Fallait pas commencer - Tome 2 - Jean Failler - E-Book

Fallait pas commencer - Tome 2 E-Book

Jean Failler

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Beschreibung

Mary Lester poursuit son enquête et doit gérer sa coéquipière qui prend de plus en plus de risques pour débusquer les coupables !

Mary, toujours en convalescence dans un hôtel du Morbihan, poursuit son enquête dans un milieu qu’elle n’aime guère mais qu’elle connaît bien, celui où se côtoient truands et politiciens.
Elle a fort à faire pour canaliser les initiatives de sa coéquipière, dont le courage frise parfois la témérité; ainsi cette nuit mémorable où Gertrude se rend en bordure d’une zone industrielle déserte, au risque de tomber dans un traquenard.
Heureusement, elle a suivi l’enseignement du capitaine Fortin en matière de close-combat, et ne boude pas son plaisir quand il s’agit de passer aux travaux pratiques.
Grâce à son aide, Mary dénoue les fils d’une machination compliquée dans laquelle les coups bas et les coups tordus abondent...

Découvrez le second tome d'une enquête passionnante de Mary Lester dans le Morbihan.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

"Le romancier a mis un soin tout particulier à créer, autour du commissariat de Vannes, une toile dense, rusée et joliment oppressante, autour de la mise en coupe réglée économique et politique que certaines connivences entre « élites » développement beaucoup plus souvent qu’on ne l’imagine encore, de nos jours, à l’échelle d’un département ou d’une région." - Blog Charybde 27

"L'écriture est fluide, les dialogues sont croustillants, les réparties sont souvent drôles et relevées. Les personnages sont attachants. Un très bon moment de lecture." - bookpass, Babelio

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jean Failler est un ancien mareyeur breton devenu auteur de romans policiers, qui a connu un parcours atypique ! Passionné de littérature, c’est à 20 ans qu’il donne naissance à ses premiers écrits, alors qu’il occupe un poste de poissonnier à Quimper. En 30 ans d’exercice des métiers de la Mer, il va nous livrer pièces de théâtre, romans historiques, nouvelles, puis une collection de romans d’aventures pour la jeunesse, et une série de romans policiers, Mary Lester.

À travers
Les Enquêtes de Mary Lesteraujourd'hui au nombre de cinquante-neuf et avec plus de 3 millions d'exemplaires vendus, Jean Failler montre son attachement à la Bretagne, et nous donne l’occasion de découvrir non seulement les divers paysages et villes du pays, mais aussi ses réalités économiques. La plupart du temps basées sur des faits réels, ces fictions se confrontent au contexte social et culturel actuel. Pas de folklore ni de violence dans ces livres destinés à tous publics, loin des clichés touristiques, mais des enquêtes dans un vrai style policier.

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Couverture

Page de titre

Les ouvrages de Jean Failler sont disponibles à la Bibliothèque Sonore du Finistère.

CE LIVRE EST UN ROMAN.Toute ressemblance avec des personnes, des noms propres, des lieux privés, des noms de firmes, des situations existant ou ayant existé, ne saurait être que le fait du hasard.

REMERCIEMENTS

Jean-Claude Colrat

Delphine Hamon

Lucette Labboz

Michèle Le Gall

Myriam Morizur

Marie Perceval

Nathalie Simon

Isabelle Stéphant

Chapitre 1

Il y eut une minute de silence après que la porte se fut refermée sur le lieutenant Le Quintrec, puis avec un enjouement de commande, Chasségnac demanda à un flic pétrifié :

— Eh bien, qu’en pensez-vous, Commandant ? Elle est bien aimable cette petite !

Ponchon, qui grimaçait toujours en massant de sa main gauche sa main droite endolorie, grommela :

— Bien aimable ? Une vraie salope, oui !

Chasségnac, qui faisait mine de ne pas s’être aperçu de leur petite partie de bras de fer, affecta sa réprobation :

— Voyons, Commandant, voyons !

Ponchon le regarda avec rancune :

— Dites-moi patron, à quoi on joue ?

— On ne joue pas, assura Chasségnac sans sourire. Je vous rappelle que nous avons un cadavre sur les bras.

— Pff, cracha Ponchon, ce gros porc de Lemarc… Depuis le temps que ça lui pendait au nez…

— Mais ça nous pend tous au nez, mon cher Ponchon, lénifia Chasségnac, tôt ou tard… nul ne connaît le jour ni l’heure…

— Avec ce qu’il picolait… gronda Ponchon en réprimant difficilement sa fureur. Même à titre posthume, il va continuer à nous faire ch…

Le commissaire adopta un ton plus sévère :

— Je vous en prie, Commandant, restez correct !

Puis après un silence, il ajouta :

— C’est votre faute aussi !

— Ma faute… ? s’exclama douloureusement Ponchon.

— Votre faute, oui ! asséna Chasségnac. Qu’aviez-vous besoin d’essayer de mettre la mort de cette épave sur le compte du commandant Lester ?

— Mais…

— Mais quoi ? Lemarc était tombé dans son escalier… mort accidentelle… qui vous en demandait davantage ?

Ponchon objecta :

— Mais de toute façon il y aurait eu autopsie et donc la piste criminelle aurait dû être explorée.

— Et alors ? Vous l’auriez explorée sans impliquer Lester – ce qui, entre nous, vous aurait évité bien des déboires.

Chasségnac eut un geste d’impatience et se leva, fit quelques pas dans le bureau et déclama à grand renfort de mouvements de bras :

— Mais voilà… dès lors que vous impliquiez Lester dans cette affaire, il fallait vous attendre à un retour de bâton !

Il considéra le commandant Ponchon avec un regard lourd de reproches.

— Vous auriez dû le savoir ! Vous avez déjà eu maille à partir avec elle, si je ne m’abuse.

Cet amer rappel fit grimacer Ponchon.

Mais cela n’empêcha pas le commissaire de poursuivre :

— Alors, quelle partition avez-vous voulu jouer ? La revanche ? Bon sang de bois ! Vous êtes tout de même assez perspicace pour savoir que Lester n’est pour rien dans la mort de Lemarc !

Ponchon hasarda :

— Toutes les apparences…

Chasségnac balaya l’argument d’un large mouvement de bras en répétant :

— Toutes les apparences !

Il se frappa le front du plat de la main :

— Ça ne va pas mon pauvre ami ! Votre prétendu témoin est une vieille femme à moitié sénile, à moitié bigleuse et plus sourde qu’une souche !

Il fit trois autres pas qui le ramenèrent derrière son bureau :

— Pff… fit-il d’un air dégoûté en se rasseyant.

J’avais bien besoin de ça à un mois de la quille !

Il se releva aussitôt, fit trois autres pas et ajouta avec véhémence :

— Vous êtes inconséquent, Ponchon, inconséquent et irresponsable ! Mais après tout je m’en tape ! Dans un mois, je me casse. Vous, vous resterez recoller les morceaux.

Il ajouta, perfide :

— … si toutefois votre nomination à mon poste est confirmée.

Ponchon pâlit et, devant sa mine déconfite, le commissaire reprit sa diatribe :

— Eh oui, qu’est-ce que vous croyez ? Que Lester va laisser filer ? Vous savez ce qu’elle fait en ce moment ?

Ponchon, incapable de parler, secoua la tête négativement.

— Elle est en train de vous foutre un de ces motifs au cul…

Il se reprit :

— Excusez-moi, voilà que je parle comme vous !

— Quel motif ? grinça Ponchon. Je n’ai fait que suivre la procédure !

— C’est vous qui le dites, fit Chasségnac. Et j’espère que vous êtes sûr de votre fait parce que s’il y a la moindre entorse, Lester ne vous ratera pas. N’oubliez pas qu’elle n’est pas seulement flic, elle est également juriste, ce qui lui vaut la considération de la juge Laurier, qui ne passe pas pour être tendre avec les flics qui s’égarent.

Ponchon, le visage fermé, voyait l’abîme qui s’ouvrait devant lui. Ces « flics qui s’égarent » n’annonçait-il pas que Chasségnac était en train de le lâcher ? Comme pour enfoncer le dernier clou de son cercueil le commissaire martela :

— J’espère pour vous que vous n’avez pas outrepassé les limites de la procédure… Mais, innocent ou pas, une plainte de cette nature à la veille d’une promotion, ça fait tache.

Décomposé, Ponchon demanda d’une voix blanche :

— Alors, qu’est-ce que je dois faire ?

— Aller lui présenter vos excuses, pour commencer.

Cette perspective ne paraissait pas le ravir.

— Moi, des excuses à cette…

Chasségnac le coupa sèchement :

— Ça va, Ponchon, n’aggravez pas votre cas par des propos inconvenants !

— Vous croyez que ça suffira ? fit le commandant, inquiet.

— Probablement pas, dit Chasségnac d’un air dubitatif, mais ça ne coûte rien d’essayer.

Oh si, ça lui coûtait ! La perspective d’aller s’humilier devant cette pisseuse lui coûtait même beaucoup. Ponchon ronchonna, rageur :

— De toute façon, elle n’est plus dans le coup. C’est la grosse rouquine qui a repris l’affaire.

Chasségnac s’appliqua à redonner du sens aux mots que venait de prononcer Ponchon.

— Un, le lieutenant Le Quintrec n’est pas une grosse rouquine, mais une très belle femme rousse… Vous saisissez la nuance ?

Ponchon grinça :

— Question de goût…

— Je vous l’accorde mais, point numéro deux, c’est aussi, à ce que m’a dit le commissaire Fabien, un excellent flic monté du rang, sous l’égide du commandant Lester et du capitaine Fortin. Ça vous dit quelque chose ?

Ponchon leva un œil curieux :

— Fortin ? Je le connais, celui-là ?

— Probablement pas.

— Pourquoi me dites-vous ça ?

— Parce que quand on a rencontré une fois le capitaine Fortin, on ne l’oublie plus. Pas loin de deux mètres, plus de cent kilos, expert en sports de combat, il forme les jeunes recrues à l’école de police. Outre ça, il rafle régulièrement la médaille d’or au concours de tir inter-armes.

Le commissaire Chasségnac regagna son siège.

— Certes il ne brille pas intellectuellement, mais ce n’est pas ça qu’on lui demande. Il forme, avec le commandant Lester, une équipe qui compte quelques succès flatteurs à son actif. Et maintenant, avec la « grosse rouquine » comme vous appelez le lieutenant Le Quintrec, ce duo est en passe de devenir un trio plus redoutable encore.

Il précisa, en levant l’index :

— Pour les malfaiteurs, s’entend !

Il se leva, signifiant par-là que l’entretien était terminé et, tandis que Ponchon regagnait la porte la tête basse, il ajouta :

— Mon cher Ponchon, vous arrivez même à faire mentir les proverbes…

— Quels proverbes ? demanda hargneusement Ponchon.

— « La fortune appartient à ceux qui se lèvent tôt » récita sentencieusement le commissaire. Ça ne vous dit rien ? Eh bien, pour une fois, vous étiez à contretemps. On peut dire qu’en vous levant aux aurores pour aller interpeller le commandant Lester, vous avez tiré le gros lot. Vous auriez mieux fait de rester faire la grasse matinée.

Ponchon eut un geste d’impuissance. Ce qui était fait était fait ! Chasségnac lut de la détresse dans les yeux de son plus proche collaborateur. Alors, il se fendit d’un conseil :

— Si j’étais vous, après avoir présenté mes excuses au commandant Lester, je collaborerais sans réserve avec le lieutenant Le Quintrec.

Ponchon ne répondit pas mais, en fermant la porte, il adressa au commissaire un regard lourd de rancune. Des conseils comme ça…

Quand la porte se fut refermée, Chasségnac s’exclama :

— Quel couillon, non mais quel couillon ce Ponchon !

Il se laissa lourdement retomber dans son fauteuil :

— Dire que je suis responsable de ses conneries !

La mine sombre, il partit dans un véhément monologue intérieur duquel ressortait qu’il était grand temps pour lui de se retirer dans sa petite maison de Port-Navalo où il pourrait cultiver son jardin, bricoler quand il ferait gris et aller taquiner le bar et la dorade dans son petit canot Pen Sardin quand le temps serait favorable.

Il en avait ras la casquette des brêles qui peuplaient ce commissariat et, au premier chef, de ce Ponchon de malheur qui attirait les emm… comme une charogne les mouches du même nom.

Enfin, il n’y avait plus que quelques semaines à attendre. Ensuite, à lui la partie de pétanque sous les pins de l’île Conleau avec les copains et les petits pastagas qui suivent inévitablement cet exercice salutaire.

Cette perspective le rasséréna quelque peu et lui tira même un sourire.

*

Ponchon, lui, était retourné dans son bureau et, après quelques instants d’hésitation, il avait décroché son téléphone et formé le numéro de Mary. Il n’eut que le répondeur qui l’invitait à laisser son message. Il s’en garda bien et forma un autre numéro :

— Allô, l’hôtel « Les Vénètes » ? Pouvez-vous me passer madame Lester ?

Mary était précisément en compagnie de Gertrude, qui était venue au rapport, lorsque le téléphone de sa chambre sonna. Elle écouta le réceptionniste et son front se plissa quand elle apprit qu’un monsieur Ponchon la demandait.

— Passez-le-moi, dit-elle en activant la fonction haut-parleur.

Elle adressa une œillade à Gertrude et posa son index sur ses lèvres pour lui recommander le silence.

La voix de Ponchon résonna dans la chambre. Mary régla le son.

— Je n’ai pas très bien compris qui est à l’appareil, dit-elle.

— Ponchon, répéta le flic. Le commandant Raoul Ponchon.

— Ah, Monsieur Ponchon, fit-elle enjouée. Une voix éraillée de gros fumeur répondit :

— Vous me remettez ?

— Comment oublierais-je le gentleman auquel j’ai dû mon réveil en fanfare ? Vous regrettez d’avoir dû me relâcher ?

— Euh, non, pas du tout ! Mais c’est tout de même à ce propos que je vous appelle.

— Je vous écoute…

— Eh bien, c’est-à-dire que… justement, je voudrais m’excuser pour cet incident.

— Dans un cas comme celui-là, on ne s’excuse pas, Monsieur Ponchon. On présente ses excuses.

— Bon… ben quoi, c’est pareil, non ?

Ça y est, il remontait sur ses grands chevaux. Mary sourit en adressant un clin d’œil à Gertrude et dit avec onctuosité :

— Pas tout à fait, Commandant Ponchon, pas tout à fait… Cependant la spontanéité de cette démarche est méritoire. Je vous en suis reconnaissante.

— Y a pas de quoi, c’est tout naturel. On est de la même maison, non ?

Après les excuses « spontanées », la fausse jovialité, l’esprit de corps.

— C’est ce que je pensais jusqu’à ce matin à six heures, dit Mary.

Même au téléphone Mary sentit que cet uppercut sous la ceinture avait porté. Après quelques secondes de silence, Ponchon repartit de plus belle :

— Vous savez, pour l’affaire de Lemarc…

Elle le coupa :

— Ta ta ta, Commandant, je vous coupe tout de suite. Vous ne parlez pas au commandant Lester responsable d’une enquête, mais à la citoyenne Lester en arrêt de maladie pour encore trois semaines.

— Vous voulez dire que vous ne vous occupez pas de cette affaire ?

— Je me suis évertuée à vous dire que si un malheureux concours de circonstances m’avait fait être au mauvais endroit au mauvais moment, c’était tout à fait fortuit. Je me fiche bien de ce Lemarc, du commissariat de Vannes et de ce qu’il contient, en gros comme en détail.

Cette profession de foi n’augurait rien de bon. Ponchon attendit la suite.

— Tout ce que je sais, c’est que le commissaire Chasségnac a requis, auprès de son collègue Fabien de Quimper, le renfort d’une enquêtrice et que Fabien a désigné pour ce travail une jeune femme, le lieutenant Le Quintrec qui devrait arriver chez vous dans les heures qui viennent.

Elle sourit en regardant Gertrude :

— Prenez bien soin d’elle, c’est une jeune fille fragile, mais qui ne manque pas de qualités, vous le verrez.

Son interlocuteur grimaça en regardant sa main, encore endolorie par la « jeune fille fragile ».

Comme foutage de gueule, c’était du grand art.

— Euh… dit Ponchon avec un embarras manifeste, et pour le reste ?

— Quel reste ?

— Eh bien, le commissaire Chasségnac m’a laissé entendre que vous auriez monté un dossier contre moi…

— En effet, confirma-t-elle avec aisance. Je ne m’en suis pas cachée et il n’y manque rien. Je le ferai parvenir à la juge Laurier dès demain.

— Mais… bredouilla Ponchon, puisque je me suis excusé…

— Bon, alors je vais surseoir un peu. Mais si j’apprends que vous essayez de faire des misères au lieutenant Le Quintrec, je vous colle au mur, Ponchon, je vous jure que je vous colle au mur !

Chapitre 2

Gertrude avait repris à son compte les méthodes du commandant Lester. C’est-à-dire qu’elle avait enregistré toute la conversation qui s’était tenue dans le bureau de Chasségnac.

Les multiples fonctions de l’iPhone facilitaient les choses. Après le dîner qu’elles avaient pris ensemble à l’hôtel de Mary, elles montèrent toutes deux dans la chambre du commandant où elles purent écouter la manière dont Gertrude avait mené sa barque lors de son entretien avec Chasségnac. Lorsque l’appareil s’éteignit, Mary battit des mains :

— Bravo, Gertrude, tu leur as servi exactement ce qu’il fallait !

— Et maintenant ? demanda celle-ci en rosissant de plaisir.

— Maintenant, on va aller au lit. La nuit porte conseil.

Gertrude se retira. Elle avait de la famille à Vannes, elle n’avait donc pas eu à se préoccuper de trouver un hôtel.

Le lendemain elle arriva toute émoustillée alors que Mary prenait son petit-déjeuner face à la mer.

Mary lui sourit :

— Qu’est-ce qui t’arrive, Gertrude ? Une bonne nouvelle ?

— Je ne sais pas… enfin, si, je crois : j’ai reçu un coup de téléphone !

— Ah… quand ça ?

— Hier soir. J’étais déjà au lit et j’ai pensé que ça pouvait attendre ce matin pour te l’annoncer.

— Et alors ? Ça disait quoi ?

— J’ai tout enregistré ! dit fièrement Gertrude en sortant son iPhone de sa poche.

— Voyons ça, dit Mary intéressée.

Elle enclencha l’appareil et une voix d’homme se fit entendre :

— Mademoiselle Le Quintrec ?

— Elle-même… à qui ai-je l’honneur ?

On entendit un petit rire nerveux, et la voix grinça :

— Appelez-moi Jasper…

— Jasper ?

— C’est cela, oui…

— Et pourquoi m’appelez-vous, Monsieur Jasper ?

— J’aimerais bien vous rencontrer…

— Dans quel but ?

— Pour bavarder.

— Vous m’appelez à minuit passé pour me dire que vous aimeriez bavarder avec moi ?

— C’est ça… J’ai quelques petites choses à vous dire.

— Des choses intéressantes, j’espère.

— Je ne me serais pas permis de vous déranger à cette heure si elles ne l’étaient pas.

— Et elles intéressent qui, ces petites choses ? Mademoiselle Le Quintrec ou le lieutenant de police Le Quintrec.

— Les deux, je pense…

— Vous ne pourriez pas être plus clair ? Vous m’intriguez.

Nouveau petit rire grinçant :

— Il ne tient qu’à vous d’être éclairée : pouvez-vous venir dès ce soir à Saint-Goustan ?

— À Auray ?

— Oui, Saint-Goustan est le port d’Auray. Vous voyez où c’est ?

— Parfaitement. On se retrouve sur le port ?

— Non. Je préfère que cette rencontre reste discrète, alors vous attendrez sous le pont de la voie express. Vous voyez où c’est ? Vous traversez le port et vous continuez tout droit jusqu’au chantier naval. Surtout venez seule, c’est une affaire qui ne souffre pas la moindre indiscrétion.

— Et ensuite ?

— Quelqu’un viendra vous chercher et vous mènera jusqu’à moi.

— Pourquoi tant de mystère ?

— J’aimerais vous exposer une certaine affaire dans laquelle vous pourriez trouver de sérieux avantages.

— Et vous aussi, j’imagine.

— Évidemment ! N’est-ce pas normal ? Chacun doit trouver son compte dans une bonne affaire !

— Présenté comme ça, ça paraît logique en effet.

Encore faudrait-il que je sache de quel genre d’affaire il s’agit.

— Je ne peux évidemment pas vous le dire au téléphone.

— Quelle méfiance !

Il y eut un blanc, et le mystérieux Jasper s’impatienta :

— Alors, que décidez-vous ?

Gertrude objecta, méfiante :

— Elle ne sentirait pas un petit peu le traquenard votre affaire ?

— Le traquenard ?

Le petit rire rouillé s’égrena de nouveau.

— Un traquenard pour quoi ? Pour vous faucher votre sac à main ? Non, je vous le répète, j’ai une affaire importante à vous proposer et elle doit rester discrète. Alors on se rencontre, je vous fais part de mon offre et ensuite vous l’acceptez ou vous la refusez. Rien de plus simple.

Il laissa passer un silence et ajouta :

— Enfin, si vous avez peur…

— Je ne me laisse pas facilement gagner par la peur, Monsieur Jasper.

— À la bonne heure ! Soyez donc sous le pont à dix heures ce soir.

— J’y serai.

La communication fut coupée et Gertrude, les joues rosies par l’excitation, demanda :

— Eh bien, qu’est-ce que tu en penses ?

— Je pense comme toi : ça sent le traquenard.

Elle eut subitement une idée :

— Mais dis-moi, comment ce Jasper a-t-il obtenu ton numéro de portable ?

— Je me suis moi aussi posé la question, mais pour le moment, je n’en sais rien.

— Je parie que Fabien, lorsqu’il t’a adressée à Chasségnac, lui a communiqué une fiche personnelle sur laquelle figure ce numéro, supposa Mary, comme en se parlant à elle-même.

— C’est probable, en effet, reconnut Gertrude. Il y a eu une fuite au commissariat.

Elle regarda Mary :

— Ponchon ?

— Ça n’aurait rien de surprenant ! Maintenant, de là à en apporter la preuve… Tu comptes vraiment aller à ce rendez-vous ?

— Et comment ! C’est là une belle occasion de savoir à qui nous avons affaire.

— C’est aussi une belle occasion de se faire trouer la peau ! Je vais appeler Fortin.

— Pas la peine, dit Gertrude, j’ai tout prévu !

Mary la regarda avec inquiétude :

— Tu es sûre de ton coup ?

Elle fixa Mary dans les yeux :

— Oui, Commandant !

— Prends ton arme de service tout de même !

Gertrude secoua la tête et assura avec une belle certitude :

— Je n’en aurai pas besoin.

— J’admire ton assurance.

— Ça peut être un traquenard pour me pousser à la faute.

— Quelle faute ?

— Eh bien, on me menace, je sors mon arme et je tire… Qu’est-ce qui se passe après ?

— Après tu es toujours vivante.

— Peut-être, mais avec des tonnes d’emmerdements. Si on veut m’éliminer, « on » s’arrangera pour qu’il y ait un blessé – oh, légèrement – par balle et la presse criera à la bavure policière. Il y aura enquête de l’IGPN et, qu’on m’innocente ou pas, je serai discréditée…

Mary siffla admirativement entre ses dents :

— Dis donc, tu vois loin, Lieutenant, tu vois loin et tu vois bien ! N’empêche que tu prends de gros risques.

Gertrude minimisa :

— Je ne crois pas, Mary. Que penses-tu qu’il me veuille, ce Jasper ?

— Pour moi, c’est gros comme une maison : il va essayer de t’acheter.

— M’acheter ? s’indigna Gertrude.

Mary confirma :

— Oui ! Tu verras, c’est une chose qui se produit assez fréquemment, surtout quand une enquête est susceptible de révéler des tractations pas tout à fait claires que des gens dits « d’influence » ne tiennent pas à voir étalées sur la place publique. Il est souvent moins onéreux, même en y mettant le paquet, d’acheter un enquêteur que de le laisser lever un lièvre de belle taille.

— On te l’a déjà proposé ?

— C’est arrivé, reconnut Mary.

— Et alors ?

Mary fixa Gertrude d’un œil glacé :

— Tu me connais, Gertrude !

— Ben oui, fit la policière, troublée par cette parole et plus encore par le regard polaire qui l’accompagnait.

— Alors, pourquoi poses-tu la question ?

Gertrude mouchée baissa les yeux et, contrite, murmura : « Excuse-moi… »

Mary haussa les épaules :

— C’est bon… Mais toi, ne va surtout pas faire d’imprudences.

Gertrude la rassura et partit la fleur au fusil pour – comme elle disait – « reconnaître le terrain ». Mary la regarda s’éloigner d’un air soucieux et téléphona immédiatement à Fortin :

— Allô, c’est toi Jipi ?

La voix rugueuse du grand fit vibrer l’écouteur :

— Ben oui, qui veux-tu que ce soit ?

Ah, le grand était d’humeur acrimonieuse. Comme elle ne disait rien, il précisa : « Tu fais mon numéro, donc c’est logique que ce soit moi qui te réponde ! »

Elle reconnut :

— Tu as raison, c’est même d’une logique irréfutable.

— Qu’y a-t-il de cassé ?

— Mais rien, Jipi. Pourquoi veux-tu qu’il y ait quelque chose de cassé ?

— Je ne le veux surtout pas, protesta-t-il.

Cependant, pour que tu m’appelles, je suppose qu’il doit y avoir des punaises dans le beurre !

Toujours ces phrases fleuries dont il avait le secret. Néanmoins le ton dont il usait trahissait le vif déplaisir qu’il éprouvait d’être tenu à l’écart d’une enquête dans laquelle son élève préférée, Gertrude Le Quintrec, allait pour la première fois se retrouver en première ligne.

— Qu’est-ce qu’il se passe ? Il est arrivé quelque chose à Gertrude ?

Cette fois la voix du grand trahissait son inquiétude.

Elle le rassura :

— Pas encore, mais ça ne tardera peut-être pas.

— Explique !

Le grand savait aller droit au but. Mary l’éclaira :

— Tu sais qu’elle mène une enquête toute seule comme une grande ?

— Évidemment que je le sais !

— C’est à ce propos que je te téléphone.

Il grommela :

— Je savais bien que ce n’était pas pour t’inquiéter de ma santé !

— Pourquoi ? Tu es malade ?

— Non je ne suis pas malade.

— Alors, pourquoi me préoccuperai-je de ta santé ?

— Ce que tu es casse-c… gronda-t-il.

— Et toi, ce que tu es grossier !

Elle avait réussi à l’exaspérer.

— Mais, à la fin, me diras-tu ce qui se passe ?

— L’enquête que mène Gertrude prend une drôle de tournure.

— Comment ça ?

— On lui a filé un rendez-vous qui ressemble fâcheusement à un traquenard.

— Qui ça, on ?

— Un certain Jasper, c’est du moins sous ce nom qu’il s’est présenté.

— Ah… Un voyou ?

— Probablement ! Il lui a donné rendez-vous ce soir dans un endroit isolé. Évidemment elle est invitée à y venir seule.

— Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? J’espère qu’elle ne va pas foncer tête baissée dans une combine aussi foireuse ! éclata le grand.

— Je crains fort que si. Et je peux même te dire que ça avait plus l’air de la réjouir que de l’inquiéter.

— Ça ne m’étonne pas d’elle, grommela Fortin.

— Moi non plus, convint Mary.

Il s’indigna :

— Tu aurais pu la retenir !

Elle demanda vertement :

— Et comment ? Dans la disposition d’esprit où elle se trouve, autant demander à une 2 CV d’arrêter un char d’assaut ! Je suis sur la touche, moi ; c’est SON enquête, et elle me l’a bien fait sentir…

Elle ajouta :

— Il faut reconnaître que c’est la première fois que nous avons une ouverture dans ce sac de nœuds et que si elle n’y va pas seule, le Jasper en question demeurera invisible. Pas de Jasper et elle est plantée !

— Vaut mieux se planter dans une enquête que de se faire planter un surin dans le bide, assura le grand, toujours plein de bon sens. Tout de même, tu aurais pu…

— J’aurais pu quoi ? coupa Mary avec humeur. Essayer de la dissuader ? C’est ce que j’ai fait, mon vieux, mais à force de te fréquenter, elle est devenue un peu bourrique, ta copine !

— À force de me fréquenter ?

— Je ne vois pas où ailleurs elle aurait pu attraper cette maladie. Là, je tente mon dernier recours, celui qui consiste à prévenir le capitaine Fortin que sa protégée risque de se trouver en danger ce soir.

Dans les grandes circonstances Fortin, homme d’action, savait prendre des décisions énergiques avec une économie de mots remarquable :

— J’arrive, dit-il.

Chapitre 3

Gertrude était une femme ponctuelle. Elle n’aimait pas attendre, donc elle s’attachait à ne pas faire attendre même quand, comme ce soir, elle avait un rendez-vous peu rassurant avec un individu douteux.

Elle traversa au ralenti le petit port de Saint-Goustan où seules deux enseignes étaient allumées. Cette place, si animée en été, paraissait ce soir aussi lugubre qu’un cimetière abandonné.

Sur les terrasses, les parasols étaient rangés, les tables couchées les unes sur les autres, et les chaises empilées en attendant des jours meilleurs.

Il tombait un morne crachin persistant, une poussière d’eau qui noyait les réverbères et, dans les jardinières des jolies maisons à encorbellement, des tiges de géraniums fanés gouttaient lamentablement.

Le port de plaisance, lui aussi, était désert et les coques blanches des bateaux amarrés à leurs corps-morts sur la rivière éclairaient seules l’eau noire qui courait vers la mer.

Le chemin qui suivait le cours d’eau était lui aussi peu engageant. Le bitume mouillé et souillé de boue luisait sous les phares de la seule voiture qui circulât, au ralenti, celle de Gertrude.

Lorsqu’elle fut arrivée sous le grand pont de béton qui enjambe la rivière, elle ralentit encore, roulant au pas, fouillant des yeux l’obscurité.

Le silence n’était troublé que par le grondement des véhicules passant sur le pont qui permettait à la voie express d’enjamber le bras de mer.

Derrière la clôture grillagée d’un chantier naval, des fantômes de voiliers en hivernage campés sur leurs maigres béquilles veillaient, impassibles sous la bénédiction céleste.

— C’est gai ! constata Gertrude à mi-voix. Si c’est une blague, elle est de mauvais goût et je me foutrais des baffes pour m’être laissée avoir.

Pour autant qu’elle puisse s’en rendre compte sous cette bruine qui bouchait toute perspective, l’endroit était désert… Désert et lugubre autant qu’un lieu puisse l’être.

Ce n’était pourtant pas une blague. Un morceau de bois dur toqua au carreau, ce qui la fit tressaillir. À aucun moment elle n’avait perçu l’approche du bonhomme qui avait surgi par l’arrière de son véhicule.

Car c’était un bonhomme. Un vieux bonhomme, même, à en juger par la main tavelée qui tenait la pipe avec laquelle il s’était signalé.

Elle baissa prudemment sa glace d’une dizaine de centimètres.

La silhouette encapuchonnée se pencha :

— Mademoiselle Le Quintrec ?

Il avait une voix rauque de gros fumeur qui chuintait un peu.

— C’est moi, dit-elle en essayant de distinguer les traits du messager.

— Si vous voulez bien me suivre…

Sans un mot de plus, il s’était mis en route. Gertrude sortit de sa voiture, assujettit son chapeau de pluie sur sa tête et lui emboîta le pas.

Son guide portait un grand imperméable noir avec une capuche, comme en mettent les facteurs et les gardiens de la paix les jours de déluge. Gertrude trouva que sa silhouette funèbre s’harmonisait parfaitement avec le reste du décor.

Elle frissonna et se demanda à quelle sauce elle allait être mangée. On a beau jouer les braves à trois poils devant les collègues, dans la chaleur d’une salle de restaurant brillamment illuminée, on se sent tout de suite moins fière dans la solitude et l’obscurité sinistre d’un cimetière, fût-il de bateaux.

Sans hésiter, le bonhomme poussa la grille du chantier naval qui, pour rester dans l’ambiance de la soirée, gémit lugubrement.

Elle sentit qu’elle pataugeait dans la boue, puis le sol devint plus ferme. Toujours muet, son guide poussa la porte d’un bâtiment non éclairé qu’elle identifia immédiatement rien qu’à l’odeur qui s’en dégageait.

À n’en pas douter, on était dans un magasin d’avitaillement de navires. Quand on a un peu fréquenté les ports, on n’oublie pas le parfum qu’exhalent les fils de bitord, les cordages, les orins, les produits de goudronnage et les senteurs de peinture caractéristiques d’un magasin d’accastillage.

Elle tenta de se rassurer en se disant qu’il n’y avait là rien d’anormal pour un chantier naval et suivit la silhouette funèbre du bonhomme jusqu’au pied d’un large escalier qui menait à une sorte de galerie cernant le bâtiment.

— C’est là, dit-il laconiquement en montrant l’escalier. Vous n’aurez qu’à frapper à la porte qui est juste en face.

Puis, sans un mot de plus, il se perdit dans l’ombre d’un labyrinthe d’étagères.

Gertrude monta précautionneusement l’escalier et elle n’eut pas à frapper car la porte qu’on lui avait indiquée s’ouvrit sur un petit marlou à la mine chafouine. Le zigue était coiffé d’un feutre soigneusement incliné sur l’œil et, s’il jouait les affranchis, il s’était trompé d’un bon demi-siècle car sa vêture s’apparentait plus à celle de Delon dans Borsalino qu’à celle de Belmondo dans Flic ou voyou.

— Monsieur Jasper, peut-être ?

Le marloupin répondit par un ricanement imbécile et, sans plus se présenter, il l’invita du geste à passer dans une autre pièce, beaucoup plus vaste celle-là, éclairée par des néons et meublée de tables à dessin sur lesquelles traînaient encore des épures de papier-calque.

Les tribulations n’étaient pas finies pour autant car une nouvelle porte s’ouvrit sur une plus petite pièce, aveugle, chauffée par un radiateur électrique.

Là, derrière une table de bois blanc balafrée de rayures noirâtres qui avaient profondément entamé ses planches, trônait un quadragénaire de belle mine, vêtu d’un complet de bonne coupe, qui la considérait en souriant.

Pas du tout le profil d’un truand de bas étage. En le croisant en ville on l’aurait volontiers pris pour un avocat, un notaire ou un expert-comptable, et on était surpris de trouver un tel gandin à cette heure dans un tel lieu.

— Je suis Jasper, dit-il d’une voix posée, agréable, en se levant courtoisement pour inviter Gertrude à s’asseoir, d’un geste fort civil. Mes compliments, mademoiselle Le Quintrec, vous n’avez pas froid aux yeux !

— Non, dit-elle en le regardant hardiment, mais j’ai froid aux pieds. Vous auriez pu me prévenir du mauvais état de la chaussée, j’aurais emporté des bottes !

Un instant déstabilisé, Jasper la considérait d’un regard interrogateur. Il finit par laisser tomber :

— Je suis désolé.

Elle répéta avec humeur :

— Vous êtes désolé, vous êtes désolé… J’en prends bonne note, mais je doute que ça me réchauffe les pieds. Êtes-vous si fauché pour n’avoir pas de bureau en ville ?

Jasper la regarda avec une commisération amusée :

— Non, évidemment ! Simplement je ne tenais pas à ce qu’on nous voie ensemble.

— Pourquoi ? demanda-t-elle. Vous êtes marié ?

Jasper réprima une mimique d’agacement :

— J’avais pensé que vous apprécieriez, vous aussi, une certaine discrétion.

Elle s’inclina :

— Je vous sais gré de cette délicate attention, mais voyez-vous, dans le métier que je pratique, on est appelés à fréquenter toutes sortes de gens. Le plus souvent, ils ne sont guère recommandables. Alors, être vue en public avec un type aussi classe que vous n’aurait pas altéré mon standing.

Être rangé dans les « types classe » ne parut pas flatter outre mesure l’ego de Jasper.

— Ça ne me dérangerait pas non plus, dit-il avec une patience affectée, mais je suis assez connu en ville et j’aime mieux que mes faits et gestes ne donnent pas lieu à des racontars, des commentaires tendancieux ou des supputations hasardeuses… Vous savez, nous sommes en province et…

Elle le coupa :

— Et vous avez honte d’être vu avec un flic, allez, dites-le !

Jasper eut un geste d’agacement :

— Mais non ! Qu’allez-vous chercher là ?

Gertrude persista :