Les fautes de Lammé Bouret - Jean Failler - E-Book

Les fautes de Lammé Bouret E-Book

Jean Failler

0,0

Beschreibung

Mary Lester se lance sur les traces d'un meurtrier au nom bien étrange...

Mary Lester est dépêchée à Pont-Aven où le corps inanimé d'un octogénaire vient d'être retrouvé à son domicile par sa femme de ménage, Églantine Duverger.
Apparemment, le vieillard a été roué de coups et a succombé à ses blessures. la police locale penche immédiatement pour un crime crapuleux commis par un rôdeur. Mais, avant de mourir, le vieil homme a pu livrer le nom de son assassin à Églantine Duverger. Mary se met, avec scepticisme, à la recherche de ce coupable désigné qui porte le même nom qu'un héros de roman.
Parallèlement, elle se penche sur la personnalité de la victime et s'aperçoit que ce modeste ouvrier d'imprimerie en retraite avait une double vie et qu'en répit d'une retraite fort modeste, il disposait d'une cagnotte bien emplie. Quel était donc le secret de monsieur Aurélien Fabre ? En le mettant à jour, Mary va faire une autre découverte, bien plus surprenante encore...

Découvrez le tome 24 des aventures de Mary Lester, une enquêtrice originale et attachante !

EXTRAIT

La dépouille mortelle du vieil homme était étendue, face contre terre, dans la pièce qui lui servait de bureau. C’était d’ailleurs, à proprement parler — si l’on peut user de ce qualificatif pour évoquer une pièce où règne une famille de chats à la nombreuse progéniture — plus un capharnaüm qu’un bureau.
Sans grand effort d’imagination, on aurait pu se croire dans l’arrière-boutique d’un bouquiniste collectionneur particulièrement bordélique.
Dans le clair-obscur de cet antre où le jour ne pénétrait que parcimonieusement par d’étroites fenêtres voilées de rideaux gris de crasse, son pauvre petit corps de vieillard gisait entre un lutrin porteur d’un gros livre somptueusement relié de cuir et une chaise bancale dont la paille s’en allait en lambeaux.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Ce livre se lit facilement et l'on découvre une intrigue autour des livres et des écrivains plutôt bien construite. - Blog À propos de livres

Habile, têtue, fine mouche, irrévérencieuse, animée d'un profond sens de la justice, d'un égal mépris des intrigues politiciennes, ce personnage attachant permet aussi une belle immersion, enquête après enquête, dans divers recoins de notre chère Bretagne. - Charbyde2, Babelio

À PROPOS DE L'AUTEUR

Cet ancien mareyeur breton devenu auteur de romans policiers a connu un parcours atypique !

Passionné de littérature, c’est à 20 ans qu’il donne naissance à ses premiers écrits, alors qu’il occupe un poste de poissonnier à Quimper. En 30 ans d’exercice des métiers de la Mer, il va nous livrer pièces de théâtre, romans historiques, nouvelles, puis une collection de romans d’aventures pour la jeunesse, et une série de romans policiers, Mary Lester.

À travers Les Enquêtes de Mary Lesteraujourd’hui au nombre de cinquante-neuf et avec plus de 3 millions d'exemplaires vendus, Jean Failler montre son attachement à la Bretagne, et nous donne l’occasion de découvrir non seulement les divers paysages et villes du pays, mais aussi ses réalités économiques. La plupart du temps basées sur des faits réels, ces fictions se confrontent au contexte social et culturel actuel. Pas de folklore ni de violence dans ces livres destinés à tous publics, loin des clichés touristiques, mais des enquêtes dans un vrai style policier.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 114

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



 

Jean FAILLER

 

Les fautes de

Lammé-Bouret

 

éditions du Palémon

ZA de Troyalac’h

10 rue André Michelin

29170 St-Évarzec

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce livre appartient à

xxxxxxexlibrisxxxxxx

 

 

En hommage à Flavien Mouillan, doyen des correcteurs de Paris en 1899; à Pierre Deligny son digne successeur et à tous les correcteurs de France et de Navarre.

 

Remerciements à :

Colette Vlérick

Margot Bruyère

Pierre Deligny dit « Ar Kraïon Ru »

Jean-Michel Bourdin

 

 

 

Toute ressemblance avec des personnes, des noms propres, des lieux privés, des noms de firmes, des situations existant ou ayant existé, ne saurait être que le fait du hasard.

 

ISBN 978-2907572-61-3

 

La loi du 11 mars 1957 n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article 41, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective, et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur, de l’éditeur ou de leurs ayants droit ou ayants cause, est illicite (alinéa 1er - article 40).

Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code Pénal. 2011/© Éditions du Palémon.

 

 

 

Retrouvez les enquêtes

de Mary Lester sur internet :

http://www.marylester.com

 

Éditions du Palémon

ZA de Troyalac’h - N° 10

Rue André Michelin - 29170 St-Évarzec

Dépôt légal 4e trimestre 2004

Chapitre 1

 

La dépouille mortelle du vieil homme était étendue, face contre terre, dans la pièce qui lui servait de bureau. C’était d’ailleurs, à proprement parler — si l’on peut user de ce qualificatif pour évoquer une pièce où règne une famille de chats à la nombreuse progéniture — plus un capharnaüm qu’un bureau.

Sans grand effort d’imagination, on aurait pu se croire dans l’arrière-boutique d’un bouquiniste collectionneur particulièrement bordélique.

Dans le clair-obscur de cet antre où le jour ne pénétrait que parcimonieusement par d’étroites fenêtres voilées de rideaux gris de crasse, son pauvre petit corps de vieillard gisait entre un lutrin porteur d’un gros livre somptueusement relié de cuir et une chaise bancale dont la paille s’en allait en lambeaux.

Aux murs, des rayonnages ployaient sous les livres, la table de bois blanc qui servait d’écritoire était, elle aussi, accablée de piles d’ouvrages qui envahissaient jusqu’au plancher dont on entrevoyait, entre d’autres entassements de même nature, les frises de sapin aux lames usées par les ans, où les nœuds saillaient, noirs et luisants comme des verrues de mauvais aloi.

Derrière ce rempart de papier, le vieil homme s’était ménagé une sorte de meurtrière, juste une place où insérer sa carrure étriquée et poser ses coudes étroits afin de pouvoir écrire.

Un porte-plume à manche de bois garni d’une plume sergent-major, tel que la République en fournissait aux écoliers de la communale avant la guerre de quatorze-dix-huit, était posé sur la table.

— Il devait être en train d’écrire quand on l’a agressé, dit le lieutenant Fortin dont la grande carcasse encombrait cette pièce saturée de meubles hors d’âge et de liasses de papiers jaunis.

Point de trace de lettre, pourtant, sur le vieux calendrier des Postes qui servait de sous-main.

— Je ne crois pas, dit Mary Lester. Si on l’avait agressé à cet endroit, ces piles de bouquins se seraient écroulées.

Elle toucha du doigt l’entassement de grimoires qui branla dangereusement.

— L’agresseur aurait pu les remettre en place, objecta Fortin.

Mary secoua la tête négativement:

— Non. Regarde, la poussière y est encore. Et puis, ajouta-t-elle, où est l’encrier?

— L’encrier, répéta Fortin les sourcils froncés, quel encrier?

— Cette petite bouteille où l’on met l’encre, dit Mary.

Elle montra le porte-plume:

— Au cas où tu ne le saurais pas, ce genre d’instrument nécessite d’être trempé dans l’encre à intervalles réguliers. Ce n’est pas un crayon à bille, mon vieux, ni un stylo à cartouche.

— Je ne savais pas qu’on se servait encore de ces trucs, dit le lieutenant d’un air dégoûté. Faut être maso…

— Ou avoir de très vieilles habitudes, dit Mary.

La pièce n’avait pas dû être aérée depuis la communion privée de la victime, ce qui devait frôler les trois quarts de siècle à vue de nez.

À vue de nez… Jamais expression n’avait été aussi appropriée. Une odeur composite de vieille encre, de vieux papiers et de vieille pisse de chat sautait aux narines.

— Putaing, ça fouette vilain là-dedans! s’exclama le lieutenant Fortin en regardant alentour d’un air affligé.

Le lieutenant était un homme de plein air dont la stature athlétique s’accommodait mal des espaces restreints. Mary Lester, sur le seuil, regardait les aîtres en se demandant qui avait bien pu s’acharner sur un vieillard de si inoffensive apparence.

Sur sa demande, les infirmiers retournèrent la dépouille du vieil homme. Ils n’eurent guère d’efforts à fournir; le bonhomme, aussi desséché qu’un feuillet de parchemin du dix-septième siècle, paraissait déjà momifié. Cependant, son visage émacié était plein de sang, un sang rouge vermillon qui semblait lui avoir coulé de la bouche et du nez.

Ses cheveux blancs peignés à la diable, ses yeux bleus cavés ouverts sur un autre monde, ce sang trop rouge qui maculait son plastron constituaient un bien pitoyable tableau.

Devant cet affligeant spectacle, le capitaine Lester s’exclama « Mon Dieu! » en se retournant pour échapper au regard fixe du mort; elle ajouta, à l’intention des infirmiers:

— Vous pouvez l’emmener.

Elle retourna dans l’entrée où un agent en tenue faisait patienter une vieille dame avachie sur une chaise. On eût dit un paquet de linge sale, informe, qu’on avait posé là en attendant le passage des chiffonniers d’Emmaüs. Ladite personne paraissait assommée mais de temps en temps elle étouffait un sanglot et gémissait: « Pauvre monsieur Fabre! »

— C’est vous qui avez découvert le corps? demanda Mary.

La vieille dame leva des yeux affligés sur elle et hocha la tête:

— C’est moi. Si je m’attendais… Ah, on est ben peu d’chose tout de même! Hier il était si vivant…

« Et aujourd’hui il est si mort » pensa Mary agacée par avance à l’idée de la profusion de lieux communs qu’elle allait devoir subir.

— Quel est votre nom?

— Duverger, Églantine Duverger.

— Quand l’avez-vous découvert? demanda Mary.

— Ce matin, comme tous les jours je venais lui faire un peu de ménage et lui cuire son manger de midi. Et je l’ai trouvé là, étendu, plein de sang!

— Il était mort?

— Non point, il agonisait, il faisait des bulles rouges, j’ai-t-y eu peur!

Elle se signa.

— Il n’a pas parlé avant de mourir?

— Si fait, il a gargouillé.

— Gargouillé?

— Voueille.

— Et qu’est-ce qu’il a gargouillé?

— Il m’a dit comme ça: « c’est la faute de l’abbé Mouret! »

— Merde! fit Fortin qui avait suivi Mary Lester comme une ombre. Un cureton!

À la communale, le jeune Fortin avait été élève d’une sorte de saint laïc de la plus redoutable espèce qui avait fait de l’anticléricalisme le combat de sa vie. Trente ans plus tard, on retrouvait chez l’officier de police Jean-Pierre Fortin l’empreinte de cet instituteur au regard fixe et glacé de grand inquisiteur.

— Il a dit ça, fit Mary, vous êtes sûre?

— Si je suis sûre, dit Églantine Duverger, et comment!

Et elle ajouta, vaguement indignée, comme si on l’avait outragée en doutant de sa parole:

— C’est pas parce que je suis grosse que je suis sourde!

Mary la regarda, perplexe. Le cheminement de la pensée chez les gens confrontés à la police la surprenait toujours. Elle pensa qu’il y aurait une thèse à écrire là-dessus.

Fortin, toujours aussi rapide dans l’action — laquelle précédait trop souvent chez lui la réflexion — avait dégainé son portable et formé un numéro. Ne tenait-il pas le coupable idéal? un agent de la réaction, comme disait autrefois son maître d’école!

— C’est bon, patron, on sait qui a fait le coup!

— Bravo, Fortin, dit le commissaire Fabien. Un rôdeur?

— Non, un curé!

— Un curé? fit le commissaire en écho. Il y en a donc encore?

— Faut croire, dit Fortin.

— On m’avait parlé d’un crime crapuleux.

— Alors c’est un curé crapuleux, dit le lieutenant avec une belle assurance.

— Vous êtes sûr? s’inquiéta le commissaire Fabien, eh bien, amenez-le-moi!

Le lieutenant comprit qu’il avait été trop vite en besogne:

— C’est-à-dire que… bredouilla-t-il.

— C’est-à-dire que quoi? s’impatienta le commissaire.

— Euh… On sait son nom seulement.

— Ah, vous ne l’avez pas encore arrêté!

— Non, pas encore…

Et il ajouta, présomptueux:

— Mais ça ne saurait tarder!

— J’espère bien, dit le commissaire.

Puis, pris d’un doute, il ajouta:

— Vous êtes bien sûr de votre fait?

— Et comment, dit le lieutenant. Avant de calancher, le vieux a gargouillé…

— Fortin, dit le commissaire choqué, un peu de décence! La victime est encore là et…

— Non, non, dit Fortin en regardant l’endroit où avait reposé le corps et où le sang de la victime avait laissé des taches sombres. On vient de l’enlever!

— Tout de même! fit le commissaire Fabien réprobateur.

Fortin sentit le reproche et tenta de se justifier:

— Je ne fais que répéter ce que la vieille a dit!

— Parce qu’il y a une vieille dans le tableau également?

— Ouais, une sorte de femme de ménage. Et c’est elle qui a dit, hein, et pas moi: « il a gargouillé, c’est la faute de l’abbé Mouret! »

— Qu’est-ce que c’est que cette histoire? s’exclama le commissaire. Passez-moi Mary Lester!

— Tu vois, dit Fortin vexé en tendant le téléphone à Mary, c’est toujours pareil, il ne veut pas me croire!

— Qu’est-ce que c’est que cette histoire? tonna le commissaire Fabien. Dites-moi Mary, vous êtes sûre que Fortin va bien?

— Je pense qu’il est égal à lui-même, dit Mary sans se mouiller. En tout cas, je confirme qu’il vous a bien rapporté les paroles mêmes de madame Églantine Duverger. La victime aurait bien dit, avant de pousser son dernier soupir: « c’est la faute de l’abbé Mouret ».

— Et vous avez une idée de qui il s’agit? Il n’y a plus tellement de curés, ça ne devrait pas être trop difficile à trouver.

— Je ne crois pas qu’il s’agisse d’un curé, Monsieur.

— Un abbé! c’est pareil, fit le commissaire agacé.

— Je pencherais plutôt pour un livre, Monsieur.

— Un livre! Tué par un livre! Non mais, Mary, vous déménagez!

— Pas par un livre, patron, pour un livre.

— Pour un livre?

Le commissaire Fabien n’y comprenait plus rien.

— Sur la porte de la victime, dit Mary, il y a une carte de visite: Aurélien Fabre, érudit.

— Érudit! s’exclama Fabien. La modestie ne l’étouffait pas, celui-là!

— C’est bien ce qu’il était, dit Mary. Imaginez-vous un vieil homme, une sorte de Paul Léautaud vivant dans une petite maison fleurie entourée de livres et de chats.

— Et c’est pour un de ces livres qu’on l’aurait tué?

Le commissaire Fabien était rien moins que sceptique.

— La faute de l’abbé Mouret, ça ne vous dit rien, patron?

— Que voulez-vous que ça me dise? fit Fabien avec humeur. Je ne suis pas, comme vous, introduite dans les sphères du pouvoir ecclésiastique.

Elle protesta:

— Moi, introduite dans les…

— Ne m’avez-vous pas dit que vous aviez eu à connaître une sorte de curé intégriste à Nantes?

— Non, je ne vous ai jamais dit ça, fit-elle fermement. Je vous en ai parlé, certes, mais je ne l’ai jamais vu, ce curé!

— Ce n’est pas ce que j’avais cru comprendre, dit le commissaire.

— J’ai simplement vu les dégâts que ses préceptes pouvaient produire sur les âmes faibles. Ce n’est pas tout à fait pareil. Quant à cet abbé Mouret…

— Quoi, l’abbé Mouret, dit Fabien agressif.

Il sentait que Mary Lester allait encore faire valoir sa culture à son détriment.

— Les Rougon-Macquart, dit Mary, ça ne vous dit rien non plus?

— Ah, le curé avait des complices?

— Mais non! Je vous parle de l’œuvre d’Émile Zola.

— Zola? vous accusez Zola? N’est-il pas mort?

— Si, depuis longtemps. D’ailleurs, on n’accuse pas Zola, c’est lui qui accuse!

— Ouais, j’ai entendu parler de ça! dit le commissaire avec humeur. Et votre abbé?

— La faute de l’abbé Mouret est le cinquième tome de l’œuvre de Zola, « Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le second Empire ». Par ailleurs, cette série compte vingt volumes, je crois.

— Vous en savez des choses! bougonna le commissaire.

— J’ai été un peu à l’école, tout de même!

Le commissaire ne devait pas avoir fréquenté les mêmes universités que Mary Lester, il ne releva pas l’insolence.

— Et qu’est-ce que vous imaginez? demanda-t-il.

— J’imagine qu’Aurélien Fabre détenait une édition originale de l’œuvre de Zola — avec envoi, peut-être…

— Avec qui? demanda Fabien.

— Avec envoi, dit Mary patiemment, c’est le terme qu’emploient les bibliophiles pour dire qu’un volume est dédicacé par l’auteur. Ça en augmente considérablement la valeur.

— Ah bon! Ça vaut cher un truc comme ça?

— Je ne sais pas… mille, quinze cents euros peut-être.

— Vous avez raison, ça fait cher pour un bouquin, même pas un bouquin neuf, en plus. Mais de là à tuer un homme pour quinze cents euros…

— En fait, dit Mary, pour un collectionneur ça pourrait avoir une valeur inestimable. Supposez que ce collectionneur ait les autres ouvrages dédicacés et qu’il ne lui manque que celui-là…

— Pff! fit le commissaire, je suis sûr qu’on a toute la collection en livres de poche pour vingt balles.

— C’est probable, mais avec un collectionneur nous entrons dans une autre logique.

— Et vous pensez qu’on l’aurait tué pour lui faucher ce bouquin?

— Pourquoi pas? dit Mary prudemment. Ce n’est qu’une piste, il y en a sûrement d’autres. Mais avant toute chose, j’aimerais savoir de quoi ce pauvre homme est mort.

— D’après Fortin il baignait dans son sang!

— Il semble que oui.

— Comment ça, il semble? Ça se voit quand quelqu’un est couvert de sang!

— Eh bien oui, tout était rouge, son visage, sa chemise…

— Donc il aurait été tabassé à mort.

— Selon toute vraisemblance… mais attendons les conclusions du légiste. En attendant, je vais faire fouiller le bureau.

— Vous recherchez le bouquin?