Si jamais je te pince ! - Eugène Labiche - E-Book

Si jamais je te pince ! E-Book

Eugène Labiche

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Extrait : "LUCIEN, au fond, parlant à la cantonade : Oui, mam'zelle Pichenette !... soyez tranquille, je lui remettrai votre clef... et je lui dirai de vous attendre. (Redescendant la scène.) Elle est gentille, cette jeunesse... C'est une élève du Conservatoire... classe de piano... mais elle se dérange... elle a des rendez-vous avec un petit musicien... Oh ! les musiciens ! c'est tous farceurs !..."

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LIGARAN propose des grands classiques dans les domaines suivants :

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Seitenzahl: 80

Veröffentlichungsjahr: 2015

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EAN : 9782335056006

©Ligaran 2015

Personnages

PROSPER Faribol, musicien.

LÉOPARDIN, flûte.

PAPAVERT, ancien officier de santé.

PAUL DE Saint-Gluten.

LUCIEN, garçon de café.

ALEXANDRA, femme de Faribol.

CORINNE, femme de Papavert.

FRANÇOISE, bonne d’Alexandre.

PREMIER CLERC DE NOTAIRE.

DEUXIÈME CLERC.

TROISIÈME CLERC.

QUATRIÈME CLERC.

UN HABITUÉ DU CAFÉ.

INVITÉS DES SEXES

La scène est à Paris.

Acte premier

Une place. – Un café avec une tente et des tables à gauche. – Une maison à droite, portant le numéro 7 et dont la porte est surmontée d’une enseigne de dentiste. – Au fond, perspective d’une rue s’éloignant vers la droite. – Une borne au fond, vers la gauche. – Rues praticables, à gauche, après le café, et à droite, avant et après la maison.

Scène première

Papavert, Lucien, puis Léopardin.

LUCIEN,au fond, parlant à la cantonade

Oui, mam’zelle Pichenette !… soyez tranquille, je lui remettrai votre clef… et je lui dirai de vous attendre. (Redescendant la scène.) Elle est gentille, cette jeunesse… C’est une élève du Conservatoire… classe de piano… mais elle se dérange… elle a des rendez-vous avec un petit musicien… Oh ! les musiciens ! c’est tous farceurs !… (Apercevant Papavert qui est assis à une table et cherche des papiers dans un portefeuille.) Voilà ! voilà !

PAPAVERT,étonné

Quoi ?

LUCIEN,frottant la table avec sa serviette

Grog ? absinthe ? vermouth ?

PAPAVERT

Tu m’ennuies !… je ne prends jamais rien !…

LUCIEN

En voilà une pratique !…

Il rentre dans le café.

PAPAVERT,seul, se levant

Je suis bien en train de prendre du vermouth !… un homme qui donne un bal ce soir !… Quel ennui ! j’en perds la tête !… C’est ma femme, madame Papavert, qui l’a voulu… elle dit que pour marier notre pièce il faut la faire connaître… Moi, ce n’est pas mon avis… parce que Émérantine…

AIR : Un homme pour faire un tableau.

Elle a des talents d’agrément,
Elle dessine comme un ange…
Mais sur le dos de cette enfant
Se passe un phénomène étrange :
Une épaule grandit au mieux,
L’autre à la suivre perd courage ;
Et cependant toutes les deux
Ont exactement le même âge !
Toutes les deux ont le même âge !

Il me reste quelques lettres d’invitation. (Lisant.) « M. et madame Papavert vous prient de leur faire l’honneur de venir passer la soirée chez eux le jeudi 15 février. Il y aura un violon et une flûte. » (Parlé.) J’ai bien envie d’y ajouter ce post-scriptum : « M. Papavert, ancien officier de santé, continue à donner des consultations de midi à quatre heures… » Ça me fera connaître ! (Il se rassied et appelle.) Garçon ! garçon !

LUCIEN,sortant du café

Voilà ! voilà !… Grog ? absinthe ? vermouth ?…

Il frotte la table.

PAPAVERT

Il est embêtant avec son vermouth !… donne-moi une plume et de l’encre.

LUCIEN,les prenant sur l’appui de la fenêtre

Ah bah !… voilà ! voilà !

Il s’assied à une table au troisième plan et lit le journal.

PAPAVERT,écrivant

Je crois que c’est une très bonne idée !

LÉOPARDIN,entrant par le fond, à droite

Sapristi ! que je souffre ! (Il tient son mouchoir sur sa joue.) On m’a dit qu’il y avait un dentiste dans cette rue… Oh la ! la !… (Appelant.) Garçon !

LUCIEN,se levant et accourant

Voilà ! voilà ! Grog ? absinthe ? vermouth ?

LÉOPARDIN

Non, pas vermouth !… Oh la ! la !… le dentiste, s’il vous plaît ?

LUCIEN

Le dentiste ?… là !… en face !… Monsieur ne prend pas autre chose ?

LÉOPARDIN

Merci. (Le garçon revient s’asseoir.) Décidément, je vais me la faire arracher… parce que, quand on souffre, il n’y a pas à hésiter !… (Il pose la main sur le marteau de la porte ets’arrête tout à coup.) Tiens !… tiens !… c’est bien drôle !… je ne souffre plus !… c’est parti… tout à fait !… je serais bien bête de me faire arracher une dent qui me laisse tranquille !… Cinq francs de gagnés ! (Appelant.) Garçon !

LUCIEN,se levant et accourant

Monsieur ?

LÉOPARDIN

Ça va mieux ! merci… (S’en allant.) ça va mieux.

LUCIEN,à part

Eh bien, qu’est-ce que ça me fait ?

Léopardin sort par la droite, troisième plan.

Scène II

Papavert, Lucien.

PAPAVERT,achevant d’écrire

La ! voilà qui est terminé !… Mais des lettres d’invitation, ça ne suffit pas… il faut des invités… jeunes et célibataires… Il vient beaucoup de petits messieurs dans ce café… il faut que je questionne adroitement le garçon.

Il frappe sur la table.

LUCIEN,essuyant la table

Grog ? absinthe ? vermouth ?

PAPAVERT

Vermouth !… si tu continues, je te retire ma pratique !

LUCIEN

Vous ne prenez rien !

PAPAVERT,se levant

Je vais prendre des renseignements !… Qu’est-ce que c’est que ce M. Adolphe qui déjeune là-bas ?

Il indique quelqu’un dans le café dont la porte est ouverte.

LUCIEN

C’est un jeune homme.

PAPAVERT

Qu’est-ce qu’il fait ?

LUCIEN,regardant

Il mange des œufs à la coque !

PAPAVERT

Est-il marié ?

LUCIEN

Je ne sais pas.

PAPAVERT,indiquant comme ci-dessus

Et M. Ernest ?

LUCIEN

Très fort aux dominos.

PAPAVERT

Est-il marié ?

LUCIEN

Il ne me l’a pas dit.

PAPAVERT,sans indiquer

Et M. Arthur ?

LUCIEN

Ah ! celui-là… il est garçon.

PAPAVERT

Très bien !… À quelle heure vient-il ?

LUCIEN

Il ne va pas tarder… c’est l’heure de la poule.

PAPAVERT

Alors, je vais l’attendre… Ah ! dis-moi, mon garçon…

LUCIEN

Monsieur ?

PAPAVERT

Tu ne connaîtrais pas un jeune homme proprement mis, actif, intelligent, avec du linge et des gants ?

LUCIEN

Pour quoi faire ?

PAPAVERT

Pour faire passer des rafraîchissements… Je donne un bal ce soir… et, comme je n’ai pas de domestique môle…

LUCIEN

Dame !… monsieur, si vous voulez… j’ai ma soirée libre.

PAPAVERT

Toi ?… as-tu des gants ?

LUCIEN

Oh ! oui, monsieur ! des noirs… et du linge aussi !…

PAPAVERT

Eh bien, je compte sur toi à huit heures précises… Voici mon adresse.

Il lui remet sa carte.

Scène III

Les mêmes, Saint-Gluten, puis Arthur.

SAINT-GLUTEN,entrant par la gauche

Garçon ! une tasse de chocolat !…

LUCIEN

Bien, monsieur !

Il entre dans le café.

PAPAVERT

Tiens ! c’est monsieur de Saint-Gluten !…

SAINT-GLUTEN,à part

M. Papavert ! quel ennui ! (Haut, lui serrant la main.) Pardon, je suis très pressé… un rendez-vous avec mon architecte… à deux heures précises…

Il regarde à sa montre et descend à gauche.

PAPAVERT,à part, tirant son portefeuille

Il est célibataire, il a un architecte !… il rentre dans mon programme. (Allant vivement à Saint-Gluten, qui remonte pour entrer au café.) Mon cher monsieur de Saint-Gluten, voulez-vous me faire l’honneur… ?

SAINT-GLUTEN

Qu’est-ce que c’est que ça ?

PAPAVERT

Une lettre d’invitation pour une petite soirée de famille… ma nièce Émérantine doit chanter…

SAINT-GLUTEN,à part

Oye ! oye ! (Haut.) Merci… il m’est tout à fait impossible…

PAPAVERT

Il y aura un souper…

SAINT-GLUTEN

Ah !… il y aura… ? avec plaisir ! j’accepte !

Il entre dans le café.

PAPAVERT,à part

Il n’y en aura pas… mais je lui dis ça pour l’amorcer !

Il s’assied à une table.

LUCIEN,voyant arriver un habitué

Ah ! voici M. Arthur !

Un monsieur arrivant de la droite, troisième plan, se dirige vers le café.

PAPAVERT,à part

Il est célibataire… il a des moustaches ! il rentre dans mon programme !… (Se levant et offrant un journal à Arthur.) Monsieur désire-t-il le Constitutionnel ?

ARTHUR,grosse voix

Non ! les journaux m’embêtent ! – Garçon ! ma pipe !

Il entre dans le café, ainsi que Lucien.

PAPAVERT

Il a l’air très comme il faut !… Je vais lui offrir une lettre d’invitation !

Il entre dans le café à la suite d’Arthur

Scène IV

Alexandra, puis Saint-Gluten.

ALEXANDRA,au fond, à la cantonade

À droite ?… en tournant ?… Merci, monsieur. (Descendant la scène, elle regarde les numéros des maisons, et s’arrête en voyant le numéro 7.) Il faut avouer que les maris sont parfois de grands paltoquets !… je parle du mien !… M. Prosper Faribol… un être très fort sur le violon… Hier soir, nous dormions… côte à côte… (c’est mon mari !…) tout à coup je suis réveillée par une voix qui prononçait très distinctement cette phrase : « Pichenette, rue Papillon numéro 7. » C’était la sienne !… sapristi ! ! ! je lance un coup de pied dans la couverture, il se réveille, et… je lui offre un verre d’eau sucrée… qu’il accepte… le vampire !… Une heure après… même musique !… « Pichenette !… rue Papillon, numéro 7. » (Avec rage.) Ah ! je suis douce !… je suis très douce !… mais qu’il ne me fasse pas de farces !… Je passai le reste de la nuit à faire des rêves… mélangés d’arsenic !… Ce matin, monsieur me prévient qu’il ne rentrera pas pour déjeuner, parce qu’il doit organiser une matinée musicale cité Valladon, numéro 56… au Gros-Caillou… Je flaire une craque… je saute dans un omnibus, et j’arrive cité Valladon. – Où est le 56 ? pas de 56 !… Savez-vous pourquoi ?… Il n’y a que deux maisons cité Valladon ! ! ! et encore, on est en train de démolir la première !… La craque était patente ! alors, je ressaute dans un omnibus, je prends trois correspondances, et me voici ! rue Papillon, numéro 7… (Indiquant la maison.)