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Extrait : "COURTIN, sort de sa chambre avec plusieurs lettres à la main ; il est courroucé : Il n'y a donc personne dans cette maison? (Il prend une sonnette sur le guéridon et l'agite.) Holà!... quelqu'un!... c'est incroyable ! (Il avise un cordon de sonnette près de la cheminée et le secoue avec violence, tout en continuant à agiter sa sonnette.) LORIN, entrant à moitié habillé : Ah ! mon Dieu ! quel vacarme !... Tiens ! c'est monsieur Courtin,...''À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARANLes éditions LIGARAN proposent des versions numériques de qualité de grands livres de la littérature classique mais également des livres rares en partenariat avec la BNF. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes. LIGARAN propose des grands classiques dans les domaines suivants : • Livres rares• Livres libertins• Livres d'Histoire• Poésies• Première guerre mondiale• Jeunesse• Policier
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Seitenzahl: 81
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EAN : 9782335055061
©Ligaran 2015
Le théâtre représente un salon ; porte au fond, portes latérales ; à gauche, cheminée garnie ; à droite, petit secrétaire de Boule ; à côté un tête-à-tête ; mobilier très élégant.
Courtin, puis Lorin.
Au lever du rideau, la scène est vide, il fait petit jour. On entend sonner avec impatience à gauche, personne ne paraît.
Il n’y a donc personne dans cette maison ? (Il prend une sonnette sur le guéridon et l’agite.) Holà !… quelqu’un !… c’est incroyable !
Il avise un cordon de sonnette près de la cheminée et le secoue avec violence, tout en continuant à agiter sa sonnette.
Ah ! mon Dieu ! quel vacarme !… Tiens ! c’est monsieur Courtin, le beau-père de monsieur !
Ah ! enfin ! te voilà ?
Vous êtes déjà levé, monsieur ?
À sept heures du matin ! J’ai déjà écrit huit lettres !
Monsieur est indisposé ?
Non ! Je t’ai sonné pour avoir des timbres-poste.
Comment ! c’est pour ça que vous réveillez toute la maison ! (Il prend sur la cheminée une petite boîte de timbres-poste et la remet à Courtin) Monsieur… pour une autre fois… on les met là !…
Il indique la cheminée.
C’est bien.
Il va s’asseoir.
Comme ça, je pourrai dormir !
Ah ! Lorin !
Monsieur ?
Demain, à six heures, tu entreras dans ma chambre pour me raser.
À six heures ?… du matin, monsieur ?
Parbleu ! est-ce que j’ai le temps de me raser le soir ? Dans les affaires, on ne se rase que le matin ! Ah çà ! mais je ne t’avais pas encore regardé !… c’est étonnant comme tu as engraissé !
Oh ! monsieur est bien bon !
Lorsque tu étais à mon service, à Caen, tu n’avais que la peau et les os…
Ah ! dame ! je trimais à votre service !
J’ai eu tort de te donner à mon gendre Vatinelle… il te laisse rouiller !… mais, pendant mon séjour à Paris, je me charge de faire tomber ce ventre-là !
Oh ! monsieur, il ne me gêne pas !
Si ! si ! la graisse précoce est un mauvais symptôme.
Est-ce que monsieur restera longtemps avec nous ?
Trois semaines ou un mois… le moins possible, je ne suis arrivé qu’hier soir de Caen… et l’ennui me prend déjà à la gorge… j’ai besoin de mouvement, d’activité. Aussi je vais tâcher de terminer promptement mes affaires !
C’est ça, monsieur, dépêchez-vous !
Voyons ma liste de courses… (Lisant.) « Passer à la Douane, passer à l’Entrepôt. Marier ma seconde fille. Acheter deux cravates solides. Prendre des renseignements sur un nommé Chavarot, qu’on me propose comme futur. Voir son compte à la Banque. » (À Lorin.) À quelle heure le déjeuner ?
À onze heures.
Très bien !… j’aurai le temps de pousser jusqu’à la gare d’Ivry… J’attends des sucres d’Orléans !… Bonjour !
Il sort par le fond.
Lorin, puis Chavarot.
Et ça a cent mille livres de rente !… Oh ! oui, j’étais maigre ! M’a-t-il fait trotter à Caen ! Il ne peut pas rester cinq minutes en place… Ce n’est pas un homme, c’est du vif-argent !… Tandis que M. de Vatinelle, son gendre… voilà un maître ! il se lève à onze heures… il est doux, tranquille et bon enfant. Sa maison est un lit de plume, un oreiller. (Regardant la pendule.) Sept heures et demie !… je vais me recoucher… (Il se dirige vers la droite. On sonne à la porte extérieure.) On sonne ! ça ne peut être que M. Courtin !… il aura oublié quelque chose.
Mon ami, pourriez-vous me dire s’il est venu un tapissier ce matin présenter une facture pour M. de Vatinelle ?
Un tapissier ! à sept heures du matin ! on ne l’aurait pas reçu !
Dieu soit loué ! j’arrive à temps. (Il ôte son chapeau et ramène ses cheveux sur son occiput chauve.) Veuillez dire à Vatinelle que son ami Chavarot désire lui parler… Son ami Chavarot !… Vous entendez bien ?…
C’est que monsieur dort… et j’ai ordre de ne pas troubler son sommeil.
Je prends tout sur moi… Il n’y a pas de consigne pour Chavarot, vous entendez bien ?
Alors, monsieur… je vais voir.
Il entre à droite.
Chavarot, seul.
De Vatinelle va bien rire… à moins que Vatinelle ne se fâche !… Je lui ai emprunté son nom pour arriver près d’une danseuse… charmante ! Chavarot, ça sonne-mal… Tandis que Georges de Vatinelle !… J’ai été admis tout de suite… à offrir un mobilier… 3 800 francs !… c’est un peu raide ! mais j’ai fait un bon inventaire cette année… (Ramenant ses cheveux.) Je suis un drôle de bonhomme, moi !… Le 1er janvier, je me fixe une somme pour mes petits… égarements ! je la passe sur mes livres à l’article Bienfaits… à cause de mes commis… et jamais je ne la dépasse !… Je suis dérangé, c’est vrai, mais j’ai de l’ordre ! l’ordre dans le désordre… comme disait… chose !… J’ai donc offert le bois de rose… mais, quand le tapissier est venu présenter sa note à cette petite bête de Coralie, elle lui a répondu : « Est-ce que ça me regarde ? » et v’lan elle lui a jeté la porte au nez… Naturellement cet industriel a fait des recherches… il a découvert l’adresse de mon ami de Vatinelle… et je sais qu’il doit se présenter aujourd’hui… Mais j’arrive à temps pour faire les fonds… Vatinelle ne peut pas se fâcher… il est garçon !… Ah ! s’il était dans le commerce !…
Chavarot, Lorin.
Eh bien ?
Eh bien, monsieur dormait… je l’ai réveillé… il m’a appelé imbécile !… je lui ai dit : « C’est de la part de M. Chavarot ! »
L’ami Chavarot ?
Oui… l’ami Chavarot !
Qu’a-t-il répondu ?
Il m’a répondu : « Chavarot ?… ah ! il m’ennuie, Chavarot !… » et il s’est rendormi.
Il n’est pas changé depuis deux ans que je ne l’ai vu !… J’ai un rendez-vous à huit heures… un rendez-vous d’affaires… je reviendrai… Priez-le de m’attendre.
Oui, monsieur.
L’ami Chavarot, n’est-ce pas ? l’ami Chavarot !
Il sort par le fond.
Lorin, puis Amélie et Anna. Elles viennent de gauche.
Je suis comme monsieur, moi… il m’ennuie, l’ami Chavarot ! (Apercevant Amélie et Anna qui entrent.) Ah ! madame et mademoiselle Anna…
Il se retire.
Ainsi, ma chère Amélie, tu es heureuse ?…
Oui, petite sœur.
Et tu ne regrettes pas d’être mariée ?
Oh ! non ; M. de Vatinelle est charmant pour moi… il est complaisant, aimable, dévoué…
C’est le modèle du genre.
Je le crois !… nous ne nous quittons pas d’une minute, il m’accompagne jusque chez ma marchande de modes !
Oh ! que c’est beau !… Est-ce qu’il s’y connaît ?
Parfaitement !… comme une femme !
J’ai besoin d’un chapeau… Tu me prêteras ton mari, n’est-ce pas ?… D’abord, je ne veux pas de papa… il ne comprend que les chapeaux verts et les robes puce… C’est la grande mode à Caen !
Tu ne sais pas à quoi je pense en te regardant ?
Non.
À te chercher un mari en tous points semblable à M. de Vatinelle.
Nous aurions la paire… Et ce mari… si je l’avais trouvé ?
Que dis-tu ?
Chut ! ne me trahis pas ! c’est un bien bon jeune homme, qui a l’air doux, timide… ce qui ne l’empêche pas de se mettre très bien ! il est venu passer un mois à Caen… à l’époque des courses.
M. Jules Delaunay ?
C’est vrai ! tu le connais !… Eh bien… n’est-ce pas ?
C’est un jeune homme d’une excellente famille… de bonnes manières… distingué.
Je crois bien qu’il est distingué !… il fait courir !… il avait une lettre de recommandation pour mon père… et il venait le voir presque tous les jours… pendant qu’il faisait son courrier… Alors, c’était moi qui le recevais… Un jour, un mardi… j’aime le mardi, moi !… il m’a demandé, en rougissant, si j’aurais quelque aversion à devenir sa femme.
Comment !
Je ne sais pas ce que je lui ai répondu… mais il m’a promis de nous faire une visite dès que nous serions arrivés à Paris.
Alors, nous pourrons le voir, le juger.
Oui, mais comment saura-t-il que nous sommes arrivés à Paris ?… Ce pauvre garçon !… il est si timide !
Ah ! voilà le difficile !
Si on pouvait le faire prévenir… indirectement !…
Oh ! tu n’y penses pas !
Les mêmes, Lorin, Jules.
M. Jules Delaunay !
Lui !
Il est donc sorcier !