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Livre d'art sur le peintre toulousain Pierre Lachkar
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Lachkar, Toulouse
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Seitenzahl: 50
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En couverture :
« La Fenêtre»
2003
Carton marouflé sur toile
70 x 50 cm
Collection particulière - Naples
Cet ouvrage a été réalisé grâce au généreux mécénat du Docteur Philippe Klein
Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage est formellement interdite sans l'accord de l'auteur. Tous droits réservés pour tous pays.
« Les anémones »
« À ma mère»
2003
Huile sur toile
46 x 55 cm
Collection particulière
La palette de couleurs vient dans la main, les fleurs avancent leur regard, Pierre pense à sa mère.
« La 5e de Beethoven»
1980
Huile sur toile
240 x 150 cm
Photographie de l'atelier du peintre
L'atelier est la matrice infinie pour l'invention du visage.
Introduction de Philippe Klein
La Beauté résidera dans les tentes du Nom par Monique Lise Cohen
Des formes humaines qui se déploient dans des jets de couleurs.
Réflexion sur la circoncision et la peinture par Monique Lise Cohen
L'œuvre de Pierre Lachkar avec des poèmes de Monique Lise Cohen
Woody Allen, Pierre Lachkar et moi par Pierre Léoutre
Biographie
« Avec l'amitié et la fraternité d'action, l'art est le plus court chemin d'un homme à un autre »
Claude Roy
Ce livre est né de la rencontre des arts et de l'amitié.
Des arts, car c'est bien de peinture, de pastel, de fusain, de crayon qu'il s'agit et, au-delà de ces techniques, d'un artiste au talent immense, Pierre Lachkar, qui les manie à la perfection.
Comment décrire l'émotion qui nous envahit devant une telle maîtrise chromatique, un tel sens du mouvement et de la composition ?
Que ce soit dans ces scènes de la vie quotidienne – à la terrasse des cafés –, dans ces grands paysages ensoleillés – Céret, Collioure, Saint-Jean-de-Luz, Toulouse –, mais aussi dans ces compositions plus intimes, plus « intérieures », la peinture de Pierre Lachkar, tout simplement, nous interpelle et réveille en nous un sentiment de bonheur indicible.
D'une amitié, de celle qui fait naître, qui nourrit et entretient les plus beaux sentiments.
De celle qui ne peut être qu'entre ceux qui ont foi dans les mêmes valeurs.
D'une amitié parfois « muette » car les mots quelquefois manquent pour exprimer ses sentiments.
D'une amitié qui, tout naturellement, m'a conduit à accompagner ce projet d'édition qui nous tenait tant à cœur.
Philippe Klein
Nous étions toute une génération des enfants du Heder, jusqu 'aux étudiants talmudistes épuisés par tant d'années passées à la seule analyse des textes. Nous emparant de crayons et de pinceaux nous avons commencé à disséquer la nature mais aussi à nous disséquer. Qui étions-nous ? Quelle était notre place parmi les nations ? Qu 'en était-il de notre culture ? À quoi devait ressembler notre art ? Tout cela s'ébaucha dans quelques petites villes de Lituanie, de Russie blanche et d'Ukraine pour se prolonger à Paris et aboutir à Moscou.
El LissitzkyRevue Rimons MilgroïmBerlin, 1923
Ainsi commença l'histoire de l'École des peintres juifs de Paris. Le judaïsme avait connu la musique, la danse, mais la peinture semblait lui être étrangère. C'est avec le mouvement d'émancipation à l'Est de l'Europe que la peinture prit son essor en même temps que la littérature profane dans les langues des pays d'accueil mais aussi dans la langue hébraïque renouvelée.
Les jeunes Juifs se consacraient auparavant aux études talmudiques, et un interdit – l'interdit de la représentation – semblait peser sur l'activité artistique, particulièrement peinture et sculpture. Le texte de la Bible nous donne bien cette injonction : « Tu ne feras aucune image sculptée, rien qui ressemble à ce qui est dans les cieux là-haut, ou sur la terre ici-bas, ou sous les eaux, ou au-dessous de la terre. » (Exode XX, 4)
L'arrivée dans la peinture fut-elle une transgression de l'interdit ?
Les arts en Occident et en Orient s'ancrent dans des traditions profondes telles que l'on puisse faire une « histoire de l'art ». Mais les Juifs n'avaient pas d'histoire et leur art n'avait pas de tradition. Kikoïne avait également écrit : « Puisque nous autres Juifs n'avons pas de traditions picturales comme les Italiens, les Espagnols ou les Français, nous devons assimiler, digérer avec notre intelligence. »
C'est pourquoi les artistes juifs de l'École de Paris disent qu'ils avaient « disséqué » la nature et qu'ils s'étaient « disséqués » eux-mêmes pour commencer de peindre. Mot dur et technique, scientifique, qui rappelle les premières dissections de corps humains, à l'époque de la Renaissance, lorsque le monde nouveau s'affranchissait des contraintes religieuses médiévales. Beaucoup de Juifs – marranes – participaient à ces inventions.
Mais faut-il louanger le marranisme et l'émancipation qui auraient fait sortir les Juifs de l'obscurantisme religieux ? Ce raisonnement ressemble à celui des écrivains des lumières qui voulaient séparer les Juifs de leurs lois et coutumes pour les « régénérer ». À ce titre l'argument est incertain, non pas parce qu'il serait tenu par des personnes étrangères au judaïsme, mais parce qu'il y a comme un léger vent d'hostilité à l'égard d'une tradition plurimillénaire. Dans cette optique, les Juifs qui deviennent artistes, à la faveur de l'émancipation, ne feraient que s'éloigner de l'expérience juive ancestrale. Un artiste juif serait alors un Juif régénéré. Ayant quitté sa tradition.
Ne pourrait-on trouver dans l'existence juive elle-même le ferment qui donne place à l'art ? Faudrait-il alors parler d'un art juif ?
Le concept d'un art juif est également obscur. Il suggère plutôt une décoration artistique pour un usage religieux. Ce qui n'est pas une bonne chose pour l'art. La mise en œuvre au service d'une idéologie ou d'une religion. Un artiste en effet demeure libre à l'égard de ces contraintes. Non pas qu'il soit parfaitement autonome, mais il a d'autres contraintes, des exigences très profondes et impérieuses. Une obéissance, une vocation. À sa manière.
Essayons de reformuler la question. Depuis l'époque de l'émancipation, il existe des artistes juifs qui ont entrepris leur création hors d'une tradition, en « disséquant » la nature et eux-mêmes. Ils se disent juifs, pas seulement à cause des thèmes qui apparaissent dans leurs œuvres (rabbins barbus et rouleaux de la Torah chez Marc Chagall et Pierre Lachkar), mais à cause d'une manière, d'une particularité dont nous cherchons à nous approcher.