Mahomet ou Mouhammad ? - Nas E. Boutammina - E-Book

Mahomet ou Mouhammad ? E-Book

Nas E. Boutammina

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Mahomet ou Mouhammad ? Ce Messager divin révèle les valeurs humaines qui marquent les débuts des réformes uniques dans les annales de l’Histoire. Il s’agit de la libération de l’Humanité du joug de l’Ignorance et de l’Obscurantisme. Les croyances insensées de l’Humanité avaient des racines si profondes, les entraves de l’irrationnel et de la Tradition étaient si solides, que seule la confiance absolue en Dieu pouvait lui garantir le succès. Quelle est cette force qui lui permet de réussir son entreprise titanesque ? C’est l’amour de l’Humanité et le souci de sa destinée [vie ici-bas et l’au-delà] qui caractérise le plus singulièrement la vie de ce Messager illettré. Plus que l'apparition d'un esprit critique loin des préjugés et de la superstition, c’est l’Humanité qui s’éveille au sentiment de la dignité humaine et du désir d’agir de la façon la plus noble, c’est à dire être au « Service de l’Humanité » !

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Veröffentlichungsjahr: 2015

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« Est-ce que celui qui se fonde sur une preuve évidente [le Qour’ãn - Coran] venant de son Seigneur et récitée par un témoin [Malāk Jībrīyl] de Sa part [peut-il être l'égal du mécréant qui ne se fonde sur aucune preuve] ? Et certes, avant lui [ce Coran] il y a eu le Livre de Moūwça tenant lieu de guide et de miséricorde... Ceux-là [qui se fondent sur des preuves évidentes] y croient [à ce Coran] ; mais quiconque d'entre les factions [les Hādoūw, les Nāçāra et tous les non musulmans] n'y croit pas, aura le feu comme rendez-vous. Ne sois donc pas [ô Moūhammad] en doute au sujet de ceci [le Coran]. Oui, c'est la vérité venant de ton Seigneur ; mais la plupart des gens n'y croient pas » (Coran, 11-17)

Table des matières

Avant-propos

Introduction

I - Le Raçoūl Moūhammad

A - L’Islam naissant

1 - Raçoūl Allah [Messager d’Allah]

II - Conviction du Dieu unique, Auteur de l’Univers

III - Accomplissement de la Çalāt

IV - Unité du genre humain

V - La formation du caractère

VI - Être au service de l’Humanité

A - La pratique de l’altruisme

VII - L’activité et l’effort

VIII - La richesse

IX - L’Etat

X - La Démocratie

XI - La dignité de la condition humaine ou principe de la conception réelle de l’Univers

XII - L’objectif ultime

Conclusion

Index alphabétique

Avant-propos

Le Coran [Al-Qour’ãn] demeure la seule source authentique qui garantie la réalité des faits protohistoriques et historiques. Par « historique », on entend l’ensemble des évènements passés étudiés par la Science, telle que l’a conçue le père fondateur des Sciences Humaines [Histoire, Sociologie, Economie, etc.] A.R. Ibn-Khaldun1.

On ne peut se fier aux traditions écrites ou orales véhiculées tout au long des siècles car les faits concrets sont inexistants, et les critères très contestables [antihistoriques] fourmillent pour démêler l’historique du légendaire, la chronique de la mythologie.

Ainsi, les Anbīyā [Nbīyā - « Prophètes »] et les Roūçoūl [« Messagers »] sont dépeints dans le Coran d’une manière telle que les incertitudes quant à leur réalité, la chronologie des événements de leur mission et l’environnement où se déroulent leurs actions sont évoqués de façon concise et avérée. Le Coran est donc la seule source historique que nous possédons dont la réalité, l'exactitude est incontestable.

1 A.R. IBN-KHALDUN [1332-1406], « Al-Muqaddima [« Les Prolégomènes ou Introduction »] »

Introduction

« En effet, vous avez dans le Raçoūl Allah [Messager d’Allah Moūhammad] un excellent modèle [à suivre], pour quiconque espère en Allah et al-Yāwm al-Lākhīrā [le Jour Dernier] et évoque Allah fréquemment. » (Coran, 33-21)

Certains le respectent, d’autres le vilipendent, mais très peu saisisse sa personnalité et encore moins son œuvre. En effet, appréhender le Raçoūl Moūhammad, c’est découvrir un trait de caractère, un état d’esprit, une force d’âme qui est une prédisposition innée aux sentiments élevés et aux hautes valeurs humaines.

Par l’expression : « vous avez dans le Raçoūl Allah [Messager d’Allah Moūhammad ] un excellent modèle », il est question d’un modèle de vertu et non un modèle vestimentaire [porter une barbe, une coiffe sur la tête et s’accoutrer d’une djellaba].

Allah souligne par là les aptitudes vertueuses [abnégation, altruisme, ouverture d’esprit, compassion, bonté, tolérance, patience, etc.], il n’est pas question de se déguiser en Raçoūl.

Aussi, il ne s’agit nullement d’une marque éphémère de tempérament basée sur une imitation superficielle et stérile. Celle de répéter mécaniquement ce que le Raçoūl adit, mais au contraire d’expérimenter réellement au quotidien ce qu’il a fait.

Là, est la véritable connaissance des préceptes du Raçoūl, cet instructeur si particulier fondateur d’une école si particulière : l’Ecole musulmane !

I - Le Raçoūl Moūhammad

Le Raçoūl Moūhammad [570-632] est, parmi les Roūçoūl et Anbīyā [ou Nbīyā - par exemple, Noūh, Moūwç a, Haroūwn, Ibrāhiym, Hiyça ibn Māryām] celui que l’on connait le mieux. Il est le seul Raçoūl et Nābi dont nous savons les pérégrinations de sa vie.

Raçoūl est le seul personnage historico-religieux dont nous connaissons sa biographie et le développement de la Révélation qui lui a été confiée par Allah. La date et l’endroit de sa naissance [Mākkāh -La Mecque], la zone géographique de sa Mission, la date de sa mort et l’endroit où il est enterré [Médine -Yāthrīb] sont parfaitement connus.

A - L’Islam naissant

1 - Raçoūl Allah [Messager d’Allah]

Le Raçoūl Moūhammad développe et positionne l’idée qui place au-dessus de toutes les valeurs, la personne humaine et la dignité de l'individu.

Le Raçoūl diffuse et révèle à ses contemporains les valeurs humaines qui marquent les débuts des réformes où s’adjoint tout naturellement l'esprit de liberté et d'indépendance. Les valeurs que le Raçoūl enseigne permettent une nouvelle libération des hommes et l'apparition d'un esprit critique loin des préjugés et de la superstition. L’amour de l’Humanité est un des fondements et un des élans manifestant l’amour divin !

Ce qui caractérise le plus singulièrement la vie du Raçoūl2, c’est l’étonnante réussite de son entreprise. La transformation qui s’était réalisée en moins d’un quart de siècle n’a point de parallèle dans les annales de l’Histoire.

On ne saurait citer aucun autre réformateur isolé qui est changé à ce point l’existence d’un ensemble de populations, répandues sur un vaste territoire. Aucun, à vrai dire, n’a trouvé son peuple enfoncé dans une dégradation pareille à celle des Arabes lorsque naquit Moūhammad. Aucun ne l’éleva matériellement, moralement et spirituellement au même niveau qu’il conduisit une petite partie des Arabes.

Leur idolâtrie avait des racines si profondes, les entraves de la superstition et de la coutume étaient si solides, que les efforts de propagande des Hādoūw3 et des Nāçāra4, poursuivis pendant plusieurs siècles consécutifs et appuyés matériellement par de puissants Etats n’a pu amener le moindre changement dans leur condition.

Un mouvement proprement arabe, celui des Hanif, avait rencontré un échec encore plus signalé. Toutes ces tentatives de réforme ont laissé les Arabes, dans l’ensemble, aussi ignorants que jamais des principes de la religion et de la moralité.

Mais vingt-trois ans d’efforts du Raçoūl les ont métamorphosés un petit groupe de la population. Le culte des idoles ou de tout objet autre que Dieu, soit au ciel, soit sur la terre, leur paraît maintenant être une honte pour l’Humanité. Dans toute l’Arabie, on pouvait s’indigner des idoles.

Les populations qui ont compris le Message s’éveillent au sentiment de la véritable dignité humaine et comprennent qu’il est insensé de se prosterner devant des choses sur lesquelles l’Homme est fait pour régner ou devant des forces qu’il est appelé à vaincre. En conséquence, dans les territoires limitrophes de l’Arabie [Iraq, Perse, Maghreb, etc.] la superstition et les mythes font place à une croyance rationnelle, à la naissance de l’esprit cognitif, logique et scientifique5 !

Une petite minorité d’Arabes, des non-bédouins, n’est pas seulement purgée de ses vices invétérés, de son immoralité éhontée ; elle est enflammée du désir d’agir de la façon la meilleure, la plus noble, au service non pas de son pays et de sa population, mais de l’Humanité, ce qui est beaucoup plus méritoire !

Les vieilles coutumes dont la pratique est pleine d’injustice pour le faible et l’opprimé sont balayées comme par la baguette d’un magicien. Des lois justes et raisonnables les remplacent.

L’ivrognerie à laquelle les Arabes s’étaient adonnés de tout temps se décroit si bien que les vases qui servaient à conserver le vin et à le boire disparaissaient.

La passion des jeux s’amenuisait ; les mœurs sexuelles, très relâchées naguère, deviennent extrêmement respectueuses de la chasteté. Ces mêmes Arabes qui s’enorgueillissent de leur ignorance désiraient ardemment apprendre à lire et à écrire.

« Et cramponnez-vous tous ensemble au Hābl [câble, c’està- dire le Coran d'Allah et ne soyez pas divisés ; et rappelezvous le bienfait d'Allah sur vous : lorsque vous étiez ennemis, c'est Lui qui réconcilia vos cœurs. Puis, par Son bienfait, vous êtes devenus frères [en Islam]. Et alors que vous étiez au bord d'un abîme de feu, c'est Lui qui vous en a sauvés. Ainsi, Allah vous montre Ses Āyāt afin que vous soyez bien guidés » (Coran, 3-103)

Ce qui est encore plus surprenant, c’est que de cette Arabie constamment déchirée par des guerres intestines où le pays comme le dit laconiquement ce verset du Coran a risqué sa perte, de ces éléments discordants et trop combatifs, le Raçoūl a su faire, du moins jusqu’à sa mort, une communauté unie, pleine de vitalité et d’énergie, à tel point que devant sa marche irrésistible, les plus puissants royaumes s’écroulent devant la vérité de la foi nouvelle.

Jamais un homme n’a insufflé une vie neuve à un si vaste ensemble hors d’Arabie. Toutes les branches de l’activité humaine s’en ressentent. Elle métamorphose l’individu, la famille, la société, la communauté, le pays ; c’est un réveil matériel et moral, intellectuel et spirituel à la fois.

W. Muir déclare : « Les perspectives de l’Arabie avant Mahomet sont aussi peu favorables à toute réforme religieuse qu’à l’union politique ou à une régénération nationale. A la base des croyances arabes, il y a une idolâtrie invétérée qui a résisté pendant des siècles, sans se laisser sensiblement entamer, à tous les efforts d’évangélisation venus d’Égypte ou de Syrie6. »

Durant la jeunesse de Raçoūl, l’attitude de la péninsule est conservatrice au dernier point : jamais peut-être auparavant, une entreprise de réforme n’avait paru plus désespérée.

Quand les résultats semblent dépasser beaucoup les forces de l’homme, on invente volontiers des causes fantômes pour expliquer ces résultats. Le Raçoūl surgit, et aussitôt les Arabes s’éveillent à une vie spirituelle toute nouvelle ; d’où l’on déduit que le désir de ce changement fermentait déjà et que l’Arabie était prête à l’accueillir. Mais pour nous qui pouvons contempler le passé à tête reposée, c’est une hypothèse que dément l’histoire préislamique.

Les influences très faibles et très passagères du Hādoūwisme et du Nāçāraïsme, de la recherche philosophique sur la mentalité arabe n’avaient guère eu plus d’effet qu’une brise légère sur un lac tranquille ; audessous des rides de la surface, tout restait immuable.

La population était enfoncée dans la superstition, la cruauté et les vices. Sa religion n’était qu’une grossière idolâtrie, sa foi, une terreur superstitieuse et sombre des forces invisibles. Treize ans avant l’Hījrā [Hégire], Mākkāh [La Mecque] était plongée dans cette déchéance léthargique. Quelle transformation ces treize années n’apportent-elles pas !

Ce n’est qu’à l’appel du Raçoūl qu’une partie des Arabes citadins se réveillent de leur somnolence et d’un seul bond se jettent dans une vie nouvelle et réfléchie7. En réalité, la ferveur islamique n’a touchée que les Arabes de Mākkāh et une infime minorité de tribus, en fait un nombre insignifiant.

L’Islam a à peine effleuré la majorité des tribus bédouines qui ne se sont « converties » à cette religion que du bout de la langue et pour bénéficier du statut de musulman. Leur principal intérêt était centré sur l’action belliqueuse, la convoitise de butins et l’attrait des razzias !

A.R. Ibn-Khaldun [1332-1406] 8, le fondateur des Sciences humaines analyse l’ethnie arabe d’une manière remarquable dans son monumental ouvrage9. Cet examen pertinent rédigé au XIVe siècle ne perd en rien de sa valeur sociologique, anthropologique et ethnique au XXIe siècle concernant les Arabes, c’est à dire les peuplades des pays du Golfe : Koweït, Bahreïn, Qatar, Sultanat d’Oman, les Émirats Arabes Unis [E.A.U.], Arabie et Yémen : « Les pays conquis par les Arabes s’écroulent. Les Arabes sont une nation sauvage [umma wakhshyya], aux habitudes de sauvagerie invétérées. La sauvagerie est devenue leur caractère et leur nature. Ils s’y complaisent, parce qu’elle signifie qu’ils sont affranchis de toute autorité et de toute soumission au pouvoir. Mais cette attitude naturelle est incompatible [nunafiya] et en contradiction [munaqida] avec la civilisation [umran]. Toutes les habitudes des Arabes les conduisent au nomadisme et au déplacement. Or, c’est là l’antithèse et la négation de la sédentarisation [maskun], qui produit la civilisation. Par exemple : les Arabes ont besoin de pierres pour leurs foyers et leur cuisine, ils les prennent aux maisons qu’ils détruisent dans ce but. Ils ont besoin de bois pour leurs tentes, pour les étayer et en faire des piquets : ils abattent les toits, pour en tirer le bois dans ce but. La véritable nature de leur existence est la négation de la construction [bina], qui est le fondement de la civilisation. Tel est, généralement, leur cas. De plus, c’est leur nature de piller autrui. Ils trouvent leur pain quotidien à l’ombre de leurs lances [rizqu-hum fi zilal rimakhi-him]. Rien ne les arrête pour prendre le bien d’autrui. Que leurs yeux tombent sur n’importe quel bien, mobilier ou ustensile, et ils s’en emparent. S’ils arrivent à la domination et au pouvoir royal, ils pillent tout à leur aise. Il n’y a plus rien pour protéger la propriété et la civilisation est détruite.

D’autre part, étant donné qu’ils fon travailler de force les artisans et les ouvriers, le travail leur paraît sans valeur et ils refusent de le payer. Or, comme on le verra plus loin, le travail est le fondement du profit [al-ahmal, aslu al-makasib]. Si le travail n’est pas apprécié, s’il est fait pour rien, l’espoir de profit disparaît, et le travail n’est pas productif. Les sédentaires se dispersent et la civilisation décline.

Autre chose encore : les Arabes ne portent aucun intérêt [inaya] aux lois [akh-kam]. Ils ne cherchent pas à dissuader les malfaiteurs ou à assurer l’ordre public. Ils ne s’intéressent [hammu-hum] qu’à ce qu’ils peuvent soustraire aux autre sous forme de butin et d’impôt. Quand ils ont obtenu cela, ils ne s’occupent ni de prendre soin des gens, ni de suivre leurs intérêts, ni de les forcer à se bien conduire. Ils lèvent des amendes sur les propriétés, pour en tirer quelque avantage, quelque taxe, quelque profit. Telle est leur habitude. Mais elle n’aide pas à prévenir les méfaits ou à dissuader les malfaiteurs. Au contraire, le nombre en augmente : comparée au bénéfice du crime, la perte représentée par l’amende est insignifiante.

En régime arabe, les sujets vivent sans lois, dans l’anarchie fawda]. L’anarchie détruit l’humanité et ruine la civilisation. En effet, le pouvoir royal tient à une qualité naturelle de l’homme. C’est lui qui garantit l’existence des hommes et leur vie sociale [ijtima]. On a déjà vu cela au début du chapitre.