L’oncle d’Amérique E-Book

José Carcel

• Herausgeber: Le Lys Bleu Éditions
• Kategorie: Gesellschafts- und Liebesromane
• Sprache: Französisch

Seitenzahl: 98

Veröffentlichungsjahr: 2023

Beschreibung

Deux hommes d’affaires, Désiré et Jean, font fortune, l’un dans le rachat des entreprises en faillite et l’autre dans l'immobilier. Aux prises avec un sentiment de culpabilité, ils prennent une bien singulière décision…


À PROPOS DE L'AUTEUR 


Psychologue clinicien, José Carcel a exercé dans plusieurs hôpitaux et tribunaux en tant qu’expert. Par ailleurs, il est auteur de plusieurs œuvres dont Fraternité, où es-tu ? et Le sablier de la vie.

Leseprobe

José Carcel

L’oncle d’Amérique

Le don et la dette

© Lys Bleu Éditions – José Carcel

ISBN : 979-10-377-9195-5

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Du même auteur

- Au pays de l’autre, 2007, Éditeur Indépendant ;

- L’écho des voix et du silence, 2007, Éditeur Indépendant ;

- Le clown pleureur, 2008, Edilivre ;

- L’échelle, 2008, Edilivre ;

- La nuit des tambours, 2008, Edilivre ;

- Le chant des sirènes, 2008, Edilivre ;

- L’Architecte, 2008, Edilivre ;

- Voyage au-delà du miroir, 2008, Edilivre ;

- Capucine, passage d’un monde à l’autre, 2008, Edilivre ;

- Les plus beaux sentiments, 2008, Edilivre ;

- La dernière rive, 2008, Edilivre ;

- Le temple invisible, 2008, Edilivre ;

- Sur le chemin du souvenir, 2008, Edilivre ;

- Sur le chemin des oubliés, 2008, Edilivre ;

- Les naufragés de la vie, 2008, Edilivre ;

- Félix, le père parfait, 2008, Edilivre ;

- Le visage et le regard, 2008, Edilivre ;

- La chose, 2008, Edilivre ;

- Les retrouvailles, 2009, Edilivre ;

- Quand l’automne arrivera, 2009, Edilivre ;

- Le fils du poète, 2009, Edilivre ;

- La bête folle, 2009, Edilivre ;

- Les mauvais bergers, 2009, Edilivre ;

- Le petit chercheur, 2009, Edilivre ;

- L’hystérie de conversion, 2009, Edilivre ;

- L’autre pays, Edilivre, 2010 ;

- Le cirque universel, Edilivre, 2010 ;

- Le grand rocher, Edilivre, 2010 ;

- Mon île, Edilivre, 2016 ;

- Les quatre mondes de Narcisse, Edilivre, 2016 ;

-Mon enfant a été tué au nom de Dieu, Edilivre, 2016 ;

- L’héritière, Edilivre, 2016 ;

- Le fils de l’autre, Edilivre, 2016 ;

- Le postier et l’homme de lettres, Edilivre, 2016 ;

- Émeraude et moi, Edilivre, 2016 ;

- Un train peut en cacher un autre, Edilivre, 2019 ;

- Le poète disparu, Edilivre, 2019 ;

- Désirs mis en scène, Edilivre, 2019, 5 pièces de théâtre :

• Quand on n’a que l’amour ;

• Le dimitrisme ;

• La pierre brute ;

• L’emprise ;

• Un heureux évènement ;

- D’un monde à l’autre, 2020, Lulu ;

- De l’univers psychologique à l’univers initiatique, 2019, Edilivre ;

- Quelque chose plutôt que rien, 2020, Lulu ;

- Le procès du Procureur Félon, Spinelle, 2022 ;

- D’un inconnu à l’autre, théâtre, 2022, Le Lys Bleu Éditions ;

- L’Espoir sinon rien ! 2022, Le Lys Bleu Éditions ;

- Le père aliénant, 2022, Le Lys Bleu Éditions ;

- La médiocrité d’esprit, 2022, Le Lys Bleu Éditions ;

- Je veux… Au pays des goélands, 2022, Le Lys Bleu Éditions ;

- La Vallée des Loups, 2022, Le Lys Bleu Éditions ;

- Tais-toi sinon, 2022, Le Lys Bleu Éditions ;

- Le sablier de la vie, théâtre, 2022, Le Lys Bleu Éditions ;

- Fraternité où es-tu ? théâtre, 2022, Le Lys Bleu Éditions ;

- La ruche, 2022, Le Lys Bleu Éditions ;

- Mourir à la française, 2022, Le Lys Bleu Éditions ;

- Vie, mort, morts symboliques, 2022, Le Lys Bleu Éditions ;

- Justice, où es-tu ?, 2022, Le Lys Bleu Éditions ;

- Force de vivre, force d’exister, 2022, Le Lys Bleu Éditions ;

- Les « égarés », 2022, Le Lys Bleu Éditions ;

- Ainsi parlait Lalimace. La maltraitance conjugale, Théâtre, 2022, Le Lys Bleu Éditions ;

- Le cri existentiel !, 2022, Le Lys Bleu Éditions ;

- L’écrivain, 2023, Le Lys Bleu Éditions ;

- Carmencita : Le regard des aveugles, 2023, Le Lys Bleu Éditions.

I

Il était âgé de 30 ans lorsqu’à la surprise de son entourage Désiré abandonna l’enseignement de la philosophie à la faculté de lettres « l’Espoir » et décida d’entrer dans le monde des « affaires ». Trois ans plus tard, celui que les étudiants avaient surnommé le « penseur du bonheur » était déjà admiré comme le plus grand parmi les grands hommes d’affaires du pays. Considéré comme un génie dans le milieu des « affaires », il était sollicité sans cesse par les journalistes, les banquiers et les autorités gouvernementales pour parler de son « art » dans le redressement des entreprises en faillite… À l’époque, à cause d’une crise économique d’une grande gravité, les entreprises étaient contraintes de fermer la porte les unes après les autres. Désiré était le seul capable, disait le ministre de l’Industrie, de leur redonner une nouvelle vie. Jour après jour, fier de son savoir-faire, il sillonnait fébrilement le pays à la recherche d’entreprises en difficulté, les achetait pour un euro symbolique, les redressait, puis les revendait à un prix exorbitant. Malgré ses succès, il n’était pas heureux, ses proches disaient que ses yeux reflétaient une lueur de profonde tristesse qui s’accentuait de jour en jour. À l’âge de 50 ans alors qu’il avait atteint le sommet de la gloire, sa vie bascula tout à coup lorsqu’une nuit il fit un rêve où il entendit une voix qui lui disait : « Désiré, les affaires te perdront ! ». Inquiet par ce qu’il avait entendu, il arrêta aussitôt ses activités lucratives. Déterminé à comprendre le sens du message « les affaires te perdront » il consulta un psychologue qui lui dit : « Monsieur, vous n’êtes pas psychotique, je vous invite à repenser votre vie ».

Un soir, alors qu’il regardait nostalgique les étoiles, il s’aperçut tout à coup qu’il ne rêvait plus comme à l’âge de vingt ans de faire de sa vie une « œuvre d’art ». Le lendemain, troublé par sa découverte, il se rendit de bonne heure chez son meilleur ami, Manuel, et lui dit d’une voix saccadée :

— Manuel, j’ai décidé de quitter le monde des affaires.

Manuel recula de trois pas et s’exclama :

— Quoi ? Qu’est-ce qui te prend tout à coup ? Es-tu tombé sur la tête ?

Après un long silence, Désiré essuya les larmes qui coulaient sur ses joues et lui dit :

— J’ai besoin d’autre chose…

— Ça y est, les anciens amours sont de retour ! Pourtant tu étais si fier d’être riche, d’être devenu le meilleur homme d’affaires de la Nation ! qu’est-ce que tu veux chercher de plus ?

— J’ai besoin de retrouver mes rêves d’antan… c’est plus fort que moi…

— Mon ami Désiré, je suis fier de toi… à vingt ans, souviens-toi, moi, je rêvais de bâtir « le temple de l’humanité » – j’en rêve encore – toi, tu ne songeais qu’à faire de ta vie « une œuvre d’art »…

Soudain, on frappa à la porte. Manuel s’empressa de l’ouvrir.

— Dimitri, tu tombes bien.

— De quoi parliez-vous ?

— De nos rêves de jadis…

— Vos rêves de jadis sont morts…

Désiré rebondit.

— Non Dimitri, les rêves ne meurent jamais, on peut les oublier à tout instant mais ils reviennent en force dans toutes les phases de la vie…

— Arrête Désiré, tu me fais rire avec tes vieux rêves…

— Ils sont importants pour moi… ça t’étonne ?

— Venant de toi, ça ne m’étonne pas, rien ne m’étonne. Tu es inguérissable… À 50 ans, tu songes vraiment à faire de ta vie une « œuvre d’art » ?

— Bien sûr !

Dimitri se tourna vers Manuel.

— Il ne changera jamais. Laisse-moi faire, je vais lui faire changer d’avis.

— Je vous laisse entre vous, je vais faire une course. À tout à l’heure.

Dimitri interpella Désiré.

— Es-tu prêt à dialoguer avec moi ?

— Avec plaisir.

— Parle-moi des vents qui soufflent dans ton esprit.

— Dimitri, j’ai eu tort de chercher le bonheur dans l’argent…

— Tu regrettes d’avoir réussi à devenir milliardaire ?

— Je suis devenu riche grâce au malheur des autres.

— Arrête Désiré, tu es devenu riche grâce à ton travail.

— Non, je suis devenu riche grâce à la détresse des autres, personne ne devient milliardaire grâce à son travail personnel.

— Tu peux être fier de ta fortune, tu as de quoi t’offrir tout ce que tu veux.

— Dimitri, j’ai eu tort de croire au « dieu argent ». C’est le refuge de l’homme sans rêves que j’étais devenu.

— Tu dis n’importe quoi.

— Dimitri, mes rêves sont de retour…

— Mon ami Désiré, tes rêves te perdront !

— Non Dimitri, ils m’aideront à me retrouver…

— Dis-moi, de quoi rêves-tu aujourd’hui ?

— Si je te le dis, promets-moi de ne pas te moquer de moi.

— Promis !

— J’aimerais consacrer ma vie à planter des arbres aux fruits d’or au beau milieu du désert…

— Quelle belle métaphore ! Tu fais fausse route, rien ne pousse dans le désert, « tes arbres » ne pourront pas survivre à la chaleur et au froid du désert.

— Dimitri, les arbres dont je rêve peuvent survivre à la chaleur et au froid !

— Arrête, les arbres aux fruits d’or n’existent pas.

— Pour moi, ils existent en moi, ils ont toujours existé dans le cœur et l’esprit des gens.

— Écoute, Désiré, les rêves ne sont que des rêves… la pensée magique a eu son temps de gloire, maintenant, nous sommes entrés dans l’ère de la science et du pragmatisme.

— Que veux-tu dire ?

— C’est simple, les affaires et la science ont pris la place des rêves. Désiré, réveille-toi, désormais nous n’avons plus besoin de rêver pour progresser et être heureux…

— Je ne suis pas d’accord avec toi.

— Bon sang, pourquoi veux-tu mettre le rêve impossible au centre de ta vie ? Excuse-moi de te dire que ta démarche n’est plus d’actualité…

— Je sais, comme toi, la plupart de nos contemporains ne songent qu’à la satisfaction de leurs besoins. C’était aussi mon cas, heureusement, j’ai retrouvé ma soif d’absolu.

— La soif d’absolu… c’est une chimère dépassée et même très dangereuse.

— Pourquoi le désir d’absolu est-il si dangereux ?

— Tu es bien placé pour le savoir, as-tu oublié qu’à cause du « désir d’absolu » des uns la planète est devenue souvent une vallée de larmes pour les autres ?

— J’en suis conscient.

— Écoute Désiré, oublie tes anciens amours, il faut être réaliste, pragmatique et s’adapter à la philosophie de son temps. Crois-tu que les gens cherchent l’absolu ? Non, ils s’en fichent royalement. Le monde a beaucoup évolué, il faut que tu l’acceptes.

— Dimitri, avec l’absence du désir d’absolu le monde se meurt peu à peu, il ressemble de plus en plus à une ruche, il faut que tu acceptes aussi que nous ne sommes pas des abeilles… Certes, comme les abeilles, nous sommes assujettis à des besoins mais elles ne sont pas assujetties à la force des désirs.

— Désiré, à mon avis, le mieux serait de laisser de côté les désirs et les rêves et d’envisager la vie sous l’angle des besoins.

— Et quoi encore ! Traiter l’homme uniquement sous l’angle des besoins, c’est la négation même de l’humanité.

— Désiré, ça fait des années que tu me casses la tête avec tes idées hors sol sur le désir… l’essentiel c’est la satisfaction des besoins.

— Tu fais erreur.

— Alors je t’écoute…

— Écoute bien. Au-delà de leurs modalités d’expression, on peut envisager le désir et le besoin comme les deux faces d’un seul et même problème. Les traiter séparément serait, à mon avis, une erreur. Les gens parlent du « besoin » et du « désir » comme s’ils signifiaient deux réalités radicalement distinctes, indépendantes l’une de l’autre, l’une concernant strictement l’animalité, l’autre l’humanité. Que l’homme soit un sujet de désir ne l’épargne pas d’être aussi comme l’animal un sujet de besoin, c’est incontestable. L’important est de savoir que seul l’homme est un être de désir.