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Extrait : "LE TRAITEUR, à la cantonade : Allons, chaud, chaud, mes enfants ! à vos fourneaux ! (En scène.) La journée sera bonne ! c'est aujourd'hui samedi... et M. le maire de Ménilmontant ne marie que le samedi... C'est une bonne idée, parce qu'on a le dimanche pour se reposer... Le père Reculé, le secrétaire de la mairie, un vieux sourd... qui n'entend pas, m'a dit qu'il y avait aujourd'hui quatorze mariages ; alors j'ai acheté trois veaux, v'lan !..."À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARANLes éditions LIGARAN proposent des versions numériques de qualité de grands livres de la littérature classique mais également des livres rares en partenariat avec la BNF. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes. LIGARAN propose des grands classiques dans les domaines suivants : • Livres rares• Livres libertins• Livres d'Histoire• Poésies• Première guerre mondiale• Jeunesse• Policier
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EAN : 9782335055955
©Ligaran 2015
BOUCHENCŒUR.
ANATOLE GRANDCASSIS.
RECULÉ, secrétaire de la mairie.
FORMOSE.
UN TRAITEUR.
UN PORTIER.
UN COMMISSIONNAIRE.
ARTHÉMISE, veuve Mouchette.
COCOTTE.
UN TAMBOUR.
CATHERINE, bonne de Bouchencœur.
PREMIÈRE DEMOISELLE D’HONNEUR.
DEUXIÈME DEMOISELLE D’HONNEUR.
DEUX VIEILLES DEMOISELLES D’HONNEUR DE LA VEUVE MOUCHETTE.
INVITÉS, COMMISSIONNAIRES, GARÇON, TRAITEUR, TAMBOURS.
Le théâtre représente un jardin de guinguette. – Une porte avec grille au fond. – Portes latérales conduisant aux deux salons qui portent cette inscription ; salon de cent couverts.
Le traiteur, puis trois tambours de la Garde nationale.
Allons, chaud, chaud, mes enfants ! à vos fourneaux ! (En scène.) La journée sera bonne ! c’est aujourd’hui samedi… et M. le maire de Ménilmontant ne marie que le samedi… C’est une bonne idée, parce qu’on a le dimanche pour se reposer… Le père Reculé, le secrétaire de la mairie, un vieux sourd… qui n’entend pas, m’a dit qu’il y avait aujourd’hui quatorze mariages ; alors j’ai acheté trois veaux, v’lan !… Ah ! dame ! c’est que le veau est comme il faut !… À Ménilmontant, il n’y a pas de belles noces sans veau ! (On entend un roulement de tambours.) Qu’est-ce que c’est que ça ?… Tiens ! des tapins !
Par ici les amis !… je connais la maison !
Voilà ! voilà !…
CHŒUR.
AIR de la Croix d’or(Pilati).
Je paye le coup de rafraîchissoir ! (Appelant le traiteur.) Ohé !… père l’Omelette !
Comment, père l’Omelette ?
Cinq litres !… et du bon !… nous avons chaud… nous venons de faire l’école des tambours !
Ah ! oui !… raflafla !… raflafla !… voilà un exercice embêtant !…
Hein ?…
Poux les voisins !…
Nous arrivons des fortifications.
Et maintenant nous voilà aux fortifiants !
Tous rient.
Ah ! farceurs !… ils sont gais, les tambours !… Ces messieurs désirent-ils du veau ?
Pourquoi du veau ?
Dame, c’est rafraîchissant !…
Ah ! tu fais le malin, toi !…
Non ! c’est pour rire !… Entrez là !… on va vous servir.
CHŒUR.
AIR de la Croix d’or(Pilati.)
Les tambours entrent à gauche
Le traiteur, Bouchencœur puis Grandcassis.
Cinq litres au n° 4 !…
Salon de cent couverts… voilà mon affaire !… (Appelant.) Garçon ! garçon !
Monsieur ?…
Mon ami vous voyez un homme palpitant… et très pressé !… Je me marie dans cinq minutes !
Une noce ! bravo !…
Je retiens votre salon de cent couverts.
Combien êtes-vous ?
Dix-neuf.
Diable ! vous allez être bien gênés !
Comment ?
Garçon ! garçon !
Monsieur ?
Mon ami, vous voyez un homme très embêté, je me marie dans cinq minutes !
Deux noces !
Je prends votre salon de cent couverts.
Pardon… il est retenu.
J’en ai plusieurs… (À Grandcassis.) Combien êtes-vous ?
Quatorze !
Sapristi ! ils n’y tiendront jamais ! (Haut.) Si ces messieurs veulent commander le repas ?…
Ah ! oui !… voyons… qu’est-ce que nous allons manger ?… (À Grandcassis.) Avez-vous une idée, vous, monsieur ?
Certainement, j’ai une idée !
Alors, je prends l’idée de monsieur… Vous me servirez la même chose.
Qu’est-ce que vous avez ?…
Tête de veau, foie de veau, poitrine de veau, pieds de veau, oreilles de veau, mou de veau, queue de veau…
Mais c’est un veau complet !…
Je vais arranger ça… Nous ne voudrions pas mettre plus de trois francs à trois francs cinquante par tête…
C’est aussi dans mon prix…
Y compris le vin ordinaire…
Le vin extra…
Le café…
Le pousse-café…
La rincette !…
Et cœtera ! et cœtera ! et cœtera !
Diable !…
Quant au menu, j’ai crayonné un petit projet… (Il tireun papier qu’il lit.) Primo… un beau saumon… sauce aux câpres !
Ça me va !… avec beaucoup de câpres !…
Secundo… une dinde truffée…
Avec beaucoup de truffes !…
Tertio… un buisson d’écrevisses…
Avec beaucoup d’écrevisses !…
Pour trois francs par tête ?
On vous a dit : trois francs cinquante… n’équivoquons pas !…
Et vous voulez des dindes truffées ?… merci !… je ne peux pas.
Cependant… hors barrière…
Non !… c’est impossible !… voyez ailleurs !…
Il remonte un peu.
Diable !… (À Grandcassis.) Dites donc… si nous supprimions la dinde truffée ?
Par quoi la remplacer ?
Je puis vous offrir une belle longe de veau… avec des capucines dessus… et des carottes autour.
Ah ! oui !… c’est une bonne idée !…
Quant au saumon… j’en ai un.
Ah !…
Un magnifique, mais il n’est pas frais ; je ne voudrais pas vous tromper.
Sapristi !… (À Grandcassis.) Dites donc… si nous supprimions le saumon ?
Si nous supprimons tout ?…
Je vous servirai, comme poisson… une belle tête de veau en tortue !…
Toujours du veau !…
Avec des capucines dessous… et des écrevisses dessus.
Ah ! oui !…
Ce qui alors remplacerait le buisson d’écrevisses…
Mais il ne restera plus rien !…
Fiez-vous à moi, je vais vous confectionner deux amours de petits dîners…
Allons !… et tâchez que les sauces soient un peu relevées !… mettez-y du piment, nom d’un petit bonhomme !…
Soyez tranquille !… (À part.) Je vais leur couper mes trois veaux en deux !… ça pousse à la mélancolie !…
CHŒUR.
AIR : Loterie(Kriesel).
Le traiteur sort par la gauche.
Bouchencœur, Grandcassis.
Monsieur, je ne vous le cacherai pas… je suis bien ému…
Je comprends ça ! quand un père marie sa fille…
Sa fille !… mais c’est moi qui me marie… en personne naturelle !…
Vous ? ah ! farceur !… je vois votre affaire !… nous réparons nos vieux péchés !… Votre liaison doit porter de la flanelle !
De la flanelle !… à dix-huit ans ?…
Dix-huit ans !… Elle a dix-huit ans ?… Mon compliment !… vous avez des chances !…
Figurez-vous que j’étais arrivé jusqu’à mon âge sans avoir jamais été amoureux… j’avais bien eu des aventures par-ci, par-là… mais je n’avais jamais été ce qui s’appelle amoureux… et j’ai trente et un ans !…
Ah ! ouat !…
Eh bien, trente-cinq, la !…
Ah ! ouat !…
Mettons quarante… Un jour… Nous avons cinq minutes… vous permettez ?…
Allez ! cillez !… je ne suis pas pressé, moi.
Un jour, je me rendais à Argenteuil…
Tiens ! Argenteuil !… ça me rappelle une anecdote… j’étais dans la campagne…
Je continue…