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Extrait : "MADAME LEGRAINARD, à son mari : Voyons !... as-tu bientôt fini de prendre ton café ? LEGRAINARD : Un moment !... il est trop chaud. MADAME LEGRAINARD : Alors pourquoi le demandes-tu toujours bouillant ? LEGRAINARD : Pour le laisser refroidir... j'aspire l'arôme. MADAME LEGRAINARD : Si tu crois que c'est amusant de te voir renifler pendant une heure. LEGRAINARD : Le café se prend deux fois... premièrement par le nez..."À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARANLes éditions LIGARAN proposent des versions numériques de qualité de grands livres de la littérature classique mais également des livres rares en partenariat avec la BNF. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes. LIGARAN propose des grands classiques dans les domaines suivants : • Livres rares• Livres libertins• Livres d'Histoire• Poésies• Première guerre mondiale• Jeunesse• Policier
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Seitenzahl: 31
EAN : 9782335055344
©Ligaran 2015
COMÉDIE-VAUDEVILLE EN UN ACTE
Représentée, pour la première fois, sur le théâtre des BOUFFES-PARISIENS, le vendredi 6 septembre 1867.
Une salle à manger. Porte au fond, portes latérales. Table longue à gauche, une étagère derrière avec cartons et fleurs ; un guéridon à droite.
ERNEST RÉGALAS.
LEGRAINARD.
MADAME LEGRAINARD.
CÉLINE, sa fille.
MADAME DE PONTMÊLÉ.
La scène se passe à Paris, cher Legrainard.
Legrainard, madame Legrainard, Céline.
Ils sont attablés, à droite, autour du guéridon ; la déjeuner s’achève.
Voyons !… as-tu bientôt fini de prendre ton café ?
Un moment !… il est trop chaud.
Alors pourquoi le demandes-tu toujours bouillant ?
Pour le laisser refroidir… j’aspire l’arôme.
Si tu crois que c’est amusant de te voir renifler pendant une heure.
Le café se prend deux fois… premièrement par le nez, secondement…
Oh ! que c’est agaçant, un homme comme ça !
Voyons, calme-toi ; tiens, mange des noix, ça occupe.
J’ai fini ! je n’ai plus faim.
Elle se lève et arpente la scène, les mains derrière le dos.
Elle monte sa faction.
Ce qui me crispe, c’est de voir ta fille.
Moi, maman ? Qu’est-ce que j’ai fait ?
Elle est là, en arrêt devant ta tasse… immobile… comme une momie.
Ah !
Ma femme !
Ma parole, je ne sais pas en quoi vous êtes bâtis fous les deux !
Je ne peux pourtant pas forcer papa à se brûler. Si son café est trop chaud !
Chaud ! ce café-là ? (Elle prend la tasse et l’avale d’un trait.) Tiens, voilà comme il est chaud !
Et je m’en passerai, moi ? ah ! mais tu me la fais trop souvent, celle-là !… (Se levant et venant à elle.) Mais, sacrebleu !… si tu aimes le café, commandes-en deux tasses !
Moi ? je ne peux pas le voir en face.
Alors, tourne-lui le dos !
Bah ! un mouvement d’impatience.
Ah ! voilà, l’impatience !… Certainement tu as mille qualités… d’abord tu m’aimes.
Pendant ce qui suit, Céline débarrasse le guéridon et porte les différents objets dans la coulisse de droite.
Taisez-vous.
Je sais ce que je dis… mais ce n’est pas du sang que tu as dans les veines… C’est du salpêtre… et puis tu as un défaut terrible.
Lequel ?
C’est ta main.
Ah ! oui, par exemple.
C’est la foudre, elle part comme une bombe et retombe comme une grêle.
Ne parlons pas de ça.
Que tu me gifles, moi, passe encore… Nous autres hommes, nous avons des moyens de nous venger.
Taisez-vous.
Je sais ce que je dis ! mais que tu gifles mes ouvrières, c’est une autre histoire ; avec ta pétulance, tu as failli compromettre la prospérité de notre fabrique de fleurs artificielles, dont je l’avais donné la direction… Tu entrais dans l’atelier, et, à la moindre observation… v’li ! v’lan !… ce n’est pas du commerce ça.
Des flâneuses, ça les faisait travailler.
Céline descend en scène à côté de son père.
Ça les faisait mettre en grève, et nous ne trouvions plus personne pour les remplacer ; c’est alors que je t’ai priée de ne plus te mêler des affaires… et que j’ai placé Céline à la tête de l’atelier… Nous prenons ces demoiselles par la douceur, nous… nous ne les giflons pas, nous… quand elles nous demandent de l’augmentation… nous leur donnons… de bonnes paroles, nous, et notre petit commerce marche très bien.