Poitiers, l'affaire du Parc - Firmin Le Bourhis - E-Book

Poitiers, l'affaire du Parc E-Book

Firmin Le Bourhis

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Beschreibung

Nouvelle région, nouveau type d'enquête pour Firmin Le Bourhis !

Dans une France troublée par nombre d’affaires criminelles où se conjuguent parfois le laxisme des enquêteurs, celui de la justice et la pression des médias, à nouveau le scandale va éclater… Et le pays tout entier va vérifier la valeur de cette maxime pourtant bien connue : « Dans le doute, abstiens-toi. »
S’inspirant de faits divers réels survenus en d’autres lieux, l’auteur captive le lecteur qu’il entraîne dans les arcanes d’une enquête criminelle dont l’aboutissement s’avère bien compromis.
Mais les médias exploiteront à point nommé leur pouvoir en interpellant l’opinion publique et initiant des comités de défense qui provoqueront la réouverture du dossier.
Alors, éclatera la vérité...

Cet ouvrage a fait l’objet du feuilleton du quotidien régional La Nouvelle République du Centre Ouest. Après la Bretagne et le Grand Ouest, Firmin Le Bourhis a ainsi été découvert par toute la région Centre…

EXTRAIT

Inconsciemment, après quelques instants, il sortit du bâtiment. Il réalisa, à cet instant, qu’il tenait quelque chose dans la main… il le jeta au loin. Il était épuisé. Il s’accroupit, puis s’assit à même le sol, le dos contre le mur. Il se prit la tête dans les mains… Ses mains ? Collaient-elles ? Il les sentait poisseuses. Il les regarda. Était-ce du sang ? Il le pensa un instant sans pouvoir y croire. S’était-il blessé dans cette course folle ? Il ne savait plus. Ne comprenait pas. Ne comprenait rien de ce qui lui arrivait… Était-ce la folie qui s’emparait de lui… Où était-il ? Que faisait-il ? Comment était-il arri­vé là ? Avec qui ? Pourquoi ? Mais, que faisait Laulau ? Le soleil brillait et chauffait vivement. Il percevait très nettement la chaleur sur sa tête.
Fou. Devenait-il fou ? Mais que s’était-il passé ? La jeune femme avait-elle été écrasée par le véhicule tout à l’heure, juste au moment où il avait pu fermer les yeux ? Et l’autre jeune femme ? Pourquoi tout ce sang ?

À PROPOS DE L’AUTEUR

Né à Kernével en 1950, Firmin Le Bourhis vit et écrit à Concarneau en Bretagne. Après une carrière de cadre supérieur de banque, ce passionné de lecture et d’écriture s’est fait connaître en 2000 par un premier ouvrage intitulé Quel jour sommes-nous ?, suivi d’un second, Rendez-vous à Pristina, publié dans le cadre d’une action humanitaire au profit des réfugiés du Kosovo.

Connu et reconnu bien au-delà des frontières bretonnes, Firmin Le Bourhis est aujourd’hui l’un des auteurs de romans policiers bretons les plus appréciés, avec vingt-huit enquêtes déjà publiées. Il est également l’auteur d’essais sur des thèmes médicaux et humanitaires. Ses ouvrages sont tous enregistrés à la bibliothèque sonore de Quimper au service des déficients.

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FIRMIN LE BOURHIS

 

 

 

Poitiers,

l’affaire du Parc

 

éditions du Palémon

Z.I de Kernevez

11B rue Röntgen

29000 Quimper

 

DU MÊME AUTEUR

 

Aux éditions Chiron

 

Quel jour sommes-nous ? La maladie d’Alzheimer jour après jour

 

Rendez-vous à Pristina - récit de l’intervention humanitaire

 

Aux éditions du Palémon

 

n° 1 - La Neige venait de l’Ouest

n° 2 - Les disparues de Quimperlé

n° 3 - La Belle Scaëroise

n° 4 - Étape à Plouay

n° 5 - Lanterne rouge à Châteauneuf-du-Faou

n° 6 - Coup de tabac à Morlaix

n° 7 - Échec et tag à Clohars-Carnoët

n° 8 - Peinture brûlante à Pontivy

n° 9 - En rade à Brest

n° 10 - Drôle de chantier à Saint-Nazaire

n° 11 - Poitiers, l’affaire du Parc

n° 12 - Embrouilles briochines

n° 13 - La demoiselle du Guilvinec

n° 14 - Jeu de quilles en pays guérandais

n° 15 - Concarneau, affaire classée

n° 16 - Faute de carre à Vannes

n° 17 - Gros gnons à Roscoff

n° 18 - Maldonne à Redon

n° 19 - Saint ou Démon à Saint-Brévin-les-Pins

n° 20 - Rennes au galop

n° 21 - Ça se Corse à Lorient

n° 22 - Hors circuit à Châteaulin

n° 23 - Sans Broderie ni Dentelle

n° 24 - Faites vos jeux

n° 25 - Enfumages

n° 26 - Corsaires de l’Est

n° 27 - Zones blanches

n° 28 - Ils sont inattaquables

n° 29 - Dernier Vol Sarlat-Dinan

n° 30 - Hangar 21

n° 31 - L'inconnue de l'archipel

n° 32 - Le retour du Chouan

n° 33 - Le gréement de Camaret

 

Menaces - Tome 1 - Attaques sur la capitale

Menaces - Tome 2 - Tel le Phénix

Menaces - Tome 3 - Pas de paradis pour les lanceurs d'alerte

 

 

 

 

 

Retrouvez tous les ouvrages des Éditions du Palémon sur :

 

www.palemon.fr

 

Dépôt légal 2e trimestre 2014

ISBN : 978-2-916248-56-1

 

 

 

 

 

NOTE DE L’AUTEUR :

L’auteur s’empare, comme habituellement, d’une véritable affaire criminelle et, au terme d’une étude approfondie des faits et avec l’aide d’officiers de police judiciaire, en donne une version romancée aussi proche que possible de la réalité…

Un fait réel qu’il transpose dans d’autres lieux pour y bâtir une enquête qu’il livre à votre perspicace lecture…

 

 

CE LIVRE EST UN ROMAN.

Toute ressemblance avec des personnes, des noms propres, des lieux privés, des noms de firmes, des situations existant ou ayant existé, ne saurait être que le fait du hasard.

 

Aux termes du Code de la propriété intellectuelle, toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle de la présente publication, faite par quelque procédé que ce soit (reprographie, microfilmage, scannérisation, numérisation…) sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre Français d’Exploitation du droit de Copie (CFC) - 20, rue des Grands Augustins - 75 006 PARIS - Tél. 01 44 07 47 70 - Fax : 01 46 34 67 19 - © 2014 - Éditions du Palémon.

 

 

 

REMERCIEMENTS

 

À monsieur Dominique Hummel, Président du Directoire du parc du Futuroscope qui m’a donné l’autorisation d’utiliser le cadre de ce magnifique parc pour ce roman policier, mais aussi à Sébastien Durand, Directeur Communication et Marketing Stratégique, qui m’a reçu fort aimablement et m’a apporté des informations utiles à la rédaction, sans oublier Marjorie Scherrier, monsieur Ourakow, juriste, et tout le personnel, que ce soit Charline, au point accueil-presse, ou toutes ses collègues dans les différents centres d’activités du parc qui ont réellement tout fait pour me rendre la tâche plus facile, avec gentillesse, disponibilité et sourire…

À Christian Parfaite, directeur du CALME (Centre Accueil et Loisirs Médicalisés Expérimental) de Montipouret (36 230) et éducateur de formation sur l’autisme.

À Pascal Vacher, officier de police judiciaire, pour ses apports techniques et ses précieux renseignements. Et à mon ami Patrick pour son soin attentif.

Au colonel Chocquet commandant le groupement de gendarmerie de la Vienne ainsi qu’à la compagnie située sur le site du plateau des Dunes dans la caserne Fergeault, Rue du Petit Polygone à Poitiers et à la brigade de Jaunay-Clan : c’est-à-dire à toutes les personnes que j’ai ennuyées avec mes questions. (Pour une fois le rôle était inversé !)

À l’Office de Tourisme de Jaunay-Clan et celui de Poitiers, sans oublier celui de Vouillé.

Aux deux familles turques qui veulent garder l’anonymat et avec qui j’ai passé beaucoup de temps et beaucoup appris aus­si… Merci.

Aux amis officiers de police des RG pour l’aide apportée à la création d’une association fictive servant de prétexte anecdotique à l’intrigue.

 

 

 

 

 

« La vérité et la justice sont souveraines,

car elles seules assurent la grandeur des nations. »

Émile Zola

 

 

« Le grand problème de notre époque

est celui de l’ambiguïté préalable

entre l’erreur féconde et l’erreur fatale. »

Edgar Morin

 

 

 

 

 

 

Je dédie cet ouvrage

 

À toutes les affaires dont l’enquête ou le jugement révélait des erreurs ou des lacunes au point de faire condamner à tort des innocents et de laisser en liberté les vrais coupables…

Affaires dans lesquelles la pugnacité de certaines personnes de conviction (gendarmes, policiers, journalistes, détectives…) animée par une volonté farouche et beaucoup d’abnégation, a permis que l’issue soit celle qu’elle devait être, celle de la véri­té.

À Michel PIET sans qui ce récit n’aurait jamais existé.

 

 

 

 

AVANT-PROPOS

 

Firmin Le Bourhis quitte pour un temps ses deux policiers habituels pour se consacrer à un nouveau type d’enquête introduisant un personnage inédit.

Richard Korosool, la quarantaine bien entamée, divor­cé, vit seul. Nommé lieutenant de police à sa sortie de l’École Nationale des Officiers de Police de Cannes-Écluses, puis capitaine, il venait d’accéder au grade de commandant quand il a démissionné de la police afin de créer son propre cabinet de détective privé. Déçu par les charges administratives et les agacements en tous genres que comportait sa dernière fonction, il voulait se consacrer, à plein temps, à sa passion : l’investigation. Hors de question pour lui de se livrer aux constats d’a­dultère et aux filatures douteuses, pratiqués par trop de détectives privés pour survivre…

Bel homme, sobre, il ne fume pas. Bonne culture et pourvu d’un QI supérieur à la moyenne, il travaille avec méthode et fait appel en permanence à son expérience, sa réflexion et sa logique, poussant toujours plus loin ses recherches et son désir de savoir et de comprendre.

Chaque enquête de cette nouvelle série colle de très près à la réalité et lui donne une crédibilité, tout en permettant au lecteur d’apprendre et de réfléchir tout en lisant…

 

 

 

 

 

Première partie

 

 

 

 

 

Le meurtre, l’enquête

 

Chapitre 1

Mardi 14 septembre, 14 heures 55.

Effroyable !

Une panique qu’il ne pouvait maîtriser l’envahissait brutalement.

Collé à son siège, il se sentit propulsé à une vitesse inouïe qu’il ne pouvait contrôler. Impossible de tenter de résister à la force qui ballottait son corps à chaque virage. Le vent soufflait dans ses cheveux. La route défi­­lait à une vitesse démesurée. Le véhicule décolla, une fraction de seconde, sur un dos-d’âne pour retomber lourdement sur le macadam et reprendre sa course éperdue.

Un énorme camion arrivait en face… Il aurait voulu crier « NON ! » de toutes ses forces. Il ne put exprimer aucun mot. Son siège pencha subitement sur le côté. Par quel miracle venait-il d’éviter ce camion pour poursuivre cette course folle au rythme des virages tous plus impressionnants les uns que les autres ? Il dévalait à pré­sent une pente vertigineuse. Un virage, un pont. La voie se rétrécit.

« Mon Dieu ! »

Sauvé, de justesse, mais sauvé ! Enfin, un peu de plat, calme relatif et précaire, car la vitesse ne faiblissait pas…

« Là-bas ! »

Une angoisse terrible l’étreignit. Une jeune fille allait traverser la route ! Et lui, fonçait comme un fou, droit dessus. C’était la fin du voyage, c’était sûr, tout était fini… Ses mains serraient désespérément la barre qui le retenait au siège. Il ferma les yeux, priant pour revoir “Laulau”. Mais, il ressentit une nouvelle secousse… son siège s’agitait, nul doute qu’il venait de percuter la jeune femme. Puis… arrêt brutal, la barre se leva, il se glissa précipitamment vers la zone de clarté formée par deux portes à battant qui venaient de s’ouvrir électriquement. Dernier rentré, il devenait, de fait, par l’em­placement, le premier à sortir.

Une jeune hôtesse qui avait remarqué sa peur se por­ta à sa hauteur et lui demanda s’il allait bien. Les ima­ges continuaient à défiler dans sa tête, diaboliques. Mais que lui voulait cette jeune femme ? Il ne compre­nait pas. Il n’en avait que faire ! Elle lui prit le bras. Il fut surpris par cette attitude et surtout par ce contact physique. Il se demanda, cette fois, réellement, ce que signifiait son comportement. Debout dans l’allée, il la repoussa violemment. Elle se retrouva projetée au sol. Il aurait voulu parler, appeler “Laulau”, mais aucun son ni aucune syllabe ne put sortir de sa bouche. Une autre jeune femme, sur le seuil de la sortie, s’opposa à lui et tenta de le rassurer… Il ne saisissait pas non plus ce qu’elle voulait. Elle subit le même sort que la premiè­re…

Il se retrouva, finalement, à l’extérieur de la salle de cinéma dynamique, à l’air libre, hors de portée de cette randonnée infernale… enfin ! Il ne vit pas la foule des personnes qui marchait tranquillement dans les allées et l’assimila à autant d’éléments d’agression à son égard. En proie à une atroce épouvante qu’il n’avait plus connue depuis son enfance, l’horreur et l’angoisse l’é­treignaient. Il se souvenait de cette époque qu’il croyait révolue où des images terrifiantes, semblables à celles-ci, véritables cauchemars, hantaient ses nuits d’alors et que “Laulau” avait si bien su faire disparaître… Il devait s’enfuir à tout prix, en courant, comme lui commandait son cerveau perturbé. Incapable de se raccrocher à la réalité, au présent, toujours aussi bouleversé que tout à l’heure, il devait fuir, fuir, fuir…

Il partit à toutes jambes, de sa démarche désordonnée et mal assurée, au hasard des voies qui se présentaient à lui. Contrôlant difficilement sa trajectoire, il renversa une jeune femme et un landau avec son bébé. À peine entendit-il les cris du gamin derrière lui… Plus loin, un couple marchait en tenant un enfant par la main, il les bouscula violemment et poursuivit sa course folle. Haletant, exténué par cette chaleur accablante. Oppres­sé, il suffoquait. En nage et à bout de forces, il poursui­vit sa course, comme il le pouvait, évitant ici et là, de justesse, de heurter d’autres promeneurs du parc d’at­tractions. Puis, il aperçut une chaussée déserte et l’emprunta. L’unique issue du chemin con­dui­sait à une porte entrouverte. Il y entra, pensant y trouver, derrière, un cabinet de toilette et la tranquillité à laquelle il aspirait, comme à la maison. Il voulait se reposer, s’asseoir ou s’allonger et ne plus entendre ni voir personne, comme avec “Laulau”…

Une nouvelle fois, il se retrouva face à une situation d’horreur encore plus incompréhensible, qu’il ne pouvait s’expliquer. Il aurait tellement voulu crier, mais resta sans voix. Était-il victime d’une hallucination ? Son cerveau ne pouvait plus rien recevoir ni accepter. Une lumière, un flash et il se sentit plonger cruellement dans le néant.

Inconsciemment, après quelques instants, il sortit du bâtiment. Il réalisa, à cet instant, qu’il tenait quelque chose dans la main… il le jeta au loin. Il était épuisé. Il s’accroupit, puis s’assit à même le sol, le dos contre le mur. Il se prit la tête dans les mains… Ses mains ? Collaient-elles ? Il les sentait poisseuses. Il les regarda. Était-ce du sang ? Il le pensa un instant sans pouvoir y croire. S’était-il blessé dans cette course folle ? Il ne savait plus. Ne comprenait pas. Ne comprenait rien de ce qui lui arrivait… Était-ce la folie qui s’emparait de lui… Où était-il ? Que faisait-il ? Comment était-il arri­vé là ? Avec qui ? Pourquoi ? Mais, que faisait Laulau ? Le soleil brillait et chauffait vivement. Il percevait très nettement la chaleur sur sa tête.

Fou. Devenait-il fou ? Mais que s’était-il passé ? La jeune femme avait-elle été écrasée par le véhicule tout à l’heure, juste au moment où il avait pu fermer les yeux ? Et l’autre jeune femme ? Pourquoi tout ce sang ?

Il ne l’avait pas heurtée pourtant… Il se souvenait bien qu’il ne roulait plus. Il n’était plus assis. Il s’en souvenait, il était sorti… Il ne pouvait pas l’avoir touchée… était-ce la même ? Il ne savait plus, incapable de réfléchir. Il était totalement accaparé par cette vision cauchemardesque. Cauchemar ? Réalité ? Il ne savait plus… Il ne savait plus… Il était complètement perdu. Pourquoi ne venait-on pas le chercher et s’occuper de lui comme d’habitude ? Où se tenaient les personnes chargées de le protéger ? Il voulait rentrer chez lui.

Agité, balançant continuellement le corps d’avant en arrière, les mains plaquées sur ses yeux fermés, il pleurait, dans sa tête, dans son cœur, mais aucune larme ne coulait… Il ne voulait plus voir le monde qui l’entourait. Toutes les personnes lui étaient hostiles. Avec tous les mots qu’elles lui débitaient et ces sons qui lui parvenaient de manière décalée, lointains, comme s’il regardait une émission de télévision tout en faisant autre chose. Il ferma les yeux et inspira profondément comme “Laulau” le lui avait appris pour s’obliger à se calmer. Même cet exercice ne servit à rien… Cette fois, c’était décidé, il ne communiquerait plus jamais avec personne…

 

Chapitre 2

Mardi 14 septembre, 15 heures 15.

Un gardien du parc, chargé de la surveillance et de la sécurité, remarqua le déplacement anormal d’un jeune homme. Il se dirigea aussitôt vers l’endroit d’où il l’avait vu sortir. Pourquoi fuyait-il précipitamment cet espa­ce ? se dit-il in petto. Sur son talkie-walkie, il appela la régie pour joindre un des collègues qui devait se trouver devant son mur d’écrans. Il lui demanda ce qu’il avait remarqué.

En arrivant au cinéma dynamique, il découvrit une jeune femme sous le choc.

— Que s’est-il passé ? lui demanda-t-il.

— Il y a un type qui a dû piquer une crise. Il voulait quitter son siège juste avant la fin de la séance. Dès que le bras a été relevé, il a bondi dans l’allée et m’a balancée au sol quand je lui ai demandé si je pouvais l’aider. Après, il a aussi bousculé Marie-Jo qui venait vers moi. Je crois qu’elle est mal tombée et a dû se blesser. Ensui­te, il a disparu sans que nous n’ayons rien pu faire… Il était comme fou.

Le surveillant se tourna vers l’autre jeune femme qui se tenait le poignet. Sans être un spécialiste, il pensa tout de suite qu’elle devait souffrir d’une foulure voire peut-être d’une fracture. Sa main et son poignet enflaient déjà.

Ils obstruaient la sortie des spectateurs, aussi s’écartèrent-ils pour être plus tranquilles. Il conseilla à la jeu­ne femme de se rendre à l’infirmerie et de faire une radio. Il appela le central afin qu’il délègue une person­ne pour la remplacer à son poste.

La régie, chargée de la surveillance et de la sécurité, venait de visionner les films et confirmait le comporte­ment erratique du jeune homme en le situant précisément. Elle demanda à deux équipes de se diriger vers le lieu où il se trouvait encore. Le gardien en fit de même. Rapidement, il aperçut un attroupement à proximité de l’accès réservé au personnel de cette attraction du parc. Il adopta la petite foulée.

Il écarta les visiteurs qui se tenaient en cercle et découvrit le jeune homme, assis à même le sol, balançant son corps d’avant en arrière, dissimulant son visage derrière ses mains plaquées sur les yeux. Il émettait quelques borborygmes lugubres, difficiles à qualifier. Autour de lui, certaines personnes exprimaient, à haute voix, quelques commentaires qu’il entendit : « Il doit avoir un problème… » « Nous lui avons demandé s’il souffrait, il n’a pas répondu… » « Nous, il nous a bousculés, ma fille et moi-même. En tombant, elle s’est fait mal, il courait comme un fou sans regarder où il allait, je l’ai trouvé bizarre… » « On dirait qu’il est blessé, il a du sang sur les mains… » « J’ai l’impression qu’il doit faire une crise quelconque… Il faut faire venir un méde­cin… » Devant cette situation, le gardien appela des secours. Il considéra plus prudent de le faire évacuer vers l’infirmerie. Les deux équipes missionnées par la régie arrivaient déjà à sa hauteur. Il demanda à deux col­lègues d’accompagner le jeune homme car, visiblement il souffrait de troubles inqualifiables. Le surveillant examina les alentours, son regard se porta vers l’entrée réservée au personnel de cette attraction. Il fut surpris de constater que la porte du vestiaire ne semblait pas fermée. Il s’en approcha afin de venir vérifier si quel­qu’un était présent à l’intérieur à cette heure.

Pour éviter la pénombre, il tâtonna vers la gauche pour accéder à l’interrupteur. Il l’actionna et découvrit l’horreur. Pendant quelques secondes, il resta figé sur place, incapable d’y croire. Son esprit rejetant ce que ses yeux voyaient pourtant… Ce n’était pas vrai… Cela ne pouvait pas être vrai ! Pendant ces quelques secon­des d’incrédulité hébétée, il fut incapable d’éprouver fût-ce de la terreur. Mais ensuite, il comprit. Son cœur se mit à bondir avec une telle force que tout son corps en était secoué. Il avança lentement, comme inexorablement tiré par un fil invisible.

Elle était là, immobile. Jamais de sa vie, il n’avait été confronté à une telle scène. Une jeune femme gisait sur le sol, la gorge ouverte. Le sang se répandait toujours sur ses vêtements, mais il avait dû gicler vivement, au vu des projections qu’il distingua. Elle était morte. Il n’osa pas la toucher. Instinctivement, il s’appuya au mur. Il eut le réflexe de parcourir des yeux l’ensemble du local et ne remarqua aucune présence. Puis, il recu­la, le souffle coupé, et parvint à franchir le seuil. Ses mains tremblaient. Il reconnut la tenue réglementaire du personnel du parc. Les yeux exorbités de la victime le hantaient déjà. Ils traduisaient l’effroi ressenti durant un court instant, réalisant le drame qui se jouait et dont elle était la victime. Il ne put l’identifier.

Une angoisse l’étreignit. Il ferma la porte et se positionna devant pour appeler, cette fois directement, la direction générale. L’heure était grave. De façon conci­se, malgré les tremblements de sa voix et de ses mains, il décrivit la scène qu’il venait de voir. Il relia aussitôt la présence du jeune homme assis à l’extérieur au meur­tre qui s’était produit. Le turbulent parcours du jeune homme dans le parc avait créé un peu de pagaille.

— La mort ne semble pas naturelle. Tout porte à croi­re que cette jeune femme ait été assassinée ; il y a du sang, beaucoup et partout, ça vient sans doute de se pro­duire car il coule encore… s’entendit-il dire d’une voix forte et ferme.

— Où se trouve le jeune homme ?

— Deux collègues l’accompagnent à l’infirmerie.

— Avertissez-les, ainsi que l’infirmerie, de son éventuelle dangerosité et restez devant la porte.

— D’accord ! Je m’en occupe !

La direction générale appela immédiatement la brigade de gendarmerie de Jaunay-Clan dont dépendait territorialement le parc du Futuroscope. Cette importante brigade était installée Rue de Gremont dans un bâtiment moderne en bardage, à quelques centaines de mètres et à vue du parc du Futuroscope. Le major commandant cette unité décida de se rendre immédiatement sur les lieux et dépêcha deux équipes avec lui.

Dans les dix minutes qui suivirent, le major déclencha les premières mesures, ordonnant de ne laisser sortir personne sans vérification d’identité, et demanda à un des représentants de la direction du parc qu’il en soit de même pour le personnel. Une cellule de crise s’improvisa aussitôt dans les locaux de la direction. Immédiatement, à l’entrée du parc, l’ensemble des collaborateurs mit les directives en application. Sur un tel espace ouvert au public, tout pouvait arriver et, fort heu­reusement, depuis son ouverture, rien ne s’était jamais produit pouvant mettre en danger la sécurité des visiteurs. Mais ceci faisait partie des formations et des exer­cices d’entraînement des effectifs, préparés et aguerris à toute éventualité.

Dans le parc, l’activité se déroulait calmement et très peu de personnes avaient été témoins ou avaient seule­ment remarqué une situation anormale. Le major considéra cet acte comme un geste isolé dû au compor­tement irrationnel d’une seule personne.

Il appela aux Dunes, à Poitiers, la caserne Fergeault qui hébergeait la compagnie, Rue du Petit Polygone. Le lieutenant Thierry Boissardeau, commandant en second de la compagnie, se tenait à son poste et reçut l’appel du major de la brigade de Jaunay-Clan. Le capitaine, son patron, profitait d’une dizaine de jours de congés bien mérités et ne revenait qu’en fin de semaine, vendredi. Le lieutenant prit en compte les éléments essentiels et appela aussitôt le lieutenant-colonel commandant le groupement. Ce dernier se trouvait hors du département en réunion à la DGGN. Mais, rapidement, il put être joint. Ils firent un rapide point de la situation. S’a­gissant de la découverte d’un meurtre dans un local réservé aux salariés, il ne lui paraissait pas nécessaire de mobiliser de nombreux officiers. Par contre, il faudrait beaucoup de bras et de paires d’yeux pour exa­­mi­ner les parages et réaliser les divers travaux de recensement de toutes sortes. Aussi décida-t-il de faire appel aux moyens disponibles dans le groupement : l’es­cadron de gendarmerie mobile le plus proche, c’est-à-dire Châtellerault ainsi que l’école éponyme où sont formés les élèves gendarmes. Les unités militaires présentes à Poitiers pourraient rester en réserve au cas où elles s’avéreraient nécessaires pour ratisser les installations au plus vite. Il pensa au quartier militaire Aboville également installé près de la gendarmerie sur le site du plateau des Dunes, ainsi qu’à la BSMAT et enfin au RICM, cette unité que la France entière connaît depuis l’affaire de la Côte d’Ivoire et le drame qui l’a frappée. Mais, ceci ne concernait pas l’immédiat et ne serait pas forcément utilisé.

Dans le même temps, il demanda à la CIC, ces techniciens de la Cellule d’Investigation Criminelle, de se rendre sur place avec le plus de moyens disponibles ainsi qu’à la PSIG (le peloton de surveillance et d’in­tervention de la Gendarmerie), afin de mobiliser le maî­tre-chien avec son animal.

— Dans ce genre d’endroit, je pense que le problè­me se situe plutôt sur le nombre de personnes à mettre à disposition pour assurer le bouclage que sur une technicité de haut niveau, déclara le lieutenant-colonel.

— Oui. C’est aussi mon avis, répondit le jeune lieutenant. La brigade de Jaunay-Clan est importante ; avec eux, plus ceux que je vais dégager de la compagnie et ceux que vous m’apportez et les spécialistes, nous devons pouvoir gérer la situation par les moyens de gendarme­rie, rajouta-t-il de façon obséquieuse.

— Bien. Dans ce cas, allez-y comme ça. Je vous char­ge de prendre la direction opérationnelle de l’enquête qui sera confiée à un officier de l’unité de recherche. Si vous estimez nécessaire d’avoir d’autres moyens, SURTOUT – précisa-t-il en élevant la voix – n’hésitez pas, appelez-moi ! À mon retour, je me rendrai également sur place, bien entendu.

— J’avise immédiatement le parquet : le substitut de permanence et, ou, le procureur. J’imagine qu’ils se rendront sur place aussi…

Le lieutenant Thierry Boissardeau ne cachait pas sa joie en raccrochant le combiné. Il travaillait dans cette compagnie depuis moins de trois mois et n’avait eu à traiter jusque-là, aucune affaire de cette importance. Après deux années de formation à l’école des officiers de la gendarmerie nationale, il avait été provisoirement détaché dans le nord de la France dans un groupement. Ce stage, préliminaire à l’affectation, lui avait permis de prendre en charge, également, la partie opérationnel­le d’une enquête portant sur des vols d’œuvres d’art perpétrés par un groupe organisé de Roumains. Pour cela, il avait travaillé, de façon très étroite avec l’OCLDI1 qui œuvre conjointement avec la police ou la gendarmerie sur pla­ce et est chargé de la responsabilité de cette enquête. Cette première expérience, bouclée avec succès, lui avait appris concrètement comment pratiquer sur le terrain avec des spécialistes.

La mutation, au premier juillet, dans un poste, cette fois d’affectation, lui ouvrait réellement les portes de son métier. Il faisait partie des premières promotions de l’école des officiers de gendarmerie qui venait d’ac­quérir son tout nouveau statut de “Grande École”, avec un recrutement à bac plus quatre.

Il était ainsi issu d’un cursus universitaire et non plus de promotions internes ou d’autres écoles militaires. Titulaire d’une licence de droit privé, il avait complété sa formation de juriste d’u­ne maîtrise avec option carrières judiciaires et sciences criminelles ainsi que d’un DESS contentieux.

“Gonflé à bloc”, il prenait son nouveau métier très au sérieux, avec un engagement total, sans doute bien plus que certains de ses collègues, plus anciens.

Il n’était pas très grand, moins d’un mètre quatre-vingts. Malgré sa démarche légère, ses larges épaules le faisaient ressembler à un boxeur. Le visage carré, le nez légèrement épaté, les yeux profondément enfoncés sous des sourcils très marqués et arqués. Ses cheveux bruns étaient vigoureux. Ses priorités : ordre et hiérar­chie. D’un caractère très militaire, il mettait sa droiture et sa disponibilité au service public pour gagner honnêtement sa vie.

Tout en rassemblant ses affaires pour prendre en char­ge sa première direction opérationnelle d’une grande enquête, il pensa, avec un sourire amusé, à la discussion qu’il avait eue avec des collègues de la compagnie et du groupement, lors de son pot d’arrivée. Il avait retenu les questions suivantes ce soir-là :

— Pourquoi la gendarmerie ?

— Pourquoi pas ? se souvenait-il avoir répondu avec hauteur et détachement et un brin de candeur dans le regard.

— Avec vos bagages, vos diplômes, vous n’êtes pas de ces gendarmes typiques en majorité dans nos rangs…

— Suis-je obligé de l’être ? D’ailleurs, c’est quoi un gendarme typique ? Vous ? Tous les collègues ici autour de nous ?

— Excusez-nous, si la question vous déplaît. OK, c’est votre vie. Mais, vous avez tellement d’autres possibilités, plus peinardes et mieux rémunérées… Je ne sais pas moi, l’enseignement par exemple…

— Non. Pas avec les jeunes tels qu’ils sont aujour­d’hui. Si je dois être tabassé par des brutes à la sortie de l’établissement, je préfère avoir ensuite la main pour le retour : rétablir et faire respecter l’ordre !

— Et pourquoi pas la magistrature ?

— Encombrée !

— La médecine ?

— Dix ans de travaux forcés, pour quoi ? Pour être victime de futurs procès ? À moins de se planquer dans un cabinet pour se faire du fric et s’emmerder la vie à délivrer des ordonnances…

Il pensa, à cet instant, que son amie Caroline n’aurait pas du tout apprécié ce genre de réponse. Enfin…

— Et cadre commercial dans un grand groupe ?

— Non. Le groupe vous presse comme un citron puis vous jette ensuite selon ses humeurs. Les objectifs com­merciaux et l’exploitation plus que permanente, très peu pour moi…

— Et la finance, les assurances ?

— Rasoir et… respectable, certes ; mais de par mon approche particulière, ils ne voudraient pas de moi, nous ne ferions pas bon ménage longtemps ! Avez-vous d’au­tres suggestions ?

Ce furent ses premiers échanges avec ses collègues qui s’étaient sans doute demandé, ce soir-là, s’ils n’a­vaient pas été trop loin. Mais, sa façon de répondre, direc­te et sans emphase, avait plu. Ses réponses étaient honnêtes. Il avait surtout retenu qu’il devrait prouver que l’expérience n’était pas tout. Avec son niveau universitaire et sa formation, il allait leur démontrer ce qu’était une application méthodique des choses et que les résultats seraient à la hauteur des succès qu’il espérait. Cette discussion, il n’était pas près de l’oublier. L’heu­re était venue de mettre les compteurs à zéro…

Il quitta son bureau de l’étage pour descendre rejoin­dre l’adjudant qui l’attendait dans la cour, à l’arrière du bâtiment. Les équipes devaient déjà faire route vers le parc du Futuroscope. En s’installant dans la voiture de service, le sous-officier ne put s’empêcher de lâcher une réflexion, l’air inquiet :

— Un meurtre au Futuroscope ? Vous connaissez le parc ? Il est immense et ça fourmille de partout là-dedans entre le personnel et les visiteurs !

— Non, pas encore, je comptais m’y rendre prochai­nement pour le découvrir. J’ai eu tellement de choses à faire en arrivant…

L’adjudant paraissait dubitatif et revint à la char­ge :

— Mais est-ce que ça ne relèverait pas plutôt du grou­pement ? Le lieutenant-colonel vient aussi ?

— Non, il est en réunion à la DGGN, mais je l’ai eu longuement au téléphone et nous nous sommes calés.

— Je ne sais pas, si le capitaine, enfin le patron, avait été là…

— Mais, comme nous avons l’affaire, prenons-la et à nous de jouer, répondit le lieutenant Thierry Boissardeau, avec fierté.

Il rajouta en faisant un clin d’œil :

— Le major de la brigade m’a laissé entendre qu’il y avait de fortes présomptions sur un personnage interlope qui aurait été conduit sous bonne garde à l’infirmerie. Alors, inutile d’en faire un pataquès, prenons le bébé !

— Très bien. Ce n’est tout de même pas un cadre habituel pour un meurtre, mais si vous dites qu’il y a un suspect sous la main…

— Dans un parc prestigieux comme celui du Futuroscope, il vaut mieux que l’affaire soit vite traitée et classée. Sinon, les emmerdes nous tomberont sur la gueule de partout, c’est sûr ! Il n’y a pas de raison de ne pas y arriver. Si nous réussissons, et nous réussirons, notre résultat va nous donner un sentiment de puissance et rejaillir sur la compagnie tout entière !

— Bien sûr ! Il faudra éviter l’effet d’accoutumance, lança l’adjudant en souriant. Il en profita pour évoquer, tout au long de la route, les nombreux problèmes rencontrés sur les affaires en cours.

Au prix d’un effort de volonté, le lieutenant chassa de son esprit les “petites” tracasseries du moment. Il était en route pour une nouvelle affaire. Il sentait dans ses veines un pétillement d’exaltation qui commençait à monter. Il se disait qu’il avait de la chance de faire un travail qu’il aimait, qu’il avait envie de bien faire… Et puis, ce meurtre promettait tant d’excitation et de révélations sur la psychologie humaine. D’autre part, le défi des investigations lui offrait la possibilité de mettre en pratique ses connaissances si fraîchement acquises. Et il ne doutait pas de leur succès ni de la reconnaissance de ses supérieurs. Pourquoi fallait-il que quelqu’un mou­rût pour que lui-même soit mis en situation et éprouve toutes ces sensations ? Il éluda cette question et chassa cette réflexion désagréable de son esprit pour se consacrer à ce qu’il appelait déjà, dans son for intérieur, “son” enquête. La voiture arrivait à hauteur des entrées où tout parais­sait se dérouler normalement. Des visiteurs sortaient, d’autres rentraient encore à cette heure de l’a­près-midi…

1. L’Office Central de Lutte contre la Délinquance Itinérante, basé au fort de Rosny-sous-Bois.

 

Chapitre 3

Mardi 14 septembre, 15 heures 50.

Le major de la brigade et deux personnes de la direction les attendaient à l’entrée. Les présentations faites, le major s’exprima le premier.

— Cela s’est passé dans un petit local à usage de ves­tiaire, réservé au personnel de l’une des attractions. Au sein du parc, chaque activité s’autogère comme autant d’unités séparées. Voulez-vous que je vous montre ?

— Oui, allons-y ! Qui l’a trouvée ? demanda-t-il en marchant.

— Un gardien chargé de la surveillance et de la sécurité.

— Que faisons-nous concernant le déroulement des activités ? s’enquit un des représentants de la direction.

— L’endroit est-il accessible et visible par les visiteurs ?

— Non.

— Ceux-ci ont-ils eu connaissance de ce qui s’est passé ?

— Non. Pas que je sache. Seul le gardien est au courant. Il doit se tenir devant la porte afin d’en empêcher l’accès.

— Très bien, si tout s’est déroulé dans la confidentialité et si ceci ne remet pas en cause le fonctionnement de l’installation, maintenez l’activité normalement jus­qu’à la fermeture sauf pour cette unité. À quelle heure a-t-elle lieu ?

— Aujourd’hui, à dix-huit heures. Sinon à vingt-trois heures quand nous donnons notre spectacle nocturne : “Le miroir d’Uranie”.

— J’ai vu des gendarmes aux caisses, ils relèvent bien le nom et l’adresse des visiteurs, leur numéro de téléphone où nous pourrons les joindre à tout moment et le numéro de leur pièce d’identité ?

— Oui, oui, ce sont les consignes que je leur ai données, répondit le major.

— Bien. Dès que le parc sera fermé, je mettrai les effectifs supplémentaires, qui ne vont pas tarder à arriver, sur le ratissage systématique des lieux. Nous travail­lerons toute la nuit s’il le faut, mais il est indispensable que tous les relevés d’indices soient effectués avant demain matin pour vous permettre d’ouvrir normalement.

— Côté médias, comment vont être transmises les informations ?

— Pour l’instant, il n’est pas nécessaire de commu­niquer. Attendons demain et, au vu des bribes d’éléments que les médias feront paraître, nous aviserons car, dans un tel lieu public, difficile de faire le silence total. Si vous êtes interrogés par des journalistes, dirigez-les vers moi. Voici ma carte. Quoi qu’il en soit, il faut, cependant, déjà leur dire d’attendre demain. Si j’ai bien compris, la victime serait une employée ?

— Oui, d’après le gardien, elle porte la tenue réglementaire du parc.

— Donc, il faut garder cette information le plus possible en interne. Nous pouvons penser que l’activité du parc, proprement dite, y est étrangère.

— On m’a parlé d’un suspect. Est-ce également un employé ?

— Nous ne le pensons pas. En tous les cas, il ne porterait pas les vêtements réservés au personnel et semble éprouver divers troubles du comportement. Peut-être dus à l’état de choc ? Nous ne savons pas.

— Était-il seul ? Avons-nous une explication ou une raison au sujet de son attitude ?

— Non. Aucune, pour l’instant. Il est sous bonne gar­de à l’infirmerie.

— Le travail à réaliser est énorme. Le plus important, dans l’immédiat, est de relever les indices et de recueillir les informations sur le lieu du meurtre, s’il s’agit bien d’un meurtre, d’ailleurs… Ensuite, il va falloir interroger les visiteurs, du moins ceux qui ont vu, su ou remarqué quelque chose, puis procéder de la même manière avec tout le personnel. Toutes les poubelles destinées au public et au personnel seront mises sous scellés. Nous ferons une réquisition des films des caméras de surveillance afin que nous puissions les visionner. Sur un autre plan, nous analyserons de la même façon tous les paiements par carte bancaire et, auprès de France Télécom, tous les appels émis ou reçus sur le site que ce soit à partir d’un fixe ou d’un mobile.

S’adressant aux représentants de la direction, il poursuivit :

— Nous n’avons pas l’intention de perdre notre temps ni le vôtre et encore moins celui de l’activité. Y a-t-il des bureaux que nous pourrions utiliser provisoirement pour les entretiens ?

— Oui, bien sûr, je vais en mettre à votre disposition ; nous approchons, c’est par là.

Les techniciens de l’investigation criminelle arrivèrent au même moment et s’occupèrent à déployer leur matériel.

Le lieutenant remarqua que les bandes délimi­tant l’aire de sécurité ne couvraient pas un espace suffisam­ment large, il demanda au major de s’en occuper immé­diatement avec ses hommes. Il poursuivit le dialogue engagé avec son interlocuteur en parcourant les derniers mètres :

— Pouvez-vous éditer la liste du personnel présent ce jour ?

— C’est en cours. Je l’ai déjà demandé à la direction des ressources humaines.

— Est-il possible de me fournir un plan à grande échelle du parc en y précisant toutes les entrées. Votre site est un point sensible, nous devons très certainement avoir à la compagnie et au groupement tous les plans nécessaires, cela me sera donc utile juste dans un premier temps… Après, nous ajusterons avec les nôtres. D’au­tre part, je voudrais une photocopie en A3 de cha­que attraction sur laquelle seront notés les noms du personnel présent ce jour.

— Très bien, je vais demander de vous préparer tout cela.

— Il nous faudra aussi les mêmes renseignements concernant les personnes accréditées sur le site et présentes ce jour.

— Je vais faire le nécessaire. Ce sera plus rapide, il y en a très peu, tout au moins au regard des titulaires, car nous limitons l’appel aux sous-traitants et au personnel intérimaire.

— Quel est l’effectif de salariés sur le parc ?

— Environ un millier !

— Ah, tout de même ! Je mesure l’ampleur de la tâche. Pour quelle fréquentation journalière ?

— C’est variable. Aujourd’hui, jeudi, en septembre, sans nocturne, c’est un petit jour, disons que le nombre de visiteurs s’inscrit dans une fourchette allant de mille à plus de dix mille personnes. Ouvert le 31 mai 1987, nous avons fêté la vingt-cinq millionième entrée en avril 2001 ! Et rien que cette année, nous comptons un million de visiteurs de l’ouverture en février à la mi-août !

— Mais c’est énorme !

— Vous n’êtes pas de la région ?

— Non et je viens de prendre mes fonctions aux Dunes, comme second de la compagnie, il y a moins de trois mois, alors, je n’ai pas encore eu le temps de…

— Je comprends. Ah, voilà, nous y sommes…

Le gardien en tenue, bras croisés et jambes écartées, se tenait devant la porte d’accès au vestiaire. Il se mit sur le côté. Le lieutenant lui demanda de pousser la por­te après avoir vérifié que quelques curieux se tenaient à une distance respectable, à présent, sans qu’ils puissent rien apercevoir. La pièce était dans l’obscurité.

— Y a-t-il un interrupteur ?

— Oui, à gauche de l’entrée.

— Vous en êtes-vous servi ?

— Oui.

— En dehors de vous ?

— Personne depuis que j’ai découvert le corps.

Le lieutenant Thierry Boissardeau enfila une paire de gants en latex avec une réelle dextérité, puis se présenta au seuil de la porte et actionna l’interrupteur. Le tableau qui s’éclaira sous ses yeux ne pouvait que heurter, même le plus averti. C’était son premier cadavre. La jeune fem­me était allongée là, si fragile, la bouche ouverte sur un cri muet. Le polo bleu clair à col bleu marine rayé de jau­ne, tenue du personnel du parc, était imprégné de sang. Le logo identifiant chaque agent disparaissait sous le sang masquant son prénom : Élodie. Les yeux ouverts, voilés par la matité impassible de la mort, regar­daient fixement et laissaient supposer qu’elle avait réalisé l’horreur qui allait la frapper.

Le lieutenant se maîtrisa pour l’examiner sans dévoiler ses émotions. Il fit appel à tout son self-control et prit un air détaché en questionnant le représentant de la direction :

— La reconnaissez-vous ?

— Oui, il s’agit d’Élodie, une des hôtesses titulaires affectées aux activités de ce bloc. Je vais demander aux ressources humaines que l’on vous sorte son dossier.

— Bien, Messieurs, allez-y ! lança le lieutenant aux spécialistes qui attendaient.

Le médecin légiste s’approcha d’abord pour les premiers examens. Il fit ses commentaires sur son dictaphone :

— D’après la rigidité du corps, la mort est toute récente. Au vu des éclaboussures de sang au plafond et sur la partie supérieure du mur, la victime devait se tenir debout quand elle a eu la gorge tranchée. Un seul coup de couteau, de gauche à droite, sur seize centimè­tres, a tranché la jugulaire. Une entaille réalisée par une lame très coupante, bien nette, a coupé les vaisseaux, soit un rasoir à main, soit un couteau très bien aiguisé, soit une arme de ce type. Un seul coup rapide et le corps s’est affaissé doucement au vu de la torsion de la jam­be, elle est morte en touchant le sol. Le corps de la victime a très certainement protégé l’agresseur du principal jet de sang. Aucune autre marque n’est visible sur elle, parfaitement vêtue. Un meurtre rapide et particulièrement brutal, ne lui laissant aucune chance…

En écoutant le légiste, le lieutenant se demandait comment cet homme pouvait supporter ces enregistre­ments quasi quotidiens de l’inhumanité de l’homme et de ces nombreuses morts violentes. Curieusement, il se souvint de ses lointains cours de latin et de l’apophteg­me « homo homini lupus », « l’homme est un loup pour l’homme »…

Le responsable de la Cellule d’Investigation Criminelle se tint un moment sur le seuil, comme s’il évaluait certains détails de la pièce avant de procéder aux méticuleuses recherches. Habitués à travailler ensemble, les hommes de l’équipe accomplirent leur tâche de façon méthodique sans perdre de temps. Les flashs commen­cèrent à crépiter.

Le lieutenant remarqua que son inter­lo­cuteur risquait de se trouver mal, il l’invita à sortir.

D’u­ne voix mal assurée, le représentant de la direction s’exprima dans un sabir approximatif appuyé de quelques gestes avant d’articuler difficilement une ques­tion :

— Qui va prévenir sa famille ?

— Est-elle mariée ?

— Non. Mon adjoint se renseigne auprès de sa collègue, très choquée, pour savoir si elle vivait seule, chez un ami ou chez ses parents.

— Le major de la brigade de Jaunay-Clan prendra contact avec le maire de sa ville ou un de ses représen­tants et ira informer les proches que vous nous indique­rez.

— Et que va-t-il se passer pour elle… enfin, je veux dire, qu’allez-vous faire du corps ?

— Quand toutes les équipes auront terminé leur travail, le corps sera conduit à la morgue de l’institut médi­co-légal. La première action consistera à faire une radiographie, avant déshabillage. Je pense que, demain matin, le médecin légiste, assisté d’un médecin et de moi-même en temps qu’officier de gendarmerie du service enquêteur, effectuera les prélèvements nécessaires puis nous procéderons à la mise sous scellés des vêtements et objets portés par la victime. En fait, l’autopsie commence toujours par l’observation du corps habillé tel qu’il se trouve en ce moment. Le légiste la déshabil­lera ensuite en décrivant la nature, l’aspect des blessu­res et les altérations éventuelles des vêtements. Au-delà de ce que nous pouvons y découvrir en apparence, nous apprenons toujours quelques informations qui nous sont fort utiles pour notre enquête.

— Excusez-moi, je ne me sens pas bien, je vais me rendre aux toilettes.

Étonnement et état de choc se mêlaient chez cet hom­me, comme cela peut l’être en général lorsqu’un meur­tre aussi horrible et monstrueux touche quelqu’un qui fait partie de vos équipes. Ce n’était pas de la comédie. Une douloureuse indignation s’ajoutait à sa peur et à son dégoût. Très pâle, l’homme quitta les lieux. Le lieu­tenant entra à nouveau dans le local.

— Est-ce que le sac à main de femme qui se trouve ouvert sur la tablette appartient à la victime ?

Le deuxième représentant de la direction s’approcha. L’amertume qui déformait sa voix était trop brûlante pour ne pas résulter d’une souffrance personnelle.

Il bafouilla :

— Le nom de la jeune femme est indiqué sur le casier numéro deux, vous voyez : Élodie Sakkar. Pouvez-vous le vérifier sur les papiers d’identité, si le sac en contient ?

— Sakkar. Quel drôle de nom…

— Oui, je ne sais plus s’il est d’origine turque ou maghrébine. Mais, Élodie est née en France et a fait ses études à Poitiers…

— Je remarque un carnet, mettez-le dans un sachet de scellés et notez de me le confier pour examen.

Les hommes de la CIC firent quelques photos du réti­cule et du casier. Ils ouvrirent celui-ci pour en pho­togra­phier également l’intérieur et énumérèrent son contenu qui fut mis sous scellés, aussitôt, ainsi que le sac dans lequel les papiers d’identité correspondaient bien à la victime. Le major se présenta à nouveau au lieutenant :

— Mon lieutenant, les hommes de Châtellerault vien­nent d’arriver.

— Bien, je m’en occupe. Leur premier travail consis­tera, pour les uns, à récupérer toutes les poubelles pour inventaire, puis je demanderai au parquet de les mettre sous scellés et, pour les autres, à ratisser chaque centimètre de ce parc avant la nuit. Il pensait déjà que le parquet allait rechigner pour cette mise sous scellés en raison des frais… On verrait bien !

Le lieutenant vint rejoindre les jeunes élèves de l’éco­le de gendarmerie. Il leur expliqua dans le détail ce qu’il attendait d’eux. Une distribution de gants en latex et une remise de sacs destinés à y déposer chaque élément recueil­li, furent assurées.

— Si vous découvrez quelque chose de vraiment significatif, appelez sans quitter votre place et quel­qu’un viendra. L’objet ou le point particulier que vous aurez remarqué devra être photographié avant mise sous scellés. Voici à présent de quelle manière nous allons procéder…

Il distribua à chaque jeune un plan du parc que le représentant de la direction venait de lui apporter. Il expli­qua le déploiement et le quadrillage à respecter pour éviter de négliger tout espace, rappelant les mesu­res de sécurité et les techniques à utiliser. Sous le commandement d’un gradé de chaque groupe, les jeunes s’étendirent sur le site avec, pour objectif, d’intensifier les recherches à proximité du local et sur le chemin reliant la salle de cinéma dynamique au lieu du meur­tre, selon l’itinéraire emprunté par le présumé suspect ou témoin. Pour l’instant, rien ne prouvait sa culpabilité, ils ne devaient donc rien négliger.

— Où se trouve l’individu ?

— À l’infirmerie. Je vais vous y conduire. Suivez-moi, proposa le représentant de la direction qui semblait se sentir mieux.

Le lieutenant observa le site en empruntant le pont surplombant le plan d’eau. Tout paraissait parfaitement calme. Les familles se dirigeaient tranquillement vers la sortie. Le représentant en profita pour signaler, en passant :

— C’est ici que se déroule le spectacle nocturne dont je vous parlais tout à l’heure. Les spectateurs sont instal­lés sur les bancs jaunes et orange que vous voyez là-bas.

— Je n’imaginais pas l’importance de votre parc. J’en avais entendu parler comme tout le monde, mais vraiment, je suis surpris et impressionné.

Son accompagnateur utilisa un badge pour entrer, ce qui attira l’attention du lieutenant.

— Chaque employé use de ce moyen pour accéder à certains lieux ?

— Oui. Chacun dispose de ce type de badge. Mais, en plus, pour certains accès, un code numérique doit être enregistré par la personne sur un petit clavier disposé près de la porte, le plus souvent.

— Très bien. Il me faudra le relevé informatique de la journée, de toutes les identifications d’accès des employés.

— Aucun problème, vous saurez tout de leur entrée jusqu’à leur sortie. En fin de journée, nous éditerons ce listing, comme nous le faisons, du reste, chaque jour…

— Ah, autre chose, qui n’a rien à voir, mais, comme j’y pense, j’ai remarqué que chaque personne portait un uniforme…

— C’est exact. En ce moment, elle se compose d’un polo bleu clair avec le col bleu marine agrémenté de deux rayures jaunes ainsi que d’un pantalon, style jean.

— Selon le poste occupé ou le grade, la tenue est-elle différente ?

— Non. Voilà, vous pouvez entrer.

L’infirmière dirigea le lieutenant et son accompagna­teur vers la chambre où le jeune homme avait été mis au repos, sous la surveillance des deux gardiens.

— J’attire votre attention, Messieurs, dit-elle, sur le fait qu’il doit être victime de troubles graves en plus de son état de choc vraisemblable.

— Savons-nous s’il était seul sur le parc ?

— Pour l’instant, nous ne sav… Excusez-moi, le télé­phone.

L’infirmière s’écarta et prit la communication sur son portable.

— Ça tombe bien, qu’ils viennent. Accompagnez-les à l’infirmerie.

— C’était l’accueil. Un couple est complètement affolé. Il a perdu son fils à l’issue d’une séance dans la salle de cinéma dynamique et, depuis, il le cherche. Il semble très inquiet car leur fils est autiste et donc fragi­le… Je comprends mieux, en effet. Je me doutais bien qu’il devait s’agir d’un trouble de cet ordre… Venez, en attendant qu’ils arrivent. Dès qu’ils seront là, vous pour­rez occuper mon bureau qui se trouve là, juste derrière vous.

Le jeune homme, allongé sur le lit, les mains plaquées sur les yeux et le visage, portant des traces, de sang vrai­semblablement, avait adopté une position fœtale et laissait entendre quelques sons gutturaux. Son corps s’agitait d’avant en arrière secouant le lit métallique. Il était pathétique.

— On vous demande, Lieutenant, dit l’infirmière en tendant le combiné du téléphone fixe de son bureau.

— Oui, que se passe-t-il, Major ?

— Un militaire vient de découvrir un couteau ensanglanté dans le bosquet situé à deux ou trois mètres de l’endroit où le jeune homme se trouvait assis.

— Bien, vous faites faire les photos, la mise sous scellés et les microprélèvements par les gars de la CIC. Vous leur demandez de vérifier s’il y a des traces de sang ou autre entre le local et cet endroit et faites procéder aux prélèvements, puis à leur mise sous scellés.

Un couple apparut dans l’encadrement de la porte que l’infirmière venait d’ouvrir. L’angoisse marquait le visage de la femme qui ne cachait pas l’inquiétude qui la tenaillait. L’homme paraissait plus calme. Proches de la cinquantaine, très bien vêtus, ils ne se distinguaient pas particulièrement des personnes que nous pouvons croiser dans la rue. Le teint hâlé de l’homme laissait imaginer qu’il devait être constamment bron­zé et éclatant de santé. Ses cheveux grisonnants et ses tempes presque blanches lui conféraient un certain char­me. De son mètre quatre-vingts, il dominait son épouse de près d’une tête.

Celle-ci portait ses vêtements avec une élégance hautaine, comme si elle jouait un rôle. Ses lunet­tes claires et sans monture autour des verres lui donnaient une allu­re d’enseignante avec un visage plus terne, plus triste peut-être aussi cependant.

— Jean-Daniel ! Où se trouve Jean-Daniel ? deman­da-t-elle.

— Bonsoir madame, bonsoir monsieur. Lieutenant Thierry Boissardeau. Entrez, venez par ici et asseyez-vous, s’il vous plaît…

— Mais… Nous venons chercher notre fils, Jean-Daniel, où est-il ?

— Vous le verrez tout à l’heure. Excusez-moi, auparavant, j’ai besoin de vous poser quelques questions.

— Mais, monsieur, nous voulons voir notre fils ! Qu’est-ce que cela veut dire ?

— Je vous ai bien compris, madame. Mais, d’abord, procédons aux formalités administratives et, ensuite, nous vous y conduirons.

— Je voudrais son identité, madame… ou… monsieur… s’enquit le lieutenant.