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Extrait : "JEAN : L'ennui de la vaisselle quand on l'a rangée, c'est qu'il faut la déranger. ( Un saladier lui échappe des mains et se casse.) MACHUT, entrant : Paf ! JEAN : Sacrebleu ! le saladier doré ! MACHUT : Tu travailles bien, toi !"
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Seitenzahl: 39
Veröffentlichungsjahr: 2015
EAN : 9782335055047
©Ligaran 2015
COMÉDIE-VAUDEVILLE EN UN ACTE
Représentée pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du PALAIS-ROYAL le 23 juillet 1867.
Un salon de campagne, avec trois baies ouvertes sur un jardin. Portes latérales au premier plan. À gauche, près de la porte, un buffet. À droite, sur le devant de la scène, une table. Au fond, une autre table, sur laquelle se trouvent des tasses.
FRANÇOIS CABOUSSAT, ancien négociant.
POITRINAS, président de l’Académie d’Étampes.
MACHUT, vétérinaire.
JEAN, domestique de Caboussat.
BLANCHE, fille de Caboussat.
La scène se passe à Arpajon, chez Caboussat.
Jean, puis Machut, puis Blanche.
Au lever du rideau, Jean range de la vaisselle devant un buffet qui se trouve à gauche, au premier plan.
L’ennui de la vaisselle quand on l’a rangée, c’est qu’il faut la déranger.
Un saladier lui échappe des mains et se casse.
Paf !
Sacrebleu ! le saladier doré !
Tu travailles bien, toi !
Ah ! ce n’est que le vétérinaire !… Vous m’avez fait peur.
Qu’est-ce que va dire M. Caboussat, ton maître, en voyant cette fabrique de castagnettes ?
Il ne la verra pas… j’enterre les morceaux au fond du jardin… j’ai là une petite fosse… près de l’abricotier… c’est propre et gazonné.
Jean ! (Apercevant Machut.) Ah ! bonjour, monsieur Machut.
Mademoiselle…
Tu n’as pas vu le saladier doré ?
Non, mademoiselle.
Je le cherche pour y mettre des fraises.
Il doit être resté dans le buffet de la salle à manger.
Je vais voir… C’est étonnant la quantité de vaisselle qui disparait…
On ne casse pourtant rien…
Blanche sort par la gauche, premier plan.
Jean, Machut, puis Caboussat.
Ah bien, tu as de l’aplomb, toi !
Dame, si elle savait que son saladier est cassé… ça lui ferait de la peine, à cette demoiselle.
Ah çà ! je viens pour la vache…
Oh ! c’est inutile.
Pourquoi ?
Elle est morte… Il paraît qu’elle avait avalé un petit morceau de carafe… mal enterré.
Ah ! voilà ! tu ne creuses pas assez.
C’est vrai… mais il fait si chaud depuis un mois !
Ah çà ! c’est aujourd’hui le grand jour ! ton maître doit être dans tous ses états.
Pourquoi ?
C’est dans deux heures qu’on va élire le président du comice agricole d’Arpajon.
Croyez-vous que M. Caboussat soit renommé ?
Je n’en doute pas. J’ai déjà bu treize verres de vin à son intention.
Vrai ? Eh bien, ça ne paraît pas.
Je cabale pour ton maître. C’est juste, j’ai la pratique de la maison.
Il a un concurrent qui est un malin, M. Chatfinet, un ancien avoué… Depuis un mois il ne fait que causer avec les paysans…
Il fait mieux que ça. Dimanche dernier, il a été à Paris, et il en est revenu avec une cinquantaine de petits ballons rouges qui s’enlèvent tout seuls… et il les a distribués gratis aux enfants de la classe agricole.
Ah ! c’est très fort !
Oui, mais j’ai paré le coup… j’ai répandu le bruit que les ballons attiraient la grêle… et on les a tous crevés.
Quel diplomate que ce père Machut !
Nous ne voulons pas de Chatfinet… À bas Chatfinet ! un intrigant… qui fait venir d’Étampes son vétérinaire !
Ah ! voilà !
Ce qu’il nous faut, c’est M. Caboussat… un homme sobre… et instruit !… car on peut dire que c’est un savant, celui-là !
Quant à ça… Il reste des heures entières dans son cabinet avec un livre à la main… l’œil fixe… la tête immobile… comme s’il ne comprenait pas.
Il réfléchit.
Il creuse… (Apercevant Caboussat.) Le voici… (Montrant les morceaux du saladier.) Je vais faire comme lui, je vais creuser.
Il sort par le pan coupé de gauche.
Machut, Caboussat.
Caboussat entre par la droite, premier plan, un livre à la main et plongé dans sa lecture.
Il ne me voit pas… il creuse.
« Nota. – On reconnaît mécaniquement que le participe suivi d’un infinitif est variable quand on peut tourner l’infinitif par le participe présent. » (Parlé.) Il faut tourner l’infinitif par le participe… Ah ! j’en ai mal à la tête !