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Extrait : "ANTOINE, un plumeau à la main, le nez en l'air, étouffant un éternument : A... a... atch ! ... non ! je n'ose pas... M. Beautendon, mon maître, m'a défendu d'éternuer dans son salon... il dit que ça fait gémir les convenances... moi, je trouve cet homme-là trop véticuleux dans ce qu'il est... C'est égal ! je l'aime... à cause de sa bonne odeur... AIR du Premier prix : De mes sens il fait le bonheur, Tant il exhale un fumet qui m'embaume ! D'son état d'ancien..."À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARANLes éditions LIGARAN proposent des versions numériques de qualité de grands livres de la littérature classique mais également des livres rares en partenariat avec la BNF. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes. LIGARAN propose des grands classiques dans les domaines suivants : • Livres rares• Livres libertins• Livres d'Histoire• Poésies• Première guerre mondiale• Jeunesse• Policier
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Seitenzahl: 45
EAN : 9782335055290
©Ligaran 2015
COMÉDIE
EN UN ACTE, MÊLÉE DE CHANT
Représentée pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du PALAIS-ROYAL, le 10 février 1855.
Un salon chez Beautendon. – Porte principale au fond. – Deux portes de chaque côté. – Une petite table et un fauteuil à grand dossier au premier plan de droite. – À gauche, un fauteuil. – Au fond, appliques de buffets, chaises.
BEAUTENDON, ancien parfumeur.
GODEFROID, son fils.
ANTOINE, domestique.
THÉRÉSON MARCASSE, riche Marseillaise (23 ans).
MADAME DE SAINTE-POULE.
MIETTE, jeune Marseillaise, bonne de Théréson.
BLANCHE, fille de madame de Sainte-Poule.
La scène se passe à Paris.
Antoine, puis Beautendon.
A… a… atch !… non ! je n’ose pas… M. Beautendon, mon maître, m’a défendu d’éternuer dans son salon… il dit que ça fait gémir les convenances… moi, je trouve cet homme-là trop véticuleux dans ce qu’il est… C’est égal ! je l’aime… à cause de sa bonne odeur…
AIR du Premier prix.
(Aspirant avec délices.) Heum !… (Éternuant malgré lui,) Atchum !
Antoine ! dans mon salon !
Crédié !
C’est donc un parti pris… un système !
Monsieur, il fallait que ça parte !
Mon ami, je sais que la nature… et loin de moi la pensée de déverser le blâme sur cette bonne mère… je sais que la nature a cru devoir nous affliger de certaines calamités dont gémissent les convenances…
Oui, monsieur. (Le flairant, à part.) Dieu ! embaume-t-il !
Mais elle a permis qu’on en sentit les approches… et alors…
Quoi qu’on fait, monsieur ?
On prend la clef de sa chambre, on va s’y enfermer… on y paye son tribut, le plus silencieusement possible… après quoi, on rentre dans le sein de la société avec le calme sourire d’une conscience qui a fait son devoir !
Bien, monsieur… une autre fois, je prendrai ma clef.
À la bonne heure.
Ah ! monsieur, voilà une lettre pour vous ? c’est six sous.
Quel est l’incivil qui n’affranchit pas ses lettres ? (L’ouvrant.) Après ça, il s’agit peut-être d’une forte commande… (Lisant.) « Monsou. » Qu’est-ce que c’est que ça ?
Mon sou ? c’est un mendiant !
« Monsou, sorti viou déis dangiers léis plus féroços… siou escapa !… » (S’interrompant.) « Escapa ! » Escarpin, il a voulu dire ! c’est quelque cordonnier espagnol… Je me la ferai traduire… (Il la met dans sa poche.) Savez-vous si mon fils est levé ?
M. Godefroid ? je ne sais pas, monsieur… mais, tout à l’heure, il ronflait comme un bœuf !
Juste ciel ! mon ami, quelle comparaison !
Sans comparaison, monsieur ; après ça, il s’est peut-être levé depuis… voulez-vous que j’aille voir ?
Antoine, vous me désolez.
Moi, monsieur ?
Que vous ai-je dit hier au soir ?
Vous m’avez dit d’aller acheter la Patrie.
Il ne s’agit pas de ça ! je me suis efforcé, pour la dixième fois, de vous inculquer les premiers principes d’un service selon les convenances…
Ah oui ! (À part, le flairant de près.) Qu’il sent bon, mon Dieu !
Et, d’abord, un serviteur convenable ne se tient pas ainsi dans la poche de son maître… il observe une distance respectueuse…
Oui, monsieur Beautendon.
Il ne dit pas : « Oui, monsieur Beautendon. » Il dit : « Oui, monsieur… » tout sec.
L’fait est que vous êtes seccot…
Sac à papier !… on ne dit pas à son maître vous êtes seccot ! on lui dit : « Monsieur est seccot ! » on parle à la troisième personne.
Faites excuse, monsieur… elle n’y est pas.
Qui ?
La troisième personne…
Mon Dieu ! quel âne !…
Ah ! monsieur, vous me manquez !… C’est égal, j’aime monsieur…
Il le renifle de loin.
Bien, mon ami !
Au point que je voudrais porter monsieur à ma boutonnière… comme une rose… (À part.) Tant il fleure bon !
Très bien ! c’est cela.
Monsieur… je vas aller voir si monsieur le fils à monsieur est levé.
Parfait ! vous voilà convenable… Mais restez, j’ai besoin de vous… J’attends de Cambrai deux personnes du sexe qui me font l’honneur de descendre chez moi.
Des dames ! où que nous allons loger tout ça ?
Ici, dans le petit appartement bleu tendre… le seul dont je puisse disposer… Allez le préparer… et mettez-y tous les soins imaginables…
Soyez tranquille.
Que monsieur soit tranquille ! Ah ! vous ôterez la gravure de Daphnis et Chloé et la placerez dans ma chambre… Ces personnages portent des costumes trop lestes pour des dames…
Ils n’en portent pas !
Précisément… une demoiselle ! Vous répandrez dans la chambre un flacon d’essence… moitié iris, moitié violette.
Oui, monsieur.
Moitié iris, moitié violette !
Bien, monsieur.