaire à orienter rapidement leurs recherches vers un individu infiltré clandestinement dans le milieu du cyclisme...
Du renommé circuit du Championnat du Monde de Plouay en passant par Lorient, Issoudun, Châteauroux et autres villes connues pour leurs épreuves cyclistes... les policiers mènent l'enquête et la traque.

Avec cette enquête, découvrez la suite de La belle Scaëroise. Très bien documentée, elle vous tiendra en haleine jusqu'à la dernière page !

EXTRAIT

Enfin un peu de soleil et de chaleur après toute cette pluie des dernières semaines. Dix jours déjà que le calendrier avait affiché ‘‘Été’’ à la date du 21 juin. Allions-nous enfin pouvoir appuyer sur le bouton off des convecteurs du bureau ? se demandait le capitaine François Le Duigou.
Son cher collègue et ami, le lieutenant Phil Bozzi, venait de s’absenter pour quelques jours, le temps de conduire son épouse et ses enfants dans le sud de la France chez ses parents, pour les vacances scolaires. Se sentant un peu seul, le capitaine laissait son esprit vagabonder et se conditionner à présent sur les futurs congés à prendre dans quelques semaines.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Un très bon livre qui fait réfléchir sur le dopage et le manque d'éthique de certains laboratoires pharmaceutiques. - tigrou, Babelio

Très bonne enquête policière et suspense attendu dans le milieu du vélo. A lire absolument. - cloclo56,  Babelio

À PROPOS DE L’AUTEUR

Né à Kernével en 1950, Firmin Le Bourhis vit et écrit à Concarneau en Bretagne. Après une carrière de cadre supérieur de banque, ce passionné de lecture et d’écriture s’est fait connaître en 2000 par un premier ouvrage intitulé Quel jour sommes-nous ?, suivi d’un second, Rendez-vous à Pristina, publié dans le cadre d’une action humanitaire au profit des réfugiés du Kosovo.

Connu et reconnu bien au-delà des frontières bretonnes, Firmin Le Bourhis est aujourd’hui l’un des auteurs de romans policiers bretons les plus appréciés, avec vingt-huit enquêtes déjà publiées. Il est également l’auteur d’essais sur des thèmes médicaux et humanitaires. Ses ouvrages sont tous enregistrés à la bibliothèque sonore de Quimper au service des déficients.

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FIRMIN LE BOURHIS

 

 

 

Étape à Plouay

 

éditions du Palémon

Z.I de Röntgen

11B rue Röntgen

29000 Quimper

 

DU MÊME AUTEUR

 

Aux éditions Chiron

 

Quel jour sommes-nous ? La maladie d’Alzheimer jour après jour

 

Rendez-vous à Pristina - récit de l’intervention humanitaire

 

Aux éditions du Palémon

 

n° 1 - La Neige venait de l’Ouest

n° 2 - Les disparues de Quimperlé

n° 3 - La Belle Scaëroise

n° 4 - Étape à Plouay

n° 5 - Lanterne rouge à Châteauneuf-du-Faou

n° 6 - Coup de tabac à Morlaix

n° 7 - Échec et tag à Clohars-Carnoët

n° 8 - Peinture brûlante à Pontivy

n° 9 - En rade à Brest

n° 10 - Drôle de chantier à Saint-Nazaire

n° 11 - Poitiers, l’affaire du Parc

n° 12 - Embrouilles briochines

n° 13 - La demoiselle du Guilvinec

n° 14 - Jeu de quilles en pays guérandais

n° 15 - Concarneau, affaire classée

n° 16 - Faute de carre à Vannes

n° 17 - Gros gnons à Roscoff

n° 18 - Maldonne à Redon

n° 19 - Saint ou Démon à Saint-Brévin-les-Pins

n° 20 - Rennes au galop

n° 21 - Ça se Corse à Lorient

n° 22 - Hors circuit à Châteaulin

n° 23 - Sans Broderie ni Dentelle

n° 24 - Faites vos jeux

n° 25 - Enfumages

n° 26 - Corsaires de l’Est

n° 27 - Zones blanches

n° 28 - Ils sont inattaquables

n° 29 - Dernier Vol Sarlat-Dinan

n° 30 - Hangar 21

n° 31 - L'inconnue de l'archipel

n° 32 - Le retour du Chouan

n° 33 - Le gréement de Camaret

 

Menaces - Tome 1 - Attaques sur la capitale

Menaces - Tome 2 - Tel le Phénix

Menaces - Tome 3 - Pas de paradis pour les lanceurs d'alerte

 

 

 

 

 

Retrouvez tous les ouvrages des Éditions du Palémon sur :

 

www.palemon.fr

 

Dépôt légal 1er trimestre 2014

ISBN : 978-2-916248-49-3

 

 

 

 

 

NOTE DE L’AUTEUR :

L’auteur s’empare, comme habituellement, d’une véritable affaire criminelle et, au terme d’une étude approfondie des faits et avec l’aide d’officiers de police judiciaire, en donne une version romancée aussi proche que possible de la réalité…

Un fait réel qu’il transpose dans d’autres lieux pour y bâtir une enquête qu’il livre à votre perspicace lecture…

 

 

CE LIVRE EST UN ROMAN.

Toute ressemblance avec des personnes, des noms propres, des lieux privés, des noms de firmes, des situations existant ou ayant existé, ne saurait être que le fait du hasard.

 

Aux termes du Code de la propriété intellectuelle, toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle de la présente publication, faite par quelque procédé que ce soit (reprographie, microfilmage, scannérisation, numérisation…) sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre Français d’Exploitation du droit de Copie (CFC) - 20, rue des Grands Augustins - 75 006 PARIS - Tél. 01 44 07 47 70 - Fax : 01 46 34 67 19 - © 2014 - Éditions du Palémon.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Remerciements

 

 

 

À Pierrette et Pascal

pour leurs aimables renseignements professionnels

de la Police Judiciaire,

et à Patrick

pour son attention particulière

et ses conseils précieux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rien ne nous attire mieux

Que le sourire décevant

Des chimères.

 

Théodore de Banville.

 

 

Chapitre 1

Enfin un peu de soleil et de chaleur après toute cette pluie des dernières semaines. Dix jours déjà que le calendrier avait affiché ‘‘Été’’ à la date du 21 juin. Allions-nous enfin pouvoir appuyer sur le bouton off des convecteurs du bureau ? se demandait le capitaine François Le Duigou.

Son cher collègue et ami, le lieutenant Phil Bozzi, venait de s’absenter pour quelques jours, le temps de conduire son épouse et ses enfants dans le sud de la France chez ses parents, pour les vacances scolaires. Se sentant un peu seul, le capitaine laissait son esprit vagabonder et se conditionner à présent sur les futurs congés à prendre dans quelques semaines.

Commençant aussi tard, la saison touristique risquait d’être courte cette année. La police enregistrait moins de délits, comparé à la même période de l’année précédente.

Mais les flots de vacanciers n’allaient pas tarder à débouler, envahissant nos routes, nos rues de leurs voitures bien encombrantes et avec eux, tous les avatars liés à la surpopulation, grivèleries, agressions, vols à la roulotte…

Le commissaire divisionnaire Yann Le Godarec, ami et patron de François Le Duigou vint lui rendre visite quelques instants. Il songeait, lui aussi, aux vacances. Ils échangèrent quelques banalités. Le travail ne manquait pas mais n’attisait pas les passions car, depuis deux semaines, aucune affaire fracassante n’avait franchi les portes du commissariat.

La sonnerie du téléphone fit sursauter François, plongé dans un dossier et, sans doute aussi, dans ses pensées.

— Allô ? Bonjour Monsieur, je voudrais parler au capitaine François Le Duigou.

— Bonjour Monsieur. C’est moi-même !

— Ici, Bruno Le Louarn1, vous souvenez-vous de moi ?

— Monsieur Le Louarn ? Bien sûr que je m’en souviens ! Comment allez-vous ?

— Ça va… J’aimerais vous rencontrer rapidement. Est-ce possible ?

— Je vais faire pour le mieux, quand voulez-vous ?

— Est-ce que cet après-midi, quatorze heures ou plus tard dans la journée, vous conviendrait ? À mon bureau de préférence.

— Je vais m’arranger !

Le combiné raccroché, François Le Duigou resta songeur. Il pensait à cette tragique affaire qui avait failli mal tourner pour Bruno Le Louarn… Un an déjà ! Comme le temps passait vite ! Il chercha aussitôt le dossier de cette tragédie qui avait tant défrayé la chronique locale, régionale voire nationale. Puis il se rendit aussitôt chez son patron, comme aiguillonné par cet appel téléphonique. Il entra dans son bureau, à peine après avoir frappé.

— Yann, te souviens-tu de l’affaire Le Louarn, l’an passé ?

— Tu penses bien ! Elle nous avait suffisamment secoués !

— Eh bien, Bruno Le Louarn vient de m’appeler, il veut me voir. Sais-tu s’il y a quelque chose de nouveau ou de particulier à ce sujet ?

— Non. Pas que je sache. Son ex-épouse et l’amant de celle-ci sont en prison et pour un bon bout de temps, et depuis, rien de neuf… Je te trouve bien excité soudainement !

— Bon. Je vais lui rendre visite en début d’après-midi, je verrai bien. J’te dirai !

Le capitaine revint à son bureau pour parcourir son dossier. Si Bruno Le Louarn l’appelait c’est qu’il devait avoir de nouvelles informations ou des éléments particuliers à apporter ou à faire connaître.

Bruno Le Louarn était le Président Directeur Général de la SA BPEPN (Bretagne Plantes Et Produits Naturels), une très belle entreprise en pleine croissance, située sur la RN 165, après la zone industrielle de Troyalac’h, en direction de Rosporden, avant Saint-Yvi. Chaque procès-verbal lui rappelait le déroulement de cette enquête dans laquelle Bruno Le Louarn avait été considéré comme le principal suspect. Incarcéré, il n’avait dû son salut qu’à la perspicacité et au flair de François Le Duigou. Par acquit de conscience, il téléphona aux avocats et au tribunal, mais personne ne laissa penser qu’il pouvait y avoir du nouveau.

Il déjeuna mal en pensant sans arrêt à cette affaire. Tout lui paraissait si clair qu’il lui sembla qu’elle venait de se dérouler les semaines précédentes. Vers treize heures trente, il prit sa voiture de service banalisée pour se rendre à l’entreprise.

Rien n’avait changé à ses yeux lorsqu’il revit le complexe industriel. L’ensemble de verre fumé et d’aluminium laqué de couleur verte s’imposait de la même façon au milieu du terrain, clos de toutes parts d’une haute grille métallique. La clôture, surmontée d’un plan oblique anti-escalade, donnait toujours cette allure quasi militaire voire carcérale à l’installation. Il ressentit une sorte d’appréhension en s’arrêtant devant la barrière de l’entrée. Le gardien se présenta et lui demanda son identité. Il se rendit dans son local pour téléphoner à l’accueil et s’assurer qu’il était bien attendu. Il inscrivit son nom et le numéro d’immatriculation du véhicule et actionna enfin la barrière d’accès.

Deux immenses affiches vantaient la valeur du principe actif des plantes. L’une concernait les soins du corps et les produits de beauté, l’autre louait les produits naturels à base de plantes comme compléments alimentaires sous forme de gélules, de capsules d’essences aromatiques ou d’huiles nutritionnelles. Il se gara près d’une luxueuse Mercedes de couleur noire sur le parking réservé aux visiteurs et à la direction. Celui du personnel s’étendait sur la droite et longeait les installations jusqu’au fond du terrain.

Dès l’entrée franchie, la fraîcheur de la climatisation le happa. Comme un an auparavant, une charmante hôtesse d’accueil, en tenue aux couleurs de l’entreprise, l’accueillit avec un sourire radieux. Elle l’annonça par téléphone et l’accompagna au salon d’attente toujours disposé au milieu de plantes vertes. Elle lui proposa une consommation : café, thé ou toute autre boisson à base de plantes. Il déclina l’offre et s’installa confortablement. Seul, son esprit continua à vouloir à tout prix déceler les raisons de cet entretien. Son regard parcourait, sans les voir, les affiches identiques à celles de l’extérieur ou la grande vitrine exposant toute une gamme de produits de beauté, d’hygiène corporelle ainsi que diverses denrées diététiques ou aromatiques…

En pleine réflexion, il n’entendit pas arriver Bruno Le Louarn qui se tenait, à présent, debout près de lui. Il avait retrouvé son allure sportive et son élégance. En complet-veston gris clair, cravate bleu foncé sur chemise bleu pâle, il afficha un large sourire et serra chaleureusement la main de François Le Duigou. Il le remercia bien vivement d’être venu aussi vite. Il l’invita aussitôt à le suivre. Ils traversèrent le vaste hall, véritable show room de la société. D’immenses panneaux déclinaient toute l’activité de l’entreprise, de la sélection des plantes jusqu’à la commercialisation du produit fini en passant par des photos des laboratoires de recherche, de développement, d’analyse de qualité et d’hygiène ainsi que de la fabrication des poudres et des gélules. Ils gravirent le luxueux escalier en bois précieux. Les lumières indirectes plongeaient l’ensemble de l’espace dans une ambiance agréable.

François Le Duigou se souvenait parfaitement des lieux en les redécouvrant jusqu’à l’entrée du bureau. La porte franchie, il fut surpris car il ne reconnaissait rien de ce qui s’y trouvait un an plus tôt. Bruno Le Louarn remarqua la surprise de son visiteur et crut bon de préciser.

— J’ai tenu à vider mon bureau de tout ce qu’il contenait. J’ai souhaité refaire totalement la décoration et changer le mobilier. Ce passé doit se ranger dans l’oubli. Après tout ce que je venais de vivre, je souhaitais repartir à zéro. J’ai pu le faire, grâce à vous d’ailleurs. Je vous dois beaucoup et ne vous remercierai sans doute jamais assez !

— Je n’ai fait que mon travail…

— Chut ! Cessez d’être modeste ! Asseyez-vous, je vous prie ! Puis-je vous proposer une boisson fraîche ? Moi, je vais prendre une boisson gazeuse.

— La même chose, merci.

François Le Duigou était toujours aussi intrigué. Que lui voulait Bruno Le Louarn ?

François Le Duigou remarqua dans ce bureau, la douceur des tons, les photos de fleurs et de plantes, les aquarelles de paysages campagnards et de quelques bords de mer. Une photo l’interpella, celle d’une jeune femme. Il se souvenait l’avoir déjà vue, du moins le pensait-il, mais il était incapable de dire de qui il s’agissait. Sur le bureau, d’autres photos de la même personne trônaient en bonne position… Impossible de se rappeler où il l’avait rencontrée. Il en voulait à sa mémoire…

— Alors, monsieur Le Duigou… comment dois-je vous appeler ? Capitaine, Monsieur ? Concernant cette rencontre, il s’agit pour moi d’une visite amicale, strictement privée, car j’ai encore besoin de votre aide.

— Dans ce cas, appelez-moi François tout simplement.

— Parfait, François, appelez-moi Bruno. J’ai tenu à vous rencontrer et vous seul, car vous savez que je sponsorise quelques équipes de clubs cyclistes. J’ai un profond respect pour les sportifs et les coureurs cyclistes en particulier.

— Oui, je m’en souviens…

— Alors, je voudrais vous parler d’une affaire qui m’intrigue beaucoup et me désole à la fois. Voilà, en dehors du fait de soutenir financièrement quelques clubs, j’aide et favorise l’ascension de quelques bons éléments qui sortent du lot chez les juniors et seniors amateurs et cela depuis une dizaine d’années. Plusieurs d’entre eux m’ont donné l’impression de mal tourner et de s’écarter du droit chemin des règles élémentaires du sport… Et l’un, plus que tous les autres, me pose un véritable cas de conscience.

— Que voulez-vous dire par ces propos ?

— Eh bien, je ne serais pas surpris de découvrir qu’il aurait goûté au dopage d’une manière ou d’une autre. Mais je ne sais rien de précis à ce jour et je ne détiens aucune preuve. Il a gagné énormément de courses régionales, puis beaucoup de critériums et devait passer professionnel.

— Il existe bien des contrôles antidopage pour les gagnants, non ?

— Oui, bien sûr ! Il a été contrôlé de nombreuses fois. Les résultats se sont toujours avérés négatifs. Mais ceci n’est qu’un des points…

— Je ne vois pas où vous voulez en venir, car, côté contrôle de dopage sportif, ce n’est pas tellement mon boulot.

— Je m’en doute, mais ce n’est pas pour le dopage que j’ai souhaité vous rencontrer mais pour que vous en sachiez un peu plus sur ce cycliste. Ce dont j’ai besoin, c’est de votre compétence professionnelle d’officier de police, de votre talent à rechercher le détail et à découvrir toute la vérité… Je sais de quoi je parle. Êtes-vous prêt à m’aider ?

Ému, très touché par ces compliments, le visage de François Le Duigou s’empourpra. En quelques secondes, il revit de quelle façon il avait sauvé Bruno Le Louarn, un an auparavant…

— Vous m’écoutez ? relança Bruno Le Louarn intrigué par l’absence de réponse.

Il inclina deux fois positivement la tête pour toute réponse.

— Parce qu’il faut que je vous dise. Cet homme vient de décéder dans un accident de voiture, il y a deux semaines. C’est pour cette raison que je pense que vous pouvez intervenir.

— Il s’agirait d’un accident de la circulation ?

— Pas exactement. C’est plus compliqué à mon sens.

— Mais pour cela il faudrait que je sois chargé d’une enquête…

— Si je portais plainte contre X et demandais l’ouverture d’une enquête ?

— Dans ce cas, pas de problème. J’enregistre votre procès-verbal et je m’en occupe.

— Merci, je savais que je pouvais compter sur vous.

— Maintenant, vous allez me dire tout ce que vous savez. Racontez-moi tout en commençant par son identité.

— Il s’agit de Loïc Kerihouai. Il avait vingt-six ans. Il courait depuis dix ans au VCA, le Vélo Club d’Argoat. À seize ans, il était déjà classé premier départemental puis régional. Je me souviens qu’à l’époque, il avait obtenu la possibilité d’accompagner toute une étape du Tour de France, lors de son passage en Bretagne ! Il était fier, un véritable fou du vélo. Un jeune homme gentil, d’humeur égale en toutes circonstances… Une ombre de tristesse passa sur le visage de Bruno Le Louarn.

— Était-il marié ?

— Oui, depuis deux ou trois ans, mais son épouse le connaissait et le suivait au moins depuis ses dix-huit ans. C’est une chic fille. Elle attend son deuxième enfant. Elle est, bien entendu, très malheureuse, elle vit très mal cette disparition brutale et ne sait plus très bien où elle en est. Le choc a été rude, j’espère qu’elle ne perdra pas son enfant, car je l’ai trouvée bien faible l’autre jour et si triste…

— Je l’imagine, après une telle épreuve !

— Où est survenu l’accident et comment s’est-il produit ?

— À quelques kilomètres avant d’arriver à Plouay. Vous savez, dans le Morbihan, la ville d’un championnat du monde cycliste, le Grand Prix de Plouay…

— Oui, bien entendu, j’en ai entendu parler comme tout le monde, mais je ne m’y suis jamais rendu.

— Il venait de Quimperlé en passant par Arzano et se dirigeait vers Plouay. Dans une descente, à un lieu-dit appelé Pont-Nivino, je crois… il y a un virage extrêmement dangereux et, en face, si vous le ratez, vous allez tout droit dans un plan d’eau. C’est ce qu’il a fait. Les pompiers sont intervenus très vite grâce à l’alerte donnée immédiatement par le voisinage. Hélas, trop tard. Il a été retrouvé mort au volant. Selon le médecin, il aurait eu un malaise cardiaque et devait être décédé avant d’entrer dans l’eau, car il n’y avait pas d’eau dans ses poumons.

— Avait-il eu des alertes cardiaques récemment ?

— Non, jamais. C’est ce qui me surprend. Il était en parfaite santé mais semblait très perturbé, voire angoissé, depuis la reprise de la saison.

— Vous avait-il donné une explication ?

— Aucune.

— Était-ce dans ses habitudes de ne pas se confier ?

— Au contraire, c’était quelqu’un de très spontané et communicatif. Nous entretenions les meilleurs rapports. Il savait tout ce que j’avais fait pour lui et pour le cyclisme en général ; rien ne l’empêchait de me parler. Mais, depuis la dernière saison, il avait changé… beaucoup changé.

— Pouvez-vous me donner son adresse ?

— Bien sûr… la voici. Par quoi comptez-vous commencer ?

— Je vais d’abord me rendre à la gendarmerie de Plouay. Ensuite, je me rapprocherai de son club cycliste et des autorités de contrôle pour faire ressortir les tests qu’il a dû subir et, enfin, j’irai voir son épouse, si elle veut bien me recevoir.

— Pour voir Kristell Kerihouai, il n’y aura pas de problème. Je vais l’avertir de votre visite et surtout lui parler de l’aide qu’elle pourrait vous apporter. Ce qu’elle n’a pas voulu me dire, peut-être vous le dira-t-elle ?

— Je l’espère. Dès le retour de mon collègue, Phil Bozzi, nous nous mettrons à deux sur l’affaire et nous fouillerons.

Au nom de Phil Bozzi, le visage de Bruno Le Louarn s’assombrit, ce qui n’échappa pas à François Le Duigou. En l’espace d’une seconde, il réalisa que ceci venait de rappeler de mauvais souvenirs à son interlocuteur. Avant même qu’il ait eu le temps de le rassurer, Bruno Le Louarn exprima son sentiment :

— S’il vous plaît, ne brusquez pas Kristell Kerihouai. Je ne veux pas que votre collègue la bouscule. Elle est déjà tellement éprouvée.

— Non, rassurez-vous, nous n’avons aucune raison de l’inquiéter et mon collègue, Phil Bozzi, est réellement un brave homme. Je suis certain que, dans cette affaire, il va nous apporter beaucoup par ses connaissances techniques dans ce domaine. C’est un très bon officier de Police Judiciaire.

— Pour ma part, c’est surtout en vous que je mets toute ma confiance.

— Je vous remercie. Je vous tiens informé…

Ils restèrent parler de différents sujets quelques instants encore. Visiblement, Bruno Le Louarn était heureux de revoir François Le Duigou et le lui fit savoir à plusieurs reprises. Il lui répéta qu’il lui devait une fière chandelle. Il évoqua le fait que, sans doute malheureusement, il devait se produire des erreurs judiciaires de temps à autre. Il lui avoua qu’il s’était intéressé depuis à “l’affaire Seznec”, à celle du jardinier marocain, Omar Raddad, accusé du meurtre de madame Marchal et à bien d’autres encore. Il avait eu si peur. Ils se quittèrent presque à regret.

Après un chaleureux au revoir dans le hall, François prit la direction de la sortie. Avant de franchir la porte, il se trouva face à une jeune femme qu’il reconnut aussitôt et fit d’abord le rapprochement avec les photos disposées sur le bureau.

— Marie-Alix !

Le visage de la jeune femme s’empourpra. Elle reconnut aussi l’officier de la Police Judiciaire et s’arrêta pour le saluer.

— Ah, bonjour Monsieur ! Bruno m’avait fait part effectivement de votre visite pour une affaire qui le contrarie.

— Travaillez-vous dans l’entreprise à présent ?

— Oui, tout à fait, depuis quelques mois.

Puis elle crut bon de rajouter, un peu gênée :

— Nous nous sommes revus de nombreuses fois après la tragique affaire de Patricia et de l’épouse de Bruno… et puis… enfin bref, nous partageons notre vie. J’ai quitté mon emploi de Scaër et je suis directrice-qualité dans cette entreprise, mais je touche un peu à tout. Et, dans la vie, Bruno est impatient d’avoir un enfant. C’en est une obsession… vous le savez bien, alors je pense que pour la fin de l’année, si tout se déroule normalement, ce sera chose faite !

— Bravo, je suis vraiment très heureux pour vous deux. Guillaume Apollinaire avait raison quand il disait dans Le Pont Mirabeau que « La joie venait toujours après la peine » !

— Merci ! Bruno a beaucoup souffert et en souffre terriblement encore et j’espère que les joies viendront effectivement effacer le passé malheureux !

— Pour ma part, je vous le souhaite !

C’est avec un large sourire que François Le Duigou rejoignit sa voiture, heureux de ces moments de bonheur simple, écartant à tout jamais la tragédie de l’an passé.

Au commissariat, il s’empressa de venir voir son patron pour lui faire part de son entretien et de ses rencontres.

Il en aurait des choses à dire à Phil Bozzi à son retour ! Mais, sans plus attendre, il devait appeler le commandant de la brigade de Plouay. Il ne le connaissait pas.

Il avait de bons rapports avec Quimperlé et Scaër et bien des brigades du Finistère, mais Plouay étant dans le Morbihan, les opportunités de contact étaient moins nombreuses.

Le commandant de brigade, l’adjudant-chef Georges Robin se montra très jovial au téléphone et, a priori, fort sympathique.

— L’accident survenu au jeune homme à Pont-Nivino ? Oui, c’est une bien triste affaire. J’étais de service, ce jour-là, pas de problème. Nous avons le dossier. Il n’y a pas grand chose à dire : malaise au volant, crise cardiaque ? Heureusement que personne ne venait en face !

Ils décidèrent de se rencontrer dès le lendemain matin. François Le Duigou viendrait à la gendarmerie de Plouay pour prendre connaissance du dossier.

1. Voir La Belle Scaëroise, même auteur, même édition.

 

Chapitre 2

En arrivant à Plouay, François Le Duigou fut surpris par l’abondance des décorations de la ville sur le thème du vélo. Partout, des vélos ! Ici, accrochés au balcon d’une maison à l’étage ; là, à un câble qui traverse la route à bonne hauteur. Les uns, peints d’une seule couleur à la bombe, tandis que d’autres vieux clous, retirés de la circulation depuis bien longtemps, arborent fièrement le bleu, le blanc et le rouge et connaissent une nouvelle vie. Jamais sans doute n’auront-ils autant été mis en valeur de leur “vie de vélo”…

Des panneaux rappelaient que la ville avait accueilli les épreuves du championnat du monde de cyclisme sur route en 2000, grâce à son superbe circuit, déjà célèbre par le Grand Prix de Plouay où les plus grandes pointures du monde entier viennent se mesurer chaque année à la fin du mois d’août. Devant la mairie, la jolie place récemment rénovée entourant l’église, valorisait aussi la bicyclette.

Comme le lui avait indiqué le chef de la brigade, il passa à droite de l’église et emprunta la rue Paul Ihuel, en direction de Lorient, pour se rendre à la gendarmerie située à quelques centaines de mètres du centre-ville.

L’adjudant-chef, Georges Robin, la cinquantaine passée, semblait être un homme sympathique. De taille moyenne, la chevelure dense et grisonnante, il reçut jovialement François Le Duigou dans son bureau.

Par son tutoiement facile, il mit rapidement à l’aise son visiteur.

— Tu sais, il n’y a pas grand-chose à dire sur cette affaire. La voiture venait de Quimperlé en passant par Arzano. Le conducteur a été victime d’une crise cardiaque, sans doute peu avant ce virage, car le véhicule est allé tout droit dans le plan d’eau. Il faut dire que le virage est très dangereux. Il est presque à angle droit. Des accidents se produisent régulièrement à cet endroit. L’autre jour encore, une voiture, venant de Plouay cette fois, n’a pas négocié son virage et est allée tout droit dans une maison d’habitation.

— Pourrons-nous aller sur place afin que je puisse m’en rendre compte ?

— Bien sûr… je t’emmène tout à l’heure. Mais comment se fait-il que la police nationale de Quimper s’intéresse à cette affaire ?

— Parce qu’une plainte contre “X” a été déposée, et je dois donc me renseigner. Peut-être n’y a-t-il rien de particulier d’ailleurs, auquel cas, nous classerons rapidement le dossier.

François ne voulait absolument pas aiguiser l’appétit du brave adjudant-chef. Il minimisa l’éventuelle portée de cette affaire.

— Je ne comprends pas pourquoi rouvrir ce dossier.

— Y a-t-il eu autopsie ?

— Oui, bien sûr ! Tiens, voilà le rapport du légiste. Le jeune homme était mort avant de rentrer dans l’eau. Il n’y avait pas une goutte d’eau dans ses poumons. Décès par collapsus cardiaque selon le médecin, une crise cardiaque en somme !

— Que donne l’analyse de sang ?

— Rien ! Pas d’alcool, ni de drogue, vraiment clean !

— Y a-t-il eu d’autres recherches, par exemple dans le sang, les glandes salivaires, les urines ?

— Non ! C’était malheureusement banal, le médecin a été formel. Pourquoi ?

— Pour rien, simplement pour savoir ce qui a été effectué.

Ceci ne rassura pas complètement l’adjudant-chef qui devait déjà se poser bien des questions. Était-il passé à côté de quelque chose d’important sans le savoir ? Les questions de ce policier ne devaient pas être innocentes, se dit-il. Il ne comprenait pas l’intérêt de cette affaire, pour lui très simple, d’une voiture qui quitte la route suite à la mort, disons naturelle, du chauffeur. Comment et pourquoi voulait-on aller fouiner dans le plus petit détail dans ce cas ? Vraiment, il ne voyait pas l’intérêt de revenir sur cette affaire d’une totale transparence.

— Allez, viens, je t’emmène sur place, tu verras…

François monta à côté de l’adjudant-chef, dans le fourgon bleu de la brigade.

Ils prirent aussitôt la direction du centre-ville. Pour changer de sujet, François dirigea la conversation vers le cyclisme.

— Impossible de rester insensible au vélo quand on entre dans la ville !

— C’est le moins que l’on puisse dire ! Ici, presque chaque maison accroche un vélo à sa façade tout au long de la rue. Il souriait, fier de vanter la qualité du circuit et de toute l’équipe chargée de l’organisation. Le circuit Jean-Yves Perron fait quatorze kilomètres, les coureurs effectuent quinze fois la boucle. Le parcours offre surtout une grande proximité avec le public, ce qui donne à la course une ambiance survoltée. Tu sais, ici, il y a des types “comme ça”, parole qu’il appuya d’un geste de la main fermée et le pouce en l’air. Tous les organisateurs sont des gars dévoués, compétents et qui ne comptent ni leur peine ni les heures pour réussir ce qu’ils font. Et il faut voir tous les bénévoles, c’est incroyable, je n’ai jamais vu ça ! Tous les habitants de la ville et des environs vivent à l’heure du vélo.

— À ce point ?

— Bien plus même ! Cette année, la ville recevra en plus, l’arrivée d’une étape du Tour de France !

— Ah bon ? Ce sera à quelle date ?

— Le jour du 14 juillet, ça va être de la folie en ville, ils prévoient plusieurs jours de fête !

— Combien la commune compte-t-elle d’habitants ?

— Cinq mille seulement. Mais ils sont capables d’accueillir jusqu’à deux cent cinquante mille spectateurs ! Notamment lors du grand prix Ouest-France, les spectateurs viennent de toute la Bretagne mais aussi de la Normandie, des pays de Loire et de bien plus loin. Il faut le voir pour le croire !

Le véhicule de gendarmerie sortait à présent de la ville. Après le stade de football et quelques maisons individuelles, sur la droite, se dressait un château au fond d’un parc de verdure. Déjà, Georges crut bon de préciser :

— C’est le Domaine du château de Manéhouarne. Il y a de belles balades à faire par là sur les sentiers de randonnée. Et puis, il faut aller visiter le “Conservatoire Breton de la voiture Hippomobile Ancienne” et, bien entendu, le “Musée du Vélo” dans l’enceinte du véloparc.

Ils passèrent sous l’axe Lorient-Roscoff. De chaque côté de la route s’étendait à présent une zone industrielle. Plus loin, la campagne verdoyante s’offrait à leur regard. Après quelques centaines de mètres, Georges se gara devant l’entrée d’un camping, le long d’un plan d’eau, au lieu-dit Pont-Nivino. Ils marchèrent ensuite jusqu’au fameux virage. Effectivement, il ne fallait pas se laisser surprendre. Il ne laissait aucune visibilité en venant d’un côté comme de l’autre. L’adjudant-chef évoqua les circonstances des accidents précédents dont il avait fait le constat. Après le virage en venant de Plouay, la route départementale montait en ligne droite, ce qui, dans l’autre sens, augmentait le risque, comme l’expliqua Georges.

— Voilà, il descendait cette route et est allé tout droit dans le plan d’eau. Nous voyons encore les traces de roues de la voiture et ensuite, celles de la dépanneuse.

— Comment se fait-il qu’il n’y ait pas de barrière ou de mur avec des feux clignotants pour alerter du danger ?

— Ça ? Il haussa les épaules en signe d’impuissance puis se ravisa. Les panneaux signalent bien le danger.

L’endroit n’apporta rien de plus. Quelques blocs de plastique rouge et blanc avaient été disposés devant une maison, sans plus. Ils revinrent à la gendarmerie. François Le Duigou demanda les procès-verbaux de l’enquête de voisinage. Ils ne lui apprirent rien qui puisse l’intéresser.

— Savons-nous où se rendait le jeune homme ?

— Non, pas précisément.

— Pourtant, pour emprunter cette route sinueuse, il devait bien se rendre à Plouay ou dans les environs. Ce n’est pas une route passante comme pourrait l’être la route de Lorient-Roscoff ou de Quimper-Nantes. Ce déplacement devait être motivé, non ?

— Sans doute. Je ne sais pas…

François Le Duigou voyait bien qu’il n’avait pas grand-chose à apprendre sur place. Il ne fut pas surpris, rien ne laissait supposer qu’il faille approfondir l’enquête. Le légiste avait clos l’affaire de fait.

Il remercia l’adjudant-chef et lui demanda à quel endroit il pourrait déjeuner. La réponse fut immédiate :

— Il y a de nombreuses possibilités sur la ville, mais je te conseille Le Relais du Marquis, c’est un restaurant gastronomique. Il est tenu par un couple très sympathique. L’épouse sait accueillir le client avec gentillesse et classe et l’époux, aux fourneaux, est un chef remarquable.