0,99 €
Extrait : "CRAVACHON, se levant : Ça suffit, monsieur... Vous n'aurez pas ma fille. LE NOTAIRE, se levant : Comment !... mais songez donc que je suis... CRAVACHON, brusquement : Quoi ? que voulez-vous dire ?... Que vous êtes notaire impérial, que vous êtes honnête homme, que votre étude est payée... Eh bien, après ? LE NOTAIRE : Il me semble que ces avantages... CRAVACHON : Ce ne sont pas là des avantages..."À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARANLes éditions LIGARAN proposent des versions numériques de qualité de grands livres de la littérature classique mais également des livres rares en partenariat avec la BNF. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes. LIGARAN propose des grands classiques dans les domaines suivants : • Livres rares• Livres libertins• Livres d'Histoire• Poésies• Première guerre mondiale• Jeunesse• Policier
Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:
Seitenzahl: 42
EAN : 9782335055351
©Ligaran 2015
COMÉDIE-VAUDEVILLE
EN UN ACTE
Jouée pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du PALAIS-ROYAL, le 15 février 1844.
Le théâtre représente un salon. – Ameublement simple, fleurets suspendus. – Porte principale au fond. – À droite, au premier plan, une porte et une table garnie. – Au second plan, une cheminée avec glace et pendule. – À gauche, deux portes, l’une au premier, l’autre au second plan.
CRAVACHON.
DERVIÈRES.
ANTONIN, domestique de Cravachon.
OLYMPE, fille de Cravachon.
AMÉLIE, amie de pension d’Olympe (rôle travesti).
UN NOTAIRE.
La scène se passe à Saumur, en 1813.
Le notaire, Cravachon.
Tous deux sont assis au milieu de la scène, au lever du rideau.
Ça suffit, monsieur… Vous n’aurez pas ma fille.
Comment !… mais songez donc que je suis…
Quoi ? que voulez-vous dire ?… Que vous êtes notaire impérial, que vous êtes honnête homme, que votre étude est payée… Eh bien, après ?
Il me semble que ces avantages…
Ce ne sont pas là des avantages… Moi, monsieur, je suis le major Cravachon, je suis un honnête homme aussi : j’ai vu l’Allemagne, la Prusse et l’Italie, et je ne m’en vante pas, moi, monsieur… Et, aujourd’hui, je suis commandant de la forteresse de Saumur, une prison d’État, monsieur, et je n’en suis pas plus fier pour ça. Parbleu !… notaire, voilà-t-il pas le diable !
J’ai suivi avec attention le fil de votre raisonnement et je ne comprends pas…
Ce n’est pas nécessaire… Vous n’aurez pas ma fille Olympe, c’est clair, c’est net… Ainsi, monsieur…
Monsieur, j’ai bien l’honneur d’être avec une profonde considération…
Serviteur, monsieur, serviteur, de tout mon cœur.
Le notaire sort
Olympe, Cravachon.
J’ai cru qu’il n’en finirait pas avec ses salamalecs.
Eh bien, papa, ce jeune homme ?… ce notaire ?
Je l’ai remercié poliment.
Encore !… vous êtes trop difficile aussi.
Tiens ! je donne cent mille francs !
Songez donc, mon petit papa, je me fais vieille… dix-neuf ans !… Et voilà le sixième que vous congédiez… Six ! qui en épousent d’autres ! si ce n’est pas affreux !… Il n’en restera plus !
Puisque je donne cent mille francs, sois donc tranquille. Quand on a un père qui a vu le monde, vois-tu, qui a détrôné des rois, qui a mangé du cheval…
Oh ! là-dessus, vous savez bien que tous les jours j’écoute et j’admire… Mais… (Câlinant.) dites donc, petit papa, si vous me les présentiez, peut-être que mes avis…
Une entrevue ?… Il ne manquerait plus que ça !…
Alors, tâchez qu’ils vous plaisent… Toutes mes amies de pension ont des maris.
Tu appelles ça des maris, toi ?… Tu t’y connais !… ce sont des… Ça fait pitié !… Un peu de patience, et nous t’en aurons un… comme je l’entends.
Et comment l’entendez-vous ?
Comment, sacrebleu ?… Je voudrais la… un… morbleu !… Voilà l’homme qui te rendrait heureuse !… et je le trouverai…
Sera-ce bien long ?
Est-ce que je sais, moi !… Tiens, au fait, j’en attends un ce matin de Paris… et tu sais que Paris est le centre des lumières.
Oui, et des coups d’épée… Vous souvenez-vous il y a trois mois ?
Si je me souviens !… Je crois bien, une blessure superbe ! ça me fait encore mal !… mais c’est égal, quel beau coup !… On a bien raison de dire : « Il n’y a qu’un Paris ! »
Je suis sûre que c’est encore vous qui aviez tort.
Oh ! non… Cette fois, j’avais été insulté !… mais insulté !… Ah ! le digne jeune homme !… je ne pense jamais à lui sans plaisir.
Que vous avait-il fait ? car vous ne m’avez jamais dit…
Ce qu’il m’avait fait, le brigand ? Tu vas voir. Je sortais du théâtre Feydeau… il faisait un brouillard à ne pas distinguer une vivandière d’un tambour-major… je descendais la rue Vivienne en ruminant à part moi le morceau d’Elleviou que je venais d’applaudir… Elleviou tu sais ? c’est mon idole !… quand j’entends sur le trottoir, à trois pas devant moi, une voix dans le brouillard, qui écorchait le même morceau. J’avais beau ralentir le pas, ou marcher plus vite, je ne pouvais pas me dépêtrer de ce maudit chanteur ! Dame ! moi, ça commençait à m’échauffer les oreilles… Il était évident que le particulier y mettait de la méchanceté… Il s’était dit : « Voilà un bourgeois qui sort de Feydeau… Elleviou est son idole, bon ! je vais le taquiner… »
Oh ! pouvez-vous croire…