Mourir à la française - José Carcel - E-Book

Mourir à la française E-Book

José Carcel

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Beschreibung

Federico Garcia Lorca est un jeune idéaliste en rupture avec le système totalitaire, amoureux du « rêve de la France éternelle » et de la philosophie du siècle des Lumières. Sous l’impulsion d’un ancien marin, ce dernier prendra conscience peu à peu de la réalité de la vie française, sans toutefois renoncer aux valeurs que ses parents lui ont inculquées…
Ce roman met en lumière deux cultures, la française et l’espagnole, différentes mais complémentaires selon José Carcel, qui animent l’existence de Federico. L’une est fondée sur le « sentiment tragique de la vie » et l’autre, sur le désir de liberté, égalité et fraternité.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Psychologue clinicien, José Carcel a exercé dans les hôpitaux et dans les tribunaux en tant qu’expert. Actuellement à la retraite, il partage avec les lecteurs les idées issues de ses constats cliniques et, tout simplement, de son vécu.

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Seitenzahl: 120

Veröffentlichungsjahr: 2022

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José Carcel

Mourir à la française

Roman

© Lys Bleu Éditions – José Carcel

ISBN : 979-10-377-6330-3

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Dumêmeauteur

– Aupaysdel’autre(2007 –ÉditeurIndépendant) ;
– L’écho des voix et du silence – (2007, Éditeur Indépendant) ;
- Leclownpleureur– (2008,Édilivre) ;
- L’échelle– (2008, Édilivre) ;
- Lanuitdestambours– (2008, Édilivre) ;
- Lechantdessirènes– (2008, Édilivre) ;
- L’Architecte– (2008, Édilivre) ;
- Voyageau-delàdumiroir– (2008, Édilivre) ;
- Capucine,passaged’unmondeàl’autre– (2008, Édilivre) ;
- Lesplusbeauxsentiments– (2008, Édilivre) ;
- Ladernièrerive– (2008, Édilivre) ;
- Letempleinvisible– (2008,Édilivre) ;
- Surlechemindusouvenir– (2008, Édilivre) ;
- Surlechemindesoubliés– (2008, Édilivre) ;
- Lesnaufragésdelavie– (2008, Édilivre) ;
- Félix,lepèreparfait– (2008, Édilivre) ;
- Levisageetleregard– (2008, Édilivre) ;
- Lachose– (2008, Édilivre) ;
- Lesretrouvailles– (2009, Édilivre) ;
- Quandl’automnearrivera– (2009, Édilivre) ;
- Lefilsdupoète– (2009, Édilivre) ;
- Labêtefolle– (2009, Édilivre) ;
- Lesmauvaisbergers– (2009, Édilivre) ;
- Lepetitchercheur– (2009, Édilivre) ;
- L’hystériedeconversion– (2009, Édilivre) ;
- L’autrepays– (2010, Édilivre) ;
- Lecirqueuniversel– (2010, Édilivre) ;
- Legrandrocher– (2010, Édilivre) ;
- Monîle– (2016, Édilivre) ;
- LesquatremondesdeNarcisse– (2016, Édilivre) ;
- MonenfantaététuéaunomdeDieu– (2016, Édilivre) ;
- L’héritière– (2016, Édilivre) ;
- Lefilsdel’autre– (2016, Édilivre) ;
- Lepostieretl’hommedelettres– (2016, Édilivre) ;
- Émeraudeetmoi– (2016, Édilivre) ;
- Untrainpeutencacherunautre– (2019, Édilivre) ;
- Lepoètedisparu–(2019, Édilivre).

Désirsmisenscène – (2019, Édilivre)5piècesdethéâtre:

- Quandonn’aquel’amour ;
- Ledimitrisme ;
- Lapierrebrute ;
- L’emprise ;
- Unheureuxévénement ;
– Del’universpsychologiqueàl’universinitiatique– (2019, Édilivre) ;
– LeprocèsduProcureurFélon– (2021, Spinelle) ;
– D’uninconnuàl’autre– (2021, Le LysBleu Éditions) ;
– l’Espoirsinonrien! – (2021, Le LysBleu Éditions) ;
– Lepèrealiénant– (2021, Le LysBleu Éditions) ;
– Lamédiocritéd’esprit(2022, LysBleu Éditions) ;
– Jeveux…!Aupaysdes«goélands »– (2022, Le LysBleu Éditions) ;
- Lavalléedesloups–(2022, Le LysBleu Éditions) ;
– Tais-toisinon– (2022, Le LysBleu Éditions) ;
– Lesablierdelavie– (théâtre,2022, LysBleu Éditions) ;
– AinsiparlaitLalimace –Lamaltraitancepsychologique– (théâtre,2022, LysBleu Éditions) ;
– Fraternitéoùes-tu?– (théâtre,2022, LysBleu Éditions).

I

Au tribunal… dans le bureau du juge Félon.

Il était 8 heures du matin. Le juge Félon, un homme de petite taille, au visage gros et laid, le cœur amer, feuilletait nerveusement le rapport des gendarmes. Soudain, il jeta un regard méprisant sur Federico et, en se tordant les doigts des mains, s’écria d’une voix autoritaire :

JUGE : Debout, Monsieur ! Comment vous appelez-vous ?

FEDERICO : Je m’appelle Federico Garcia Lorca !

JUGE : Pourquoi pas Antonio Machado !

FEDERICO : Monsieur le Juge, je m’appelle comme le poète fusillé par les franquistes en 1936, mais nous n’avons aucun lien de parenté.

Le juge se tourna vers la greffière.

JUGE : Madame Lafaille prenez note… Vous avez bien entendu ? « Federico Garcia Lorca »… encore un fils de « républicain »… un « autre » !

La greffière lui fit un large sourire de complicité.

GREFFIÈRE : Monsieur le juge Félon, soyez heureux, ça nous change des « Abdel-Kader », des « Mamadoux » et des « Mohamed » !

JUGE : En apparence, madame, seulement en apparence, il a sûrement le « même fond » que les autres. Rien qu’à voir ses allures, je sais déjà qu’il fait partie de la « racaille » comme tous les « autres » !

GREFFIÈRE : Monsieur le Juge, je suis entièrement d’accord avec vous, il aurait mieux fait de rester chez lui… Bon sang, qu’est-ce qu’il est venu chercher ici ?

JUGE : Madame Lafaille, je me charge de lui indiquer le chemin de retour, faites-moi confiance.

La greffière s’exclama :

GREFFIÈRE : Ah ! Les immigrés « républicains » ! Quel fléau !

JUGE : Madame, j’ai hâte que la « loi Kärcher » soit adoptée par le Sénat. En attendant, finissons vite et bien avec cette « racaille »… Madame, êtes-vous prête ?

GREFFIÈRE : Je suis prêt, Monsieur le Juge !

Le juge se tourna vers Federico.

JUGE : Monsieur « Federico Garcia Lorca », quand on comparaît devant un magistrat de la République française la moindre de choses est de se présenter en costume et cravate, rasé et bien coiffé.

FEDERICO : Monsieur le Juge, mon costume est resté de l’autre côté des Pyrénées… je suis désolé, j’ai fait une longue marche sous la pluie dans les montagnes…

JUGE : Monsieur, vos « randonnées » ne m’intéressent pas, entrons dans le vif du sujet, j’ai l’honneur de vous accuser d’avoir transgressé les lois de la République française.

Les yeux larmoyants, Federico se mit debout sous le regard méprisant du juge.

FEDERICO : Monsieur le Juge, je voudrais vous dire…

JUGE : Silence ! Asseyez-vous ! Vous parlerez quand je vous donnerai la parole. Vous n’avez pas honte d’avoir franchi la frontière de façon illégale ? Ah ! La racaille ! Vous êtes tous pareils, il est temps que la France vous barre la route.

FEDERICO : Monsieur le Juge, je ne suis pas…

JUGE : Silence ! Vous venez chez nous et vous vous comportez comme si vous étiez chez vous. Vous ne respectez rien ni personne, vous êtes tous des abrutis ! Bon, je voudrais savoir pourquoi vous êtes venu « chez nous » manger le pain des Français. Levez la main droite et dites « je jure de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité ».

Federico s’empressa de dire d’une voix tremblante :

FEDERICO : Je jure de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

JUGE : Très bien. Je vous mets en garde, pas de mensonges, la vérité et rien que la vérité… je vous écoute…

FEDERICO : Monsieur le Juge, je n’ai pas l’habitude de mentir… avec tout le respect que je vous dois, je dois vous dire que je n’ai pas honte d’être venu « chez vous », je suis fier d’avoir traversé les Pyrénées pour rejoindre la France !

JUGE : Insolent ! Ignorez-vous que vous parlez à un juge ? J’ai le pouvoir de vous mettre derrière les barreaux.

FEDERICO : Monsieur le Juge, je crois que je me suis mal exprimé ou, peut-être, que vous ne m’avez pas bien compris…

JUGE : Comprendre quoi ? Vous me prenez pour un idiot ? Ah ! Les étrangers ! D’où que vous veniez, vous êtes tous arrogants, impolis et menteurs, je vais vous apprendre que la France est aux Français et qu’elle n’est pas une vache à lait !

FEDERICO : Monsieur le Juge, vous faites erreur. Pourquoi êtes-vous si agressif avec moi ? Je n’ai fait de mal à personne.

JUGE : Monsieur « Federico Garcia Lorca », j’ai le sentiment que vos parents, « républicains », vous ont donné une mauvaise éducation. Je vous avertis, encore un mot de travers et vous irez en prison pour outrage à magistrat.

FEDERICO : Monsieur le Juge, vous m’avez demandé de dire la vérité et rien que la vérité…

JUGE : Vous ne manquez pas d’audace. Depuis quand la « racaille espagnole » dit la vérité ? Je vais vous apprendre les lois de la République française et les bonnes manières…

FEDERICO : Monsieur le Juge, je suis désolé de vous avoir vexé, je ne suis pas celui que vous décrivez. Je suis un Espagnol honnête, fier de mes origines et fier d’avoir rejoint la « France éternelle ».

JUGE : Bon, il est temps d’en finir, qu’avez-vous encore à déclarer ?

FEDERICO : Monsieur le Juge, je ne suis pas un mauvais garçon, je ne fais pas partie de la « racaille », j’ai reçu une bonne éducation, j’ai le sens de la dignité. Je suis venu en France parce que la France c’est le pays de mes rêves, mais aussi pour sauver ma vie.

JUGE : Et quoi encore ! Je connais la chanson… Monsieur Federico Garcia Lorca, la France ne peut pas accueillir tous les « rêveurs » comme vous, ni toute la misère du monde, sachez qu’elle appartient aux Français.

FEDERICO : Monsieur le Juge, je me permets de vous dire qu’elle représente la « maison commune » de tous ceux qui rêvent de la liberté et de la fraternité.

JUGE : Bon, je n’ai pas envie de perdre mon temps à vous écouter dire n’importe quoi. La « maison commune »… vous me faites bien rire…

FEDERICO : Monsieur le Juge, j’ai du mal à me faire comprendre… je vous demande seulement de m’aider à sauver ma vie. Je vous en supplie, ne m’obligez pas à retourner dans mon pays, vous me condamneriez à une mort certaine.

JUGE : J’ai déjà entendu ça de la bouche « d’autres menteurs » comme vous. Vous les « immigrés », vous êtes tous en « danger de mort », en réalité, vous êtes « un danger de mort » pour la France…

FEDERICO : S’il vous plaît, aidez-moi, ma vie est en danger…

JUGE : Monsieur Federico Garcia Lorca, je suis un juge, pas un « sauveur » de vies… j’ai d’autres choses à faire que « sauver » des vies… J’aime trop la France et les Français, je me dois de les protéger des gens comme vous, allez chercher votre « bonheur » ailleurs.

FEDERICO : Monsieur le Juge, depuis que je suis tout petit, mes parents m’ont appris que la France est une terre où des centaines de milliers d’hommes et des femmes ont donné leur vie pour la Liberté… Vous le savez mieux que moi, être libre c’était leur rêve, libérer les peuples des tyrans, c’était aussi leur rêve !

JUGE : Des histoires, rien que des histoires sans queue ni tête, sachez que les « rêves » de nos ancêtres, tous immoraux et sanguinaires, ne sont plus d’actualité. Aujourd’hui, la plupart des législateurs et des électeurs pensent comme moi, chacun doit vivre et mourir dans son lieu de naissance.

FEDERICO : Monsieur le Juge, avant que mes parents ne soient assassinés par le dictateur de mon pays, ils m’ont dit : « Federico, le lieu de naissance n’est pas nécessairement le lieu du destin, pars en France avant qu’il ne soit pas trop tard, tu y trouveras un accueil fraternel. »

JUGE : Et quoi encore ! Vos parents auraient dû vous apprendre à être plutôt poli et respectueux de nos lois.

FEDERICO : Monsieur le Juge, puis-je vous poser une question ?

JUGE : Une et une seule.

FEDERICO : Vous ne rêvez pas de la liberté et de la fraternité ?

JUGE : Je ne répondrai pas à votre question, je suis juge de la République française, pas un « rêveur »… Monsieur Federico Garcia Lorca, pour vivre dans le « pays des "droits de l’homme" », mon pays, d’abord, il faut l’aimer et respecter ses lois.

FEDERICO : Monsieur le Juge, mes parents m’ont appris à aimer et respecter les lois, ils m’ont appris aussi que la « loi d’amour » est le fondement de l’amour de la loi.

JUGE : Vous dites encore n’importe quoi, j’en ai assez d’entendre des idioties, je vous condamne à retourner dans votre pays.

FEDERICO : Monsieur le Juge, écoutez-moi, plutôt mourir noyé dans la Seine que de retourner me faire assassiner par les ennemis de la liberté.

JUGE : Ce n’est pas mon problème…

FEDERICO : Monsieur le Juge, permettez-moi de vous dire que sans le rêve des Français en 1789, je ne serais peut-être pas là.

JUGE : Encore n’importe quoi ! Monsieur, assez parlé. Si ça vous chante, faites comme les « autres », écrivez une lettre au président de la République en lui disant que vous voulez « vivre à la française »… En attendant d’être expulsé, vous resterez dans le Centre de rétention où vous serez interrogé par un agent du service antiterroriste. La séance est levée.

Le juge Félon se tourna vers les gendarmes.

JUGE : Messieurs, faites votre devoir !

Puis, il se tourna vers la greffière.

JUGE : Madame, que pensez-vous de l’audience ?

GREFFIÈRE : Monsieur le Juge, votre façon de faire est admirable, vous devriez être nommé formateur à l’École de la magistrature.

JUGE : Madame, j’ai d’autres projets… je préfère m’épanouir sur le terrain. Que faites-vous ce soir ?

GREFFIÈRE : J’ai la garde de mes deux enfants ?

JUGE : Ils sont mignons ?

GREFFIÈRE : Monsieur le Juge, pourquoi me demandez-vous s’ils sont « mignons » ?

JUGE : Comme ça…

***

Quelques jours plus tard… À sept heures du matin au Centre de rétention…

L’INSPECTEUR : Monsieur Federico Garcia Lorca, je suis chargé par la DGSI de vous interroger… je vous conseille d’être sincère.

FEDERICO : C’est quoi la DGSI ?

L’INSPECTEUR : La Direction générale de la sécurité intérieure.

FEDERICO : Je ne suis pas un terroriste !

L’INSPECTEUR : Personne ne vous accuse d’être un terroriste…

FEDERICO : Je soupçonne le juge Félon… il m’a traité comme si j’étais un danger pour la France.

L’INSPECTEUR : Monsieur, s’il vous plaît, parlez-moi de vous.

FEDERICO : Monsieur l’Inspecteur, je n’ai rien à cacher. Je suis un jeune homme espagnol en danger de mort dans mon pays à cause de ma lutte pour la liberté… vous savez, des centaines de milliers de gens sont morts pour la même raison.

J’ai fait des études de philosophie, je n’ai jamais fait de la politique, ni adhéré à aucun parti, mon « crime » est d’avoir osé dénoncer la tyrannie, la superstition haineuse et l’intolérance.

Sachez, Monsieur l’Inspecteur, que les fascistes appelaient mes parents « les fous des Lumières », et moi, « le petit Français ».

L’INSPECTEUR : Pourquoi ?

FEDERICO : Vous allez comprendre pourquoi.