Lectoure par la carte postale - Pierre Léoutre - E-Book

Lectoure par la carte postale E-Book

Pierre Léoutre

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Beschreibung

Lectoure est une petite ville gersoise particulièrement belle. Ancienne cité gauloise de la Novempopulanie, sa très longue histoire a modelé son architecture magnifique et se pencher sur son riche passé est particulièrement passionnant. Dans cet ouvrage, nous évoquons cette histoire de Lectoure et nous présentons environ 200 cartes postales anciennes, qui nous offrent un portrait attachant et pittoresque de la ville au début du XXe siècle. Pendant la période contemporaine, Lectoure a continué à progresser et évoluer et est aujourd'hui une ville qui a su concilier la tradition d'un art de vivre et le confort d'une vie moderne. Mais nous avons voulu partager cette collection de cartes postales anciennes et contribuer ainsi à la mémoire collective de Lectoure, à laquelle les habitants, anciens ou nouveaux, sont très attachés. Avec nos remerciements à Gaëlle Prost pour sa relecture. Claudine Sainte Marie & Pierre Léoutre Préface de Georges Courtès

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Table des matières

Préface de Georges Courtès

Introduction de Claudine Sainte Marie & Pierre Léoutre

La ville de Lectoure

Petite histoire de Lectoure

Personnalités lectouroises

La carte postale

Les cartes postales anciennes de Lectoure

Le marché

La cathédrale Saint Gervais

Saint Gény

Rues et lieux remarquables

Monuments

Le Bastion

Saint Gény - Faubourg & environs

Hospice et Hôpital

Mairie et sous-préfecture

Salle des Illustres et Musée

La fontaine Diane

Les écoles

Métiers

Art et tradition

La rue nationale

Aux environs de Lectoure

Lectoure dans l’

Histoire de la Gascogne

de J.-J. Monlezun

Archives de la ville de Lectoure : coutumes, statuts et records du XIII

e

au XVI

e

siècle

(

extraits)

,

par P. Druilhet

Préface

La carte postale a eu son âge d'or à partir du début du XXe siècle. Ce nouveau vecteur relationnel a connu un succès populaire exceptionnel avant que ne se développent le téléphone et l'informatique...

C'est vers 1903 que la carte postale moderne apparaît avec l'image occupant tout un côté et le texte au verso du même côté que l'adresse. Photographes et éditeurs se spécialisent sur des sujets historiques, touristiques, galants, amoureux, artistiques... et deviennent célèbres. Au début du siècle, les frères Labouche de Toulouse furent certainement les plus importants éditeurs de cartes postales qu'il s'agisse de simples vues générales de villes ou villages, des scènes de rues ou des champs, de personnages ou de métiers.

Pour notre région, il faut citer J. Tapie installé d'abord à Auch puis à Lectoure. Pour cette dernière, mentionnons les photographes et libraires-éditeurs : R. Canazin, L. Pailhé, M. Manabéra, G. Tramont, Laboup, P. Tartanac et pour une époque plus récente, Prim et Rébouille...

Pierre Léoutre, passionné par l'histoire de notre ville, a puisé dans ses collections pour nous offrir aujourd'hui un recueil sur Lectoure au travers des premières cartes postales, agrémentées de commentaires. Nous le remercions de faire revivre de belles scènes lectouroises : les anciens mettront des souvenirs au pied de chaque monument et les nouveaux installés découvriront les lieux et les Lectourois tels qu'ils étaient il y a plus d'un siècle.

Georges Courtès

Introduction

Lectoure est une petite ville gersoise particulièrement belle. Ancienne cité gauloise de la Novempopulanie, sa très longue histoire a modelé son architecture magnifique et se pencher sur son riche passé est particulièrement passionnant.

Dans cet ouvrage, nous évoquons cette histoire de Lectoure et nous présentons environ 200 cartes postales anciennes, qui nous offrent un portrait attachant et pittoresque de la ville au début du XXe siècle.

Pendant la période contemporaine, Lectoure a continué à progresser et évoluer et est aujourd’hui une ville qui a su concilier la tradition d’un art de vivre et le confort d’une vie moderne.

Mais nous avons voulu partager cette collection de cartes postales anciennes et contribuer ainsi à la mémoire collective de Lectoure, à laquelle les habitants, anciens ou nouveaux, sont très attachés.

Avec nos remerciements à Gaëlle Prost pour sa relecture.

Claudine Sainte Marie & Pierre Léoutre

La Ville de Lectoure

Lectoure (en gascon graphie classique, Leitora) est une commune française située dans le département du Gers en région Occitanie. Ses habitants sont appelés les Lectourois. La commune de Lectoure se situe dans le canton de Lectoure et dans l'arrondissement de Condom, dans la vallée du Gers. C'est la deuxième commune la plus vaste du département du Gers après Condom. Elle se trouve en Lomagne à 22 km à l'est de Condom, à 35 km au sud d'Agen et 35 km au nord d'Auch.

La ville actuelle s'élève sur un éperon calcaire, siège de l'ancien oppidum, orienté est-ouest, délimité au nord et au sud par deux vallées débouchant sur la plaine du Gers. La ville antique s'étendait dans la plaine, au sud. La superficie de la commune est de 8 493 hectares ce qui en fait la deuxième plus grande superficie du département ; son altitude varie de 68 à 223 mètres. Lectoure se situe en zone de sismicité 1 (soit une sismicité très faible).

Lectoure est traversée par le Gers qui coule à ses pieds dans la direction sud-nord. Le lobe de plateau où se trouve la ville est découpé par deux ruisseaux, le Saint Jourdain au nord qui alimentait plusieurs moulins, dont le plus important, fortifié, la Mouline de Belin ; et le Canéron au sud. Dans la campagne environnante, de petits ruisseaux, bien que de faible débit, ont permis la création de retenues collinaires destinées à l’irrigation agricole, mais aussi aux loisirs (lac des Trois Vallées). La ville est riche en nappes phréatiques qui alimentaient les puits et de nombreuses sources : au sud, la Fontaine Diane, la source de Saint Clair vers l’ancienne tannerie d’Ydrone ; la fontaine Saint-Esprit, au nord. Certaines ne sont plus apparentes, comme celle qui jaillissait à l’est de la ville, devant l’extrémité du Bastion (visible sur les documents anciens). Enfin, grâce à des forages à grande profondeur, des eaux chaudes ont permis à Lectoure de devenir une ville thermale.

Lectoure se situe sur la route nationale 21. Depuis la fermeture de la ligne de chemin de fer entre Agen et Auch, remplacée par un service d’autocars, tous les transports se font par route. L’aéroport le plus proche est celui de Toulouse-Blagnac et les aéroports secondaires sont à Agen et Auch. La ligne 932 du réseau liO du conseil régional Occitanie relie la commune à Auch et à Agen.

Lectoure est une commune rurale, car elle fait partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee. Elle appartient à l'unité urbaine de Lectoure, une unité urbaine monocommunale de 3 664 habitants en 2017, constituant une ville isolée. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Lectoure, dont elle est la commune-centre. Cette aire, qui regroupe 13 communes, est catégorisée dans les aires de moins de 50 000 habitants.

L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (93,8 % en 2018), une proportion sensiblement équivalente à celle de 1990 (94,5 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : terres arables (70,7 %), zones agricoles hétérogènes (17,7 %), prairies (3,8 %), forêts (2,2 %), zones urbanisées (2,1 %), cultures permanentes (1,6 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (1 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (0,7 %), espaces verts artificialisés, non agricoles (0,4 %). L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui).

Carte des infrastructures et de l’occupation des sols en 2018 de la commune de Lectoure (portail de données libres du gouvernement français, élaboré avec le concours des contributeurs à OpenStreetMap).

Le nom de Lectoure vient de celui de la cité antique Lactora, attesté au IIe siècle sur une inscription latine. On n’a aucune certitude sur les origines de ce nom, vraisemblable latinisation d’un toponyme celtibère antérieur. Pour Jean-Édouard Dugand (1), il pourrait s’agir d’un nom celtique du IIe siècle avant notre ère, Laccodoron, « la forteresse de Laccos », un anthroponyme gaulois, qui aurait évolué sous l’influence romaine en Lactora.

L'occupation du site est constante depuis l'époque préhistorique, comme en témoignent les nombreux vestiges retrouvés lors de fouilles. La situation géographique en « éperon barré » du site a toujours favorisé l'occupation humaine. Oppidum aquitain, puis occupée pacifiquement par les Romains, la cité de Lactora s'étend alors dans la plaine et connaît une longue période de prospérité. Les invasions barbares successives obligent les habitants à revenir sur la hauteur, à élever des remparts et à faire de Lectoure une place forte pendant plusieurs siècles. Sa réputation est fermement établie. Victor Hugo, dans Notre-Dame de Paris, fait dire à l'un des gueux lancés à l'assaut de Notre-Dame : « Par les moustaches du pape ! (...) voilà des gouttières d'églises qui vous crachent du plomb fondu mieux que les mâchicoulis de Lectoure. »

Capitale du comté d'Armagnac, elle connaît pourtant plusieurs sièges, notamment celui de 1473 qui voit la capitulation et la mort de Jean V d'Armagnac, et une destruction presque totale.

Réunie à la couronne de France, Lectoure renaît de ses cendres. Elle subit de nouveaux sièges lors des guerres de religion : alors possession des rois de Navarre, protestante, elle doit capituler devant Blaise de Monluc. Les XVIIe et XVIIIe siècles sont une période calme où s'épanouit une société bourgeoise et de petite noblesse. À la Révolution, de nombreux volontaires s'enrôlent et deviendront des figures marquantes de l'Empire : le maréchal Jean Lannes, et une pléthore de généraux dont les portraits ornent la salle des illustres.

(1) : Jean-Édouard Dugand, Les mentions antiques de Lactora, l’étymologie probable du toponyme, Bulletin de la société archéologique du Gers, 2e trimestre 1981, Gallica [archive].

Les XIXe et XXe siècles voient une évolution qui n'est guère différente de celle des autres petites villes : lent déclin de la population, avec la rupture brutale due aux guerres mondiales (surtout celle de 1914-1918), qui épargnent cependant Lectoure, de par sa situation géographique éloignée des opérations militaires, qui lui vaut en revanche un afflux de réfugiés (les Alsaciens de Saint-Louis en 1940).

L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2008. En 2018, la commune comptait 3 665 habitants, en diminution de 1,74 % par rapport à 2013 (Gers : + 0,53 %, France hors Mayotte : + 2,36 %).

Carte de Cassini

Carte géologique

Carte IGN

Vue aérienne

Carte de l'état-major (XIXe siècle).

Source : www.annuaire-mairie.fr/plan-lectoure.html

Plan de Lectoure en Gascogne

Diocèse de Lectoure au XVIIe siècle (Jean-Marie Cazauran)

Lectoure possède les établissements scolaires suivants :

Enseignement élémentaire :

école maternelle La Ribambelle ;

école élémentaire Gambetta ;

école élémentaire Jean-François Bladé ;

école privée maternelle et élémentaire Immaculée Conception.

Secondaire :

cité scolaire Maréchal-Lannes : collège, section professionnelle, BTS, lycée d'enseignement général et technologique ;

CFA agricole ;

collège Saint-Joseph : collège d'enseignement catholique, privé sous contrat d'association avec l'État.

Internat pour filles et pour garçons ;

lycée Saint Jean : lycée d'enseignement catholique, privé sous contrat d'association avec l'État.

Lycée d'enseignement général. Internat pour filles et pour garçons.

Plusieurs manifestations culturelles et festivités sont organisées à Lectoure :

Le festival philo, organisé par l'association Le 122 et le café philo de Lectoure, au mois de mai.

Le festival Clin d'Œil, le dernier week-end de mai. Organisé par l'association ART vivant, le festival Clin d'Œil est un événement « enfance et famille » où pratiques amateurs (Ateliers d'Expression Créative menés à l'année par l'association) et professionnelles se rencontrent.

Rencontres en Lecture, organisé depuis 2015 par l'association Lectoure à Voix Haute, accueille début juillet auteurs, comédiens professionnels et lecteurs bénévoles.

L'Été photographique de Lectoure a lieu chaque année, en juillet-août. Organisé par le Centre d'art et de photographie de Lectoure, à l'initiative du photographe François Saint-Pierre, il s'agit d'une importante manifestation qui regroupe de nombreuses expositions dans divers lieux de la ville : Centre photographique de Lectoure, Halle aux grains, maison de Saint-Louis, école Jean-François Bladé, etc., avec des rencontres avec les artistes, des performances, des projections, des ateliers, des visites commentées. On y retrouve les meilleurs photographes contemporains.

Le festival pyrotechnique « Les nuits de feu », le dernier week-end d'août.

La Fête du Melon, en août.

Le Festival Bizarre, manifestation pluriartistique organisée le dernier week-end d’octobre par l’association Le 122. Ce Festival Bizarre a remplacé en 2016 le salon « Polars et histoires de police », créé en septembre 2013 par Le 122 car la municipalité de Gérard Duclos et la médiathèque de la ville ont voulu lancer leur propre salon du roman policier, salon qui n’a pas perduré. Le 122 organise maintenant son salon du polar à Fleurance.

La poésie en Europe de l'Est organisée par l'association Dialoguer en poésie, au mois d'août.

Les Rencontres avec les Métiers d'Art, en novembre.

La foire de la Saint-Martin, le 2e week-end de novembre. Cette foire agricole remonte au Moyen Âge.

Ancienne halle et maison commune de Lectoure : les autels tauroboliques sont visibles groupés par deux dans les piliers. Dessin d’Eugène Camoreyt d’après un dessin de Verdun, architecte de la ville. Probable interprétation de Camoreyt car ils ne sont pas visibles sur l’original de Verdun (source : Morburre).

Dans le domaine de la santé, sont présents :

L’Hôtel Goulard (thermes de Lectoure), cour intérieure. Hôtel Goulard, façade sur la place Boué de Lapeyrère. Complexe thermal, installé dans l’ancien hôtel particulier de la famille de Goulard. L’ancien collège et lycée Maréchal-Lannes, bâti au XVIIIe s. sur l’emplacement du collège des Doctrinaires, a été réaménagé en une résidence hôtelière 4 étoiles, l’Hôtel des Doctrinaires, relié au complexe thermal par un tunnel.

L’hôtel Goulard (thermes de Lectoure), cour intérieure (photographie de Morburre).

Ancien hôtel Goulard, situé sur la place Boué de Lapeyrère, à l’angle de la rue Nationale ; il abrite les thermes de Lectoure (photographie de Morburre).

L’Hôpital local, créé au XVIIIe siècle sur l'emplacement de l'ancien château des comtes d'Armagnac. Il a également acquis les bâtiments voisins de l'ancien collège-lycée Maréchal-Lannes. Il offrait 227 places, ainsi qu'un service de soins de longue durée de 80 places, et un service de soins infirmiers à domicile (SSIAD). Désaffecté en 2014, il abrite maintenant le Village des Brocs, brocanteurs et antiquaires. Maison de retraite, avenue du Maréchal-Lannes (route de Tané), 79 places.

Des équipements de sports et loisirs sont disponibles :

La piscine, installée en plein centre-ville, sur une des terrasses des remparts, offre une vue étendue sur la plaine du Gers et la chaîne des Pyrénées, visible dans sa quasi-totalité lorsque les conditions atmosphériques le permettent.

Le stade Ernest-Vila (Ernest Vila [1898-1950], enseignant et sportif, était un des principaux chefs de la Résistance dans le Gers), situé avenue de la Gare, au bas de la ville, offre des terrains de rugby et de football, des terrains d’entraînement, des courts de tennis, un skate park, un terrain motocross enfant.

Le lac des Trois Vallées est un ensemble de loisirs autour d’une retenue collinaire, semblable à celles qui ont été créées dans le Gers dans les années 1960 pour permettre l’irrigation des terres agricoles. Le lac est au cœur d’un ensemble d’équipements de 140 hectares comprenant camping, bungalows, piscine, espaces de jeux, etc.

Le Club de rugby à XV, l'Union Sportive Lectouroise, évolue dans le Championnat de France en honneur.

En ce qui concerne les cultes, la cité de Lactora était un centre de culte des religions romaines, mais surtout aux IIIe et IVe siècles du culte de Cybèle importé d’Orient, supplanté ensuite par le christianisme. Alternativement protestante et catholique au cours des Guerres de religion, Lectoure est majoritairement de culte catholique. Au XVIIe siècle, elle est fortement impliquée dans l’épisode janséniste. La ville a accueilli en ces murs de nombreuses communautés religieuses : carmes, capucins, cordeliers, jacobins, clarisses. Deux congrégations existent à Lectoure au début du XXIe siècle : les sœurs de la Providence et une communauté de carmélites.

Une petite communauté orthodoxe serbe occupe la chapelle Saint-Gény.

Les lieux de culte en activité sont l’église Saint-Gervais-Saint-Protais, l’église Saint-Esprit, les chapelles de la Providence et des Carmélites pour le culte catholique ; la chapelle Saint-Gény pour le culte orthodoxe.

La ville est située sur la via Podiensis du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. On vient de Miradoux, la prochaine commune est La Romieu, et la collégiale Saint-Pierre.

L'hôpital léproserie du Pont de Pile, les quatre hôpitaux Sainte-Catherine, Saint-Jean-Baptiste au faubourg est, Saint-Jacques, Saint-Antoine et Saint-Esprit près de l'église de ce nom, ainsi que les corps de saint Clair d'Aquitaine (conservé à la cathédrale) et de saint Gény (au couvent bénédictin de Saint-Gény), firent de Lectoure une halte majeure des pèlerins.

Dans le domaine économique, pendant longtemps, l’économie a été essentiellement agricole. Les agriculteurs pratiquaient une « polyculture vivrière » qui assurait à peu près toutes les ressources alimentaires : céréales, vignes, maraîchage, élevage (volailles, oies et canards), porcs, chevaux (Lectoure possédait un haras national). L’élevage bovin fournissait des animaux de travail (vache gasconne) et de boucherie, très peu de production laitière. De rares industries étaient liées à l’agriculture (fabrication de machines agricoles).

Important centre de production de melon (le Melon de Lectoure)

Ail blanc de Lomagne

Le chimiste belge Henri Lambert (mort en février 2010) s'est installé à partir de 1995 dans une ancienne tannerie au bord du Gers pour relancer la culture du pastel et produire, grâce à de nouvelles méthodes, des teintures et des pigments. Le Bleu de Lectoure acquiert une grande renommée. Poursuivie par son épouse Denise, l’activité de l’entreprise a été reprise en 2016 par une nouvelle équipe dans de nouveaux locaux.

Depuis 2003, avec l'exploitation d'eaux captées à une grande profondeur (le forage fut réalisé en 1979), Lectoure est devenue une station thermale. Les eaux sulfatées, chlorurées, sodiques, ont une température de 42 °C. L'établissement thermal est installé dans un hôtel particulier du début du XVIIIe siècle, l'hôtel de Goulard, le plus vaste de la ville.

Lectoure est labellisée ville d'art et d'histoire. Elle a obtenu le label Station classée de Tourisme en septembre 2011. Depuis 2005, la municipalité a créé une Zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP). En 2018, Lectoure compte dix immeubles classés au titre des Monuments historiques ; mais une politique d’investigation systématique menée depuis 2009 par Gaëlle Prost, chargée de mission à l’Inventaire du Patrimoine a permis d’amener le nombre de bâtiments inscrits à plus d’une centaine. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Lectoure a accueilli une grande partie de la population et la municipalité de Saint-Louis, d’où un jumelage entre les deux communes.

Vieille ville

L’axe principal est constitué par la rue Nationale, ancienne rue Royale et rue Impériale, où se trouvent plusieurs hôtels particuliers des XVIIe et XVIIIe siècles, la tour d'Albinhac du XIIIe siècle, dernière des « maisons fortes » subsistant du Moyen Âge, le portail des Cordeliers, l’église des Carmes ou du Saint-Esprit du XVIe, l'hôpital du XVIIIe élevé par l'évêque Mgr de Narbonne-Pelet, sur l'emplacement du château des comtes d’Armagnac. Au Nord et au Sud, les boulevards suivent le tracé des anciens remparts de la ville, encore présents bien que portes fortifiées et tours aient disparu : le boulevard du Nord à la base des remparts, et le boulevard du Midi établi sur l’ancien chemin de ronde. La seule tour conservée est, à l’angle nord-est, la tour du Bourreau du XIVe siècle. L’ancien bastion défendant la partie est de la ville a été aménagé en promenade publique. Trois lieux principaux retiennent l’attention : Hôtel de ville et sa salle des illustres. Tour d’Albinhac. Tour du Bourreau.

Hôtel de ville de Lectoure

L’hôtel de ville de Lectoure occupe l’ancien palais de l’évêché, situé sur le côté sud de la cathédrale Saint-Gervais-et-Saint-Protais, qui fut ensuite, successivement, la demeure du maréchal d’Empire Jean Lannes, la sous-préfecture, le tribunal et la mairie.

L’évêque Hugues IV de Bar entreprend la construction de l’évêché en 1676. Il a acheté plusieurs maisons et jardins du quartier de Fontélie. Trois artisans de Lectoure, Jean Rabbé et ses deux beaux-frères, Jean et Bertrand Cruchon, y travaillent. On édifie d’abord le corps principal au sud, puis le bâtiment reliant celui-ci à la cathédrale, où se trouve la façade, précédée d’un grand fossé qui donne le jour aux caves en sous-sol, et le pont, par-dessus ce fossé, qui permet l’accès au palais épiscopal. On construit des murs de clôture sur la rue Fontélie, qui se trouve nettement en contrebas du fait de la forte déclivité du terrain vers le sud. Entièrement construit par des petits artisans de Lectoure et des environs, l’édifice est achevé en 1682. L’évêché comprend aussi les jardins en terrasses derrière le corps de logis, ainsi qu’une Orangerie située à l’est, derrière le chevet de la cathédrale.

La construction du palais épiscopal a nécessité la destruction du cloître situé au sud de la cathédrale. Il n’en subsiste rien, sinon une pierre antique, retaillée sur l’autre face au Moyen Âge, qui servait de seuil dans les sous-sols de l’évêché. Des îlots d’habitations ont aussi disparu sous l’imposant remblayage qui a créé les terrasses inférieures des jardins de l’évêché.

Les évêques de Lectoure se succèdent dans ce palais jusqu’à la fin de l’Ancien régime. L’élection de Lomagne s’y tient en septembre 1787, en présence de l’évêque Emmanuel-Louis de Cugnac. Bien que le chef-lieu de l’élection se trouve à Fleurance, l’assemblée préfère tenir ses réunions au palais épiscopal, arguant de la « commodité » du lieu.

En 1790, l’évêché est vendu comme bien national, partagé en deux lots : d’une part, le palais lui-même, avec ses jardins ; d’autre part, l’orangerie et son jardin, séparée par un mur qui empêche désormais l’accès au chevet de la cathédrale. Le général Lannes acquiert l’évêché pour 524 000 francs, pour en faire sa résidence. En 1819, sa veuve, Louise de Guéhéneuc, en fait don à la commune. La mairie, le tribunal de première instance et la sous-préfecture peuvent enfin disposer de locaux spacieux.

Le palais des évêques se compose essentiellement de deux corps perpendiculaires. Le corps principal, où se situe l’entrée, s’appuie au nord sur la cathédrale, au sud sur le second corps. Il y a un petit retour sur la cour d’honneur, entre le contrefort de la façade de la cathédrale. De l’autre côté, se trouve également une salle, ancienne chapelle de l’évêché, qui communiquait avec la cathédrale par une porte murée, et qui abrita le premier musée avant son transfert dans les caves. Elle s’aligne avec le mur extérieur des chapelles du chœur, très débordantes par rapport à la nef. La façade sud du corps latéral présente un bel alignement de fenêtres. La moitié ouest domine la rue Fontélie, la moitié est donne, via un balcon reposant sur des arcades, sur une terrasse intermédiaire entre la promenade des Marronniers et la terrasse inférieure où se trouve la piscine.

Cour de l’Hôtel de Ville

On accède à l’hôtel de ville, entre la cathédrale et le bâtiment de l’office de tourisme, par un grand portail en ferronnerie, entre deux piliers sommés d’un bloc couronné frappé des initiales CL (Civitas Lactorae, « ville de Lectoure »), et deux portes pour les piétons de part et d’autre. Le bâtiment de l’office de tourisme est partie intégrante de l’ancien évêché, construit en même temps. Il servait d’écurie pour les chevaux de l’évêque et de logement pour le personnel. Au milieu du comble mansardé éclairé par d’élégantes lucarnes se trouvait un pigeonnier. Aujourd’hui, après avoir abrité la Poste, il héberge également, outre l’office de tourisme, côté cour d’honneur, une salle d’exposition au rez-de-chaussée, et les archives municipales à l’étage. La grande porte centrale en plein cintre a malheureusement été murée et garnie d’une fenêtre disgracieuse.

La façade de l’hôtel de ville, à un étage, en pierre de taille, est rythmée par de grandes fenêtres qui présentent la particularité d’être inégalement espacées, au point que certains volets ouverts doivent se chevaucher. Mais l’ordonnance classique, soulignée par des bandeaux horizontaux, n’en est pas moins respectée. Le fossé s’ouvrant sur les baies grillagées des caves est bordé d’une grille en ferronnerie du XVIIIe siècle.

Cour de l’hôtel de ville, les anciennes écuries (photographie : Engascogne)

Intérieur

Passée la porte d’entrée, on se trouve dans deux grandes salles, dites « des pas perdus », au sol dallé de pierre, communiquant par une large ouverture. Sur le pan de mur de part et d’autre, deux niches devaient accueillir des statues. La seconde salle donne accès, dans l’axe, à la promenade des Marronniers, anciens jardins de l’évêché. La première s’ouvre sur la droite sur un grand escalier, orné d’une belle rampe de ferronnerie, menant à l’étage, et au-dessous, un escalier descend aux anciennes caves, qui abritent maintenant le musée Eugène-Camoreyt.

Le musée Eugène-Camoreyt est le musée historique de Lectoure, dans le département du Gers. Hébergé dans l'hôtel de ville, c'est pour l'essentiel un musée lapidaire et archéologique qui regroupe des vestiges préhistoriques, gaulois, gallo-romains et en particulier la plus importante collection d'autels tauroboliques du monde. Il dépend aujourd'hui du réseau de Conservation départementale du patrimoine (2), dont le siège est à l'abbaye de Flaran.

En 1540, lors des travaux de reconstruction du chœur de la cathédrale Saint-Gervais-Saint-Protais, et dans les ruines de l'ancienne église Saint-Thomas qui l'avait précédée, on découvre 20 autels tauroboliques. La municipalité décide d'en faire une collection publique. Ces « tauroboles », très connus et revendiqués par la population, constituent un ensemble rare. Deux nouveaux autels seront découverts ultérieurement lors de travaux sur les murs du bastion, portant le chiffre total à 22, mais deux des autels recensés ont ensuite disparu. En 1591, la municipalité les fait placer en hauteur, deux à deux, dans les piliers soutenant la nouvelle maison commune, et ils y resteront jusqu'en 1840 où l'édifice est détruit par un incendie (il sera remplacé par la halle aux grains actuelle). Dans les années 1830, Zéphyrin, futur Jean-François Bladé, collecteur des Contes de Gascogne, alors âgé de neuf ou dix ans, ayant jeté au cours d'un charivari, dans les jambes d'un commissaire, un énorme pétard (du moins selon ses dires), est enfermé « dans une des salles basses de la mairie, qui servait alors de garde-meuble. Il y avait là tout un musée confus de hallebardes féodales, de couleuvrines du temps de la Ligue, de piques forgées sous la première République, de mousquets à pierre, de trompettes verdies, de réverbères réformés. Quelques inscriptions tauroboliques parlaient de baptêmes de sang, et de sacrifices accomplis par les Lactorates, mes nobles aïeux, sous l'empereur Gordien III, en l'honneur de la grande Cybèle » (3). Cette description quelque peu ironique (et pas nécessairement historique si l’on considère les dates) préfigure assez bien le contenu du musée tel qu'il pouvait apparaître jusque dans les années 1960.

Né le 12 juillet 1841 à Lectoure, dans une famille modeste, l’érudit local Eugène Camoreyt connaît un parcours auquel rien ne semblait le destiner (4). Il ne fait pas d'études, mais le professeur de dessin du collège, nommé Jean Sauta, qui loge chez ses parents, lui donne ses premiers cours de dessin et l’encourage dans cette voie. Eugène est admis à l'école des beaux-arts de Paris, où il remporte un prix de dessin. De retour dans sa ville natale, il dessine les monuments, remplit ses carnets qui sont devenus des documents précieux, et se prend d'intérêt pour leur histoire et l'archéologie. En 1874, il est nommé bibliothécaire et secrétaire de mairie. Il peut alors s'adonner à l'exploration des archives. Pour cela, il apprend le latin. Il s'intéresse à l'épigraphie. Il rédige de nombreuses notes sur l'histoire de Lectoure, dont peu sont publiées.

Cette même année, le maire Albert Descamps le nomme conservateur du nouveau musée, installé dans l'ancienne chapelle des évêques, une des salles du rez-de-chaussée de l'hôtel de ville, ancien palais épiscopal, qui jouxte la nef de l’ancienne cathédrale avec laquelle elle était vraisemblablement en communication.

Albert Descamps (1832-1910), député du Gers, maire de Lectoure (source : Morburre).

Camoreyt orne le mur de cette salle d’une peinture représentant Lectoure au XVIe siècle, d’après un vitrail de la cathédrale. Cette œuvre, d’une qualité contestable (Eugène Camoreyt est un dessinateur exact et méticuleux, mais ses qualités de peintre sont assez limitées), demeura longtemps, malgré la polémique, avant de disparaître sous un badigeon. Camoreyt va s'employer à enrichir sans cesse son musée, apportant ses propres découvertes et lançant de nouvelles campagnes de fouilles fructueuses dans la zone de Pradoulin, site de l'ancienne cité gallo-romaine de Lactora, dans la plaine au pied de l'oppidum. En 1883, Camoreyt lance une thèse nouvelle : il situe à Lectoure le fameux oppidum des Sotiates, pris par Crassus au cours de la guerre des Gaules. D'abord par un article dans la Revue de Gascogne, repris dans un tiré à part, puis dans d'autres ouvrages où il met autant d'énergie à défendre sa position qu'à attaquer ses adversaires, sans doute mieux armés pour le débat, comme l'abbé Breuil, Otto Hirschfeld, Émile Cartailhac ou Camille Jullian. Devant l'hostilité générale à sa thèse, Eugène Camoreyt ne se consacre plus qu'au dessin et à la peinture, jusqu'à sa mort le 10 février 1905.

La nécessité d'un nouveau local pour le musée, très à l'étroit dans sa salle unique, se faisait sentir à la fin des années 1960 et le début des années 1970, d'autant que des travaux entrepris en ville basse, et sur le plateau de Lamarque (construction du nouveau lycée) avaient nécessité de nouvelles fouilles, et entraîné de nouvelles découvertes. La direction et la coordination des fouilles est assurée par Mary Larrieu-Duler, qui est responsable du musée. Un emplacement apparaît comme idéal : les caves voûtées de l'hôtel de ville, où se trouvaient les cuisines lorsque le bâtiment abritait l'évêché. Le devis proposé par l'architecte des Bâtiments de France dépassant largement les possibilités financières de la commune, les travaux d'aménagement sont alors pris en charge par des bénévoles : les élèves et les professeurs du lycée Maréchal-Lannes se chargent du déblaiement des tonnes de gravats qui encombrent les lieux, de la confection des chapes du sol. Le spéléo club de Gascogne nettoie les voûtes et installe les sarcophages, l’équipe de rugby se charge des autels tauroboliques, les élèves du Centre technique du Fer réalisent la grille de l’entrée du musée. Un puits, creusé directement dans les caves servait à l'approvisionnement en eau des cuisines, mais un autre puits est découvert, objet archéologique qu'il est rare de trouver dans un musée, à savoir un puits funéraire gaulois du Ier siècle. Le 3 juillet 1972, le nouveau musée est inauguré par le ministre des affaires culturelles, Jacques Duhamel. Mary Larrieu-Duler est conservateur du musée jusqu'à son décès prématuré, en février 1980.

Malgré sa situation idéale au cœur de l’hôtel de ville, l’architecture de ses salles en sous-sol — avec la présence inamovible d’une pièce telle qu’un puits funéraire gaulois —, le musée souffre d’un taux d’hygrométrie excessif, et surtout d’un espace qui limite les possibilités d’aménagement et de mise en valeur des collections, de salles d’expositions temporaires et autres lieux indispensables à une muséographie actuelle. De nouveaux projets sont à l’étude.

Les collections du musée

Salle 1 : paléologie, préhistoire

Fossiles trouvés à Lectoure et ses environs : dents et défenses de mastodonte, tortue. Outillage paléolithique, mésolithique, néolithique. Haches en bronze.

Salle 2 : époque gauloise

Objets trouvés dans les puits funéraires du Ier siècle.

Salle 3 : cultes païens. Les autels tauroboliques

Les tauroboles étaient de grandes cérémonies liées au culte du dieu Mithra, puis de la déesse Cybèle et de son parèdre Attis, florissant aux IIe et IIIe siècles de notre ère et dont Lactora était un des grands centres. Le fidèle désirant se purifier offrait une victime selon ses moyens : un taureau (il s'agit bien alors d'un taurobole), ou un bélier (on parle alors de criobole). Selon le rituel communément admis, mais aujourd’hui contesté, le fidèle (ou le prêtre ?) descend dans une fosse et on égorge la victime au-dessus, le bain de sang constituant l'acte purificateur. Le fidèle offrait alors un autel taurobolique en souvenir de cette cérémonie, portant son nom, le nom du prêtre officiant, la date. Sur les faces latérales sont sculptés soit la tête de l'animal sacrifié, soit un des objets rituels du culte : patère, torche, glaive, burette. La collection comprend vingt autels tauroboliques (un peu moins de la moitié de ceux actuellement répertoriés en France), presque tous en marbre blanc de Saint-Béat, dont un (à la fois taurobole et criobole) fut offert par la république des Lactorates pour le salut de la famille impériale. Ils correspondent à trois grandes cérémonies qui eurent lieu, la première en 176, la deuxième en 239, la dernière en 241. Ces autels furent découverts en 1540 sur l’emplacement du chœur de la cathédrale Saint-Gervais-Saint-Protais et d’une église précédente dédiée à saint Thomas.

Outre les autels tauroboliques, cette salle présente aussi de nombreux monuments liés à d’autres cultes, épitaphes, etc.

Autel taurobolique des Lactorates

Salle 4 : monuments funéraires

Monument à l’impératrice Faustine divinisée

Voisinant avec le puits funéraire gaulois découvert sur place, des sarcophages provenant de la grande nécropole de la ville basse, dont un très beau sarcophage de marbre blanc de l'école d'Aquitaine du Ve siècle, à toit à double pente orné d'écailles et de pampres, les faces étant également ornées de pampres entre des décors à chevrons. Plusieurs stèles et cippes funéraires, dont celui de Donnia Italia, jeune affranchie de vingt ans portant l'inscription NON FVI - FVI - MEMINI - NON SVM - NON CVRO (Je n'ai pas été - J'ai été - Je me souviens - Je ne suis plus - Je ne m'en soucie pas) (6).

Épitaphe de Donnia Italia Sarcophage, école d’Aquitaine

Salle 5 : catacombes

Cette salle à voûtes basses évoque des catacombes, avec des sarcophages sans décor, en pierre ou en marbre. L'un d'eux est un bisome, sarcophage double, il contenait les restes d'un homme et d'une femme se tenant par le bras, un enfant placé entre eux. Tous ces sarcophages proviennent de la nécropole de Pradoulin.

Salle 6 : époque mérovingienne

À partir du Ve siècle, les grandes invasions barbares laissent leur marque. La cité gallo-romaine est détruite, les habitants se réfugient sur les hauteurs de l'oppidum. Les sarcophages diffèrent des précédents par leur forme : le toit est à deux pentes et non plus quatre, ils sont plus larges à la tête qu'aux pieds. L'époque mérovingienne témoigne d'une parfaite maîtrise de l'orfèvrerie : plaques-boucles de ceinture, boucles de jambières, fibules, bijoux. Cette salle présente aussi des chapiteaux de marbre préromans.

Salle 7 : mosaïques

Dans cette belle salle voûtée de huit arêtes de briques autour d'une clé datée de 1680, sont présentées des mosaïques découvertes dans les villas gallo-romaines de la région. Les tesselles sont composées de pierre blanche et jaune, les bleus et noirs de pierre des Pyrénées, et les rouges de terre cuite. La plus remarquable représente le dieu Oceanus à la barbe de fleuve.

Le dieu Oceanus, mosaïque trouvée au Gleyzia, Montréal-du-Gers

Mosaïque provenant de Larressingle

Salle 8 : vie quotidienne à l'époque gallo-romaine

Ensemble d'objets de la vie quotidienne, artisanat : un four de potier trouvé dans les fouilles de la ville gallo-romaine a été transporté entier dans le musée, à côté d'exemples de sa production. Bijoux, fibules, amulettes, lampes à huile. Nombreuses pièces de monnaie provenant des trois trésors découverts dans un vase en bronze, un sac de toile et un vase en terre.

Four de potier de la ville romaine de Lactora

Autres salles

En plus du musée proprement dit, l'hôtel de ville offre au rez-de-chaussée trois autres salles thématiques :

Salle du souvenir du Maréchal Lannes

Elle regroupe des souvenirs, objets, meubles, portraits liés à Jean Lannes, duc de Montebello, maréchal d'Empire, né à Lectoure.

Salle du souvenir de l'amiral Boué de Lapeyrère.

L'amiral Auguste Boué de Lapeyrère (1852-1924), né au Castéra-Lectourois, commanda les flottes alliées en Méditerranée et fut ministre de la Marine. Il est le créateur de l'Aéronautique maritime, à l'origine de l'Aviation navale.

Pharmacie ancienne

Dans l’ancienne chapelle des évêques, où se trouvait le premier musée, on a reconstitué dans son intégralité, avec ses meubles d'origine, une pharmacie du XIXe siècle, provenant de la ville voisine d'Astaffort. On peut aussi voir dans cette salle une très belle cheminée Renaissance, qu'Eugène Camoreyt avait fait transporter d'une maison de la ville dans cette salle du musée.

Conservateurs du musée

Eugène Camoreyt (1874-1905), professeur de dessin, fondateur

Jules de Sardac (1905-1946), maire de Lectoure

André Lagarde (1946-1964), archiviste municipal

Mary Larrieu-Duler (1964-1980), archéologue, attachée au CNRS

Michel Hue (1995), conservateur départemental du patrimoine

Notes :

(1) : Veille Info Tourisme, p. 129.

(2) : Conseil général du Gers.

(3) : Jean-François Bladé, préface des Poésies populaires de la Gascogne, T. 2, Paris, Maisonneuve et cie., 1881-82, 401 p.

(4) : Jules de Sardac, BSAG, 1905.

(5) : « Eugène Camoreyt (1841-1905) - Auteur - Ressources de la Bibliothèque nationale de France », sur data.bnf.fr

(6) : G. Fabre, P. Sillières, Inscriptions latines d'Aquitaine (ILA), Ausonius, Bordeaux, 2000, 254 pages, (ISBN 2910023-19-2).

Sources et bibliographie :

- Sites et monuments du Lectourois,

sous la direction de Maurice Bordes, Lectoure, 1974.

- Deux siècles d'Histoire de Lectoure (1780-1980),

Syndicat d'initiative, Lectoure, 1981.

 Mary Larrieu-Duler,

Le Musée de Lectoure

, Paris, collection Musées de France, Nouvelles Éditions latines, ca 1980 (ISBN 2-7233-0094-3).

 G. Fabre, P. Sillières,

Inscriptions latines d'Aquitaine (ILA),

Ausonius, Bordeaux, 2000, 254 pages, (ISBN 2-910023-19-2).

 Dr Jules de Sardac,

M. Eugène Camoreyt

, Auch, Bulletin de la Société archéologique du Gers, avril 1905, p. 173, Gallica.

 Pierre Léoutre, « Les Tauroboles de Lectoure : Recueil de textes », Books On Demand, 2 février 2021, 318 pages.

Porte et fenêtres de l’ancienne sénéchaussée (fin XVe s.), dessin d’Eugène Camoreyt (1841-1905) – reproduction de Morburre.

À l’étage, on accède à la salle de l’ancien tribunal, ornée de grandes toiles du XIXe siècle (dépôts des musées nationaux) et à la salle des illustres, puis aux différents services de la mairie.

Salle des Illustres

La salle des Illustres est une vaste « galerie à l'italienne » ouverte vers le sud par une série de grandes fenêtres. Y figurent les portraits des Lectourois les plus notables, un grand nombre d'officiers supérieurs de la Révolution et de l'Empire, mais aussi, au XIXe siècle, trois amiraux. Écrivains et poètes sont exclus de cette galerie, seul un portrait de Jean-François Bladé ( * ) , don du peintre Germain Massoc, se trouve dans l'entrée. Les « illustres » représentés sont :

Jean Lannes, maréchal d’Empire ;

Jean-Jacques de Laterrade, général, par Louis Paul Auguste Tournier (Auch, 1830-) ;

Pierre Banel, général, par Justin Maristou (professeur de dessin au collège de Lectoure), 1866 ;

Jérôme Soulès, général, par Marie Nicolas Ponce-Camus ;

Jean-Baptiste Dupin, général. Ce tableau anonyme plutôt naïf (

Le tableau (…) du baron Dupin en culotte de fer-blanc

, écrit Bladé), de grandes dimensions, dut être amputé du sabre tenu à l'horizontale, pour entrer dans la salle ;

Jacques-Gervais Subervie, par Gustave de Galard (1822) ;

Joseph Lagrange, général (auteur anonyme) ;

Louis Antoine Marie Victor de Galard, contre-amiral (1765-1840), par Gustave de Galard ;

Augustin Dupouy (1808-1868), vice-amiral, par Gustave Lassalle-Bordes ;

Auguste Boué de Lapeyrère, amiral, ministre, par Jean Marie Didier-Tourné ;

Augustin Boutan, inspecteur général de l'instruction publique, père de Louis Boutan, pionnier de la photographie sous-marine, et d'Auguste Boutan, inventeur d'un scaphandre autonome. Par Pierre Tossyn.

( * ) : L'ennemi d'Abd-el-Kader, Revue d'Aquitaine, 4e année, 1859-1860

Général Banel

J.-B. Dupin

Général de Laterrade

Général Soulès

Général Subervie

Augustin Boutan

Extérieur

Les jardins de l’évêché ont été convertis en une promenade publique, arborée aujourd’hui, comme son nom l’indique, de marronniers. Initialement elle était plantée d’ormeaux. La bordure vers l’est, avec une balustrade typique du Lectourois au XVIIe siècle, domine d’une grande hauteur l’ancien fossé qui séparait le rempart du grand bastion, lui aussi aménagé en promenade. Côté nord, la promenade touche la cathédrale Saint-Gervais. De ce côté se trouvait une scène sur tréteaux de bois, aujourd’hui disparue, qui faisait de la promenade un « théâtre de la Nature ».

Cathédrale et bâtiments de l’hôtel de ville, vus du jardin des Marronniers (photographie de Morburre).

Pendant longtemps eurent lieu des représentations théâtrales, et nombre de festivités liées à la vie de la cité, distribution des prix, fêtes scolaires, etc. La Comédie française venait régulièrement y donner des représentations des grandes pièces de son répertoire : la tragédienne Madeleine Roch y joua pour la dernière fois, ce que rappelle une plaque de marbre apposée sur le mur de la mairie, et une allée est dédiée au comédien Albert Lambert, autre habitué. Au sud, la promenade surplombe une deuxième terrasse, autrefois jardin potager, où se trouve la piscine municipale. Au-delà, d’autres terrasses arrivent à la demilune et au rempart qui englobait la porte Fontélie et la fontaine Diane. La vue vers le sud offre un vaste panorama sur la plaine du Gers où peut apparaître, par temps clair, la quasi-totalité de la chaîne des Pyrénées.

Sources :

Histoire de Lectoure

, sous la direction de Maurice Bordes et Georges Courtès, Lectoure, 1972.

Sites et monuments du Lectourois

, sous la direction de Maurice Bordes, Lectoure, 1974.

Deux siècles d'Histoire de Lectoure (1780-1980)

, Syndicat d'initiative, Lectoure, 1981.

Hôtel de ville (photographie de Morburre).

L'escalier de l'hôtel de ville (photographie de Morburre).

La salle des Illustres (photographie de Morburre).

Maison dite Castet de las Clarinetos (château des clarinettes), 1895. Selon la tradition, le propriétaire de cette maison, située en contrebas de l’hôtel de ville, alors également sous-préfecture, passait ses journées à jouer de la clarinette. Excédé, le sous-préfet lui interdit de toucher à son instrument. Le propriétaire fit alors rebâtir sa maison en l’ornant de clarinettes, et lui donna ce nom (photographie de Morburre).

La tour d’Albinhac

La tour d’Albinhac est une « maison forte » (habitation fortifiée à l’intérieur de la ville, équivalent de la salle isolée dans la campagne) dans la ville de Lectoure. C’est un édifice des XIIIe ou XIVe siècles, remanié au cours des siècles suivants.

La cité médiévale de Lectoure comptait plusieurs maisons fortes, ultimes refuges en cas d’invasion ou de prise de la ville. Ainsi, après sa capitulation devant les troupes du cardinal d’Albi, en 1473, Jean V d'Armagnac s’était réfugié dans sa maison forte de Sainte Gemme, ce qui ne l’empêcha pas d’en sortir et de se faire assassiner.

On ignore le premier nom de la tour d’Albinhac, comme celui de ses premiers propriétaires. Au XVIe siècle, elle appartient aux frères Pérès, qui la vendent à la famille Aulins. À la mort de Bertrand d’Aulins, conseiller au Sénéchal, ses héritiers la vendent (vers 1563-1564) à Noble Blaise Quignard, seigneur d’Albinhac, juge-mage (Albinhac, commune de l’Aveyron aujourd’hui supprimée, faisait partie du comté de Rodez, possession des comtes d’Armagnac). C’est alors que la « maison sive tour » prend son nom. La maison est alors totalement entourée d’autres constructions, on n’y accède que par un carrelot (ruelle étroite) depuis la rue Juzanne (plus tard rue Dupouy, parallèle à la grande rue Royale). Comme la plupart des grandes demeures médiévales, elle était séparée de la rue principale par des bâtiments de faible hauteur, souvent ouverts par des arcades, constituant des échoppes d’artisans ou de commerces.

La tour d’Albinhac n’est visible que de loin par sa partie supérieure, qui dépasse les maisons de la ville. La maison sert ainsi d’habitation jusqu’à ce qu’elle soit à peu près abandonnée. À la fin du XXe siècle, on démolit les bâtiments voisins sur la rue Nationale, dégageant ainsi une petite place et la façade est de l’édifice. La tour abrite aujourd’hui un café bar et des logements.

La tour d’Albinhac, angle nord-est (photographie de Morburre).

La tour d’Albinhac est constituée d’un grand corps quadrangulaire de deux étages, accoté au nord d’une tour carrée de même largeur, plus élevée d’un étage (atteignant une hauteur de 19 m), dotée dans son angle nord-est d’une tourelle ronde en encorbellement. Une fenêtre arasée témoigne que la tour était plus haute et qu’elle a été arasée, peut-être à la suite du siège de 1473. Le troisième niveau de la tour est voûté en berceau brisé. La tour comme la maison sont couvertes d’un toit de tuiles en bâtière. L’édifice présentait à l’origine peu d’ouvertures. Comme pour les salles et les châteaux gascons, le rez-de-chaussée était aveugle. Seule une porte ogivale s’y ouvre, surmontée ici d’un mâchicoulis. Au XVIe s. on transforme une baie du haut de la tour, côté est, en fenêtre à meneaux, et au XVIIIe une autre sur l’élévation sud.

Sources :

- Histoire de Lectoure,

sous la direction de Maurice Bordes et Georges Courtès, Lectoure, 1972.

 Collectif,

Sites et monuments du Lectourois,

Auch, imprimerie Bouquet, 1974.

Maison des Cariatides (XIXe s.) à Lectoure : détail de la balustrade (photographie de Morburre).

La Tour du Bourreau

La tour du Bourreau ou tour de Corhaut est la seule tour subsistant de l’enceinte médiévale fortifiée de la ville de Lectoure. Son nom vient du fait qu’elle était la résidence du bourreau, alors que « tour de Corhaut » était sa désignation officielle, due à sa situation dans le quartier de Corhaut, près de la porte du même nom.

La tour est située à l’angle nord-est, sur la partie la plus exposée, et donc la mieux fortifiée de la ville : Lectoure occupe le lobe d’un plateau escarpé de toutes parts, excepté à l’est ou le sol est à peu près à niveau et où se concentraient les principales défenses : deux bastions précédant une barbacane et une porte. Un fossé séparait les bastions des remparts descendant vers le sud et vers le nord en terrasses successives. La tour du Bourreau était à la jonction des remparts est : le rempart principal, actuellement non visible car englobé dans les constructions ultérieures, était précédé d’un autre plus tardif (le long de l’actuelle rue Barbacane) qui aboutissait à la barbacane, et de celui du nord. La tour était ouverte vers la ville. À proximité immédiate de la tour, le rempart nord possède à la base des blocs de remploi issus du premier rempart « romain » du Bas-Empire. L’un d’eux présente en son centre un trou de louve (1).

(1) : Georges Fabre, Pierre Sillières, Inscriptions latines d’Aquitaine, Lectoure, Bordeaux, Ausonius, 2000.

Dans son état actuel, la base de la tour résulte de la reconstruction en 1537 d’une tour antique, jugée trop en retrait et inefficace, dont les fondations sont visibles à l’intérieur, alors que la partie supérieure, marquée par des pans rectilignes formant un polygone irrégulier dont les angles reposent sur des encorbellements à boudins, correspond aux aménagements faits en 1592, comme en témoigne une pierre gravée visible en haut de la tour, côté est : REGN.Ho4 / FÉVRIER / 1592. Le roi Henri IV qui portait une grande attention à « sa » ville y fit de fréquents passages pour contrôler les travaux des fortifications. Cette pierre gravée est la seule qui subsiste sur les huit qui ont été relevées en divers endroits des remparts (2).

Construite comme le reste des remparts avec de gros moellons de pierre calcaire prise sur place, couverte actuellement d’un toit de tuiles, elle ne laisse pas deviner la nature exacte de son couronnement d’origine, créneaux, mâchicoulis, etc. Le plan de Mérian / Tassin (XVIIe siècle) la montre couverte d’un toit en poivrière, mais il s’agit peut-être d’une représentation conventionnelle sans rapport avec la réalité. Des aménagements y sont apportés en 1547. De cette époque datent probablement les meurtrières pour armes à feu. L’intérieur de la tour (les deux tiers) est rempli de terre. Plus tard on ouvre des fenêtres, lorsque la tour abrite un corps de garde, puis une maison d’habitation. Une poterne à arc en plein cintre s’ouvre vers l’ouest, sur l’actuel boulevard du Nord, alors simple chemin de ronde à la base des remparts. Une autre meurtrière se trouve à côté.

Seule tour épargnée par la destruction des fortifications, mais dépourvue de son couronnement, la tour fut transformée en habitation et se trouva accolée à des bâtiments adventices (visibles sur les cartes postales anciennes) qui furent plus tard supprimés, alors qu’une maison neuve lui était adjointe en partie supérieure en 1967.

Le dernier bourreau : Jean Rascat

Le dernier bourreau qui occupa la tour fut Jean Rascat, né en 1759 à Nègrepelisse (Tarn-et-Garonne), exécuteur de justice de la ville sous l’Ancien Régime, de 1780 à 1784. Il opérait dans les sous-sols de la sénéchaussée, appliquant la question ordinaire ou extraordinaire, et il procédait aux pendaisons. Il fut ensuite aide bourreau à Agen jusqu’en 1788, puis maître exécuteur à Auch, il démissionna pour partir à Bordeaux, revint à Auch, préposé à la guillotine en 1792, mais il s’acquitta assez mal de sa tâche, et de plus il favorisa, non par humanité, mais par cupidité, l’évasion de deux femmes. Cela lui valut deux jours au pilori, puis deux ans de prison. Il vécut un temps de mendicité et de « travaux ignobles », fut aide bourreau à Tarbes, avant de revenir à Lectoure, où il vivait avec une petite pension que lui versait le notaire Bladé (3) . Il finit ses jours le 7 décembre 1846 à Périgueux, où son fils Joseph Rascat était exécuteur adjoint. Jean Rascat est le seul exécuteur dont le nom ait été conservé pour la sénéchaussée d’Armagnac. D’autres exécuteurs avant lui sont attestés depuis 1735 comme ayant habité la tour. Bien qu’il n’eût exercé que peu de temps à Lectoure, il y revint souvent. Jean-François Bladé avait plusieurs fois rencontré le vieil homme et publié ses témoignages, dans la préface de ses Contes de Gascogne (4) ; il dit que le nom de rascat était passé dans le langage courant pour désigner un bourreau. La tour du Bourreau fut vendue pour la première fois à un particulier par la ville, le 25 avril 1869 (rapport archéologie 2014, p. 180). Elle est depuis la propriété de personnes privées. La tour du Bourreau a été inscrite Monument historique en 1947. Elle est à présent signalée sous le nom de tour de Corhaut, dite Tour du Bourreau.

(2) : Léo Barbé, « Henri IV le Grand et Lectoure, à propos du quatrième centenaire de son accession au trône de France », Auch, Bulletin de la société archéologique du Gers, janvier 1990, p. 148 Gallica.

(3) : Docteur Trouette, Demande d'emploi en l’an XII, in Bulletin de la Société archéologique du Gers, Auch, 1er trim. 1962, p. 110-119 ; Jean-François Bladé, préface des Contes populaires de la Gascogne, Paris, Maisonneuve frères et C. Leclerc, 1886, 358 p.

(4) : Jean-François Bladé, Contes populaires de la Gascogne, Paris, Maisonneuve, 1886 ; Antiqui Juris amoenitatis, Revue d'Aquitaine, t. III, 1858-1859.

Tour du Bourreau, Tour de Corhaut : vue sur la tour ouest (photographie de ww2censor).

Tour du Bourreau, ou tour de Corhaut, XIVe s., vue du Nord (photographie de Morburre).

Plan des fortifications de la ville de Lectoure (Gers) édité par Mérian entre 1655 et 1661. La tour du Bourreau est à l’angle inférieur gauche (le Nord est en bas) - Scan de Morburre.

Sources

- Histoire de Lectoure,

sous la direction de Maurice Bordes et Georges Courtès, Lectoure, 1972.

 Collectif,

Sites et monuments du Lectourois,

Auch, imprimerie Bouquet, 1974.

 POP : la plateforme ouverte du patrimoine, Ministère de la Culture :

www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA32001066

Fontaine Diane

La fontaine Diane (photographie de Morburre).

Au sud, la fontaine Diane, Hountélie en gascon, d’origine romaine, habillée de trois arcades du XIIIe siècle. L’origine de son nom est sujette à caution : si elle était probablement bâtie sur un lieu de culte gallo-romain, l’appellation Hountélie a été interprétée comme « fontaine d’Élie », ou comme hount Délios, Délios représentant Diane, et ce nom est resté.

Cette fontaine, alimentée par une source abondante et régulière, a fourni en eau l’artisanat du quartier de Hountélie, notamment les ateliers de tanneurs situés en contrebas, le long d’une ruelle appelée carrelot merdous (en raison des odeurs émanant de cette activité), puis la tannerie royale de Lectoure et une grande quantité de foyers domestiques jusqu’à l’installation des réseaux d’eau courante. Il est probable, étant donné l’histoire de Lectoure, qu’elle était dès l’Antiquité dédiée à quelque divinité, et peut-être un temple dédié à Jupiter était-il installé au-dessus. Cependant, l’origine du nom de « Hountélie », comme celui de « fontaine Diane », demeurent sujets à controverses. Les érudits de la Renaissance ont interprété Hountélie comme hount Délios, autrement dit la déesse Diane honorée à Délos : hypothèse la moins vraisemblable, mais qui a connu le plus grand succès puisque le nom s’est imposé. Henri Polge a émis l’hypothèse que la fontaine était dédiée au prophète Élie, s’appuyant sur le fait que les Carmes étaient installés à proximité avant de s’établir à l’intérieur de la ville, et que le prophète et sa fontaine sur le mont Carmel tenaient une grande place dans leurs traditions. Cependant, on a aussi fait valoir qu’un mot gascon, hontaliu, désigne simplement un lieu pourvu de sources (1).

L’apparence actuelle date du XIIIe siècle. La fontaine est englobée dans un ensemble de remparts assez complexe, au-dessous et donc à l’extérieur de la porte Hontélie : bien que structurellement située en dehors de l’enceinte, elle était suffisamment protégée des assauts venant de l’extérieur. Il s’agit d’un bassin couvert d’une voûte en berceau brisé vers l’avant, en plein cintre à l’arrière (ce qui laisse penser que la fontaine d’origine a été agrandie au XIIIe siècle alors qu’on construisait les remparts et les tours), décoré de peintures murales très dégradées. L’eau vient de trois sources, dont la plus importante arrive par un couloir formé par des dalles en V inversé. Le bassin s’ouvre vers le sud par deux arcades ogivales en tiers-point, protégées par une grille de ferronnerie aux pointes en fleur de lys du XVe siècle, et reposant sur une colonne cylindrique avec chapiteau à motif de feuillages simples. Une grande arcade les englobe, et le tout est surmonté d’une petite maison, vestige d’une tour plus imposante, jouxtant l’actuel jardin de la Cerisaie qui correspond à la première des terrasses qui se succèdent en remontant vers la ville haute. On accède à la fontaine par un escalier, au bas de l’actuelle rue Fontélie. La fontaine était encaissée entre des murs très hauts qui la dissimulaient aux regards extérieurs avant que le mur lui faisant face ait été abaissé à la fin du XXe siècle. L’eau s’écoule au besoin par deux gros robinets, tandis que le trop-plein du bassin s’évacue par une ouverture sur la droite et, traversant le mur est, va remplir un abreuvoir sous les remparts avant d’être dirigé par une canalisation vers l’ancienne tannerie royale.

La fontaine Diane est inscrite Monument historique en 1925.

Plaque du carrelot merdous (Photo de Morburre).

Fontaine de Délice (sic), en réalité fontaine Diane à Lectoure, gravure anonyme, in Eugène Trutat, Le Midi pittoresque, Limoges, M. Babou & Cie (source : Morburre)

Fontaine du XIIIe siècle vue depuis le boulevard du Midi à Lectoure (Photo : Engascogne).