Deux papa très bien - Eugène Labiche - E-Book

Deux papa très bien E-Book

Eugène Labiche

0,0
0,99 €

-100%
Sammeln Sie Punkte in unserem Gutscheinprogramm und kaufen Sie E-Books und Hörbücher mit bis zu 100% Rabatt.
Mehr erfahren.
Beschreibung

Extrait : "TOURTEROT, en dehors, à droite, parlant à Médard : Enfin un déjeuner chicocandard ! MÉDARD, près de la porte, à droite, répondant : Chococandard... c'est clair... je comprends parfaitement... ( Descendant la scène. ) Eh bien, non !... à présent que je suis seul... je peux m'avouer ça à moi-même... je n'y comprends rien du tout !... mon nouveau maître a un si drôle de jargon !... Il paraît que c'est depuis son voyage à Paris !... Ah ! il a de drôles de mots..."À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARANLes éditions LIGARAN proposent des versions numériques de qualité de grands livres de la littérature classique mais également des livres rares en partenariat avec la BNF. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes. LIGARAN propose des grands classiques dans les domaines suivants : • Livres rares• Livres libertins• Livres d'Histoire• Poésies• Première guerre mondiale• Jeunesse• Policier

Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:

EPUB

Seitenzahl: 38

Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



EAN : 9782335055023

©Ligaran 2015

Deux papas très bien

OU LA GRAMMAIRE DE CHICARD

COMÉDIE-VAUDEVILLE

EN UN ACTE

Représentée pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du PALAIS-ROYAL, le 6 novembre 1844.

Le théâtre représente un salon avec trois grandes portes ouvertes au fond sur un jardin. – Portes à droite et à gauche. – Chaises, fauteuils, etc.

Personnages

POUPARDIN, négociant, père de Camille.

TOURTEROT, propriétaire, père de César.

CÉSAR médecin.

GÉLINOTTE, avoué.

MÉDARD, domestique de Tourterot.

CAMILLE, fille de Poupardin.

La scène se passe à Châtellerault.

Scène première

Médard, seul ; puis, Tourterot.

TOURTEROT,en dehors, à droite, parlant à Médard

Enfin un déjeuner chicocandard !

MÉDARD,près de la porte, à droite, répondant

Chicocandard… c’est clair… je comprends parfaitement… (Descendant la scène.) Eh bien, non !… à présent que je suis seul… je peux m’avouer ça à moi-même… je n’y comprends rien du tout !… mon nouveau maître a un si drôle de jargon !… Il paraît que c’est depuis son voyage à Paris… Ah ! il a de drôles de mots tout de même : chicard… chicandard… chicocandard !… un vrai tintamarre !… quoi… Si bien que je suis toujours à me demander ce qu’il a dit, trois quarts d’heure après qu’il a parlé… C’est ma faute, bien sûr, c’est ma faute…

TOURTEROT,entrant par la droite, un écriteau à la main

La !… voilà mon écriteau terminé… Médard !…

MÉDARD

Monsieur !

TOURTEROT

Tu vas m’accrocher ça au-dessous du balcon.

MÉDARD

Oui, monsieur.

TOURTEROT,montrant l’écriteau

Qu’est-ce que tu dis de ça, toi ? À brocanter, joli petit bazar entre cour et jardin.

MÉDARD

Vous avez un bazar à… ?

TOURTEROT

Mon bazar ou ma souricière, comme tu voudras.

MÉDARD,bêtement

Ah !

TOURTEROT,l’imitant

Ah !… Il ne comprend pas !… quel serin que ce Médard ! Mais je te pardonne… tu n’es pas forcé de connaître les progrès de la langue ; tu es de Châtellerault… il faut te parler le patois de Châtellerault… Toi, tu mettrais tout bêtement : À vendre, jolie petite maison, entre cour et jardin.

MÉDARD

Vous vendez votre maison ?

TOURTEROT

Oui, je… certainement, (À part.) C’est une couleur, mais qu’il l’ignore.

MÉDARD

Eh bien, franchement, je n’aurais jamais compris…

TOURTEROT

Vous êtes si melons à Châtellerault !

MÉDARD

Possible ; mais, quand on s’adresse aux melons… qu’on veut être compris des melons, m’est avis qu’il faut leur parler le langage… melon.

TOURTEROT

Cet esclave pourrait dire vrai… Alors, va prendre l’ancien écriteau qui est dans le grenier… Mais que va dire mon fils à son arrivée, en retrouvant sa paternité si rococote !

MÉDARD

Votre fils ?

TOURTEROT

Oui, mon fils, mon moucheron, qui arrive aujourd’hui de Paris, le foyer du beau langage… Il m’appellera perruque… Ah ! dame ! c’est qu’il en pince crânement, lui !… Si tu l’entendais ! quelle platine !

MÉDARD

À Paris, tout le monde parle donc comme ça ?

TOURTEROT

Tout le monde ?… Ah ! non ; les gens de la haute seulement, ceux qui donnent le ton… Il y a dix-huit mois, quand j’ai été passer une quinzaine avec mon jeune homme, alors simple carabin, je sentais mon Châtellerault d’une lieue, j’étais ce que l’on appelle un vrai cruchon ; mais peu à peu je m’y suis mis, je me suis fait présenter dans les meilleures sociétés… Il y avait surtout un ami de César, un nommé le père Lahire… Ah ! les belles fêtes de nuit qu’il nous a données, celui-là, dans son parc, boulevard Mont-Parnasse !… c’était princier… illuminations à giorno, orchestre, Musard, montagnes russes et gardes municipaux… toutes les douceurs de la vie !… Ah ! je peux dire que j’ai goûté des plaisirs bien purs dans cette chaumière !… J’y ai vu la jeunesse dorée, tout ce qu’il y a de plus flambart dans la capitale, et il m’en est resté un certain vernis… Ah ! si César n’avait pas cessé tout à coup de m’écrire, je dialoguerais aujourd’hui d’une façon un peu mouchique !

MÉDARD

Comment ! est-ce que, dans ses lettres, monsieur votre fils…

TOURTEROT

Il écrit comme il parle… Quel style ! comme c’est fignolé !… Tu n’es pas sans avoir entendu parler de madame Sévigné… Eh bien, franchement, ça la dégotte… Mais je ne sais pas pourquoi, depuis qu’il a été reçu docteur, depuis six mois environ… n-i, ni, fini, bonsoir à vos poules, plus de correspondance… Et moi qui avais besoin d’être entretenu dans la chose… je me rouille… je me dégomme… je rentre dans mon vieux cabriolet.

Il tire une tabatière à portrait de sa poche et prend une prise.

MÉDARD,regardant la tabatière

Ah ! la belle femme !

TOURTEROT,flatté

Tu trouves ? Eh ! eh ! eh !… c’est mon épouse, la défunte à papa… (Il se désigne du geste.) Un assez beau faciès, hein ?… ça flatte un veuf… Allons, va mettre l’écriteau, va !

MÉDARD

J’y cours, bourgeois, j’y cours !

Il remonte.

TOURTEROT