Chevaux de Troie - Pierre Léoutre - E-Book

Chevaux de Troie E-Book

Pierre Léoutre

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Beschreibung

Ce livre est une oeuvre de fiction, uniquement fondée sur des informations ouvertes qui, 10 ans après les attentats sanglants de Toulouse, fait le point sur la lutte contre le terrorisme islamique.

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Seitenzahl: 67

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Ce livre est une ceuvre de fiction, uniquement fondee sur des informations ouvertes.

Le ministre de l'Intérieur était en pétard : à cause d'une réunion tardive au palais de l'Élysée et ses conséquences, il ne serait pas à l'heure chez sa maîtresse, une accorte assistante parlementaire de 35 ans, à forte poitrine, qui acceptait de lui lécher longuement la plante des pieds avant leur accouplement. Mais le ministre avait le sens de l'État et surtout avait reçu des instructions précises et urgentes du président de la République, qui avait lu une note confidentielle des renseignements militaires, annonçant une vague d'attentats en France, à la suite des confidences d'un informateur syrien domicilié à Beyrouth. Du coup, le ministre avait convoqué illico le directeur de la puissante DGSI, la direction générale de la surveillance intérieure, I'équivalent policier des militaires de la DGSE, la direction générale de la sécurité extérieure. La DGSI, qui avait succédé à la brillante DST puis à la fugace DCRI, avait pour mission de protéger le territoire et la population française de toutes les ingérences nuisibles, espionnage et terrorisme international. Le ministre, qui était parfois agacé par l'humour sophistiqué et I'assurance du directeur de la DGSI, avait bien l'intention de le mettre au pied du mur en lui demandant de résoudre urgemment ce problème et d'annihiler, une fois encore, la menace terroriste qui planait sur la douce France.

La voiture du ministre s'engagea dans le grand porche de la place Beauvau, siège du ministère de l'intérieur, puis se gara dans la cour. Le ministre bondit hors de son véhicule et fonça vers son bureau, où l’attendait déjà le directeur de la DGSI. Quant au chauffeur du ministre, il attendit patiemment au volant de la voiture, car il connaissait la prochaine destination de son patron, un appartement discret du XVIe arrondissement de Paris dans lequel la jeune maîtresse, avisée téléphoniquement du retard de son amant gouvernemental, chantonnait joyeusement une œuvre fameuse de Pierre Perret.

- Bonjour, cher ami, dit le ministre. J’arrive de l’Élysée, vos homologues de la Défense ont lâché un renseignement qui a fait du bruit en haut lieu ! Vous étiez au courant ?

- Oui, bien entendu, répondit calmement le directeur de la DGSI. Nous allons gérer, comme d’habitude.

-Oui mais là, je veux des résultats rapides et visibles ! Et nous allons faire de la communication politique sur ce dossier, ce sera la réponse du berger de l’intérieur à la bergère de la Défense. Je veux votre meilleure équipe sur le coup. Qui avez-vous ?

- La section T.

- C’est quoi, la section T ?

- T, comme Tango, Terrorisme, Toulouse, Tulipe, Tsoin-Tsoin… C’est assez confidentiel. Il s’agit d’une excellente équipe, basée à Toulouse.

- Je peux les rencontrer ?

-Vous êtes le ministre, vous avez tous les droits.Mais je préviens, ils sont un peu particuliers. Ne vous attendez pas à un défilé de fin de promotion à l’École des Officiers ou des Commissaires de police. Plutôt une bande de joyeux pirates.

- Les pirates ne me font pas peur ! Et puis, ils ont bien un chef de section ?

- eh bien, justement, non, pas en ce moment. Leur dernier chef de section a demandé sa mutation pour les Îles Galápagos. Le problème est que ces îles ne dépendent pas de la souveraineté française, mais font partie de la República del Ecuador. Aussi avons-nous envoyé le chef de section défaillant chez le psychiatre et il n’en est qu’à sa douzième séance, sur un programme thérapeutique prévisionnel de quarante-cinq.

- Ce n’est pas mon problème, rétorqua le ministre. Trouvez-vous un nouveau chef de section dans les meilleurs délais et organisez-moi un déplacement à Toulouse. Je veux leur expliquer moi-même les tenants et aboutissants de ce dossier.

- Ce sera fait, Monsieur le ministre.

La gardienne de la paix Émilie Raynot, fonctionnaire de la direction départementale de la sécurité publique de la Haute-Garonne, prenait grand plaisir à se faire prendre en levrette par Brett Sinclair, chef de la CIA à Toulouse. Ce dernier eut juste le temps d’exploser joyeusement dans le ventre de la jeune femme que son téléphone portable se mit à sonner. Brett Sinclair, qui s’appelait en réalité Marcel Dutaut et était lui-même gardien de la paix à la section T de la DGSI à Toulouse, colla le téléphone à son oreille droite et entendit la voix énergique de son chef de section par intérim qui lui demandait de rentrer dare-dare au bureau.

- Pourquoi ? questionna Marcel Dutaut d’une voix encore légèrement empâtée par le plaisir sexuel qu’il venait de vivre grâce à sa collègue.

- Je ne peux pas t’en dire plus au téléphone. Reviens immédiatement au service.

Brett Sinclair se retira poliment du corps de sa jolie maîtresse, qui était persuadée être l’amante d’un authentique espion américain. Marcel Dutaut avait remarqué que ce petit mensonge sur son identité excitait terriblement sa collègue ; en outre, la situation avait l’avantage de lui éviter des justifications oiseuses ou des intrusions inopportunes dans son emploi du temps quotidien, en justifiant ses apparitions épisodiques et ses disparations mystérieuses. Après tout, ce n’était qu’une sorte d’histoire d’amour, la policière française, en couchant avec ce qu’elle croyait être un James Bond d’Outre-Atlantique, ne pensait pas trahir les intérêts fondamentaux de la France, dans la mesure où son amant ne lui demandait jamais de renseignements indiscrets et se contentait de la pénétrer avec imagination et persévérance. Les deux protagonistes étaient contents de cette situation plus simple à mettre en œuvre que l’accord commercial entre l’Europe et les États-Unis sous la présidence de Donald Trump.

- Darling, dit Marcel Dutaut d’une voix grave avec un léger accent américain, le devoir m’appelle et je dois te quitter maintenant. Langley, qui est le siège de la CIA, comme je te l’ai déjà confié à plusieurs reprises sous le sceau du secret, vient de me téléphoner - ainsi que tu as pu l’entendre malgré l’état euphorique naturel dans lequel t’a plongé notre rapprochement corporel -, car une importante délégation de tueurs du KGB vient d’arriver à Toulouse et je dois aller sauver de leurs griffes acérées leur malheureuse victime potentielle.

- Oh mon amour, répondit Émilie Raynot, est-ce que je peux t’aider dans cette nouvelle mission dangereuse ? Je te rappelle que je suis membre de la police française et une femme amoureuse armée d’un bon revolver peut représenter pour toi une aide précieuse.

- Je sais et je t’en remercie de tout cœur, my love. Mais je ne veux te faire prendre aucun risque et je tiens trop à toi pour t’entraîner dans l’univers glauque du renseignement international. Retourne dans ton commissariat et je te rappellerai quand ma mission sera terminée. Surtout, ne fais aucune confidence sur ce que je viens de te dire, tout ceci est classé confidentiel défense.

- Je te le promets, mon chéri.

Marcel Dutaut remit son pantalon, ferma sa braguette et quitta l’appartement de sa maîtresse. Il était content de lui, évidemment, même s’il avait commis une petite erreur dans son nouveau mensonge : le KGB n’existait plus depuis belle lurette et avait été remplacé par le SVR. Erreur bénigne car il était convaincuqu’Émilie Raynot n’irait pas vérifier sur Wikipédia l’identité réelle des services de renseignements russes, trop occupée qu’elle serait à se remémorer les délicieux instants qu’elle venait de vivre avec son amant américain.

Le ministre de l’Intérieur jeta un coup d’œil circulaire qui lui permit d’appréhender d’un seul regard l’ensemble ou à peu près de la section T. Il considéra in petto que cette équipe avait effectivement l’allure d’une bande de pirates déjantés. Mais le ministre faisait confiance au directeur de la DGSI : si ce spécialiste éminent pensait que ces fonctionnaires-là étaient capables de résoudre l’enquête difficile qu’il allait leur présenter, il n’avait aucune raison d’en douter et il pourrait dans quelque temps en tirer le bénéfice politique nécessaire pour accéder à la prochaine marche du pouvoir républicain, Matignon.

Le directeur zonal de la DGSI, habituellement en poste à Bordeaux, était plus inquiet ; par proximité géographique et fonctionnelle, il connaissait bien la réputation des membres de la section T toulousaine, qui était nettement moins romantique que celle de leurs homologues bordelais ; il y a quelques années, l’un de ces derniers s’était suicidé par amour avec son arme