La Cathédrale de Lectoure - Pierre Léoutre - E-Book

La Cathédrale de Lectoure E-Book

Pierre Léoutre

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Beschreibung

Aimer et comprendre Lectoure, c’est s’intéresser, aussi, à sa vie spirituelle. Que vous soyez croyant ou athée, comme je le suis, vous ne pouvez pas manquer, en remontant la rue principale de la ville, d’apercevoir, au point culminant du promontoire de calcaire blanc qui surplombe la vallée gersoise, la cathédrale altière et accueillante qui semble recueillir en son sein la spiritualité partagée de la communauté d’habitants logeant derrière les remparts de la cité, ou bien dans les faubourgs ou encore la campagne avoisinante. Mais tous les Lectourois, je pense, ressentent la même sympathie et un plaisir identique à contempler notre belle cathédrale, à la fois rude en dehors et délicate à l’intérieur. Ce monument imposant me semble absolument laïc dans la mesure où il symbolise l’esprit d’une ville, quelles que soient les opinions, les croyances, les superstitions de toutes celles et de tous ceux qui ont la chance d’habiter Lectoure. Lors de mes discussions, j’ai déjà pu remarquer la grande tolérance des citoyens lectourois, un éclectisme total des sentiments qui sait se retrouver dans un creuset rassembleur. C’est la raison principale pour laquelle j’ai eu envie de cette réédition augmentée du livre de Joseph Camoreyt sur « la cathédrale et le clocher-donjon de Lectoure », outre le plaisir esthétique à visiter un livre à la main cet édifice somptueux et pourtant sobre, qui offre à son visiteur une sérénité agréable et apaisante. Chacun est libre d’y trouver – et d’y apporter – ce qu’il peut et ce qu’il souhaite, l’essentiel étant dans ces pierres blanches assemblées qui ont su construire un lieu sacralisé et pourtant parfaitement humain. Pierre Léoutre

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La cathédrale de Lectoure

Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage est formellement interdite sans l’accord de l’auteur.

Tous droits réservés pour tous pays.

Dépôt légal : mai 2013

Pierre Léoutre

Books on Demand

Table des matières

- Préface de la section lectouroise de la Société Archéologique, Historique, Littéraire et Scientifique du Gers

- Préface du Président de la Société Archéologique, Historique, Littéraire et Scientifique du Gers, Georges Courtès

- Avant-propos

- Première partie : LA CATHÉDRALE

CHAPITRE Ier

– Topographie ;

- Constructions primitives ;

- Le Temple Saint Thomas ;

- La Cathédrale du Xe et XIe siècles

CHAPITRE II

- L'Église romano-byzantine du XIe ou XIIe siècle ;

- La Cathédrale de Monlezun du XIIIe siècle

CHAPITRE III

- La Cathédrale Saint-Gervais aux XVe et XVIe siècles

CHAPITRE IV

- La Cathédrale actuelle : style ;

- Façade ;

- Nef ;

- Chœur ;

- Crypte ;

- Déambulatoire ;

- Chevet

CHAPITRE V

- La Cathédrale pendant la Révolution de 1789

CHAPITRE VI

- Les Chapelles

CHAPITRE VII

- Les Vitraux et les Stalles

CHAPITRE VIII

- Mobilier liturgique et Sacristie Maître-Autel ;

- Table de Communion ;

- La Chaire ;

- Le Chemin de Croix ;

- Crédence des Fonts baptismaux ;

- Orgues et organistes ;

- Cloches ;

- Ornements liturgiques ;

- Monuments et Objets classés ;

- Sacristie

CHAPITRE IX

- Culte de saint Clair, de saint Gervais, de Saint-Gény;

- Reliques de saint Bertrand de Comminges

Deuxième partie

LE CLOCHER-DONJON DE LECTOURE

CHAPITRE I

- Topographie ;

- L'Ancien et le Nouveau ;

- Sa réputation ;

- L'Architecte

CHAPITRE II

- L'Extérieur

CHAPITRE III

- L'Intérieur

CHAPITRE IV

- La Flèche

CHAPITRE V

- Les Réparations

Table des Gravures

- NOTICE SUR LE CLOCHER DE LECTOURE par Eugène Camoreyt

Bibliographie

Photographies contemporaines de Max et Louis Berthomieu-Lamer et de Pierre Léoutre (+ photographie de couverture : Hario Masarotti ; p. →, p. → et p. → : Godeliève Lust ; p. → : Emmanuelle Locret) ; relecture et mise en page par Jean Lust, Jean-Marie Béraud et Pierre Léoutre.

La section lectouroise de la société archéologique, historique, littéraire et scientifique du Gers a pensé qu'il serait utile d'avoir un livre relativement complet, même daté, sur la cathédrale et le clocher donjon de Lectoure. D'où l'idée de rééditer l'ouvrage de Joseph Camoreyt (1942, Cocharaux, Auch) et la notice d'Eugène Camoreyt (1899).

Ce livre comprend des photographies inédites et quelques ajouts mineurs par rapport aux éditions originales, et qui tiennent compte des modifications intervenues (vol de tableaux dans les chapelles nord, mise en place d'un gisant en cuir, etc.).

La section lectouroise de la Société archéologique du Gers, Lectoure, avril 2013.

Préface

La cathédrale Saint Gervais et Saint Protais de Lectoure a trouvé en Joseph Camoreyt son premier historien. Né à Lectoure, curé de Loubédat près de Riscle, ses recherches sérieuses sur divers monuments religieux lui ont permis de publier dans les revues savantes gasconnes de l’entre-deux-guerres. Tout à fait normal qu’il se soit intéressé à l’église de son enfance et, qu’après parution dans le Bulletin de la Société Archéologique du Gers, il ait fait imprimer le texte, cette fois-ci agrémenté de photos et de dessins, pour ses compatriotes lectourois.

Mais publié durant la guerre, en 1943, sur du papier de mauvaise qualité et en petit nombre, le texte et les photos n’étaient guère attrayants ; le fonds reste néanmoins acceptable avec les connaissances de l’époque. La recherche a depuis évolué, et pour compléter l’information, nous renvoyons les curieux vers la thèse de Pierre Bonnard, les articles d’André Lagarde ou de Georges Courtès et la lecture d’un opuscule en 1988 lors des fêtes du bimillénaire de la Cathédrale.

Il ressort que l’édifice (comme beaucoup d’autres) n’a été terminé dans sa totalité que tardivement. Au XVIIIe siècle, il manquait toujours une voûte, les baies et fenêtres étaient murées… mais le clocher était surmonté d’une flèche ! Le mythe des églises achevées comme nous les voyons aujourd’hui, doit être révisé ; les chantiers durent des siècles, avec transformations, destructions plus ou moins partielles, reprises des travaux… chaque époque y apportant sa touche plus ou moins heureuse. Le XIX° a figé une fois pour toutes nos édifices.

L’opuscule de Joseph Camoreyt est épuisé depuis longtemps. Il faut remercier Pierre Léoutre et Jean-Marie Béraud d’avoir pris l’initiative de cette réédition, avec quelques compléments et les belles photos de Louis et Max Berthomieu-Lamer ; la Société Archéologique du Gers apporte volontiers son patronage.

Georges Courtès,

Président de la Société Archéologique, Historique, Littéraire et Scientifique du Gers

Joseph Camoreyt est né à Lectoure en 1879. Ses parents, agriculteurs de profession, résidaient rue Marès. Destiné à la prêtrise, il est élève au séminaire d’Auch ; ordonné en 1903, après 2 ans de vicariat il est nommé curé de Loubédat où il restera 37 ans. Ses paroissiens lui laissant quelques temps libres, il publie plusieurs études sur des édifices religieux du Gers et même s’intéresse à ceux de Lourdes. À la soixantaine, ses forces déclinant, il abandonne sans l’autorisation son poste, ce que critique l’archevêque, et retourne à Lectoure ; désireux de récupérer la maison familiale, occupée par un locataire, il déploie une telle énergie qu’il ameute le politique, n’hésitant pas à écrire au garde des Sceaux, Barthélemy, à donner des ordres au préfet… Finalement, en mars 1943, le locataire encadré de deux gendarmes quitte les lieux ; trois mois plus tard, Joseph Camoreyt décède à l’âge de 64 ans. Il est enterré au cimetière Saint Gervais.

I

Joseph CAMOREYT

LA CATHÉDRALE

ET

LE CLOCHER-DONJON

DE

LECTOURE

AUCH

IMPRIMERIE F.COCHARAUX

18, RUE D LORRAINE, 18

1942

Ouvrages du même Auteur

Église Sainte Marie du Bédat (Gers) épuisé.

L'église et la Tour - Clocher de Sion (Gers). Franco 4 F.

L'église Romane de Nogaro (XIe siècle) in-8° illustré, papier couché, 120 pages, franco 12 F.

Histoire du Château Fort de Lourdes, franco 6 F.

Histoire des trois belles Églises de Lourdes, ouvrage couronné par la Société Archéologique du Midi de la France, in-8°, abondante illustration, Franco 25 F - 213 pages.

S'adresser à l'auteur :

J. CAMOREYT,

Curé de Loubédat, par Riscle (Gers)

C. C. 88.84 Toulouse

AVANT-PROPOS

La cathédrale Saint-Gervais de Lectoure et le Clocher donjon, son compagnon fidèle, ont subi un destin différent, mais combien tragique, au cours de leur longue histoire. La première, plusieurs fois détruite, s'est toujours relevée de ses ruines ; le second, démoli seulement par l'armée implacable de Louis XI, est sorti plus beau et plus puissant de cette épreuve barbare.

C'est le premier récit qui paraît de leurs tribulations respectives. Si nous en exceptons la notice sur le clocher de notre homonyme et savant compatriote, Eugène Camoreyt, ancien professeur au collège de Lectoure, et quelques notes éparses dans diverses publications, aucune histoire complète de ces deux monuments n'a jamais vu le jour. Nous avons tâché de suppléer à cette regrettable lacune. Nous n'ignorons pas les difficultés énormes que soulève cette audacieuse entreprise. Quelques problèmes restés jusqu'à ce jour douteux ou insolubles seront éclaircis à la lumière décisive des documents ; pour les autres, le public admettra volontiers la franchise de notre humble avis qui sauvegarde dans ses justes réserves la liberté d'opinion de chacun. Dans des travaux semblables, il est difficile de satisfaire à la fois l'érudit et le profane. Nous avons tenté néanmoins cette périlleuse gageure ; aux savants, sont destinées la technique et les vieilles chartes ; au grand public, tout ce qui parle à sa légitime curiosité et à son amour sacré des vieilles cathédrales, car en leur présence comme l'écrivait Montaigne, « il n'est d'âme si revêche qui ne se sente touchée ».

CHAPITRE PREMIER

Topographie - Constructions primitives - Le temple Saint Thomas

La Cathédrale des Xe et XIe siècles

Bâtie sur un plateau rocheux, au cœur d'une Cité plusieurs fois millénaire, toute pleine de souvenirs palpitants de ses comtes d'Armagnac, la Cathédrale Saint-Gervais par son vaisseau immense, par ses contreforts géants à l'allure guerrière, par la majesté dominatrice de son clocher-donjon, est troublante, excite au plus haut point la curiosité et commande le respect.

La belle chanson des vieilles pierres, c'est surtout à Lectoure qu'on l'entend chanter cette ensorceleuse cantilène dans la mélancolique symphonie de ses remparts branlants et des murailles effritées et dolentes de son vieux clocher et de son antique cathédrale.

De la construction primitive de la première église tout a disparu ; les ruines elles-mêmes ont péri… Les origines en sont si lointaines qu'il faut remonter aux premiers siècles du christianisme. Auch, Eauze, Lectoure ont reçu les lumières de la foi avant les autres villes de la Novempopulanie ; d'après Mgr Duchesne, la première date bien assurée pour l'Aquitaine serait 314. - C.F. Fastes Épiscopaux de l'ancienne Gaule - T. II, p. →.

Heutère est le premier évêque connu de cette ville ; c'est lui qui, avec l'aide de son clergé, ensevelit saint Gény, martyrisé à Lectoure, sous le règne de Dioclétien, au plus tard au commencement du IVe siècle.

Sur un registre manuscrit, conservé autrefois à l'archevêché d'Auch ; passé ensuite entre les mains de Mgr Cézérac, portant en suscription Évêché de Lectoure et rédigé par ordre de Mgr Narbonne-Pelet, évêque de Lectoure au XVIIIe siècle, nous avons lu à l'archevêché d'Albi que son évêché serait un des plus anciens de France.

Il appuie son affirmation sur les recherches personnelles qu'il a effectuées et il déplore en même temps les malheurs des guerres des Anglais et des guerres de religion, durant lesquelles la plupart des chartes de son évêché ont été détruites. Quoi qu’il en soit, on peut fixer l'épiscopat de l'un de ses premiers devanciers, Vigile, avec certitude, puisqu'il assiste au concile d'Agde en 506.

Quelle église servit de cathédrale dans les commencements ? Nous l'ignorons. Peut-être le temple de Saint Thomas qui, suivant Chaudruc de Crazannes, était, dans les temps lointains, une des deux paroisses de la ville - cf. Mémoires de la Société arch. du Midi de la France - T. 11. Années 1834-1835.

Duchoul, dans son ouvrage, La Religion des Gaulois (1556), écrit que ce temple fut consacré à Saint Thomas, puis ruiné. Casassoles, dans son Histoire de la ville de Lectoure, en parle également « gisement de pierres tauroboliques à côté d'un ancien temple dont les vestiges sont remarquables et qui se trouvait sur la hauteur. » Grüter, dans ses Inscriptiones antiquaetotius orbis Romani, le mentionne à son tour.

La porte Saint Thomas, à l'entrée du faubourg Saint-Gervais ou bien de la ville de Lectoure, l'officialité du même nom dans le voisinage, le fort Saint Thomas, situé à l'est de la ville, sur l'emplacement qui devint plus tard l'Orangerie de l'évêché, actuellement représenté par le jardin et la maison Massenet, les nombreuses inscriptions votives des Lactorates à Marc Aurèle, à Gordien Ill, à Tranquillina et à la famille impériale qu'on a recueillies près de ce monument vers 1540, nous prouvent l'importance de ce temple qui fut consacré à Saint Thomas, en même temps que son emplacement au centre de la communauté chrétienne. C'est en creusant les fondations du nouveau chœur qu'on a trouvé ces pierres curieuses déposées aujourd'hui au musée de la ville. Certains situent le Temple St Thomas sur le site actuel de la Providence, car St Thomas d’Aquin était le patron des Frères Prêcheurs – les Dominicains –, installés sur l’emplacement de la Providence.

Pendant les invasions des barbares qui pillent, massacrent et dévastent tout sur leur passage, villes, évêchés, monastères, c'est une lacune de près de cinq cents ans où on ne sait plus rien des évêques de Lectoure. Le siège aurait été rétabli seulement à la fin du Xe siècle. Oïhénart y place un Bernard Ier vers l'an 990, sous le duc Guillaume, fils de Sanche. À ce Bernard, le cartulaire de Moissac donne pour successeur, en 1052, Arnaud Ier qui assista à une donation faite à ce monastère et qui, cette même année, consacra l'église Saint-Denis dans le diocèse d'Agen. Après Arnaud, nous trouvons Jean Ier qui accompagna Saint Austinde, archevêque d'Auch, au concile de Jacca. Enfin, à Jean succéda Raymond Ebbo (1061-1097) ; il était prévôt de l'église Saint-Étienne de Toulouse lorsqu'il fut appelé à l'épiscopat. En 1063, il accompagna avec un grand nombre de prélats Saint Austinde à Moissac, pour la consécration de l'église. (Cf., Monlezun, Histoire de la Gascogne, T. II, p. →.) Ne prit-il jamais possession de son siège, ou ses absences furent-elles trop longues ou trop fréquentes ? Toujours est-il que le concile de Toulouse en 1108 dut s'occuper spécialement de son évêché. Non seulement ses biens avaient été envahis, mais le palais épiscopal et son église même étaient dans des mains étrangères. Des débris du palais, on avait construit une abbaye ; les autels et autres objets de la cathédrale avaient été transportés par un peuple ignorant et grossier (ipsius populi inscientia) dans la chapelle des moines. Le concile fit cesser ce désordre, malgré les protestations de Grégoire, évêque de Lescar et abbé de Saint-Sever, qui réclamait, pour sa communauté, le monastère de Lectoure et ses dépendances. Pour mettre un terme à ce long et stupide envahissement des moines (stupide, stulte agendo jamdudum), il fut décidé que l'évêché serait rétabli dans le monastère et que des clercs de bonne vie et mœurs seraient mis à leur place. – cf. : Gallia Christiana et P. Labbe : Sacrosancta Concilia, T. IX, p. 1.195.

Ancienne Abbaye de St-Gény et Panorama de la Ville.

Casassoles, historien parfois un peu fantaisiste, dans sa Notice sur la ville, assure, sans nous indiquer les sources de ses dires, que l'évêque était nanti du droit de « fustiger » et de « chasser » les moines, qui protestèrent vainement en se réclamant de leur dépendance de l'abbaye de Saint-Sever et de la justice de son chapitre. Les Actes du Concile parlent seulement d'une sage correction (sapienter corrigendo).

Ducourneau, dans sa Guyenne Monumentale, a copié servilement Casassoles dans le récit de ces démêlés entre l'évêque et les religieux. Le monastère qui fut rendu à l'évêque n'était pas celui de Saint-Gény, comme on le croit assez généralement. Le Concile stipule formellement que le couvent d'où les moines furent expulsés était bâti sur les ruines et avec les décombres de l'ancien palais ; mais il existe un document plus précis.

Le duc Guillaume avait jadis donné l'église de Saint-Gény aux moines de Saint-Sever, à condition qu'ils construisent un monastère ; clause qui avait été scrupuleusement remplie. Mais la misère avait chassé les religieux et la maison abandonnée était tombée en ruines. Il y avait de nombreuses années qu'elle était dans ce délabrement, lorsque l'évêque Raymond, aidé de l'archevêque Guillaume d'Odon, vicomte de Lomagne et de Vivien, son neveu ou son petit-fils, donna à Saint Hugues de Cluny, Saint-Gény et Saint-Clar, libres et francs l'un et l'autre de tout droit et de toute redevance. Cette charte, citée par le Gallia, est de 1074, six ans après la rentrée de l'évêque dans son palais et dans sa cathédrale. Il ne paraît pas que l'abbé de Saint-Sever a réclamé contre cette donation, quoique ce fût Saint-Gény (I) qui lui appartînt et non le monastère de la ville, évidemment différent, puisque le premier était désert et le second habité.

°°°

Après la grande guerre 1914-1918, l'église et le clocher ont été restaurés ; les dépendances ont subi d'importantes transformations.

Nota Bene : St Gény est depuis l’an 2000 une chapelle orthodoxe.

Armoiries de l’Evêque Pierre d'Abzac de la Douze

(I) L'abbaye de Saint-Gény, en bordure de la route nationale Paris-Barèges, près du Gers qui coule à ses pieds, à deux kilomètres environ de la ville, fut fondée vers l'an 980, par Guillaume Sanche, duc de Gascogne. Elle a cessé d'être abbaye en 1059 et est devenue, plus tard, un prieuré dépendant de l'abbaye de Moissac. Elle fut ravagée pendant la guerre de Cent Ans en 1372. Saint Gény, dont elle porte le nom, fut martyrisé sous le règne de Dioclétien, au commencement du IVe siècle. Ce monastère fut l'objet de nombreuses réparations au XVIIIe siècle ; on garde plusieurs pièces concernant ces travaux aux archives municipales. L'intérieur de l'église est du XVe siècle ; la façade fut refaite au XIXe siècle. La nef est voûtée sur croisée d'ogives avec tiercerons et liernes ; on y remarque des chapelles. Le chanoine de Cortade, ancien supérieur du collège de Lectoure qui l'a habité, a découvert dans la crypte un sarcophage brisé des premiers siècles. Au centre de ce sarcophage était dessiné un médaillon avec la Fides mutua. Des strigilles forment l'ornementation de l'ensemble et le couvercle est imbriqué ; après restauration, il a été placé sous la chaire. Du temps de ce légendaire chanoine, longtemps son hôte, on voyait, appendu aux murailles de l'église, un stuc, don de Pie IX ; des peintures sur cuivre, des émaux de Jean Landin de Limoges, un Saint Barthélemy, un Saint Thomas d'Aquin, etc.

CHAPITRE II

L'Église Romano-Byzantine du XIe ou XIIe siècle La Cathédrale de Monlezun du XIIIe siècle

C'est E. Camoreyt le premier qui a découvert l'existence d'une ancienne église à coupoles à la place de la cathédrale actuelle. Il écrit à ce sujet dans sa Notice sur le Clocher en 1899 : « Les parties les plus anciennes de cette cathédrale se trouvent dans la nef où l'on distingue encore les énormes contreforts intérieurs pour couvrir cette nef, avec deux coupoles sur pendentifs qui auraient eu chacune 14 mètres de diamètre. Les sept grands arceaux gigantesques, en arc brisé, nécessaires pour ces coupoles et posant sur les contreforts furent certainement achevés. Cela implique, pensons-nous que les pendentifs le furent aussi. » Dans une note au bas de la page, il ajoute : « La cathédrale de Cahors qui a un petit chœur et une nef couverte de deux coupoles sur pendentifs avait été faite vraisemblablement par le même architecte qui, de Lectoure serait allé à Cahors, ou plutôt de Cahors serait allé à Lectoure. Toute bouleversée qu'ait été depuis la nef de Lectoure, elle offre dans les détails, en plus des dispositions générales, des ressemblances frappantes avec la nef de Cahors et les dimensions sont les mêmes dans les deux nefs. » Examinons ces ressemblances : c'est, en effet, le même plan par terre, du moins pour ce qui regarde la nef. Ce plan est des plus simples : chacune de ces cathédrales forme une grande salle rectangulaire, c'est une nef unique avec deux travées égales. Il y a également six grands piliers quadrangulaires à Cahors, mesurant quatre mètres ; à Lectoure, ils sont presque quadrangulaires, ils mesurent quatre mètres soixante et cinq mètres de profondeur, en y comptant l'épaisseur du mur. Une construction aussi robuste, ainsi disposée à compartiments carrés, avec des piliers de cette force, n'a pas sa raison d'être pour une voûte ordinaire ; elle ne peut s'expliquer que par l'ancienne présence des coupoles. C'est, en effet, le plan des églises d'Angoulême, de Fontevrault et de Souillac. Les coupoles sont, non seulement au XIe siècle, mais aussi au XIIe siècle et jusqu'au milieu du XIIIe siècle, le type admis pour les voûtes des grandes églises du Périgord, de l'Aquitaine, de la Saintonge, de l'Angoumois et de l'Anjou. Toutes les cathédrales de cette époque avaient leurs contreforts saillants à l'intérieur. C'est surtout à partir du XIVe siècle que cette disposition est modifiée par l'adjonction des chapelles latérales. Alors un mur continu effleure l'extrémité des culées, qui, rentrées dans l'édifice, n'ont plus la saillie prévue par le maître d'œuvre, et du même coup, ces chapelles suppriment l'aspect robuste des faces latérales, bardées de ces puissants contreforts. A une nef ample doit correspondre de larges coupoles. À Cahors, elles mesurent à l'ouverture seize mètres de diamètre à partir du bandeau et dix-huit mètres à partir de leur base réelle. À Lectoure, d'après E. C., elle est de quatorze mètres, ce qui correspond à peu près à la largeur actuelle de la nef. La cathédrale de Cahors est du même siècle et fut consacrée par le Pape Callixte II, le 27 juillet 1119, à son retour du concile de Toulouse. – Cf. Raymond Rey : La Cathédrale de Cahors et les Origines de l'Architecture à coupoles d'Aquitaine - H. Laurens, Paris.

Il reste pourtant un point obscur et un peu déconcertant qui a beaucoup intrigué toutes les sociétés savantes lorsqu'elles ont visité la cathédrale de Lectoure et qu'elles n'ont pas réussi à élucider, c'est l'absence de toute trace de pendentif. Nous lisons, par exemple, dans un compte rendu de la Société Française d'Archéologie, à la suite du 68e congrès, tenu à Agen, le 11 juin 1901, sous la présidence de M. Lefèvre-Pontalis : « La nef frappe d'abord par sa largeur ; c'est la partie la plus ancienne, mais comme elle a été plusieurs fois remaniée il est difficile de la dater et de l'expliquer. Si l'on considère le plan, on remarque six grosses piles intérieures contre les murs latéraux, deux engagées dans la façade, deux au milieu, et deux à l'entrée du chœur. Elles forment deux travées carrées, disposition qui rappelle les nefs voûtées en coupole d'Angoulême de Cahors et de Souillac. Il est probable qu'elles ont été faites pour des coupoles, mais les gros arcs doubleaux et formerets construits sur ces piles semblent n'en avoir jamais supporté, car il n'existe aucune trace des pendentifs énormes, nécessaires pour soutenir ces hémisphères de quatorze mètres de diamètre… » Cf. – Bull. de la Soc. Arch. du Gers, 1901, p. →.

À notre tour, nous sommes surpris… de l'étonnement de ces savants. Il est assez singulier de chercher des pendentifs, après sept ou huit siècles, dans une église qui a subi de nombreux sièges en même temps que la ville, car elle était fortifiée et faisait corps avec les remparts. La ville a été assiégée six fois, dans l'espace seulement d'une trentaine d'années, de 1443 à - cf. Archives de la Ville de Lectoure par F. Druilhet, p. →. Comme elle était la place la plus forte des comtes d'Armagnac, seigneurs turbulents, ambitieux et indépendants, on devine les ennemis nombreux qui sont passés aux pieds de ses murailles.

De nombreuses chartes en soulignent l'importance ; Lectoure est la « clef de la Guyenne » notent les Records anciens de la ville ; « Lectoure est la ville la plus forte après Bayonne », écrit en 1558 le cardinal d'Armagnac dans une de ses lettres ; cette ville de Lectoure, observe encore Monluc, est pour une ville de guerre des mieux assises de la Guyenne et bien forte. Cf. Commentaires, T. III, p. →. Sa réputation est d'ailleurs fort ancienne, puisque Camille Jullian, cite comme « Oppida » probables : Lectoure, Eauze, Lescar, à l'instar de Sos. – Cf. Histoire de la Gaule, T. II, p. 453.