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Extrait : "HORACE, à Bernard, qui achève de ranger un service de porcelaine sur le guéridon : Il n'y a rien de cassé ? BERNARD : Rien, mon capitaine, tout est complet. HORACE : Eh bien, c'est de la chance ! un service de porcelaine que je cahote depuis Pékin... BERNARD : Et par des chinois de chemins."
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Seitenzahl: 79
Veröffentlichungsjahr: 2015
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EAN : 9782335055146
©Ligaran 2015
Un salon chez madame de Guy-Robert : porte au fond ; portes à droite et à gauche ; une cheminée, chaises, un tabouret
HORACE TIC, capitaine de cavalerie.
DÉSAMBOIS.
CÉLESTIN MAGIS.
BERNARD, domestique du capitaine.
UN INVITÉ.
BAPTISTE, domestique de madame Guy-Robert.
MADAME DE GUY-ROBERT.
LUCILE, sa nièce.
La scène est à Paris, de nos jours.
Horace, Bernard, tous deux en costume de hussard.
Il n’y a rien de cassé ?
Rien, mon capitaine, tout est complet.
Eh bien, c’est de la chance ! un service de porcelaine que je cahote depuis Pékin…
Et par des chinois de chemins.
Bernard !
Capitaine ?
Qu’est-ce que tu penses de la Chine, toi ?
Je pense que c’est un pays… éloigné.
Ah ! Et tu n’as pas d’autre opinion ?
Ma foi, non !
Après ça, le gouvernement ne t’en demande pas davantage. (Regardant la pendule.) Neuf heures !… Je crois que ma tante ne tardera pas à se lever.
Ah ! va-t-elle être surprise, cette brave dame !…
Et heureuse !… Je lui ai bien écrit que je donnais ma démission, et que je revenais ; mais nous ne comptions pas arriver si tôt… Hier soir, elle dormait…
Et mon capitaine a défendu de la réveiller.
Je crois bien ! le plaisir de me revoir… elle n’aurait plus fermé l’œil de la nuit ; bonne et excellente femme, c’est une mère pour moi. (Regardant autour de lui.) Dis donc, je crois que nous serons bien ici… qu’en dis-tu ?
Moi, capitaine ?
Parbleu ! Est-ce que tu te figures que tu vas me quitter ? Est-ce que tu voudrais retourner au pays, par hasard ?
Oh ! le pays pour moi… c’est mon capitaine !
À la bonne heure !… Je n’oublierai jamais, Bernard, que nous avons passé ensemble une dizaine d’années passablement vagabondes et accidentées.
On peut dire que nous en avons mangé de toutes les couleurs.
Et si je suis ici, solide et bien portant, c’est grâce à toi !
Allons donc !…
Te souviens-tu du joli coup de sabre que j’ai reçu à Montebello, en Italie ?
Oh ! une écorchure !
Oui, une écorchure qui me prenait depuis le haut de la tête jusqu’au bas du nez… Ah ! je croyais que tout était fini… j’étais à terre… les yeux tournés vers le ciel… comme tout honnête homme qui va partir.
Je connais ça… on cherche la porte de sortie…
Lorsqu’un de mes braves hussards s’est élancé au milieu de la mêlée, m’a placé sur son cheval et m’a ramené à l’ambulance au milieu d’une mitraillade. C’était toi, Bernard !
Je ne me souviens pas de tout ça, moi ! D’ailleurs, c’est recollé !
Ce jour-là le capitaine Tic a dit à Bernard : « Mon vieux, quand on a vu ensemble la mort de si près, il ne faut plus se quitter. »
Et vous avez eu la bonté de m’attacher à votre personne pour la vie…
Puisque tu n’as pas voulu que je te fasse des rentes, imbécile !… (Horace se lève, et Bernard va déposer la petite caisse sur une chaise à droite.) Mais il ne s’agit pas de cela… nous voici rentrés dans le civil, réintégrés dans le giron de la famille… avance un peu à l’ordre !
Présent, capitaine !
Politesse et bonne humeur avec tout le monde, et respect aux femmes de chambre…
Ah ! saperlotte !
Aux femmes de chambre de la maison, bien entendu !
Et les autres ?
C’est une affaire entre toi et ta conscience !
Suffit… nous tâcherons de nous arranger ensemble… Ensuite ?
Ensuite, comme il faut donner la meilleure idée de l’éducation de l’armée française… tu me feras le plaisir de trouver tout charmant, parfait, ravissant !
Convenu !
Et dans tes moments perdus… quand tu t’ennuieras, et si ça te fait plaisir, tu donneras un coup de main aux gens de la maison… mais tu n’es pas forcé !
Soyez tranquille… on ne boudera pas !
Horace ! Horace ! où est-il ?… Il est arrivé, il est ici ?
Ma tante !… (À Bernard.) File !…
Bernard entre à droite en emportant la caisse.
Madame de Guy, Horace.
Horace !… mon enfant !… que je suis heureuse !
Ma bonne tante !…
Ils s’embrassent.
Encore !
Jusqu’à ce soir, si vous voulez !…
Ils s’embrassent de nouveau.
Comment ! c’est toi, mon bon Horace ?… J’ai cru que je ne te reverrais plus !… Dire que ça revient de Chine ?
Directement !
Tu es toujours le même. (Lui prenant le menton.) Quand je pense que c’est à moi, ce neveu-là !… Mais approchez donc vos joues, monsieur le capitaine…
Elle s’assied à gauche.
Comme autrefois…
Mon bon Tic !… mon grand câlin !…
Allez toujours ! C’est si bon d’avoir une famille… et de revenir s’y faire caresser les joues.
Ah ! mon pauvre enfant, comme tu as maigri !
Moi ? Ah ! par exemple ! si vous me trouvez maigre… c’est de la gourmandise !
Sais-tu que voilà bientôt dix ans que je ne t’ai pas vu !… Ah ! tu en as long à me raconter !
Pour toutes vos soirées d’hiver !
D’abord, pourquoi as-tu donné ta démission ?
Oh ! un coup de tête, un mouvement de vivacité !
Un duel ?
Oh ! non… Pendant l’expédition de Chine, Baculard et moi… Baculard, c’est un Africain, un vieux camarade de Constantine… nous nous rencontrons sur le même mandarin : moi, je coupe au bonhomme l’oreille droite, et Baculard coupe l’oreille gauche… chacun son oreille !
Quelle horreur !
Oh ! en Chine, c’est de la clémence !… Voilà qu’on me porte à l’ordre du jour… pour mon oreille droite… mais, pas un mot de Baculard ! Alors, je vais trouver le colonel, et je lui dis : « Colonel, je vous remercie, mais Baculard, un vieux camarade de Constantine, a cueilli la gauche. – Eh bien, après ? – Dame ! colonel, il serait peut-être opportun de le mettre aussi à l’ordre du jour… »
Eh bien ?
Eh bien, le colonel m’envoie promener… j’insiste, il se fâche… je m’échauffe, et il me campe aux arrêts pour huit jours !… Ça me vexe, je prends la mouche, et, aussitôt la campagne terminée, j’envoie ma démission… datée de Pékin ; c’est une bêtise !
Ah ! je reconnais bien là ta mauvaise tête ?
J’aime Baculard, moi !
Je ne t’en veux pas ! puisque ton coup de tête te permet de rester avec nous… mais tu as un vilain défaut, tu es emporté, colère…
Oh ! un peu vif ! mais je me corrigerai… Contre qui pourrais-je me fâcher ici ? Je vivrai près de vous bien doucement, bien tranquillement, comme un petit rentier. J’ai douze mille francs de rente…
Ah ! oui, on va loin avec ça ! tu les mangeras en six mois !
Oh ! vous ne me connaissez pas ! D’abord, j’ai trouvé un excellent moyen…
Lequel ?
Tous les mois, je vous remettrai mon argent, et chaque matin vous me donnerez ce qu’il me faudra pour la journée…
Ah ! voilà une idée !
Vous serez mon capitaine payeur… Dites donc, ma tante, qu’est-ce que cela peut bien faire par jour, douze mille livres de rente ?
Ce que cela peut faire ?… Ça fait trente-trois francs trente-trois centimes.
Par jour ! tant que cela ? Mais alors, je suis riche ! Ma tante, je vous promets un cachemire pour le jour de l’an.
Il y en a à trente-neuf francs. Tu sais ?
Du tout ! un cachemire de l’Inde !
Voyons, parlons sérieusement, Horace. Maintenant que tu as quitté le service, est-ce que tu ne vas pas songer à te marier ?…
Moi ? Ah ! quelle drôle d’idée !…
Réponds-moi franchement.
Eh bien, franchement, ça me serait très désagréable !
Pourquoi ?…
Que voulez-vous !… je suis un peu maniaque… comme tous les troupiers… je ne m’accommoderais pas de la via de ménage… Ainsi, mon bonheur, à moi, est de coucher sur une planche… Eh bien, les femmes… ça aime les lits de plume… dit-on !
Dit-on, est joli !
Et puis j’ai arrangé ma vie autrement… Avec mes trente-trois francs trente-trois centimes, j’aurai deux chevaux de selle… Si j’avais une femme, il faudrait supprimer les chevaux…
Et tu aimes mieux supprimer la femme ?… Enfin, n’en parlons plus !… C’est dommage !
Quoi donc ?
Oh ! rien !… une idée !… un rêve !…