Fraternité, où es-tu ? - José Carcel - E-Book

Fraternité, où es-tu ? E-Book

José Carcel

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Beschreibung

Théo et Alex, frères jumeaux nés à une demi-heure d’écart entretiennent dès leur jeune âge une relation faite « d’amour et de haine ». Alex, jaloux de son « petit frère », cherche de façon ambivalente à le dominer et à le protéger… L’un agriculteur, l’autre berger, ils décident de se retrouver pour réaliser un projet commun : créer la ferme « Fraternité ». Théo tombe malade d’un cancer, Alex le prend en charge…

 À l’image de la problématique évoquée par la légende biblique « Caïn et Abel », l’auteur tente de montrer comment deux frères rivaux, contrairement à Caïn et Abel, parviennent à découvrir la « fraternité » à travers les épreuves que leur impose la vie.


À PROPOS DE L'AUTEUR


D’origine espagnole, José Carcel a exercé comme psychologue clinicien dans des hôpitaux (Général et Psychiatrie) et dans des Tribunaux en tant qu’expert. Actuellement à la retraite, il partage à travers sa passion, l’écriture, les idées issues de ses constats cliniques.

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Seitenzahl: 102

Veröffentlichungsjahr: 2022

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José Carcel

Fraternité, où es-tu ?

Théâtre

© Lys Bleu Éditions – José Carcel

ISBN : 979-10-377-5783-8

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Du même auteur

Au pays de l’autre (2007, Éditeur Indépendant) ;

L’écho des voix et du silence (2007, Éditeur Indépendant) ;

Le clown pleureur (2008, Edilivre) ;

L’échelle (2008, Edilivre) ;

La nuit des tambours (2008, Edilivre) ;

Le chant des sirènes (2008, Edilivre) ;

L’Architecte (2008, Edilivre) ;

Voyage au-delà du miroir (2008, Edilivre) ;

Capucine, passage d’un monde à l’autre (2008, Edilivre) ;

Les plus beaux sentiments (2008, Edilivre) ;

La dernière rive (2008, Edilivre) ;

Le temple invisible (2008, Edilivre) ;

Sur le chemin du souvenir (2008, Edilivre) ;

Sur le chemin des oubliés (2008, Edilivre) ;

Les naufragés de la vie (2008, Edilivre) ;

Félix, le père parfait (2008, Edilivre) ;

Le visage et le regard (2008, Edilivre) ;

La chose (2008, Edilivre) ;

Les retrouvailles (2009, Edilivre) ;

Quand l’automne arrivera (2009, Edilivre) ;

Le fils du poète (2009, Edilivre) ;

La bête folle (2009, Edilivre) ;

Les mauvais bergers (2009, Edilivre) ;

Le petit chercheur (2009, Edilivre) ;

L’hystérie de conversion (2009, Edilivre) ;

L’autre pays (Edilivre, 2010) ;

Le cirque universel (Edilivre, 2010) ;

Le grand rocher (Edilivre, 2010) ;

Mon île (Edilivre, 2016) ;

Les quatre mondes de Narcisse (Edilivre 2016) ;

Mon enfant a été tué au nom de Dieu (Edilivre 2016) ;

L’héritière (Edilivre 2016) ;

Le fils de l’autre (Edilivre, 2016) ;

Le postier et l’homme de lettres (Edilivre, 2016) ;

Émeraude et moi (Edilivre, 2016) ;

Un train peut en cacher un autre (Edilivre 2019) ;

Le poète disparu (Edilivre 2019) ;

Cinq pièces de théâtre (Edilivre 2019) :

– Quand on n’a que l’amour

– Le dimitrisme

– La pierre brute

– L’emprise

– Un heureux évènement

De l’univers psychologique à l’univers initiatique (Edilivre 2019) ;

Quelque chose plutôt que rien (2020 Lulu) ;

Le procès du Procureur Félon (Spinelle 2021) ;

D’un inconnu à l’autre (Lys Bleu 2021) ;

L’Espoir sinon rien ! (Lys Bleu 2021) ;

Le père aliénant (Lys Bleu 2021) ;

La médiocrité d’esprit (Le Lys Bleu 2022) ;

Je veux… ! Au pays des « goélands » (Le Lys Bleu 2022) ;

La Vallée des Loups (2021) (Le Lys Bleu 2022) ;

Tais-toi sinon (Le Lys Bleu 2022) ;

D’un monde à l’autre (2020 Lulu)

Le sablier de la vie (théâtre 2022 Le Lys Bleu).

I

Strasbourg 2021. La nuit de Noël, Théo se réveilla en sursaut à trois heures du matin. Il se leva dans l’obscurité et, en faisant le tour du lit, il fit tomber le porte-manteau. Alertée par le bruit, sa mère le rejoignit aussitôt dans sa chambre.

MÈRE : Mon fils, tu ne te sens pas bien ?

THÉO : Maman, ne t’inquiète pas, tout va bien. J’espère que je n’ai pas réveillé Alex…

MÈRE : J’ai jeté un coup d’œil rapide dans sa chambre, ton frère dort profondément. Tu n’arrives pas à dormir ?

THÉO : Maman, j’ai été réveillé par les images d’un rêve…

MÈRE : De quoi as-tu rêvé ?

THÉO : De mon frère… tu sais, de « l’autre » !

MÈRE : Quand tu étais petit, alors que tu avais à peine que cinq ans, tu l’appelais déjà « l’autre » ! Tu me demandais souvent : « Maman, comment est “l’autre” » ? Tu me demandais aussi : « D’où vient “l’autre” ? Que veut “l’autre” ? »

THÉO : Je me souviens…

MÈRE : Tu nous faisais bien rire.

THÉO : Maman, je ne riais pas.

MÈRE : Raconte-moi ton rêve.

THÉO : Écoute :

« J’ai envoyé un SMS à Alex en lui demandant : que penses-tu de “l’autre” ? ».

ALEX : « Comment s’appelle-t-il ? »

THÉO : « Je ne sais pas… »

ALEX : « Alors, fiche-moi la paix ! »

Soudain, je me suis réveillé en sueurs, avec la sensation d’étouffer.

MÈRE : Théo, ce n’est qu’un rêve…

THÉO : Maman, pourquoi « il » revient tout le temps dans mes rêves ?

MÈRE : Qui ça ?

THÉO : Mon frère ! Depuis que je suis tout petit, quand la nuit tombe et que le vent hurle, je me demande : « Mon frère, où es-tu ? »

MÈRE : Je ne sais pas, il faudrait poser la question à ton psychanalyste, il pourra t’éclairer mieux que moi.

THÉO : Je lui ai déjà posé la question, il m’a dit que c’était à moi de le savoir…

MÈRE : À propos, il va falloir faire un effort pour améliorer la relation avec Alex. Vous êtes toujours en conflit pour tout et pour rien. Ça doit s’arrêter, c’est invivable.

THÉO : Maman, Alex c’est une tête de mule, jaloux, il se croit le meilleur, le plus fort, il veut tout commander, il me rend toujours responsable de ses malheurs.

MÈRE : Ça, c’était avant…

THÉO : Non maman, il fait toujours pareil, il ne se rend pas compte que j’ai 20 ans ! Je ne sais pas pourquoi il m’en veut.

MÈRE : Il ne faut pas lui en vouloir, il souffre du « syndrome du frère aîné »… Ce n’est pas grave, ça lui passera.

THÉO : Le « syndrome du frère aîné »… maman, il est né une demi-heure avant moi ! C’est le « syndrome » et autre chose…

MÈRE : Dans sa tête, tu es son cadet…

THÉO : Il est chiant… il se comporte comme si je lui volais l’amour de papa. Ce n’est pas nouveau… Quand nous étions petits, il avait toujours le mot pour briser mes rêves… Tu lui disais : « Arrête de lui casser les pieds », mais il recommençait. Papa ne disait rien car il était, lui aussi, « casse-pieds » avec toi, c’est toi qui le disais chaque fois que tu lui montrais la nouvelle robe et les chaussures assorties que tu avais achetés. Maman, souviens-toi… à l’âge de cinq ans, il jouait toujours les « gros bras » avec moi… malgré cela je l’aimais beaucoup, il veillait sur moi et m’achetait des bonbons. Papa lui disait : « Alex, je te le confie, fais comme si tu étais moi ».

MÈRE : Je me souviens… bon, c’est du passé.

THÉO : Non maman, quinze ans plus tard, il continue à faire comme s’il était papa… Heureusement, qu’il s’est installé dans la région de Grenoble et moi dans la région de Pau ! La paix !

MÈRE : Théo, est-ce vrai que vous communiquez par SMS le matin, le midi et le soir ?

THÉO : Oui, maman, nous n’arrivons pas à nous passer l’un de l’autre.

MÈRE : De quoi parlez-vous ?

THÉO : Il me parle de son métier d’agriculteur, de sa passion pour le blé et le maïs. Moi, je lui parle de mon métier de berger, de mon troupeau de deux-cents têtes et de ma passion pour la haute montagne.

MÈRE : Tu ne lui parles pas de ta passion pour l’écriture ?

THÉO : Non, ça l’énerve, il dit que ça n’est bon que pour les intellos… tu sais, il est toujours aussi désagréable avec moi. Moi, je ne voudrais pas mais il m’oblige à lui rendre la monnaie de sa pièce.

MÈRE : Théo, sois patient avec lui, il y a peut-être quelque chose en lui qu’il n’a pas encore « digéré »…

THÉO : Ce n’est pas de ma faute si j’ai été malade… ce n’est pas ma faute si je rêve des choses dont il ne rêve pas.

MÈRE : Avec le temps, tout changera. En tout cas, je suis très heureuse de savoir que vous partagez vos passions. Quand vous étiez enfants, vous partagiez la même chambre, les mêmes jouets, les mêmes maladies infantiles. Papa et moi, nous vous appelions les « inséparables ».

***

Quelques heures plus tard. Alors qu’Alex réparait la tondeuse, Théo rejoignit sa mère dans la cuisine.

THÉO : Maman, Alex m’a demandé quelque chose…

MÈRE : Quoi ?

THÉO : Tu vas être étonnée, il voudrait que j’écrive un roman sur sa vie.

MÈRE : C’est formidable ! Qu’en penses-tu ?

THÉO : L’idée hante mon esprit depuis longtemps. Ce serait une bonne occasion pour le mettre à sa place. Comme je ne lui ai pas dit ni oui ni non, il m’a dit d’une voix autoritaire :

ALEX : « Alors petit frère, c’est oui ou c’est non ? »

THÉO : « C’est oui ! »

ALEX : « Comment vas-tu m’appeler dans le roman ? »

THÉO : « Je t’appellerai “l’autre”. »

ALEX : « Pourquoi “l’autre” ? »

THÉO : « Tu comprendras plus tard ».

ALEX : « Je ne veux pas que tu m’appelles “l’autre” ».

THÉO : « Désolé, je t’appellerai “l’autre”… »

ALEX : « Je m’appelle Alex ! »

THÉO : « Et alors, peux-tu me dire qui est “Alex” ? Sinon “l’autre” des “autres” »

ALEX : « Petit frère, tu oses me contredire ? »

THÉO : « Alex, ce n’est pas la peine de t’offusquer ni de faire ta tête de cochon, je t’appellerai “l’autre”. »

ALEX : « Fais comme tu veux mais, petite tête, fais attention à l’image que tu donnes de “l’autre”… »

THÉO : Maman, comme il n’a rien compris à mon idée, il s’inquiète de ce que je vais dire sur lui. J’ai beau lui répéter qu’il ne sera jugé sur ce qu’il a été ni sur ce qu’il fait, il insiste pour contrôler ce que j’écrirai jour après jour. Comme j’ai refusé de me soumettre à ses « contrôles », il m’a fait une grimace méprisante et m’a dit d’un ton agressif :

ALEX : « Oublie ce que je t’ai demandé, ton roman ne me concerne pas ».

THÉO : « Alex, es-tu tombé sur la tête pour dire des choses pareilles ? »

ALEX : « Pourquoi veux-tu me réduire, moi ton grand frère, à “n’importe qui” ? »

THÉO : « Justement, tous les “n’importe qui” sont nos “frères” ! »

ALEX : « Ça veut dire quoi ? »

THÉO : « Rassure-toi, “l’autre” de mon roman c’est moi, toi, le voisin, le jeune ou le vieux, l’homme ou la femme, bref, tous les êtres qui marchent sur deux pattes ».

ALEX : « Tu dis n’importe quoi ! Il est temps que je t’apprenne à parler ».

THÉO : « Alex, je n’ai plus cinq ans… »

ALEX : « Rappelle-toi de ce que disait papa… »

THÉO : « Voyons, depuis nous avons grandi… Maintenant, tu laboures la terre, moi, j’élève des moutons ».

ALEX : « Je vois, tu es comme tous les “petits frères”… maintenant, tu cherches à épater papa et maman avec ton roman ! »

THÉO : « Tu fais une crise de jalousie ? »

ALEX : « Moi ! Jaloux de mon petit frère ? Jamais ! »

THÉO : « Je suis très heureux de le savoir ».

ALEX : « Pourtant, j’ai des raisons de t’en vouloir… »

THÉO : « Ah bon ! Pourquoi ? »

ALEX : « Je te fais remarquer qu’à cause de tes moutons, papa et maman ne s’intéressent plus à mon blé et mon maïs ».

THÉO : « Arrête Alex, tu te fais des idées », papa et maman admirent tes qualités d’agriculteur.

ALEX : « Non, non, ils n’ont d’yeux que pour toi ».

THÉO : « Tu disais la même chose quand nous étions enfants ».

ALEX : « Théo, je te rappelle que quand tu pleurais, tu disais toujours : “Maman, c’est de la faute de l’autre” ! Maman te disait : “Il s’appelle Alex !”, puis, tu répliquais : “Non, c’est l’autre !” »

THÉO : « Je ne me souviens pas ».

ALEX : « Tu vois, j’ai raison, “l’autre” remonte à loin ».

THÉO : Maman, as-tu bien écouté le dialogue entre Alex et moi ? Il est infernal, il veut toujours avoir raison !

MÈRE : Je sais, tous les frères aînés pensent avoir raison envers et contre tout.

THÉO : Il exagère… c’est ridicule, il est mon aîné d’une demi-heure !

MÈRE : Je n’y peux rien, dans sa tête tu es son petit frère.

THÉO : Maman, j’ai décidé d’écrire un roman sur « l’autre »…

MÈRE : C’est un beau projet !

THÉO : S’il te plaît, ne lui dis rien sinon il va faire un caca nerveux. Que penses-tu du sujet de mon roman ?

MÈRE : « L’autre » a déjà fait couleur beaucoup d’encre…

THÉO : J’ai demandé au libraire du centre-ville s’il pouvait me conseiller un livre qui parle de « l’autre »… Il m’a répondu en riant : « Jeune homme, les 99 pour cent des livres de la Bibliothèque Nationale parlent de “l’autre”. »

MÈRE : C’est vrai, mais il n’y a pas deux écrivains qui disent la même chose… « L’autre »… c’est un sujet inépuisable. Bon courage, mon fils !

***

Comme Théo prenait des notes sur les idées qui traversaient son esprit, il entendit la grosse voix de son « grand frère ».

ALEX : Où es-tu ? Mon frère, où es-tu ?

THÉO : Je suis là !

ALEX : Je te cherchais partout. Bon sang, tu le fais exprès ?…

THÉO : Alex, je ne me cachais pas… tu sembles de mauvaise humeur…

ALEX :