Splendeurs maçonniques - Pierre Léoutre - E-Book

Splendeurs maçonniques E-Book

Pierre Léoutre

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Beschreibung

Qu'est-ce que la franc-maçonnerie ? Quelle fut son histoire en France de la Monarchie à la République, de l'ancien Régime à la Révolution, de la Ière à la Vème République ? Qu'est-ce qu'un franc-maçon ? A quelle symbolique identitaire se rattache-t-il ? Quels objets personnels attestent quotidiennement de son engagement maçonnique ? Y a-t-il une esthétique de la franc-maçonnerie ? Toutes ces questions et bien d'autres parsèment la moindre discussion sur l'univers maçonnique. L'ambition de cette exposition « Splendeurs maçonniques » est d'y répondre. Afin d'opposer à la rumeur, à l'intolérance, à la passion et souvent à l'ignorance la réalité des références, l'exposition à Toulouse en 2003 de plus de trois cents pièces rares offre une déclinaison illustrée des symboles de la franc-maçonnerie.

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par les différents responsables

des Collections présentées.

L'ensemble des clichés a été réalisé

par le Studio J2R et Marie Deveaux,

excepté les clichés des verres de la Collection particulière

réalisés par le Studio Marion

Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage

est formellement interdite sans l'accord de l'auteur.

Tous droits réservés pour tous pays.

275e anniversaire de la création de l'Ordre maçonnique en France

Commissariat de l'exposition

Monique Rey-Delqué

Ensemble Conventuel des Jacobins

Ludovic Marcos

Musée de la Franc-Maçonnerie

Christian Humbert

Association Toulouse 2003

Ville de Toulouse

Philippe Douste-Blazy

Député-Maire de Toulouse

René Bouscatel

Maire-Adjoint

Coordination des Affaires Culturelles

Marie-Hélène Le Digabel

Conseiller délégué responsable des Musées

Pierre Trautmann

Directeur Général des Services

Janine Macca

Directeur Général Adjoint des Services

Monique Carreras

Directeur des Affaires Culturelles

Ensemble Conventuel des Jacobins

Monique Rey-Delqué

Conservateur du Patrimoine

Directeur de l'Ensemble Conventuel des Jacobins

Et chargée du Patrimoine Historique de la Ville de Toulouse

Jeanine Duveau

Documentaliste

Marie-José Sous

Scénographie et mise en place de l'exposition

Claude Gers, Robert Wendling

Administration de l'exposition

Valérie Tapin

Secrétariat de l'exposition

Région Midi-Pyrénées

Martin Malvy

Président du Conseil régional Midi-Pyrénées

Joël Neyen

Chef de Cabinet

Musée de la Franc-Maçonnerie Paris

Ludovic Marcos

Conservateur

Annie Corbelleto

Commission Nationale d'Histoire Grande Loge Féminine de France

Pierre Mollier

Conservateur des Archives

Musée belge de la Franç-Maçonnerie Bruxelles

Laetitia Carlier

Conservateur

Institut Toulousain d'Études Maçonniques

Paul Dedieu

Président

Association Toulouse 2003

Christian Humbert

Président

Jacky Bena

Secrétaire

Pierre Léoutre

Trésorier

Musée-Archives-Bibliothèque de la Grande Loge de France Paris

Philippe-Henry Morbach

Conservateur

Frédéric Boueil

Administrateur

François Rognon

Bibliothécaire

Bibliothèque-Musée de la Grande Loge Nationale de France Paris

François Geissman

Conservateur

Sommaire

Préfaces

Philippe Douste-Blazy, député-maire de Toulouse

Martin Malvy, président du Conseil Régional

Alain Bauer, président du Conseil de l'Ordre du Grand Orient de France

Michel Barat, Grand Maître de la Grande Loge de France

Jean-Charles Foellner, Grand Maître de la Grande Loge Nationale Française

Marie-France Picard, Grande Maîtresse de la Grande Loge Féminine de France

Sylvie Gratz, président du Conseil National du Droit Humain

Monique Rey-Delqué, Conservateur du Patrimoine, Directeur de l'Ensemble Conventuel des Jacobins et chargée du Patrimoine Historique de la Ville de Toulouse

INTRODUCTION, Christian Humbert

HISTOIRE

La franc-maçonnerie à Toulouse au XIX

e

siècle, André Combes

La franc-maçonnerie toulousaine pendant la guerre, André Combes

SYMBOLISME

Le symbolisme, chemin vers la connaissance, Philippe-Henry Morbach

Le grand dépôt symbolique des francs-maçons, Luc Néfontaine

Le symbolisme du temple des francs-maçons, Ludovic Marcos

MAÇONNOLOGIE

Le langage maçonnique, Pierre Léoutre, Patricia Lesire Valéry Rasplus, Andrée Rollin

Egyptomania, ces sphinx qui n'arrêtent pas de faire énigme, Brahim Drici

Loges d'adoption, rite d'adoption, Françoise Moreillon

L'envers du décor, Monique Vrins, Martine Huybrechts

Le travail du verre, William Welch

Deux maçons passionnés : A. Du Mège et G. Chalot, Pierre Mollier

CATALOGUE

GLOSSAIRE

Qu'est-ce-que la franc-maçonnerie ? Quelle fut son histoire en France de la Monarchie à la République, de l'ancien Régime à la Révolution, de la Ière à la Vème République ? Qu'est-ce qu'un franc-maçon ? À quelle symbolique identitaire se rattache-t-il ? Quels objets personnels attestent quotidiennement de son engagement maçonnique ? Y a-t-il une esthétique de la franc-maçonnerie ? Toutes ces questions et bien d'autres parsèment la moindre discussion sur l'univers maçonnique.

L'ambition de cette exposition « Splendeurs maçonniques » est d'y répondre. Afin d'opposer à la rumeur, à l'intolérance, à la passion et souvent à l'ignorance la réalité des références, l'exposition de plus de trois cents pièces rares offre une déclinaison illustrée des symboles de la franc-maçonnerie. À l'incertitude et au mystère la certitude du visible, le regard sans occultation.

Derrière chaque pièce on devinera aisément les notions, les personnages et les coutumes. Dans la diversité qui, ici, s'exprime sous les voûtes d'un des plus beaux édifices de notre cité, se reflète la multiplicité des sensibilités ou des approches, c'est-à-dire la richesse des obédiences. Au cœur de cet itinéraire original à travers les loges, c'est véritablement à un voyage passionnant au centre de la franc-maçonnerie auquel chacun, profane ou non, pourra se livrer.

Une exposition en forme du vivant dictionnaire, dont chaque pièce est page autant que rubrique, cœur battant des francs-maçons. Du 17 mai au 31 août, Toulouse sera en quelque sorte la capitale de l'Histoire maçonnique. De tabliers en bijoux, de montres à gousset en magnifiques ensembles de faïences de Nevers ou de Moustiers, chacun pourra connaître une forme d'initiation à cet art original né au siècle des Lumières et continuant aujourd'hui, par son excellence et son originalité, à exprimer la force et la vigueur de la franc-maçonnerie.

Cette « première » à Toulouse doit beaucoup à Monique Rey-Delqué, conservateur de l'Ensemble Conventuel des Jacobins, à Ludovic Marcos, conservateur du Musée de la Franc-Maçonnerie ainsi qu'à l'association Toulouse 2003. Que chacun d'entre eux trouve ici nos remerciements comme d'ailleurs ceux de chacun des visiteurs de cette exposition fascinante autant que pédagogique.

Qu'il soit permis à l'ancien ministre que je fus et au député-maire de Toulouse de rappeler l'empreinte déterminante des francs-maçons sur nos Républiques. La franc-maçonnerie accueillit avec enthousiasme la IIème République et le mot « Fraternité » vint compléter la « Liberté » et « l'Egalité » de 1787 ; la IIIème République fut marquée par les grandes lois de laïcisation, les lois sur la liberté de la presse et de réunion, la loi de séparation de l'Église et de l'État, les grandes lois de solidarité toutes nées des laboratoires législatifs que furent les obédiences maçonniques d'alors ; la IVème vit le retour de la « Fraternelle parlementaire » ; enfin la Vème République fut-elle aussi influencée par les francs-maçons qui jouèrent un rôle dans l'élaboration de la loi Informatique et Liberté et de certaines lois relatives à la vie privée ou à des questions éthiques (divorce par consentement mutuel, contraception, IVG, abolition de la peine de mort, PACS).

Jamais l'intérêt de la société des médias, des profanes comme des spécialistes, pour la franc-maçonnerie ne s'est démenti. Il était donc conforme à sa propre histoire que Toulouse, riche d'un passé maçonnique reconnu depuis que Richard de Barnewal y créa la première loge en 1741, soit le haut-lieu des « Splendeurs Maçonniques » et du 275ème anniversaire de la création de la franc-maçonnerie en France.

Philippe Douste-Blazy

Député-Maire de Toulouse

Lorsqu'on songe à la naissance de la franc-maçonnerie dite « moderne », ne peut-on pas évoquer un véritable « miracle maçonnique », comme on a pu parler de « miracle grec » au sujet de cette période de l'Antiquité, quand la Grèce devint le berceau de la pensée ?

Deux cent soixante-quinze ans après, le sujet est loin d'être épuisé, et l'initiative de l'association Toulouse 2003 concourt à faire avancer la connaissance de ce mouvement sur lequel tant a été dit, affirmé, mais qui reste encore par bien des aspects à découvrir.

Car, en près de trois siècles, que de combats, individuels ou collectifs, dans lesquels les francs-maçons se sont impliqués, jouant un rôle souvent incontestable, quelquefois attribué, en refusant d'être passifs face aux événements !

La franc-maçonnerie se veut une exaltation du travail, jadis sous sa forme opérative, aujourd'hui spéculative, de la « belle-œuvre » sous toutes ses formes.

L'exposition de l'Ensemble Conventuel des Jacobins, ce catalogue, participent pleinement de cet objectif.

L'organisation de cette manifestation à Toulouse, célébration phare à laquelle bien d'autres feront écho, fait honneur à l'action des francs-maçons, après l'organisation des « États Généraux de la République » en 2002.

Ils contribuent ainsi à faire apprécier leur ordre par la présentation didactique des outils, des symboles auxquels ils se réfèrent et des vertus auxquelles ils adhèrent.

Toutes les obédiences maçonniques représentées en Midi-Pyrénées se sont impliquées dans l'organisation de cet anniversaire : cela n'en donne que plus d'ampleur au travail de l'association « Toulouse 2003 », auquel je suis heureux d'associer le conseil régional.

Si le passé est là pour témoigner de l'œuvre accomplie, n'oublions pas que le présent – et les perspectives qui se dessinent quant à l'avenir – nous rappelle combien celle-ci est inachevée.

Il reste en effet beaucoup à faire, quand on se donne pour but de travailler à l'amélioration spirituelle et matérielle, au progrès de l'Humanité, dans son acception la plus universelle... Pour tous les hommes de bonne volonté, l'heure du repos est bien loin d'être arrivée !

Martin Malvy

Ancien ministre

Président du conseil régional

Parmi les nombreuses manifestations qui s'inscrivent dans la commémoration du 275e anniversaire de la création de l'Ordre en France, celle de Toulouse présente une tonalité et un intérêt particuliers. D'abord parce que le site d'accueil – « les Jacobins » – est l'un des plus beaux qui soit. Ensuite, parce que l'approche proposée des « splendeurs des loges » est basée sur une découverte de qualité de l'objet maçonnique dans son esthétique, son symbolisme et son sens rituel. Enfin, parce que – le sait-on assez ? – le pays toulousain a été au XVIIIe siècle une terre d'élection, puis aux XIXe et XXe siècles, d'intense activité de la franc-maçonnerie. Jusqu'à l'héroïsme, sous l'Occupation.

Cette ouverture inédite sur un pan d'histoire régionale et sur quelques-unes des plus belles pages des loges est le but profond de notre démarche : la célébration en elle-même aurait peu d'intérêt si elle n'éveillait un temps de la mémoire, un regard sur notre patrimoine, une conscience de la richesse et de la force de notre identité, par la diversité des rites et des obédiences.

Cette initiative de Toulouse 2003, de madame Monique Rey-Delqué, responsable du patrimoine historique de la Ville de Toulouse et de monsieur Ludovic Marcos, Conservateur du Musée de la Franc-Maçonnerie, est une belle réussite, grâce à la participation de toute la franc-maçonnerie française et à l'implication active de nombreux partenaires, notamment de la municipalité de Toulouse et du Musée belge de la Franc-Maçonnerie, qui ouvre une fenêtre sur l'Europe.

La franc-maçonnerie, institution encore méconnue, est une école de l'Homme. L'une de ses fiertés et toute sa singularité est cette permanence d'une philosophie par le symbole et par l'image, qui cherche la voie du cœur autant que de la raison. Nul doute qu'elle fournira, à travers cette manifestation, un éclairage sensible, intelligent et intelligible.

Alain Bauer

Grand Maître,

président du Conseil de l'Ordre

du Grand Orient de France

La Grande Loge de France, cohéritière de la tradition maçonnique de la première Grande Loge de 1728 poursuit aujourd'hui les objectifs de la Maçonnerie née au XVIIIe siècle, celle des « Lumières », des « Lumières » tant de la raison que du cœur. Sa vocation est spirituelle, son exigence est humaniste. Ses traditions font partie du patrimoine culturel de notre pays. Ce patrimoine est celui de la tolérance, des droits de l'homme, de l'indépendance des peuples. Il serait inutile de citer tous ceux qui ont illustré tant l'espoir de la franc-maçonnerie française que celui de notre pays. Cependant, il n'est pas possible de comprendre l'Histoire moderne et contemporaine de la France sans considérer le rôle spirituel, culturel et humaniste rempli par les loges.

Le secret maçonnique n'est en rien une volonté de cacher ; il est simplement celui de toute démarche spirituelle, personnelle, de toute l'intimité d'une recherche initiatique. Il est aussi une garantie de la liberté personnelle et républicaine.

Si la Grande Loge de France affirme sa transparence en matière administrative et financière, elle préserve la liberté des réflexions qui se font dans les loges, loin des regards de la foule Que serait une démocratie, que serait une République qui ôterait le rideau de l'isoloir au moment du vote ? Mais nous participons bien volontiers à des expositions qui montrent le vrai visage de la franc-maçonnerie et qui témoignent de notre participation au patrimoine culturel de notre pays.

La Grande Loge de France ne peut que se réjouir que les obédiences françaises participent ensemble à Toulouse à cette manifestation. Cela témoigne de la réalité de ce qu'on appelle la franc-maçonnerie française. Nous souhaiterons que le visiteur puisse y découvrir le vrai visage de la franc-maçonnerie et son caractère universel. On pourra bien y découvrir une histoire mais non point un passé, car la Maçonnerie française est présente aujourd'hui comme hier, héritière de sa tradition mais aussi toujours porteuse de progrès.

Les francs-maçons de la Grande Loge de France sont sans aucun doute possible des hommes de tradition, et parce qu'ils sont des hommes de tradition, ils sont des hommes de progrès. Notre tradition n'est pas un retour nostalgique dans un passé lointain, elle est bien au contraire une transmission, une évolution. L'espérance du franc-maçon est que demain doit être meilleur qu'hier et aujourd'hui. Si les francs-maçons de la Grande Loge de France se réunissent régulièrement à l'abri de leurs loges pour travailler à leur propre perfectionnement, ils le font pour participer pleinement au progrès, à la vie de leur cité et au progrès de l'humanité.

L'existence d'une Maçonnerie traditionnelle et active est dans un pays démocratique la garantie et l'assurance d'une vraie liberté spirituelle et civique.

Michel Barat

Grand Maître de la Grande Loge de France

La Grande Loge Nationale Française est une organisation totalement apolitique dans le cadre de laquelle les hommes de toutes confessions et de toutes religions se retrouvent au sein de leurs loges dans un esprit de fraternité.

La franc-maçonnerie, ordre universel, est une libre association d'hommes indépendants, qui s'engagent à mettre en pratique les devoirs qu'ils ont librement contractés sans jamais déroger à leurs obligations familiales ou de citoyen ; ils contribuent ainsi par leur exemple traditionnel au perfectionnement moral et spirituel de l'humanité.

Les us et coutumes résultant souvent de traditions immémoriales telles que les Anciens Devoirs et les Landmarks transmis de Maître à apprenti sont décrits dans divers textes anciens considérés comme textes de référence, indiquant les principes immuables de cette franc-maçonnerie universelle et intemporelle. Ceux-ci relèvent de la symbolique rappelée par les décors et bijoux portés par les frères.

Dans le but de présenter à un très large public les idéaux qui animent notre Société fraternelle depuis presque trois siècles, la direction de notre musée prend part à l'initiative de l'association Toulouse 2003 et de l'Ensemble Conventuel des Jacobins qui organisent une exposition internationale commémorant le 275e anniversaire de l'Ordre maçonnique en France, montrant les plus beaux projets créés et portés par les francs-maçons du monde, ce qui souligne symboliquement la continuité de leur idéal et leur évolution spirituelle.

Je suis heureux que toutes les obédiences françaises participent activement à cette exposition. En ces temps de fureur et de folie où l'humanité a perdu tout sens de la mesure, il est bon que des groupements d'hommes tels que le nôtre s'efforcent dans la vie quotidienne, de donner l'exemple de la Paix, de la Fraternité et de l'Amour du prochain.

Jean-Charles Foellner

Grand Maître

de la Grande Loge Nationale Française

Première obédience féminine dans le monde, la Grande Loge Féminine de France compte aujourd'hui onze mille membres.

Obédience indépendante depuis 1945, elle s'est donné, en 1952, le titre de Grande Loge Féminine de France, aboutissement d'un travail de construction, d'édification et d'émancipation de plus d'un siècle car, tout comme celle de l'ensemble des femmes, l'histoire de la franc-maçonnerie féminine s'inscrit dans une véritable démarche de conquête d'autonomie.

La Grande Loge Féminine de France a pour but la recherche constante et sans limite de la vérité et de la justice dans le respect d'autrui.

Elle est :

– un ordre initiatique auquel on adhère de sa pleine liberté ; dans sa recherche spirituelle, la franc-maçonnerie refuse tout dogme, elle respecte les croyances mais n'en n'exige aucune.

– une école de vie qui s'appuie sur les valeurs de liberté, de tolérance, de respect de l'autre et de soi-même.

– une alliance universelle fondée sur la solidarité.

Créée par des femmes pour des femmes, elle représente un espace privilégié de réflexion, d'échanges et d'expression de leur parole.

Espace dans lequel chacune, enrichie de la transmission des autres, peut prendre pleinement conscience de son identité et du rôle qui est le sien dans la société de notre temps.

Ouverte sur le monde, la Grande Loge Féminine de France a répondu à la demande de femmes en recherche d'humanisme et de spiritualité, permettant la création de près de trois cent cinquante loges en France et Outre-mer, mais aussi en Europe, en Afrique, au Canada et au Venezuela.

Notre association, par la démarche initiatique et la méthode maçonnique, peut et doit offrir à chaque femme dans le monde la possibilité de prendre conscience d'elle-même, de sa liberté d'être et d'agir.

La Grande Loge Féminine de France s'est engagée de façon active dans des débats citoyens : la contraception, l'IVG, la laïcité, la parité, le multiculturalisme et le statut de la femme, la bioéthique, l'identité européenne.

Nous sommes conscientes que l'ordre du monde contemporain appelle beaucoup de vigilance morale, qu'il nous appartient plus que jamais de défendre les valeurs de notre devise « Liberté, Égalité, Fraternité ».

Nous sommes convaincues que les femmes sont appelées à un grand rayonnement à égalité avec les hommes et nous sommes fortement impliquées dans les problèmes liés à la marche de la société et à son évolution positive.

« Connaître et agir », telle est notre ambition symbolique.

Marie-France Picard

Grande Maîtresse de la Grande Loge Féminine de France

Le Droit Humain » est un Ordre Mixte et International. Le 14 janvier 1882, l'initiation d'une femme, Maria Deraismes, par la Loge du Pecq, « Les libres penseurs », marque une étape décisive, celle de l'admission des femmes en franc-maçonnerie dans les mêmes conditions que les hommes. Cette première femme franc-maçon en France devient le symbole de l'égalité initiatique. Treize années plus tard, le 4 avril 1893, Maria Deraismes et Georges Martin fondent La Grande Loge Écossaise Mixte de France « Le Droit Humain ». La mixité mettra du temps à être admise et comprise.

Elle représente cependant une victoire dans le combat des femmes pour l'égalité des droits.

En 1901, le Droit Humain devient l'Ordre Maçonnique Mixte International.

Aujourd'hui le Droit Humain est présent dans une cinquantaine de pays. Avec ses vingt fédérations, vingt juridictions et treize loges pionnières, il compte environ vingt-sept mille membres dont quatorze mille pour la seule Fédération française qui a son siège 49, boulevard de Port-Royal, Paris 13e. C'est la seule obédience maçonnique à être à la fois mixte et internationale.

Pratiquant majoritairement le REAA, le Droit Humain prend place dans la Maçonnerie libérale adogmatique. À travers un langage commun : celui des symboles, sur les bases d'une culture commune, celle s'appuyant sur le rituel qui a pour but de rassembler, il invite chacun de ses membres à une qualité de dialogue qui favorise la confrontation des idées et, dans la cité, à une participation active à l'édification de sociétés justes et fraternelles. Fidèles aux messages de leurs fondateurs, les francs-maçons du Droit Humain se sont investis (et s'investissent) dans les combats sociaux et politiques qui visent à la défense de la dignité humaine. Ils répondent ainsi à l'acclamation Liberté, Égalité, Fraternité.

Le Droit Humain s'attache à faire connaître, chaque fois qu'il le juge nécessaire, ses prises de position face aux événements qui agitent le monde, tout en prenant soin de ne pas tomber dans le jugement partial et en privilégiant toujours l'intérêt supérieur du genre humain contre les intérêts particuliers d'un groupe ou d'un pouvoir.

Cent dix ans après sa naissance, la déclaration des membres fondateurs demeure toujours d'actualité.

« La Franc-Maçonnerie Mixte n'est pas un nouveau culte mais une philosophie humaine qui entend rester sur le terrain social humain [...] Avec le Droit Humain, la paix entre les peuples de toute la terre, la Liberté, l'Égalité, la Fraternité sont les trois devises de la Franc-Maçonnerie Mixte qui enseigne à ses membres la justice, la tolérance et la solidarité ».

Sylvie Gratz

Président du Conseil National

de la Fédération Française du Droit Humain

Quoi de plus naturel que d'organiser à l'Ensemble Conventuel des Jacobins de Toulouse une exposition sur les « Splendeurs Maçonniques » pour célébrer dignement le 275e anniversaire de la création de la franc-maçonnerie en France.

Ce thème s'inscrit parfaitement dans la lignée des grandes expositions historiques et patrimoniales organisées dans ce lieu depuis maintenant plusieurs années.

Le passé maçonnique toulousain est fort riche. La liste serait longue si l'on devait citer toutes les personnalités politiques, artistiques, voire ecclésiastiques qui ont marqué de leur nom, le plus souvent dans une discrétion totale, le passé de notre ville, depuis que le comte Richard de Barnewal y créa la première loge en 1741.

Pourtant notre propos n'est pas de faire un tableau historique de la franc-maçonnerie toulousaine mais plutôt d'évoquer le maçon lui-même, le pourquoi de son engagement, son vécu au sein des différentes loges, son idéal humaniste qui a su susciter, depuis bientôt trois siècles, une production d'objets personnels de très grande qualité, réalisés dans des techniques, des matériaux et sur des supports les plus divers.

L'engagement en maçonnerie révèle avant tout un besoin de se construire et une volonté d'évoluer et de se perfectionner.

À l'égal de l'Architecte en réflexion dessiné par Henri Bonis, professeur à l'École des Beaux-Arts de Toulouse au début du siècle dernier, lui-même Vénérable de la loge parisienne Travail et Vrais Amis fidèles, le maçon construit son temple intérieur qui est aussi le temple universel, reflet du monde entier et dont la construction doit être la plus parfaite possible à l'instar du concepteur du Temple de Salomon.

Toutefois ce serait un contresens que de voir dans cette quête spirituelle un trait d'individualisme et de repli sur soi. Cette quête de la perfection ne peut se faire sans les autres et ne se fait qu'avec les autres et par les autres. Elle devient l'essence même de la sociabilité.

Si les raisons de l'appropriation des textes bibliques, Livres des Rois et Chroniques, ne sont pas d'une limpidité absolue, le remploi de certains éléments du compagnonnage de la période médiévale est indéniable. On retrouve le même besoin d'identité vestimentaire, d'utilisation d'outils et d'emblèmes, de codes de reconnaissance assurés par une gestuelle et un vocabulaire appropriés.

Mais la maçonnerie « spéculative » a su créer d'importantes innovations et a su magnifier ce travail d'édification en l'intégrant, l'associant, l'imbriquant et lui trouvant une résonance dans un ensemble d'images symboliques qui sont devenues un véritable langage perceptible par les seuls initiés.

Luc Néfontaine a défini les multiples fonctions de ce symbolisme qui constitue un véritable ciment pour les maçons de la loge. Il permet à chacun d'accéder à une connaissance qui leur est réservée. Il dispense un enseignement qui véhicule des valeurs et permet à l'initié de se libérer intérieurement et de trouver un épanouissement personnel.

Cette recherche, cette construction intérieure passe par une phase obligée, celle de l'initiation. Cette élévation du monde profane au monde spirituel a souvent été mal interprétée. C'est en réalité une sorte de mise en chemin « vers la lumière » qui, après une mort symbolique due à un profond choc émotionnel, impose différentes épreuves physiques par les éléments primordiaux purificateurs : l'eau qui symboliquement lave le profane de ses imperfections, l'air qui est associé à l'approche philosophique, le feu source de lumière, assimilé à la Connaissance, qui devient un véritable instrument du savoir et la terre, génératrice de vie, garante de l'infini des cycles qui assure l'immortalité. Ces épreuves, une fois surmontées permettent de vivre une véritable renaissance.

Cette entrée en maçonnerie qui privilégie toujours des rapports de fraternité extrêmement forts, devient un véritable art de vivre ainsi qu'une aptitude au bonheur parfaitement illustrés par la série des trumeaux au titre évocateur, « Voilà mes plaisirs ».

L'exposition présente une remarquable série de tabliers – élément identitaire du maçon par excellence – en peau ou en soie, brodée ou peinte, une étonnante variété de bijoux, véritable signe de reconnaissance mutuelle, ciselés dans les matériaux les plus simples ou les plus précieux qui, par l'extrême finesse de leur réalisation, témoignent de la richesse des productions de célèbres maisons et d'artistes.

On est surpris de découvrir l'immense diversité des objets personnels qui, fabriqués dans les matières les plus riches et les plus inattendues, vermeil, or, argent, porcelaine, faïence, laque... témoignent de l'engagement du maçon dans son quotidien : tabatières en ivoire ou en argent, montre oignon, montre à gousset, cadran de voyage, bols à punch en porcelaine chinoise, œuvres de commande, très prisées en Occident dès lors qu'elles sont commercialisées par la Compagnie des Indes ou encore les magnifiques ensembles de faïence de Nevers ou de Moustiers. Plus insolites sont les noix de coco, sans usage précis, avec des décors maçonniques. Un point d'orgue, l'exceptionnelle série de plus d'une centaine de verres en cristal, le plus souvent gravé à la roue, entièrement inédite. Ces objets de mémoire qui rappellent une volonté d'appartenir à un même univers de liberté et de fraternité, ont laissé une grande part à la créativité et à l'expression artistique tout en imposant avec force un langage symbolique unificateur, réel vecteur de croyances fédératrices.

L'exposition est conçue comme un parcours initiatique, véritable « itinérance » à travers les loges.

Chaque œuvre, choisie pour l'indéniable plaisir esthétique qu'elle procure, devient par la richesse de son langage symbolique, une véritable clé de lecture. Elle s'offre aux visiteurs et l'aide à découvrir ou à mieux appréhender le parcours personnel du maçon qui s'affirme dans un espace de réflexion philosophique parfaitement défini et structuré.

Monique Rey-Delqué

Conservateur du Patrimoine

Directeur de l'Ensemble Conventuel des Jacobins

Chargée du Patrimoine Historique de la Ville de Toulouse

Introduction

Christian Humbert

Association Toulouse 2003

Tous les historiens s'accordent pour faire commencer la franc-maçonnerie moderne le 24 juin 1717. C'est en effet ce jour-là que quatre loges se réunirent dans une taverne londonienne, l'Oie et le Gril, pour désigner un Grand Maître des maçons : Anthony Seyer. Les chercheurs ne sont pas, encore aujourd'hui, d'accord sur l'origine de ces loges qui avaient pris les noms des brasseries ou tavernes où elles se réunissaient, The Goose and the Gridiron (L'Oie et le Gril), The Crown (La Couronne), The Apple Tree (Le Pommier) et The Rummer and Grapes (Le Gobelet et les Raisins) et bon nombre d'hypothèses ont été émises sans qu'aucune ne prédomine, d'autant que l'on sait qu'à côté de ces loges « anglaises », prônant la religion protestante, existaient des loges « écossaises », jacobites et catholiques. Mais qu'importe l'origine exacte de l'Ordre qui venait de voir le jour, l'important est qu'il a perduré depuis et s'est internationalisé pour créer le paysage maçonnique actuel.

Même si une zone d'ombre recouvre les débuts de la franc-maçonnerie en France, il est pratiquement démontré que le premier Grand Maître reconnu le fut à Paris en 1728. Il s'agit de Philippe, duc de Wharton. Bien sûr, des loges, plutôt d'obédience écossaise, travaillaient à Paris depuis 1725-1726, mais là encore, les auteurs ne s'accordent pas sur les dates de création ni sur les appartenances à la Maçonnerie « écossaise » ou « anglaise » de ces premiers ateliers qui travaillaient de façon « sauvage ».

Wharton fut suivi par James-Hector Macleane, bien écossais lui, puis, vers décembre 1736, par Charles Radcliffe, comte de Derwentwater, martyr du mouvement jacobite.

Il n'est pas dans notre propos de résumer ici les deux cent soixante-quinze ans qui se sont écoulés depuis cette époque mémorable. D'autres l'ont fait mieux que nous le pourrions et les ouvrages à consulter ne manquent pas pour qui s'intéresse à l'Histoire de la franc-maçonnerie au XVIIIe siècle, que ce soit sur le plan national ou sur le plan local toulousain.

Certaines études récentes donnent un regard nouveau sur la franc-maçonnerie toulousaine au XIXe siècle ainsi que sur l'implication des frères dans la Résistance.

André Combes en fait la synthèse en y apportant sa vue d'historien reconnu de l'Ordre. Espérons que cette entrée en matière suscitera de nombreuses vocations pour l'étude, difficile certes, mais pas impossible de ces périodes de notre Histoire toulousaine.

On ne saurait parler de franc-maçonnerie et présenter une collection d'objets maçonniques sans parler de symbolisme. C'est à quoi se sont attachés trois des meilleurs spécialistes de ce thème : Philippe-Henry Morbach, Luc Néfontaine et Ludovic Marcos. Vaste sujet, éternel sujet d'étude pour les francs-maçons, il ne saurait être épuisé ici, mais simplement évoqué pour, une fois encore, déclencher le questionnement intime qui permet à chacun d'entre nous d'initier sa propre recherche.

Enfin, la franc-maçonnerie ne se limite pas aux simples questions historiques ou symboliques. Elle est constituée d'hommes et de femmes qui pratiquent des rites, utilisent un langage et des décors qui sont autant de facettes par lesquelles on peut observer l'Ordre ; c'est ce que nous appellerons la maçonnologie. Les textes présentés ci-après donnent quelques éclairages possibles, mais là encore, il en est bien d'autres et nous ne saurions prétendre à l'exhaustivité : ni la musique, ni la peinture, ni la littérature ne sont proposées, elles le seront dans d'autres manifestations non couvertes par le présent ouvrage.

Nous conclurons en exprimant notre gratitude aux auteurs et à tous ceux dont l'aide nous a été précieuse pour l'élaboration de cette publication, institutionnels ou non, nous n'en donnerons pas la liste de peur d'en oublier : ils se reconnaîtront sans peine.

HISTOIRE

La franc-maçonnerie à Toulouse au XIXe siècle

André Combes

Directeur de l'Institut d'Études

et de Recherches Maçonniques (IDERM)

À