La ruche - José Carcel - E-Book

La ruche E-Book

José Carcel

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Beschreibung

Alexey, jeune cardiologue à l’hôpital Lénine de Moscovik, et Ygor, professeur de psychologie à Saint Petrov, quittent leur emploi pour travailler à la Poste centrale. Ne trouvant pas la source de cette familiarité qui semble exister entre eux, ils recherchent le lieu de leur première rencontre. Cette quête les amène à partager leurs aspirations et interrogations sur ce qu’ils appellent les « ruches » de la vie.


La ruche - Faut-il craindre le psychopathe paranoïde ? est une réflexion de José Carcel sur les « ruches » psychologiques, intrasubjectives et intersubjectives auxquelles nous sommes tous confrontés, sources de guerres, mais aussi de paix.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Psychologue clinicien, José Carcel a exercé dans les hôpitaux et dans les tribunaux en tant qu’expert. Il présente, avec humour, son analyse politique de la société actuelle dans La ruche - Faut-il craindre le psychopathe paranoïde ?

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Seitenzahl: 108

Veröffentlichungsjahr: 2022

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José Carcel

La ruche

Faut-il craindre

le psychopathe paranoïde ?

Roman

© Le Lys Bleu Éditions – José Carcel

ISBN : 979-10-377-6014-2

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Du même auteur

- Au pays de l’autre, éditeur indépendant, 2007 ;
- L’écho des voix et du silence, Éditeur indépendant, 2007 ;
- Le clown pleureur, Édilivre, 2008 ;
- L’échelle, Édilivre, 2008 ;
- La nuit des tambours, Édilivre, 2008 ;
- Le chant des sirènes, Édilivre, 2008 ;
- L’architecte, Édilivre, 2008 ;
- Voyage au-delà du miroir, Édilivre, 2008 ;
- Capucine, passage d’un monde à l’autre, Édilivre, 2008 ;
- Les plus beaux sentiments, Édilivre, 2008 ;
- La dernière rive, Édilivre, 2008 ;
- Le temple invisible, Édilivre, 2008 ;
- Sur le chemin du souvenir, Édilivre, 2008 ;
- Sur le chemin des oubliés, Édilivre, 2008 ;
- Les naufragés de la vie, Édilivre, 2008 ;
- Félix, le père parfait, Édilivre, 2008 ;
- Le visage et le regard, Édilivre, 2008 ;
- La chose, Édilivre, 2008 ;
- Les retrouvailles, Édilivre, 2009 ;
- Quand l’automne arrivera, Édilivre, 2009 ;
- Le fils du poète, Édilivre, 2009 ;
- La bête folle, Édilivre, 2009 ;
- Les mauvais bergers, Édilivre, 2009 ;
- Le petit chercheur, Édilivre, 2009 ;
- L’hystérie de conversion, Édilivre, 2009 ;
- L’autre pays, Édilivre, 2010 ;
- Le cirque universel, Édilivre, 2010 ;
- Le grand rocher, Édilivre, 2010 ;
- Mon île, Édilivre, 2016 ;
- Les quatre mondes de Narcisse, Édilivre, 2016 ;
- Mon enfant a été tué au nom de Dieu, Édilivre, 2016 ;
- L’héritière, Édilivre, 2016 ;
- Le fils de l’autre, Édilivre, 2016 ;
- Le postier et l’homme de lettres, Édilivre, 2016 ;
- Émeraude et moi, Édilivre, 2016 ;
- Un train peut en cacher un autre, Édilivre, 2019 ;
- Le poète disparu, Édilivre, 2019 ;
- Cinq pièces de théâtre, Édilivre, 2019 :
- Quand on n’a que l’amour ;
- Le dimitrisme ;
- La pierre brute ;
- L’emprise ;
- Un heureux évènement ;
- De l’univers psychologique à l’univers initiatique, Édilivre, 2019 ;
- Le procès du procureur Félon, Spinelle, 2021 :
- D’un inconnu à l’autre, Lys Bleu, 2021 ;
- L’espoir sinon rien ! Lys Bleu, 2021 ;
- Le père aliénant, Lys Bleu, 2021 ;
- La médiocrité d’esprit, Le Lys Bleu, 2022.

- Je veux… Au pays des goélands, Le lys Bleu, 2022 ;

- La vallée des loups, Le Lys Bleu, 2022 ;

- Tais-toi sinon, Le Lys Bleu, 2022 ;

- D’un monde à l’autre, Lulu, 2022 ;

- Le sablier de la vie, théâtre, Le Lys Bleu, 2022.

I

En tant que jeune cardiologue promis à un brillant avenir, Alexey avait été nommé chef du service de cardiologie de l’hôpital « Lénine » de Moscovik. Comme le directeur lui demanda autoritairement de faire des économies au détriment de la qualité des soins, il abandonna ses fonctions à la suite du décès « économique » d’un jeune enfant. Aussitôt, il fit des démarches pour trouver un emploi et fut embauché comme postier à la Poste centrale. À 567 kilomètres de Moscovik, Igor, artiste peintre et professeur de psychologie dans la faculté des Beaux-arts de Saint-Petrov, quitta l’enseignement et fut embauché, lui aussi, à la Poste centrale. À cette époque, le monde tremblait face au danger qui se profilait à l’horizon. En effet, déterminés à restaurer l’empire de la Grande Ourse, les anciens du KGB et le Président Poutiner ne songeaient qu’à envahir, d’abord, la Petite Ourse, puis les autres pays ayant fait partie de l’ancien empire. Doté de l’armée du ciel et de terre la plus puissante du monde et d’un arsenal nucléaire terrifiant, le Président Poutiner ne craignait rien ni personne, aussitôt il fit savoir aux dirigeants de la Petite Ourse et du monde entier que la Petite Ourse ferait partie de l’empire, soit par la négociation, soit par la guerre. C’est dans ce contexte qu’un matin, Alexey et Igor se sont rencontrés devant la porte d’entrée de la Poste.

Il était 8 heures. À cinq mètres environ d’Igor, Alexey le regardait d’un air perplexe. Il se disait en secret : « Non, je ne rêve pas, j’ai la sensation de le connaître depuis longtemps, j’en suis sûr ! » Igor, aussi perplexe que son collègue, se disait en secret la même chose.

Persuadés de se connaître depuis longtemps, chacun de son côté se remémorait l’enfance, l’école, les voyages… aucune image, aucun évènement, aucun souvenir ne venait confirmer leur « certitude »… Alors désireux de savoir plus, Alexey s’approcha d’Igor et prit les devants…

— Je m’appelle Alexey.

— Moi, c’est Igor.

— Igor, excuse-moi, c’est plus fort que moi, il faut que je te parle.

— C’est bizarre, j’allais te dire la même chose… De quoi veux-tu me parler ?

— C’est étrange, je n’ai aucun souvenir de t’avoir rencontré avant, pourtant j’ai la sensation diffuse de te connaître depuis longtemps…

— Alexey, c’est drôle, j’ai la même sensation. J’ai beau chercher dans ma mémoire, je ne trouve pas le lieu où je t’ai vu la première fois.

— Moi non plus… Igor, c’est peut-être une illusion.

— Je ne le pense pas. Ma grand-mère dit que les sensations n’ont rien à voir avec les illusions, elle pense qu’il y a toujours un évènement réel derrière les sensations…

— Alors si ce n’est pas une illusion, il faut le trouver.

— J’en parlerai à ma grand-mère, elle connaît bien ce qu’elle appelle « le monde des sensations »…

— C’est bizarre, mon grand-père en parlait aussi ! Tu sais, les histoires de grands-mères et de grands-pères…

— Eh ! Oh ! Ma grand-mère ne raconte pas d’histoires…

— Excuse-moi, je ne voulais pas te vexer. Dis-lui un mot, j’aimerais savoir ce qu’elle en pense.

— D’accord.

— Au fait, où es-tu né ?

— À Moscovik.

— Moi aussi !

— Igor, quelle est ta date naissance ?

— Le 04/04/1995.

— C’est extraordinaire, je suis né moi aussi le 04/04/1995 à dix-sept heures !

— Moi, à 18 heures !

— Dans quel quartier as-tu habité ?

— Je n’ai pas grandi à Moscovik, mes parents ont déménagé sur la Petite Ourse quand j’avais six mois. Nous sommes revenus 15 ans plus tard à la Grande Ourse, juste après la déclaration de l’indépendance de la Petite Ourse. As-tu une idée du lieu où tu aurais pu me voir ?

— Non. Au début je pensais t’avoir vu à l’école primaire de monsieur Lépinov… quel abruti !

— Impossible, j’ai fait l’école primaire à Kasparov, un village pittoresque de la Petite Ourse. Qui est monsieur Lépinov ?

— C’était un instituteur affreux… un pur « produit » du système idéologique du KGB.

— Comme le Président de la Grande Ourse ?

— Oui !

— Raconte, ça m’intéresse.

— Je me souviens de monsieur Lépinov… il avait l’esprit borné et le cœur amer. Grand admirateur du Président, il appliquait à la lettre ses recommandations « pédagogiques ». Quand nous sortions des voies qu’il nous avait tracées, il nous enfermait aussitôt dans une petite pièce sombre, délabrée, sans fenêtre, qu’il appelait joyeusement le trou de réflexion ! Insensible aux pleurs des enfants, il disait au directeur : « Faites-moi confiance, je veux faire de ces sauvages des hommes aussi dociles et laborieux que les abeilles »… L’idiot ! C’était plus fort que lui, il ne pensait qu’à faire de nous des « abeilles »…

— Ça ne m’étonne pas, tous les petits et grands dictateurs prennent les citoyens pour des « abeilles ».

— Igor, penses-tu que le président Poutiner est un dictateur ?

— Bien sûr ! Seul un dictateur peut songer à la restauration de l’empire par les armes…

— Pour moi, c’est un fou paranoïaque…

— Non, Alexey, il n’est pas « fou », c’est un psychopathe paranoïde. Ce n’est pas la même chose.

— Monsieur Lépinov lui ressemblait… Un matin, alors qu’il lisait le journal, je m’amusais à chanter dans la cour de récréation devant mes camarades :

Je poutine !

Tu poutines !

Il poutine !

Stupéfait par ce qu’il entendait, il me demanda :

— À quoi joues-tu ?

— Monsieur, je conjugue le verbe « poutiner » !

— Le verbe « poutiner » n’existe pas. Réponds à ma question, à quoi joues-tu ?

— Monsieur, c’est un secret !

— Tu te moques de moi ?

— Je ne me moque de personne…

— Je ne me moque de personne, monsieur Lépinov ! Dis-le haut et fort pour que tes camarades l’entendent.

— Je ne me moque de personne, monsieur Lépinov !

— Insolent ! Va au trou de réflexion !

Au-dessus de la porte d’entrée du « trou », il avait écrit : Le trou rend docile et laborieux.

En rentrant à la maison, je dis mon grand-père :

— Je ne veux plus aller à l’école.

— Pourquoi mon grand ?

— Je ne veux pas devenir un homme aussi docile et laborieux que les abeilles.

— Tu t’en rends compte ? J’avais à peine sept ans quand il m’obligea à aller dans « le trou de réflexion ».

— Alexey, d’autres avant lui envoyaient les gens dans le trou, ils l’appelaient soit le « camp de la mort », soit le « Goulag ».

— Igor, comme le montre l’actualité, vingt-six ans plus tard, rien n’a changé, le Président est plus dangereux que jamais, il nous « enfume » par tous les moyens, nous n’avons d’autres horizons que d’être dociles et laborieux comme les abeilles ou d’aller dans le « trou »…

— Eh oui, force est de constater qu’en vieillissant, il ne s’arrange pas, il ne songe qu’à devenir le « maître du monde »…

— Igor, c’est inquiétant, pour atteindre son but, il serait capable d’anéantir les trois-quarts de la planète…

— Veux-tu que je te dise ? Il est surdéterminé par les forces obscures qui peuplent son âme depuis son jeune âge.

— Que veux-tu dire ?

— Il est psychopathe, et comme tous les psychopathes il souffre du « défaut fondamental ».

— C’est-à-dire…

— Il vit dans la croyance qu’il n’est pas « aimable », qu’il n’est pas digne d’amour, qu’il n’a jamais été aimé.

— Igor, ça fait peur…

— Oui, avec lui, il y a de quoi avoir peur, on peut s’attendre à tout.

— Igor, penses-tu vraiment qu’il n’est pas fou ?

— Non, je t’ai déjà qu’il n’est pas fou, il est psychopathe paranoïde.

— Explique…

— La relation qu’il entretient avec l’autre, avec lui-même et avec le monde n’a rien à voir avec la psychose paranoïaque au sens psychiatrique du terme. Cela veut dire qu’il est conscient de ses actes, qu’il est responsable de ce qu’il fait. Bien sûr, la frontière qui sépare la psychopathie et la paranoïa est très fragile. Du point de vue symptomatique, elles se ressemblent, mais elles obéissent à des logiques internes distinctes. Si le Président Poutiner était paranoïaque, nous aurions moins de raisons de nous inquiéter, hélas, il se situe et situe le monde comme le font les psychopathes… Seul le désir d’emprise amoral, cruel et destructeur guide sa pensée ! Je te l’ai déjà dit, il souffre du « défaut fondamental », alors il ne lui reste que la vengeance…

— Penses-tu que les critiques de ses opposants ne le feront pas réfléchir ?

— Pas du tout, bien au contraire. À mon avis, elles ne feront que renforcer sa « croyance »… Tu sais, les critiques viendront confirmer qu’il est victime de tous, alors rien ne l’arrêtera car les mécanismes paranoïdes latents de sa personnalité risquent d’apparaître au grand jour. Le danger est là.

— Sois plus précis.

— Alexey, les critiques risquent de réactiver sa blessure inconsciente et d’ouvrir la porte à toutes ses tendances « folles ». D’ailleurs, comme tout bon psychopathe, il ne cesse d’annoncer « l’apocalypse ».

— Tu parles comme un psychologue clinicien.

— Alexey, je suis psychologue clinicien.

— Tu as étudié les profondeurs de l’âme ?

— Je les ai étudiées superficiellement, les « profondeurs de l’âme » restent encore à explorer.

— Igor, je suis content d’échanger avec toi. Plus je te regarde et plus je me dis que tu n’es pas un inconnu pour moi. Il faut que je trouve le lieu où je t’ai vu la première fois.

***

Alexey fit des recherches auprès de ses parents et de la maternité où il était né. À sa grande surprise, il découvrit qu’Igor était né dans la même maternité que lui et qu’ils avaient partagé la même chambre pendant quinze jours. Troublé par sa découverte, il s’empressa de lui téléphoner.

— Je n’en reviens pas, tu ne me croiras pas…

— Je t’écoute.

— Nous sommes nés le même jour, à une heure d’écart, dans la même maternité…

— Dans la même maternité ?

— Oui, dans la maternité « Joielov » ! J’ai appris aussi qu’à cause de la coqueluche, nous avons séjourné dans la même chambre quinze jours environ.

— Et voilà l’explication ! Alexey, c’est clair, c’est là que nos regards se sont croisés la première fois !