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Extrait : "MADAME CHAMEROY, faisant de la tapisserie : Mon Dieu, monsieur Chameroy, comme tu es nerveux aujourd'hui ! Reste donc tranquille ! CHAMEROY : Cela vous est bien facile, à vous autres femmes ! vous avez un calmant toujours prêt : votre tapisserie... Mais nous, pauvres hommes, quand quelque chose nous agite... MADAME CHAMEROY : Pourquoi t'agites-tu ? CHAMEROY : Pourquoi ! Le jour où je marie ma fille !"
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Seitenzahl: 40
Veröffentlichungsjahr: 2015
EAN : 9782335055993
©Ligaran 2015
COMÉDIE EN UN ACTE
Représentée pour la première fois, à Paris, au THÉÂTRE-FRANÇAIS, le 23 mai 1876.
Un salon chez Chameroy, ameublement sans élégance. – Un bureau à gauche, à droite un canapé.
PAUL DE VINEUIL.
CHAMEROY, industriel retiré.
MADAME CHAMEROY, sa femme.
HENRIETTE, leur fille.
UN DOMESTIQUE.
La scène se passe de nos jours, à Paris.
Chameroy, madame Chameroy.
Mon Dieu, monsieur Chameroy, comme tu es nerveux aujourd’hui ! Reste donc tranquille !
Cela vous est bien facile, à vous autres femmes ! vous avez un calmant toujours prêt : votre tapisserie… Mais nous, pauvres hommes, quand quelque chose nous agite…
Pourquoi t’agites-tu ?
Pourquoi ! Le jour où je marie ma fille !
D’abord, tu ne la maries pas encore… c’est aujourd’hui la première entrevue sérieuse.
Oui !… Mais comment cette entrevue va-t-elle se passer ? Voyons, recordons-nous. Dis-moi bien ce qui est convenu.
Quand tu te seras assis.
Voilà… Eh bien ?
Eh bien, rien de plus simple. M. le comte de Vérac a dit hier soir à la sortie de l’Opéra à madame de Torcy, sa cousine, qu’il viendrait aujourd’hui à quatre heures.
Sous quel prétexte ? Car, avant tout, il ne faut pas qu’Henriette se doute…
Rapporte-t’en donc à moi. Il viendra sous prétexte de louer le rez-de-chaussée de notre maison du boulevard Haussmann.
Parfait ! Un sujet de conversation excellent… Où un homme montre son caractère, ses goûts, ses habitudes, et qui n’apprendra rien à Henriette… car, avant tout, il ne faut pas qu’elle se doute…
Sois donc tranquille !…
Mais M. de Vérac a donc été content de la visite qu’il nous a faite dans notre loge ? Henriette lui a donc plu, puisqu’il revient aujourd’hui ?
Probablement !
J’étais si troublé, que je n’ai rien vu ! C’est à quatre heures qu’il doit venir. Qu’est-ce que je vais faire, d’ici à quatre heures, pour ne pas m’agiter ? Ah ! quelle idée ! C’est demain le 15, je vais faire mes quittances de loyer. (Il se met à une table.) J’aime ce travail… il me délasse. (Écrivant.) « Je soussigné reconnais avoir reçu de monsieur… »
À propos, as-tu loué ton second ?
Oui… ne m’interromps pas… (Écrivant.) « Sans préjudice du terme courant et sous la réserve de tous mes droits… » C’est étonnant comme cela me calme !
Par exemple, voilà une chose que je ne comprends pas… s’amuser à écrire ses quittances depuis le premier mot jusqu’au dernier, quand on en vend de tout imprimées.
Je le sais… mais on n’a pas le plaisir de les écrire. (Écrivant.) « Trois mille. » (Parlant.)on dit que l’argent est immoral !… Celui qu’on ne vous rend pas, oui !… il vous aigrit… vous irrite… mais celui qu’on encaisse… (Écrivant.) « Trois mille deux cents… plus les portes et fenêtres. » (Parlant.) Rien qu’en faisant cette addition, je me sens meilleur !
Tu en as pour longtemps avec tes trois maisons ?
Tu peux dire nos trois maisons ; car nous les avons honorablement acquises ensemble, par notre travail, notre économie, notre intelligence…
Quand je pense que tout le monde à Saint-Quentin blâmait mon père de donner sa fille à un petit commis sans fortune.
J’avais mieux que la fortune… j’avais des aptitudes commerciales… Ton père me devina… c’était un homme sans grande éducation, sans littérature…
Ah !
Mais qui avait le coup d’œil juste… Un grainetier de Saint-Quentin qui laisse quinze mille livres de rente à sa fille n’est pas un imbécile !
Il t’aimait beaucoup.
Je crois avoir toujours ! honoré ; sa mémoire. Avec les soixante mille francs, que je reçus de ta dot, je pris un intérêt dans une fabrique de Roubai… Bientôt mes capacités exceptionnelles, j’ose le dire… me firent remarquer, les commandites s’offrirent à moi, et je devins le chef d’une des manufactures les plus importantes de la ville de Roubaix.
Pauvre homme ! As-tu travaillé !
Jour et nuit !… mais je ne le regrette pas, car, après vingt-trois ans de labeur, j’ai pu me retirer avec une fortune de cent cinquante mille livres de rente… c’est-à-dire trois millions.
Chut ! plus bas !
Pourquoi ?
Si les domestiques t’entendaient, ils croiraient que nous sommes riches… et ils gaspilleraient tout.
C’est juste. À propos ! Où est donc Alphonse, notre fils ?
À la Sorbonne… il suit des cours :
Des cours !… un garçon de vingt-deux ans… qui pourrait fabriquer ! J’espérais lui céder la maison Chameroy… C’était mon rêve !
Qu’est-ce que tu veux ! Tout le monde n’a pas les idées tournées au commerce ; il aime à suivre des cours, cet enfant !
Tranchons le mot… c’est un pilier de Sorbonne
Que veux-tu, mon ami, chacun a ses défauts.