Les runes de l'amour - Marcel Nuss - E-Book

Les runes de l'amour E-Book

Marcel Nuss

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Beschreibung

Ce recueil, écrit entre 2004 et 2012, a la particularité de comporter un chapitre intitulé "Le chant de l'héliotrope" qui a été composé à quatre mains avec Véronique Cohier-Rahban, paru pour la première fois en 2010 aux éditions Le Troubadour, sous le titre "Corps accord sur l'écume". Il est inspiré par le souffle de la passion amoureuse.

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Veröffentlichungsjahr: 2022

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Sommaire

DOJO

INCARNATION SPONTANÉE

PÉNÉTRATION INTENSE

49 ANS

LE MANQUE

PRENDRE INTENSÉMENT

JULIETTE

ELLE EST AU NORD

SEXE AU LOGIS

BRAISE-MOI

LA MAÎTRESSE

VOUS SAVEZ QUOI ?

ACCOUCHEMENT

FEMME VÉGÉTALE

ÉTEINTE

JAMAIS

TOUJOURS

ELLE EST NUE

LA PRENDRE

SALADE

COMME

SUR UN NUAGE

ELLE A

BÊÊÊ

LIESSE LUDIQUE

MANQUE

L'AMANT ÉTREINT

CHEMINEMENT SANS FIN

ÉVIDENCES

RÉVOLUTION SEXUELLE

LIBERTINAGE

DÉCHAÎNEMENT

LA VIVRE

PANTOMIME

CORPS ATONE

CRUCIFIÉ

LE PAPILLON

ET ALORS ?

LA LIBERTÉ AU BOUT DES DOIGTS ET L'AMOUR

INTERROGATIONS ESTIVALES

ENROBAGE

AVION

LORSQUE

AUJOURD'HUI ET DEMAIN

AU FOND DE LA MER

ELLE M'ÉCRIT

ALLEGRO MA NON TROPPO

POURQUOI JE TIENS TANT À ELLE

JE L'AIME

UN BAISER

MOMENTANÉMENT

TEMPS COUVERT

ÉCLAIRAGE

LE BONHEUR

ELLE M'ATTEND

POUR L'INSTANT

VOIR VICQ ET MOURIR

FULGURANCES

QUI FUT SERA

ICILÀ-BASAILLEURS

dans l'onde d'une cascade bleue

QUAND SONNE LE GLAS

LA MORT DE BORIS

TERRASSÉE

JE L'ATTENDS

SANGLOTS NOCTURNES

AMOUR CÉNOBITE

ALOUETTE

DANSE

LARMES ARDENTES

DÉSIRS

LA MORT

LE BALLET DE LA VIE

DANSE

J’AI RENCONTRÉ LA VIE

LE CHANT DE L'HÉLIOTROPE

ELLE RIT

MUSIQUE

ÉNERVEMENTS PASSAGERS

LE MANQUE D'AILES

HÉBÉTUDE

NATURE

ACCORDS ÉPERDUS

LA LIBERTÉ

JE SUIS UN PÉCHEUR

BRAISE

LA VÉRONIQUE DES CORPS

FLUCTUA NEC MERGITUR

ELLE S'ESCLAFFE

AVEN JOUISSIF

INJONCTION DÉSIRANTE

CORPS À CORPS

AUBADE

TRAMPOLINE

BACCHANALES

CANTATE CHARNELLE

CES FESSES DÉLICATES

BELLE

LA VOIX DE LA VOIE

SOMBRE

AUTOMNE

ASPIRATION

SUPPLIQUE CHARNELLE

LE STUPRE ET LA BEAUTÉ

HURLEMENT ABYSSAL

PEAUX POURRIES

CONFESSION POSTHUME

ARRÊT SUR RAVAGES

FORCEPS

DISTENSION

DIVERGENCE

ET SI L'AMOUR EXISTAIT

APRÈS

PARADOXE

HURLEMENTS

INCESTE D'ORANGE

INTIMITÉs

FLEUVES

SODOMIE ET GO MORE

LA LECTRICE

PROJECTIONs

MEURTRE

FAMILLEs

SUCE-MOI

FANTASME ?

TRANSE SEXUELLE

SUPPLIQUES LUDIQUES

DOUBLE SALTO

CRUDITÉ

PORNOGRAPHIE AMÈRE

TELLEMENT

« LE PETIT LULU »

PETIT CUL

ORGIE SOLITAIRE

PLATITUDES

AURORE

INFUSION

ALEZAN

CRÉCELLE

TRIVIALE POURSUITE

ABEILLE

DÉCHAÎNEMENT

MA SOEUR

RÉVEILLONS...

TÉNÈBRES EN FLAMMES

CAP DE BONNE-ESPÉRANCE

INTEMPÉRIES

INSOUMIS

ET LA CHAIR SE FIT LE VERBE

PAGE FROISSÉE

REVE EN NOIR

HORRI-PEAU

LE TUMULTE DE NOS SENTIMENTS

SILENCE…

INVISIBLE DOUBLE

AILES ÉMOIS

JE L’AIME

PRONOMS POSSESSIFS

RESTAURANT

MON AMANTE

ACARIÂTRES

LES SEINS AU VENT

PARC DE BERCY

CECI EST MON SANG

OBSTRUCTION

LE GLAS DU GLAND

SYLPHE

DÉSIRS

FIDÉLITÉ

VARIATIONS SALINES

CHARNELLES ÉPOUSAILLES

DÉCLARATIONS

LUPANAR

ÉMANCIPATIONS

TRIO

ELLES

FEMELLES

GRENOBLE

BOULEVERSÉ

CORPS DÉSIRS

DÉSIRE-MOI

MON HÉRISSON

VESTALE DÉCHAÎNÉE

HOMME

POURQUOI JE PARTIRAIS

SUFFOCATIONS CHARNELLES

JOUISSANCE

CORPS ENCORE

NEIGE

NEIGES ÉPHÉMÈRES

JE SUIS ENCORE VIVANT

AVANCE !

SUR LE REBORD DE LA FENÊTRE

AVEU

DORMIR

JE SUIS CELA

LE LOUP

QUI

QUÊTE

FÉMININES

ÉCLOSION DE FLAMME

RENCONTRE

JE L’AIME

MARA LI

AIMER CE SEXE

RECONNAISSANCE

FACÉTIE

ÉTOILE FILANTE

DÉCOUVERTE DE SOI

MARA

JE PENSE À ELLE

EMERVEILLEMENT

REGARD AMOUREUX

À MARION, À UNE FEMME, AUX FEMMES

ÉPANOUISSEMENT

DOJO

Fluette et forte

belle et légère

le cœur en feu

le corps en vie

la chair en fête

et

l'âme à nu

dans un kimono stellaire

le sabre entre ciel et terre

entre le firmament et l'Infini

elle

écrit une prière emplie de Mystère

au fronton d'un temps suspendu

à son ardeur pleine de ferveur

Elle

féconde l'amour

avec la puissance jouissive

d'un orage sur le Fuji-Yama

ou

d'un éclat de lune

au-dessus de Stonehenge

Elle

elle ou son âme

enchante la chair

en riant l'amour

tant et si bien

que

la désolation se fait seppuku

Dieu

vibrer au rythme de ses sens

et

de ses seins

charnels et éclairés

pour

jouir d'exister

respirer

respirer sereinement

et

grandir à soi-même

Le bonheur est-t-il inscrit dans les étoiles

ou

dans un dojo qui se dévoile

au son d'une harpe celtique

?

INCARNATION SPONTANÉE

Une voix qui chante et enchante avec son petit accent enraciné dans un Levant herbu, un petit accent à la saveur lactée comme la voie ou comme la vie, peut-être les deux, probablement même. Une voix qui enveloppe et caresse et enflamme le cœur, l'âme, le corps et l'esprit. Avec la délicatesse d'une nymphe incarnée et sensuelle. Un appel des sens autant que du sens. Où les sens ont du sexe et le sexe a du sens.

La vie alors surgit et s'engouffre dans l'aspiration de leur destin. Et la raison se tait devant la force de l'évidence. Car, lorsque la chair attise l'essence, il faut aller au festin.

Et le désir sourit. Et le désir rit. Et le désir s'immisce et sourd entre leurs mots qui s'enlacent. Et sa chair palpite à elle-même, à travers lui dont le corps brusquement déploie l'envie. Et le cœur s'agite. Et l'esprit revit. Pendant que l'âme s'interroge sur la substance de leur confluence.

Tant les relie par-delà l'espace et le temps. Irrésistiblement. Étrangement.

Tant les surprend délicieusement. Intensément.

La chair appelle la chair comme la Terre appelle le Ciel.

Sortir de l'enfer pour aller au gré de ses ailes.

Quand le temps est venu, il est temps de remonter l'avenue qui vous écrit sur la crête d'un horizon infini.

Quelle hérésie d'ignorer l'appel de la Vie !

Quand seront-ils nus ? Totalement nus ? Les corps en rut et l'âme éperdue...

PÉNÉTRATION INTENSE

Quelle est cette nudité habillée de la tête aux pieds ?

Quelle est cette humanité dévêtue de la chair à l'âme ?

Quel ce désir qui soudain éclate et soupire après l'espérée ?

Quelle est cette volupté qui s'étend à la vitesse d'un feu d'été

?

Quelle est cette évidence qui défie toutes les apparences avec élégance ?

Quelle est cette attirance qui confine à l'insolence tant même le silence est charnel ?

Quelle est cette vibration sensuelle jaillie de l'horizon comme une fulgurante émotion ?

Quelle cette voix à la jeunesse limpide qui s'égaie vers l'aimant avec la foi d'un cœur intrépide ?

Quelle est cette faim incandescente et irrésistible de plonger au plus profond d'elle comme dans un bain de lave exubérante ?

Quelles sont ses sexes qui s'attirent et s'enflamment dans un souffle que l'amour présage avec l'ardeur d'une fugue sublime ?

Jouir jusqu'à l'abandon, jusqu'au rien, jusqu'au vide où les

corps touchent le sens de leur corporalité retrouvée.

Jouir dans un cri incarné.

L'Amour est un orgasme où la Vie peut se déployer.

49 ANS

Et ce cœur printanier

et ce corps assoiffé

et ce regard éclairé

et cette chair éveillée

Elle a l'âge d'une sagesse en goguette

l'âge de son rire

ce rire qui cascade

à profusion

sur la vie et l'amour

et

le désir

de chair en fête

Elle a l'âge de ses sens

s'ouvrant à l'essence de l'être

qui s'étonne

et

s'offre

avec la légèreté d'un corps naissant

à l'amant

aimant

Elle a l'âge de toutes les libertés

l'âge d'oser la vie

et

l'amour

l'amour de la vie

et

la vie de l'amour

Elle a l'âge de découvrir

de s'apprivoiser

et de s'aimer

dans le creux dansant

de l'aimant

au désir exaltant

Et ces cœurs éblouissants

et ces corps affamés

et ces regards effervescents

et cette chair révélée

LE MANQUE

Ces yeux que grignote la mémoire

ce regard qui se fond dans un horizon trop lointain

ce regard éperdu comme perdu dans le trop

le trop qui les sépare et les rapproche tant

et ces lèvres si ardentes qui embrassent l'absence

Et ces seins hors de portée d'un baiser impromptu

et ce corps qui se dérobe à la chaleur d'une main tendue

et ce sexe qui respire loin du souffle qui les conspire

orchidée qui se fane privée du rire de son soleil profane

et cette chair qui s'écrie et s'élance vers des caresses

évanescentes

tout sens dehors tout sens dessus dessous

Et lui

et lui qui l'attend et lui qui l'espère

tout autant qu'elle tout autant qu'elle

le regard implorant les lèvres orphelines le corps en apnée le

sexe affolé la chair hoquetante

la chair et l'essence oppressées par les sens débordés

Le manque

connaissez-vous le manque de l'aimée

le vide exacerbé de l'éloignement et de l'attente

de l'attente

de ses mains de ses bras de son corps de sa bouche de ses yeux

de ses seins de son sexe

de tout

de tout ce qui fait elle

de tout ce qui fait lui

de tout ce qui fait eux

sur la vague de leur Amour

sur les flots de leur Désir

Ce manque qui les maraude

ce manque qui les conjugue

Et les retrouvailles qui les exaucent

en une collusion débridée

ah les retrouvailles !

Après le manque qui les a rapprochés

PRENDRE INTENSÉMENT

Je te prendrais sur un pétale de rose. Je te prendrais sur une branche morose. Je te prendrais sur une couleur d'arc-en-ciel ou peut-être sur un coin d'horizon tout chose. Je te prendrais toute nue sous un saule rieur. Je te prendrais sans coup férir ni aucune candeur. Je te prendrais sous le coup de l'émotion. Je te prendrais sous un jour nouveau. Je te prendrais sous un croissant de lune au beurre d'alouette. Je te prendrais avec les égards de circonstance. Je te prendrais avec l'élégance d'un hussard qui danse. Je te prendrais avec l'ardeur qui s'impose. Je te prendrais avec la ferveur que je suppose. Je te prendrais avec entrain. Je te prendrais contre vents et marées. Je te prendrais a contrario. Je te prendrais à contretemps, à contresens, à contre tout. Je te prendrais à contre-jour cul au vent et fleur en poupe.

Si tu n'étais pas aussi loin de mon jardin. Si tu n'étais pas à des kilomètres de mes yeux sans tes cieux. Si je n'étais pas plâtré de la tête aux pieds et des pieds à ma queue de pie piaillant.

J'ai envie de toi. J'ai envie de te donner ma vie, mes envies, mes rêves, mes délires, mes fantasmes, mes soupirs, et aussi mes rires, mon présent, mon avenir, mes mots, mes silences, mes errances, mes connivences, mes danses, mes pénétrations, mes excitations, mes interrogations, et tout le reste, tout ce qui est à portée de cœur et de chair, et dont tu aurais envie. J'ai envie que tu me désires. J'ai envie que tu me soupires sur le tumulte du tant. J'ai envie de toi, abondamment.

J'aimerais te manquer intensément. J'aimerais te manquer à cœur battant et corps tremblant. Et toi ?

JULIETTE

à Juliette, ces vers qui esquissent une femme

Une tignasse qui s'enlace

et trace des espaces échevelés

autant qu'intenses

Un regard des yeux

qui semblent toujours un peu gênés

d'exister

de se trouver là à ce moment-là

devant vous

des yeux malicieux

et parfois étonnés

d'oser oser

s'exprimer

avec intelligence

avant tout

d'oser oser

avoir du sens

après tout

Juliette

grande fillette

femme végétale

qui dessine et peint

avec la frénésie de la vie qui s'élance et qui danse des

arabesques

sinueuses

à l'élégance mystérieuse

et toujours

en recherche d'un

sens en apnée

d'un sens qui s'interroge et se découvre

d'esquisses en esquifs

de récifs en ifs

à coups de crayon

à coups de corps à coups de cœur

à coups de cris

du cœur et de l'esprit

à corps et à cri

à cœur éperdu

Juliette

la vie se crée

la vie se croit

avec l'art

qu'insufflent tes

doigts

si juvéniles et vrais

ELLE EST AU NORD

à Éléonore, ce poème venu d'ailleurs

Elle est à l'Est

elle est à l'Ouest

demain ou un autre jour

elle sera peut-être au Sud

elle est ici elle est ailleurs

elle est de partout elle est de nulle part

elle est ce qu'elle veut

elle est ce qu'elle peut

mais elle est

comme ces reines qui chevauchent l'espace et le temps

qui chevauchent la vie par tout temps à toute allure

intensément

elle est l'amour elle est le feu elle est la vie elle est la mort

résolument

elle est d'abord le corps de ses sentiments

et le cœur de ses utopies

bravant la solitude et ses questionnements

elle chevauche le bonheur

comme ces reines qui réinventent la grandeur

avec l'entrain d'une affamée

de l'envie

l'amour en bandoulière

et l'instinct à vif

elle est au Nord

comme une étoile primevère

SEXE AU LOGIS

Tu m'as bite

comme

l'envie nous a bite

Alors va geins

ta jouissance cosmopolite

sur mon amarrage transalpin

et suce ce sexe si suave

sauce-le sauvagement

mais subtilement

de ta croupe caracolant soudain

sur cette queue

avidement candide

de ton con tellement abscons

qu'il en devient lumineux

BRAISE-MOI

Baiser cette femme qui halète

baiser ce corps qui se jette

baiser cette chair qui palpite

baiser ce regard qui m'excite

baiser ce sexe qui sécrète

baiser ces seins qui me guettent

baiser ces lèvres qui s'invitent

et cette langue qui s'agite

et ces reins qui se projettent

et ces sens qui allaitent

et cette croupe qui m'habite

et ce cœur qui gravite

autour de nos yeux

autour de nos vies

autour de nos voix

autour de nos joies

autour de toi et moi

autour de nous

braise-moi

braisons-nous

rut au vent

et

culs en l'air

gaiement

LA MAÎTRESSE

Elle travaille. Avec lui en elle. Tout en elle. Au cœur de ses pensées, au sein de son corps, au cœur de sa chair, dans la chair de son être. Elle travaille, elle écoute, elle écoute bien, très bien même, mais c'est lui qu'elle entend dans chaque parcelle de sa chair, de son âme. Et elle décompte le temps qui la rapproche de lui. Et le dernier client arrive et le dernier client repart et elle se lève et elle ferme la porte derrière elle et elle prend la voiture et elle prend la route. Vers lui. Vers cette chambre d'hôtel où il l'attend. Il n'attend qu'elle, elle le sait. Et elle ne veut que lui. Depuis qu'elle l'aime, depuis qu'elle le désire. L'a-t-elle d'abord aimé ou d'abord désiré ? Elle ne sait pas vraiment. Les deux sentiments se fondent et se confondent en elle. Ne font qu'un. Derrière chaque geste, chaque acte, chaque pensée, chaque élan, chaque mot. Après avoir bravé les aléas de la route, les bouchons et les travaux et les radars, elle se gare tant bien que mal dans cette ville infernale. De quoi gâcher le désir, le souffle du désir, s'il n'était pas aussi fort, impérieux même en elle, dans son basventre et ses seins et le reste, tout le reste, tout, absolument tout. Elle est complètement pleine de lui.

Elle monte par l'escalier. Il l'attend. Lui ouvre. Illico. Comme s'il attendait derrière la porte. Elle l'enveloppe, l'aspire d'un regard si enflammé qu'il en est calciné en tous sens. S'accroche à son cou. Lui caresse la nuque. Pose ses lèvres sur les siennes. Et l'embrasse avec l'intensité d'un désir trop contenu et l'exaltation des retrouvailles. Cela peut durer, durer une éternité d'amour ou se noyer dans l'ivresse des sens. Ça dépend d'elle ou de lui. Ça dépend de l'humeur de la lune, de l'Étoile polaire, des heures du jour et du temps. De la stridence de la brûlure de l'absence. Cela peut se consommer en une faim de dératés, assis, debout, couchés, ou s'étirer dans un enlacement élancé de sentiments, de sensations, de sensualité et de mots. Des bouquets de mots à satiété. Danse de deux corps denses. Chairs incarnées dans un désir de chair et de feu. Elle l'a dans la peau, dans le sang et l'essence. Il l'irrigue de haut en bas, de bas en haut, de fond en comble. Pendant qu'il cabote sur le flux et le reflux de l'ombre du temps d'un amour à deux-temps consentant. Il est l'heure. Déjà. Trop vite, trop tôt. Elle repart en sens inverse les sens en feu de joie. Son sexe, son corps, sa chair fourmillent encore de lui, d'eux. Est-ce cela l'amour ? Elle retourne à sa vie. À sa vie à côté, autre. Qu'elle ne veut pas quitter. Pour l'instant ?

Qu'est-ce qui l'attend ? Qu'est-ce qui les attend ? La vie assurément. Laquelle ? La vraie... Adelante !

VOUS SAVEZ QUOI ?

Elle est venue comme un miracle

elle est venue comme un oracle

le corps riant

le cœur un peu tremblant

à moins que ce soit l'esprit

un coin de son esprit doutant

mais si peu

et ses sens au vent

et ses sens ouverts

au désir et à l'amour

à l'amour et au désir

à la vie à la vie tout simplement

Sa chair palpite

au fond de ses yeux

et ses mains exubérantes

et ses lèvres gourmandes

et sa langue affolante

qui s'égayent à qui mieux mieux

Elle est venue comme un miracle

du fin fond des cieux

sur un horizon tellement bleu

qu'il charme l'infini

Elle est venue comme un oracle

donnant du sens à ce qui n'en avait plus

offrant de la vie de la chair et de la lumière

qu'ils aspirent et respirent à l'unisson

Elle s'allonge contre lui

en lui

s'inscrivant dans la voie qui les unit

et ce désir qui les relie

tant...

ACCOUCHEMENT

Cri intérieur

hurlement de douleur

hurlement muet

elle surgit en elle-même

à elle-même

dans un rougeoiement de sang originel

l'origine de sa vie

l'origine de son être

Être hêtre

en devenir

qui s'étire

en ramifications

aussi généreuses que douloureuses

Mais qui

se fond dans qui

qui naît de qui

l'être du ciel

ou

le ciel de l'être

?

La forme et le fond se pénètrent

en des distorsions ensanglantées

et vitales

pour engendrer

une femme végétale

qui se crée

elle-même

en sécrétant l'art

que la vie lui insuffle

ou

qu'elle insuffle à la vie

inspirée

par l'amour qui bouillonne

dans ses entrailles angoissées

Elle est

elle sera

sa propre sève

le sait-elle déjà

FEMME VÉGÉTALE

Libellule ou mouche ou femme qui s'accouche. Elle s'ouvre, elle s'étend, elle s'entend et s'offre à la vie qui l'attend. À elle-même. À l'amour. Au temps. Au devenir. À la maternité. À la maternité de l'art et de la vie. Elle est tant et ne le sait pas encore. Pas vraiment. Mais elle a le temps. Son corps se déploie. Nu comme au premier jour, humble et fragile comme le bonheur qui la conspire.

L'à-venir l'attend, infini et limpide. Elle s'envole vers lui. Craintive et maladroite. Créative et adroite. Au-dessus d'elle, l'horizon céleste l'aspire. Elle ouvre les bras. Et s'envole. Doucement. Pendant que, au cœur d'elle-même, l'horizon intérieur l'inspire. Abondamment.

La vie n'est rien d'autre que l'art d'être. Soi. Animal ou

végétal ou spectral ou humain ou divin...

SOIS

TOI

!

ÉTEINTE

Chair

éteinte

elle est atteinte

dans cette douce humanité

qui lui échappe par la trappe

d'une intermittente adversité

Atteinte

elle est éteinte

dans cette chair

si chèrement revenue d'une mort-sûre

comme pour mieux sourire à la vie

comme pour mieux rire à l'envi

d'un corps qui s'épanouit

par à-coups

Éteinte sa lumière tinte toujours

de l'aube au crépuscule

d'une vie qui accourt

vers une vie au long cours

sans fausse teinte ni discours

Lumière donc !

JAMAIS

Jamais de fleurs sur la Lune

de jour sans nuit

de vie sans eau

jamais mon corps ne courra dans le décor de nos bras

dans la forêt de nos élans dans la fenaison de nos désirs

jamais mon sexe ne plongera libre de toute entrave

impromptue

dans la profondeur intense de ton con en fleur d'envies

jamais la vie n'oubliera la mort qui nous construit

dans les abords fructueux de nos cœurs épris

jamais de corps sans chair

de chair sans douleur

de douleur sans lumière

jamais d'eau sans pluie perlant d'un ciel changeant

comme la vie le regard ou l'ennui surgis de toute chose

jamais de spontanéité dans le fil du mouvement

la liberté est à l'intérieur d'une vérité ingrate probablement

jamais l'espoir ne sera éteint par l'éternité d'un chagrin

qui aurait oublié de respirer l'amour

puisqu'elle est

le jour et le lendemain et le sens

et l'essence et le présent

d'un festin à jamais vivant

TOUJOURS

Toujours cette étreinte de nos cœurs

réjouis de se toucher

de nos corps étonnés de s'inspirer

et de s'aspirer dans la chair indicible

de l'impossible

cet impossible où

la spontanéité des esprits se nourrit

de la spontanéité des sens

dans un mouvement immobile

et désirant

Toujours l'entrelacs de nos rires

qui tissent la toile du bonheur d'aimer

à travers l'inventivité des cœurs

la force de vie et la puissance d'être

Encore et toujours être dans les limites infinies du soi

par-delà le paraître pour ne pas disparaître sans foi

sous le chaos de l'amertume de ce qui n'a pas été

pas été

Toujours chercher et trouver la lumière dans l'obscurité

le mouvement dans l'immobilité le sens dans l'inanité

afin d'éclairer l'ardeur enflammée de nos sexes appariés

sur le lit de nos confluences par-dessus tout

Toujours

encore et toujours

être pour aimer

ou aimer pour être

et désirer

malgré tout

et à jamais

Seule la mort est handicapée...

Viens

dansons

l'étreinte de nos baisers

ELLE EST NUE

Elle est nue

moi aussi

ou peut-être pas

pas tout à fait

pas entièrement

mais disons qu'elle est nue

et moi également

Elle est en joie

je suis en rut

je suis envie

elle est envol

nue elle danse dans l'herbe rase

comme sa toison virevoltante

sous mon regard qui chavire et tangue le tango du désir

celui où

une bite broute

dans un con en délire

de vie

LA PRENDRE

La prendre ici ou là-bas ou ailleurs mais sans attendre, debout, couchée ou en levrette, libellule ou alouette. Qu'importe mais la prendre, nue ou habillée, dans un bain ou un fourré. Et l'apprendre par cœur et à fleur de peau. La prendre avec une ardeur impérieuse et profonde. Plonger dans l'absolu incarnation du plaisir. Pour jouir de profundis. Au rythme élancé de ses gémissements patentés. La rejoindre à coups de reins, à coups de cœur, à coups d'envies afin de l'oindre de plaisir et de vie.

La prendre et l'explorer de fond en comble. La prendre et la savourer avec la fougue du manque débridé. La prendre pour l'exaucer. La prendre pour l'encenser. Pour déverser tout son saoul de désir dans un souffle éclaté. Reconnaissance des sens, reconnaissance de l'être. Amour. La prendre d'amour. Le feu érigé à craquer dans sa conque béante et béate. Le cœur vaincu. Le corps tendu. La prendre et se laisser aspirer autant qu'inspirer par sa sensualité vorace ou sa voracité sensuelle. Se laisser prendre. Pour mieux se faire surprendre.

La prendre pour être pris. Le jour ou la nuit. Lorsque le blé faseye sous la langue du vent.

La prendre par tout temps.

Et chevaucher le plaisir d'exister dans la griserie des sens. Lorsque la confluence des corps influence la connivence de la chair.

La prendre afin de se laisser pénétrer. Au plus profond de soi. Par le plus infime d'elle. Emporté par l'intensité d'un plaisir partagé. La prendre et oublier. Tout oublier. Sauf le bonheur d'aimer.

SALADE

Con penser

il faut

con penser

lorsque l'aimé le désiré l'attendu

est une incarnation de l'absence

Il faut alors composer

une salade sensuelle gorgée de désir

au gré des saisons et de ses sens-cris

La recette est très simple :

prendre une ou deux belles carottes deux ou trois oranges et

une belle courgette

les éplucher délicatement

(il faut toujours être délicat avec ce qui donne du plaisir)

(toujours)

puis

avant d'y rajouter de l'huile du vinaigre du sel de l'échalote

voire de la tomate de l'avocat

des pétales de fleurs et beaucoup d'amour

le tout en vrac

tremper alternativement à tour de rôle à tour de joie même

carottes et courgette

d'une main alerte et habile

dans un bol de vie conquise

et baratter résolument

afin de leur donner plus de goût et d'allant

cela réjouit les carottes et la courgette

mais aussi la main et le corps

alouette ludique alouette

tout en imprégnant simultanément de l'autre main de jus

d'orange doucement pressée

le bout des seins le contour d'un con absolument décomplexé

et tout ce que vous voulez