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Extrait : " CYPRIEN, assis contre le guéridon de droite, et lisant le journal: "Oui, nous ne saurions trop le répéter, la société est ébranlée dans sa base... que si l'on nous demande un remède... nous ne nous chargeons pas de l'indiquer." (parlé.) Eh bien, alors... tais ton bec, méchant gratte-papier! (lisant) "La France depuis 89..."
À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN
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Seitenzahl: 54
Veröffentlichungsjahr: 2015
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EAN : 9782335055078
©Ligaran 2015
Un salon de campagne, porte au fond, portes latérales dans les pans coupés de droite et de gauche. – Une fenêtre à droite. Sur le devant, à droite, un guéridon. Autre petit guéridon, à gauche, contre le mur. – Gravures encadrées. – Chaises. Ouvrage de broderie sur le guéridon de droite. Le fond ouvre sur un jardin.
ACTEURS qui ont créé les rôles
ALPHONSE DE BEAUDÉDUIT. MM. ARNAL.
BÉCAMEL. LECLÈRS
JURANÇON, ami de Bécamel. H. ALIX.
CYPRIEN, domestique de Bécamel. KOPP.
DOMINIQUE, domestique de Beaudéduit. CHARIER.
CÉCILE, fille de Bécamel. Mlle. VIRGINIA DUCLAT.
La scène se passe chez Bécamel, à Crépy.
Cyprien, puis Jurançon, puis Bécamel.
« Oui, nous ne saurions trop le répéter, la société est ébranlée dans sa base… que si l’on nous demande un remède… nous ne nous chargeons pas de l’indiquer. » (Parlé.) Eh bien, alors… tais ton bec, méchant gratte-papier ! (Lisant.) « La France depuis 89… »
Cyprien !
Ah ! c’est vous… Bonjour, monsieur Jurançon, bonjour. (Lisant.) « La France depuis 89… »
Où est Bécamel ?
Dans sa chambre. (Appelant.) Monsieur… monsieur !…
Quoi ?
C’est votre ami qui vous demande… Dépêchez-vous !
Voilà.
Il va venir…
Ah ! tu as le journal d’aujourd’hui ?
Il avance la main pour le prendre.
Oui, monsieur. (Se remettant à lire.) « La France depuis 89… »
Tiens ! c’est Jurançon, mon ami, mon vieux voisin… Tu viens déjeuner avec moi ?
Non, merci, je prends médecine à deux heures.
Comment !… Tu prends médecine ?… Est-ce que tu es malade ?
Moi, pas du tout.
Eh bien, alors ?
C’est une précaution recommandée par le Guide du voyageur avant de se mettre en route… et, comme dans trois jours je pars pour l’Italie… la belle Italie…
Comment ! tu pars ?… sans moi ?
Sont-y embêtants ! je ne sais plus ce que je lis… (Reprenant la lecture.) « La France depuis 89… »
Jurançon, je ne m’attendais pas à ça de ta part… Tu avais promis de m’attendre.
Mais voilà dix-neuf ans que je t’attends !
Ce n’est pas de ma faute… nous avons été sur le point de partir une fois…
Oui, nous étions garçons, nos places étaient retenues.
Tout à coup on me marie…
Tu me demandes un délai pour ta lune de miel.
Dame !…
Je te l’accorde, je perds mes arrhes… mais voilà que ta femme devient intéressante.
À qui la faute ?
Parbleu ! ce n’est pas la mienne !…
Cristi ! (Lisant.) « La France depuis 89… »
Dans cette conjoncture, tu me demandes un second délai.
Je ne pouvais pas m’expatrier sans avoir embrassé mon enfant.
Je reperds mes arrhes… Ta fille arrive, tu l’embrasses… Je te dis : « Cette fois, nous allons partir ? » tu me réponds : « Attendons qu’elle soit sevrée… » j’attends !… « Attendons qu’elle ait fait ses dents… » j’attends !… « Attendons qu’elle ait terminé son éducation… » j’attends toujours !…
Ce bon Jurançon !
Que diable ! je ne peux pas passer ma vie à retenir mes places.
Je ne te demande plus que quelques jours.
Mais pour quoi faire ? pour quoi faire ?
Le temps de marier ma fille… la… puisque tu veux le savoir.
Nom d’un nom ! (Lisant.) « La France depuis 89… »
Un mariage !… ça n’en finit pas…
Chut !… j’ai quelque chose en train pour Cécile.
Ah bah !
Je suis même étonné de n’avoir pas reçu de réponse, (Haut, et passant près de Cyprien.) Cyprien !
Monsieur ? (À part.) C’est assommant !
Est-ce qu’il n’est pas venu de lettre pour moi, ce matin !
Si, monsieur.
Où est-elle ?
Dans ma poche.
Donne ! donne !
Là… à droite… sous ma pipe.
Merci ! (L’ouvrant.) Juste !
Non, je donne ma démission ! (Haut.) Monsieur ?
Hein ?
Je m’en vas !
Va, mon garçon.
C’est insupportable d’entendre jacasser… (Il sort par le fond en lisant.) « La France depuis 89… »
Jurançon, Bécamel.
Il a l’air grognon, ton domestique.
Oui, je le gâte… c’est presque un ami… je suis son parrain… (Achevant sa lettre.) Bravo… Jurançon, c’est arrangé !
Quoi ?
C’est une lettre du prétendu… maître Savoyart (de la Drôme).
Qu’est-ce que c’est que ça ?
Un avocat… nos conditions sont arrêtées… il va venir ce matin déjeuner et faire sa demande…
Ta fille est-elle prévenue ?
Non, mais elle le connaît… l’affaire marchera promptement…
Quand partons-nous ? il faut que je sois fixé !
Voyons… c’est aujourd’hui le 1er… le 15, je marie ma fille !… le 16…
Nous nous purgeons.
Il paraît que tu y tiens… Eh bien, soit !… le 16, nous nous purgeons… et le 17…
Nous roulons !
Voilà ! (Avec enthousiasme.) Ô l’Italie ! Venezia la Bella ? Romani, les Romains ! Dis donc, nous ferons nos farces !
Oui… et nous emporterons des gilets de flanelle… les nuits sont fraîches.
Ça me va ! tout me va !
Allons, puisque c’est décidé… je vais encore donner des arrhes… mais c’est la dernière fois… je t’en préviens !
Sois donc tranquille !
ENSEMBLE.
AIR de Gilles ravisseur.
Jurançon sort par le fond.